Cette femme savait de quoi elle parlait quand il s’agissait de découvrir la vérité. Elle avait un joli sourire, le genre un peu enjôleur rempli de sarcasme. Je rigolais un peu à sa remarque concernant les registres. Je n’étais pas blanc comme neige, je ne l’avais jamais été un homme avec les mains particulièrement propres. Lorsque j’étais vivant, j’avais dut salir ces dernières pour acquérir les fonds pour ouvrir notre commerce. Nous avions l’argent pour le prêt, mais la banque refusait de le faire. J’étais donc aller rendre visite au charmant banquier pour lui expliquer ma façon de voir les choses… avec mes poings.
- Je voudrais les falsifier pour les mêmes raisons que vous voudriez les découvrir mademoiselle Johnston … La vérité tout simplement. Je ne vois aucunement en quoi ma question est une flatterie. Je n’ai simplement pas envie d’entrer dans certains sujets qui m’ont pas leur place ici et maintenant.
J’avais un peu perdu mon sourire. J’étais le genre d’homme sympathique et ouvert, mais il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin. Elle ne me craignait pas et c’était une certaine naïveté de sa part. Dans cette ville, on ne sait jamais vraiment avec qui nous avons affaire. Je reprenais une gorgée de café en la regardant dans les yeux.
- Pas plus que je ne vous crains ma chère.
Elle me posait finalement la fameuse question sur ma condition. Là, je mettais à rigoler un peu. Elle frôlait le narcissisme. Les femmes avaient vraiment changé en quelques années. Elles étaient vraiment fortes comme le prouvait la profession de la brune au large sourire. J’étais peu versé dans la sorcellerie. Je connaissais les deux coven de noms car , avec le temps, j’avais appris énormément de chose en me promenant dans les limbes. Elle continuait sa vague de question auquel je ne répondais pas immédiatement. Je prenais le soin de retirer mes boutons de manchette pour remonter mes manches de chemise jusqu’aux coudes. Je me sentais plus à l’aise ainsi. La cravate se loussa également pour trouver le chemin de la poche de mon veston que j’avais retiré. Je la regardais ensuite dans les yeux.
- Vous êtes une véritable machine à vapeur de questions. Je n’en suis pas étonnée en entendant votre profession. La régente de White Chapel se doit d’être une sorte de détective en herbe et une interrogatrice hors pair lorsque les circonstances l’exigent. Je tiens à vous mentionnez que vous avez visé juste. Je suis courtier en bourse au Wilshire Grand Center. Un travail exigeant, mais hautement lucratif qui me permet de restaurer mon immeuble en toute tranquillité avec l’aide d’artisans locaux et de renommés. J’ai mes petits caprices d’homme bien nantis. Pour ce qui est de ce que je suis … Dites-vous que je suis plus âgé que vous et que mon âme à arpenter cette ville depuis sa construction. J’ai vu les premières maisons et bâtiments se construire tout comme votre White Chapel que je n’ai malheureusement pas eu la chance de visiter.
Je reprenais une longue gorgée de café avant de la regarder dans les yeux.
- Des millions de gens sont morts directement ou indirectement dans cette ville. Vous n’êtes jamais vraiment seule dans un lieu, surtout si la violence et la malheur ont tâché les lattes de bois qui recouvrent le sol ou bien encore les murs. Vous savez cette sensation de fraîcheur? Ce froid qui vous envahie dans un lieu ou une pièce précise. L’impression de vous sentir suivi sans jamais voir qui que se soit ou bien entendre des voix alors que vous êtes seule. Ce ne sont probablement pas des hallucinations comme s’amuse à dire les psychiatres modernes, mais plutôt des vestiges pris entre deux monde..
Cet Albert éveillait une certaine curiosité chez Lyanna qui se surprenait à poser tout un tas de questions dont les réponses ne l’auraient que peu intéressée en temps normal. Pourtant, le savoir l’auteur de falsification de documents avait un certain quelque chose de troublant. Quelque chose n’était pas net avec ce type, elle avait envie de savoir quoi. Elle esquissa un sourire.
