Les enfants étaient arrivés depuis peu pour le fameux dîner. Penelope les avait reçus chaleureusement. Elle était toujours la plus apte à le faire de nous deux. Elle avait présenté Lyanna comme « l’Amie » de Karl. Je savais que son terme avait été choisi avec adresse, mais Karl rectifia le tir immédiatement en parlant de sa « petite amie » et non d’une « Amie ». J’étais stupéfait de voir tant de fierté dans l’attitude de mon fils. Cela le rendait encore plus « grand ». C’étaient dans ce genre de moments que je constatais qu’il grandissait si vite…
J’attrapa ensuite la main tendue de Lyanna. Je sentie dans sa poigne une forte pression à laquelle j’y répondais sans vouloir en faire trop pour ne pas lui faire mal bien sûr. Je trouvais la jeune sorcière très charmante, et qui plus est ne manquait pas de courtoisie avec Penelope et moi.

« -Appelez moi Arthur, Lyanna, ça suffira amplement. »

Une fois dans le salon, j’avais proposé un petit apéritif avant de passer à table. J’avais déjà commencé à sortir le verre pour l’Amaretto de Peny. Quant Karl, il était venu prendre de lui-même la bouteille de whisky pour en faire une base avec du soda.  Je lui conseillais cependant de prendre une autre bouteille que celle qu’il avait choisi.

« - Tut tut, pas celui là mon grand. Il risque d’être trop fort dans votre mélange. Prends plutôt cette bouteille. »

Je lui tendis la bouteille et lui laissais faire ses dosages en observant tout de même du coin de l’œil la dose qu’il faisait couler dans le verre. De mon côté je préparais le verre de ma chère Peny ainsi que le mien.
J’acquiesça ensuite aux mots de Karl concernant ma présence avec un léger sourire.

« - Ah, si je pouvais être plus souvent là pour vous… » lui murmurais-je amèrement

Mais je me laissais trop absorber par le travail sans vraiment m’en rendre compte, car je me sentais sans doute d’une part redevable envers le régent actuel, et d’autre part responsable du coven. J’aimais réellement ce que je faisais au travail, même malgré les lourdes responsabilités ou des situations parfois compliquées.
Karl se mit à plaisanter quant au dîner que sa mère s’était chargée de faire elle-même.

« - Tu la connais, elle s’est donnée pour que tout soit parfait. Heureusement qu’on a commander quelque chose chez le pâtissier, autrement je ne l’aurais pas vu de la soirée d’hier. »

En parlant de Penelope, elle était revenue avec les amuses gueules comme promis. Je me tenais près d’elle, attendant qu’elle s’asseye en première par galanterie. Je lui tendis ensuite son verre.

« - Tiens ma chérie. »

J’écoutais l’histoire de Lyanna. J’étais peu sensible quant aux gaffes que pouvaient faire d’autres étudiants. J’espérais mieux de Karl que de faire de telles idioties. J’espérais pour lui un brillant avenir et étudier comme il se devait pour cela.
Une fois tous réunis et les verres servis, Karl proposa de porter un toast. Ses paroles provenaient du coeur et étaient touchantes, même si cela ne se voyait pas sur mon visage. J’étais surpris d’une part et fière d’être pris en exemple comme « source d’inspiration ». Quant au reste de son discours je voyais sa petite amie également émue par les mots de Karl. Je n’avais manqué de remarquer également l’émotion de Peny, à qui je posa une main sur dans son dos.

« -  Merci Karl pour ton toast, il était très bien. » disais-je après avoir pris une gorgée de mon verre de whisky pur.

Nous entendions soudain la sonnette de l’entrée. Lyanna accourra à la porte. Je me posais la question de si nous attendions du monde, ou bien une surprise de la jeune sorcière. Après quelques secondes de suspens, elle revenait avec une boîte de chocolats. Je regardais brièvement cette boîte que me tendit Penelope pour me la montrer avant d’aller la déposer non loin des boîtes de thés dans la cuisine.  

« - Merci Lyanna, c’est une belle attention. Hum, je crois que ceux-là vont te plaire Peny chérie. » pointant du doigt une rangée de chocolats pralinés.

