Déjà fin juillet, les deux derniers mois s’étaient écoulés si rapidement et si lentement à la fois. J’étais repartie sur Paris pour m’occuper de la librairie et avec l’été, j’avais eu fort à faire. Bien heureusement, j’avais gardé un contact précieux avec mon frère. J’appelais Ambrosos quasiment tous les jours. C’est grâce à cela que j’ai compris finalement la grande importance des nouvelles technologies et de l’intérêt de garder le contact avec les autres. Pouvoir entendre la voix de mon frère alors que nous étions à plus de 9000 km l’un de l’autre était tout de même une joie immense.

Mais désormais j’étais de retour pour un second séjour à L.A.. J’avais évoqué au conseil d’administration la possibilité de m’installer ici pour être proche de ma famille et des personnes que j’avais pu rencontrer comme Keon mais j’avais eu le sentiment de parler à un mur. Travailler à une telle distance ne serait pas évident et l’idée de vendre mon affaire commencer doucement à émerger dans mon esprit. Mais c’était un sacrifice que je devais encore étudier car j’étais loins d’être prête de faire le pas. Mon vol m’avais fait arrivée de nuit. Je voulais faire la surprise à Ambrosos et du coup je ne l’avais pas prévenu de mon retour. J’irais directement chez lui pour ce second séjour. Il voulait bien m’offrir l’hospitalité, trop content que je sois toujours en vie. Je devais avouer que l’idée de vivre avec Ambrosos, enfin Alessandro, était plutôt réjouissante mais si je devais venir vivre à LA sur le long terme, j’aimerais bien avoir mon propre chez moi. Et puis Aless a quelqu’un dans sa vie et je ne veux pas interférer dans sa relation.

J’avais prévu d’aller me nourrir rapidement avant de rejoindre sa demeure au sud de LA. Une partie de moi avait trop hâte de lui faire la surprise et de le serrer dans mes bras à nouveau. Après m'être rendue dans un bar nocturne pour y boire un ou deux verres de sang. Je marchais à présent dans les rues d’un petit quartier résidentiel en direction de la maison de mon frère. J’aurais très bien pu prendre un taxi ou même courir à la vitesse d’un vampire pour arriver plus rapidement mais j’aimais beaucoup profiter de la douce nuit de juillet et surtout j’avais une valise qui fallait que je traine avec moi.

Alors que j’étais songeuse en regardant dans le vague autour de moi, des cris me firent remettre les pieds sur Terre et fronçait les sourcils. Ces cris appartenaient à une femme qui appelait à l’aide. J’avais rapidement changer de trajectoire pour me diriger vers cet appel au secours. Même si j’étais désormais ce qu’on pouvait appeler une créature de la nuit, je n’en n’étais pas devenue pour autant un monstre. Mon but était toujours de venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Et en cet instant, visiblement c’était cette femme. Lorsque j’arrivais sur place, j’abandonnais rapidement ma valise sur le bord de la pelouse pour me diriger vers cette femme qui courait en sortant de chez elle. Elle avait le visage en sang et visiblement elle avait reçu des coups sur le visage et potentiellement sur le corps. Ses vêtements étaient partiellement déchirés et elle était en pleurs. Elle courut vers moi. J’étais la seule personne ayant répondu présente à ses cris. Elle m’expliqua en balbutiant que son mari était devenu fou… Qu’il avait bu et qu’il ne se contrôlait plus.