- Eh bien vous déviez la question sur votre âge en me qualifiant de charmante, ce qui au demeurant est un compliment que j’accepte volontiers. Par ailleurs, je n’ai nullement la prétention d’insuffler de la crainte à qui que ce soit. Vous pensiez me rassurer en assurant que vous n’étiez pas mauvais, je vous crois, mais je n’ai nullement besoin d’être rassurée. Je sais qui craindre et qui ne pas craindre.
Toujours était-il qu’il ne voulait pas parler de son âge. Tant pis, mais c’était d’autant plus louche. Lily le regarda se mettre un peu plus à l’aise en retroussant ses manches et déserrant sa cravate. Il y avait quelque chose d’envoûtant chez Albert. Il avait identifié le nom de son coven et la régente ne put retenir un sourire. Elle était fière de ce coven, fière d’avoir été choisie parmi ses membres pour en assurer la régence après son prédécesseur et elle y consacrait sa vie désormais. Albert alors accepta finalement de se livrer un peu plus, attisant encore davantage la curiosité de la belle brune. Ainsi donc, il avait connu la ville à ses début. Quel âge pouvait-il bien avoir.
- Comme c’est intéressant de voir l’évolution. Vous avez vu White Chapel à son origine alors ? Quand elle n’était qu’une Eglise classique ? Avant que les sorciers élémentaires ne la récupèrent ?
A son tour, la sorcière délesta sa tasse de quelques gorgées de café. Elle le laissa continuer à parler, il était fascinant de connaissances et Lily aimait cela chez un interlocuteur.
- Ce que vous dites est vrai, on n’est jamais vraiment seuls. Le tout est de savoir comment se protéger de ceux qui se voudraient malveillants.
Dès la première année à l’académie, et plus tôt encore pour les jeunes sorciers dont les parents avaient à coeur l’éducation magique de leur progéniture, ils apprenaient à les bases des sorts de protection contre les esprits malveillants et les démons, comme la simple utilisation du gros sel par exemple.
- Êtes-vous de ceux-là, un esprit ? demanda-t-elle avec curiosité. Cela expliquerait votre âge et vos connaissances. Vous n’êtes probablement pas un démon, sans quoi vous n’auriez pas argué que vous n’étiez pas mauvais, et je sais reconnaître un mensonge. Vous êtes bien trop charmant pour être un zombie, je ne vois rien d’autre, déclara-t-elle en reposant sa tasse vide.
La mention de White Chapel avait donné naissance à un sourire sur le visage de Lyana Johnston. Elle était remplie de fierté envers son coven. Une chose que je ne comprenais pas vraiment. Les sorciers étaient lourdement rattachés à leur maison respective. Ils en étaient fier comme jamais et ne cachait pas leur allégence pour cette dernière. Je n’étais pas un sorcier de mon vivant, mais un simple homme détenant un magasin général. Je n’avais jamais porté attention aux différents côtés obscurs avant ma mort. Je n’avais jamais cru, de mon vivant, aux démons, aux sorciers et aux autres créatures de la nuit. Je croyais en Dieu, mais ce dernier m’avait abandonné, le jour où Rufus Clayton était entré dans mon magasin pour tuer ma femme. Je n’avais pas envie de me rappeler ses douloureux souvenirs. Je les balayais donc avec une gorgée de café.
- Oui en effet, White Chapel était une magnifique Eglise dans son temps et elle l’est toujours. Je suis passé devant votre édifice il y a quelques semaines. Vous l’entretenez adéquatement et c’est tout à votre honneur mademoiselle Johnston.
La brune avait ensuite visé dans le mile. Je ne pouvais me retenir de sourire en regardant la chandelle posée entre nous sur le comptoir du café. L’électricité n’était toujours pas revenu pour mon plus grand plaisir. Le bruit des appareils de réfrigération pouvait être tellement irritant pour les oreilles à la longue. Les ondes des appareils électroniques étaient tellement sensible à ma présence que je me devais de faire attention lorsque je m’emportais pour ne pas interférer avec ces derniers. Je levais finalement le regard vers Lyanna pour parler calmement.