Je trouvais la petite-amie de Karl de plus en plus charmante. Elle était distinguée et avait une conduite mature pour son âge. J’étais heureux pour Karl qu’il fût tomber sur une jeune fille tant agréable que réfléchie.
Nous avions ensuite commencé les amuses gueules de Peny, qui encore une fois étaient succulents.

« - Alors Lyanna, qu’appréciez-le-vous plus à l’Académie? il y a une spécialité qui vous attire particulièrement déjà? Je sais qu’on ne vous montre pas encore toutes les possibilités dans les premières années d'étude qu’on puisse avoir, mais vous avez déjà peut être une préférence ? »
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Moi nerveuse pour cette soirée ? Peut-être un petit peu. Je désirais absolument que les moindres détails soient parfaitement exécutés. Je ne laissais rien au hasard. Je voulais que chaque détails soient parfaits pour Lyanna. Je ne savais pas pourquoi je me mettais une telle pression. J’avais sans aucun doute peur qu’Arthur ne l’aime pas. Au final, il était totalement à l’aise avec la jeune fille et semblait l’apprécier. J’étais heureuse de voir les amoureux totalement à l’aise et je prenais délicatement le verre que m’offrait mon mari en le dévorant légèrement du regard comme j’en avais l’habitude. J’étais assise et j’écoutais le toast que portais mon fils. Les larmes me vinrent aux yeux. Il était si amoureux. J’essuyais le coin de mon œil en prenant une gorgée de mon verre. Oh mon petit garçon était un petit homme maintenant.

- Oh mon chéri c’était si beau.

La main de mon mari allait dans mon dos et je me sentais immédiatement enveloppée. La sonnette de l’entrée retentissait d’un coup et j’haussais un sourcil. J’espérais fortement que ce n’était pas un message ou quelqu’un de Red House. J’allais clairement lui dire ma façon de penser pour nous déranger de la sorte durant une soirée en famille. Heureusement, Lyanna se levait pour revenir avec boîte de chocolat qu’elle me tendait. Je regardais les gourmandises avec le sourire après avoir posé mon verre. Je ne voulais pas échapper mon amaretto.

- Merci beaucoup Lyanna. J’ai toujours eu un petit faible pour les chocolats.

Je donnais la boîte à Arthur qui pointait immédiatement les pralinés. J’étais un peu gourmande à ce niveau et je prenais un des chocolats de la rangée avant de le laisser fermer la boîte.

- Il faut bien que quelqu’un se sacrifie pour contrôler la qualité.

Je laissais Arthur parler à Lyanna et ma main allait reprendre mon verre alors que celle libre se posait sur la cuisse de mon mari avec douceur. Je regardais également mon fils du coin de l’œil qui ne semblait avoir des yeux que pour sa petite amie. Je repensais à mes années de scolarités. Matthew avait été plus que présent à cette époque et maintenant il semblait s’éloigner de plus en plus sans que je ne comprenne pourquoi. J’allais devoir le questionner en temps et lieux.

- Dans tous les cas, je suis certaine que ce n’est pas la botanique ou les potions. Elle a des mains parfaites.

J’avais toujours les doigts dans la terre. Je portais des gants, mais parfois ce n’était pas possible à cause de la délicatesse dot nous avions besoin pour extraire certaines graines des bulbes. Je prenais un amuse-gueule pour écouter plus attentivement la réponse de Lyanna.

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Jamais, du moins aussi loin qu’il ne s’en souvienne, Karl avait présenté une fille à ses deux parents réunis. Evidemment Penny (au vu de sa relation exclusive avec son fils unique) avait déjà rencontré certaines de ses copines. Quant à Arthur, c’était une grande première. Et c’est peut-être pour cela, même si rien ne semblait paraitre de prime abord, que le jeune Fitz était disons-le légèrement anxieux. Cette rencontre était importante, Karl voulant obtenir la bénédiction de son père, qu’il estimait plus que quiconque, mais qu’il savait rigoureux sous bien des aspects. Quelle ne fut pas sa surprise (heureuse de surcroît) lorsque l’éminent sorcier de Red House, proposa de l’alcool. D’abord décontenancé, son fils fini par accepter, mais avec du soda pour atténuer le goût prononcé du Whisky. Lily elle aussi surprise, opta pour la même préparation. Arthur, bienveillant leur conseilla toutefois un autre Whisky moins fort en bouche.

