Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ?
Je n'étais pas en ville depuis vraiment longtemps. Je connaissais peu les environs, mais j'avais entendu parler d'un bar où se tenait des hommes et des femmes prêts à servir de nourriture pour les gens comme moi. Je ne pouvais que me réjouir à cette perspective. J'avais horreur du faux sang. Son goût me roulait dans la bouche. Je préférais nettement l'hémoglobine chaude des humains qui coulaient le long de mon œsophage pour satisfaire mon appétit sans fin. Je portais un chandail noir à manche longue ce soir là avec des jeans. J'étais venu avec une Ford Mustang remise à neuf dont le moteur grondait énormément lors des accélérations. Je ne serais pas un bon propriétaire de garage sans la voiture adéquate.
Je sortais de cette dernière pour entrer dans le Moonlight Club. La règle était clair : lieux de neutralité. Je serrais un peu les dents en soupirant. J'aurais nettement préféré un endroit plus ténébreux que celui-ci, mais j'avais besoin de me nourrir ce soir. Mes yeux étaient rouge vif comme pratiquement toujours. On éteint pas l'envie de tuer comme ça , ni une soif aussi intense que la mienne. Ma réputation n'était plus à faire auprès des miens. Je n'étais pas un enfant de cœur. La visite de la reine de la ville en avait été le parfait exemple et je devais me tenir à carreaux... Pour l'instant.
Je m'approchais de la zone réserver pour les buveurs de sang. Je payais la note en avance avant de choisir le cou de ma victime. Je la mordais férocement en buvant rapidement. Clairement, la femme ne s'attendait pas à ça et en à peine une minute, elle était au bord du malaise. Je dus cesser de me nourrir. Clairement, elle n'avait pas la carrure requise pour un buveur de sang de mon type. Je gardais mes yeux rouge vif et je me rendais au bar en la laissant là. Elle jouait avec le feu après tout et je ne faisais pas dans l'érotisme de l'acte. J'essuyais le sang sur ma bouche du revers de la main en m'assoyant au bar. Je détestais les humains. Pour moi, ils n'étaient que de la nourriture tout simplement et la réglementation les entourant me faisait chier au plus haut point.
- Absinthe double.
Pas de "bonsoir" et de sourire. J'étais là pour me désaltérer et penser à autre chose. J'avais clairement des envies de massacre ce soir... Pour faire changement. Tokyo et ses Yakuza me manquait beaucoup. J'avais mon lot de carnage avec eux. Là, je repartais un peu à zéro même si je bossais pour la branche de Los Angeles. Dire que cette ville semblait remplie de promesse. - Conneries ... Ne me faites pas attendre la prochaine fois !
Je prenais le verre un peu sèchement pour le descendre rapidement. Je devenais d'humeur un peu massacrante et ça, ce n'était bon pour personne.
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ? Leonardo Massari & Warren Lopez
Azazel ne savait plus ou donner de la tête. Il était sur trop de front en même temps. Il était bien loin d'un démon de la paresse, qu'il commençait à envier. Tout était indirectement lié pour le même et unique but, mais il n'était pas évident de faire avancer ses projets comme il le voulait. Le démon avait besoin de prendre l'air. Il avait décidé de quitter son club, ne voulant pas être rattrapé par les affaires courantes et puis il devait admettre que tous ses bobos friqués l'agaçaient ce soir. Il avait envie d'un peu de changement. Il avait indiqué qu'il partait au grand drame de Boris et dont il avait refusé la présence ce soir. Il avait envie de divertissements et il n'avait pas besoin de son garde du corps. Il voulait se sentir libre d'agir comme bon lui semble.
