Une énième journée de boulot s'achève. Aujourd'hui fût une journée anormalement courte pour l'avocat. Si habitué de faire des heures supplémentaires, qu'il ne savait pas du tout quoi faire lorsqu'il finissait à des heures normales. Il avait conclus plusieurs de ses contrats il y a peu de temps, toujours avec d'excellents résultats. Pour ce qui en est de ces contrats actuels, c'était assez tranquille. Il avait terminé le tout en quelques heures. Toujours rapide et efficace, beaucoup appréciait ces qualités. En fait, Darcy était l'archétype d'un patron modèle. Travaillant, doué dans son travail, ne délègue rien de sa charge régulière de travail. Toujours a faire des heures supplémentaires, souvent en rentrant chez lui dans le coin de 22h.

Cependant, finir vers 18h, il n'avait jamais vécu ça vraiment. Ne sachant que faire de ce temps, il se décida a profiter des derniers rayons de soleil et d'aller marcher au parc. La température était agréable, ni trop chaud, ni trop froid. Son simple veston de son complet lui suffisait amplement.  Simple réflexe de chasseurs, il porta attention aux gens autour de lui. Plusieurs étudiants discutait avec un café à la main, en train de faire un devoir. Un couple de personne âgé, assis près d'une mare lançait des bouts de pain à un pauvre canard obèse. Une jeune famille marchait main dans la main en profitant de la fin de l'après-midi. Un food-truck vendait divers repas. Il se décida a aller le voir. N'ayant pas le temps et l'habitude de cuisiner, il se décida a prendre un bretzel et un café, par habitude d'en consommer. Il se chercha un banc pour manger son goûter. Il en trouva un, non loin d'une femme rousse qui fixait sans un mot le décor. Comme les autres places étaient plus éloignés, il décida de prendre celui-ci. Il étudia rapidement son visage, son teint était clair. Sa chevelure était d'un roux très vif, qu'il trouvait ravissant et son regard était quant à lui très clair. C'était un contraste qu'il jugeait très joli. Il s'assit sans un mot et se met à manger.

Le côté croustillant mais si tendre du bretzel était un véritable délice. Il prit une bouché et ses dents perça la couche croustillante pour laisser place à tout le moelleux de la pâte prendre la place. Le goût ? À la fois sucré et salé. La pâte était très légèrement sucré, ce qui accompagnait a merveille les gros grains de sel sur ce gouter. La pâte était chaude et lui réchauffait son corps, bien que la température était très agréable. Il prit une gorgé de son café, corsé comme il les aime. Avec les années, il avait apprit a apprécier ces arômes amers. Désormais, il était tant habitué qu'il n'aimait pas s'en priver. Il en avala une seconde gorgée, le goût étant toujours autant riche. Un véritable délice sur son palais. Ce n'est pas que Darcy était un amoureux de gastronomie. Pratiquement, il avalait tout et n'importe quoi pour sustenter sa faim. Il avait simplement apprit a apprécier ce genre de petites choses, cela lui permettait d'avoir un instant de paix en lui-même, de se concentrer sur une chose qui était autre que de trouver les fauteurs de troubles.

Il se mit à se sentir observer. C'était plutôt normal, en pleins jour dans un parc. Il n'y prêta pas plus attention, après tout il était loin d'être invisible. Un homme de sa grandeur et avec sa musculature, c'est simplement normal. S'il était un humain normal, sûrement que lui aussi portrait autant d'intérêt envers un inconnu. Enfin, c'est ce qu'il se disait vu que la plupart du temps, il observe les gens comme un individu prisonnier d'un décor. Accomplissant des tâches comme prédestiné. Une voix résonna à sa gauche, sûrement la femme rousse de tout à l'heure.

- Vous êtes bien avocat ? Maître Jenkins, nous nous sommes croisés rapidement il y a quelques temps au tribunal !

