Oh mais cette fille...! Elle me fait tourner la tête, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment mais je me sens comme un crétin d'adolescent dans un film à la con. Je suis resté un moment assis sur ce trottoir, à regarder dans la direction qu'elle avait emprunté, à continuer d'humer son parfum dans l'air et à savourer ce goût sur mes lèvres, qui n'est sans doute pas resté si longtemps que ça mais mon cerveau me l'a fait croire en tout cas. J'aurais tant aimé qu'elle reste dans mes bras, pouvoir l'embrasser à nouveau et sentir encore sa peau sous mes doigts. Mais elle a fui, comme toutes les femmes qui m'approchent de trop près. M'avait-elle fui pour toujours ou n'était-ce que pour cette soirée, ça c'était une question à laquelle je ne pourrai pas répondre en restant le cul posé dans cette ruelle...

Alors je suis rentré chez moi. J'ai marché dans le noir, les mains dans les poches, ma capuche noire rabattue sur ma tête, arborant un grand sourire heureux que les gens qui me connaissent n'auraient sans doute pas reconnu sur mon visage. Oui je suis heureux de cette soirée, comme sur un petit nuage. Je grimpe quatre à quatre les marches jusqu'à chez moi. Je dis "chez moi" et non "mon appartement" parce que je ne suis pas certain que quelqu'un qualifierait d'appartement l'endroit dans lequel je vis. C'est un appartement, en haut d'une maison ancienne de Los Angeles, une de ces vieilles bâtisses qui n'ont pas d'âge, avec les toits en pente et des lucarnes en demi-cercle au niveau du grenier. Et c'est dans ce grenier que je vis, sous la charpente, dans ce que les propriétaires précédents ont aménagé comme un petit studio pour étudiant. Un peu comme si leur fils s'était installé à l'étage pour faire ses études ou quelque chose comme ça.

C'est insalubre, la cuisine n'est pas vraiment utilisable, le frigo ne fait plus de froid, la salle d'eau a des fuites et je dors sur un matelas à même le sol. Mais j'aime mon petit chez moi. Et en arrivant, je m'écroule immédiatement sur le lit, regardant le plafond, les bras et les jambes en étoile de mer, à rêvasser à ce qui aurait pu se passer, à ce qui pourrait se passer si elle acceptait de me revoir...Ah Louise...Est-ce que je suis en train de vivre le conte de fée La Belle et la Bête en live...? Peut-être. Mais je ne pourrai pas me transformer en prince charmant et faire plein d'enfants avec elle pour vivre heureux dans notre palais. On en sera même très loin. Mais si je peux avoir quelques mois de bonheur à la fréquenter, ça me suffira amplement...

☾ anesidora