Le mari étant encore dans la maison, je ne pouvais pas entrer sans y être invitée. Il m’était donc impossible d’intervenir s’il restait à l’intérieur. Cependant, je me tournais vers la femme qui voulait fuir, partir loin de son fou furieux de mari et je le comprenais mieux que personne. Moi-même je rêvais encore de cette fameuse nuit où mon époux m'avait laissée pour morte, baignant dans mon sang. Je tournais le dos quelques instants à la maison pour lui expliquer que tout aller bien se passer. Qu’elle ne risquait plus rien tant qu’elle resterait avec moi. Surement difficile à croire sachant que visiblement je paraissais bien plus jeune et frêle qu’elle mais pourtant elle n’avait vraiment rien à craindre. J’entendis la porte de la maison s’ouvrir. L’homme était désormais dehors, un batte de baseball à la main, un air furieux sur le visage malgré des joues rosies par l’alcool. Il grognait et vociférait en même temps, s’adressant à sa femme en lui sommant de rentrer et à moi en me hurlant de partir sur le champ. D’instinct je me dressa devant la femme en restant ferme sur ma position. Dans un premier essai, l’homme s’avança pour me donner un premier coup que j’esquivais facilement en me plaçant sur le côté. Furieux de m’avoir manqué, il avait tout de même réussit à m’éloigner de sa femme qu’il frappa sans ménagement au visage. Ne me retenant plus, je l'attrapa aussitôt par le col de son t-shirt pour le balancer sur la pelouse. Le temps qu’il reprenne ses esprits, je me précipitais vers la femme qui était lourdement tombée sur le sol. Le coup l’avait sonnait quelque peu et elle mettait du temps pour reprendre ses esprits. Temps durant lequel je ne fis plus attention à son mari qui s’était à présent relevé et qui était prêt à revenir à la charge, batte en main…

Fin juillet... L'été était bien entamé à L.A., les températures avoisinent les 30°C, ainsi les gens profitent généralement de la nuit pour sortir au frais. Cela obligeait les officiers ou inspecteurs comme lui à faire des rondes régulièrement pour s'assurer que tout se passe bien. Inspecter les bars ou les boîtes de nuit pour contrôler les abus de drogues et alcool. C'est aussi la période des soirées entre adolescents et il sait très bien pour l'avoir déjà observé que cela peut très bien dégénérer en violences, abus voir overdose dans le pire des cas. Surveiller aussi qu'ils n’y ait pas de dégradations des biens publiques ou de véhicules brûlés, endommagés. Ce n'est généralement pas à lui de faire cela, c'est plutôt le travail d'un officier de police, mais étant en sous-effectif son chef lui avait demandé d'aider.

Cela ne le dérange pas, ce n'est pas comme si quelqu'un l'attend à la maison, il est seul et il n'avait aucun projet pour ce soir. Comme généralement chaque soir, comme tout les anges il n'est pas un fêtard. Il aime le calme, ses soirées il les passent généralement à lire un bon livre ou à regarder un documentaire à la télévision. Mais généralement il lit, il aime beaucoup lire et s’instruire sur la culture humaine. Il a toujours été comme cela, curieux de nature et c'est vrai qu'il éprouve une véritable fascination pour les humains. Maintenant qu'il est ici il se demande pourquoi leur Père a mis autant de temps pour les laisser aller sur Terre. N'est-ce pas ce pour quoi ils ont été créé ? Peut-être voulaient-ils les préservait de toute cette corruption. Après ce qui est arrivé à Lucifer, il peut comprendre aussi qu'il craigne qu'un autre de ses enfants lui tourne le dos et se rebelle. Pourtant, il aurait fallu agir dès les premiers signes de corruption. Maintenant le mal est bien trop enraciné... Pour autant il ne perd pas espoir de rétablir la balance du côté du bien, il n'est pas encore trop tard.

Alors qu'il passait dans une rue, il tomba nez à nez sur ce qui semblait être une agression. Un coup d'œil rapide à l'homme lui permit de voir qu'il n'était pas dans son était normal. Une femme battue, encore.... Ce genre de chose le révoltait jusqu'au profond de lui-même. Une autre femme semblait s'être interposé pour venir en aide. Vampire... Il voyait clairement son aura. Elle esquiva habilement les coups de batte de l'homme, elle réussit même à l'empoigner par le col et le mettre à terre. L'homme s'avançait de nouveau vers là vampire, alors que celle-ci avait maintenant le dos tourné. Il se décida à intervenir avant que cela ne dégénère. Il fonça sur l'homme, le prenant à la taille pour le faire tomber avec lui. Une fois à terre il le mit sur le ventre et se mit au-dessus de lui pour le menotter.

"Inspecteur Eden Thomas, LAPD, vous êtes en état d'arrestation pour violence sur autrui". Annonça-t-il.

L'homme lui cria d'aller se voir voir et tout un tas d'insultes. Il lui donna une bonne droite dans le visage pour l'assommer et ainsi le faire taire. Cela fait, il soupira puis se leva pour aller voir d'abord l'humaine, l'épouse de l'homme. Il appela ensuite une ambulance pour la jeune femme, elle avait le visage en sang et ces vêtements déchirés laissaient penser qu'elle ait aussi des contusions sur le corps. Il s'approcha d'elle et prit le ton le plus doux possible.