C'est une collègue ? Eh merde, songea-il. Darcy avait plusieurs qualités, mais il n'avait pas du tout la mémoire des noms et des visages, s'en était presque préoccupant. Ses parents ont longtemps cru qu'il avait fait une commotion cérébrale pour être autant nul, comme quoi sa mémoire faisait défaut. Au vu de sa capacité d'apprentissage et ses talents d'avocat à se remémorer mille-et-une lois, ne pas être capable de se rappeler d'une collègue, il avait le droit d'être gêné de ça. Quoi dire, quoi faire ? Peut-être qu'elle est au téléphone ou parles à quelqu'un d'autre ? Il savait pertinemment qu'elle lui parlait à lui, son ouïe était beaucoup trop sensible pour ne pas reconnaître une sonnerie de téléphone ou les bip de ce dernier, encore pire pour l'hypothèse de quelqu'un. Il l'aurait forcément entendu arriver, d'autant plus qu'avant de s'assoir il n'y avait personne. À moins qu'elle soit folle et ne se parle seule ? Ça ne ferait pas de sens qu'elle se présente à sa voix, merde.

Plus les secondes passaient, plus il se trouvait ridicules et plus il hésitait de parler. Il détestait mal paraître, habitude d'avocat. Il décida de détourner son visage et de la regarder. Il avait vraiment beaucoup de chance d'avoir un visage qui ne laisse rien paraître, elle ne pouvait rien déceler qui pouvait trahir son dilemme intérieur. Il se racla doucement la gorge et répondit comme si de rien n'était, après tout, elle ne savait sûrement pas que c'était un chasseur. Ce n'était pas qu'il le cachait, mais il n'avait aucune raison d'en parler. Donc, elle pouvait simplement croire qu'il avait mal entendu et voulait s'en assurer avant de répondre. C'est un peu le cas, mais c'est moins honteux.

- C'est bien le cas, je suis maître Lambrick. Ravie de vous revoir.

Il se sentait un peu mal de la voir sourire, mais de ne pas lui sourire en retour. Réflexe un peu bête, il détourna la tête pour regarder vers l'avant. Comme si le prix de son sourire était de lui rendre en retour. En évitant de le regarder trop longtemps, il annulait sa dette. C'était ce genre de moment qu'il se sentait vraiment humain.

Il semblait avoir dit quelque chose d'étrange, puisqu'il remarqua que la rousse le regarda longuement. Il se sentait imbécile. Il avait sûrement encore fait quelques choses. Peut-être sa langue avait-elle fourché pendant qu'il parlait sans s'en rendre compte et qu'elle avait comprit autre chose ? Peut-être que finalement elle ne lui parlait pas ?

Son sourire s'évanouit. Il se demandait vraiment s'il avait dit quelques choses qu'il ne fallait pas... Habituellement, il ne parlait pas vraiment. Son manque de socialisation referait-elle surface ? Pourtant il se sentait d'humeur bavarde, c'était décevant qu'il ait manqué son effort.

Elle lui répondit qu'il avait du bretzel entre les dents. Habillement, il retira les résidus de bretzel entre ses dents. Bon, ce n'était pas aussi grave que ce qu'il s'était entendu. Lui qui s'attendait a avoir dit quelques chose pour l'offusquer. Finalement, il avait tout exagérer. Elle n'arrêta cependant pas son discours là et rajouta:
- "Vous êtes venu couper un peu du travail je suppose ? En ce moment nous avons beaucoup d'affaires et je dois bien avouer qu'aller au parc est un réel plaisir !"
Il en avait presque oublié que c'était d'abord et avant tout une collègue de bureau. Il chiffonna le papier de son bretzel et prit une gorgé de son café. Histoire de ne pas avoir de deuxième bout de son repas entre les dents. Pour son bureau, les affaires allaient vraiment bien. Sa réputation était aussi bonne qu'à l'habitude, il remportait la plupart de ses procès, certains même étaient plutôt improbables. Cela fit du bouche-à-oreille et au fil des années, il avait fini par se forger un nom dans le milieu. Il ne vivait certainement pas sur la paille et ne manquait pas de contrats. Il avait la liberté de pouvoir choisir qu'il voulait défendre ou non, une liberté qui n'est pas permis pour tous dont il était très satisfait d'en profiter.
- "C'est plutôt tranquille pour moi en fait. Je viens de conclure des dossiers juteux, je profitais justement du calme pour finir plus tôt."
Il prit une pause dans son explication. Darcy avait vraiment envie de parler boulot, très souvent les seules conversations de travail qu'il avait c'était avec sa secrétaire ou bien avec les chasseurs. Donc, parler avec un autre avocat il n'avait pas l'habitude. Cela ne lui déplaisait pas, après tout il aimait bien son métier.