L'occasion de s'implanter dans une grande ville, de se faire de nouveaux clients sans l'influence de sa mère. La cité des anges, une pause dans ses voyages. Zarina sait qu'elle a entendu le nom de cette ville durant son enfance et dans la bouche d'une femme plutôt casanière, c'est un détail qui a son importance. Elle s'est dit qu'elle trouverait peut-être des réponses ici, peut-être même de quoi combler le vide qui ne cesse de grandir dans ses entrailles. Voyager pour nourrir son esprit ne lui suffit plus, elle a besoin d'autres choses pour satisfaire sa curiosité et ça passe par qui elle est.  Pourtant, elle est arrivée là et elle ne sait pas dans quoi s'engager, vers qui se tourner, où chercher. Elle ne sait toujours pas quoi faire de sa vie. Ce n'est pas tant des réponses sur un père absent toute sa vie qu'elle désire mais plutôt sur ce qu'elle est vraiment, sur ce qui existe d'autres. Elle le voit, à marcher dans les rues. Les gens ne dégagent pas tous la même chose et ça l'intrigue constamment. Elle a encore tellement de choses à comprendre, auxquelles s'habituer. Une ville aussi immense que Los Angeles, ça n'a jamais fait partie de ses voyages. Elle n'en connaît pas encore les coins les plus intéressants. Au moins, le parc et le café où elle est allée boire un chocolat avec Selena, qu'elle pensait ne jamais revoir. Certainement pas en quittant sa ville natale, son pays.

L'autre endroit vital pour elle qu'elle a tout de suite repéré, c'est cette grande mercerie où elle fait ses emplettes. Elle a besoin de tissus, de fils, de boutons et d'autres babioles pour ses créations parce qu'il ne lui reste plus grand chose en stock. Elle a liquidé pas mal de vêtements ces derniers temps en les soldant raisonnablement. Nouveau départ, donc nouvelles fournitures. Elle fouine dans les rayons, sans se soucier des gens autour. Elle a toujours aimé coudre mais avant, elle devait son contenter de ce que maman lui donnait. Depuis qu'elle fait ses choix, elle y prend un grand plaisir et ici, c'est vraiment parfait pour se faire plaisir. Que ce soit pour ses habits ou pour ses commandes, elle a de quoi laisser courrir son imagination. Elle sort donc avec les bras chargés de sacs. L'idée d'une boisson la tente bien avant de rentrer et de sortir ces trésors. Sur le chemin, on l'interpelle. Une fois, deux fois, mais elle n'y prête pas attention et remonte la rue sans traîner. Elle aurait continuer sans se retourner si on ne lui avait pas barré le chemin soudainement. Mal à l'aise, elle tente de garder ses moyens quand même. Et ses sacs. "Laissez-moi passer tout de suite !" mais évidemment, si c'était aussi simple, sa mère ne lui aurait jamais dit d'être méfiante. Bien sûr, c'était souvent à cause de sa nature mais aussi pour son genre. Tout le monde n'était pas bienveillant, elle le savait bien alors elle n'écouta pas un traître mot de ces gens qui la mettaient en mauvaise posture et força le passage de toutes ses forces. Elle sentit qu'ils étaient juste derrière alors Zarina se jeta sur la première personne qu'elle croisa. Elle s'accrocha à la veste d'un homme qui se trouvait de dos après avoir couru de toutes ses forces et ne le lâcha pas. Enfin sauf quand elle commença à l'observer un peu mieux. Elle espérait qu'il lui donnerait un coup de main mais une hésitation se dessina dans ses pupilles. Lui aussi, il était différent. Les autres ne s'étaient pas arrêtés pour autant, ils étaient qu'à quelques pas alors il était un peu sa seule chance de se trouver un allié. "Aidez-moi !" C'était quitte ou double.