J'ai passé la journée dans le local qui serait bientôt "Le Diamant Étoilé" à faire la peinture et à installer le marbre poli. Quelques meubles étaient arrivés dans la soirée mais, trop épuisée, je voulais rentrer chez moi. De plus, j'avais fait l'acquisition de deux nouveaux grimoires de magie blanche et de l'élémentaire Eau datant de mes ancêtres Nordiques. J'avais vraiment hâte de découvrir tout cela. Hundur à mes côtés, nous entrions dans la forêt aux Hamadryades qui bénéficiaient de tout mon respect. J'avais retiré mon bracelet de cuir qui était enchanté pour me couper de ma magie. L'air ambiant m'entourant se rafraichit soudainement, laissant de petites particules de neiges flotter autour de moi et le sol geler sous mes pas. C'était libérateur.

Le loup géant s'arrêta soudainement, reniflant l'air. * Il y a une odeur de sang humain ! * Fit-il remarquer. Nous fîmes un léger détour du chemin menant à la crypte. Je suivais Hundur qui, lui même, suivait la trace grâce à son odorat et son ouïe. Quelques minutes plus tard, la lumière d'un feu crépitant m'éblouie un peu. Deux corps étaient présents. Tandis que j'examinais le cadavre au teint pâle, le loup examinait le blessé. * Lui, il est encore vivant. * Remarqua Hundur. * Enfin, pas pour longtemps, si tu fais rien. * Je m'approchais alors du corps de l'homme blessé. Il y avait du sang partout. Je posais ma main froide contre sa joue avec une infinie douceur. « Est-ce que vous m'entendez ? » Demandais-je, toujours aussi souriante. « Je ne vais pas pouvoir le guérir si je n'ai pas mon cristal de résurgence. Il va falloir le transporter jusqu'à la crypte. » Informais-je Hundur à voix haute.

Il fallait qu'il ne perde pas de sang pendant le trajet et la glace pouvait m'aider. Je posais mes deux mains contre la carotide de l'humain, une couche de glace recouvrit la plaie. Obligeant le sang à se coaguler. Je n'allais pas pouvoir le porter physiquement, ni même par télékinésie. Il était trop lourd et c'est moi qui finirait par tomber dans les vapes. « Ouvrez les yeux, il va falloir m'aider si vous voulez guérir. » Interpellais-je le blessé.

Je saisis doucement son bras et alors que je le tire, il semble user de ses dernières forces pour pousser sur ses jambes et m'aider à le remettre debout. Je peux entendre sa voix qui était presque un murmure. Il était vraiment dans un sale état. « Vous me remercierez quand votre vie ne sera plus en danger. » Répondais-je. Hundur devant nous, je fais de mon mieux pour soutenir l'homme afin de rejoindre la crypte. Les quelques minutes qui nous en séparent semblent devenir plus longues. Je dois m'arrêter à plusieurs reprises pour faire une courte pause. Nous arrivons enfin devant la première protection magique qui empêche les êtres malintentionnés de voir le terrain de ma résidence ainsi que de franchir la ligne. Je doute que mon sortilège agisse sur les personnes aussi faibles physiquement que l'est cet homme. C'est donc sans surprises que nous disparaissons de la forêt pour entrer dans le dôme magique recouvrant la résidence. « Nous y sommes presque, ca va aller. » L'encourageais-je.

Une fois dans le petit bâtiment de pierre, je pose ma main sur le caveau funéraire qui se transforme en un escalier. La luminosité de la crypte vient réchauffer l'atmosphère tandis que je guide le blessé jusqu'à une méridienne droite. Essayant de l'allonger au mieux. Je m'empresse de poser mon sac et de retirer mon long manteau blanc et bleu pour aller vers une vitrine où plusieurs cristaux sont exposés. Je saisis ma courte baguette et remplace le cristal de traduction par le cristal de résurgence. Je me dépêche de rejoindre l'homme et m'assied au bord de la méridienne pour lui tourner doucement la tête. « Vous allez sentir de la chaleur, surtout ne bougez pas. » La baguette ressemblait à un stylo épais avec comme mine, un cristal.

La pierre s'illumina et je me penchais en avant pour commencer à faire de petits cercles à quelques centimètres de la plaie. Un fil blanchâtre apparut et commença à s'animer comme s'il recousait la blessure. J'étais très concentrée et ressentais une douleur dans mon cou. La magie avait toujours un prix. Plus sa blessure se refermait, plus une entaille se formait au niveau de ma carotide. Mais pas assez profonde pour atteindre l'artère. Je serrais les dents et accomplissais mon devoir de mage blanc. * Vas y doucement, Freydis. * Me conseillait mon familier. Mais comme à chaque fois qu'une vie était en jeu, je ne l'écoutait pas. Me fiant à mon instinct. Lorsque sa blessure fut entièrement refermée comme si l'homme n'avait jamais été mordu, je déclarais d'une voix faible. « Il vous faut du repos, vous avez perdu beaucoup de sang. Vous ne craignez rien ici. » Je me redressais, son autre blessure était moins profonde, le sang avait déjà coagulé et pouvait attendre un peu que je prépare une potion.