Il roula sans réellement de but jusqu'à ce qu'une enseigne lumineuse attire son attention. *Le Moonlight club, voyons voir ce que peut nous offrir ce lieu.* Il connaissait de réputation, mais n'avait jamais eu l'occasion d'y aller. Il gara son Audi dans une ruelle en contrebas. Il n'avait pas pris l'un de ses coupés de sport trop tape-à-l'oeil, voulant la jouer plutôt incognito dans une certaine mesure. Il était habillé sobrement pour une fois. Il ne portait qu'un t-shirt blanc, un jean noir et une petite veste en cuir. En allant en direction du club, il s'alluma une cigarette. *Fait chié leur loi anti-tabac.* C'était l'un de ses plaisirs qu'il avait acquis durant le XVIIIème siècle ou il avait commencé par fumer la pipe très prisée à l'époque. Depuis il ne s'était jamais arrêté. Ce siècle avait cependant décidé de déclarer la guerre à cette drogue douce et cela le faisait enrager profondément. Comme la plupart des établissements de la cité des anges respectaient la réglementation il n'avait pas d'autre choix que de s'y plier. Il prit ses dernières lattes devant la porte de l'établissement avant d'écraser le mégot du bout de son pied. *Un jour ils interdiront l'alcool, que l'existence sera triste. Sans aucun plaisir coupable.*
En entrant dans le bar il sonda rapidement les lieux, histoire de se faire son opinion rapide sur la clientèle. *Pas sûr que j'arrive à pervertir une âme de ce soir, au vu du lieu. Ça pu déjà la déchéance humaine.* Il savait que c'était un établissement qui mélangeait les surnaturels et il se demandait bien quel type de clientèle, pouvait venir en ce lieu. Il était curieux de savoir à quelles créatures il pouvait avoir à faire. Il les considérait tous comme des êtres inférieurs, mais moins méprisables que la race humaine. Il s'approcha du bar d'un pas tranquille. "Bonsoir." Il s'adressa au barman d'un ton neutre. "Bonsoir! Que puis-je vous servir?" Azazel hésita un instant, dans son club il buvait quasiment du champagne. Il n'avait cependant pas envie de tomber sur un mauvais champagne voire pire du mousseux. *A vu du lieu, je ne pense pas que ce soit le style de la maison de faire de cocktail.* "Hummm..." après quelques instants d'hésitation."Je prendrais une bière, une Budweiser si vous avez?" "Ok" dit simplement le serveur qui s'exécuta aussitôt. Le démon prit sa bière dont il but au goulot. Il fit une légère moue au gout de cette dernière. *Bof, ce n'est vraiment pas terrible. ça vaut vraiment pas une bière irlandaise, une bonne Kilkenny bien fraiche. Enfin passons.* Il n'avait pas pris d'alcool fort, il n'avait pas envie de perdre le contrôle trop facilement du moins pour l'instant. Puis il jeta un coup d'œil sur sa gauche. Un autre client était accoudé au bar. Azazel n'arriva pas à déterminer la boisson que buvait ce dernier. "Bonsoir, puis-je vous demander ce que vous avez commandé?" Il fixa un instant de son regard sombre l'armoire à classe. Le corps de Warren paraissait si chétif en apparence à coté de cette montagne de muscles.
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ?
L’absinthe goûtait l’eau. C’était clairement infect et rien à voir avec la bouteille que j’avais dans mon bureau. Cette soirée était clairement de la merde. J’avais encore soif comme toujours et je devais me parler brutalement pour ne pas retourner vider un autre humain imbécile qui avait soif d’adrénaline. Plusieurs trouvaient la chose érotique, mais pas moi. Je ne faisais rien dans l’érotisme lorsque je me nourrissais. J’étais donc dans ma petite bulle lorsque quelqu’un prit place à côté de moi. Il dégageait quelque chose de puissant, je pouvais le sentir. Je continuais de regarder mon verre avec le liquide verdâtre avant de l’entendre commande une Budweiser. Une Budweiser sérieusement? Au minimum un truc de microbrasserie pas un truc qui goûte l’urine de chat. Je ne pouvais me retenir de rigoler tout seul un peu.
Il m’adressait finalement la parole et je levais le regard vers lui. Il avait l’air sympathique non diabolique en fait. Je trouvais toujours les gens dangereux et diabolique sympathique. Sans doute une attirance mutuelle à cause de mes carnages passés.
- De l’absinthe mon ami. Disons que c’est un peu plus corsé qu’une bière américaine de basse qualité. Bon, ils ont clairement coupé avec de l’eau. Mais généralement l’absinthe est plutôt agréable en bouche. Les humains tiennent mal cet alcool tout comme les sorciers. J’ai une vieille bouteille chez moi. Un cru plus … imposant et fort qui n’a pratiquement rien à voir. Il faut vouloir chassé la fée verte pour s’aventurer dans les alcools de contrebande.