« -D’accord. Merci. » lança l’adolescent en prenant la bouteille désignée tout en donnant quelques consignes à Lyanna qui voulait aider. « - Tu es mon invitée Lily et il est hors de question que tu fasses quoi que ce soit. Même si je sais que tu es contre cette alternative. Allez mademoiselle Johnston prenez place ! » lança-t-il avec douceur et un peu plus à l’aise tandis que Penelope s’enquit de la semaine. Karl, ravi de voir que le courant passait toujours aussi bien entre les deux sorcières, laissa sa petite amie prendre la parole pour évoquer une anecdote qui l’avait bien fait rire la première fois. « - J’espère ne pas me transformer en roseau à mon tour l’année prochaine. » De son côté, il avait pris les devants et avait déjà quelque peu délaissé la théorie pour la pratique et maîtrisait de ce fait quelques formules (assez pour ne pas finir en roseau.) Cette pensée le fit sourire tout comme l’attitude d’Arthur qui faisait montre d’un visage bien plus avenant et d’une présence qui faisait plaisir à son fils.

Lily l’aida ensuite avec les verres et ce malgré les consignes de son sorcier qui ne pouvait se résoudre à lui en tenir rigueur, elle qui voulait si bien faire. Et sûrement pour la récompenser et lui signifier aux yeux de tous son amour, le jeune sorcier d’ordinaire réservé prit la parole pour porter un toast, sous le regard de ses parents et plus encore d’une maman émue jusqu’aux larmes. Il chercha l’appui de son père, qui n’était pas du genre démonstratif, mais qui le félicita néanmoins pour son discours. « - Merci papa ! » Puis il posa son regard sur Lyanna. « - Je le pense vraiment ma belle. Donc non rien n'est trop pour toi. » La demoiselle remercia ensuite Monsieur et Madame Fitzgerald pour l’invitation avant que la sonnerie ne se fasse entendre, provoquant l’étonnement de tous. Sans se faire prier, la belle Lyanna quitta la table pour aller ouvrir. « - Je crois que c’est pour vous. » lança fièrement le jeune sorcier à ses deux parents avant que sa petite amie ne refasse son apparition les bras chargés. Il n’en fallut pas plus à Karl pour comprendre que c'était « gagné » et qu’en usant de toutes ses attentions à l’encontre de Penelope et Arthur, la jeune Lyanna avait marqué pas mal de points.

Chacun reprit ensuite sa place et ils purent tous goûter les amuse-bouches préparés avec amour par la maîtresse de maison, tandis qu’Arthur cherchait à en apprendre davantage sur Lyanna, là où Penny semblait émettre de première théorie. « - Maman, ne t’en fais pas, je vais perpétuer la tradition. D’ailleurs, il me tarde d’être en troisième année pour prendre une option renforcée en potion. » Car oui, tout comme sa mère avant lui, le jeune Karlito excellait en potion. « - C’est délicieux au passage maman. » La soirée se passait à merveille, si bien que l’adolescent se laissa aller à entrevoir l’avenir avec plus de sérénité.

Etait-elle émue par tant de démonstration d’Amour de la part de son petit ami ? Bien entendu. Le sourire ne quittait plus les lèvres de l’adolescente tandis que son amoureux lui faisait comprendre combien il l’aimait.

- Je t’aime tellement, murmura-t-elle discrètement à l’attention de Karl.

Les chocolats arrivèrent et semblèrent faire plaisir aux parents de Karl, si bien que Penelope en goûta un, ce qui fit plaisir à Lyanna, ravie de ne pas s’être trompée. Le ballet des questions commença gentiment, la jeune fille s’y était préparé, quels parents ne bombardaient pas de questions les amis (ou plus) de leurs enfants ? Elle savait que les siens feraient pareil le jour où ils rencontreraient Karl. Néanmoins, Arthur semblait moins impressionnant qu’elle ne s’y attendait, étant ainsi en famille, mais Lily gardait à l’esprit la grande place qu’il avait au sein de son coven. D’ailleurs, il été de notoriété publique que les Johnston étaient depuis toujours affiliés à la magie blanche et elle espérait que ce détail ne viendrait pas mettre à mal ce que les parents de son amoureux pensaient d’elle.

