Avoir du caractère est plus drôle, oui certainement, c’est une manière de voir les choses, mais au fond elle a raison, c’est ce qui rend une personne spéciale, lui donne du relief et d’une personne la rend attachante. Ce sont là encore les paroles même de ses parents. Cela lui manque de ne plus entendre, il aimerait tellement lui demander conseil, sur tout car il a tellement peur de mal faire de faire les mauvais choix. Mais non, maintenant il doit apprendre à se débrouiller seul. Enfin, maintenant ce n’est plus vraiment vrai, car il y a Clionestra. Clio est quelqu’un de vraiment bizarre lorsqu’on y pense, elle est tellement différente de toutes les personnes qu’il a pu rencontrer. Il émane d’elle tellement de bonté, d’ondes positives et d’espoir. D’ailleurs il a remarqué qu’elle voit tout d’un côté positif, cela l’amuse et petit à petit il arrive à se détendre. Il lui raconta par la suite l’histoire de ses parents, quand il y pense il n’en avait jamais parlé à personne, cela lui faisait du bien d’en parler à quelqu’un, surtout si cette personne le soutien et à des mots réconfortants comme Clio.

Il lui conseilla de sourire, un simple sourire suffit, il n’a pas besoin d’en faire des tonnes. Il faut essayer pour savoir, en prudence bien sûr. Gonflé par ses mots, il sentait en lui une motivation nouvelle, mais il restait tout de même un problème à régler. Leur situation actuelle ne laissait guère le temps pour ce genre d’activités, les journées étant bien remplies et le soir ils se couchaient souvent épuisés. Il confia à Clio son projet, plus un rêve en fait, parce qu’il ne voyait pas comment cela pourrait être possible. Il sait qu’elle s’est proposé de l’aider, mais il ne veut pas non plus lui en demander trop. Il n’empêche que lorsqu’elle se proposa de partir avec lui pour l’aider à trouver un tavernier il ne put s’empêcher d’afficher un grand sourire. Les attentions mêmes les plus petites font toujours plaisir et mettent du baume au coeur.

«Je dirais que c’est une adorable attention. Mais je ne peux pas partir comme cela tu sais».

C'est vrai qu'il ne peut pas partir ainsi, ses patrons seraient furieux et il a besoin de se travail, pour l'instant faute de trouver mieux. Mais comme le dit Clio, s'il ne tente rien, il ne saura jamais s'il n'y a pas mieux. Alors, pourquoi pas prendre les choses en mains cette fois pour que cela change. Avec l'elfe blanche à ses côtés il se sent capable de changer, de devenir meilleur. Elle n'a pas conscience encore de tout le bien qu'elle lui apporte, l'influence qu'elle a sur lui.

«Je peux savoir pourquoi tu veux si ardemment m'aider ? A moins que tu sois comme cela avec tout le monde ?»

Il apprécie les efforts que fait Clio pour l’aider, il en est même très touché qu’elle s’intéresse sincérement à son problème, alors qu’elle ne le connaît à peine. Il pourrait être méfiant, douter de sa sincérité, après tout cela paraissait trop beau pour être vrai, mais lorsqu’il regarde l’elfe blanche, il peut lire dans son regard qu’elle est honnête. Il n’a jamais rencontré d’elfe blanc avant, mais ses parents lui ont toujours dit que ce sont des êtres bienveillants. Il n’empêche que cela l’étonne, il n’est pas habitué à cela, depuis qu’il est humain, tout ce qu’on lui a témoigné c’est de l’indifférence. Tous les gens qu’il a rencontrés jusque-là ne s’intéressent pas à lui pour ce qu’il est, mais uniquement à l’argent que cela peut leur rapporter. Mais bonne ou mauvaise intention, il ne croyait pas que cela puisse marcher. Son employeur à beau être de vraies ordures, il a besoin du toit qu’on leur offre et de quoi se nourrir, lui et ses soeurs. Mais cela ne semblait pas démotiver sa nouvelle amie qui se mit à réfléchir intensément. Il trouva cela adorable d’ailleurs, cela lui mettait du baume au coeur, mais il ne voulait pas non plus qu’elle se torture trop l’esprit avec ça.

Il croisa son regard, alors qu’elle reprit conscience, elle semblait avoir une idée. Des jours de repos ? Il était à peu près sûr que son employeur refuse, vue comment il les exploitent déjà. Non, il n’était pas vraiment convaincu de cette idée, mais ne dit rien pour l’instant, ne voulant pas contrarier Clio, alors qu’elle mettait toute son énergie à trouver une solution à son problème. Il lui demanda d’ailleurs pourquoi elle tient tant que cela à l’aider. Il se sentit un peu gêné face à cette pluie de compliments. Il ne se trouvait pas si spécial que cela, il essaie juste d’être juste.

«Tu es vraiment quelqu’un de bien Clionestra».

