Loathsome canker lives in sweetest bud Feed my wrath with lion's gore.••• La pureté tendait à irradier de nouveau, en la cité des Anges ; le retour des Célestes en ville mettait à mal, ou plutôt à bien, le quotidien des dévoyés du monde ... Finalement, son invocation "récente" était tombée à point. Pile dans les temps pour accueillir ces Frères et Sœurs descendus si bas, ayant néanmoins renoncé à se montrer aussi sévères que le Créateur l'eut été jadis, envers ceux désignés pour composer les rangs de la déchéance. Une clémence hypocrite ; un pardon que les Hommes ne méritaient pas ... Trop longtemps, ces créatures dénuées de magie furent innocentées des vices qu'elles développèrent sans l'influence de celles et ceux à qui l'on imputa leurs fautes, au travers des siècles ... Le Diable ; les Démons ... Ces précepteurs ayant pourtant été assez amènes autrefois pour partager leurs sciences multiples, au prix de leurs ailes ... Et plus, pour certains. Vains sacrifices pour étancher l'inextinguible soif de Connaissances d'êtres inférieurs.
Assis sur un banc au parc, dissimulé dans le corps d'un Sorcier, il regardait passer les descendants des impartiaux qui condamnèrent par l'horreur et la mort d'autres mortels plus doctes qu'eux-mêmes ; par peur, par jalousie ... La répugnance que l'Humanité était capable de susciter semblait intarissable ; tous ces ingrats qui se traîneraient encore dans l'immondice, sans le sacrifice de certains Anges. Même si on la lui prêtait par défaut, l'Innocence n'était pas un propre de la vie insignifiante qui fourmillait à la surface de cette terre. Un autre présent dont l'usage se faisait de plus en plus douteux, à mesure de l'avancée des civilisations ... Tout ce qu'ils touchaient, ils détruisaient ; progressant sur la voie de leur propre perte. C'était avec une immense satisfaction qu'il avait guetté les heures les plus sombres de l'Humanité. Un destin funeste qui approcha, mais que les Anges se chargèrent d'écarter doucement, à leur retour ... Rien qui n'ait arrangé les humeurs du Démon. Le mépris falot pour les Hommes s'était transformé en une haine plus destructrice, irraisonnée, pour eux tous ... Et pourtant, il paraissait si calme, à ourdir la Mort.
Distraitement, il avait posé les yeux sur une crinière dont le reflet flamboyant que le soleil y fit courir aurait coûté la vie à celle qui l'arborait, des siècles auparavant. Une particularité si rare, qu'elle fut illustrée en malédiction pour persécuter davantage d'hommes et de femmes, au nom de la Sorcellerie ... Quand le regard clair de la femme se heurta au sien, il s'était attendu à voir en elle une Sorcière ; mais à la place, il y eut ce vif éclat argenté, caractéristique. Ce n'était pas l'unique chose qui le frappa, lorsqu'il l'observa. Il l'avait déjà vue quelque part ... Mais où ? L'aura qu'elle dégageait lui était terriblement familière ... Malgré cela, elle n'avait pas l'air de le remettre plus que n'importe quel autre inconnu arpentant la rue. Sa clairvoyance, vestige céleste, n'aurait su le tromper ; des deux âmes que l'enveloppe féminine abritait, l'une était démoniaque. C'était celle qui lui parlait le plus ...
L'interrogation sans réponse le tourmenta tant, qu'il s'était levé pour aller rattraper la femme, d'un pas pressé. Il avait alors posé une lourde main sur l'épaule de cette dernière, afin de stopper cet élan qui la poussait il ne sut trop où, avec tant de volonté.
« Mes excuses, mais, vous et moi, est-ce qu'on se connaîtrait ... ? »
Loathsome canker lives in sweetest bud Il fallait que je sorte, que je respire à l'air libre. Cette journée était vraiment terrible d'ennui, je me devais d'écouter encore plus que d'habitude des humains geindre à tout va pour des biens lors de divorces, pour de bonnes raisons aussi mais aujourd'hui j'ignorais ce que ces crétins avaient mais ils était vraiment plus agaçants que d'ordinaire et j'avais atteins ma limite de patience qui me permettais de tenir sans avoir la moindre pensée me voyant les égorger ou récolter leur âme sans la moindre pitié.