Oh des alcools de contrebande, j’en avais bu des litres et des litres. Sur les plantations, c’était l’une des seules choses qu’il y avait d’intéressant en dehors de la chasse aux esclaves. Je tendais la main à mon ami du soir pour la serrer avec force.
- Leonardo Massari.
S’il avait entendu parler de moi, il savait que l’on me surnommait le boucher italien. J’étais un homme de main hors pair et un vampire plutôt sanguinaire … non totalement sanguinaire. Le genre de type que tu n’as pas envie d’avoir contre toi, mais avec toi. Je faisais signe au barman. - Deux absinthes et ne coupe pas avec l’eau sinon c’est ta jugulaire que je fais exploser avec mon pouce.
Le barman se figea un peu. Je lui faisais un petit sourire en rigolant alors qu’il remplissait deux autres verres qu’il posait devant moi. Je faisais glisser l’un deux vers mon ami à boire.
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ? Leonardo Massari & Warren Lopez
Azazel ne pouvait nier que son interlocuteur ait raison. Sa bière était immonde. Il avait voulu se fondre dans la masse et ce n'était pas une réussite. Il n'était pas dans un bar ordinaire, mais il ne voulait pas la jouer pour le moment comme le monstre satanique qu'il était en réalité. "Je vous l'accorde, c'est dégueulasse. Pourtant, c'est l'une des bières les plus vendues sur ce territoire. Je me devais d'essayer au moins une fois. Au risque d'avoir des aigreurs d'estomac. La vie est faite d'expérience. Bonne ou mauvaise" *L'humanité consomme vraiment de la merde. Sans nul doute tout ce qui est à la portée du commun des mortels ne représente que peu d'intérêt au niveau des saveurs. La production de masse limitant sans doute les produits de qualité. Pauvre misérable être.* Il poussa un petit soupir. Se fondre dans la masse n'était visiblement pas si simple. Il avait pris forcément des mauvaises habitudes. "L'absinthe, intéressant." *Il y a facilement un bon siècle que je n'en ai pas bu.* Il se rappela l'espace d'un instant les heures de gloire de cet alcool, qui se buvait comme du petit-lait dans les salons huppé. C'était un alcool prisé durant les 19 siècles, même si depuis les 18 siècles il buvait du champagne et rien n'a ses yeux n'avait détrôné l'ivresse de cet alcool. "C'est une fée qui fait tourner les têtes et qu'on dit qu'elle rend fou. Il y a bien des moyens de rendre un homme fou." *La torture mentale par exemple.* Il était un excellemment maitre dans le châtiment d'une âme égarée. "Enchanté Monsieur Massari, Warren Lopez." Il prit la poignée de main fermement et ne fit que peu de pression afin de ne pas démontrer à son interlocuteur qu'il avait autant de force que lui. Il aimait bien souvent surprendre ses adversaires avec sa grande force, surtout avec des hôtes qui d'apparence pouvaient paraître chétive. C'était tellement délectable de voir surgir la surprise de l'adversaire se trouvant en difficulté. Le démon se servait de sa force en dernier recourt, bien souvent il préférait jeter quelques maléfices ou carboniser ces pauvres bougres qui avaient osé l'offenser. Il resta un instant perdu dans ses pensées en entend le nom de Leonardo Massari. * Massari, Massari, pourquoi cela me parle... Ce n'est pas l'un de ces mafieux russes ou bien les yakuza qui en parlaient. Punaise-j'arrive pas à resituer. Cela date... Cela reviendra peut-être.* Il lui arrivait de ne pas trop prêter attention aux paroles des créatures inférieures, cela lui jouait bien souvent des tours. Il décida de ne pas trop se formaliser avec ce petit détail qui lui reviendrait peut-être au moment opportun. Un petit sourire sadique vient orner son doux visage quand le vampire menaça ce pauvre barman s'il frelatait encore une fois sa boisson. "Merci bien." Azazel prit son verre afin de trinquer. "À cette rencontre et aux alcools ayant du gout." Puis il porta à ses lèvres le précieux liquide. L'alcool en bouche était clairement plus fort que sa misérable bière, le gout était onctueux en arrière-plan cet amer et ce côté légèrement anisé. Elle n'avait pas la saveur d'autrefois. *Il lui manque un petit quelques choses qui a visiblement disparu.* Son hôte avait un seuil de tolérance à l'alcool, il devait faire attention à l'ivresse. "C'est largement meilleur que ma bière. Si je m'abuse, cet alcool ne se consomme pas avec un sucre et une cuillère spécialement dédiée à cela? J'ai toute une culture des alcools à revoir." Il se rappela ce temps éloigné où les artistes préparaient avec grand soin ce nectar, en prenant le temps de dissoudre le sucre goutte à goutte. Il éclata d'un petit rire. "Vous consommez essentiellement cette boisson ou avez-vous d'autre petit pécher mignon?" Il était bien intrigué de ce qu'allait lui répondre Leonardo.
