Elle se laisse caresser, frissonne agréablement sous ses mains qui l’explorent. Elle le laisse découvrir sa peau d’une autre manière qu’il avait eut à faire des les dernières semaines. Son corps redevient un corps d’envie et non de corvée. L’aider à s’habiller, se déshabiller, se mettre au lit, soulever des machins qu’elle ne devrait pas avoir de difficulté à soulever. Elle n’avait pas aimé le regard compatissant, douloureux de Keon. Elle préférait celui-là. Celui qui la dévorait, qui se délectait de chaque centimètre de peau qu’elle lui offrait. Puis ces mots. Il voulait vivre. Elle savait comment cette chose n’était pas simple pour lui. Elle savait comment les abysses le tiraient douloureusement vers elles, l’arrachaient de l’étreinte de sa petite femme qui ne voulait que lui trouver mille et une raisons de continuer d’exister. Mais, cette fois-ci, il lui disait vouloir vivre.
« Je sais. »
Lui répondit-elle lorsqu’il lui dit ne jamais vouloir lui faire du mal volontairement. Elle pose son front sur le sien, ses mains caressant son torse, son cou, ses joues. Elle cherchait toute la chaleur qu’elle pouvait trouver chez son mari, son monde entier. Elle abandonnerait tout un seconde fois pour lui s’il le fallait. Il lui donne ensuite la permission de faire des recherches, de trouver une manière de l’aider. Violet n’imposerait jamais un sort sur son mari. Elle aimait quand les choses venaient d’eux-même, quand ils ne se baignaient pas dans la facilité que la magie donnait l’illusion de donner. Il n’y avait rien de facile. Toute ce qu’on donnait devait être pris ailleurs. Les énergies de ce monde étaient limitées. Surtout, elle ne se permettrait jamais d’aller contre la volonté de son époux. Elle l’aimait comme il était, sans compromis, avec ses défauts.
Son souffle se coupa bruyamment lorsqu’il lui avoua ne rien comprendre de ce qui était écrit dans ses grimoires, un sourire aux lèvres avant de venir l’embrasser, lui coupant la parole. Elle le tapa doucement sur l’épaule, faussement en colère contre lui. Elle ne lui en voulait pas réellement. D’abords parce qu’elle savait être nulle pour cacher des choses mais aussi parce que c’était sa maison à lui aussi. Il avait le droit de chercher et de trouver au final. Elle profita du baiser malgré tout avant de se reculer, les lèvres pincées d’incertitudes.
« Les sorcières, on ne peut pas faire tous les exorcismes. Y’a que vous qui peuvent débarrasser un corps d’un démon. On peut décupler vos pouvoirs, faire les rituels de protection, préparer un réceptacle. La vraie force, c’est celle qu’on a ensemble. Mon père aurait probablement été un pathétique exorciste sans ma mère. »
Violet dépose un baiser sur son front, serrant son corps contre le sien. Dans cette position, c’était un peu difficile de lui cacher qu’il avait envie d’elle mais elle ne le pousserait pas à faire quelque chose qu’il pourrait regretter et, en réalité, il avait raison. C’était risqué. Elle n’était juste pas particulièrement douée pour attendre et en avait plus que marre de n’être rien d’autre qu’un fardeau dans la vie de son époux. Elle voulait redevenir elle-même immédiatement, sans attendre.
« Du coup… t’as trouvé l’argent que j’avais caché aussi? »
Ça ne valait plus la peine de le cacher si ce n’était que pour la rassurer qu’il y en eût d’autre, toujours. Elle se refusait d’être aussi à sec qu’ils ne l’avaient été. Elle avait besoin de ce petit coussin et elle économisait pour une raison supplémentaire qu’elle ne voulait pas partager à Keon maintenant. C’était trop tôt encore, la blessure était trop fraîche pour lui dire qu’elle voulait se préparer tranquillement à avoir un enfant. Elle se mordilla la lèvre inférieure. Elle s’était pourtant promis de ne plus rien lui cacher. La blonde était terrifiée à l’idée de sa réaction. Est-ce qu’il lui en voudrait? Il n’y avait qu’un moyen de le savoir.
