Il n’aime pas faire des livraisons aussi tard le soir, les gens deviennent fous la nuit tombée. Ils sème le chaos et Keon est le genre de personne avec une cible dans le dos pour des personnes mal intentionnées. Los Angeles regorge de ce genre d’individus. Keon a beau essayer de faire de son mieux, on peut clairement le qualifier de socialement inadapté. Le médium termine cependant sa tournée sans accro, il file d’adresse en adresse avant de retourner non loin de son quartier d’origine avec une dernier bouquet et pas des moindres. Il aurait réellement aimé commencer par déposer celui-ci vu son imposante taille, mais la boucle se doit de se faire dans un certain ordre, il a bien retenu la leçon !
Il pose son vélo contre le mur d’un théâtre, il attrape l’énorme bouquet à l’arrière de son véhicule, inspecte son bon état avant de se diriger vers la porte de celui-ci. Il n’a jamais mis les pieds ici, son petit cœur accélère à l’idée d’entrevoir un spectacle.
Le médium se demande de quoi ça peut bien avoir l’air en vrai, est-ce que les gens sourient et rient comme dans les films ? Est-ce qu’ils ont plein d’émotions ? Larmes et joie ?
Est-ce que l’on voit bien les artistes ? En quoi est-ce différent de la télévision au final ?
Mais Keon fut rapidement arrêté par un vigile faisant facilement trois tête de plus que le Quill qui recula instinctivement face à cet énorme molosse venu lui barrer le chemin. - C’est pour Camille Rosemonde.
- Dégage, si tu n’as pas de ticket tu n’entres pas… - Mais je… Je dois livrer ces fleurs… - Tu n’as pas entendu ce que j’ai dit ?
- Si… D’accord…
Le médium est désemparé, il n’a jamais eu à faire à une telle situation. Il ne comprends pas que l’homme l’a pris pour une sorte de groupie ou autre. Seulement, il ne se voit pas rentrer chez lui avec le bouquet ! Ce n’est pas la première fois qu’il ne peut pas livrer un bouquet car le client est absent, en général il le laisse sur le porche ou repasse plus tard, mais il est déjà tard ! Et puis là, personne n’est absent ! On ne veut pas le laisser passer !
Keon retourne vers son vélo, la nuit est paisible mais pour combien de temps ? En contemplant le bouquet, il se dit qu’il aurait aimé en offrir un aussi beau à Damaris. Hélas il n’en a pas les moyens et puis il n’aurait jamais été capable de composer lui-même un tel chef-d’œuvre. Il n’y a pas à dire, Elisabeth a un talent tout à fait unique.
Heureusement pour lui, il n’eut pas longtemps à attendre, il fit le tour du théâtre pour se faufiler sans bruit ou presque, à l’arrière de celui-ci. Le jeune homme vit la porte s’ouvrir et son cœur manque un battement de crainte de voir surgir le gros tas de muscle, mais à la place il vit une femme tout à fait singulière. Grande, très grande, vertigineuse même ! Elle a une coiffure et des vêtements comme il en a rarement vu et pourtant, il a travaillé dans un hôtel à Hollywood. Les yeux de Keon se sont arrondis et la bouche entre ouverte sous la surprise et l’émerveillement. Il ne sait pas à quoi il a à faire, mais c’est sublime…
- Sa… Salut…
- Encore toi avec tes maudites fleurs ?!!
Keon n’eut pas un sursaut, mais un vrai bon de surprise ! Voilà l’autre gros balourd qui débarque et il n’est pas content du tout !
Flowers don't tell, they show Keon Quill & Camille G. Rosemonde
Ce n'était pas si souvent que cela qu'il faisait des spectacles dans des théâtres. Non pas qu'il n'aimait pas cela. Il adorait se montrer, que ce soit pour un défilé, un évènement mondain ou un spectacle mais cela lui demandait toujours bien plus d'efforts de préparer un show que d'enfiler une belle robe et de se pavaner avec. Rien ne valait de juste s'habiller et sortir pour captiver les regards, il aimait cela, il aimait qu'on l'observe, qu'on chuchote à son voisin en posant les yeux sur lui, qu'on s'interroge à son propos. Et ce même si c'était en mal. Qu'importait qu'on parle de lui en bien ou en mal, du moment qu'on parlait de lui c'était ce qui comptait.
Et là tout le monde le regardait. Ils étaient tous en admiration devant le spectacle qu'il leur offrait, devant les pas qu'il exécutait, haut-perché sur ses talons, avec les autres danseurs. Sans parler de sa voix, qui les captivait tout autant que sa coiffure ou que le tissu de sa robe volant à chaque pas énergique. Il n'avait même pas besoin d'utiliser ses dons naturels de créature de la nuit pour les hypnotiser : sa seule présence suffisait. Arrogant ? Lui ? Assurément ! Mais il s'en moquait bien, il était ainsi et n'était pas prêt de changer, ceux à qui ça ne plaisait pas pouvaient bien aller se faire voir.
