La vie des Fitzgerald avait complétement été chamboulée ces dernières semaines, tant en bien qu’en mal : la libération de Penelope de sa prison infernale et son retour sous une nouvelle apparence, la découverte de la trahison de mon plus vieil ancien ami, ma reprise de la régence, Karl qui dérivait vers la noirceur tant en magie que dans son cœur… Tant de choses à affronter et à assumer. Heureusement j’avais la tête bien sur les épaules, je ne perdais pas pieds face à tous ses événements, et c’était sans compter grâce au soutien inconditionnel que me portait mon épouse même après tant d’années de séparations.
Je n’oublierais jamais ce fameux jour où Karl, Keon et moi avions libéré Penelope. Je ne devais notre bonheur que grâce à ce jeune médium, qui avait été celui de nous trois qui avait affronté le sort noir avec le plus de vaillance. Je m’en voulais encore de ne lui avoir fait subir ça. J'avais été un peu trop aventureux car je n’avais pas vraiment idée de la puissance du sortilège contenu dans la bague et j’avais pourtant poussé Keon à tenter de communiquer avec l’esprit alors même que je connaissais les potentiels risques. Heureusement, il s’en était sorti indemne, dans un sale état de fatigue mais indemne. A partir de ce jour, je lui étais redevable. Il n’avait encore rien demandé, mais je comptais bien m’acquitter de cette dette et rendre la monnaie de sa pièce à ce jeune garçon courageux.
Quelques jours plus tôt, j’avais appelé Keon pour lui demander un entretien tous les deux. Rien de formel, un simple moment entre nous deux pour au moins lui exprimer ma gratitude, chose que je n’avais même pas eu le temps de faire depuis à cause de tous les bouleversements familiaux. Ce n’était pas mon genre de laisser traîner ce genre de choses, habituellement j’aurai envoyé ne serait-ce qu’au moins une carte ou quelque chose dans ce genre. Keon avait d’ailleurs un peu surpris que je demande à le voir seul à seul. Il m’avait réservé un créneau à son cabinet au Third Eye. Un cabinet assez récent qu’il partageait avec un de ses amis médium m’avait-il raconté au téléphone. J’espérais juste que ce fameux confrère n’était pas Monsieur Miller, notre rencontre au mariage avait été plutôt fâcheuse…
Le jour de notre petite entrevue, j’arrivais en tenue décontractée mais toujours avec une pointe d’élégance. J’avais cru comprendre que le jeune homme appréciait des tacos, j’en avais alors pris quelques-uns au passage avant d’arriver à son cabinet. J’arrivais devant la façade de l’établissement, je me dirigeais à la porte et pénétrais à l’intérieur du cabinet. L’atmosphère du cabinet était vraiment unique. Je n’avais jamais mis les pieds dans un établissement pareil et je devais dire que l’arrangement du lieu faisait son petit effet. Dès mon entrée, je croisais Keon. « - Ha Keon, bonjour mon garçon ! Comment vas-tu ? Je ne t’ai pas revu depuis le mariage où tu avais encore mal fini… » Je lui donnais ensuite le sac de nourriture mexicaine. « - Tiens je t’ai pris ça, j’ai cru comprendre que tu en raffolais. »
Le temps passe bien vite et il y a un moment qu’il n’a pas revu les Fitzgerald. Évidemment, il a pu voir Karl au cours de l’exorcisme de Bradley puis au mariage. À croire qu’à chaque fois qu’il y a Karl dans les parages, le pauvre Keon est voué à morfler d’une manière ou d’une autre. Si Loraye était encore dans les parages, elle lui aurait dit que cet homme blanc profite de lui, l’esprit vaudou n’aime pas les sorciers qui ne pratiquement pas la magie vaudou… Une magie qui se meurt peu à peu, sombre dans l’oublie… Elle perdure en Louisiane, là où elle n’a cessé de vouloir entrainer le médium qui a tenu bon… Assez pour la chasser de chez lui, pour se libérer d’elle, enfin, c’était ce qu’il croyait…
Le Quill n’est jamais au bout de ses peines !
Keon a bénéficié de la présence de Pénélope après l’avoir libéré, elle l’a beaucoup suivi et il a essayé tant bien que mal de l’aider à contrôler sa télékinésie bien que pour tout dire, il lui a avoué que ce serait certainement plus simple si elle trouvait un corps. Aussi bien pour discuter avec ses proches que pour taire ce pouvoir sensible aux émotions.
