Many a book is like a key to unknown chambers within the castle of one’s own self
J’étais seul dans la librairie. Quelques mois auparavant, cela m’aurait terrifié, mais aujourd’hui, je connaissais cette boutique comme ma poche, je pouvais trouver un livre avec beaucoup de facilité et comme on me l’avait demandé à la suite de mon agression, j’avais pris des cours d’auto-défense et j’avais toujours une petite fiole de poudre d’aconit à portée de main. Donc le fait d’être seul maître à bord aujourd’hui ne me faisait pas peur.
Je n’avais pas eu de nouvelles rencontres déplaisantes avec mon créateur, mais je m’étais tout de même rapproché de la meute de Renards-Garous de Los Angeles. L’accueil que j’y avais reçu m’avait rassuré et j’avais noué un bon contact avec l’Alpha. Elle n’avait rien à voir avec le monstre qui m’avait mordu, elle n’essayait pas de me forcer la main et elle m’avait simplement signifié que j’étais le bienvenu si je le souhaitais. Je n’étais pas encore tout à fait sûr de ce que je voulais faire, mais au moins, je savais que je n’étais pas seul.
Le matin s’était écoulé sans le moindre problème, quelques clients étaient venus faire des emplettes ou poser des questions sur tel ou tel ouvrage qui n’était pas en stock, mais aucun incident notable et j’avais pu aller à ma pause de midi l’esprit tranquille. J’aimais vraiment beaucoup mon métier et je serais toujours extrêmement reconnaissant à Maggie de m’avoir offert ce job. Être toute la journée au milieu des livres et être payé pour les vendre ou conseiller les lecteurs était assez proche de l’idée que je me faisais d’un travail de rêve. Et puis, dans les moments creux, je pouvais me poser avec ma tasse de thé et bouquiner ou griffonner des notes pour mon propre roman.
Après un rapide déjeuner dans un restaurant que j’aimais beaucoup, je revins à la librairie et la rouvris pour l’après-midi, sans arrêter de sourire comme un bienheureux. Cette journée se passait sous les meilleurs auspices et j’avais hâte de voir débarquer les premiers clients de l’après-midi. J’avais toujours un sourire pour ceux qui venaient dans la boutique, même quand je n’allais pas bien. Comme le disait ma mère, « un sourire, ça ne coûte rien, mais ça rapporte beaucoup. ».
Je finis par entendre la cloche de la porte d’entrée sonner, posai mon exemplaire de L’Apprenti de l’Epouvanteur et me mit donc à sourire doucement, attendant de voir qui était mon premier client de l’après-midi.
I lived in books more than I lived anywhere else.Ciàran & Anthony
Samedi serait l’anniversaire de sa petite soeur Delyth, la plus jeune de leur fratrie, il voulait lui préparer une fête sympa, elle le méritait. Delyth est une personne adorable, tellement gentille et douce, même s’il ne faut trop la chercher non plus. Contrairement à lui, elle n’aime pas la violence, les combats, comme son autre soeur, elle n’apprécie guère son mode de vie. Bien sûr, il leur à épargner le fait qu’il deal de la drogue et fricote avec la mafia. Contrairement à leur ainé, Delyth ne lui a jamais fait de sermon, respectant son choix de vie, même si cela ne lui plaît pas, tant que cela le rend heureux, c’est ce qu’elle lui a dit. Si seulement sa soeur ainée pourrait être du même avis, elle avait sa vie si propre et bien rangée.
Tout cela est souvent source de conflit entre eux, mais la famille reste la famille. Quoi qu’il arrive, il sera toujours là pour elle, pour veiller sur elle comme le frère ultra-protecteur qu’il est, mais aussi à les couvrir de cadeaux aux anniversaires. Cela fait partie des coutûmes humaines qu’il apprécie et tous l’ont vite adopté. C’est l’occasion de faire plaisir tout en passant un bon moment en famille. Alors qu’il était chez lui, il réfléchissait au cadeau qu’il pourrait offrir. Sa benjamine a un tempérament d’artiste, elle peint, dessine beaucoup et confectionne ses propres bijoux, ce qui l’a amené à ouvrir d’ailleurs une bijouterie. Il sait aussi qu’elle aime lire, ainsi se dirait-il qu’un livre pourrait faire l’affaire. Il faudra aussi qu’il passe acheter un gâteau. S’il savait cuisiner il aurait bien fait le gâteau lui-même, mais il n’a vraiment aucune expertise dans le domaine.
Il sortit donc pour se rendre en centre-ville, il savait que Margaret tenait une librairie en ville, il y serait bien allé plus tôt, mais il lui avait bien dit, les livres ce n’est pas son truc. Il a besoin de sa dose d’action, d’être entouré de monde, de sentir cette effervescence. Oui, pour un dragon il n’est pas du genre solitaire. Il l’était à ses débuts dans ce monde d’humains, mais au fil du temps, il a trouvé sa place et pris en confiance. Une fois devant, il regarda un moment l’enseigne et se dirigea vers la porte. A son entrée, la clochette émit un petit son, il jeta un coup d’oeil à l’intérieur, il était le seul dedans. Il avança vers un premier rayon sans trop savoir où poser ses yeux, il y avait tellement de livres ici.
