Sa garde touchait à sa fin. Xander n’avait qu’une envie, rentrer chez lui et se terrer au fond de son lit pour la journée. Dans quelques heures, le soleil se lèverait. Soudain, l’alarme résonna dans la caserne et lui vrilla les oreilles tandis qu’il se levait souplement et sautait dans le camion. Il n’arrivait pas à dormir, encore perturbé par les évènements qui avaient secoué la ville ces dernières semaines. Le phénix était donc bien éveillé et fut le premier prêt à partir. La brigade le rejoignit précipitamment et ils allumèrent la sirène par intermittence, à chaque carrefour, afin de rejoindre le centre-ville plus vite.
Ils s’arrêtèrent finalement dans une rue passante et l’équipe dévala le marche-pied du camion pour quadriller les lieux. Il y avait quelques passants au bord de la chaussée, choqués par l’accident de voiture. Le cabriolet de luxe s’était encastré dans la devanture d’un restaurant et le capitaine de la brigade envoya quelques hommes s’occuper des blessés. Rien de grave selon la personne qui avait appelé les pompiers, plus d’égratignures que de mal. Le conducteur et la passagère étaient encore dans le véhicule cependant et les portières verrouillées ne permettaient pas de les en sortir. Les pompiers se regardèrent.
Xander savait très bien ce qu’ils pensaient tous en échangeant des regards à la dérobée. Ce n’était pas plus mal, car rares étaient les personnes qui savaient comment manipuler des blessés. Les risques étaient grands, la tête, la nuque, la colonne vertébrale, on pouvait tout aggraver en touchant au mauvais endroit, en ne plaçant pas correctement la victime. Il n’y avait pas de fuite d’essence, le risque d’un départ de feu était minime mais les passagers souffraient peut-être de blessures plus graves que les clients du restaurant. Soudain, le pompier remarqua un homme dans l’ombre, de l’autre côté du véhicule.
Personne ne l’avait remarqué car tous avaient les yeux fixés sur les portes vitrées du restaurant, défoncées par l’impact. Des éclats de verre étaient éparpillées sur la moquette de l’entrée et les pompiers bandaient les jambes de jeunes femmes en robes, qui se réjouissaient de l’attention qu’ils leurs accordaient. Un homme âgé se tenait la tête, la voiture avait renversé sa table. Xander contourna la voiture pour regarder ce que faisait l’inconnu, un peu méfiant. Il pouvait essayer d’aider ou au contraire, tenter de détruire des preuves voire être à l’origine de l’accident. Le pompier l’interpella.
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
J'avais pour habitude d'errer dans les rues agitées de fureur nocturnes. Profitant de cette seconde vie des habitants pour me fondre dans le décor, glisser telle une ombre sur les murs et le bord des vitrines encore et toujours illuminées comme si personne ne dormait vraiment ici. Je n'avais pas spécialement de but à ma vie et passer l'éternité ainsi risquait d'être incroyablement long j'en avais conscience. Bien souvent je me postais à un endroit et j'observais les gens vivre parfois dans la plus grande des insouciance alors que le danger était toujours là, près d'eux parfois juste à l'angle d'une rue ou dans un arrêt de bus. Les rires parfois bien alcoolisés du milieu de la nuit traduisent une euphorie passagère qui à défaut de me rendre aigri me faisait prendre conscience de la simplicité de la vie humaine. La frivolité d'une vie que l'on anticipe pas vraiment? "Carpe Diem" est le dicton le plus courant chez l'homme ce qui est au final la meilleure des choses. Penser au futur et à ce genre de choses quand nous ne pouvons avoir de recul sur le temps qui passe reste une expérience qui peut se montrer particulièrement angoissant. C'est ainsi qu'installé sur le toit d'une boutique de luxe je regardais la vie nocturne défiler sous mes yeux, ayant comme unique compagnon, la lune à demie cachée par des nuages joueurs qui lui donnaient une sorte de petit clin d'oeil délicat et joueur. Le vent venait de temps à autre décoiffer mes cheveux sans que je ne puisse en ressentir la fraîcheur. Des sensations qui me manquaient parfois. Je ne connaissais ni le froid d'un flocon de neige ni la chaleur d'une nuit d'été. J'étais froid. Froid et mort. Et j'allais devoir me faire à cette idée un jour ou l'autre, bien que tout cela reste parfois encore flou pour moi.