Recevoir un coup de fil d’Arthur avait été étrange pour le médium encore peut habituer à être autant sollicité depuis qu’ils ont ouvert le cabinet de médiums. D’ailleurs, il ne manqua pas de parler de cet endroit à Arthur, un peu trop dans l’idée de le rendre fier. Keon n’a strictement jamais eu de père, pas même une figure paternelle. Mais voir Karl et Arthur, ça lui a inspiré le curieux désir de savoir ce que c’est. Bien sur Arthur n’est pas son père et il en a parfaitement conscience, mais le peu de contact qu’ils peuvent avoir lui suffit.
Keon était encore en mission de rangement et ne vit pas l’horloge tourner !
Lorsqu’il traversa le couloir pour aller chercher d’autres cartons, il rencontra Arthur. Immédiatement son regard se pose sur le sac, le logo qui y figure ne peut trahir son contenu et son regard toujours emprunt d’une lueur enfantine s’illumine : Des tacos !
Le médium esquisse un sourire à l’appellation “mon garçon avant de hausser les épaules après sa remarque au sujet des blessures qu’il avait subies au sinistre mariage. - Bonjour, je vais mieux… On m’a bien soigné, mais je dois encore y aller doucement.
Pas d’exorcisme avant un petit moment ! Il s’apprêta à ajouter qu’il ne s’était clairement pas attendu à ce genre d’animation au mariage, c’était la première fois qu’il fut invité à ce genre d’événement et tout avait été gâché par d’horrible créatures démoniaques. Mais il fut interrompu par l’offrandes au doux nom de Tacos.
- Oh yes !!! Des...
Il se racle la gorge en attrapant le précieux sac
- Enfin j’veux dire… Merci, il ne fallait pas voyons…
Il tente de se rattraper mais ce n’est pas très crédible puisqu’il est en train de fourrer son nez dans le sac pour voir ce qu’il y a d’intéressant à bèqueter ! Ça lui semble tout à fait délicieux. - Sean est absent…
Keon n’a aucune idée de savoir ce que fait son ami, ils ne sont pas du genre à tout se dire, ils devraient probablement, ça éviterait le chaos qui règne ici. Mais c’est leur chaos, ils s’y retrouvent alors c’est l’essentiel après tout ! - Tu restes manger ? J’ai faim. Tu l’savais ? Comment t’as su ?
Parce qu’il est maigre comme un clou, c’est un bon indice pour se dire qu’il doit souvent avoir faim, ceci dit, sa situation c’est améliorer, mais Keon n’a pas encore l’habitude de manger par réflexe quand la faim se manifeste. Il relève le regard vers le sorcier
- J’espère que ce n’est pas pour me demander d’exorciser un truc, je… J’suis pas encore opérationnel… C’était assez intense l’autre soir, j’ai cru finir rôti… Même Albert me dit de rester chez moi, mais j’vais pas…
Ah oui, Albert est mort… Enfin, c’est une question de point de vue. Keon lui a continué de le voir...
- T’as toujours su que t’étais un sorcier ? J’veux dire, t’as certainement pas eu la scène dans le film avec un demi géant qui t’apporte un gâteau écrabouillé après que t’ai vécu onze ans dans un placard à balais, mais… J’veux dire… Moi c’est pire, alors pourquoi pas… Pourquoi j’parle autant ?
Le stress… Il s’est dirigé tout en parlant vers le bureau et posé les victuailles sur la table en gesticulant bien plus que nécessaire.
Heureux de revoir le jeune homme, Keon semblait tout aussi content de me voir. Et, à en croire la vélocité du jeune Keon sur le sac de nourriture, pour sûr, il était content de mon présent également. J’étais persuadé de ne pas vraiment me tromper lors de mon achat. Je me souvenais que Karl en avait commandé pour son ami après qu’il fût tomber dans les vapes. Je n’affectionnais pas vraiment ce style de nourriture, mais il m’était arrivé que je goûte une fois lorsque j’en avais pris pour Tyler qui semblait également aimé ça. Je constatais par ailleurs les plusieurs cartons un peu partout dans le cabinet. J’osais espérer que l’ami de Keon était plus costaud que lui, une brindille comme lui ne pourrait pas soulever les cartons trop lourds.
« - Tu es en plein emménagement ? » le questionnais je d’abord, pensant que la victuaille était à point tombé au vu du travail de déménagement du médium. « - Oh ! Ce n’est rien, je t’en prie, c’est la moindre des choses. Et mange pendant que c’est chaud !»
Il avait évoqué le nom de son confrère « Sean ». Je ne connaissais définitivement pas cet individu. Peut être l’avais je déjà croisé, notamment au mariage des Muranov-Black, mais je ne mettais aucunement de visage sur ce nom. Qu’importe, ce n’était pas le médium que j’esquivais, car voir Keon c’est tout ce qui m’importait aujourd’hui. « -Non je ne pense pas rester longtemps. En revanche si tu as du thé je ne dis pas non ! »
D’un côté le jeune médium féru de ses plats mexicains, et moi le grand adepte de thés. Mais le problème de vivre en Amérique c’était que les gens d‘ici n’avaient pas les mêmes goûts que moi en termes de boissons chaudes. Ils y mettaient trop de sucres et leur thés et cafés n’avaient que très peu de saveurs comparées aux thés amères que j’avais l’habitude de boire.