Il croisa le regard d’un jeune homme, visiblement un employé de la librairie, qui lui sourit. Il lui rendit son sourire à son tour, retourna son attention sur l’étagère pleine de livres. Non, il y passerait des heures ici avant de trouver un bon livre pour sa jeune soeur, autant demander l’avis d’un connaisseur. Il s’avança finalement vers le jeune homme.
«Bonjour, peut-être pourriez-vous me renseigner. Je cherche un livre...Pas pour moi, mais pour ma soeur, c'est bientôt son anniversaire et je sais qu'elle aime beaucoup lire».
Many a book is like a key to unknown chambers within the castle of one’s own self
L’homme qui entra dans la librairie ne m’était pas inconnu. Comment aurais-je pu oublier un si bel homme, d’ailleurs ? Mais j’étais incapable de me rappeler où je l’avais vu. Ce n’était pas un habitué de la librairie, ça c’était sûr, mais je savais que je l’avais déjà vu quelque part. Oh, ça me reviendrait !
Je lui souris doucement quand il arriva vers moi et écoutai sa requête avec attention. Il venait donc chercher un livre pour quelqu’un. Il avait bien raison, les livres étaient un excellent cadeau à faire pour qui aimait lire. Cela me ravissait de savoir que certaines personnes appréciaient toujours les ouvrages en tant qu’objets et non seulement pour le texte qu’il contenait. Je n’avais rien contre les liseuses et caetera, mais pour moi, rien ne remplaçait le charme du papier. Ètre assis dans un fauteuil, un plaid sur les épaules et une tasse de thé dans la main, en train de tourner les pages d’un bon roman, voilà l’image même d’une bonne soirée pour moi. Un peu plus bas dans la liste, il y avait me blottir contre un beau jeune homme, mais cette pensée m’éloignait du sujet.
« - Bonjour et bienvenue à la librairie MacLochlainn ! Alors pour vous renseigner, j’aurais besoin de savoir son âge ou sa tranche d’âge, si demander son âge est trop indiscret, et ce qu’elle aime lire, si vous savez. »
Je n’allais pas conseiller un roman érotique pour une mineure ou un roman pour enfant à une adulte, comme je n’allais pas suggérer un roman fantasy à quelqu’un qui y était hermétique. Mes goûts personnels en matière de littérature n’étaient pas très variés, mais je lisais les avis des lecteurs, des distributeurs et des éditeurs pour les genres que je n’aimais pas lire, comme les polars ou les drames. J’aimais conseiller les clients qui venaient à la librairie et il était difficile de le faire sans s’intéresser a minima à ce qui se faisait en ce moment.
I lived in books more than I lived anywhere else.Ciàran & Anthony
Même après toutes ces années, il restait le même grand frère ultra-protecteur et il le serait toujours et encore il l’était bien plus avant. Alors qu’ils venaient de perdre leur parent et erraient dans ce monde dans ce nouveau corps, ce corps d’humains, ils étaient tellement nerveux qu’il surveillait le moindre des faits et gestes. Malgré ça, ils étaient tombés sur de mauvaises personnes et sans l’intervention de son ami elfe blanche ils y seraient encore. C’est elle qui l’avait appris à lâcher un peu du leste, de leur laisser vivre leur propre vie. Ce qu’il a fait et au fur et à mesure des années, chacune à réussi à trouver sa voie, lui aussi.
Ils ont pris des chemins bien différents et malgré les frictions qu’il peut y avoir de par leurs divergences d’opinions et de modes de vie, ils ont sont toujours une famille. Enfin des frictions, il y en a surtout avec sa soeur ainée. Ils sont tellement différents, elle avec sa petite vie bien rangée n’a jamais supporté qu’il vive une vie si «frivole et douteuse» pour reprendre ses mots. La cadette a toujours été prise entre eux, restant neutre sûrement pour ne contrarier ni l’un ni l’autre, mais aussi parce qu’elle respectait les choix de vie des deux. Raison de plus qui le pousse à se rattraper en lui faisant plaisir pour son anniversaire. Elle aime livre, son appartement y est d’ailleurs rempli d’un tas de bouquins, entre autres. C’est une artiste donc on appartement regorge de merveilles en tous genres.
Il était donc entré dans cette librairie, espérant y trouver une de ses amies qui pourraient le renseigner, mais elle ne semblait pas là. A la place c’est un jeune homme très aimable qui vint vers lui pour lui proposer son aide, mais pour cela il avait besoin de quelques informations.
«Elle a 32 ans, elle tient une bijouterie. C’est une véritable artiste à l’imagination débordante, une vraie rêveuse. Je sais qu’elle raffole de récits fantastiques». Dit-il, un sourire aux lèvres.