« J’ai réfléchi beaucoup et je crois qu’on devrait économiser pour… pour si on veut le faire pour vrai. Tu comprends pour que si… si ça réarrive, on soit prêt cette fois-ci. Tu comprends? »
Lui dit-elle, tout à fait consciente qu’elle n’était absolument pas claire dans ses propos mais qu’elle n’osait tout simplement pas prononcer les mots devant lui.
Il aimerait sincèrement qu’elle sache vraiment ce qu’elle lui inspire. Qu’elle comprenne qu’elle donne un sens à sa vie, un vie qu’il a envie de mener malgré toutes les souffrances. Il veut qu’elle sache qu’il est prêt à vivre pour elle...
Elle a beau assister chaque jour à son autodestruction plus ou moins silencieuse, parfois si discrète qu’il ne le remarque pas lui même. Il se détruit, mais il ne souhaite pas lui faire de mal à elle. Pourtant il sait qu’il lui en fait, souvent, beaucoup trop. A tel point qu’il songe parfois à l’abandonner, pour qu’elle soit heureuse sans lui… Mais il ne le fait pas, parce qu’il sait que ça ne sera pas le cas, elle n’est pas prête à le laisser partir, à le voir s’évanouir, s’évaporer dans l’autre plan de ce monde… Elle n’est pas encore prête pour une vie après lui.
Il sourit lorsqu’elle lui tape sur l’épaule, il aime l’idée d’être une petite fouine et de pouvoir l'embêter de la sorte. Il ne comprend pas pourquoi elle cache les grimoires, il aurait pu lui en parlé, mais il a attendu que ça vienne d’elle. Il a bien fait d’attendre, elle vient de le faire. - Je veux bien essayer, mais tu sais… C’est trucs d’esprits, ça m’fou la trouille.
Et il n’a jamais honte d’admettre ses sentiments, même la peur. Keon lui sourit tendrement, caressant toujours sa peau avec une infinie douceur. Il a envie d’elle c’est certain, mais il se contentera de cela ce soir, il n’a pas envie de lui faire du mal à cause de ses désir d’homme. Il sait à quel point les hommes peuvent se permettre d’être cruels et égoïste à cause de ce qu’ils ont entre les jambes, il l’a subit lui même maintes fois, à tel point qu’il avait prit cela pour la normalité avant de rencontrer Violet… Elle a changé tellement de chose dans sa vie, dans sa manière de percevoir le monde, de vivre tout simplement.
- Oui, mais je n’en ai pas prit.
Dit-il comme pour la rassurer, parce que même s’il sait être un petit voleur à l’occasion, jamais il ne volerait sa femme. Même si parfois le manque lui avait fait considérer cette position, il a su prendre sur lui à ces moments là, par amour.
Il se demandait pourquoi elle cachait cet argent. Il imagine qu’elle a simplement peur de devoir vendre cette maison, de repartir encore de zéro. Il peut comprendre, même s’il aimerait lui promettre qu’il ne foutra pas tout en l’air une fois de plus. Keon ne sait pas s’il échappera un jour à cette malédiction de toujours tout gâcher.
- Je…
Sa gorge se serre, il a cessé ses caresses, figé dans sa douleur. Il revoit cette étincelle de vie partir, se décrocher de l’âme de Violet, elle hante ses yeux à cet instant, elle vivra ainsi toujours dans son regard.
- Je t’aime tu sais, mais…
Il inspire douloureusement, essaie de faire le vide pour ne pas sombrer dans ses émotions.
- Je ne serais jamais… Jamais un bon père.
Non parce que tout ce qu’il voit dans le miroir, c’est sa mère.
- Et tu l’sais bien sinon on aurait…
Lui aussi a du mal à terminer ses phrases.