« - Rassure toi, je ne viens pas pour un exorcisme ou quoique ce soit de ce genre ! Au contraire Keon, je n’ai pas eu le temps de te remercier depuis que tu as libéré Penelope. Tu as été d’un courage incroyable, et je ne sais pas à quel point tu peux l’imaginer combien nous te sommes redevables Peny et moi. Tu nous as offert une deuxième chance. Et ce ne sont pas des plats de tacos qui vont suffire à te remercier. »
A quel point ma vie avait changé depuis ? Bon sang, s’il savait. Il y avait le côté bon où nous avions tous retrouvé Penelope, certes sous une nouvelle apparence, mais ce n’était rien comparé à tout le reste. Et il y avait aussi le côté plus sombre de l’histoire, où cela nous avait permis d’élucider certains mystères dans notre vie à Karl et moi. Nous avions été manipulés par le même homme, notre ancien bras droit Matthew, qui était depuis porté disparu.
« - Voilà l’objet de ma visite : d’une part te remercier de vive voix et d’autre part, te demander si tu as réfléchi à une éventuelle contrepartie contre ce que tu as fait pour nous. »
Je fus ensuite surpris par les soudaines questions de Keon.
« - Le géant ? de quoi tu… » je sourcillais et répondais finalement. « - A vrai dire non, je n’ai su que j’étais sorcier qu’à l’adolescence. » Sa dernière remarque m’intriguait « -Pourquoi ? tu l’as appris de quelle manière ? »
- Oui, on… On vient d’ouvrir le cabinet et euh… C’est moi qui a fait tout l’ménage presque, mais maintenant faut arranger tout et pour ça, Sean est plus fort que moi.
Bien qu’en fait, aucun des deux médiums n’a de réel gout en termes de style par rapport aux tendances actuelles, il n’y a qu’à voir leurs styles respectifs ! Mais ils sont heureux comme ça, on peut clairement affirmer que ces deux là ce sont bien trouvés.
Il lève les yeux pour réfléchir, mais aucune théière ne lui vint à l’esprit.
- On en a pas je crois, mais pas loin ils vont du bubble tea. J’en ai jamais bu, mais y’a plein de hipster avec des moustaches ridicules qui font la queues devant tous les matins.
Enfin si c’est comme les langoustines, y’a pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Le médium sourit au sorcier, soulagé qu’il ne soit pas là pour une question d’exorcisme. La suite de ces propos le fit hausser les épaules et il répondit
- Je… Je l’ai appris….
Il n’est pas certain de devoir dire à Arthur ce qu’il a traversé avant qu’en arriver là. L’alcool, les services sociaux, la soi-disant schizophrénie, la rue, les vampires… - Je ne le sais que depuis quelques années, avant c’était… Juste compliqué.
Il hausse à nouveau les épaules avant d’enchainer sur le sujet précédent.
- J’suis heureux pour toi. J’veux dire… Moi aussi j’aime une femme. Une femme super ! Et je… J’deviendrais fou si on lui faisait du mal. Je ne voulais rien de particulier, je… J’ai encore du mal à me dire que mon… Pouvoir ? Est utile. C’est déjà une récompense pour moi.
Se sentir utile, trouver sa place dans ce monde grotesque.
Keon soupire, il pourrait certainement demander tout à Arthur, jusqu’au fantasme de passer une après-midi entre père-fils, même si c’est pour de faux. Juste pour le plaisir, pour découvrir ce que c’est. Une vie “normale”. Mais ce ne furent les mots qui sortirent de sa bouche, cela ne restera qu’une idée dans sa tête d’oisillon triste.
- De l’aspirine… J’ai souvent mal à la tête, à cause de toutes ces voix et le reste… Et j’aime pas vraiment les pharmacies, tu vois ils… J’ai pas confiance.
Aux états unis, les pharmacies sont de véritables centres commerciaux. Keon n’est pas à l’aise avec les médicaments, parce qu’on l’a gavé pour en faire un légume alors qu’il avait à peine dix ans, parce qu’on avait décidé qu’il était schizophrène et que c’était mal… Mal qu’il parle seul, qu’il dise voir des choses. Il se sentait si seul et incompris, mais cet endroit, le cabinet de médium va tout changer, c’est enfin un endroit qui existe sur cette terre pour les gens comme eux. Les laissés pour comptes…
Les sorciers ont bien de la chance avec leurs covens, il est temps que ça change aussi pour les médiums. Eux aussi ont le droit d’être aimé… D’être ce qu’ils sont.
