Plus rien n’avait la même saveur depuis la mort de Zephyr, fort heureusement il subsistait quelques lueurs auxquelles Karl se raccrochait mordicus pour ne pas sombrer une fois encore et ainsi céder à la facilité. Beaucoup de personnes comptées sur lui, à commencer par Peny enceinte jusqu'au fond des yeux d’une petite princesse en devenir. Le bonheur devait être le maître-mot de cette famille emplie d’amour, mais difonctionnel au possible. Il y avait aussi Lyanna, que le désespoir ne quittait plus, hormis par le biais de quelques infusions magiques et bien d’autres moyens peu orthodoxes, parmi lesquels se dressait – en tête de liste – l’alcool. Certainement la plus grande des addictions de Miss Johnston, mais que par amour, Fitz avait essayé de ne pas voir. Mais le pouvait-il encore malgré tout ?
Il posa un regard désolé sur Lyanna qui dormait encore. La soirée avait été mouvementée et longue de surcroît. Une fois encore, l’ancien régent avait pris sur lui pour ne blesser personne. Mais la tentation d’envoyer un message à Brad pour l’aider à trouver une solution, était grande, suffisamment pour avoir rédigé un message rétrogradé dans les brouillons puisque « non envoyé » Consciencieux, Karl avait préparé à sa belle un semblant de petit déjeuner pour ne pas la laisser avec l’estomac vide avant son départ. Piper Bush venait de lui écrire, lui faisant savoir qu’il devait se rendre au bureau. Elle n’était pas rentrée dans les détails, ce qui sembla surprendre le nouvel agent de terrain, mais pas assez pour mettre à mal son envie de bien faire. Il se saisit alors d’un bloc-notes y inscrivit un petit mot à sa bienaimée avant de quitter la maison. Une fois encore, il délaissa la voiture au profit de la moto offerte par Lily à Noël. Pour dire vrai, il ne la quittait plus au point de ne plus se déplacer qu’à deux roues dans les rues du tout Los-Angeles.
Et le voilà donc, cheveux au vent et lunette de soleil sur le bout du nez, à rouler à vive allure sur l’asphalte goudronné. Vrai gain de temps, il ne lui fallut qu’une dizaine de minutes pour retrouver les bureaux de la BACS, là où d’ordinaire il lui fallait bien vingt à trente minutes. Garant son nouveau destrier non loin du parking et profitant du sous-sol, Karl retrouva sans attendre l’ascendeur le menant à son but. A savoir près du bureau de Miss Bush et quelle ne fut pas sa surprise en apprenant que la belle brune aux yeux bleus, n’était pas là pour l’accueillir. Une surprise plus grande encore lorsqu’il fut notifié au sorcier d’attendre.
« - Attendre quoi ? » demanda-t-il à la jeune femme qui venait de lui transmettre le message. « Votre partenaire. » lâche-t-elle ensuite avant de s’éloigner aussi vite qu’elle ne s’était approchée. « - Mon partenaire ? » Par réflexe, Karl consulta à nouveau son portable. Avait-il loupé un passage dans le message de Piper ?
Dernière édition par Karl Fitzgerald le Ven 8 Jan 2021 - 17:41, édité 3 fois
J’étais ici depuis un bon mois. Cette ville de merde qui m’avait fait souffrir avait réussi à m’avoir à nouveau après toutes ces années. Dix-neuf ans sans pointer ma sale gueule angélique. Dix-neuf ans à profiter de la vie ailleurs dans un pays que je considérais désormais comme le mien : Le Mexique. Les choses avaient changé. La B.A.C.S. avait organisé un échange entre un agent de seconde zone futile et ma personne. Je n’étais qu’une monnaie et je crois qu’ils m’ont renvoyé ici car je suis efficace. Je n’avais jamais eu de partenaire. Bon, en fait si mais c’était de l’époque où Franky était encore vivant et me soufflait une once de jugement à l’oreille. Je n’étais plus comme ça. J’avais tout rejeté et même mon frère à la limite. Je l’appelais, mais je ne lui parlais pas de ma vie. La solitude emplissait mon âme et là où d’autres auraient sans aucun doute sombrer dans la folie ou la dépression, moi je me tenais droit. Le travail était toute ma vie. La traque de ces merdes démoniaques et autres espèces de surnaturels qui se croyaient tout permis.