- Ce que je préfère ? Oh c’est difficile à dire, j’aime tellement de choses. J’aime absolument toutes les matières qui ont trait à la magie, un peu moins celles du circuit classique. Et que dire de la bibliothèque, elle est fascinante !

La remarque de la maman de Karl la fit rire.

- Pourtant si, j’aime beaucoup les potions. Et les incantations aussi. Je connais déjà presque toutes les formules du grimoire de première année. Il paraît que le prof laisse les meilleurs élève les pratiquer au troisième trimestre, j’espère en faire partie.

Car les élèves de première année ne pratiquaient pas réellement avant la deuxième année. Mais Lily avait déjà un peu triché, notamment ce fameux samedi matin où Karl et elle étaient finalement sortis ensemble. Karl alors rassura sa mère sur ses goûts à lui pour la matière concernée.

- Karl a d’ailleurs eu la meilleure note de sa classe au dernier contrôle de potions rendu hier, c’est pas vrai mon chéri ? demanda-t-elle avec enthousiasme en se tournant vers lui.

Puis, elle continua de répondre à Arthur.

- J’aime aussi beaucoup l’étude des familiers. Il me tarde de pouvoir appeler le mien.

Ses quinze ans n’étaient plus dans très longtemps maintenant, mais la prochaine lune de sang n’était qu’au mois de janvier. Encore deux mois et demi à attendre.

- Karl m’a présenté Maze la semaine dernière, ajouta-t-elle avec un grand sourire.

Puis, elle chercha machinalement du regard où pouvaient être ceux de Penelope et Arthur. Chez ses parents, les familiers avaient une place à part entière et elle les avait toujours vus, à tout moment de la journée avec eux la plupart du temps. Quand elle été en bas-âge, il n’était pas rare de l’aigle de son père et l’hermine de sa mère jouent avec elle ou la surveille alors qu’elle s’amusait dans le jardin.
Suivant l’exemple de son petit ami, la brunette prit un petit four préparé avec soin par madame Fitzgerald. C’était joli, à tel point qu’elle hésita quelques secondes avant de le porter à sa bouche. Penny était une incroyable cuisinière, même l’apéritif était délicieux.

- Madame Fitzgerald, vous êtes une cuisinière remarquable. Je l’avais déjà constaté la semaine dernière.

Elle eut un petit sourire amusé en se demandant comment avec une si bonne cuisine, Karl pouvait être un tel hérétique à se délecter d’ananas sur une pizza. Elle lui lança un regard complice, espérant qu’il comprendrait ce à quoi elle pensait. Ils étaient si souvent sur la même longueur d’onde malgré le peu de temps que durait leur relation, qu’elle n’en doutait cependant pas. Puis, elle reprit une gorgée du cocktail préparé avec amour par son Karlito chéri.

La soirée avait plutôt bien commencé. J’avais en face de moi la petite amie de Karl qui me parlait de ses préférences quant aux matières proposées à l’académie. En outre son désir de découvrir tous les aspects de la magie, j’appréciais aussi son caractère très spontané et naturel. Je l’écoutais avec attention pour apprendre à mieux la connaître.

« - C’est fabuleux si vous vous épanouissez dans vos études Lyanna. Je comprends votre soif de savoir, j’étais un peu comme ça étant jeune. Le plus important reste la rigueur, ça vous fera avancer dans beaucoup de domaines. » disais-je en levant mon verre pour y prendre quelques gorgées.

Je me servi également en amuse-gueule qu’avait préparé Penelope. J’en goutais un, et sans grande surprise, il était excellent.

« - C’est très fin Peny, vraiment très bon. »

Mon attention se portait de nouveau sur les enfants. Lyanna déclarait adorer apprendre des incantations ainsi qu’étudier l’art des potions. J’eu un léger rictus en pensant à Penelope, qui je savais, adorait ça également. Cette jeune sorcière me semblait bien polyvalente dans le domaine de la magie. Karl déclarait à son tour vouloir de son côté prendre une spécialité en troisième année en potion. Il était consciencieux dans ses études et c’était quelque chose de nécessaire pour l’étude des potions.