Je me dirigeais alors vers l'Echo Park à un bloc du cabinet d'avocats où "je" travaillais depuis mon arrivée dans la ville des anges, afin de me trouver un coin tranquille. Dès mon entrée dans le parc le bruit de la circulation routière, des voix humaines discutant de bon train, commencèrent à s'amenuir de sorte à commencer à m'offrir une certaine bulle de tranquillité. J'avais beau exister depuis des ... lustres, ne pas me lasser de mon activité, comme tout bon démon j'avais moi aussi besoin de ma dose de calme plat.
D'ordinaire toujours aux aguets, encore plus dans un corps aussi fragile que celui d'une humaine, je remarquais à peine cet homme, ou plutôt le démon, assis sur un banc à quelques mètres de moi. Bien trop occupée à respirer cet air frais et tenter de dissiper ces sombres pensées qui m'habitaient je ne le vis pas se lever et l'entendis à peine s'approcher de moi. Soudain une main se posa puissamment sur mon épaule me faisant rater un battement, pas malin du tout, et malgré moi je me crispais sous cette soudaine pression.
J'inspirais brusquement en me retournant vivement, dégageant sa main de mon corps avec vigueur, avant de le foudroyer du regard alors qu'il me demandait si lui et moi nous connaissions. Sans toute fois montrer ma surprise ou même le fait qu'effectivement, à y regarder de plus près je le connaissais, je me détendais légèrement et haussais les épaules.
- Je ne crois pas, si je vous avais reconnu je vous aurais salué. Peut-être avez-vous récemment assisté un procès ou que vous passez régulièrement dans les différents postes de police de la ville ?
Loathsome canker lives in sweetest bud Feed my wrath with lion's gore.••• Dans son désir de ne pas la laisser lui échapper, sa brusquerie entraîna un mouvement vif de la part de son interlocutrice qui s'était promptement retournée. Contrit, il avait alors légèrement levé les mains, dans une volonté silencieuse de s'excuser par politesse ; ou, tout au moins, de manifester une certaine inoffensivité, malgré la mine quasi antipathique qu'il arbora, quelques instants plus tôt. Dans la multitude qu'elles formaient, ses pensées furent confuses : une profusion désaxée ; instable, même, parce qu'en guettant la réponse à sa question, il continuait d'éplucher les débris mémoriels du Sorcier, se mêlant aux siens ... Si, le souvenir de cette femme n'était pas vif, c'est qu'il n'était pas récent, mais pas non plus ancien. Ou, que ce n'était pas tout à fait elle, qu'il avait croisé la première fois ... Oh, son pouvoir n'aurait su le tromper ... Pourtant seul ce regard lui revenait ; ce que la fenêtre sur l'âme de la rousse lui permettait d'apercevoir, en tout cas. Une essence démoniaque, différente de la sienne, car les racines de sa comparse furent gorgées de Luxure. Cependant ... Elle n'en restait pas moins une Démone. Succube ou non, elle possédait sûrement un dessein, pour être revenue fouler la surface. Elle devait posséder un dessein, s'ils s'étaient déjà vus.
Pour autant, la Créature cultiva la perplexité : s'esquissèrent alors deux possibilités dans l'esprit du Déchu. Ou la rouquine était incroyablement stupide, et ne remettait pas sa figure par négligence ... Ou, elle jouait vicieusement sur le doute, pour une raison qui lui était bien trop obscure, si elle savait au moins qui Stolas fut. Restait une troisième possibilité, celle de sa propre idiotie, mais il n'y songea guère. Jusqu'alors, de toutes les coquilles humaines habités, aucune n'avait avili les capacités dont il fut doté ... Non, impossible. Il était simplement confronté à un mensonge. Ainsi donc, un instant silencieux, c'était avec une conscience avérée qu'elle se jouait de lui qu'il ne l'eut pas quittée des yeux, une pointe d'amertume indistincte émergeant sur ses iris gris. L'atonie des traits du pantin ne se rompit que pour transmettre ce fin rictus indicible étirant les lèvres du Démon; elle avait fait son choix ... Si elle préféra prendre parti d'une discrétion exagérée, c'était peut-être aussi qu'elle était une jeune damnée ; ce serait toujours moins pire, que si elle fut un pion égaré par l'infortune de sa mue spirituelle et pour lequel il n'aurait pas grande clémence. Néanmoins, l'aura lui révélait les natures, sans donner plus. L'interprétation revenait à celui qui l'employait ...