J’avais reçu un message de Piper Bush. Elle était la directrice adjointe de la B.A.C.S. Une archange de haut niveau qui dégageait plus de bonté et d’innocence que Dieu lui-même sans doute. Elle pouvait avoir l’air perdu et décalée au premier regard, mais elle restait une redoutable guerrière. Elle avait pris le soin de m’appeler même pour s’assurer que j’allais venir au bureau ce matin. Pourquoi elle insistait tant celle-là? Je poussais un soupir en fumant une clope avant de me préparer pour rendre là-bas. Je m’habillais avec mon t-shirt, mon cuir et mes jeans. Rien à voir avec l’agent de terrain tiré à quatre épingles et avec un complet. Je mettais mon arme dans mon holster avant de partir de l’appartement de Ézéchiel. Sa copine et lui-même semblaient absent ou dormaient. Je n’en avais rien à battre en fait.
Je montais sur mon destrier de fer pour me rendre aux bureaux de la B.A.C.S. C’était tellement plus facile de se déplacer dans cet environnement. Mademoiselle Bush m’avait convié dans une salle de conférence. J’arrivais et je restais debout en attendant qu’elle ne vienne me voir. Elle entrait avec toute la grâce dont elle était capable. Elle me regardait dans les yeux.
-Bon … Je suis là pour quoi madame Bush?
- Votre partenaire vous attendra près de mon bureau dans une quinzaine de minutes. Faites connaissance. Vous aurez une mission pour commencer à travailler ensemble.
Je levais les yeux au ciel avant de jurer. Un partenaire. Il ne manquait plus que je me retrouve avec un gringalet inutile et sans la moindre expérience. Je me sortais une clope directement, mais la brune me fusillait du regard. Je rangeais mes clopes en soupirant profondément. Je voulais fumer moi! L’archange quittait la salle et j’attendais l’heure avant d’aller à la rencontre de celui qui serait mon partenaire. Pourquoi ils nous avaient jumelé ensemble? J’étais un solitaire. Je voyais sa silhouette clairement à ce type. Je parlais d’une voix claire en le regardant.
- Hey, j’imagine que c’est toi mon «partenaire»?
Oh bah oui, autant qu’il sache que j’étais aussi sympathique que … que rien en fait. Je n’étais pas sympathique. La tronche de cet homme me disait quelque chose par contre. J’avais la nette impression de l’avoir déjà croisé et ça, c’était bizarre.
Karl n'était pas le genre de personne à être anxieux. Il lui fallait un semblant de contexte pour se mûrir dans l'anxiété. Or cette fois il avait très peu d'informations pas assez pour stresser. Sa supérieure l’avait simplement convoqué sans raison apparente, mais convoqué quand même. Et alors qu'il se rendait sur place, à l'heure peut-être même un peu trop, il eut la mauvaise surprise de découvrir que finalement Piper Bush n'était pas présente. Et de toute évidence tout le monde semblait au courant de cette absence sauf l'intéressé qui commença à converser avec la personne de l'accueil qui venait de lui transmettre une information. Il était question d'attendre son nouveau partenaire. Une nouvelle qui bien plus de l ébranler le surprit, car à aucun moment dans son entretien, Piper avait évoqué la possibilité d'avoir un partenaire sur le terrain. Si tel était le cas notre cher Carl Fitzgerald aurait aimé la prendre d'une autre façon plutôt que d'être mis sur le fait accompli. Il soupira donc longuement assez pour mettre mal à l'aise la personne qui venait de lui parler. Puis sans se soucier de mettre mal à l'aise cette personne l'ancien régent de Red House consulta une fois encore son téléphone portable. Il espérer naïvement être passé à côté d'une information, d’un mail, on ne serait-ce qu'un SMS aussi insignifiant soit-il. Mais non, il ne trouva rien absolument rien susceptible de l'aiguiller vers la piste du nouveau partenaire. Il devait donc s'adapter et prendre sur lui pour d'une part être bienveillant, puis pour accepter la perspective de ne plus être seul sur le terrain désormais.