« - Je trouve que c’est un excellent choix Karl. Tu apprendras certainement des potions plus élaborées dans tes cours de ta spécialité que tu n’aurais pas vu si tu ne la prenais pas. Et puis, même si tu te débrouilles très bien tout seul, ta mère serait là pour t’aider si besoin.» lançant un regard taquin à Penelope.

Lyanna reprit la parole, parlant de Karl et l’appelant « mon chéri ». Ce me faisait tout drôle d’entendre une autre personne que Penelope appeler notre fils ainsi. Surtout que Karl et Lyanna étaient encore très jeunes en fin de compte. Elle parla ensuite de son attrait pour l’étude des familiers et de sa rencontre avec Maze.

« - C’est vrai qu’il est bien plus gros que nos familiers respectifs à Penelope et moi, mais c’est un bon compagnon pour Karl. Ils ont l’air de bien s’entendre. Je me trompe Karl ? J’imagine que vous avez hâte Lyanna de découvrir le vôtre ?
De mon côté, je me suis rendu compte que le corbeau qui me suivait depuis des jours était en fin de compte mon familier. Il attendait que je comprenne cela avant de prendre la parole avec moi, plutôt original sa façon de m’aborder. »

J’avais eu le mien à l’adolescence, comme la plupart des sorciers. Il s’était montré sous les traits d’un petit corbeau noir. Il était de nature discrète. Je pensais à de la timidité au début, mais non, il était comme ça, à se tenir un peu à l’écart.
Je pris mon verre et finissais le quelque fond de whisky qu’il restait dedans. Je repris également un des derniers amuses gueules restant. Ils étaient si bons qu’ils avaient disparu vite du plateau.

Ils étaient tellement mignons ensemble. Ce beau petit couple d’amoureux. Nous aurions sans aucun doute été ainsi si nous nous serions croisé à l’académie Arthur et moi. Nous nous étions rencontré plus tard cependant. Je ne regrettais pas mon choix. L’amour que je portais pour le père de mon fils était sans limite. Karl mentionnait vouloir prendre un cours renforcée en potion. Je posais ma main sur la sienne avec douceur une fraction de seconde avant de prendre un autre chocolat. Arthur me retirait ensuite la boîte gentiment. J’avais un faible pour le sucre. Je n’y pouvais rien!

- Tu me le paieras Arthur Fitzgerald… Merci Karl. Tu sais combien j’adore cuisiner pour ceux que j’aime. C’est un peu comme faire des potions.

Oh oui, j’allais gentiment me venger en le faisant languir durant quelques jours sans câlins. Mon regard voulait tout dire et il le comprenait parfaitement. Je ne pouvais me retenir de sourire lorsque la conversation déviait vers les familiers. J’aimais tant les familiers. Je prenais un immense soin des nôtres. Ma petite Sophie avait un panier dans notre chambre et le corbeau de mon mari veillait sur elle. Je crois qu’ils s’aimaient aussi profondément que j’aimais mon époux. Le corbeau veillait sur elle. Je partageais beaucoup de chose avec Sophie. Évidemment, je l’entendais en sourdine. Elle était dans la pièce. Elle aimait beaucoup Maze et dormait parfois dans son pelage lorsqu’elle avait froid sous le regard vigilant de l’oiseau.

- Parlant de familier, je reviens dans une petite seconde.

J’allais dans la cuisine. Sophie était sur le plan de travail et mangeait un morceau de pomme. Je caressais le corbeau avec douceur au passage en souriant avant de poser une main à plat.

- Il est temps que tu rencontres Lyanna... Où est Maze ?

«Oh oui! Elle est tellement gentille et jolie! Tu crois qu’elle me laissera son foulard pour que je puisse faire une sieste? Pour Maze, je ne sais pas ... J'espère qu'il ne ronge pas les chaussures d'Arthur.»

- Tu ne manques pas d’air toi petite coquine. Nous verrons si elle accepte. Tu viens avec nous, j’espère Cornélius?

Le corbeau nous suivait immédiatement et allait se percher sur le rebord de la cheminée. Sophie était dans le creux de ma main et je m’installais en voyant que les petits fours étaient pratiquement tous partie.

- Est-ce qu’ils vous nourrissent à cette académie au moins? Lyanna, je te présente Sophie. Elle mourrait d’envie de te rencontrer.