« Si lesdits procès sont nocturnes et sylvestres, alors, il y a bien une chance que nous nous y soyons croisés, oui. »
C'était là l'unique possibilité qu'il entrevoyait, pour l'avoir rencontrée ; le fait qu'elle puisse être une entité ayant été appelée, voire conjurée, au cours de l'une des multiples Cérémonies Noires déjà menées. Mais ... Laquelle ? Et quand ? Il avait célébré tant de Démons, depuis son retour ... Stolas aussi. Non pas que les Succubes et les Incubes courent les rues, mais outre les noms majeurs ou supérieurs, la liste s'allongeait avec les noms mineurs ...
Loathsome canker lives in sweetest bud Je devais bien avouer que je n'aimais pas être interpellée de la sorte mais il faut croire que dans cette enveloppe parfaitement intégrée à la société, avocate de surcroît et suivant la religion à la carte j'allais donc devoir m'habituer à de telles attitudes cavalières.
Aimant instiller le doute, aimant manipuler, jouer avec les mots, je n'allait tout de même répondre immédiatement par l'affirmative à ce démon. Bien sûr que non, un peu de fierté tout de même. De ce manière je pouvais ainsi gagner du temps pour mieux analyser du regard ce corps afin de permettre à mes propres souvenirs de me donner une réponse. Cela ne manqua pas, ce corps je le connaissais pour l'avoir momentanément aperçu durant une sombre cérémonie en mon honneur et celui d'autres démons, le genre de cérémonies qui se faisaient rares de nos jours. Quant à cette aura, elle était puissante, je sentais que le démon en face de moi devait être du même acabit que les Jumeaux. Intéressant.
A l'écoute de ses paroles, un sourire étira mes lèvres. Le souvenir de cette fameuse messe nocturne était doux à mon esprit, me rappelant cette sensation de pouvoir qui m'avait envahie alors que l'on me célébrait comme la déité que j'étais, à ma juste valeur. J'avais beau ne pas être capable d'entrer dans sa petite tête pour découvrir ses pensées, j'étais en revanche certaine qu'il était en cet instant en train de faire la même chose que je faisais : tenter de deviner qui était en face de moi. Et ce n’était pas une mince affaire, croyez-moi.
J'avais beau être la reine des démons, les auras des déchus ne m'affichaient pas pour autant leur identité et je devais me creuser la tête pour trouver de qui il pouvait bien s'agir. Soixante-douze et pour seuls trois d'entre eux elle serait capable de les reconnaître les yeux fermés. Soixante-neuf noms donc, moins quelques uns dont elle était certaine que la présence en Enfer était encore d'actualité. En somme, la liste m'étais encore longue et celui que j'avais en face de moi se ferait un malin plaisir à ne pas me rendre la tâche aisée... je n'en attendais pas moins.
- Touché ! répondis-je avant de croiser les mains dans mon dos non sans me balancer momentanément sur la pointe des pieds. Il me semble que vous soyez un plein doute concernant ma réelle identité mais les secrets le restent rarement quand ils ont affaire à des démons... Quoi qu'il en soit je dois dire que j'ai particulièrement apprécié votre cérémonie me concernant, c'est une habitude qui se perd !
Loathsome canker lives in sweetest bud Feed my wrath with lion's gore.••• Moins enthousiaste qu'elle, il se contenta de conserver une certaine placidité, détaillant d'un vif coup d'œil le mouvement qu'elle exécuta. Alacrité passagère, de ces retrouvailles sans noms ... Ce qu'il pouvait comprendre, lui-même recherchant certains des leurs. Pas vraiment par instinct grégaire ; seuls les plus vicieux et les plus belliqueux l'intéressaient. Les autres s'abîmeraient d'eux-mêmes dans la vie humaine, dans laquelle ils se vautraient allègrement ... Il ne pouvait vraisemblablement leur reprocher, même s'il eut préféré les voir voler dans les plumes immaculées des Anges établis en ville.