- Je suis en effet un esprit. J’ai plus de 150 ans et mes connaissances sont surtout historiques. Cette ville n’était pas grand-chose lorsqu’elle a été inauguré durant la conquête de l’or. C’était une époque bien différente. Nous étions tous plus naïf et les anges ainsi que Dieu avait le lieu dans leurs mains. Maintenant, les choses sont bien différentes. Elles sont plus ténébreuses, dangereuses et violentes. La nature humaine a été corrompue par la technologie. Utile dans certains cas et abrutissante dans la majorité des autres. Comme l’avait si bien dit Thomas Jefferson : Le prix de la liberté c’est la vigilance éternelle. Nous l’avons oublié avec le temps … Notre vigilance a été lentement dissoute.
Je mangeais le dernier morceau de mon gâteau avant de frotter mon pouce et mon index ensemble pour en faire tomber les miettes. Je prenais ensuite la serviette de table pour essuyer ma bouche avec douceur. Mon regard retomba dans celui de la sorcière.
- Peut-être serais-je en mesure de répondre à une de vos questions historiques mademoiselle Johnston. Je le ferai avec plaisir si j’ai la réponse, vous êtes d’une agréable compagnie et une compagne de discussion hors pair.
J’étais un peu flatteur. Je restais un homme célibataire malgré tout. .
Parler de White Chapel avec un homme, ou plutôt un esprit, qui l’avait connue à ses débuts suscita un intérêt certain chez Lyanna. En effet, elle avait toujours été fascinée par le lieu où prenait place le coven qui portait à présent le même nom, cette ancienne Eglise. L’édifice avait connu quelques petites modernisations avec le temps et était désormais protégé des intempéries et autres érosions par un sort. La régente esquissa un sourire en secouant la tête.
- Je n’ai aucun mérite là-dedans, l’église est protégée par un sort perpétuel contre les intempéries et aussi les regards des curieux non sorciers. Appelez-moi par mon prénom, c’est moins formel, ajouta-t-elle. Vous passiez dans le coin, ou vous vouliez simplement la voir ?
La sorcière fut quelque part fière d’avoir visé juste quant à l’identification de la nature de son charmant interlocuteur. Plus de cent cinquante ans, c’était fascinant, et le regard de la régente le laissait transparaître.
- Vous devez en effet avoir énormément de choses à raconter sur ce que vous avez vu. Avez-vous voyagé aussi ?
Elle ne put qu’acquiescer à ses dires, c’était fort vrai et beaucoup de personnes l’oubliait.
- La vigilance est la clé de bien des choses, en effet.
La régente sourit au compliment de l’esprit. Il était flatteur, bien qu’il s’en soit défendu un peu plus tôt. Les hommes… tous les mêmes. Cette pensée l’amusa.
- Peut-être pourrions-nous poursuivre cette conversation dans un lieu moins public ? proposa-t-elle alors d’une voix faussement innocente.
Après tout, les tasses étaient désormais vides, Albert avait fini sa pâtisserie…
- J'ai une autre question: est-ce que Albert est votre vrai nom, du coup ?
La curiosité de Lyanna avait toujours été un de ses traits de caractère dominants, et elle ne pouvait s’empêcher de poser des questions tant qu’elle n’avait pas élucidé quelque chose qui lui paraissait être un mystère.
- Bon, ce n’était pas une question historique, j’en conviens, mais avouez que ça a le mérite d’être posé, ajouta-t-elle avec un petit sourire espiègle qui ajoutait à son charme.