« - Dites-moi ! Je suppose que vous n'êtes pas apte à me donner des informations ? Mademoiselle Bush ne vous en a pas dit plus ? J’imagine que non. » Il se retrouvait presque à meubler tant son interlocutrice demeurait avare en informations. Était-elle de nature à jouer les mystérieuses ou se contentait-elle de suivre d'hypothétiques ordres ? Et pourquoi devait-il attendre comme un idiot ? Attendre qui ? Quand ? Karl avait beau apprécier sa supérieure, il n’en demeurait pas moins légèrement échaudé d’être ainsi mis sur le fait accompli. Mais que pouvait-il faire de plus si ce n’est attendre ? Une attente qui prit quelques minutes plus tard et quelle ne fut pas la surprise de Karl en découvrant la présence de Piper qu’il pensait absente. Il eut tout juste le temps de la saluer et de prendre la direction qui venait de lui être indiquée. Et pour le coup, face à l’inconnue, le fils d’Arthur sentit une légère appréhension l’envahir, comme si quelque part, il se préparait déjà au pire.
Le pire portait un simple t-shirt, un jean et du cuir, tel le motard qui semblait être d’apparence. Il n’avait rien de commun avec les quelques agents de terrain que Karl avait pu rencontrer. Mais ce n’est pas le look qui surprit Karl. L’homme négligé lui était familier assez pour que cela ébranle légèrement le sorcier, bien plus que l’attitude cavalière du bonhomme sûrement pas habitué à évoluer en binôme. « - J’ai bien l’impression que oui, je suis votre partenaire. Et puisque nous en sommes aux présentations, moi c’est Fitzgerald, Karl Fitzgerald. » Il lui tendit la main, espérant ne pas se prendre un vent en bonne et due forme.
Déjà, sa gueule de chérubin trop parfait me disait quelque chose. Il avait probablement de bonnes qualités et il n’avait pas l’air d’un bleu. Je devais tenter de trouver les bons côtés après tout et quand j’en aurais marre, j’irai gueuler dans le bureau de Bush pour être à nouveau en solo soit dans 1h au grand maximum. Clairement, nous nous regardions comme deux cons avant que finalement il daigne me donner son identité. Alors là, je faisais les gros yeux. Fiztgerald comme dans Karl Fitzgerald. C’était pas possible. On avait été à l’école ensemble avant que je n’entre à Red House avant de me barrer du jour au lendemain il y a 19 ans. Je lui serrais la main fortement en le regardant droit dans les yeux.
- C’est bien pour ça que ta tête me disait quelque chose … Shawn Draven.
Surprise. Le petit frère de Ézéchiel avait trouvé une paire de couilles au dernier moment et était devenu un homme. Je lui faisais un sourire. L’un des rares que je pouvais offrir à quelqu’un en dehors de ma famille. Finalement, la boss avait peut-être eu une bonne idée de nous jumeler ensemble. Si il y avait bien un type en qui j’aurais confiance c’était Fitz. J’ignorais qu’il bossait pour la B.A.C.S. cependant mais ça restait une belle surprise. Je changeais ma poignée de main pour une accolade. Sorciers de sang un jour, sorciers de sang toujours. Je mettais ensuite une main sur son épaule en le regardant dans les yeux.
- Dios mio t’as l’air en forme après toutes ces années. Qu’est-ce que tu fais en dehors de bosser ici hein? Je suis bien content que ça soit toi et pas un de ses petits niños avec une couche encore au cul.