Tout avait une fin et le spectacle qu'il donnait aussi. Il sortit de scène, savourant encore l'admiration qu'il avait inspiré chez ces inconnus assemblés devant lui, qu'elle était grisante cette sensation...! Il soupira en retournant dans la petite loge, sortant une cigarette qu'il savourerait même si cela ne lui faisait pas le même effet qu'aux humains. Se rappelant soudain qu'il y avait quelques règles qui interdisaient de fumer à l'intérieur, il sortit du théâtre et cala immédiatementn le bâton de tabac entre ses lèvres parfaitement peintes.
Si il n'y avait pas eu ce petit salut timide, jamais il n'aurait remarqué la présence du jeune homme derrière le théâtre avec lui. Il se tourna vers lui et sourit gentiment. Il avait tout l'air d'un charmant jeune homme, probablement un livreur vu l'énorme bouquet qu'il tenait. Avant qu'il n'ait pu répondre quoi que ce soit, le videur arriva, tempêtant contre ce pauvre porteur de bouquet. D'un geste de la main, Camille balaya ce qu'il avait pu dire et lui lança un regard sévère.
- Laissez le donc tranquille, vous voyez bien que c'est un livreur.
Le regard noir plongé dans celui du vigile, Camille n'eut aucun scrupule à user d'hypnose pour qu'il aille voir ailleurs si il y était. Empêcher un homme qui vient avec des fleurs d'entrer, rien n'aurait pu l'agacer plus en cet instant. Il se retourna vers le jeune homme et reprit un regard plus doux, pour l'examiner rapidement.
- Vous veniez livrer ces fleurs ici n'est-ce pas ?
Le médium se dit qu’il aurait mieux fait de laisser tomber, de rentrer chez lui à l’abris, de se mettre devant une de ces séries idiotes pour s’endormir sans penser à rien, ou du moins essayer. Oui, il se dit qu’il serait bien mieux chez lui, plutôt que de devoir faire face à une espèce de gorille menaçant qui l’a pris en grippe pour il ne sait quelle raison. Le médium est épuisé par sa journée, mais lorsque la grande femme s’interposa il trouve l’énergie de plisser les yeux pour vriller légèrement le voile. Le monde se superposa lentement, il sent pointer une atroce migraine, mais obtenu une réponse à cet véhémence à son égard.
Le vigile est un esprit. Deux âmes se trouvent dans le corps du balèze.
Keon secoua doucement la tête, il n’a pas vu la brune hypnotiser l’homme, il masse doucement sa tempe de la main libre, priant pour que cette douleur qui vient poindre reste au stade de “simple” maux de tête et non pas en une de ces migraine foudroyante qui lui donne envie de s’arracher les globes oculaires. Il n’a clairement pas besoin de ça !
Il relève les yeux vers l’homme qui lui parle… Euh… Femme ? Homme ? Mondame ? Massieur ? C’est quoi ce délire encore ? Saleté de migraine ! Le médium cligne lentement des paupières avant de répondre à la question : - Ou-Oui… C’est des fleurs pour…
Il baisse les yeux vers la carte parce qu’il a déjà oublié le nom, un nom qu’il prononça à haute voix avec un français qui se passe pour une fois d’un accent québécois trop prononcé, c’est un si joli nom après tout... - Madame Camille Rosemonde.
Ses yeux bruns se relèvent vers la géante brune, il le sent au fond de lui qu’elle n’est pas humaine. Au delà de sa voix diablement masculine et sensuelle, au delà de sa taille, de ce look extraordinaire. Son aura témoigne d’une créature sombre, une créature qu’il devrait craindre. Les warning de son âme clignotent dans tous les sens, ils hurlent vampire.
Une si belle chose peut-elle être malfaisante ?
- Tu la connais ? Je crois qu’elle travaille ici, d’habitude je ne livre pas à ce genre d’endroit, ça a l’air compliqué d’entrer, c’est quoi cette histoire de ticket ? Et… Merci. Merci pour l’autre grincheux… J’ai cru qu’il allait m’casser la gueule ! Euh… La figure.
Il faut vraiment qu’il améliore son vocabulaire ! Quelques clients se sont déjà plaint de ses mots grossiers, c’est qu’il n’est pas vraiment habitué aux bonnes manières le petit médium. Il soupire doucement, espérant qu’elle n’irait pas se plaindre également.
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