L'amour est un jardin qu'il ne faut jamais cesser de cultiver. J'aurais surement dû m'en souvenir. Hélas, les regrets ne changeront rien. Esteban est partie. Il avait besoin de se ressourcer loin de Los Angeles. Loin de Stefano et du mal qu'il lui a fait. Loin de moi qui n'ai pas su le privilégier à ma famille dysfonctionnelle. Mon dieu, je ne pensais pas que ça puisse me faire aussi mal encore ! Au moins cette fois, contrairement à Mark, mon amour n'est pas mort. Non, il vit juste quelques part, mais ce n'est pas avec moi...

Assis face à ma table à dessin, je dessine divers modèles comme pour exorciser la peine qui me tenaille les entrailles. Dehors, la nuit est depuis longtemps déjà installée. J'ai un peu faim. J'imagine que je devrais aller chasser ce soir. Mais pour l'heure, je continue à faire virevolter la pointe de mon crayon sur la feuille de papier qui me fait face. Rapide , surnaturel et sur, mon geste fin et appliqué donne des résultats fabuleux ! Je vois devant moi peu à peu apparaitre la trame d'une future collection. Je ne suis jamais aussi prolifique que lorsque ma vie sentimentale n'est pas au beau fixe. L'amour fait mal ! Oui ! Mais sans amour la vie vaut elle le coup d'être vécue ?

Soudainement sortie de ma rêverie artistique, ma tête se relève de mes croquis. Une voiture arrive dans ma propriété. Mes sens vampiriques braqués sur mon ou plutôt mes invités, je reconnais dans ce mélange d'odeurs celle d'une amie. Mon cœur se sent soulagé de cette visite. Je n'avais pas réalisé à quel point j'avais besoin d'une présence amicale ce soir avant d'avoir senti l'odeur d'Amarante. L'esprit est une amie depuis bien longtemps à présent. Son corps à beau avoir changé au fil des ans, son âme elle reste la même.

On sonne à la porte, j'abandonne alors mon atelier et je file d'un pas serein vers l'entrée. Vêtue d'un élégant costume noir et d'une chemise bleue nuit, mes cheveux indomptable sont comme à leur habitude un peu sauvage lorsque j'ouvre la porte. Mes sens ne m'ont pas trompés. Ma belle Amarante est là. Elle me complimente sur mon élégance et je lui rends en baisant ses deux joue le compliment. "Tu es toi même éblouissante ce soir. Si tu n'étais pas déjà promise à un autre, il est probable que j'aurais tenter ma chance." Puis je souris en l'invitant à entrer. "Je vais me faire une joie de te supporter. Je t'en pris entre. Tu es ici chez toi." Je suis heureux qu'elle soit là.  Elle va surement réussir à me changer les idées. Après tout, les amis sont fait pour ça non ?

Je souris à l'humour de ma bonne amie et son clin d'œil malicieux je le lui rend. Dieu que cela est bon. Un peu de légèreté me fait le plus grand bien. "Oui j'aurais sans nul doute dû tenter ma chance. Mais ces temps ci disons que l'amour ne me réussi pas vraiment." Ne voulant pas plomber l'ambiance, je ne m'attarde pas sur le sujet. Pour rien au monde je ne souhaiterais gâcher ce moment si spécial qui se profile à l'horizon.

Bien installée sur un de mes fauteuil, la belle désire du vin et je choisi donc de me concentrer sur cette tache et de nous servir. Je n'ai nul besoin de descendre à la cave puisque j'ai déjà le vin idéal pour nous ce soir. Je l'ai sortie cette après midi même. C'est comme-ci j'avais pressenti que ce soir cette bouteille serait celle qu'il me faudrait. Je la sort donc du petit meuble en bois sous mon bar et je la montre à Amarante avant de dire : "Châteaux Margaux 2016. Un peu jeune soit. Mais tu verras, malgré sa jeunesse ce vin a déjà du fruit et du corps. Je sais que tu es tout comme moi une amatrice de ce nectar divin et que tu sauras l'apprécier pour ce qu'il est. Un petit bout de paradis sur terre." Une fois ouvert la bouteille, je nous sert un verre.