Installé depuis mon perchoir je me laissais distraire par ces néons multicolores avant de sursauter à un bruit sourd qui venait de résonner dans toute la rue que je surplombe. Sorti de mes songes je me redressait pour voir le pourquoi du comment, et la réponse vint assez vite. Un accident de voiture dans l'angle de la rue adjacente à la mienne. Le véhicule avait fait une sortie de chaussée et avait percuté la devanture d'un restaurant. De là où j'étais je pouvais aisément entendre ce qu'il se passait plus bas, merci les sens décuplés. Sans me poser de questions je descendais de mon panorama, en quelques secondes mes pieds viennent percuter le sol après un saut long et silencieux. Comme une ombre glissant dans la nuit. Merde. Il y a du sang et probablement des blessés ou pire. Je sentais mon côté animal grogner inlassablement en moi, comme une percussion sourde et sans fin. L'appel du sang était terrible pour moi, j'avais du mal à me contenir mais je faisais de mon mieux ici car des gens avaient visiblement besoin d'aide. Je me sentais si cruel quand j'eusse chassé ces jeunes vampires dans des traques interminables pour eux. Je ne pourrais probablement jamais survivre à ce genre de chose.
J'entendais déjà au loin des sirènes de pompier et d'ambulance approcher des lieux. Une personne de sensé avait appelé les secours ce qui était très bien. De mon côté je restais caché derrière cette carcasse métallique qui ne ressemblait plus à une jolie berline populaire. Je pouvais entendre les battements des cœurs affolés des personnes autour et dans l'habitacle. Alors que les secours approchaient pour s'occuper des premiers blessés non graves, je restais ici à chercher une solution possible. Je ne voyais pas cinquante solutions, il fallait retirer cette portière pour pouvoir évacuer les gens qui étaient coincés et dont la pression du siège devait écraser une jambe ou un bras. Je déposais une main sur la poignée logiquement verrouillée. Alors que je forçais de manière assez faible dessus pour ne pas utiliser ma force sans autres recours, un des pompiers approcha. J'aide… j'aide ces personnes à sortir. dis je d'une voix un peu incertaine alors que d'une pression je venais d'arracher la poignée de la voiture et une partie de la structure métallique qui allait avec. C'était...fermé je crois. …. Super. J'ai l'air con avec ça dans les mains. Je faisais de mon mieux pour retenir mes gentilles quenottes qui voulaient descendre à cause de l'odeur beaucoup trop prononcé du sang.
Xander entendait ses collègues qui envisageaient de sortir l’artillerie lourde afin de découper le toit de la voiture et jeta un regard aux attaches de ce dernier. Il était amovible, ce ne serait pas nécessaire… L’homme qui se trouvait de l’autre côté de la voiture avait une main sur la poignée, le pompier se fit la réflexion qu’il essayait sûrement d’aider, voulait sortir les passagers du véhicule. L’inconnu lui répondit sur un ton incertain et d’une traction en apparence aisée, arracha la poignée et la porte à laquelle elle était attachée.
Immédiatement, le phénix fut sur ses gardes. Il n’y avait pas beaucoup d’êtres qui étaient capables d’un tel exploit et Ekerahi ne les connaissait pas bien. Les esprits, pouvaient faire bouger les choses par la force de la pensée et les sorciers avaient le don de télékinésie. Les vampires, aussi, avaient une force surhumaine. L’australien plissa les yeux et orienta discrètement ses paumes dans la direction de l’inconnu, méfiant. Les paroles de l’homme lui parvinrent finalement et il lui donna un instant le bénéfice du doute, hésitant.
« Les pompiers sont arrivés. Il faut nous laisser faire maintenant. »
La devanture de The Palm Lounge ne produisait pas assez de lumière pour bien éclairer l’inconnu, Xander ne le voyait pas bien. Dans le restaurant, les gens étaient toujours nerveux et le temps commençait à presser. Dans quelques secondes, la brigade allait intervenir. Le phénix prit une décision qu’il mit sur le compte de sa naïveté habituelle : il attrapa fermement l’avant-bras de l’homme et l’attira à l’écart de la voiture. La poigne de Xander était brûlante sur la peau glacée de celui qui était vraisemblablement un vampire.