Il baisse les yeux, avant de mordre dans son délicieux tacos.
- Une boite ou deux.
Qu’il marmonne la bouche pleine.
HRP : tu m’excuseras pour la triste qualité de la rep, en fait j’ai perdu la première version, c’est toujours difficile de ré-écrire une réponse :|
Malgré le désordre monstrueux, nous pouvions déjà apercevoir l’ambiance qu’allaient donner les deux médiums. Et outre les objets plus mystiques ou la décoration, une drôle d’odeur enveloppait la pièce. Non pas que cela m’interrogeait, car évidemment, pour moi les deux médiums étaient libres d’utiliser encens, herbes, huiles essentielles ou que sais-je encore.
« - C’est vraiment bien en tous cas. Et la devanture donne son petit effet. »
Pas de thé. Bon, il n’y avait de quoi en faire un drame. En réalité, je n’avais pas tellement soif. Mais la proposition du jeune garçon m’intriguait. Peut être allais-je découvrir une autre horrible sorte de thé trop sucré américain.
« - Oh, humm. Bon je me laisse tenter alors. »
Je trouvais Keon quelque peu tourmenté lorsque je vins à lui parler de l’objet de ma visite. Il m’exprimait son contentement, sa joie pour moi. C’était pourtant lui qui m’avait offert tout ça. Lui qui avait gardé un œil sur Penelope quand elle était qu’un esprit pendant quelques temps. Il avait été tellement bienveillant, et je pense, sans s’en rendre compte à quel point. Je ne savais pas si c’était l’inconscience de la jeunesse ou une noble modestie, ou encore un mélange des deux.
Je m’approchais du jeune homme et lui déposais une main sur l’épaule bienveillante, écoutant qu’il s’étonnait encore de son pouvoir.
« - Et je pense que tu te rendras encore plus utile dans la vocation que tu as choisie. C’est une merveilleuse idée. Keon, tu as sauvé Penelope. Et, pour moi ce n’est pas rien. Tu as reconstruit grâce à ton don et ton courage une famille. C’est vraiment extraordinaire ce que tu as fait pour nous. »
Le jeune médium s’exprimait ensuite sur comment il avait pris connaissance de ses dons. Cela semblait être une histoire très alambiquée. Trop compliquée pour qu’il n’ose s’exprimer plus. Ma main descendait légèrement dans le haut de son dos et y restait quelques longues secondes. Je la fis ensuite revenir derrière mon dos et y joignais mon autre main. Le regard un peu soucieux, je n’avais guère envie d’embarrasser Keon avec son passé s’il n’avait pas envie de partager avec moi. Je gardais alors mes questions qui auraient pu le gêner.
« - Au moins, la tempête est passée semble-t-il. Tu parais totalement dans ton élément ici. Cela va te permettre d’apprivoiser encore mieux tes dons et du faire du bien autour de toi. C’est ce que j’espère pour toi mon garçon. » lui lançais-je avec un sourire et un air compatissant.
Je fus ensuite surpris de la demande de Keon. Une simple aspirine ? Ce n’était donc pas une farce la dernière fois lorsqu’il était allongé à terre ? Cette demande n’était pas vraiment à la hauteur de ce que je voulais offrir au jeune garçon, mais au moins je pouvais commencer par ça.
« -Humm, bien je peux commencer par ça. Mais ne crois pas que cela va suffire. J’y vais sur le champ et reviens dans le foulé. Ça te donne le temps de prendre le bubble tea. »
Je fonçais à la pharmacie prendre la fameuse aspirine de Keon. Il y en avait une à quelques pas de là. Je n’avais pas grande habitude des médications car généralement je me soignais via des plantes et potions. Je préférais alors me faire conseiller. Je demandais donc à un vieux pharmacien de la boutique qui me conseillait une boîte parmi les dizaines boites d’aspirine qui se trouvaient dans le rayon. Mon achat fait, je retournais au Third Eyes retrouver Keon.
« - Keon ? J’ai ta commande ! J’espère que ça ira. J’ai demandé au vieux pharmacien de la boutique de me conseiller. Il avait l’air sur de lui… Et si ça ne marche pas, je te ferais une potion qui te soulagera si tu veux. »
Le médium est assez heureux de travailler ici désormais, c’est beaucoup de pression, mais c’est pile ce dont il a besoin pour progresser, pour ne pas se laisser submerger par ses craintes et souffrances mentales qui lui grignotent lentement l’esprit.
Keon ne pensait pas que Monsieur le Papa de Karl se laisserait tenter par une bubble tea, mais ça lui fait plaisir de faire découvrir aux gens des choses qu’ils ne connaissent pas, c’est tellement rare, il apprit l’habitude du rôle de celui qui ne sait rien.