"Vous êtes en sécurité maintenant, une ambulance est en route".

Il se posa un moment, réfléchissant aux mots qu'il s'apprêtait à dire. ll sortit une de ses cartes de sa poche intérieure et lui tendit, lui disant qu'elle pouvait l'appeler en cas de besoin et que si elle voulait porter plainte, il lui indiquera la marche à suivre. Il lui dit qu'il devait aller voir l'autre femme, lui demandant si cela allait aller. Elle opina de la tête et le remercia. Il lui sourit, puis se dirigea vers la vampire.

"C'était courageux à vous d'être intervenu. Vous avez pris la bonne décision, sans vous cette femme aurait pu très bien être battue à mort".

Cette femme était clairement en souffrance et je ne pouvais pas vraiment l’aider hormis le donner un peu de mon sang pour qu’elle guérisse. C’était en effet un solution que j’envisageais alors que j’entendais derrière moi des pas lourds. Je me retournais vivement pour voir le mari fondre sur moi avec sa batte mais je n’eus pas le temps d’intervenir qu’un homme le fit pour moi. En un simple coup d’oeil je remarquais un inspecteur de police et j’en eus la confirmation quelques secondes plus tard lorsqu’il se présenta pour arrêter le mari violent. Fait auquel je ne m’attendais pas, son aura, son odeur. C’était une créature de la lumière. Un ange peut-être ou un de ses enfants. J’espère qu’il ne me tiendrait pas rigueur de ma condition de vampire en sachant que ce n’était pas ma faute si le visage de cette femme était en sang. Alors qu’il se relevait je me tournais une dernière fois vers la femme qui semblait bien mal en point. Une parole rassurante au creux de l’oreille, un regard bienveillant et je m’eclipsais plus loin pour laisser la place à l’inspecteur de faire son travail.

Non pas que je n’aimais pas l’idée qu’ils interviennent mais je ne voulais surtout pas être mêlée à tout ça. J’avais l’habitude de partir avant l’arrivée de la police mais là je me devais d’au moins le remercier. Alors j’étais restée. A bonne distance mais j’étais restée. Je ne pus m’empêcher de détailler le visage de cet inspecteur. Blond, les yeux bleus, le regard angélique. Plus je le regardais plus je trouvais qu’il avait vraiment une tête d’ange. Un sourire naturel me vint alors aux lèvres en imaginant que j’allais avoir une conversation avec une telle créature, bénie des Dieux. J’avais déjà rencontré des êtres célestes durant ma longue vie mais je devais avouer que je n’avais jamais leur sympathie. Ils me jugeaient le plus souvent à ma condition et non à ce que j’étais vraiment, à ce que j’avais dans le coeur et dans ce qu’il me restait d’âme.

Lorsqu’il se dirigea vers moi, je me redressais un peu et essaya de conserver mon regard dans le sien. Il me signifia que mon action était courageuse et que j’avais fait le bon choix. J'eus un sourire en lui répondant :

“Ce n’était pas un choix compliqué puisque cela m’arrive souvent de défendre les femmes battues. En étant moi-même une par le passé.”

Je voulais être sincère. Pour moi les créatures célestes méritent tout le respect et la bienveillance dont on puisse faire preuve. Je sais bien que toutes les créatures obscurs ne seront pas de mon avis mais j’ai mes propres convictions et mes propres pensées. Parler alors du fait que j’ai vécu le même calvaire que cette femme n’est plus un soucis. Et puis avec les années, les femmes humaines ont de plus en plus le droit à la parole alors pourquoi chez les vampires cela serait différents.

“Merci à vous d’être intervenu, inspecteur Thomas. Enfin moi j’aurais pu m’en sortir mais pour cette femme, elle semblait rassurée de voir la police.”

Je jetais un coup d’oeil autour de nous pour veiller à ne pas être entendue et j’ajoutais avec un léger sourire:

“Pour elle vous serez son ange tombé du ciel.”

Une façon détournée de lui signifier que j'avais découvert sa condition autant que je supposais qu'il avait d'ores et déjà découvert la mienne.