- En plus il… Il aurait cinquante pour-cent de chance d’être alcoolique, je… J’l’ai lu dans une revue à la clinique. C’est comme, deux chances sur trois ? Enfin j’en sais rien, parce que j’suis même pas intelligent et j’suis si maigre et taré qu’est-ce que…
Il commence à hyperventiler, il ferme les yeux, épuisé de se montrer plus fort qu’il ne l’est vraiment, cependant, il refuse de craquer maintenant. Elle a encore besoin de lui…
Il aurait pu en prendre. Il aurait pu tout prendre qu’elle ne lui en aurait même pas voulu. Enfin, pas tellement longtemps. Elle avait un niveau de patience avec lui qu’elle ne se permettait même pas envers elle-même. Violet se laisse caresser, lui rend la pareille. Elle glisse doucement ses mains sous son t-shirt pour y trouver la chaleur de sa peau. Elle trouve à son grand malheur aussi tous ses os qui n’ont presque rien pour les recouvrir. La blonde ne grimace pas. Elle sait que c’est de sa faute. Que c’est elle qui lui a fait du mal. Involontairement, mais c’est toute de même sa faute. Elle n’a pas su être assez forte pour lui.
Elle le sent se figer alors qu’elle lui parle de ce rêve qu’il a fait germer dans sa tête. Cette chose qu’elle ne s’était même pas imaginer pouvoir avoir un jour. Une famille. Parce que même celle dans laquelle elle était arrivée était dysfonctionnelle. Celle de Keon était loin d’être mieux. Deux petits amputés d’amour parental bien à leur manière, elle ne se serait jamais même permise de s’imaginer mettre au monde un enfant. Pourtant, quand elle lui avait dit, il lui avait touché le ventre d’une certaine manière. Il lui avait fait reluire un futur différent. Elle avait mordu à l’hameçon et s’était visiblement fait prendre à son propre jeu vu la réaction de son amoureux. Elle ne le regarde pas mais sait pertinemment de quoi son visage à l’air à l’instant. Violet se sent stupide.
« Hey c’est pas de ta faute. C’est la mienne. C’est moi Keon. »
Ce qu’elle dit n’a aucun sens alors qu’elle panique, qu’elle prend son visage entre ses doigts pour lui embrasser le front. Il la serre dans ses bras. Elle se retient de ne pas couiner de douleur pour ne pas le faire sentir encore plus coupable qu’il ne se sent déjà. Pour lui, elle passerait par-dessus bien plus grande douleur que celle de quelques côtes cassées. Elle se maudissait intérieurement d’avoir tout gâché. Elle avait mit tant de temps à tout préparer et voilà qu’elle se mettait à parler de fonder une famille alors qu’elle venait à peine de se faire avorter. Violet avait fini par voir ce que Keon avait imaginé.
« J’étais trop malade pour continuer. Ça m’aurait tuer mais ça sera pas comme ça chaque fois puis… »
Elle a sa tête nichée dans le creux de son cou. La sorcière ne sait même pas s’il peut l’entendre parler. Elle sent toute sa fragilité, tout le poids des dernières semaines glisser de ses épaules. Le poids qu’elle lui avait imposé par sa détresse à elle. Elle se sert contre lui, passe instinctivement ses pouces sous ses yeux juste au cas qu’il pleure. Juste parce que quand il la serrait de cette manière, généralement, c’est parce que les larmes allaient suivre. Elle colle sa joue contre la sienne.
« Tu serais un père génial. T’as été là pour moi, depuis le début. T’es venu à la clinique avec moi-même si ça te faisait mal aussi. T’es le meilleur support, tu me fais rire, tu sais me consoler. Jamais je douterais de toi à ce niveau-là. C’est de moi, de ma santé, de notre sécurité dont je doutais mais jamais de toi, Keon. »
Chuchote-t-elle doucement à l’oreille dans toute la sincérité qui pouvait l’habiter alors que la Xbox leur notifie que le jeu a fini de s’installer d’une petite sonnerie douce. Elle embrasse sa tempe en caressant doucement sa nuque.
« Je suis désolée. On peut oublier ça si tu veux c’est juste… j’ai cru à cause de ce que t’as dit quand Lucas était là. J’ai cru que ça te rendrais heureux et j’ai cru que ça me rendrait heureuse aussi de partager ça avec toi mais c’est pas grave. Tu me satisfait amplement et c’est toi ma famille. Ma maison. Mon amour. On met ça de côté et on joue? La nouvelle saison est sortie que le mec du magasin m’a dit. »
Elle espère vraiment pouvoir dévier le désastre qu’elle avait créé en si peux de mots, en phrase pas terminés et en idées inachevées. Elle aurait pleins d’autre temps pour se maudire d’avoir encore tout gâché avec ses idées stupides.
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