La journée avait été des plus paisibles. Une journée a me balader dans la nature qui m'est toujours aussi chère. Je n’avais jamais eu, depuis ma naissance, d’interactions avec le monde en dehors de la forêt. Les seules choses que je connaissais de cet autre monde étaient celles que me racontaient mes frères et mes soeurs hamadryades. Bien que beaucoup de choses négatives ressortaient de leurs discours, certains d’entre eux m'avaient également parler de belles choses. Depuis ce moment, et avec mon caractère, j'étais curieux de cette autre civilisation qui m'était étrangère mais qui tentait à me fasciner. Il fallait dire que j'étais encore un tout jeune hamadryade, comparé à d'autres membres de mon espèce j'étais un tout jeune individu, je n'avais pas assez d'expérience pour aller m'aventurer en dehors de la forêt. J'avais encore besoin de la protection des miens et de la nature.
Le temps changeait assez rapidement vers la fin de journée, le soleil avait laissé place à des nuages quelque peu noir. Pas une goutte tombait du ciel, mais je sentais que cela pouvait très facilement changer. J'avais bien envie d'aller m'abriter. Cependant quelque chose était étrange... Je le sentais. C'était une chose que l'on pouvait ressentir en étant un ou une hamadryade, lorsque quelque chose entrait en forêt ou se passait et qui était inhabituel on pouvait le ressentir.
Je me dirigeais alors là où mon instinct me l'indiquait. Après un petit temps je voyais alors au loin une silhouette... Cette dernière n'appartenait pas à quelqu'un de mon espèce et que je connaissais. Je m'approchais prudemment, c'était une femme... Elle semblait en détresse. Son regard le trahissait, elle semblait ne pas être dans un bon état...
Ces six mois depuis qu’elle avait appris, trop tard, sa grossesse étaient passés beaucoup trop vite. Lyanna, alors âgée de 17 ans, avait tout juste eu le temps de procéder à un sort pour camoufler son état aux yeux des autres, mais elle, devant le miroir, voyait très bien l’évolution de son ventre qui s’arrondissait. Le père de cet enfant l’avait quittée avant même qu’elle ne s’aperçoive de cette grossesse non désirée, et être enceinte à 16 ans quand on aspire à de grands desseins, il y a mieux dans la vie. Aussi, Lily n’avait parlé de son état à personne, essayant de suivre au mieux sa dernière année de cours à la Ravenwood academy, tachant de continuer à exceller, rendant fiers ses parents qui avaient réemménagé à Salem depuis sa première année. Ses parents… de grands sorciers descendant des premiers sorciers de Salem. Quelle déception ce serait pour eux s’ils apprenaient que leur fille qui n’avait même pas encore eu son diplôme, était enceinte, hors mariage, mineure et qu’en plus elle s’était séparée du père de l’enfant. Lily avait vécu bien des désillusions avec Karl, persuadée que ce premier amour serait le dernier, qu’il serait celui avec qui elle passerait sa vie… Une chose était vrai, ce serait le dernier. Plus jamais elle ne se laisserait berner par un sentiment comme l’Amour, ça non. Ce sentiment l’avait affaiblie et aveuglée, et désormais, plus question de faire ce genre d’ânerie, le risque était trop grand. Lyanna n’était pas de celles qui commettaient deux fois la même erreur.
Dès les premiers signes de contraction, la jeune fille s’était éclipsée du dortoir de l’academy où elle partageait sa chambre depuis presque quatre ans avec deux de ses meilleures amies. Même elles n’étaient pas au courant. Lily ayant, depuis la première année, pris l’habitude de faire le mur pour aller à des soirées ou ce genre de bêtises d’adolescents, ses deux amies ne s’étonnèrent pas de la voir quitter en catimini la pièce. Elle avait pris avec elle des grimoires qui lui paraissaient utile, de l’eau et des serviettes. Elle n’avait absolument aucune idée de ce qu’elle faisait, mais une chose était sure, elle était terrifiée, à la fois à l’idée que quelqu’un ne découvre la vérité, et à ce qui allait suivre.
Elle avait décidé d’aller dans cette forêt, elle savait que de bonnes ondes en émanaient et espérait que cela l’aiderait. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait de l’enfant, sans doute irait-elle le déposer aux urgences d’un hôpital, ou… Non, elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle regrettait amèrement de n’avoir pas appris plus tôt cette grossesse afin de pouvoir y remédier. Elle se sentait cruelle à ce genre de pensée impure, elle qui prônait comme ses parents la magie blanche et le respect de la vie. Mais sa vie à elle ? Que serait-elle devenue avec un bébé sur les bras ? D’autant qu’elle était bien incapable d’être mère, c’était trop tôt. La nuit était brusquement tombée, Lily peinait à avancer tant les contractions se faisaient plus fortes. Elle prit appui contre un arbre, grimaçant, tâchant de toutes ses forces de retenir un cri, mais cela commençait à devenir insupportable. Ses jambes de la portaient plus, les larmes dévalaient ses joues bien malgré elle. L’adolescente se laissa glisser le long du tronc. Elle sentit qu’elle perdait les eaux et souffla longuement, retenant un sanglot. Elle tachait de respirer convenablement, essayant de ce fait de minimiser ses douleurs, mais tout ce qu’elle avait lu sur le sujet semblait n’être que fadaises au vu de ce qu’elle ressentait. Assaillie par une nouvelle vague de contraction, elle ne remarqua pas la présence d’une autre « personne ». Elle pensait être suffisamment enfoncée dans la forêt pour éviter le contact de toute âme humaine.