Pour ma part, les années de boulot et de terrain m’avaient rongé, mais c’était surtout la mort de mon familier qui avait détruit une partie de mon âme. Franky me manquait profondément chaque jour. Je sortais mes clopes et mon briquet sans sortir une clope de mon paquet dans l’immédiat. J’avais envie de fumer comme d’habitude quand j’étais heureux, fatigué, en colère, anxieux ou quand je m’emmerdais. Bref, je fumais h24.
- 19 ans à éviter de revenir ici et me voilà le cul prit à L.A. … Je te jure j’étais mieux ailleurs. C’est pas contre toi Karl hein, je suis pas ici par choix.
Il allait me poser des questions et j’étais prêt à y répondre sans le moindre problème. Maze devait bien être quelque part. Je me souvenais de son familier. Un autre loup à croire que chez les sorciers de sang c’était une tradition.
S’il était parvenu à parfaitement négocier son retour à la BACS, il n’avait certainement pas prévu d’avoir un partenaire aussi rapidement. D’ailleurs, Mademoiselle Bush n’avait semblerait-elle jamais évoquer clairement cette perspective. L’avait-elle fait ? Le doute assaillit Karl, l’espace d’un instant. Peut-être n’avait-il entendu que ce qui l’arrangeait et omit délibérément le reste et donc cette partie de l’entrevue. « Dans quelle merde je me suis fourré ? » s’autorisait-il à penser après avoir furtivement détaillé de la tête aux pieds le nouvel arrivant qui avait tout sauf l’allure d’un agent de terrain. Les standards avaient-ils évolué à ce point au sein de la BACS ? « Tu es trop dans le jugement Fitz. » Et puis à bien y regarder (si l’on omet le look bad guy) un quelque chose de familier se dégageait du type, comme si quelque part, dans une autre vie, ils s’étaient peut-être déjà croisés.
Laissant planer le mystère, Karl entreprit de se présenter, comme il était d’usage en de telles circonstances, ce qui obligerait (accessoirement) l’hurluberlu à en faire de même. Et qui sait, peut-être que le mystère n'aura plus lieu d'être. Mais il y avait à priori, selon Karl, peu de chances qu’ils se connaissent. Qu'elle ne fût donc pas sa surprise lorsque le patronyme « Draven » se fit entendre. « - Attends comme Shawn le petit frère d’Ezé ? Non c’est toi ? » Presque aussitôt Fitz se décrispa ravi de ne pas avoir eu à plonger dans l’inconnu.
Ils échangèrent une poignée de main virile autant que l’accolade qui suivit. Shawn avait bien changé, incontestablement. « - Je t’ai connu tout gringalet. Donc on peut dire sans se mouiller que c’est toi qui as l’air en forme. Et à ce que je vois le sens de la répartie est toujours là. Au moins je suis content de savoir que je me retrouve avec une connaissance. Je me voyais mal repartir à zéro et encore moins jouer la baby-sitter sur le long terme. » Il le vit alors sortir l’attirail du fumeur, sans toutefois laisser paraître une cigarette à ses lèvres. Puis il reprit son récit, ameutant une dose de mystère, assez pour ne pas résister à l’envie de poser quelques questions au risque de paraître indiscret. « - Et pourquoi ton cul terreux est de retour à LA si ce n’est pas par choix ? C’est à cause de Ombra que tu es revenu ? Tu es courant de ce qui se passe ? »
Je n’aurais pas pu tomber sur un meilleur partenaire que Karl Fitzgerald. J’avais déjà confiance en cet homme. Il était un sorcier de sang et j’en étais un aussi. C’était le mixte parfait en fait. Finalement, la sous-directrice était peut-être pas si bête que ça dans ces petites robes à fleurs. Je me mettais à rigoler alors qu’il parlait de moi adolescent. Il est vrai que j’étais un gamin à cette époque et Karl était plus vieux que moi que quatre ans, bien que j’avais l’air plus vieux que lui maintenant. J’avais mes clopes dans mes mains par habitude et l’envie de fumer me rongeait encore. Bordel d’habitude de merde sérieusement.
