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Azrael fixait d’un air songeur la baie de L.A illuminée en cette soirée.  Ses yeux noisette ne quittaient presque pas les passants qui défilaient dans les rues comme si de rien n’était. Le romain entendait le brouhaha incessant de ce monde qui semblait avoir oublié le massacre qui avait sévi  dans la ville. Non, les gens riaient et bavardaient avec allégresse sur les boulevards, ignorant les klaxons et les dangers. De son balcon, ses oreilles au sens aiguisé tentaient de faire abstraction à la musique de boîte de nuit qui résonnait avec force dans les rues de Los Angeles. Azrael en était sidéré, presque écœuré par la stupidité de ce siècle. Les habitants, les touristes oubliaient les morts, le sang qui avait coulé flots. Non, ils préféraient oublier cette histoire qui devait les terrifier dans leurs fonds. Peut-être avait-il raison en fin de compte ? Oublier et ignorer cette peur afin de profiter de leur vie qui défilait, étaient du courage selon eux. Le Temps était à la fois leur ami et leur pire ennemi. Il pouvait soigner leur maux ou justement empirer la situation. Selon Azrael, ce n’était pas du courage mais de la stupidité et de l’ignorance. Pour lui, il ne fallait pas oublier la peur ni l’ignorer. Peut-être que c’était ses origines  romaines qui parlaient  mais selon lui, il fallait affronter sa peur tout en n’oubliant pas ce qui s’était passé. Pour le romain, ce qui s’était passé dans la cité des anges avait été un cauchemar car il avait dû faire des heures supplémentaires avec sa patronne. Ce n’était pas qu’il ne l’aimait mais si elle aurait pu se passer de son existence, cela aurait été beaucoup mieux, un paradis selon le vampire. Les dragons étaient un fléau pour Azrael, une abomination. Cependant, il se devait de travailler avec elle, pour le bien commun de cette ville qui lui rappelait sa belle Rome.

Oui, selon Azrael, L.A ressemblait à Rome dans les temps anciens. Si belle, si forte et puissante. Tout comme la Rome Antique, L.A faisait rêver le monde entier par son prestige et ses valeurs. Cependant, Rome était incomparable à ses yeux. Elle était si majestueuse avec ses colonnades, ses bâtiments aux fronts audacieux. Elle était si puissante, si terrifiante. C’était simple pour survivre à Rome,  il fallait être fort et n’avoir peur de rien ni de personne. Le dicton romain était «  celui qui ne craint point ton pouvoir, a du pouvoir sur toi ».  Azrael avait mis des années avant de finalement le saisir et il s’en sert maintenant comme phrase fétiche face à sa patronne. Ce dicton pouvait fonctionner pour Los Angeles mais n’a pas autant de panache pour sa belle Rome. Après avoir terminé une clope et d’avoir envoyé chier sa patronne. Il décida de sortir prendre l’air sur la plage dans son bar préféré. Sa dragonne de patronne le traitait d’alcoolique ou de paresseux mais en réalité, c’était dans les bars que tout se jouaient. Dans celui-ci, tout le gratin de Los Angeles venait et discutait de business. Auparavant, quand une personne décidait d’impressionner une autre, il lui offrait un repas, une fête immense et beaucoup d’argent. Dans ce siècle, tout se jouait autour d’un verre. Sa patronne ne l’avait pas compris alors que lui, oui. Après tout, il est l’un des meilleurs informateurs et Azrael est beaucoup plus vieux qu’elle et romain en plus de cela. Les petites magouilles stratégiques, c’était son domaine et non celui d’un dragon qui crachait des flammes pour garder un minuscule trésor.