« L'Enfer est vaste. »
Et le mensonge extrêmement commun. Être de la même race ne les invitait pas à être plus courtois dans leurs échanges ... Ni plus honnêtes. Même s'il s'était agi d'un autre Déchu, il n'aurait probablement pas daigné s'annoncer. Un nom tu, méconnu, valait mieux qu'un nom répandu à tort, plus à même d'être saisi par quelque exorciste du coin. Vermine qui ne manquait pas, en plus de celle qui se donnait pour mission de traquer les surnaturels jugés de dangereux selon une morale qui leur était propre.
« J'espère au moins que vous me dévoilerez votre nom. C'est plus par curiosité que réel intérêt qu'il m'intéresse ... Quoi que. »
Savoir à qui l'on s'adressait était toujours plus confortable, mais, il devrait s'en passer pour quelque temps. Voilà ce que disaient les airs malicieux qu'il décelait chez elle, à mesure qu'elle baissait son masque de mégère irritée. Cela devrait allonger la durée de vie de leur échange, qui n'en serait, supposément, que plus appréciable.
« Hm. Vous m'en voyez ravi, dans ce cas. »
Par précaution, son regard balaya les alentours, s'assurant qu'aucune oreille indiscrète ne traîne trop près d'eux ; inutile d'attirer les soupçons. Car si les mortels n'étaient pas exempts de folie, il serait difficile de les faire passer tous deux pour des déments en train de comploter sur des fantaisies, si le destin souhaitait entraver cette rencontre par une autre plus délétère.
« C'est peu courant chez les nôtres, pour une raison qui m'échappe. »
L'Orgueil, peut-être. Parfois, le simple fait de devoir recourir à d'autres que soi-même pour la bonne exécution d'une tâche, pouvait être vexant pour la fierté de certains ; alors même que l'union faisait généralement la force.
« J'ai néanmoins veillé à ce que cette "coutume" ne s'éteigne pas, pour les nouvelles générations ... Celles étant à ma portée, bien entendu. Il est vrai que cela tend doucement à disparaître ; ingratitude ou négligence, ils oublient à qui ils doivent leurs dons. »
Il n'était plus question de Démons, cette fois, mais bien de Sorciers. Descendants plus ou moins directs ; ceux qui s'étaient détournés de la noirceur qui leur fut si facilement accessible oublièrent les Démons, au profit d'une magie plus pure. Et ceux ayant embrassé les ténèbres préféraient rendre gloire à leurs propres intérêts ou personnalité qu'aux entités à qui ils devaient leur pouvoir. Heureusement, parmi le bétail humain ordinaire, il y aurait toujours certaines têtes assez dégénérées pour se promettre corps et âme à l'Enfer.
Oh oui. L'Enfer était immense, tentaculaire même, et il était composé d'autant de domaines qu'ils y avait de démons supérieurs les dirigeants. Il pouvait parfois être un labyrinthe aux multiples portes dérobées. Mon domaine. Notre domaine. Un léger sourire étira mes lèvres alors qu'un léger ricanement s'échappait de ma bouche. Décidément il était aussi curieux sur mon identité que je ne l'étais sur la sienne. Cela faisait-il trop longtemps qu'il n'était redescendu ? Peut-être bien.
- Vous finirez bien par le découvrir, contrairement à d'autres ici bas je n'use pas de subterfuges magiques pour dissimuler ou atténuer la puissance de mon aura. Ah ! Décidément cette ville attire beaucoup ceux qui sont nés anges, c'est ... intéressant.
Je lui adressai un regard non sans tâcher de le laisser lire lui-même les émotions qui pouvaient s'y trouver. Quatre anges déchus et au moins un ange en la personne de ce policier aux cheveux blonds. Un cocktail explosif si la première catégorie se décidait un tant soit peu à réellement passer à l'action.
- Je ne saurais qu'encourager cette méthode pour le moment. Trouver sa propre porte et la refermer derrière soi est préférable au fait de la laisser grande ouverte pour les autres. Il ne faudrait pas que les moins expérimentés sapent l'œuvre des grands !
Bien sûr il allait de soi que le jour où nous serions totalement prêts à faire des cette Terre un véritable enfer pour tous les êtres humanoïdes, j'ouvrirai grand la porte à tous mes enfants pour les laisser envahir les rues de leur violence et de leur perversité. Mais pas maintenant, je n'étais pas prête et ils ne l'étaient pas encore non plus.