« Merci pour votre aide, lança fortement le pompier. Comment vous sentez-vous ? continua-t-il à voix basse. »
Les collègues de Xander contournèrent la voiture et commencèrent à extirper, avec prudence, les passagers de leur prison de métal écrasé. Le phénix garda sa prise sur le bras du vampire, prudent. Il n’avait pas l’air d’en vouloir aux humains présents mais Ekerahi savait que l’appel du sang n’était pas comparable à une simple sensation de faim. Il n’était pas un expert du surnaturel, n’avait pas fréquenté beaucoup de créatures malgré son grand âge, mais il avait tout de même quelques bases qui lui faisaient prendre ses précautions.
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
Je ne savais pas du tout dans quoi je venais de m’embarquer mais je voulais juste aider un peu, sans doute des restes de mon humanité qui refusent de me quitter, allez donc savoir. La poignée dans la main et le regard brillant comme des éclats d’or sous les rayons solaires, je regardais cet inconnu qui semblait méfiant, et à juste titre. Moi aussi si je n’avais pas été un habitué des créatures surnaturelles j’aurais bien eu peur. Doucement je déposais la portière sur le sol couvert de morceaux de verres et de béton de la façade partiellement écroulée. Les secours arrivaient oui, j’avais saisi l’information mais je ne pouvais pas me barrer comme un voleur en les laissant comme ça alors que je venais d’attirer l’attention de l’un de leur petit camarade. Je vous laisse intervenir ne vous en faites pas de toute façon je n’avais strictement aucune compétence dans le domaine du médical alors il ne fallait mieux pas que je pose mes pattes sur quelqu’un au risque d’aggraver la situation. Je fis un pas un arrière, prudent et tout aussi méfiant que ce pompier. L’impact avait dû percuter le disjoncteur du restaurant vu que les lumières étaient coupées dans une majorité de l’établissement et que celles de l’enseigne ne permettaient pas, pour un être normal, de distinguer ce qu’il se passait autour. Pour ma part je voyais tout comme en plein jour mais je me devais de garder ce petit détail pour moi et ma survie personnelle, après tout je ne sais pas qui est ce type et il peut très bien me balancer à d’autres personnes ou tenter quelque chose de stupide ici.
J’eus un petit sursaut en sentant sa main brûlante attraper mon bras. C’était rare que je puisse ressentir quelque chose comme ça. Peut être que lui non plus n’était pas humain. Je finis par le suivre gentiment un peu plus à l’écart Tout va bien … je n’étais pas dans l’accident je ne faisais que passer … et j’aurais vraiment dû rester où j’étais. Non ça n’allait pas bien, j’avais mal aux canines qui forcent leur sortie autant que je tentais de les freiner. Je fermais un instant les yeux C’est juste que j’ai du mal avec le sang j’espérais juste qu’il me prenne pour un émétophobe et pas autre chose, après tout cela peut arriver assez souvent chez des gens normaux. Il y a des peurs d’araignées ou de serpent alors pourquoi pas ça? - Sans m’en rendre compte je lui serais le poignet fortement pour essayer de contenir tout ce que je ressentais. Il devait probablement il y avoir un blessé avec une grande plaie quelque part pour que cette odeur soit aussi forte. Doucement je posais mon regard brillant sur ce pompier avant de balayer la pièce d’un coup, comme cherchant une porte de sortie discrète.Même si concrètement en un battement de cils je pouvais me retrouver à l’autre bout de la rue, si il était un chasseur ou autre chose, j’étais un vampire plus mort que mort. Je pense que je devrais peut être partir vous avez du boulot .. dis-je la mâchoire compressée. Trop tard.
J’avais terriblement faim et je savais qu’en cet instant présent je devais me retenir. C’était un peu comme si on tendait un chocolat à un enfant et qu’on lui disait de ne surtout pas le toucher. Une tentation absolument horrible, une torture pour un organisme aussi fragile et dépendant que le mien. Faites attention … vous êtes brûlant, vous devez sans doute être malade, c’est pas prudent oui j’avais bien remarqué cette différence de température entre nos deux organismes opposés. L’un flamboyant et l’autre mort. Je n’avais pas croisé beaucoup de créatures et j’avais surtout été spécialisé dans celle que je suis devenu alors je pense avoir beaucoup de lacunes en la matière. Je finis par secouer les épaules d’un air désolé avant de reculer dans la pénombre du restaurant encore encombré dans le coin opposé de quelques clients pris en charge pas les autres autorités de secours compétentes.