Il prenait toujours beaucoup de précautions lorsqu'il est avec une créature. Selon leur Père, les créatures sont des abominations, des erreurs de la nature qui ne devraient pas être là. Ce sont des monstres dangereux qu'il faut éliminer, mais lui n'est pas vraiment de cet avis. Il a toujours été une forte tête aux yeux des autres et ne s'en cache pas, personne ne pourra lui dire comment penser ni comment agir. À ses yeux il ne faut pas condamner sans connaître la personne, cela vaut aussi pour les néphilims impurs. Il y a bien pire menace dans le monde, comme les démons par exemple, alors inutile de se disperser. Il prend tout de même ses précautions, parce qu'il ne sait pas à quoi s'attendre à l'avance, que ce n'est pas parce que la vampiresse vient de sauver l'humaine qu'elle ne sautera pas sur lui la minute d'après. Il la scrute du regard, la jauge pour essayer déterminer si oui ou non elle peut être une menace.

Ce qu'elle lui dit l'étonna un peu, ainsi avait-elle l'habitude de venir au secours des femmes battues, c'est honorable de sa part. Il ressentit un petit pincement au cœur lorsqu'elle lui dit avoir été aussi une femme battue.

"C'est tout à votre honneur. Navré que vous ayez eu à vivre ça, cela dû être difficile, vous êtes très courageuse".

Ce n'était pas lui le responsable, mais au fond il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal lorsqu'il rencontrait des personnes comme elle, ayant fait de mauvaises rencontre. Ces personnes corrompu, si seulement ils avaient pu empêcher le mal de fouler cette Terre, mais en y réfléchissant cela aurait bien fini par arriver un jour ou l'autre, les tentations, les péchés remontent à la nuit des temps, d'Adam et Eve. Des êtres purs qui n'ont pas résisté face à la tentation, enfin Eve a succombé. Il lui sourit, amusé, lorsqu'elle le remercia.

"Vous m'accordez trop de louages, je n'ai fait que finir ce que vous aviez commencé".

Il comprit à sa dernière phrase qu'elle avait deviné sa nature. Il décida que c'était inutile de faire comme si de rien n'était.

"Vous êtes la preuve que toutes les créatures ne sont pas malfaisantes. Si seulement mes frères et sœurs pouvaient voir cela".

Cet ange semblait particulièrement compréhensif. Il semblait même tellement différent des autres. Une sensation étrange me parcourut alors que je croisais son regard. Je n’avais que très peu de souvenirs de ma dernière rencontre avec un ange, un véritable ange, alors je n’aurais pas su dire si cette sensation je l’avais déjà sentie. Mais l’inspecteur Thomas avait quelque chose dans le regard. Quelque chose qui laissait penser que pour une fois, un ange ne penserait pas de mal de moi. Le plus souvent les créatures divines n’étaient pas forcément amicales avec les créatures dites de l’ombre. Mais même si j’étais une vampire, je ne considérais pas comme une créature néfaste pour la société. J’évoquais alors rapidement mon passé en expliquant qu’il était tout à fait normal pour moi de venir en aide à quelqu’un. Mais la réaction de l’inspecteur me semblait tellement empathique j’en restais sans voix. Il était désolé pour moi. J’avais du mal à songer qu’un ange puisse avoir de la compassion pour une personne comme moi.

“Ne vous en faites pas. C’était il y a bien longtemps.”

Plus de 2000 ans pour être exact. Alors depuis le temps il y avait clairement prescription. Je devais avouer que sur le coup je m’étais venger avec une certaine violence mais depuis j’étais restée plus calme et assagie pour une vampire. J’étais surement même parmi les moins meurtrières.

Naturellement, je le remerciai pour son intervention mais visiblement il ne l’entendait pas de cette oreille. Très poliment, il me rappela qu’il n’avait fait que clôturer ce que j’avais commencé. Je ne pu me retenir de sourire. Il était réellement gentil, un véritable ange tout simplement. Je n’avais pas d’autres réponses à faire que de lui sourire.

Il semblait si délicat que je me permis une remarque laissant entendre que j’avais compris sa véritable nature. J’espérais intérieurement que cela ne le dérange pas et qu’il ne m’en voudrait pas. Mais je ne saurais pas dire pourquoi mais j’avais l’impression qu’il était facile de lui parler. 