- L'ingratitude des humains devrait figurer aux côtés du Pêché originel. Oubli inconscient ou simple hypocrisie, telle est la question !
Oh que oui l'espèce humaine était plus qu'ingrate envers les Déchus qui leurs avaient tant appris, les sorciers envers Azazel et les démons qui les avaient enfantés. J'ignorais réellement la cause de ce manque de reconnaissance de la part des mages, avaient-ils honte ? Un point qui serait tout à fait intéressant à exploiter.
- Quel rôle jouez-vous ici bas ? Je suis certaine qu'au regard de votre grade cela doit être tout à fait délicieux ! lui demandais-je avant de détourner la tête et de poser mon regard sur les alentours.
Loathsome canker lives in sweetest bud Feed my wrath with lion's gore.•••« Hm. »
La remarque de la rouquine avait beau être pertinente en plus de le concerner, lui, n'était revenu arpenter ce monde que pour voler dans les plumes de ceux qui revinrent s'établir ici. Si les Anges avaient fait le choix de laisser le monde s'abîmer encore tel que ce fut le cas au cours de cette dernière décennie, il n'aurait probablement pas pris la peine d'accélérer l'avènement d'un chaos inévitable pour les Hommes. Destinée funeste, aujourd'hui mise en péril par les envoyés de l'Éternel ; tous missionnés pour contrer les vices et péchés rongeant naturellement la vermine mortelle qui pullulait ici bas, en plus de les tirer de quelque mauvais pas que ce soit ... Ce n'était là qu'une forme plus élaborée de tricherie.
L'espace d'un instant, le Démon n'écouta plus sa comparse, sans cesser de la fixer pour autant. Dans le cas où la patience lui manquerait dans cette petite enquête "amicale", il savait déjà quoi faire d'une inconnue infernale, pour servir ses projets ... Le sang démoniaque était une denrée puissante ; rare, même. S'il pouvait pratiquer quelques saignées modérées sur son propre pantin, il ne lui échappait pas qu'il puisse utiliser quelques Démons aux noms un peu plus mineurs pour s'épargner la corvée ... La rousse représentait une candidate idéale, en tant que Succube ; il avait ainsi l'assurance, ou presque, de ne pas s'en prendre à une figure potentiellement influente de l'Enfer. Peut-être n'était-elle que l'un des nombreux rejetons de la Reine des Démons du stupre, par ailleurs ... Pas une grande perte, en outre.
« Bien sûr, hm. »
Répondit-il, distrait, ce fin sourire persistant aux lèvres. Pour l'heure, il préféra interrompre ses réflexions, pour se recentrer sur leur discussion ; cette dernière portant sur l'activité humaine exercée ... Pas vraiment plus passionnant, même si, cela pouvait être utile pour esquisser quelques plans.
« Je suis prêtre. J'aide les paroissiens à ma façon. »
Douce ironie ... Et quel cadeau, pourtant. Quelques messes valaient bien toutes ces heures passées au confessionnal à engranger les âmes songeant naïvement s'y repentir ; sans que ces dernières n'envisagent une seule seconde que le verbe les condamna par quelques accords infernaux dissimulés dans ces circonstances. Et, même si cela paraissait mortellement banal, blasphémer par sa simple présence en un " lieu sacré ", où il usurpait un rôle l'étant tout autant, n'en était que plus délectable. Il dérobait les brebis du Seigneur pratiquement au nez et à la barbe de celui-ci, impunément.
« Cela dit, vous pourriez aussi bien me croiser dans un diner en ville. C'est la part un peu moins attrayante de cette vie. »
Une vie qui ne lui appartenait pas, et qu'il finirait bien par ruiner sans le moindre scrupule, une fois durablement ennuyé. Bien que les discussions nocturnes là-bas puissent parfois aboutir à quelques issues à peu près exploitables, les ragots des traînards qu'il accueillait par tout temps, qu'il pleuve, neige, ou vente, n'étaient bien souvent qu'un ramassis de futilités ... Mais ces jours rébarbatifs, ces boucles de vingt-quatre heures quasi-identiques, le Déchu ne s'y ferait jamais vraiment ... Et il n'y avait bien que les humains pour se complaire dans une telle existence éphémère et ô combien répétitive.