C’était le moment, elle pouvait le sentir, alors après avoir pris une grande inspiration, à la contraction suivante, Lily poussa de toutes ses forces. C’était difficile et douloureux, et surtout ça ne marchait pas. Après maintes tentative, ce fichu fœtus était toujours en elle, continuant à lui provoquer des maux atroces. En larmes et désespérées, Lyanna ne savait plus que faire. Allait-elle restée dans cette forêt encore des heures ? - Pourquoi tu veux pas sortir ?! finit-elle par souffler entre ses dents à bout de forces.
Lyanna en venait à maudire encore plus Karl. C’était de sa faute tout ça… Il avait choisi Red House à l’issue de sa dernière année, comme son père. Une dispute avait éclaté et ils en avaient conclu que leurs aspirations pour l’avenir étaient trop différentes pour qu’ils puissent rester ensemble… Et à présent, qui souffrait le martyr ? Certainement pas Karlito… Mais l’adolescente n’eut pas le temps de continuer à s’apitoyer qu’une nouvelle contraction, plus forte encore lui arracha un cri qui fit décamper les oiseaux des alentours. Elle continuait à faire de son mieux, elle sentait que le bébé commençait à sortir, mais elle sentit aussi que tout ne paraissait pas normal.
Elle ne semblait pas avoir remarqué ma présence, ce qu'elle était en train de faire lui prenant toute son attention. Je ne comprenais pas, mais je fus effrayée pendant un instant par ses cris. Cris de douleur qui avaient réussi à chasser les oiseaux des alentours et, je me doute aussi, les petits animaux des environs. Je ne savais pas quoi faire, je ne comprenais pas bien ce qui était en train de se produire. Je m'approchais alors un peu plus, je le sentais dans l'air autour de moi... Quelque chose d'important se passait, et était en lien avec cette femme qui hurlait et souffrait le martyr sur le sol de ma forêt.
Les autres hamadryades n'auraient peut-être pas fait ce que je m'apprêtais à faire, mais la curiosité et un courage que je n'arrivais à décrire m'avait prit pour approcher cette femme dont je ne connaissais rien. Je ne savais pas si elle était hostile ou tout son contraire. Mais je me devais d'avancer en sa direction, comme un instinct.
En s'approchant, il réussi à capter le regard de la pauvre femme, toujours cette détresse toujours présente dans ses yeux. Son ventre était bien plus rond que le mien, que ceux de mes proches... Et il semblait qu'elle poussait, pour faire sortir quelque chose de son ventre. En quelques instants je compris qu'elle allait faire comme certains animaux de la forêt... Mettre au monde un plus petit être. En temps qu'être de la forêt j'avais déjà aidé des animaux à mettre bas. Je ne savais pas comment lui communiquer, surtout en ces circonstances, mes intentions pacifistes. Je levais les mains montrant que je n'avais rien pour la blesser.. Je me plaçais également de façon à ce qu'elle comprenne que j'allais l'aider. Certes je n'avais jamais fait accoucher de personne, autre que des animaux, mais je ne pouvais pas la laisser comme ça... Qu'elle arrête de crier... De souffrir...
Lyanna était à bout de forces, la nuit était désormais bien tombée et elle sentait le désespoir la gagner. L’adolescente se sentait désormais bien stupide à avoir choisi de n’en parler à personne, et de se retrouver seule dans cette forêt dans cet état, à quoi s’attendait-elle ? D’une main tremblante, elle ouvrit le rabat du sac besace qu’elle avait pris avec elle, il contenait outre deux grimoires, une petite couverture qu’elle avait prise pour envelopper le bébé à l’intérieur. Elle l’attrapa et la posa au sol devant elle, entre ses jambes, ne voulant pas que le petit être à venir ne se retrouve en contact avec le sol. Elle ne l’avait pas voulu, mais à présent qu’il allait arriver, elle ne lui voulait pas de mal, juste qu’il soit chez quelqu’un d’autre. C’est en voulant ensuite attraper un grimoire, espérant trouver un sort pour l’aider, qu’elle constata du sang sur ses mains. La panique s’empara alors d’elle. Et comme si ses supplications silencieuses pour obtenir de l’aide avaient fonctionné, elle vit soudain une silhouette humaine. Un jeune homme. Que faisait-il ici ? Qui était-il ? Elle n’en avait pas la moindre idée, mais tout ce qu’elle espérait, c’était qu’il pourrait l’aider.
- Qui es-tu ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.
C’était un peu con comme question, elle s’en rendit compte immédiatement, surtout face à une situation comme celle qu’elle vivait. Le souffle court, continuant à respirer par petites vagues, elle savait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps.
- Il faut que tu m’aides, s’il te plaît ! Ne me laisse pas, d’accord ?
Lily ne connaissait pas ce bonhomme, mais il était la seule personne présente cette nuit dans cette forêt, et si avant d’être arrivée, elle pensait encore naïvement pouvoir gérer la situation, elle s’apercevait à présent, tombant de haut, qu’elle ne gérait absolument rien et qu’elle risquait probablement d’y passer si personne ne l’aidait, à en juger par tout le sang sur ses mains.
- Je perds du sang, ça c’est pas normal…
Elle laissa échapper un nouveau cri tant la douleur était insupportable désormais. Lily reprit son souffle comme elle pouvait, tachant de modérer sa panique. Quelqu’un était là désormais, elle voyait dans son regard, qu’elle distinguait grâce à la lumière de la lune, qu’il avait l’air bienveillant.
- Je crois qu’il est coincé, pleurnicha-t-elle alors.
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