Je croisais son regard bleuté et j’en fus un peu subjuguée. Si l’on ajoutait à cela le compliment qu’il lui fit. Elle se sentit légèrement rougir. 

“Merci de ne me pas me juger seulement à ma condition mais également par mes actes.”

Je réalisais alors que je ne m’étais pas présentée. J’écarquillai les yeux tout en tendant faiblement la main avec une certaine hésitation. 

“Honte à moi d’ailleurs, je ne me suis même pas présentée. Je m’appelle Ariane. Inutile de préciser ma condition, je pense”

En prenant sa main, j’ai tout de même sentit un léger frisson, une sensation étrange que je n’arrivais pas à déterminer mais je pouvais assurément dire que cet ange avait le don de m’intriguer.

Bien sûr que de manière directe ce n’est pas sa faute, mais il ne peut s’empêcher de se sentir coupable. Lucifer a été le premier à quitter les rangs, puis d’autres ont suivi et la corruption s’est encré un peu plus solidement et profondément sur Terre. Ils auraient pu faire quelque chose pour éviter ça, peut-être... Pourquoi Lucifer a-t-il tourné le dos à son Père déjà ? C’est une bonne question. S’il arrive à comprendre pour les gens commettant des péchés, alors peut-être arrivera-t-il à purifier ce monde. Il est intrigué par la vampiresse en face de lui, elle le fascine. Morte et pourtant bien vivante, une anomalie pour le bon fonctionnement du cycle de vie et de mort, du moins c’est ce que diraient la plupart de ses frères et soeurs. C’est un jugement bien cruel, au fond qui sont-ils pour juger qui méritent de vivre ou mourir ? Il comprend pour les démons, ce sont le mal incarné, mais pour les autres, ne devrait-on pas leurs laisser le bénéfice du doute ?

Il est heureux d’être tomber sur quelqu’un comme cette jeune femme, une vampire certes, mais qui semble avoir bon coeur. Il la regardait avec un air bienveillant, elle avait été courageuse pour passer outre cette mauvaise période et transformer cette mauvaise expérience en force. Il pouvait comprendre ce qu’elle devait ressentir, elle voulait sûrement que d’autres femmes ne connaissent pas le même sort. Tandis que leurs regards se croisèrent il plongea ses yeux dans ceux de la vampire, la regardant avec fascination. Cela le déstabilisa quelque peu, il n’avait jamais ressentit cela. il ne saurait l’expliquer, mais il ressenti quelque chose en la regardant. Elle le remercia ensuite de ne pas la juger pour ce qu’elle est.

«Le contraire aurait été bien injuste, c’est ainsi que tout le monde devrait penser».

Elle se présenta et il apprit son nom, Ariane. Il sourit, c’est un bien joli nom... Il hésitait quand à lui dire son véritable nom. Il n’a pas envie que d’autres personnes le sache et remonte à lui, il aurait bien trop d’ennuis. Mais, au fond, il sentait qu’il pourrait lui faire confiance. Il prit la main qu’elle lui tendit et la serra. Lorsqu’il la lâcha il eut fut un peu déçu, il avait apprécié ce contact. Encore, une sensation étrange qu’il n’arrive pas à expliquer et cela l’intrigue.

«Enchanté Ariane. Oui, en effet et je suppose que vous avez deviné aussi pour moi. Mon nom est Gabriel, mais j’aimerais que cela reste entre vous et moi, c’est important». Lui dit-il, d’un air un peu plus sérieux, il espérait vraiment pouvoir lui faire confiance. Puis bien vite, sa curiosité reprit le dessus.

«Je peux vous poser une question ? Je n’ai pas eu encore l’occasion de parler avec un vampire. J’aimerais savoir, est-ce vous l’êtes de naissance ou l’êtes-vous devenue ? Aussi, qu’est-ce que cela fait d’être comme cela ? Désolé, cela fait beaucoup de questions... Laissez-moi vous raccompagner, on aura tout le temps de discuter ainsi».

Cet ange n'était pas que gentil, il semblait également très intelligent et ouvert d'esprit. Une qualité que j'apprécie tout particulièrement vu ma condition et mon âme damnée. C'était adorable de sa part de ne pas me juger et je l'en avais remercier pour cela. Pour moi, tout n'était pas soit noir soit blanc. Il y a des personnes pieuses qui ne jure que par le bien mais qui sont prêt à commettre des actes horribles pour cela et inversement il existait des êtres damnés comme moi qui faisant leur possible pour rendre le monde meilleur en sachant qu'ils iraient en enfer pour l'éternité à leur mort.  La rédemption n'était pas pour nous.