La régente de White Chapel me posait mille et une questions. Je ne pouvais me retenir de sourire. Elle allait droit au but et c’était une chose que j’appréciais chez les gens qu’ils soient de sexes féminins ou masculins. Je replaçais mon veston et regardais les tasses vident. Elle m’invitait à poursuivre la conversation dans un endroit moins public et donc plus intime. Elle n’y allait pas avec le dos de la cuillère la charmante brunette. Je me levais doucement de ma chaise en laissant un billet de cinq dollar en pourboire pour la serveuse. Les lumières dans le café s’étaient rallumés. Le courant était revenu, mais la pluie diluvienne n’avait pas cessé à l’extérieur.
-J’ai le regret de vous dire ma chère Lyanna, que je ne suis pas un grand voyageur. J’ai certainement parcouru les limbes un nombre incalculable de fois, mais vous ne parliez sans doute pas de cet endroit sordide.
Je lui faisais un clin d’œil charmeur et allait lui tendre le bras. Une femme ne devrait jamais avoir à se promener seule. J’étais vieux jeu sur ce point et je l’assumais pleinement. Les bonnes manières étaient le fondement d’une société. Du moins, c’était ce que mes parents m’avaient appris, bien qu’ils n’étaient pas les plus riches. Je regardais mon reflet dans un miroir une fraction de seconde. Le temps avait bien avancé, tant, que j’en oubliais ma véritable apparence parfois. Elle n’était pas loin de celle d’Albert Muranov, mais quand même … Je ramenais mon regard sur la somptueuse femme avec moi.
- J’accepte votre invitation avec joie Lyanna, mais vous posez des questions qui pourraient vous mettre dans l’embarras. Savoir mon véritable nom ne vous apporterais pas grand-chose. Si ce n’est, une curiosité bien trop accru. Dites-vous simplement que le bâtiment que je possède est suffisamment vieux pour faire concurrence à White Chapel et qu’il porte mon nom véritable.
Je lui faisais un clin d’œil avant d’ouvrir la porte du café pour la laisser sortir en premier. Il pleuvait comme jamais, une chose rare dans cette ville qui prônait le soleil et la chaleur habituellement.
- J’appelle mon chauffeur ? Vous êtes charmante, mais je ne voudrais pas que vous attrapiez la mort en étant complètement trempée jusqu’aux os. Je vous laisse bien évidemment le choix de notre destination. Je suis votre proie encore quelques instants ou heures selon votre humeur.
Je n’allais pas le cacher, j’étais physiquement attiré par cette femme, mais rien de plus. Je ne cherchais aucunement une relation amoureuse pour l’instant, mais je restais un homme avec certains besoins primaires à assouvir. Lyanna Johnston semblait toute indiquée pour cette tâche et elle me le faisait bien sentir. Vilaine jeune fille …
A présent que la nature de Muranov était dévoilée, il ne se cachait plus et évoqua même les limbes quand la régente posa une question sur d’éventuels voyages. La belle brune esquissa un sourire.
- Est-ce vraiment aussi sordide ?
Elle plaignait les âmes qui s’y trouvaient, si tel était le cas. Mais pour l’heure, elle n’avait pas envie de s’embarrasser de ces considérations. Ce qu’elle voulait, c’était s’amuser. Elle en avait besoin et visiblement, Albert semblait, pour ce soir, être la personne toute trouvé. L’esprit sembla la mettre en garde sur sa curiosité à propos de sa véritable identité, du moins, l’initiale, mais dévoila un indice qui était quasiment la réponse. Lily hocha la tête, ne se défaisant pas de son sourire. Elle ne tarderait pas à connaître le fin mot de l’histoire, elle le savait. La sorcière accepta le bras de son cavalier d’un soir et comme il proposait d’appeler son chauffeur, elle acquiesça. Le sien était en Louisiane depuis quelques mois déjà et elle devait se débrouiller seule, ce qui était assez fâcheux quand le temps tournait, comme en ce jour, à l’orage et qu’il fallait aller sous la pluie récupérer la voiture.
- Ah, les voitures avec chauffeurs, quel bonheur, n’est-ce pas ? Bien. Vous connaissez sans doute le Peninsula Beverly Hills ?
