La fuite pour les lâches ? Cela dépendait du contexte, quand cela sauvait des millions de vie, quand cela évitait d’être excessivement blessant, il y avait bien des raisons ou la fuite était tout sauf de la lâcheté. Amarante avait besoin de s’éloigner de l’œil du cyclone ou sinon elle allait commettre une folie, c’était si facile de glisser, de passer d’un esprit bienveillant à un esprit vengeur. La gérante avait vu bien des esprits équilibrés devenir fou sous une émotion trop vite et une fois qu’ils avaient basculés, il était compliqué de les calmer. La plupart des esprits avait trop souffrir pour partir en paix, pas tous, mais une grande majorité, elle n’était pas une exception. Par un miracle elle n’avait pas tué son frère, il était tombé que du premier étage, il s’était juste blessé, mais un peu plus haut et sa destinée n’aurait pas été la même.
Après la conversation, elle avait pris sa voiture, elle était partie dans un de ses nombreux appartements secondaire et elle avait avisé. Elle avait besoin de changer d’air, allongée sur ses draps en satin elle avait réfléchi et elle n’avait pas trouvé grand-chose. Keon était vu comme un Saint par la plupart des gens qu’elle connaissait, il n’était pas un mauvais bougre oui, mais il avait des défauts et des torts tout comme elle. Même Ariane c’était rangée à ses côtés sur ce toit et puis si elle fuyait chez Ariane c’était bien trop évident. Richard ne connaissait pas Keon, mais elle avait été sur le point de lui envoyer une montre poison, elle n’était pas certaine que se soit une bonne idée de le côtoyer avec son humeur sombre. Il y avait bien Ciàran, mais apprécierait-il de l’avoir dans les pattes ? C’était un mâle alpha célibataire, ce n’était pas une bonne idée non plus et c’était toujours trop évident. Elle aurait pu fuir dans un autre pays, mais elle voulait rester à proximité, si jamais sa famille était en danger.
Dans ses délires elle avait même songé à se réfugier chez Azazel ou Asmodée (elle savait son nom à présent), personne ne viendrait la chercher chez un démon et elle aurait toujours un truc à leur offrir autre que son âme, elle était riche, elle avait accumulé des objets précieux et elle savait des choses, mais avait-elle envie de leur rendre service ? Non pas vraiment, elle avait déjà fait affaire avec des démons, mais elle ne voulait pas le faire une fois de plus si d’autres solutions étaient envisageables. Une idée lui était alors venue, elle allait emprunter un corps, elle l’avait déjà fait dans le passé, elle cacherait son corps actuel dans une clinique privé à Mexico et ainsi elle pourrait rester tout en passant inaperçue. Elle ne serait plus Amarante Byron, mais peut-être de nouveau Henriette Courtois.
Trouver un corps provisoire n’était pas aussi compliqué qu’on pouvait le penser, il y avait un marché pour les esprits, les démons et autres créatures ayant la possibilité de posséder, ce n’était pas franchement légal, mais la drogue ne l’était pas non plus et ça ne l’empêchait pas de prospérer. Ama avait des contacts, on lui avait envoyé un catalogue électronique des travailleuses, c’était comme de la prostitution, elle se mettait d’accord avec la fille, elle signait un contrat et elle payait. Vu qu’elle avait beaucoup d’argent, elle avait des possibilités quasi infinies. Ama voulait une sorcière sachant se défendre un minimum, pour prendre le relai en cas où, elle voulait une jolie fille bien sûre, mais surtout elle voulait une pianiste, elle voulait des doigts déjà entrainés auquel elle ne ferait qu’ajouter son talent. Son choix se porta donc sur une jeune fille nommée Kolfinna venant, d’Islande, elle lui envoya son jet privé.
Quand elle arriva, elle lui envoya une voiture qui la mena au duplex qui lui servait à porter ses vêtements déjà portés et qu’elle ne reporterait sans doute jamais, elle laissait sa famille se servir à sa guise, parfois des amies et cette fois elle laisserait la jeune fille remplir deux grosses valises, en plus du gros chèque qu’elle lui ferait. C’était un bonus, autant faire bonne impression et bien s’entendre avec elle, même si elle aurait la plupart du temps le dessus. La jeune fille arriva, elles discutèrent du contrat, Amarante la laissa se servir tandis qu’elle accueillait l’équipe médical qui s’occuperait de son enveloppe, elle demandait des besoins spécifique Eve Cartier était un légume, sans respirateur elle ne survivrait pas 2 minutes. Une heure plus tard tout était réglé et elle investissait son nouveau corps. Amarante enfila une tennue des plus simple, une jupe noir et un top gris à bretelle. Le but était clairement de passer inaperçue alors elle n’allait pas enfiler ses fringues hors de prix habituelle. Elle coiffa ses cheveux en chignon et mis du rouge à lèvre rouge. Elle remit son bijou au tragus, celui qui permettait de cacher la vraie apparence de son âme. La sorcière avait déjà une rune anti-télépathique tatouée sur elle. Elle prit un sac à dos en cuir et sortit, elle appela un uber avec un nouveau téléphone portable, puis elle partit à l’aventure. L’équipe médicale s’occuperait d’expédier son corps au Mexique.
Amarante voulait passer sa première soirée à jouer au piano, elle connaissait un bar musical ou un piano était mis à la disposition de la clientèle, c’était un bar de musicos, elle ne s’y était pas rendu depuis quelques années, mais elle savait qu’il existait toujours. Arrivée sur place elle commanda un bourbon, on émit des doutes sur son âge, mais la jeune fille avait bel et bien la majorité, même pas besoin de faux papiers. Le piano était libre elle s’installa avec son whisky et commença à jouer un morceau simple pour s’échauffer, Imagine de John Lennon. Elle voulut tester ensuite la voix de son hôte, elle la découvrit plus rauque et grave qu’elle ne se le serait imaginée, un brin cassée, elle n’avait pas l’habitude de chanter, mais Ama si et elle parvenait à rendre l’ensemble mélodieux. Emportée par la musique, elle fit quelques improvisations enrichissant le morceau original. Elle avait les yeux fermés, elle était née aveugle, elle n’avait jamais eu besoin de ses yeux pour jouer.