Je prenais doucement la main de l’adolescente et je glissais ma souris dans sa main. Sophie regardait tour à tour Karl et ensuite Lyanna avant de se mettre sur ses pattes arrière en reniflant pour la regarder.

«Ah oui! Ils sont beaux ensemble! Je peux rester pour le repas?»

- Sophie vous trouve très beaux ensemble Karl et toi. Je propose que nous passions à table. Tu peux la garder près de toi si tu le désires Lyanna.

Sophie se trompait rarement sur la nature des gens. Si elle appréciait Lyanna c’était une excellente chose. Je me levais après avoir terminé mon verre, et je me rendais à la cuisine avec le plateau vide et rempli de verres sales. Je ferai la vaisselle plus tard. La table était bien mise pour mes invités. J’avais cuisiné une ratatouille et des pâtes pour l’occasion. L’odeur était divine et se rendait jusque dans la salle à manger.

«Ne te brûle pas en sortant le plat du four Peny!»

La soirée se passait « merveilleusement » bien et même si Karl n’en avait point douté, en avoir la confirmation acheva de le rassurer. Et comble de la joie, Lyanna semblait marquer des points auprès d’Arthur, ce qui n’était pas négligeable pour le jeune Fitz. « - Trouver sa voie est aussi très important. » se permit-il d’ajouter à la suite de son père en goutant lui aussi l’une des petites préparations de Penny. Et il fallait le reconnaître, Penelope Fitzgerald était incontestable une hôtesse de talent doublée d’un excellent cordon-bleu. « - C’est vraiment super bon, maman. » Tellement qu’il devait le lui faire entendre en l’affublant d’un doux sourire.

Ils continuèrent toutefois à parler étude, un domaine dans lequel Lyanna excellait tout autant que Karl. D’ailleurs, ils se poussaient mutuellement, si bien que les bonnes notes de l’un causaient la fierté de l’autre. De ce fait, Lily ne manqua pas de mettre en exergue la dernière note de son « chéri. » Une appellation qui parut soudainement étrange aux oreilles de Fitz junior qui avait l’habitude de l’entendre de la bouche de Penny. Il posa donc un furtif regard sur elle, pour s’assurait que cela ne l’offusquait pas d’entendre une autre personne se servir de ce surnom. Et de toute évidence, le sourire radieux qui paraissait sur ses lèvres, laissait présager une acceptation en bonne et due forme.

Ils parlèrent ensuite « familier » un sujet qui, Karl le savait, fascinait Lily, toujours en attente du sien. « - Maze est excessivement protecteur avec moi. Il faut avouer que notre première rencontre ne s’est pas faite sous les meilleurs auspices. Mais il est aussi de bons conseils et je me sens bien en sa compagnie. J’aime son empathie et le fait qu’il n’est pas sa langue dans sa poche. Et de ce que j’entends, il aime les compliments. » Le loup n’était pas loin, Karl le sentait. Il évoluait sûrement dans l’ombre comme toujours, tout en gardant un œil bienveillant sur son sorcier. « - Je suis sûr que le tien ne sera tardé Lily. » Penny en profita pour s’éclipser en cuisine et ramena avec elle Cornélius et Sophie, respectivement le corbeau d’Arthur et la petite souris de Penelope. « - La famille est quasiment au complet. Maze ! Viens ! » Le loup ronchonna légèrement avant d’entrer à son tour dans la pièce. « - Ah bah tu vois quand tu veux ! »

« Tu as de la chance que je l’apprécie ta chérie ! »

« -Ah ! Il vient de me dire que j’ai de la chance qu’il apprécie ma chérie. On dirait que tu as passé l’étape de la validation des familiers et je suis prêt à parier que tu as aussi passé celle des parents. » Il échangea un regard complice avec sa mère avant que cette dernière ne propose de passer à table. Ce qu’ils firent gaiement, Karl en profita d’ailleurs pour glisser sa main dans celle de Lyanna. « - Promis, il n’y aura pas de pizza ananas poulet. Je suis le seul hérétique de la famille. » laissa-t-il entendre près de son oreille en prenant place à ses côtés. L’odeur qui émanait de la cuisine était divine, comme à chaque fois que Penny œuvrait aux fourneaux. Cette soirée était merveilleuse et Karl ne boudait pas son plaisir. « - Donc bienvenu dans la famille Fitzgerald » se risqua-t-il à faire entendre au retour de sa mère.