-Y’a rien qui me fait plus chier que de jouer à la baby-sitter honnêtement. J’ai l’air d’une gamine de seize ans qui se cherche un boulot pour pouvoir aller au cinéma le vendredi soir?
Non, pas du tout. J’avais plutôt l’air du connard qui la sifflait alors qu’elle portait une jupe trop courte. En vrai, j’étais respectueux avec les femmes en général. Une pute restait une pute par contre. Je n’étais pas con et c’était sans aucun doute pour ça que j’étais encore célibataire et sans enfant. Ma vie, c’était mon boulot et ma famille maintenant que j’étais ici et qui sait, mon partenaire si nous arrivions à devenir aussi proche que des frères de coeur. La fraternité était importante. Il se demandait pourquoi mon petit cul bronzé était ici et je rigolais un peu en baissant le regard avant de le regarder sérieusement.
- Ombra est l’une des raisons, mais la principale étant que les agents ici sont réputés pour être des gratte-papiers plutôt que des vrais agents de terrain. Ils ont oublié ce que c’était que de se battre pour une cause avec le coeur qui bat dans la poitrine. Ils ont oublié ce que c’était que de faire du terrain. La B.A.C.S. a une mauvaise réputation depuis plusieurs années. La directrice a donc décidé de faire des échanges et je suis l’un d’eux. Je plains le pauvre type qu’ils ont envoyé chez les miens. Peut-être reviendra-t-il avec une véritable paire de testicules. J’en peux plus, je dois fumer. Je te laisse aller chercher le bout de papier.
Moi? Déléguer de la paperasse? Jamais. En revanche, si je fumais pas après ça, j’allais être de sacré mauvais poil. Je laissais Karl allé chercher notre mission du jour qui devrait être simple en soi. Je me rendais devant le bâtiment et je m’allumais directement pour profiter de la fumer qui brûlait les cellules de mes poumons. Bordel que j’étais accro à la nicotine merde!
S’en était fini de cette légère et désagréable sensation qui habitait le sorcier depuis son arrivée. À présent, le mystère n’avait plus lieu d’être et le partenaire en question était tout sauf un inconnu. Comment était-ce possible ? Piper Bush avait-elle mené son enquête, allant jusqu’à remonter dans les années académique de Karl ? C’était peu probable et pas très peu procédurier. Cependant, ce n’était pas la première fois que la BACS se plongeait dans le passé de l’un de ses employés et par les temps qui court, peut-être était-ce devenu normal d’agir de la sorte pour se prémunir d’une trahison à venir. Toujours est-il que Karl était plus que ravi de retrouver une vieille connaissance avec laquelle il allait devoir collaborer sur des affaires à venir. Et il ne boudait pas son plaisir, plus encore lorsque le barbu lui tendit une perche. « - Pour ce qui est des baby-sitters, de toi à moi, j’en ai connu très peu avec une telle pilosité. Donc, non je ne me risquerai pas à te comparer à une adolescente de seize ans. »
De quatre ans son aîné, Karl avait connu le jeune Shawn à l’académie. Ce qui est ironique, c’est qu’à peine quelques années plus tard, il se lira d’amitié avec son frère aîné, loin de se douter du lien de parenté, tant les deux sorciers semblaient différents. Une différence qui semblait s’être accrue avec le temps. L’on pouvait aisément voir paraître sur le visage de Shawn, des années d’errance. Il avait le regard bien plus dur et même s’il se laissait aller à quelques petites blagues, Karl sentait bien qu’on fond de lui, quelque chose s’était brisé. Mais il était trop tôt pour parler souffrance et blessures passées. Et puisqu’il subsistait un temps pour chaque chose, Fitz préférait consacrer celui qui lui était alloué à savourer ces retrouvailles inattendues de surcroît. Karl voulait aussi en apprendre un peu plus sur son nouvel équipier. Bien qu’il se doute que son retour à Los Angeles était le fait de l’avènement d’Ombra. Ce que le bad-boy d’apparence confirma dans la foulée.