Elle se leva soudain d’un bon comme si elle avait une illumination, ce qui le fit sursauter légèrement. Il resta un instant bouche bée alors qu’elle lui parlait, il faillit échapper un petit rire, mais se contrôla pour ne pas vexer son amie. Elle ne doit pas être très au courant des coutumes de ce monde. Lui aussi ne l’est pas encore vraiment, mais il est tout de même plus en contact avec celui-ci qu’elle. Lui aussi au début s’est fait avoir, il a apprit à ses dépens, heureusement avant que les choses ne dérapent. Mais comment expliquer cela à une elfe blanche ? Il n’est pas sûr ne vouloir aborder ce genre de conversation, mais s’il ne le fait pas il craint fort que Clio ne comprenne pas sa réaction, qu’il trouve son idée ridicule, alors que pas du tout c’est une bonne idée.

«C’est une très bonne idée, désolé je ne peux m’empêcher de sourire bêtement. C’est juste que tu sais lorsqu’un humain engage un autre pour une nuit, c’est pour satisfaire leur envie... enfin peu importe je pense que ton idée peut marcher, c’est un coup à tenter».

Il ne savait pas dans quoi il s’embarquait... Partir à l’aventure ainsi avec une elfe blanche qu’il vient juste de rencontrer, cela peut paraître absurde. Est-il si désespéré au point d’accepter la première aide venue ? Après tout, c’est la seule et unique qu’il a eu depuis qu’il a forme humaine. D’habitude il n’est pas du genre à faire confiance ainsi, il est bien plus farouche, ne laissant personne l’approcher. Il a tenté d’ailleurs de repousser Clio, mais elle a insisté, ce montrant si prévenante envers lui, si sincère et positive, que cela fit tomber ses barrières. Pourtant d’ordinaire il se serait montré bien plus agressif, faisant même surgir quelques flammes pour intimider. Le temps n’arrangeait en rien les choses et il devenait de plus en plus à cran, l’accident avec sa soeur cadette n’avait en rien arrangé les choses. Cela aurait très bien pu être la goutte d’eau qui fait déborder le vase, si ce n’est pas aujourd’hui, cela aurait un jour, probablement. Il a beau se dire qu’il ne veut pas devenir comme cela, qui sait de quoi on est capable face à une pression énorme ? Heureusement, il avait croisé Clio qui avait détendu la situation, l’avait calmé intérieurement et redonné un peu d’espoir. Ses paroles lui avaient permis de remettre ses pensées en place. Alors, bien sûr, pour l’instant il reste encore un peu frileux, il ne pense pas pouvoir changer du tout au tout comme cela en un jour, mais il va faire des efforts. Savoir déjà qu’il a une amie pour l’épauler, le guider et déjà bien.

Il avait tenté de faire comprendre à Clio que les humains ont d’autres envies, d’autres attentes lorsqu’il engage des personnes pour de l’argent pour une nuit, dans la majeure partie des cas. Mais Clio ne sembla pas comprendre où il veut en venir, tant pis il ne va pas insister, il ne veut pas ternir son innocence et sa vision des choses. Les elfes blancs sont une espèce à la culture bien différente des autres races, ils vivent à part, entre eux uniquement et confiné pour la plupart dans leur monde. Le plan était en place et c’est le coeur plus léger qu’il rejoignit la chambre. Lorsqu’il pénétra dans la pièce qui leur servait de chambre pour eux tous, ses soeurs l’attendaient. La plus jeune avait les yeux qui se fermait, mais il avait tenu à attendre son retour pour s’endormir. Tout le monde remarqua qu’il avait quelque chose de changé un peu chez lui, il semblait heureux. Il leur relata cette étrange rencontre qu’il avait faite, cette elfe blanche qui acceptait de les aider à trouver une vie meilleure. Ils parlèrent pendant un long moment, commençant à imaginer ce que pourrait être leur vie en dehors de ces murs. Puis le sommeil eut raison d’eux et ils s’endormirent.

Clio tint sa promesse et au petit matin, alors qu’eux s’activait à faire le ménage, elle débarqua, vêtu comme une comtesse, demanda à parler à leur patron. Ils les vit quitter la pièce pour aller sûrement dans un endroit plus calme et secret pour parler. Il avait le coeur qui battait à cent à l’heure et si cela ne marchait pas ? S’il refusait ? Non, des serviteurs, il peut en trouver d’autre, il ne refusera pas de l’argent, il est bien trop cupide pour ça. Après plusieurs minutes qui lui semblèrent être une éternité ils sortirent. Leur patron vint vers lui, lui demanda de rassembler aussi ses soeurs. Il leur dit ensuite que cette dame, Clio en l’occurrence à payer pour les avoir et qu’il a accepter. Cachant leur joie, ils allèrent donc récupérer leurs affaires et quittèrent cet endroit. Une fois dehors, il fit un grand sourire à Clio.

«Merci Clio, ce que tu as fait pour nous, cela compte beaucoup. Je sais que rien n’est gagné encore, mais c’est un grand pas en avant, merci pour ça».