Le medium courba légèrement le dos lorsqu’Arthur vint pour poser sa main sur son épaule, mais il se détendit rapidement quand celui-ci ne sembla pas le brutaliser. Un réflexe qu’il peine à perdre parce qu’il n’a pas vraiment peur, son corps réagit seul. - C’était peut-être juste un coup d’bol…
Qu’il lui répondit en haussant les épaules, après tout qu’est-ce qu’il y connait ? Oui, de toute évidence c’est un exorciste puissant, on ne cesse de le lui dire, mais à part ça ? Il n’a pas eu connaissance de ses pouvoirs de très bonne heure, mais il n’alla pas plus loin dans ses explications. Le Quill est un immigré clandestin, moins il en dit sur son passé, plus il est en sécurité. Non pas qu’il pense que le sorcier lui fera tort, mais il apprend à être prudent.
Cette caresse dans son dos anima des idées, des fantasme qu’il s’était fait de ce que cela pouvait être d’être protégé par un homme que l’on appelle père. Il sait qu’il doit contenir tout ça dans sa petite tête, que tout ça, ce n’est pas pour lui, ça ne le sera jamais.
- On verra bien, de toute manière je ne pouvais pas rester à mon ancien emploi au Lux. Je… Je sors avec une des patronnes.
C’est drôle à dire, mais en même temps, il a envie de le crier sur tous les toits : J’AIME DAMARIS BOET !!! Il faut bien dire que c’est la plus douce des choses dans sa vie que d’aimer cette femme, d’être lié à elle de la sorte, de connaitre cet amour-là
Keon adresse un léger sourire au sorcier avec un léger haussement d’épaule quand celui-ci lui dit qu’une boite aspirine ne sera pas suffisant. Les deux hommes se séparèrent, Keon revint en premier parce que la boutique est plus proche et qu’à la pharmacie, il y a toujours du monde. Il en a profité pour acheter une paire de cookies à partager avec sa bien aimée. - Et moi j’aurai dû te demander quel genre de thé tu aime, il en y a tellement de sortes ! Mais j’ai demandé ce que les gens préfèrent et on m’a vendu celui au Jasmin.
Il lui présente le gobelet posé sur le bureau où règne un certain désordre. Il attrape la boite de médicaments sans perdre le sourire - Merci, c’est génial, j’en prendrais un ce soir !
Il pose la boite avec les quelques bricoles qu’il doit rapporter chez lui.
- Une potion ? Est-ce que vous vous facilitez toujours la vie avec des sorts et des potions ? Pourquoi est-ce qu’on peut pas en vendre aux humains ?
Oui, si sa mère avait pu avoir un sort anti-alcool comme lui, peut-être qu’elle n’aurait pas tant souffert. C’est injuste. Encore une injustice qu’il ne comprendra pas forcément de si tôt, comme la différence entre les pauvres et les riches.
- Vous pouvez tout soigner ?
Après tout, Jacob l’a bien ramené d’entre les morts, certes avec l’aide de Legba, mais tout de même, le médium a été égorgé !
- Pourquoi est-ce qu’il y a encore tous ces problèmes sur terre quand on pourrait tout arranger avec la magie ? J’veux dire… C’est quand même pas entièrement que d’la faute des démons ? Qu’est-ce qui s’passerait selon toi si on prouvait au monde que la magie existe ? Peut-être que tous ceux qui savent pas encore ce qu’ils sont pourraient comprendre des choses tout à coup… C’est bien mieux de dire la vérité, non ?
Oui parce qu’un cabinet de médiums, ça vaut beaucoup de moquerie des passants. Il s’écarte pour qu’Arthur puisse accéder au bubble tea, il faudrait pas qu’il se réchauffe ! - Désolé, j’veux pas t’embarrasser avec autant de questions, c’est… Qu’j’en ai beaucoup.
Le jeune Keon se montrait presque défaitiste, à en croire à un simple jeu de hasard qui avait fait découler les événements. Encore une fois, son manque de confiance et ce discrédit me désolaient. Il était grand temps que le jeune médium ouvre les yeux sur ses compétences qui n’avait rien d’un charlatan.
« - Je ne crois pas au hasard ou coup de chance Keon. Encore une fois, sans ta présence, nous n’en saurions pas là. Ne te sous-estime plus mon garçon, tu as un gros potentiel que tu ne soupçonnes peut-être même pas encore. J’ai une grande estime de toi désormais. Et c’est pourquoi ce cabinet est certainement l’une des meilleures idées que tu aies eues pour l’exprimer et faire grandir tes pouvoir en toi. »
La volonté du jeune homme à s’engager dans cette nouvelle voie avait été motivée par quelque chose dont je n’avais pas soupçonnée à mon tour et en somme, cela me fit sourire d’étonnement. Sa révélation concernant sa fréquentation avec l’une des gérantes du lux me pris de court, car oui, l’un de mon grand défaut était de ne jamais remarquer les ambiguïtés des relations amoureuses, même lorsque cela se passait sous mon nez.
