Rechercher un employé est sans aucun doute l’épreuve la plus terrible que Phineas aura rencontré dans la gestion de son entreprise. Plusieurs jours déjà que le phœnix plancher sur la question en rejetant sans cesse des dossiers ennuyeux de gens ennuyeux pour espérer décrocher non pas une pépite d’or, mais la pépite d’or. Malheureusement, ses espoirs étaient jusqu’ici piétinés, ne laissant dans les lots que des possibles cleptomanes qui n'obtiendraient sûrement jamais la confiance de l’immortel puisque ces derniers seraient certainement affairé à dérober ces objets d’un ancien temps pour en tirer profit. Du moins, c’était ainsi jusqu’à l’arrivée d’un dossier qui attisa aussitôt la curiosité de l’antiquaire.
Fixé devant son ordinateur portable, lunettes positionnées sur le bout de son nez, Phineas consultez attentivement le message d’une jeune femme semblant intéressé par la recherche d’employé.
Victoire, joli nom. Profil intéressant, espérons seulement qu’elle ne fera pas fuir les clients... ou que les clients ne la feront pas fuir. Dans les deux cas, ce serait fâcheux. Donc, que-ce que je pourrais bien dire… Bonjour.. Non. Salut. Non. Bonjour.. restons professionnel. Je vous donne rendez-vous.. mercredi à quatorze heures dans ma boutique Pandora’s Box.. pour discuter de votre recherche d’emploi. Aucun retard ne sera toléré !!!Fronçant légèrement les sourcils, il relisait attentivement son message en étant presque certain qu’un élément important manquait à l’appel avant de finalement mettre la main sur la cerise finale de son communiqué, un smiley content en fin de message.
Bonjour. Je vous donne rendez-vous mercredi à quatorze heures dans ma boutique Pandora’s Box pour discuter de votre recherche d’emploi. Aucun retard ne sera toléré !!! =)Message envoyé, Phineas dépose ses chevilles sur le comptoir en croisant les bras derrière sa tête, s'imaginant déjà être le patron super-cool que tout le monde voudrait. À présent, il n’était plus question que de patienter l’heure de fermeture qui n’allait de toute façon plus tarder avant de passer à une toute nouvelle journée.
****************************
Jour du jugement dernier. Victoire ne devrait plus tarder à pointer le bout de son nez dans la boutique du phœnix et pourtant, ce dernier était déjà en retard au rendez-vous qu’il avait lui-même planifié, tout ça à raison d’une commande de dernière minutes que Phineas s’est assuré d’envoyer... et surtout parce que l’organisation n’est pas vraiment son fort. Cheminant rapidement dans l’arrière-boutique, ses sens furent réveillés par la résonance d’une sonnerie résultant certainement de la sonnette à l’entrée de la boutique. Se déportant devant un large miroir mural datant du siècle dernier, le phœnix prend alors hâtivement le temps de réajuster son nœud papillon en poussant un fin sourire en coin.
Je suppose que le temps est venu de rencontrer mon employée. Mon. Employée. Cool. Cool. Super-cool.Poussant la porte de l’arrière-magasin, ses pas s’approchent lentement en direction du comptoir tandis que ses deux mains jointes s’entrouvrent pour accueillir chaleureusement la nouvelle arrivante.
«
Enchanté, Victoire. Nous avions rendez-vous, en effet. Et de ce que je vois, vous êtes même arrivée à l’heure, fantastique. Je me présente. Phineas. Maintenant que les présentations sont faites, je propose une visite express de la boutique ! »
Ajouta-t-il d’un ton égayait en passant de l’autre côté du comptoir, remontant finalement son regard dans celui de la demoiselle avant de se rendre compte de l’inquiétude sur ce visage bien trop angélique.
«
Règle numéro 1, un grand sourire sur ce visage s’il vous plaît ! » Fit-il en pointant de ces deux doigts les lèvres de Victoire pour tâcher d’apaiser sa nervosité.
Accueil 
L’air balaye les cheveux lâchés de Victoire qui tourne depuis plusieurs paires de minutes autour de la boutique où, normalement, elle doit officier. Annonce trouvée au détour d’une énième recherche en quête d’émancipation, c’est avec le cœur serré qu’elle y a répondue, après tous les refus essuyés. Néanmoins, hasard heureux ou simple destin qui se joue de tous avec facétie, la réponse fut positive. Laissant derrière elle les médiocres appréciations que sa courte nuit lui apporte, c’est d’un pied conquérant que la douce s’est levée. Préparations pour paraître exemplaire lors de ce premier jour où probablement le propriétaire aller lui exposer les rouages de la boutique. L’art. L’histoire. Des passions qui la dévorent. Des passions qui font pas mal car partagées avec celui qui n’est plus. Père qui n’est plus. Ses pensées qui frôlent son fantôme ravivent la brune mais la plongent un peu plus dans ses ténèbres incessantes avec lesquelles elle se débat. On ne comprend la préciosité de la vie que quand cette dernière se décide à jouer avec la nôtre. Ce faucheur qui s’en est pris à ce géniteur qui n’a rien demandé a laissé plus que du sang dans son sillage, des larmes et des âmes meurtries. Cependant, Victoire ne s’attarde sur ce pan douloureux de sa vie car déjà le GPS de son téléphone indique qu’elle se trouve devant la bonne boutique. Devanture aux accents bleutés, bancs appréciateurs pour les touristes avertis, le cadre l’appelle et parait accueillant. 