Alors que je me présentais enfin à lui, j'avais l'impression peu commune de le connaître depuis des années alors que ce n'était pas le cas. La sensation étrange que le paradis et l'enfer peuvent être amis bien malgré tout ce que les gens peuvent penser. La sensation étrange que le lieutenant Eden Thomas deviendrait quelqu'un d'important pour moi... Le sourire qui s'étirait sur mes lèvres devint de plus en plus naturel et chaleureux. J'étais en charmante compagnie et j'en prenais conscience maintenant. J'avais le sentiment qu'aux côtés d'Eden tout devenait possible. Un sentiment que je n'avais jusqu'à présent ressenti qu'auprès de mon frère. C'était à la fois grisant et étrange de ressentir ce sentiment en présence d'un parfait inconnu, ange ou pas.

Le lieutenant Thomas me répondit alors en se présentant à son tour. Il me donna alors son nom d'ange, d'archange plus précisément. Gabriel, l'archange Gabriel. Le vrai messager des Dieux. Je n'en revenais pas. Mon regard exprimait un instant la surprise avant de l'entendre me dire que je devais préserver le secret de son nom. Après tout peut-être était-il en train de me mentir mais je n'y croyais pas vraiment. Son âme semblait tellement belle et pure que cela me paraissait invraisemblable qu'il soit un imposteur. Un simple sourire  complice en lui répondant :

« Votre secret sera bien gardé avec moi. Mais laissez-moi vous dire que c'est un vrai honneur de rencontrer un véritable Archange, qui plus est celui qui est considéré comme le messager des Dieux. »

Eden ou plutôt Gabriel m'observa avec curiosité. Il semblait se poser des questions à mon propos. Et j'eux tout de suite la confirmation de son regard car effectivement il me posa plusieurs questions sur ma condition de vampire. Il m'avoua n'avoir jamais jusqu'à présent rencontrer de vampires et je fus alors flattée d'être la première. Plus il accumulait les questions plus je lui souriait pour terminer par un petit rire car il ne me laisser pas placer une seule réponse. Finalement il s'excusa du lui-même sans que je ne prononce aucun mot. Alors que j'ouvris la bouche pour enfin répondre, il me proposa de me raccompagner afin que l'on puisse discuter... Et Galant de surcroit. Non, il ne fallait pas que je réagisse ainsi. Il restait un ange et moi je faisais partie des damnés. Cela serait l'attirer dans les ténèbres de le séduire et jamais je ne pourrais me pardonner de lui faire perdre ses ailes par ma faute. Je lui souris néanmoins. Ne pas tomber sous le charme d'un ange, ne voulais pas dire être malpolie.

« En effet, cela fait beaucoup de questions. Je serais ravie de vous répondre. Laissez-moi juste récupérer ma valise. »

Je lui montrais alors du doigt ma valise qui était resté sur le côté de la maison. J'avais l'intention de continuer à pied mais je ne savais pas Eden voulait prendre sa voiture ou non. Après tout lui, tout ange soit-il restait un simple humain. Enfin dans l'enveloppe charnel d'un humain. La question de sa réelle apparence me vint alors à l'esprit. Je me devais d'être à mon tour curieuse mais plus tard. Il avait posé ses questions en premier. Je revins vers lui avec la valise et je repris la parole.

« Voilà je suis toute à vous »

Mais comment je peux lui dire une phrase pareil. Je voulais me reprendre rapidement mais je devais avouer que j'étais légèrement gênée. J'étais une vampire de 2000 ans qui bottent les fesses de tous les mauvaises garçons mais dès je tombe sur un homme bien, je redevenais la simple Ariane, douce et fragile à la fois.

« Enfin, je veux dire je suis disposée à répondre à toutes vos interrogations. »

L'air encore plus gênée, je me racla la gorge un instant avant de me reprendre. Nous pouvions dès à présent parler plus librement, nous étions seuls.