« -Oh... donc au mariage… Miss Boet et toi, vous étiez déjà.. ? Qu’importe, si cela a été un coup de pouce pour te motiver à travailler ici, je suppose que tu es gagnant partout. »
Excepté peut-être avec sa marâtre, qui comme je la connaissais devait s’en mordre les doigts. J’espérais que la relation qu’entretenait Amarante avec Damaris n’était pas un frein pour Keon. Il méritait d’être heureux comme tout le monde. Nos courses à la pharmacie pour l’un et au stand de bubble tea pour l’autre furent rapides. Keon était rentré le premier avec le gobelet encore à la main.
« - Merci mon grand. Et vas-y doucement quand même, pas de surdosage avec les cachets. »
Le sujet de discussion dérivait à nouveau sur la magie. Le jeune homme semblait plein de questions et intrigué par la culture magique en générale, chose qui ne me dérangeait pas d’aborder, bien au contraire.
« - A vrai dire oui, l’utilisation des potions nous aide énormément. Elles peuvent servir à guérir notamment. Quant aux humains, ça serait la porte ouverte au grand n’importe quoi. Prendre connaissance de notre monde, que ce soient les sorciers ou d’autres espèces, ce serait une folie que de leur révéler notre existence. »
J’enleva la grosse paille et ouvris le couvercle du gobelet puis goutta une gorgée de la fameuse boisson.
« -Pisse de chat !!! » n’avais-je pu m’empêcher de jurer. « -Désolé, j’ai été surpris par le goût si…étrange du thé. »
Le plus étrange demeurait peut-être les billes au fond donc je suspectais leur composition douteuse et fortement sucrée. Je grimaçais un peu mais je continuais de boire le contenu de mon gobelet.
« - Personnellement, je ne suis pas aussi confiant que toi envers l’humanité. Démontrer que la magie existe serait à mon sens dangereux. Les humains sont comme nous, imprévisibles. Certains se comporteraient certainement bien, mais combien seraient prêt à nous utiliser comme des armes de guerre ou des bêtes de foire ? Je ne suis pas naïf au point de croire qu’il serait possible de cohabiter ensemble sans qu’il y ait des problèmes créés par la peur de l’autre. Imagine un humain apprenant que son voisin est un loup-garou, penses-tu qu’il le vivrait bien ? Non, sincèrement je pense que la vérité doit être encore préservée. C’est également à ce titre que je me suis réengagé. En tant que régent, je protège mon coven et jamais mes frères et sœurs sorciers subiront des souffrances infligées par d’autres espèces. »
Je finissais le gobelet finalement plus rapidement que je ne le croyais. Je le jetais dans une poubelle et repris mon ton sérieux qui convenait à la discussion.
« - Tu ne m’embarrasses pas. Au contraire, tes questions sont toutes légitimes. Et dans ma position j’ai dû me les poser beaucoup de fois pour avoir un raisonnement juste pour le coven. »
Keon ne peut pas expliquer le frisson qui lui tord les épaules, c’est chaud et doux, ça le fait un peu rentrer le cou sous la joie ressentir lorsqu’Arthur lui assure avoir de l’estime pour lui. Il sait qu’il est parfaitement ridicule, qu’il s’enfonce un peu plus à chaque instant dans ses sentiments inadmissibles. Mais pourquoi se forcer à avoir les idées claires, il aura bien l’occasion plus tard de réfléchir à sa manière de se comporter, au pathétisme dont il fait preuve en cherchant l’approbation paternelle du père d’un autre. Tant qu’Arthur n’en sait rien, il ne fait rien de mal, il l’espère de tout son cœur.
Le médium ne pu réprimer un léger sourire amusé, tout le monde s’étonne de son histoire avec Damaris Boet et il ne peut en vouloir à personne d’avoir une telle réaction. Lui-même été bien surpris qu’elle partage ses sentiments, elle qui est beaucoup trop bien pour un misérable dans son genre. - Oui on était ensemble.
Sans plus avoir besoin de se cacher de qui que ce soit ! D’ailleurs il l’avait maladroitement dis dans son discours au marié, que son amour était pour Damaris. Il ne sait pas s’il aura la chance de l’épouser un jour lui aussi, mais il espère ne pas finir comme ce pauvre Albert !
- Je ferais attention.