Ah par les dieux ! Mais pourquoi faut il qu'elle me parle de Stefano ! Un sourire crispé nait alors sur mon visage tandis que je rejoins le fauteuil face à l'esprit. Je respire un instant l'odeur du vin dans mon verre. Sa robe rouge rubis hypnotique est une tentation à la dégustation. Je ne me fait donc pas prier pour y tremper mes lèvres. Le liquide passe avec délicatesse de ma bouche à mon œsophage. Oui, un bout de paradis à n'en pas douter. Je soupire ensuite avant de lui répondre : "Stefano n'est jamais aussi dangereux et imprévisible que lorsque il est calme ! Il a le don incroyable de s'attirer toutes sortes de problèmes. Le dernier en date m'a couté l'amour de ma vie..." Je ne voulais vraiment pas mettre le sujet d'Esteban sur le tapis ce soir, mais j'ai besoin de le dire à quelqu'un. "Mon père est le créateur d'Esteban ! Il l'a créé et abandonné par la suite. Il l'a condamné à une vie d'errance et d'ignorance de nos coutumes en ne lui enseignant rien ! J'ai dû faire toute son éducation vampirique. Mais pire que tout, lorsque il m'a dit la vérité sur Stefano, je n'ai pas agi comme il le fallait... Bien entendu j'en ai voulu à mon père, mais j'ai sans doute minimiser les choses pour pouvoir le pardonner. Esteban n'a pas pu l'accepter et il est partie à présent et Ariane également. Tout ce que mon paternel touche fini inexorablement par être détruit."

Je m'enfonce ensuite dans mon fauteuil la tête pencher en arrière. "Je suis navré je ne voulais surtout pas casser l'ambiance. Tu vois, j'avais besoin de le dire, mais plus que tout, j'ai besoin de me changer les idées. Tu es toi et ta future robe tout ce qu'il me faut pour aller mieux. " Je ne peux m'empêcher de baiser sa main suite à mes mots. Oui, l'amitié est une chose précieuse autant que l'amour, même bien plus parfois, elle réchauffe les cœurs et les âmes.    

Le vin adoucit quelque peu mon humeur. Je vois que comme moi Amarante en apprécie la saveur. Je sais depuis longtemps que l'esprit est une femme de gout. Et lorsque sa coupe se pose sur la table basse du salon, qu'elle se glisse sur mes genoux et m'enlace, c'est avec plaisir que mes bras s'enroulent autour de ses épaules. Nulle ambiguïté n'existe dans son geste je le sais. De toute façon, je suis un homme tactile surtout lorsque je me sens proche d'une personne, donc pour moi cela n'est nullement dérangeant.

Finalement ma confession n'est pas un obstacle au bon court de la soirée au contraire, elle semble briser l'atmosphère qui aurait pu devenir pesante sans cela. J'aime cette douceur qui se dégage d'elle. Je dois dire que là, en ce moment c'est ce dont j'ai besoin. Sa proposition est tentante, mais quitter L.A ne me semble pas la chose à faire en ce moment. Je n'est pas envie de fuir mes problèmes. Il me faut simplement me remettre au travail et essayer de pas trop penser à mes tourments. "Tu es adorables. Mais je pense que je n'aurais pas besoin de jet privé pour le moment. Le projet de ta robe de mariée est vraiment ce qu'il me fallait. Et je dois dire que la perspective de te voir la porter m'enchante au plus haut point. A défaut d'avoir du succès en amour, j'en aurais dans mon travail. Et puis l'éternité est assez longue pour que l'amour revienne frapper à ma porte. Peut-être ne devrais-je simplement pas m'emballer au bout de quelques mois de relation passionnés. Je devrais laisser plus de temps à mes relations de s'épanouir avant de proclamer l'élu de mon cœur amour de ma vie." C'est sans doute mon plus grand défaut. Je m'attache rapidement aux gens. J'ai un tel besoin d'être aimé ! Et je sais que cela est la faute de Stefano ! Ce manque d'amour paternel me pousse à chercher sans cesse l'amour auprès d'hommes et de femmes.

Les cheveux doux et parfumés d'Amarante chatouilles mon cou lorsque sa tête se pose sur mon épaule. La soulevant de terre, je la porte dans mes bras avec délicatesse et je décide de l'emmener dans mon atelier de création pour qu'elle puisse faire les premiers essayage de sa robe. J'ai envie de voir ce que cela donne. Elle pourra ainsi me dire ce qu'il y a à arranger.

Nous montons donc à l'étage. Je pousse une porte qui donne sur mon atelier de création. Ici, l'ambiance et faite de blanc et de beige. Une grande table à dessin est contre un des mur donnant vue sur la baie vitrée et l'océan qui lui face. La lumière de la lune éclair mes créations leur donnant le charme énigmatique de la nuit. J'hésite un instant à allumer la lumière, mais finalement je le fais. Je dépose mon amie sur le sol prêt de l'entrée. Je me dirige ensuite vers un grand portant recouvert d'un drap blanc et je lui fait signe d'approcher. "Je te laisse l'honneur de découvrir ta robe. N'hésite pas à me dire ce que tu en pense en bien ou mal. Si il y a le moindre changement à faire je le ferais avec grand plaisir. Je veux que tu sois parfaite." Un mariage est un jour particulier je le sais. Je ne me suis marié qu'une fois et pas par amour hélas, mais ce fut un jour particulier que je ne n'oublierais jamais.