Lyanna y avait été quelques fois et commençait à bien connaître les suites que l’établissement proposait. Comme le bellâtre à la chevelure grisonnante semblait tout à elle, elle dégaina son téléphone pour émettre une réservation et demander une bonne bouteille de champagne. Une soirée ne pouvait être réussie qu’avec du champagne, n’est-ce pas ? De son côté, l’esprit avait contacté son chauffeur et en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, les voilà en route pour l’un des hôtels cinq étoiles les plus réputés de Los Angeles. A leur arrivée, la régente de White Chapel donna le nom d’Albert auquel elle avait réservé et un valet les escorta jusqu’à la suite. Lyanna lui donna un billet et referma la porte derrière Albert et elle. Elle se défit de sa veste et son sac qu’elle envoya sur un fauteuil. La pièce était lumineuse et claire, contrastant avec la nuit noire du ciel que les réverbères et autres lampes de l’extérieur tentaient de combattre. Lily avança jusqu’au seau à champagne déposé sur une desserte et entreprit de défaire la bouteille de son bouchon. Un « poc » se fit entendre quand l’objet en liège sauta et elle s’empressa d’en déverser un peu dans la première coupe, puis de servir la seconde avant de reposer la bouteille et se saisir des deux flûtes, en tendant une à sa conquête d’un soir. Elle plongea ses lèvres dans le divin liquide pétillant, ne quittant pas les yeux d’Albert.
Lyanna Johnston avait croisé ma route et elle avait décidé que je serais sien ce soir. Je n’en demandais pas plus en fait. Je voulais profiter de la femme qui était avec moi. Je lui ouvrais la porte lorsque mon chauffeur arrivait en prenant soin d’éviter qu’elle ne soit mouillée. Je restais silencieux durant le trajet jusqu’à ce qu’elle brise le silence en me posant une question. Je souriais en déposant une main doucement sur sa cuisse.
- Un véritable bonheur pour qui en a les moyens. Les bons sont rares à trouver, mais nous en avons une excellent à notre disposition. Le Peninsula est un excellent choix. Si mes souvenirs sont exacts j’ai en ma possession une carte VIP pour le lounge et la section spa illimité. Vous vous ferez plaisir si vous en avez envie.
Une chose était certaine, je ne comptais pas rester le lendemain matin pour prendre le petit-déjeuner avec elle sauf si elle insistait. Je n’étais pas de ce genre là. J’étais de ceux qui partait en laissant une fleur comme remerciement avec un soins quelconque dont je n’avais absolument aucune idée de l’utilité. Je la regardais marcher avec aisance dans l’endroit. Je donnais ma carte de crédit pour le paiement et allait poser ma main sur la taille de la brune pour prendre l’ascenseur qui menait à notre chambre. Je la laissais prendre les devants et retirer sa veste. Je ne pouvais résister à l’envie d’observer ses courbes féminines. Je retirais également mon veston que je balançais sur le même fauteuil. Je retirais mon alliance pour la mettre dans la poche interne. Amelia n’avait pas besoin d’être là pour ce genre de moment purement … intime.
J’avais retiré ma cravate et mes boutons de manchette lorsque Lyanna s’avançait vers moi avec une coupe de champagne. Je prenais cette dernière avec douceur en soutenant son regard. Elle était absolument magnifique. Avec un peu de chance, je la reverrais une fois ou deux pour une rencontre de ce genre. Elle était comme moi, elle ne cherchait pas relation et c’était tant mieux. J’avalais une gorgée du liquide translucide en me retenant de grimacer. J’avais une sainte horreur du champagne. Je préférais largement un bon vin blanc, mais j’avais envie de lui faire plaisir.
Sans parler, je me dirigeais vers le piano à queue qui était dans le coin de l’immense suite. Je prenais une gorgée de champagne un peu plus grande et m’assoyais sur le banc de bois blanc. L’instrument était immense et magnifique comme jamais dans sa couleur la plus pure. Un blanc parfait et sans aucune tâche. Je remontais le panneau pour dévoiler les touches. Pas un grain de poussière. Je roulais finalement mes manches avant de commencer à jouer Love Story avec une immense douceur. Je n’avais pas jouer depuis des années, mais je profitais pleinement sans la regarder. Elle ne devait pas s’attendre à ça, pas pour le moins du monde. .