Les parents de Karl étaient vraiment adorables. Lyanna l’avait constaté pour Penelope, mais elle apprenait désormais à connaître Arthur. Il était impressionnant mais savait se mettre à la portée des autres et la jeune sorcière apprécia cela. Il était aussi de bons conseils et la brunette hocha la tête, prenant note mentalement de ce qu’il disait.

- Oui, vous avez raison.

Elle admira aussi avec quelle délicatesse il regardait et complimentait son épouse. Tout sourire, Lily regarda Karl tandis qu’il avait repris la parole pour parler de Maze. L’adolescente eut un petit rire en l’entendant dire qu’il aimait les compliments et que son jeune sorcier avait de la chance qu’il l’apprécie.

- Sinon quoi, tu m’aurais dévorée, Maze ? demanda-t-elle en riant tandis que le loup entrait et qu’elle posait sur lui un regard plein d’admiration.

Arthur expliqua sa rencontre avec son familier et le sourire de Lily s’étira jusqu’aux oreilles tant c’était original.

- Quelle belle histoire. Oh oui, j’ai vraiment hâte que la prochaine lune de sang arrive pour pouvoir l’invoquer. J’espère qu’il y en a un pour moi dans cette forêt de gobelins. J’ai entendu dire que parfois, aucun gobelin n’acceptait de venir suite à l’invocation d’un sorcier.

Penny avait été chercher le sien, et le corbeau d’Arthur les avait rejoints. Lyanna les regarda avec fascination et fut touchée que la maman de Karl lui confie la petite Sophie. La souris dans sa main, Lily la regarda avec des étoiles dans les yeux.

- Comme tu es jolie, Sophie ! Merci pour le compliment.

Elle déposa un baiser sur la tête de la souris entre ses oreilles, et Penny lui proposa de la garer avec elle.

- Si elle est d’accord, oui bien sûr.

La jeune fille laissa alors la souris grimper sur elle pour s’installer où elle le souhaitait, et la maîtresse de maison proposa de passer à table. L’odeur qui émanait de la cuisine avait de quoi ravir les sens et Lyanna avait hâte de goûter aux nouvelles prouesses culinaires de Madame F.
Elle sourit à son petit ami qui lui avait pris la main. Elle appréciait toujours quand il le faisait.

- Je t’aime, mon hérétique de la gastronomie italienne, lui fit-elle entendre à voix basse.

Penelope était revenue.

- Avez-vous besoin d’aide, madame Fitzgerald ?

Lyanna n’était pas du genre à se tourner les pouces et mettre les pieds sous la table, ses parents l’avaient bien éduquée.

Je trouvais la petite amie de Karl réellement sympathique. Elle était d’une part très impliquée dans ses études, c’était un atout que je ne négligeais pas. Elle était également une jeune fille très élégante et très courtoise avec Penelope et moi, sans parler de sa belle surprise qui allait ravir les papilles de la mère de Karl et que j’avais caché le temps du dîner. Je souriais d’ailleurs à la pique de Penelope et à son regard très significatif. Je savais ce qu’elle voulait me faire comprendre et savais également qu’elle ne résisterait pas longtemps sans nos belles étreintes. Penelope parti ensuite du salon et revint avec nos deux familiers, Cornélius et Sophie.

Mon familier et ami Cornélius semblait s’être entiché de Sophie. Il était constamment avec elle lorsque j’étais également à la maison. Il partageait sa nourriture avec elle quand il savait que ce qu’il mangeait lui ferait plaisir de goûter. D’ailleurs, sa timidité presque maladive était d’ailleurs beaucoup moins présente depuis que Penelope et Sophie étaient rentrées dans nos vies. Il avait du mal à rencontrer de nouvelles personnes, mais si c’était Penelope qui lui demandait, il avait du mal à refuser.
Quant à Maze, son entrée dans la famille fut un peu rude pour Cornélius. Voir un loup si imposant prendre place dans le cœur de Karl qu’il appréciait beaucoup et de Sophie fut compliqué à accepter au départ. Mais forcé de voir que le familier de Karl ne représentait pas une menace, bien au contraire Maze était un loup bienveillant avec toute la famille.
Peny fit part du compliment de Sophie destiné à Lyanna. Cornélius restait pour le moment, à les observer attentivement. Je n’insistais jamais à le faire participer, connaissant son caractère de grand timide. Penelope proposait ensuite que nous passions à table. Lyanna n’hésitait pas à proposer son aide. Je posais une main sur son dos lui indiquant plutôt d’aller s’installer.

