Installé confortablement sur une chaise, je laisse mon regard se perdre sur l’étendue de mes biens. Aujourd’hui, aucun client à l’horizon. Il faut dire que le temps n’est pas collaborant en ce moment. Pluie, vent et ciel gris. Rien qui ne donne envie de sortir.. Alors je me retrouve affermi sur quelques planches de bois à l’intérieur de ma boutique d’antiquités, reluquant mes anciennes trouvailles reposant sur mes étagères en me tournant littéralement les pouces. J’en venais même à claquer le bout de ma langue contre mon palais, pour dire comment mon degré d’ennui atteignez des sommets jusqu'ici jamais atteints !
Les minutes s’écoulaient les unes après les autres tandis que le tic tac constant d’une horloge résonnait dans ma boîte crânienne comme une cloche d’église qui serait sonnée encore... et encore et encore.. Mon menton commençait d’ailleurs dangereusement à basculer vers ce qui semblait être mon torse, signalant ainsi la petite sieste du mercredi après-midi... du moins jusqu’à ce que je manque de m’écrouler sur le sol en basculant dramatiquement en arrière, c’était moins une...
À présent bien réveillé, je ne compte plus me laisser assaillir par cet ennemi de l’ombre, fredonnant une petite mélodie à travers mes lèvres alors que mes pupilles s’accrochent à un trophée résidant sur une petite étagère de bois, dans le fond de la pièce. Un petit sourire nostalgique apparaît sur mon visage alors que je me remémore le passé de cet objet, source d’aventure, de danger mais aussi de grandes courses poursuites..et ce n’est pas une boutade, sans doute la plus grande course poursuite de ma vie.
Pour remettre dans le contexte, il faut remonter jusqu’au 16ème siècle... en 1532 pour être précis. Un temps dégagé, si ce n’est quelques bourrasques de vent. Je me trouvais sur le ponton d’un navire d’exploration qui prenait son départ en Guyane britannique, dans la ville de Georgetown pour rejoindre l’étendue boisée de l’Amazonie. L’objectif de l’expédition était simple... Enfin simple, non... Techniquement, tout devait être planifié et maîtrisé mais il s’est avéré que les choses sont rapidement parties dans tous les sens... Mais n’est-ce pas là tout l’intérêt d’une expédition ? Une exploration sans rebondissements, il n’y a rien de plus ennuyant ! .. Quoi que si, rester affalé sur une chaise en bois pendant des heures, finalement ça remet assez bien les choses en question....
Enfin, cette expédition avait un but précis et absolument formidable. Rechercher l’Eldorado rapporté par Francisco Pizarro González le siècle précédent. Supposé être une contrée mythique d’Amérique du Sud qui selon la légende, contiendrait une quantité d’or absolument inimaginable, c’était une exploration assez audacieuse pour l’époque.. Maintenant, est-ce que l’Eldorado est source de réalité ou de fabulation.. Eh bien après tout ce temps passé à errer sur ces terres verdoyantes.. et désertiques.. je pourrais éventuellement donner une réponse à cette question... donner “ma réponse” mais avec le temps, j’ai appris que l’ignorance était bien souvent bien plus judicieuse, parfois il est préférable de ne rien dire et de laisser le silence s’occuper des choses. Certains mystères doivent en rester.
Je reste continuellement-là, assis sur ma chaise en attendant que le temps passe, luttant contre l’endormissement pour ne pas quitter mon poste. Bien évidemment, c’était peine perdu et c’est en laissant mes lourdes paupières se fermer que mon regard basculera de nouveau en avant, laissant mon esprit rêveur revivre une épopée d’un passé fort lointain...
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« Une météo parfaite pour une navigation en pleine mer, un équipage qui respire le style à plein nez et surtout un objectif absolument fantastique ! Fin prêt pour l’expédition de toute une vie, Richard ? .. Enfin, si c’est bien votre prénom que j’ai lu sur la liste tout à l’heure... ou alors non attendez, ne dites rien. Laissez-moi deviner, si vous n’êtes pas le Richard, alors vous devez certainement être le Dave du navire. On a toujours besoin d'un Dave dans une expédition qui se respecte ! »
Richard et Phinéas Le seizième siècle, du port animé de Londres il était partit en quête du Nouveau Monde et de richesses. A bord de ce navire se trouvait un phénix qui tentait de s'adapter tant bien que mal à cette nouvelle enveloppe qui lui avait été donnée par la sorcière pour le sauver d'une mort plus que certaine. C'était avide de rêve, d'aventure et d'espace qu'il était monté à bord d'un navire en direction du Sud-Ouest, il voulait retrouver cette liberté qu'il avait eu lorsqu'il pouvait encore voler haut à travers les nuages. Il rêvait mine de rien de ces souterrains, de ces mers lointaines dont les Conquistadors et autres explorateurs avaient rapportés toutes ces légendes et cette richesse soudaine qui se conquerrait au détour d'une jungle épaisse. Il rêvait de voir le soleil se lever sur cette cité d'or dont Pizarro avait rapporté l'existence.