Il semblerait que monsieur Muranov et la régente de White Chapel aient quelques points commun. Lily sourit en répondant : - Je pense que nous avons la même carte, déclara-t-elle avec un clin d’oeil.
Le chemin ne fut pas bien long mais au moins agréable dans la luxueuse voiture de l’esprit. Lyanna se rendait compte combien ça lui manquait d’avoir son chauffeur, mais il finirait bien par rentrer de sa mission. En attendant, elle trouvait toujours des alternatives, comme ce soir. En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, ils se retrouvèrent dans la chambre qui leur était allouée. Délestée de son manteau et son sac, elle s’était affairée à servir le champagne pour en apporter une coupe à Albert. Après un échange de regards, l’homme alla s’installer au piano, ce qui fit sourire la régente. De tous les hommes qu’elle avait pu emmener avec elle ici, il était bien le premier à lui jouer de la musique. Se défaisant de ses escarpins d’une hauteur à faire défier les lois de la gravité, elle se rapprocha, marchant pieds nus sur le marbre, se délectant du doux son des notes et du pétillant champagne, saisissant au passage la petite coupe de fraises apportée avec le champagne, avant de s’asseoir sur le couvercle du piano, écoutant la gracieuse mélodie. Une chance qu’il jouait bien. Lily posa sa flûte et la coupelle de fraise avant de se saisir d’un fruit dans lequel elle croqua au moment où le morceau s’achevait.
- Bravo, vous avez bien des talents, très cher. Quel est votre morceau préféré ?
Elle attendit la réponse et une fois qu’il l’eut donnée, elle se concentra et riva son regard sur le clavier.
- Musica ludit, murmura-t-elle en pensant au morceau dont son interlocuteur avait évoqué le nom.
Les touches étaient à présent ensorcelées et jouaient seules. Ce sort était pratique. La sorcière se pencha ensuite vers sa proie jusqu’à se retrouvée accoudée contre le couvercle du piano, et déposa entre ses lèvres la seconde moitié de fraise afin de libérer ses mains qui vinrent s’attaquer avec délicatesse aux boutons de sa chemise qu’elle défit l’un après l’autre sans quitter les yeux du beau ténébreux qui lui faisait face.
- Y a-t-il d’autres talents que vous voudriez me montrer ce soir, Albert ? souffla-t-elle.
Tandis qu’elle ouvrait les pans de sa chemise, elle glissa ses mains chaudes contre son torse s’approchant un peu plus de lui, sa bouche plus proche de la sienne.
Les sorciers ont des talents absolument éblouissants. Évidemment je parlais que de talents en dehors de la beauté éblouissante de mademoiselle Johnston. Je souriais lorsqu’elle me posait la question. Étais-je victime d’un envoûtement? Sans doute que non car je ne me sentais pas happé et captivé par elle comme si un vide se formait autour. J’avais encore tous mes sens aux aguets et je regardais les touches du piano s’enfoncer pour faire de la musique toute seule. C’était magnifique. Absolument magnifique.
- Mon morceau favori sera celui de votre choix aujourd’hui mademoiselle Johnston.
J’étais officiellement la proie de la régente de White Chapel lorsqu’elle se penchait vers moi en mangeant des fraises de la façon la plus érotique que j’avais vu de ma vie. Je ne bougeais pas d’un centimètre et me contentais d’observer et de savourer chacun des geste de la femme féline comme jamais en face de moi. Ses doigts détachaient lentement les boutons de ma chemise pour dévoiler mon torse. Je ne lâchais pas mon regard. Une tension montait entre nous deux, une tension positive et primitive difficile à cacher.
- Oh croyez moi mademoiselle Johnston, j’ai un nombre de talents que vous ne pouvez même pas imaginer. Tout dépend jusqu’où vous souhaitez aller, mais il ne faut pas aller trop loin … Vous pourriez ne jamais en revenir.