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ?
La compagnie de mon nouvel ami était agréable. Il semblait avoir le même humour que moi et ça c’était absolument jouissif. Je sentais que cette soirée allait m’apporter une rencontre plus intéressante que celle de la fille qui m’avait servi de maigre repas. Il était visiblement un connaisseur de la fée verte. Je ne pouvais qu’en être heureux. Peu de gens avaient le plaisir de connaître ce genre de chose.
- En effet, la fée peut rendre les gens fous, mais ce cru n’a absolument rien à voir avec le véritable absinthe d’autrefois. J’ai encore quelques bouteilles chez moi que je garde précieusement. Un humain normal tourne de l'œil après deux verres. Il m’en faut un peu plus pour commencer à ressentir un certain frisson. Enchanté monsieur Lopez.
Je levais mon verre avec le sien avec un petit sourire en coin. Je fermais les yeux en profitant de la chaleur de l’alcool dans mon œsophage. C’était si bon. J’écoutais ensuite à nouveau mon compagnon du soir avec attention. Il était captivant et plutôt beau garçon dans les faits.
- Cet alcool ce consomme en effet avec un carré de sucre compressé et une cuillère particulière. Les bonnes méthodes se perdent de nos jours malheureusement. Mais comme je vous ai dit … J’ai tout ce qu’il faut chez moi.
Est-ce que je venais de lui faire une petite avance directement comme ça ? Je pensais bien en avoir peur. Je lui faisais un petit sourire en coin en regardant les gens autour de nous. Sacré buffet que nous avions là.
- Oh j’ai beaucoup de pécher mignon. Certains étant plus intenses que d’autres. J’apprécie particulièrement les hémoglobines goûteuses et la décadence. Jusqu’à quel niveau ? Ça dépend du genre de personne que j’ai en face de moi monsieur Lopez.
Je soutenais son regard avant de faire signe au barman de me resservir la même chose. Il ne semblait pas certain mais au vu du regard que je lui lançais, il avait tout intérêt à se la jouer gentil et sympathique sinon je mettrais ma menace concernant sa jugulaire et mon pouce à exécution. Il ne fallait pas mettre le boucher italien en rogne. Les plus intelligents le savaient et les autres avaient intérêt à ne pas tenter l’expérience.
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ? Leonardo Massari & Warren Lopez
Azazel écouta avec attention Léo. Azazel commençait à le trouver de plus en plus fascinant. Il se dégageait de lui une certaine prestance. L'évocation de la fée verte, rappela de lointains souvenirs à notre démon. Sous d'autres traits il avait consommé sans modération de l'absinthe quand cette dernière était encore légale et qu'elle faisait sans nul doute tourner les têtes vers la folie. Azazel ne pouvait que faire le rapprochement de cette période, surtout qu'il fréquentait également une vampire qu'il avait traîné petit à petit dans les méandres de l'enfer, jusqu'à la rendre accroc à son propre jus quand lui consommait de la fée verte sans aucune modération. Le démon esquissa un petit sourire charmeur quand il entendit que les mortels tournaient rapidement de l'œil. Il n'était pas sûr de sa résistance physique à cet alcool avec son hôte. Même si sa nature démoniaque lui permettait bien des folies, elle ne lui garantissait pas une immunité totale contre l'alcool. La proposition de reboire un tel nectar n'était vraiment pas pour déplaire au démon. Il était assez nostalgique de cette période. Pour Azazel, il était assez rare d'avoir pu conserver des biens de ses hôtes. Souvent la fin tragique qu'Azazel leur provoquait par sa vie de méfaits, faisait qu'il ne lui restait bien souvent que ses souvenirs et qu'il devait tout rebâtir à son retour sur terre. Il envia l'espace d'un moment Léo d'avoir pu garder quelques traces de ses différentes époques. Il ne s'attachait pas vraiment au bien. Il était loin d'être une vierge effarouchée à s'offusquer qu'on puisse l'inviter, même par un homme. "L'absinthe devait être délectable à cette époque. *Son gout était unique. Surtout celle-ci servit dans ce fameux bar que je fréquentais à l'époque.