La lueur des lampadaires faisait briller les prunelles mordorées de l’inconnu. Xander secoua la tête pour ne pas se laisser absorber par cette contemplation et se fit plutôt la réflexion que c’était bon signe. Le vampire n’avait pas l’air assoiffé, bien qu’un peu méfiant. Il sursauta mais se laissa faire lorsque le phénix l’éloigna de l’accident. L’inconnu tenta de le rassurer et ferma brièvement les yeux.
Le pompier observa l’homme qui admettait avoir du mal avec le sang. Il n’avait pas l’air de réaliser que Xander savait ce qu’il était, probablement car il n’avait pas reconnu le phénix auquel il faisait face. Ce dernier décida de ne pas détromper le trentenaire. Soudain, il agrippa fortement son poignet et Xander grimaça mais ne dit rien. Leurs regards se croisèrent avant que le vampire cherche une échappatoire, pressé.
Xander relâcha prudemment le bras de l’autre homme. Il n’allait pas le retenir s’il avait absolument besoin de s’éloigner. L’inconnu avait la mâchoire serrée et le phénix ne parvint pas à s’empêcher de l’étudier avec curiosité, se demandant s’il allait voir les crocs du vampire. Un rire désabusé lui échappa à l’entente du commentaire, innocent, de ce dernier et le phénix regretta de ne pas avoir pu assouvir sa curiosité.
« Ne vous inquiétez pas pour moi. »
Il ne chercha pas à rassurer le vampire sur sa santé, préférant le laisser croire à de la fièvre. C’était un instinct de survie ancestral qui l’empêchait de confier sa nature au premier venu. Un soupir de soulagement échappa lorsque l’inconnu le relâcha pour reculer dans la pénombre. Sacré poigne, songea Xander en observant l’autre être surnaturel avec prudence. Des blessés attendaient encore qu’on les aide.
« Vous êtes sûr que ça va aller ? insista-il. »
Le phénix regarda prudemment autour d’eux, repérant quelques clients étaient attroupés près des secours, leurs égratignures assez superficielles pour que la prise en charge attende encore un instant. L’équipe de Xander avait extirpé le conducteur et la passagère de la voiture. L’homme avait l’air un peu pâle mais hors de danger. La femme, par contre, était couverte de sang. Le liquide carmin dégoulinait de son front.
Le pompier savait, d’expérience, que ce n’était que des plaies superficielles mais l’écoulement de sang était toujours impressionnant après ce genre d’accident. Le décolleté, couleur lilas, de sa robe de cocktail s’assombrissait peu à peu. Si elle reprennait connaissance, elle se mettrait sûrement à hurler, horrifiée, comme les badauds les plus proches de l’accident. C’était une vision d’horreur, impressionnante.
Xander y était insensible et il fit immédiatement face au vampire pour l’arrêter s’il s’avérait incapable de résister à l’appel du sang. Il faudrait lui passer sur le corps, songea le phénix en carrant les épaules. Il tendit légèrement les bras, prêt à intercepter l’inconnu et se campa fermement sur ses appuis tandis qu’au creux de son torse, ses flammes se balançaient dangereusement, prêtes à surgir pour l’intimider.
Hors RP:
Coucou, vraiment désolée pour le délai de réponse, j'ai eu des grosses semaines :/
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Sa garde touchait à sa fin. Xander n’avait qu’une envie, rentrer chez lui et se terrer au fond de son lit pour la journée. Dans quelques heures, le soleil se lèverait. Soudain, l’alarme résonna dans la caserne et lui vrilla les oreilles tandis qu’il se levait souplement et sautait dans le camion. Il n’arrivait pas à dormir, encore perturbé par les évènements qui avaient secoué la ville ces dernières semaines. Le phénix était donc bien éveillé et fut le premier prêt à partir. La brigade le rejoignit précipitamment et ils allumèrent la sirène par intermittence, à chaque carrefour, afin de rejoindre le centre-ville plus vite.