Le navire voguait depuis plusieurs semaines, le phénix avait été malade plusieurs fois durant le trajet et d'ici quelques jours les marins poseraient le pieds sur une plage de ces mystérieuses terres emplies de forêt. La caraque Elisabeth Ière filait et le vent gonflait promptement les différentes voiles, forçant l'allure. Rikhárdhos avait changé son nom de sorte à ce qu'il puisse être aisément prononçable par quiconque souhaitait l'appeler, il était cependant monté à bord en tant que matelot en remplaçant un certain Dave qui n'avait pu se lever à cause d'une gueule de bois bien trop forte. Il avait d'ailleurs la surprise de voir qu'il y avait aussi un Richard. Il avait beaucoup observé, exécutant toutes les tâches qui lui étaient confiées et il avait finit par être exclusivement mis à la tâche pour les opérations de garnitures, du gréement et de la manoeuvre. Il finissait de vérifier l'état des haubans puis des cordages lorsqu'un marin vint lui adresser la paroler
- Dave, c'est bien ça, m'sieur, répondit-il en se redressant. L'appel de l'aventure résonne dans mes oreilles comme le doux chant d'une sirène. Et pour vous, chante-t-il aussi puissamment ?
Malgré les semaines qui s’étaient écoulées depuis le départ du navire, Jake ne s’était pas ennuyé une seule seconde de ce voyage. Son esprit pensant sans cesse à toutes les bonnes découvertes qu’ils allaient faire, le temps semblait s’écouler à grande vitesse, les heures s'enchaînent les unes après les autres jusqu’à finalement laisser apparaître les dernières lueurs du soleil dans les cieux rougeoyants et infiniment grands. Toutes ces choses à découvrir, tous ces lieux, toutes ces cultures et ces histoires sont la source de motivation la plus puissante qu’il est connu jusqu’ici. Cette envie de découverte est aussi puissante et tenace qu’une flotte d’invasion s’apprêtant à conquérir dans contrées lointaines et inexplorées.
Jake n’avait pas prêté attention à l’équipage durant les premières semaines de voyage, il faut dire qu’il était plus occupé à penser aux possibles destinations, à la gestion de l’équipement et à lire les ouvrages parlant de cette mystérieuse histoire de l’Eldorado pour construire un véritable lien avec les marins sur ce navire. Il faut aussi avouer que le phœnix est plus du genre solitaire, préférant dissimuler son identité en restant dans son coin plutôt que de boire un breuvage à la belle étoile en bonne camaraderie. Enfin, dans tous les cas, ça ne l’empêchera pas de prendre la tête de l’expédition une fois sur terre, ce voyage n’est pas seulement une balade de santé pour lui, c’est une question de grandes découvertes, de transformer un rêve en réalité !
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« Oh, l’appel de l’aventure ne résonne pas dans mes oreilles, mais dans tout mon corps et ce n’est pas le chant d’une sirène, Dave. Mais des millions. »
Un fin sourire apparaît sur ses lèvres tandis qu’il tend un bol de soupe en direction du Marin, lui apportant son repas. *Espérons que cette soupe passable n’apportera pas une expédition passable*.
« Prenez des forces Dave, dans quelques jours nous débarqueront sur des terres potentiellement dangereuses. Passez une bonne soirée. »
Tournant les talons, le phœnix jette un dernier regard en direction de la mer avant de rentrer dans une cabine, laissant Dave sur le pont avec son bol de soupe.
Richard et Phinéas Richard avait beau avoir été malade à plusieurs reprises durant le voyage, il restait tout de memefort agréable de sentir le vent fouetter son visage, le soleil chauffer sa peau, les vagues venir l'éclabousser lorsqu'elles venaient se briser contre le coque du navire. Il n'avait pas réellement le pied marin, plus aérien mais passons, mais il vivait de bons moments sur ce navire parmi ces hommes aux vies différentes mais à l'objectif olus que commun : vivre l'aventure sur les terres mystérieuses des Amériques.
Il y avait bien un marin solitaire qui intriguait Richard, ou plutôt Dace pour des raisons techniques, mais en soit tous les hommes étaient intriguants et cachaient moults histoires. S'il y avait une chose qui plaisait au phénix c'était ces moments partagés lors des repas où chacun racontait une histoire amusante ou une vielle légende qui faisait toujours son effet. Mais le moment qu'il appréciait le plus c'était lorsqu'ils se mettaient à chanter, certes des chansons aux paroles peu classes mais c'était adapté aux faits de l'époque. La musique rassemblait toujours les êtres et faisait oublier les mauvais moments.