Il fut soulagé que cela ait marché, il se sentit soudain soulagé. Lui et ses sœurs ne se feraient plus exploiter par cet homme ignoble qui les traitait comme plus bas que terre, comme des esclaves. Ils n'étaient pas battus c'est déjà ça, enfin lui l'avait été quelques fois lorsqu'il prenait la défense de ses sœurs, mais on les faisaient travailler du lever du jour où coucher du soleil, sans relâche et avec à peine de quoi manger. Sans compter qu'ils n'avaient qu'une pièce sombre et humide pour eux tous. Sans compter qu'ils n'étaient jamais à l'abri de mains un peu trop baladeuses, heureusement rien de trop poussé, mais tout de même.

Maintenant ils n'auraient plus à subir tout cela et c'est un vrai soulagement. Pourtant, la minute qu’ils furent dehors il ne put s'empêcher de ressentir une certaine appréhension. Et s'il ne trouve rien à l'extérieur ? Il sait que Clio est plein de bonnes intentions et qu'elle est déterminée à ce que cela marche. Ils se connaissent à peine, on pourrait croire qu'ils ait des craintes à son sujet, mais non, il y a quelque chose chez elle qui inspire confiance. C'est lui qui est nerveux, il ne sait pas s'il sera à la hauteur, s'il va y arriver, mais il va tout tenter pour. Tout le monde croit en lui, Clio aussi sinon elle n'aurait pas accepté de l'aider, il ne peut pas les décevoir. Tout cela rajoute un peu plus de pressions sur ses épaules. Il expire un grand coup, tout irait bien, comme le dit son amie cela sera une aventure. Il regarda d'ailleurs le papier qu'elle lui tendait, une liste de personne cherchant un apprenti.

"Allons voir, il faut tenter".

Ils se rendirent dans la ville voisine et arrivèrent au marché. Il s'était déjà rendu là avec ses sœurs. Tous ces étalages de fruits, légumes, poissons ou autres les avaient rendus très curieux, comme la première fois qu'ils avaient pénétré dans un village humain. Jamais de leur vie ils n'avaient été si proches d'un village humain, même en tant que dragons ils ne s'approchaient pas, trop dangereux pour eux. Déjà qu'un village cela avait été quelque chose, mais un village, mais un marché avec tout ce monde et cette agitation... Il avait dû contrôler d'ailleurs sa plus jeune sœur, la plus curieuse des trois. Elle allaient d'étalages et étalages à travers les allées, naturellement. Cela le rendait extrêmement nerveux. À chaque fois qu'elle s'adressait à un humain ou s'éloignait un peu trop, il lui sommait de revenir. Malgré ça, cela reste de bons souvenirs.

"Une ville où se trouve un marché... Oui c'est une bonne idée. Mes sœurs aiment bien oui en effet, enfin surtout ma cadette. De plus, les villes possédant un marché attirent du monde, plus de monde veut dire plus de clientèle".

Il était heureux de pouvoir partir en exploration avec Clionestra. Il a beau ne pas bien la connaître, à ses côtés il se sent bien. C'est difficile à expliquer, il a quelque chose chez elle d'apaisant, de réconfortant, elle dégage de bonnes ondes. Il ne veut pas se montrer trop enthousiaste, car il ne sait pas de quoi demain serait fait. Combien de temps va durer leur voyage ? Vont-ils arriver à trouver ce qu'il recherche. Cette ville a l'air bien, il y a pas mal de monde et un marché. Qui dit beaucoup de monde, dit beaucoup de potentiels clients. D'ailleurs à ce sujet, Clio lui fait remarquer qu'il semble attiré l'attention, il tourne la tête vers elle, l'air étonnée, puis tourne de nouveau la tête pour regarder les alentours. Il remarque que plusieurs personnes détournent le regard lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ont les regardent.

"J'attire l'attention ? Désolé".

Il ne comprend pas vraiment par pourquoi il attire le regard, parce qu'il est nouveau ? C'est vrai que certains regardent Clio aussi, Clio est très belle cela ne l'étonne pas. Lui, il ne s'est jamais considéré en tant que personne, il a encore un peu de mal avec ce corps, mais visiblement il semble plaire, être agréable à regarder, c'est une bonne chose, cela amènera sûrement de la clientèle. Il ne peut s'empêcher de lâcher un soupir lorsqu'elle lui parle de ses sœurs. Il sait qu'elle a raison. Tôt ou tard, il faut qu'il apprenne à faire confiance, à les lâcher. Il sert là mâchoires, cette simple pensée l'effraie.

"Je sais...C'est plus facile à dire qu'à faire... Je suis terrifié de les savoir lâcher dans le monde comme cela. Ce monde est si vaste, remplie d'humains et de choses encore plus dangereuses. Mais je ne peux rien y faire si elle veulent vivre aussi leur vie, je n'ai pas à choisir pour elle".

Il ferma les yeux et expira lentement, histoire de chasser son stress.

"Elles sont suffisamment grandes pour prendre leurs propres décisions, elles sont fortes je le sais. Elles m'ont supporté juste après la mort de nos parents. A ce moment-là, je me laissais mourrir. Mais elles m'ont aidé à passer cette période".