« Quant à vous, vous êtes au service de la Justice, c'est bien ça ? Il doit y avoir un sacré défilé d'âmes viciées, là-dedans ... »
Il ricana.
« Dépendant de la place que vous y occupez, cela peut toujours être utile. »
Dans un mouvement presque inconscient, il imita sa comparse lorsqu'elle jeta un bref regard aux alentours. Rien de suspect. Rien de bien joyeux non plus qui sorte de l'ordinaire même en cette période de l'année, dans le paysage ; pas de mioches en pleine bataille de boules de neige. Pas l'ombre d'un flocon ... Après tout, la région n'était pas réputée pour sa froideur, bien au contraire.
Loathsome canker lives in sweetest bud Alors qu'il répondait à ma question concernant la couverture humaine qu'il empruntait pour se fondre dans cette masse grouillante, je senti un sourire étirer mes lèvres. Voilà donc qui était fort intéressant et Père devait bien bouillonner de savoir qu'un de ses rejetons déchu se jouait tant de lui. Voilà bien une occupation donc je n'aurais pas cru un démon être doté de suffisamment de patience pour l'exécuter. C'était tout de même assez ironique que l'un d'entre nous se retrouver prêtre mais je devais bien avouer que cela était divertissant.
- Prêtre...
Un rire, que je ne pu retenir, vint ponctuer mes pensées au sujet d'un tel hobby pour un démon. Je me demandais bien quelle pouvait être la réaction de Père, imaginer une vision de lui bouillant de colère me fit bien jubiler. Je devais tout bien reconnaître l'intelligence et la ruse du démon supérieur que j'avais en face de moi, tant d'âmes à portée de main, à pervertir, récolter pour sa propre gloire. Je senti cependant un sourcil ce hausser alors qu'il me révélait la partie la moins attrayante de son rôle : travailler dans un diner. Effectivement, il n'y avait rien de glorieux en cela mais telle était cette couverture avec laquelle il devrait composer pour le moment afin de se jouer au mieux de ses ennemis comme de ses potentiels alliés à trahir.
Lorsqu'il aborda le rôle que je jouais, je ne pu m'empêcher de lui adresser un sourire satisfait. Avocat. Voilà bien une occupation que je ne me serais pas cru occuper un jour et pourtant j'étais là dans le corps de Dorothea Jenkins à tenir ce rôle tout un manipulant toutes ces âmes qui s'offraient à moi. J'hochais alors la tête, lui confirmant ainsi que j'étais au "service" de la Justice.
- Je peux la servir autant que je l'incarne mais c'est un bien grand mot quand je me joue autant des coupables que des victimes. Je ne suis certes pas un juge ou un procureur mais je sais me faire écouter... et me faire obéir aussi surprenant que cela pourrait paraître. expliquais-je alors. Flatter mon roi en pervertissant toutes ces bonnes âmes au coeur de la cité des Anges est ce qui me plaît le plus.
Loathsome canker lives in sweetest bud Feed my wrath with lion's gore.•••L'occupation humaine de la Démone offrait malgré tout une place confortable, et, comme elle venait de le lui souffler, la possibilité de moissonner de nombreuses âmes aussi en marchandant un peu. Certes, ce n'était pas une offense aussi significative que celle du faux-berger, mais chaque démon ne constituait pas par défaut une lignée blasphématoire à son service pour la prochaine éternité ... Ceci dit, une Succube avait-elle réellement besoin de cela, lorsqu'elle pouvait employer ses capacités démoniaques à cet effet ..? Nul doute que les clients rencontrés devaient lui fournir grand divertissement en tant qu'esclaves, sans compter ses supérieurs hiérarchiques, mais ... Il était à espérer que ces damnés aient une réelle influence sur ce monde ; ce qu'ils verraient une fois le moment venu. Car, contrairement à ce que l'on aurait pu songer, la satisfaction du Princes des Ténèbres ne fut pas l'unique préoccupation de chaque démoniaque arpentant la terre des Hommes.
« Hm, une mainmise avantageuse, et presque stratégique. Compte tenu de votre nature, cela n'a pas grand chose de surprenant ... »
Le Déchu avait relevé l'attachement dont elle fit preuve en mentionnant Lucifer, mais, décida de mettre cela sur le compte d'un zèle excessif ... Pour le moment tout du moins.