Vêtu d’un jean délavé, d’un pull gris tout simple, de baskets dernier cri et d’une veste en cuir noir, Azrael décida de quitter son loft qui donnait sur la plage avant de traverser la rue tout en reniflant dans l’air. Malgré que cela faisait des semaines, l’odeur du sang était toujours présente dans l’air, les humains ne pouvaient la sentir mais lui, oui. Sa gorge semblait s’assécher d’un seul coup et une envie de se  tailler une veine apparut subtilement dans son esprit. Comme une envie pressante. Cependant, il se retint, ce n’était pas le moment. Azrael trouva bien une femme charmante pour se sustenter de son besoin vital pour eux. Arrivé à la plage, loin de la musique forte, il marcha sur les chemins de bois afin de rejoindre ce bar dont sa terrasse semblait plonger dans la mer. Passant une main dans ses cheveux noirs ébène, Azrael rentra et alla au comptoir prendre un bon bourbon.  Le romain passa quelque temps sur le comptoir à boire quelques verres tout en écoutant la conversation des autres. Rien de bien précis, ce soir. Les businessmen semblaient être à court d’idées depuis le massacre. Il eut un soupire avant de prendre son verre et de sortir sur la terrasse. Le vent venant de la mer vint à fouetter son visage tandis que les embruns marins remplissaient ses narines d’une douce odeur iodée. Il était peut-être l’un des seuls romains à aimer l’océan. Dans la Rome Antique, Neptune n’était pas apprécié comme Jupiter.  Pour eux, c’était un traître mais ils se devaient de faire les rituels avant de prendre la mer pour une nouvelle conquête. Azrael adorait la mer et ses vagues. Sous la belle lune argent, la mer était magnifique et mystérieuse. Il s’approcha du rebord, recevant quelque gouttelette avant de poser son verre sur celui-ci fait de bois. Azrael sentit une nouvelle chose arrivée par derrière, une odeur douce et suave, comme un doux parfum féminin. Une femme qui marchait avec lenteur sur la terrasse de bois.

-Vous aussi, vous vous ennuyez ? Demanda-t-il avant de se tourner vers une magnifique jeune femme.

Azrael la trouvait magnifique et quelque chose de très romain se dégageait de ses traits. Vêtue d’une toge, elle aurait pu devenir une romaine respectée. Un regard de biche très profond, des cheveux aussi noirs que les siens et une peau halée mais ce n’était pas cela qui faisait d’elle, une romaine. C’était sa mimique, dans ses yeux dont un feu brûlait en permanence.  La jeune femme avait un regard dangereux, celui qui arrivait à emprisonner une âme en un seul coup d’œil. A coup sûr, elle devait faire tourner des têtes. Le vampire entendit son cœur battre dans sa poitrine aux courbes parfaites et voyaient ses douces veines qui l’appelaient. Cependant, il se retint, il n’était pas un sauvage et puis il savait se retenir après tout, il avait 1600 ans.

-Laissez-moi deviner, une de vos amies vous énerve à parler de ses problèmes ou de son petit copain trop génial alors qu’il est un saligaud de la pire espèce  et vous êtes là pour tenter de compter jusqu’à 10 afin de vous empêcher de lui coller un marron dans l’œil. Je me trompe ? Demanda-t-il avec un sourire, les yeux brillants de sarcasme.

Sa main vint se passer dans sa barbe taillée avec soin avant de lever son verre à son intention avant de se retourner vers l’océan pour le regarder de nouveau. Trouvant ce spectacle encore magnifique malgré que cela fasse plus d’un millénaire qu’il le regardait. Pour lui, c’était toujours un spectacle unique à regarder. Un spectacle magnifique qui semblait bien être le seul à en apprécier la prestance.

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Azrael adorait l’océan. Il devait être le seul romain de l’Antiquité à admirer sa beauté ainsi que sa puissance. Neptune et ses humeurs changeantes rendaient cet élément de toute beauté. Beaucoup d’hommes l’avaient admiré tout comme lui, la regardaient d’une manière pensive tout en rêvant de pouvoir voir les profondeurs de l’océan ainsi que ses trésors. Cependant, le vampire n’était pas dupe. Il connaissait les créatures marines, sa dangerosité. Neptune savait terroriser les marins en leur offrant des légendes qui pouvaient être réelles, tout comme ses tritons et sirènes qui nageaient d’un air pacifique mais qui étaient des prédateurs aussi terrifiants que les requins. Là, il fixait l’océan Pacifique, des douces vagues venaient s’écraser sur le sable blanc de la plage et les pilotis en contrebas. Il sentait parfois quelques gouttelettes s’écraser sur sa peau halée, les embruns marins remplissaient ses narines de ce délicat parfum iodé. La mer avait encore ses trésors et ses mystères qui fascinaient les hommes. Azrael s’en tenait éloigné pourtant, il préférait la regarder de loin et de pas y mettre les pieds. Les vieilles habitudes avaient la vie dure. Les romains avaient peur de Neptune, de sa colère qui pouvait provoquer des séismes, tels qu’envoyer une île par le fond. De plus, Azrael n’avait pas vraiment le pied marin, préférant largement la terre ferme et sa stabilité.