Répondit-il quand Arthur lui demande d’être prudent avec les dose de médicaments, un instant, il se demande si ce dernier n’est pas au courant pour ses diverse addiction, mais il se dit que c’est bien trop étrange, comment le saurait-il à moins d’être un devin ?
Keon ne pu contenir un pouffement de rire derrière sa main quand le sorcier qualifia de breuvage de pisse de chat.
- Tu n’es pas obligé de le boire si tu n’aime pas.
Lui assure-t-il mais il sembla que soit pas soif ou pas politesse, Arthur termina son gobelet avant de répondre aux multiples questions du curieux et ignorant sur bien trop de choses concernant la magie au vue de son potentiel. D’après lui les humains ne seraient pas raisonnable d’apprendre que la magie existe, Keon est partagé parce qu’il croit en la bonté de presque tout à chacun, il commence même à croire que les vampires peuvent être bons parfois, ne dépit de tout ce certains d’entre eux lui ont fait subir !
- Pourtant les humains ont envie de croire en la magie… Il n’y a qu’à voir tous les films qu’ils inventent sur le sujet ! Ils adorent la magie ! Peut-être que certains réagiraient mal, mais… Finalement il y aurait tellement de choses qui pourraient être améliorée grâce à la magie, y’a des pays où les gens meurent parce qu’ils ont pas de nourriture et vous pouvez en faire apparaitre ! C’est égoïste de garder ça secret.
Il se pince légèrement les lèvres, un peu honteux de traiter les sorciers d’égoïstes, il ne pense pas à mal, mais toujours esclave de ses émotions, de son passifs avec les humains qui ont été tout aussi cruels avec lui dans sa jeunesse. - C’est pas juste, mais c’est pas moi qui vais y changer grand-chose.
Déjà qu’ils ont créé cet endroit avec Sean, pour tous les médiums esseulés, bien que jusque-là ils n’ont pas vraiment eut l’occasion d’en accueillir, Keon garde espoir de pouvoir aider un jour quelqu’un, offrir l’aide qu’il n’a jamais reçu. Les coven ne pensent qu’à eux même, ils ne pensent pas à ceux qui sont seuls ou qui ne sont pas de leur “espèce”, il en va de même pour les meutes ou les essaims de vampires, ces concepts là échappent à Keon. Les espèces restent entre elles, pas étonnant que tout le monde se tire dans les pattes et malgré ça, les coven arrivent à se faire la guerre entre eux alors qu’il y a bien assez d’ennemis sur cette terre si le besoin de baston se présente…
Keon pivote pour attraper un livre imposant dont il préfère ne pas expliquer comment il a atterri ici, il le pose sur le bureau et lève le regard vers le sorcier, décidé à changer de sujet :
- Dis, tu sais lire ça toi ?
Un grimoire en langue ancienne sur les anciens esprits, des entités puissantes et des formules d’invocations pour de plus faibles, mais surtout cet ouvrage permettrait à Keon de mieux comprendre les différents esprits et leurs formes sur terre ou dans les limbes. - Pour l’instant j’regarde que les images, regarde lui par exemple, comme il est hyper moche !!!
Notre discussion tournait autour du monde magique et de la décision de révéler ou non cette connaissance aux simples esprits humains. Mon avis était tranché là-dessus, aucune ambiguïté. Il n’était pas raisonnable pour de nombreuses raisons de révéler notre existence, que ce soit les sorciers, médiums, dragons… Mon argumentaire était le même depuis toujours et ne changerait pas. J’écoutais les questionnements de Keon à ce sujet. Je pouvais tout à fait entendre qu’il veuille se faire connaître. Mais ses explications étaient plus innocentes de mon point de vue. Il était de bonne foi de croire que les humains avaient l’envie d’y croire sans tous vouloir nous faire du mal et user de la magie à de fins plus utiles.
« - J’entends très bien tes arguments Keon. C’est simplement que la nature humaine est trop imprévisible. Si c’est égoïste de ma part de préserver les miens d’une potentielle utilisation de notre magie à des fins politiques, de guerre, de conquêtes ou de tests scientifiques en tout genre alors j’assume de l’être pleinement. Sous ma régence, il ne sera jamais question de révéler notre existence, jamais. Et concernant les problèmes de famine, de maladie ou tout autres problématiques de ce type, le monde magique est également touché. La pauvreté touche tout le monde. Si un sorcier use de ses pouvoirs continuellement pour faire apparaitre de la nourriture, il s’affaiblira en usant de sa propre énergie, c’est tout à fait contreproductif. Le monde magique n’est malheureusement pas immunisé grâce à la magie. »
Je sentais mon ton un peu sec avec le jeune homme. Mais dès lors qu’un touchait un sujet sensible qui touchait les miens, que ce soit le coven ou ma famille, je m’emportais quelque peu. Rien de personnel contre Keon, bien au contraire, j’appréciais le jeune garçon. Je l’observa se retourner et attraper un vieil ouvrage. Il me montra quelques pages jaunies par le temps. La langue était très ancienne, je ne la lisais malheureusement pas. Je reconnaissais quelques sceaux et certains esprits sur les illustrations que j’avais déjà vu dans d’autres livres. Keon m’expliquait qu’il s’en servait plus comme un imagier, ce qui me fait sourire légèrement d’amusement.