* Vous avez de la chance d'avoir conservé de si bonnes bouteilles, à ouvrir pour une grande occasion. Ou peut-être pour un fin gourmet. Nous aurons peut-être l'occasion de pouvoir en savourer toute la saveur. De retrouver ces petites coutumes qui ont disparu. L'évolution des sociétés et des mœurs, elles ne vont pas toutes dans le bon sens." *Le temps des orgies romaines on savait vraiment s'amuser.* Le démon avait effectivement vu le monde changer au gré du progrès technique et des avancés de l'humanité. Il avait été effaré aussi qu'elle puisse à des moments perdre tant de savoir et finir dans l'obscurantisme. Il en avait des fois tiré parti, car lui n'oubliait pas. Le démon s'amusa de la tournure des événements. "Il ne doit pas toujours être simple de pouvoir étancher votre soif et de trouver un nectar digne de votre palais. *Je pourrais te donner le mien, mais tu risques d'y prendre gout et de ne pouvoir t'en passer difficilement.* Vous pourriez facilement pactiser avec le diable."*Même si c'est déjà fait.* Cette idée le fit frissonner un instant. Il avait déjà vu les ravages que pouvait faire son sang sur un vampire. Il s'en était délecté, car c'était un bon moyen pour mettre à sa merci ces êtres de la nuit. Tant que le vampire était raisonnable, car tout démon qu'il était il pouvait aussi se retrouver les veines vides. Azazel le savait bien les vampires âgés possédaient une force extraordinaire et perdre du sang s'était aussi s'affaiblir pour son hôte. Parler de décadence à un démon tentateur c'était assez ironique en soi. Il n'y avait pas vraiment grand-chose qui pouvait encore surprendre Azazel, même si cela pouvait encore arriver. * Un monde de ruine, c'est tellement réjouissant .*Il décida de continuer à jouer un peu. "Et vous pensez que je suis quel style de personne? Pensez -vous que je puisse tenir à l'exigence de vos promesses? Et jusqu'à quel point vous êtes prêt à aller?"*Car avec un démon il y a toujours un prix à payer.* Son regard ténébreux s'était posé dans celui de son interlocuteur.
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ?
J’avais croisé plusieurs démons durant ma longue existence et Warren Lopez ne faisait pas exception. Je savais les reconnaître. Ils étaient toujours très attirants et de fins manipulateurs. Je ne pouvais me retenir de sourire en coin en le regardant agir. L’absinthe originale lui manquait. Je ne pouvais que le comprendre. J’avais totalement un faible pour la fée verte, mais passons. Il parlait ensuite de l’évolution de la société et de ses mœurs. Je ne pouvais que comprendre ce qu’il voulait dire. J’aimais cependant l’évolution. Les humains étaient encore plus facilement corruptibles car nous n’étions que des personnages de contes à leurs yeux. Il y avait du moins bons cependant, comme les armes et les traques. Je me sentais nostalgique d’un coup et je fixais mon verre un peu avant de regarder mon nouvel ami du soir.
- En effet, mais il faut avouer que les humains sont plus facilement corruptibles. Ils oublient l’Église et ses principes. Ils délaissent les croyances surtout dans les pays occidentaux. Je ne vais pas me plaindre mais disons que de croquer une belle vierge qui ne goûte pas l’alcool ou la marijuana ça ferait un peu du bien. Mon palais n’est pas très sélectif contrairement à plusieurs de mes semblables. Je bois pour me nourrir et tuer tout simplement. Pour ce qui est du Diable, je suis dans ces bonnes grâces depuis suffisamment d’années désormais pour me sentir comme de la famille.
Je le regardais dans les yeux. J’appréciais la répartie de ce monsieur Lopez. Il me faisait penser à certaines conversations que j’avais pu avoir avec des démons mineurs. Je terminais mon verre en regardant autour. Je m’installais finalement dos au bar et je regardais l’assistance. Il y avait énormément de phéromones dans l’air ainsi qu’une odeur de sperme un peu âcre. C’était un bar après tout. Je croisais les bras en continuant d’observer l’assistance décadente.