Je la laissais ouvrir les pans de ma chemise et me caresser le torse lentement. Cette caresse me soulageait dans un certain sens. La chaleur des mains d’une femme me manquait atrocement par moment. Je sentais le désir monter en moi. Pulsion primitive, besoin instinctif poussé par les phéromones. Sa bouche était près de la mienne et je terminais le chemin en capturant les siennes. Un baiser doux alors que je glissais une main dans les cheveux de la femme entreprenante qu’elle était. Autre décennie, autre mœurs et autres coutumes. Aucune femme n’aurait osé à l’époque d’où je venais. Pas même les catins des saloons bien bondés.
Je me levais en posant une main sur ses hanches et je la guidais vers la chambre doucement sans vraiment cesser de l’embrasser. Une autre qui s’inscrirait sur le tableau d’Albert Muranov et moi sur le sien. Nous serions amant ce soir et peut-être ami demain. Je ne voulais rien d’autre.
- Chambre ou douche? Je vous laisse le choix pour le terrain de jeux.
Je lui retirais son chemisier lentement en amenant mes baisers dans son cou. Le piano jouait toujours. Je sentais mon âme en paix même si cela ne durerait pas… Un moment sans douleur … Un moment sans être seule. .
La musique avait bien des propriétés et ce soir, elle accompagnerait la formation d’un duo inédit. Lyanna ensorcela le clavier du piano pour qu’il joue Unchained Melody, un morceau qu’elle trouvait à la fois joli et plutôt approprié. Albert comprendrait-il le clin d’oeil ? Peu importait, tout ce qu’elle voulait ce soir, c’était lui et son corps, rien d’autre. Cet homme avait un charme fou et la régente était bien décidée à en profiter. N’y résistant plus, mais restant toujours dans la maîtrise mesurée de ses geste, la sorcière s’affaira à déboutonner la chemise du bellâtre tandis que leurs visages étaient à une troublante proximité, si bien que l’esprit put rompre la distance, leur permettant d’échanger ce qui serait à n’en pas douter le premier d’une longue lignée de baisers. Lily glissa du piano au sol, laissant ses pieds déchaussés retrouver en légèreté le marbre tandis que la main d’Albert se posait sur sa taille. C’était agréable, mais nul doute que ce qui suivrait le serait d’autant plus. La sorcière le laissa la guider jusqu’à la chambre tandis qu’elle mettait un peu plus de passion dans les baisers qu’ils échangeaient. Elle désirait cet homme et voulait lui être irrésistible. Elle sentit ses mains la défaire de son chemisier tandis que ses lèvres arpentaient la peau délicate de son cou alors qu’elle penchait la tête de côté pour lui offrir davantage d’espace. Elle sourit en entendant sa proposition.
- Pourquoi pas les deux, si vous tenez le rythme, proposa-t-elle avec une pointe de défiance dans la voix.
Son regard aux volutes chocolatées se posa sur lui avant qu’à son tour elle n’enfouisse son visage dans son cou, le parant de baiser, remontant jusqu’au lobe de son oreille qu’elle mordilla tandis que ses mains s’affairaient à défaire habilement son pantalon qu’elle laissa choir au sol, faisant de même avec la jupe qu’elle portait, se retrouvant en sous-vêtements face à lui. Elle laissa sa jambe remonter lentement le long de la sienne, l’effleurant juste ce qu’il fallait, puis se saisit de ses mains pour les faire de poser sur sa taille, il pourrait les promener où il le voudrait. Avançant d’un pas vers Albert, Lyanna le fit reculer jusqu’au lit afin de l’inciter à s’asseoir tandis qu’elle grimpait sur lui, laissant sa bouche parcourir son torse pour remonter jusqu’à ses lèvres qu’elle captura avec avidité, ne manquant pas d’onduler légèrement sur lui. Il était clair que la pièce et l’ambiance se réchauffaient considérablement.