« - Malheureusement je ne peux lire ce qu’il y a d’écrit. Je reconnais quelques esprits par les illustrations mais je ne pourrais me servir d’un tel grimoire. Il semble extrêmement ancien ! Où l’as-tu déniché?»
J’observais minutieusement le grimoire et manipulais méticuleusement les pages en glissant mes doigts sur les écritures pour sentir quels types d’outils avaient utilisé l’auteur pour écrire, et sentir par la même occasion une trace de puissance magique qui pouvait révéler l’identité de ce dernier. Un médium ? Un sorcier ?
Le médium est naïf, il ne connait pas le monde magique et ses rouages, les organisations qui sont dans l’ombre. Adulte et pourtant tellement enfantin à bien des sujets. Le médium n’ajouta rien de plus face aux propos du sorcier, il n’a pas envie de la fâcher, bien au contraire. Il serait assez triste qu’une telle chose arrive, il écoute les mots de l’homme aux cheveux gris. Ses paroles reposeront dans son cerveau pour faire évoluer ses pensées, prendre conscience peu à peu que les choses sont loin d’être aussi simples.
Le médium hoche doucement la tête, montrant qu’il a entendu les arguments, de toute manière, le petit exorciste n’a pas la prétention d’avoir le pouvoir de changer le monde !
Il opte pour changer de sujet. Présentant un livre mystérieux. - C’est… C’est une ancienne…
Comment qualifier Loraye ? Comment qualifier cet esprit qui lui a sauvé la vie ? Cet esprit qui a prise possession de lui avant qu’il ne manque de mourir. Cet esprit qui l’a manipulé à coup de “tu me dois la vie” pour le pousser à tomber dans l’art vaudou. Cet esprit qui a voulu l’empêcher d’être heureux avec Damaris, elle qu’il avait cru tout ce temps être son amie, cru en un amour possible entre eux… Il y aura du travail avant qu’il ne puisse l’oublier et se défaire enfin des sentiments d’infériorité qu’elle a cultivé dans son esprit torturé.
- Une amie qui est partie…
Cela semble correspondre sans faire poser trop de questions au sorcier.
- Elle a laissé ça chez moi.
Entre autre, mais ce livre lui a semblé intéressant, il a donc choisi de le conserver avec précaution, observant les images, se demandant ce que l’ancienne sorcière vaudou venu le hanter préparait en douce avec tous ces affreux ! - Est-ce que tu crois qu’il est dangereux ? J’veux dire… Un truc vaudou…
Ne manquerait plus que de se retrouver avec tous ces moches ici, ou même à Los Angeles, ce serait terrible. Peut-être qu’il doit détruire ce livre ! Il n’a pas vraiment eut le temps d’en parler avec son associé, il faut dire qu’ils ont eu beaucoup à faire, à des choses plus dangereuse qu’un simple livre.
- J’apprend encore…
Même si tout le monde semble convaincu de son talent, de son pouvoir, le médium a beaucoup d’énergie, de capacité, il lui manque cruellement du savoir. Beaucoup de retard à rattrapé, mais il ne manque pas de bonne volonté. Le médium a une part de honte, mais il doit prendre son mal en patience pour se mettre au “niveau”. - Tu crois que je dois m’intéresser à la religion ? Quand j’ai demandé cette épée au mariage d’Elisabeth et Albert, j’ai… Je suis pas certain de ce que j’ai vu… Il y avait tant de lumière que je n’ai plus vu pendant des heures. Pourquoi le Dieu des Anges m’a répondu alors que je ne l’ai jamais prié ? C’est quoi comme religion ?
Il n’a pas envie d’entrer en contact avec une nouvelle forme de religion, le vaudou est effrayant, la lumière qu’il a vu tout là-haut était magnifique mais insoutenable… Keon a la force du cœur, une force qui trouve son plan dans quasiment tous les cultes, il n’a pas besoin d’adhérer à l’une d’elle, mais le pauvre n’a pas vraiment idée de ce qu’il doit vraiment faire. Au cœur des magies, des éléments, communiquer trouve toujours le chemin vers lui.
Il soupire, défaitiste face à toutes ces questions qui s'imposent à lui.
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