Le vampire s’était tourné quand il sentit une douce odeur de parfum s’imprégner dans l’air, se mélangeant à celle de la mer. Un délicat parfum bien, un parfum de femme. Azrael s’était tourné pour regarder la magnifique jeune femme qui se tenait non loin de lui sur le ponton. Ses cheveux noirs, ses lèvres vermeils et sa tenue qui la mettait en valeurs. Elle était belle et le savait, assumant cela. Elle avait quelque chose d’effrayant dans son regard, cette détermination froide à toute épreuve de la vie. Une détermination qui effrayait et qui devait intriguer bien des hommes. Une femme comme celle-ci ne courait pas les rues, Azrael avait très rarement vu ce genre de regards à part les grandes romaines de l’époque qui avait su tirer leurs épingles du jeu. Un jeu mortel, sanglant où la trahison et la manipulation régnaient en maître. Le vampire en avait pris part de cela, après tout, il était le seul fils illégitime d’un sénateur. Il était un pion à placer, un pion important pour mener son père à la gloire dans des batailles. Et lui, comme une bonne poire, il avait coopérer, trop désireux de faire plaisir à un homme qui n’avait pas dû pleurer sa mort.

Arquant un sourcil, Azrael détourna son regard qui était s’était retourné vers l’océan pour la fixer de ses yeux noisette pour tenter de comprendre qu’il avait face à lui. Une simple humaine ? Il en doutait. Il y avait une force en elle. Une rage, un feu brûlant qui semblait l’irradier. Elle semblait prête à se venger, prête à se battre pour tout et n’importe quoi tant que cela lui importait.

-Je vois, je me suis trompé, concéda Azrael avant de lui offrir un sourire qui n’atteignait pas ses yeux. Je suis à la recherche d’information et de me détendre aussi, répondit-il avec un petit sourire.

Il était aussi à la recherche d’une proie pour se nourrir mais cela, il n’allait pas lui dire car elle était devenue sa cible, sa proie pour le moment. Elle sera parfaite dans ce rôle. Azrael n’était pas un goinfre et puis il fallait faire attention maintenant à cause de ce massacre qui avait sévi. Seulement quelques gorgées feraient l’affaire et hop, il effacera.

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Azrael a toujours été quelqu’un de fourbe et dangereux. Il l’a toujours su et en avait fait une véritable force. Des aptitudes qui l’avaient aidé à s’en sortir à travers les siècles et qui lui avaient permis d’être la personne qui l’était. Malgré ce que la dragonne disait, Azrael était un des meilleurs éléments de l’équipe. Il ne cessait jamais de travailler, même ce soir, il continuait à travailler tout en se détendant autour d’un verre. Son ouïe très fine lui permettait d’écouter chaque bribe de conversation, chaque rire, chaque brouhaha. Un sens aiguisé qui l’aidait dans sa quête d’informations ainsi que son sens de l’observation. Cependant, malgré ce que les autres pensaient, Azrael n’était pas un bagarreur. Bien au contraire, il se défendait avec la parole plutôt qu’avec les poings. Selon lui, l’éloquence était une arme toute aussi dangereuse que les poings. Son éloquence l’avait aidé à s’en sortir des pires situations. A Rome, l’éloquence était l’arme la plus aiguisée et dangereuse qu’il soit. Pire que les catapultes, les arcs et les flèches ainsi que des épées tranchantes. Azrael avait appris des meilleures et son arme semblait lui être fidèle, bien plus que cette épée qui était « magique » selon ce druide.

Détournant son regard de la magnifique jeune femme pour regarder le majestueux océan qui lui faisait face. Un océan qui l’avait toujours intrigué tant par ses mystères et parce que tous les romains se méfiaient de Neptune. Ils leur offraient des offrandes afin de le rendre docile pour ceux qui s’en allaient par la voie des mers mais les romains ne lui éprouvaient pas autant de respect qu’à Jupiter. Selon eux, Jupiter était le dieu tout puissant mais selon Azrael, Neptune pouvait se montrer beaucoup plus puissant et retors que Jupiter. Il ne croyait plus vraiment à ces dieux, d’ailleurs, le romain n’y croyait plus vraiment tout court. Lorsqu’Azrael n’était qu’un humain qui subissait les ordres et les coups de poignards de son père, il avait prié bon nombres de fois les dieux mais finalement il avait fini par mourir tout seul dans une forêt. Une preuve de courage, une prière aux dieux, une épée soit disant « magique » et une blessure mortelle provoquée par un dragon. Bref, il n’y croyait pas vraiment au dieu unique et à ses dieux mais Azrael adorait toujours ses légendes, ses héros venus d’un autre temps. Il trouvait cela vraiment passionnant car ces héros étaient énormément intéressants et astucieux. De plus, cela aidait les gens avec la stratégie et l’éloquence.