« J'ai été transformée à l'âge d'environ 20 ans. Je suis née durant la période de la Grèce Antique. Très tôt j'ai été promise en mariage à un homme qui s'avéra bien vite être violent. Un soir, il m'a ruée de coups et m'a laissée pour morte. C'est un vampire qui m'a trouvé et m'as transformé. Depuis je ère sur Terre, depuis près de 2000 ans... »

C'était assez long 2000 ans mais bon c'était ainsi. Si c'était à refaire j'aurais fait exactement les mêmes choix, Si ce n'est peut-être d'avoir chercher mon frère plus longtemps pour le retrouver bien plus tôt et nous n'aurions pas tout ce temps perdu à rattraper. Mais pour l'instant je ne pensais pas vraiment à Ambrosos mais bien à Gabriel. Je croisais alors son regard et les mots devinrent évident :

« 2000 années pour rencontrer un ange tel que vous. Cela valait bien la peine d'attendre. »

Il était un peu anxieux à l’idée de révéler son identité, mais pour une raison qui peut paraître étrange, il sentait qu’il pouvait faire confiance à la vampiresse. Il ne connaît encore que très peu de choses d’elle, si peu, il a vraiment envie d’en savoir plus d’ailleurs, en tout cas il pouvait dire assurément qu’elle est une bonne personne. Il se fiche bien de ce que pourraient penser ses frères et soeur et même leur Père, il n’est pas un pion, mais un être à part entière qui a une volonté propre. Il venait donc de lui révéler sa véritable identité, son nom d’ange, d’archange plus précisément. Elle eut la même réaction que son Capitaine lorsqu’il lui rêvêla la vérité, très surprise. Il lui laissa le temps de digérer l’information. Elle lui sourit tout en lui répondant que c’est un honneur de rencontrer le messager de Dieu. Il ne sut quoi répondre, alors il se contenta de lui sourire. Pour lui ce n’est pas grand-chose, il n’accorde pas beaucoup d’importance aux titres de toute manière.

Curieux d’en apprendre plus sur elle, il lui avait ensuite posé quelques questions, un peu beaucoup, mais surtout les enchainant rapidement. Il faut dire qu’il est vraiment curieux d’en apprendre plus sur les vampires, sur les créatures de manière générale. Il a beau avoir déjà une bonne connaissance du milieu surnaturel, ce que l’on raconte peut-être déformé et les livres ne sont pas toujours le reflet de la réalité. Mais il ne veut pas non plus se montrer indiscret, s’il la sent réticente, il n’insistera pas. Il remarqua qu’il avait été un peu trop enthousiaste et en fut un peu gêné, surtout lorsqu’elle se mit à rire. Il lui proposa de la raccompagner, il pourrait discuter sur le chemin et il aurait aussi la conscience tranquille. Il sait que c’est, elle peut se défendre, mais il se sentirait nerveux de la laisser repartir comme ça.

Il la suivit des yeux lorsqu’elle alla récupérer sa valise, puis il écouta son histoire. Ainsi donc elle avait été transformé plutôt jeune. Son histoire l’attrista, quelle terrible vie, heureusement, elle avait maintenant comme une seconde chance, du moins lui voyait les choses ainsi. 2000 ans donc qu’elle existait.

«J’espère que cette deuxième vie vous à apporter plus de repos que l’ancienne. Une personne comme vous mérite le bonheur après tout».

Lorsqu’elle lui dit qu’elle cela fallait le coup d’attendre 2000 ans pour rencontrer un ange comme lui, il se sentit rougir. C’était une réaction complètement indépendante de sa volonté, il était certes flatté, mais n’avait aucune conscience d’être en train de rougir. Les anges ont certes des sentiments, pour beaucoup moins nuancés que les humains. Ils ne connaissent pas la tristesse, comme aussi ils ne connaissent pas l’amour, ils ne savent pas ce que c’est d’aimer.

«Je suis très heureux aussi d’avoir pu faire votre connaissance Ariane».

Il se stoppa un moment, réfléchissant à ce qu’il s’apprêtait à dire, il était hésitant, mais valait qu’il lui demande.  

«Je sais que cela pourrait paraître prématuré, mais accepteriez-vous qu’on se revoie de nouveau. Je ne connais pas beaucoup de personnes dans cette ville et cela me plairait d’avoir une personne avec qui parler. Mais je ne veux pas vous embêter, inutile à vous de me répondre oui pour politesse, je comprendrais».