« - C’est aimable de votre part Lyanna, mais vous êtes notre invitée. Allez-vous assoir avec Karl. »

J’allais quant à moi prendre la bouteille de vin et de l’eau et les posais sur la table tout en demandant aux enfants :

« - Que voulez-vous à boire ? Nous avons de l’eau gazeuse et plate. Ou autre chose peut être ? »

Peny arrivait avec le plat dans les mains, prêt à faire sensation chez la petite sorcière qui nous accompagnait ce soir.
Je servais les boissons d’abord aux enfants puis servi un verre de vin à Penelope. Je m’installais ensuite à côté de Penelope et face à nos deux jeunes tourtereaux. Lyanna semblait conquise en ayant Sophie dans les mains. Les assiettes passèrent ainsi que le plat. Je commençais à déguster mon dîner avec plaisir.

« - Un vraie régal ma chérie… Au fait, vous avez déjà des préférences Lyanna concernant votre type de magie ? Vous sentez vous plus à l’aise plus dans l’une que dans une autre déjà ? »

Mon familier bienveillant avait toujours eu le don de bien cerner les gens. Elle aimait Lyanna déjà et c’était un excellent signe. J’avais bien remarqué qu’elle était proche de Cornélius. En fait, ils avaient toujours été très proche l’un de l’autre autant que je l’étais avec Arthur. Un genre de coup de foudre étrange entre familiers. Ils étaient toujours ensemble dans la mesure du possible lorsque Cornélius n’était pas avec mon Arthur. Sophie adorait les petites surprises du corbeau. Elle appréciait également partager des moments avec lui comme les repas ou encore le dodo de la nuit contre son plumage ou sous ses ailes. Je prenais également grand soin du familier de mon époux. Il ne l’avait jamais négligé, loin de là, mais j’aimais lui offrir des petites surprises ou des caresses. Ces deux là étaient avec nous depuis le début de notre relation et les choses avaient toujours été ainsi. Je prenais le plat bien fumant avec la ratatouille pour le poser sur la table. J’amenais ensuite le second avec les pâtes au pesto maison que j’avais préparer avec le plus grand des soins.

Je souriais à mon fils et ma belle-fille en m’assoyant près de Arthur. Mon mari avait pris le soin de me servir un bon verre de vin rouge et je ne pouvais qu’en être bien heureuse.

- Merci Arthur. Et je suis d’accord avec ce que Karl a dit. Bienvenu dans notre famille Lyanna.

Sophie descendait des mains de Lyanna pour aller se prendre un morceau de pain et le manger entre moi et Lyanna sur le coin de la table. Elle prenait son temps et humait l’air en faisant bouger ses petites moustaches.

«Un repas parfaitement réussi Peny!»

Je souriais à mon familier avant de prendre des pâtes et de la ratatouille. Je goûtais à mes plats avec le sourire. Tout le monde semblait heureux de manger ce dernier. Arthur questionnait Lyanna sur le type de magie qu’elle affectionnait. Moi, je regardais mon fils assit en face de moi en lui faisant un clin d’oeil.

- Demain, je te ferai ta pizza ananas et poulet avant que tu ne partes mon coeur. J’ai déjà préparer la pâte et elle repose.

Je gâtais un peu mon fils de cette façon. Je lui donnais des petites attentions. Je remarquais que les fleurs avaient un peu perdue en fermeté et je lançais une petite formule pour les remettre en parfait état.

- On sait déjà que Karl est comme son père pour la magie. Moi, on se demande bien ce que je fais à Red House alors que le sang me fait presque tourner de l’oeil.

Je faisais un clin d’oeil à mon mari en souriant. Je mettais faite jeter de White Chapel car j’avais décider de l’épouser lui. Un sorcier de sang alors que j’étais une sorcière élémentaire de terre. Je ne le regrettais pas cependant, j’étais heureuse ainsi.