Il se retourna quand elle lui répondit d’une voix à l’accent chantant comme une douce mélodie. Elle avait un accent latino et son nom ne fit que de le confirmer. Druscilla Santanico. Il lui prit doucement la main sans la quitter des yeux avant de baiser le dos de celle-ci. Une peau douce et soyeuse avec une odeur sucrée qui lui donna l’eau à la bouche.

-Enchanté, je suis Azrael Gibbons, se présenta-t-il avant de lâcher sa main afin de ne pas l’effrayer. Des informations concernant le massacre que la ville a sévi dernièrement, c’est tout, ajouta Azrael d’un air nonchalant.

Le romain s’en fichait un peu de tout ça. Quand on était assez vieux comme lui, il fallait apprendre à relativiser. C’était plus pour les humains qu’il s’inquiétait mais les humains devenaient de plus en plus stupides.

-Je vous offre un verre ? Demanda le vampire avec un sourire en coin.

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Le baisemain était une manière polie de proclamer un certain respect envers une belle dame. Azrael le faisait très souvent envers les dames, cela faisait partie des choses que le temps n’avait pas effacé durant les siècles. Le baisemain est apparu bien après sa mort, dans la littérature romanesque du Moyen-Age, depuis c’était devenu quelque chose de protocolaire jusqu’à ce que cela se fasse oublier par les générations du 20ème et du 21ème siècle. Chez les romains, il existait 3 sortes de baisers et chacun était pratiqué selon les sentiments et les rangs. Il haussait un sourcil narquois lorsqu’il vit un petit sourire charmé dessiner sur les lèvres pulpeuses de couleur vermeil et sa réponse ne tardait pas vraiment. Il eut un soupir en l’écoutant parler des hommes d’aujourd’hui, de vrais goujats et pourtant Azrael avait traversé les époques où les femmes n’étaient que des machines à faire des bébés. Elles devaient se taire et subir, point barre. Certes, ils étaient des goujats à cette époque mais cette valeur était dans les mœurs de tous. Maintenant, ce n’était plus dans leurs valeurs et pourtant ces hommes se comportaient comme des macaques sans cervelle. Ils ne faisaient que les énerver et les rendre méfiantes par leurs dragues lourdingues. Ils ne facilitaient pas son boulot, déjà que les femmes étaient devenues un peu plus farouches. Un petit sourire vint apparaître sur ses lèvres. Perspicace, la petite, pensa-t-il.

-J’ai l’impression que plus nous avançons dans la science et la technologie, plus ces hommes deviennent de véritables singes, répondit-il avec un petit sourire. Oui, je suis plus vieux que j’en ai l’air, je suis né au 4ème siècle pour tout vous dire, ajouta-t-il.

Il n’avait pas de complexe à parler de son âge, après tout, il avait 1600 ans et était plutôt bien conservé pour son âge. Il pencha la tête avant de la suivre vers une table sur la terrasse et s’asseoir en face de la belle brune dont les lèvres pulpeuses semblaient les narguer pour qu’il vienne les caresser des siennes. Cependant, il se retenait, interpellant un serveur qui était à l’intérieur avant de se tourner vers elle.

-Trop rien, du sang de démons a affecté les vampires et les a rendus fous. Cependant, les loups avaient été épargnés, aucun n’a été touché. Je n’ai qu’une supposition mais il est trop tôt pour la mettre en avant, même devant ma patronne qui ne m’aime pas trop, j’attends plus d’informations et de preuves pour lui donner, déclara-t-il d’un ton confident.

Il s’est tu quand le serveur vint les voir avec un carnet de commande.

-Un whisky pur, commanda-t-il d’un ton ferme mais poli avant de se tourner vers la magnifique brunette tandis que le serveur partit. Et vous, l’avez-vous subie cette attaque ? Demanda Azrael d’un ton curieux.