Dahlia était morte, la vie, la mort Amarante connaissait bien. Elle était la seule à rester, parce qu’elle n’arrivait pas à partir, par moment elle aimait vivre, mais parfois elle avait juste envie de partir en paix, sauf qu’elle n’y arrivait pas. Heureusement que sa famille était là, sa famille adoptive et ses amis. La petite Dahlia dont elle avait été la marraine lui manquerait, depuis 1980 elle se contentait d’envoyer des cartes de vœux et de joyeux anniversaires de la part des Boet, elle envoyait aussi un bouquet de fleur pour son anniversaire, elle veillait sur elle au loin. Elle s’était rendue à son enterrement, elle s’était discrètement faufilée, elle n’avait pas versé de larme vu qu’elle ne pouvait plus éprouver la tristesse, elle avait sacrifié cette émotion volontairement pour survivre et pour être assez forte pour sa famille il le fallait. Depuis le mariage elle recevait des menaces, des lettres, des cadavres d’animaux, il y avait des accidents au Lux, pour le moment rien de grave mais on essayait clairement de lui faire peur. Le lendemain de l’enterrement de sa filleule elle avait lu le journal, on parlait d’une maison hantée, elle connaissait cette maison c’était celle du père de Dahlia.
La chevelure blonde et les yeux bleus du jeune adolescent lui revinrent en mémoire, il s’était pendu. Il était tellement adorable, un très bel adolescent et si gentil avec elle, ils s’étaient un peu écrit, elle avait toujours eu une faiblesse pour les enfants et adolescents, la maternité était son paradis, elle ne la vivrait jamais alors elle la vivait par procuration, elle avait même adopté deux chérubins. En lisant cet article elle avait eu un pressentiment et si son esprit ne s’était jamais en allé et si lui aussi errait sur cette terre triste ou en colère. Elle avait appris tardivement les problèmes d’argent de ses parents elle s’en était voulu. Tranquillement elle avait refermé le journal et avait demandé à son assistant de se renseigner sur la maison et de l’acheter s’il était possible de le faire, quelques heures plus tard c’était fait, quand on a des milliards sur son compte et qu’on possède le nom Boet tout va bien plus vite.
Ce ne fut que le surlendemain qu’elle se rendit à la fameuse demeure, elle avait fouillé dans son grenier pour retrouver un tas de vieux souvenirs, les lettres de Théo, les photos prises avec lui ou ses parents et même un morceau de piano qu’elle avait composé pour lui à l’époque. Amarante composait souvent des morceaux de musique pour un peu près n’importe qui ayant une petite importance dans sa vie, les gens comme ses propres émotions étaient ses sources s’inspiration. Elle lui avait joué à son 17ème anniversaire, si c’était bien lui il se souviendrait. Les gens la côtoyant oubliait souvent sa double vision, ils oubliaient souvent qu’elle aussi en tant que morte voyait les esprits, même les médiums. C’était que la plupart du temps elle les ignorait, elle les snobait et avait acquis une belle habilité à le faire. Mais si le jeune Théo souffrait elle ne fermerait pas les yeux. Elle n’était pas cependant venue sans précaution, elle n’était pas certaine que se soit lui et même si c’était lui il était peut-être devenu un esprit frappeur. Malgré son élégance habituelle, elle avait dans son sac à main un revolver avec des balles de sel et aussi autour du cou une amulette qui l’empêcherait de vouloir rentrer dans son corps. Les yeux sombres de la française détaillèrent la façade de la villa salement amochée par le temps, le lierre avait tout envahi, mais l’endroit restait charmant. Dans le pire des cas elle trouverait bien quoi en faire, une bibliothèque peut-être. Elle entra dans la demeure et commença à parler. Son elfe noir garde du corps était resté à l'extérieur à sa demande, elle ne voulait pas effrayer Théo si c'était bien lui.

- Théodore ? Est-ce-toi ? C’est Sybille, je sais ce n’est pas le même corps, mais je suis comme toi, moi aussi je suis morte jeune, j’avais 14 ans, Sybille n’était qu’un de mes corps d’emprunt. Théodore es-tu là ?