Dave ne s'attendait pas à croiser quelqu'un ce soir, il aimait les choses bien faites et souhaitait rester éveillé tard afin de vérifier que tout était en ordre. On vint lui apporter un bol de soupe qu'il accepta avec grand plaisir bien qu'il savait d'avance qu'elle était loin d'être excellente. Il remercia l'homme, discutant un peu avec lui. Oui d'ici quelques jours ils débarqueraient sur les côtes et leur aventure pourrait enfin commencer, il avait hâte de s'enfoncer dans la jungle afin d'y découvrir des trésors.
- Bonne soirée à vous, Jake, finit-il par ajouter alors que l'autre commençait à s'éloigner.
S'appuyant contre le rebord du navire, le phénix dégusta sa soupe en songeant aux merveilles que l'équipage et lui pourraient trouver à leur arrivée.
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis sa brève discussion avec Dave, avec qui il n’avait pas renoué contact si ce n’est de simple regard pour saluer. Il faut dire que toute son attention était focalisée sur l’entretien du navire et de la bonne navigation jusqu’au lieu de débarquement en étudiant les cartes à disposition du voyage. Concrètement, Il ne savait absolument pas dans quoi ce dernier s’embarquer. C’est-à-dire s’il savait qu’ils allaient trouver quelque chose, l’expédition pourrait très bien n’être qu’une perte de temps en matière de résultats mais une chose est sûre, parcourir les forêts sans savoir dans quoi l’équipage allait s’embarquer, était grisante.
Puis vint le temps de débarquement. Une joie générale sur tout le navire, tandis que l’équipage prépare l'amarrage en chantant tous en cœur une chanson de marin. Officiellement, la première expédition à la recherche de l’Eldorado allait enfin pouvoir débuter. Des semaines de navigation ont pensé inlassablement aux trésors qu’ils pourraient déterrer et voilà qu’à présent, ces rêves allaient peut-être enfin pouvoir prendre forme dans cette épaisse jungle aux mille et une beautés encore non découvertes.
Ses pieds foulants le pont, Phineas avait idée d’un possible binôme pour mener à bien cette expédition. “Dave.. Dave.. Où diable êtes-vous ?” Remarquant ce dernier du coin de l’œil, le phœnix s’approche rapidement de celui-ci en déposant une main sur son épaule histoire d’attirer son attention, un large sourire excité sur le visage !
« Dave ! » Relâchant son épaule, Phin se place face à ce bon vieux marin en présentant un sac en toile contenant tout l’équipement nécessaire pour l’expédition qu’ils pourraient découvrir une fois à terre. Forte heureusement, le temps semblait être paradisiaque, ce qui changeait des derniers jours pluvieux dont ils avaient eu affaire.
« Dave, dites-moi. Que diriez-vous d’explorer l’inexploré à mes côtés, je suis certain que nous pourrions faire un binôme d’enfer ! »
Richard et Phinéas Les quelques jours qui séparaient le navire des côtés guyanaises et du port de Georgetown avaient enfin été effacés au profits d'une grande animation sur le pont. Au diable le soleil qui avait quelque peu brunit la peau des marins "britanniques" peu habitués à une lumière aussi vive pendant des jours. Cette pluie avait fait grand bien au phénix même s'il aimait le soleil. Il pouvait aussi enfin dire au revoir au mal de mer, aux mains abîmées par le cordage des voiles. Ils allaient tous enfin pouvoir débarquer sur terre et partir à la recherche de ce qu'ils étaient venus chercher : aventure, richesse, liberté.
Dave se trouvait sur la poupe du navire lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule. Il sursauta, trop occupé à scruter la terre qui se rapprochait de plus en plus du navire et se retourna pour découvrir qu'il s'agissait en fait de Jake. Il soupira légèrement.
- Vous m'avez surprit, Jake ! dit-il avant d'écouter ce que le marin avait à lui dire.
Des binômes s'étaient formés depuis quelques jours, en prévision des expéditions qui seraient effectuées, il l'avait bien remarqué mais il avait attendu que quelqu'un vienne éventuellement lui faire une proposition et ce fut Jake qui le fit.
- Avec grand plaisir ! A nous deux, je suis certain que nous trouverons plus de trésors de Pizarro et Cortès eux-même !
Il n'avait qu'une hâte, c'était bien d'accoster, de prendre des vivres en ville et de s'enfoncer dans la jungle à la recherches des fameuses cités d'or rapportées par les Conquistadores et les autres explorateurs. Au bout de quelques heures le navire finit par accoster et les marins descendirent les uns après les autres sur le port puis ils se dispersèrent chacun de leur côté. Normalement tous avaient un plan bien définit et ne devraient pas se croiser mais la vie était faite d'imprévus.
- Etes-vous fin prêt ? demanda-t-il à celui qui serait son partenaire d'exploration durant les prochains jours voire semaines.
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