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Décidément, rien à faire, je l’avais vraiment déjà vu quelque part, mais où ? Comment j’avais pu oublier où j’avais rencontré cet Apollon ? Je ne me souvenais pas lui avoir déjà parlé, mais sa voix me disait quelque chose. Est-ce qu’il s’était adressé à moi et mon cerveau avait décidé d’une déconnexion intempestive ? C’était tout à fait possible, je n’étais de loin pas l’homme le plus sûr de soi de Californie. Même pas de mon quartier en fait. Non, même dans mon appartement, mes chats avaient plus d’assurance que moi.
Donc mon client cherchait un livre pour une artiste rêveuse, imaginative, aimant la fantasy ? J’eus un sourire et lui fit signe de me suivre. Quand elle m’avait engagé, ma patronne m’avait confié la gestion de la section « SF/Fantasy » de la librairie et quand je ne devais pas tenir la caisse, je passais le plus clair de mon temps là-bas à placer les nouveaux arrivages, replacer les livres que les clients remettaient au mauvais endroit ou simplement m’assurer que tout allait bien et était accueillant pour les gens. Je passais tellement de temps là-bas que certains de mes collègues surnommaient cette section « le terrier du renard ».
« - Si votre sœur est amatrice de fantasy, je vais présumer que les sagas comme « le Seigneur des Anneaux », « Harry Potter » et « Narnia » sont à rayer des possibilités. À moins qu’elle aime les belles éditions ? Nous en avons quelques-unes »dis-je en parcourant les rayons des yeux, lisant rapidement les titres, un doigt déjà levé pour attraper le premier livre qui m’inspirerait.
Sans même attendre sa réponse, je sortis quelques ouvrages que j’avais lus et aimés, des classiques comme des moins connus. Je ne savais pas ce que la sœur de mon client avait dans sa bibliothèque, alors je pris plusieurs bouquins, faisant un rapide résumé au jeune homme avant de reprendre ma recherche. Le beau gosse m’avait lancé sur un sujet dans lequel je pouvais me perdre pendant des heures et des heures et était sans doute en train de le regretter.
Me rendant soudainement compte que je m’étais clairement laissé emporter, je me tournai vers mon client en rougissant de honte et en toussant doucement pour cacher mon malaise.
« - … mais si vous préférez ou que vous craignez que votre sœur ait déjà lu les livres que je vous ai proposés, nous faisons aussi des bons-cadeaux. »
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S’offrir des cadeaux et bien une coutume humaine, mais ses soeurs et lui l’ont tout de suite vite adopté. A vrai dire c’est sa petite soeur qui a initié l’idée il y a bien longtemps. Elle avait observé deux personnes en faire de même et curieuse avait demandé ce qui se passait. Elle qui avait toujours voulu trouver un moyen de le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour les protéger et qu’elles aient de quoi se nourrir depuis qu’ils ont cette apparence humaine. Ainsi, cela avait été la première à offrir un cadeau, puis ils avaient ensuite décidé que désormais ils fêteraient les anniversaires de chacun. Avec le temps, ils avaient chacun pris une direction différente dans leurs vies, les éloignant un peu, mais ils étaient toujours là l’un pour l’autre.
Il sait aussi que cela faisait plaisir à sa cadette, donc il prenait le soin de maintenir cette tradition. Malgré ça, chaque année, il peinait à trouver une idée de présent à lui offrir, il connaissait ses goûts, mais pour autant comme elle a des goûts bien différents des siens, se mettre à la place d’une personne est bien compliqué. Heureusement, le jeune homme en face de lui semblait bien s’y connaitre, il le trouvait calme et patient et cela se voyait qu’il aimait son travail, du moins il aimait les livres.
Il avait noté cette petite étincelle dans ses yeux lorsqu’il avait abordé le sujet de tout l’univers fantasy. Il devrait peut-être dire à sa cadette de passer ici un de ses jours, ils devraient bien s’entendre, ils les voyaient bien là discuter pendant des heures de leurs ouvrages préférés. Comment pourrait réagir le jeune homme en sachant qu’il est en face d’un dragon en ce moment même ? Cette pensée l’amusa, mais bien sûr il n’allait rien lui dévoiler. Même s’il n’est pas vraiment du genre à respecter les règles, il comprend l’importance de respecter le secrets, sinon on se mettrait à les exterminer tous, alors que beaucoup d’entre eux sont innocents et cherchent juste à vivre une vie tranquille. Enfin, il écouta attentivement le jeune homme qui avait pris le temps de sortir quelques livres et de lui en faire un résumé pour chaque. Puis il s’arrêta, raclant sa gorge l’air gêné.
«Non, ça ira. D’après les résumés que vous m’avez vu, j’ai pu voir qu’elle n’a pas lu ce livre-ci et celui celui-ci, du moins elle ne m’en a jamais parlé. Je vais prendre ça donc, merci pour vos conseils. Je lui dirais sûrement de passer ici, je suis sûr qu’elle adorera votre boutique. Vous m’avez l’air d’un vrai passionné, est-ce par l’univers fantasy ou les livres en général ?»
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