« C'est une place de choix où il est aisé de constituer une égide par le mensonge ... Puisqu'il nous faut présentement jouer selon leurs règles, c'est un atout. »
Même si ce n'était pas quelque chose de vraisemblablement plaisant, ils n'avaient pas vraiment d'autres choix que d'employer les mœurs humaines, dans certaines situations ... Malheureusement.
« Je doute néanmoins que ses attentes soient si basses. Si c'est ce à quoi vous aspirez, il faudra faire plus pour réellement le flatter. Et plus encore pour l'honorer. En dehors de son nom et de quelques individus, cet endroit n'a rien de céleste. »
Car le terrain de jeu des Anges comptaient aussi ceux qui furent Déchus ; et une empreinte non-négligeable de perversion, quoi que l'on puisse en dire. Sa population s'était suffisamment éloignée de la pureté, et plus encore de l'ascétisme. En d'autres termes, c'était un bétail qu'il était aisé de détourner des Cieux, et qui, en partie, l'avait déjà fait de lui-même.
« Je me permets d'insister ; quel est le nom de la tête rousse, avec laquelle je converse ? »
Glissa-t-il finement, néanmoins sans transition. Peut-être qu'à défaut d'obtenir son nom démoniaque, il aurait le droit à son identité humaine. Cela pourrait toujours être utile.
Loathsome canker lives in sweetest bud Tous les démons n'étaient pas doté d'une volonté de stratégie, les Supérieurs pouvaient faire preuve d'une stratégie digne d'Alexandre Le Grand tandis que les Inférieurs ne prenaient pas le temps, faisaient leur œuvre de manière parfois brouillonne et attiraient l'attention des exorcistes. Le métier de Dorothea m'offrait cette possibilité d'être plongée dans cet échiquier grandeur nature et d'y faire avancer des pions pour étendre mon influence.
- En effet, c'est un milieu où la vérité peut être prise pour mensonge et inversément. Jouer selon leur règles est certes une obligation afin de ne point révéler notre nature mais cela peut être si jouissif de voir cette étincelle de choc lorsqu'ils réalisent qu'ils se sont fait avoir en beauté...
Oh que oui. Un plaisir malsain que de rechercher cette étincelle dans le regard des humains, une Quête qui n'était pas poursuivie par les démons mais ceux qui s'y lançaient savaient faire monter toutes ces sensations pour mieux accéder à cette apothéose si plaisante. J'observais le moindre détail, aussi imperceptible soit-il, qui pouvait passer sur le visage du déchu que j'avais en face de moi. La réponse qu'il me fit, étira un grand sourire dévoilant mes dents. Je savais pertinemment qu'il en fallait plus pour flatter Lucifer, que ce n'était faucher simplement des âmes qui saurait attirer sur son regard. Bien au contraire, il avait des attentes pour les démons supérieurs et il en avait pour moi tout comme je me devais d'entretenir un certain prestige.
- Vous doutez bien et ce ne sont pas nos petites œuvres personnelles qui vont ne serait-ce qu'attirer son regard. Non. Il fallait voir plus grand que de pervertir une partie de la ville grâce au cabinet ou par le biais de cette occasion religieuse, mais je n'allais tout de même pas faire partager mon plan à ce Déchu alors même que je n'arrive pas à déterminer son identité et que de ce fait j'ignore s'il fait partie de ceux qui sont neutres à mon encontre ou ceux qui n'apprécient pas de voir une ancienne humaine au côté de leur leader. Jenkins devrait être amplement suffisant. Et vous même ?
Le nomine est une chose si importante. Cela permet de connaître son interlocuteur, de lui découvrir un début de personnalité, de découvrir ses origines grâce à la manière dont il le prononce. Mais le nomine peut se révéler d'une dangerosité sans commune mesure. En effet il est doté d'un puissant pouvoir qui, entre les "bonne" mains, pouvait conférer un contrôle assuré sur la personne concernée. Cette identification utilisée par un humain comme par des sorciers ou des démons pouvait être à même de faire vivre un véritable Enfer à la victime. Et si je dispose de la possibilité de me créer un médium ou un sorcier qui serait à ma merci, en la personne du jeune Samuel, si j'en révèle de trop au déchu je me ferais prendre au piège comme une bleue.
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