- Vous êtes le style de personne à aimer faire des ententes et en tirer l’avantage. Vous êtes du style à tenir moyennement vos promesses car vous trouvez une échappatoire facilement pour contourner les termes d’un contrat. Pour ma part, je suis prêt à aller loin pour avoir ce que je veux tant que j’en retire du plaisir. Vous n’êtes pas le premier démon que je croise Monsieur Lopez
Qui a dit que ce n'était pas plaisant d'être ténébreux ? Leonardo Massari & Warren Lopez
Azazel prit son verre tranquillement et il le finit d'une traite tout en écoutant Leonardo. Son allusion avec le diable le fit sourire. *As tes risques et périls.* Une citation lui revient en mémoire, il trouvait qu'elle illustrait bien ce moment.* Si l'on vend son âme au Diable, c'est que Dieu n'en est pas toujours acquéreur. * Il aimait bien ces petits moments de doutes et de joutes verbales. Une petite moue apparut sur son doux visage quand Leonardo lui annonça qu'il avait deviné qu'il était un démon. *Punaise, c'est compliqué dans cette putain de ville de rester anonyme. Faudra qu'un jour je trouve un sort puissant de dissimulation. J'ai l'impression que les flammes de l'enfer m'entourent et m'éclairent comme un phare.* Le Moyen Âge et les croyances avaient effectivement certains inconvénients ou avantage. Il fallait savoir un tirer parti. Pour un démon le manque de croyance occasionnait aussi le fait que le rituel pour les invoquer se faisait plus rare. Il était certes plus facile de pervertir les âmes, mais quand un démon retournait en enfer il risquait d'y être pour un moment. Les sectes sataniques n'étaient pas légions. "Qu'est-ce qui m'a trahi?"*Outre le fait que tu es fréquenté des démons, il y a bien un mot ou un fait qui t'a mis la puce à l'oreille.* Azazel se disait que cela pourrait lui servir à mieux de masquer. Azazel se demandait bien quelle erreur il avait commis pour mettre sa couverture hors-jeu. Le démon n'avait plus du coup à maintenir les apparences. Il ne savait pas si c'était une bonne chose ou pas. En général il avait plus de retenue. *Bas les masques.* "Ressert nous une tournée." s'adressa-t-il barman avec un ton désinvolte. "Pour les vierges tu peux toujours les prendre au berceau."*Quoiqu'elle se dévergonde de plus en plus jeune.* Il avait remarqué ce phénomène avec la jeunesse dorée qui venait dans son établissement. "Les mortels sont si fragiles. Aussi bien psychologiquement que physiquement. Un rien les brises." Leonardo avait raison sur bien des points, les démons aimaient toujours tirer le meilleur parti surtout quand il contractait un accord. Ce n'était pas toujours une mince à faire d'entourlouper sa victime. "Comme dans tout business, je ne connais personne qui aime perdre ou qui négocie à son désavantage. J'offre à mes *victimes* contractants ce qu'ils désirent. Il y a forcément une contrepartie à payer. C'est la même chose qu'avec un prêt bancaire, il faut un jour ou l'autre le rembourser." À la différence ce que certains jouer avec leur vie. Le démon n'avait pas la même perception de ce monde. "Les termes du contrat sont souvent clairs, juste que personne n'y fait réellement attention, du moins sur l'instant. La convoitise de ce que je peux leur offrir c'est tout ce qui les intéresse. *Stupide humanité.* Tu vas me froisser en disant que je ne respecte pas mes promesses. Juste que je sais tirer parti des situations qui s'offrent à moi. Tout comme toi." Il esquissa un petit sourire. "J'ose espérer pour toi que je ne sois pas le dernier." Il ne pouvait s'en empêcher. Les deux hommes se ressemblaient au moins sur le fait de ne pas avoir de limites afin de satisfaire leurs désirs. Des siècles d'existence avaient fait que le démon avait pu en expérimenter un certain nombre. "Et ce soir quel serait ton désir? Ta convoitise? Tu n'as plus rien à perdre."*Ton âme est déjà damnée.* "Hormis de bouffer notre jeune barman." Il éclata d'un léger rire en croise le regard du jeune homme visiblement angoissé qui venait de servir les verres.
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