« - Piper Bush m’a débauché peu après que j’ai rendu la régence de Red House à mon père. J’ai été surpris, plus encore de savoir qu’ils avaient gardé mon dossier et que mon profil les intéressait autant. On ne peut pas dire que l’ancien directeur était du genre dithyrambique. J’étais donc loin de me douter que j’avais été un aussi bon agent de terrain et que la direction avait à cœur de me convaincre de revenir. J’ai même eu la possibilité de négocier mon salaire, c’est dire. » Il préférait et de loin occulter tout ce qui était inhérent à Ombra pour l’instant, préférant de ce fait se focaliser sur ce que l’immédiat avait à lui offrir. En l’occurrence, une pause clope pour Shawn. « - Je rêve ou te me colle déjà la paperasse ? Aller, je ne te retiens pas si vraiment, tu as besoin de te siffler une clope. Par contre, la prochaine fois ça sera toi. Et pas de négociation possible. » Malgré tout et de bonne grâce l’ancien régent s’en alla récupérer l’ordre de mission tandis que Shawn regagnait l’extérieur du bâtiment pour se griller une cigarette. Karl d’un pas motivé, se présenta à ce qui faisait office d’agent de liaison et récupéra une enveloppe cachetée avant d’ensuite revenir sur ses pas et regagner l’extérieur où Draven continuait à griller sa clope.
« - Je ne l’ai pas ouvert, histoire qu’on découvre ensemble à quelle sauce nous allons être mangé. »
Direct, chiant, autoritaire et susceptible. Je crois que c’était les mots qui me caractérisaient le mieux. Je savais cependant que je pouvais avoir une confiance aveugle envers le sorcier de sang et ça, c’était énorme dans le boulot que l’on faisait. Oh, il était clair que parfois nos opinions allaient diverger et on allait gueuler et peut-être même se foutre un pain dans la gueule, mais ensuite ce serait terminé et on passerait à un autre appel. Je n’étais pas un grand rancunier dépendamment de la personne en face de moi. Karl me faisait bien rire en parlant de ma pilosité.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Il n’y a pas plus féminin que moi.
Oui, je savais faire preuve d’humour encore fallait-il être assez intelligent pour le comprendre pleinement ce qui n’était pas le cas de quatre-vingt-quinze pour cent des gens que je connaissais. Je l’écoutais me parler de son embauche. Piper Bush était l’ange qui bossait ici. J’apprenais dans la foulée que Karl avait été le régent de Red House. Je n’étais pas trop surpris en fait. On lui avait visiblement bien léché le cul pour qu’il revienne parmi les agents de terrain. Elle n’était pas conne la petite archange. Elle savait qu’elle avait besoin d’agents comme nous pour faire du bon et surtout le sale boulot que personne ne voulait faire. Me salir les mains ne me faisait pas peur. Je lui laissais la paperasse, car là, je devais absolument aller fumer avant de faire une putain de connerie. Il négociait déjà pour la prochaine fois et je mettais à rire.
- Je sais n’y lire et n’y écrire. Ce n’est pas de ma faute. Il faut bien équilibrer l’équipe non?
Je sortais pour aller m’allumer ma cigarette et je commençais à fumer en attendant le retour de mon partenaire. J’avais une sale tête en mettant mes lunettes de soleil pour couvrir mes yeux. Seigneur que je préférais bosser de nuit honnêtement. Karl me rejoignait et je tournais la tête vers lui avant de lui piquer l’enveloppe des mains.
- Que tu es romantique mon vieux. J’en ai la larme à l’oeil.
La clope dans le bec je rigolais. Karl allait s’habituer à mon humour à deux balles. Je décachetais l’enveloppe avec ma grande non-délicatesse et je faisais une boule avec l’enveloppe. Je lisais rapidement avant de la donner à mon partenaire.
- Une fouille d’entrepôt. J’ai les poils de jambes qui s’émoustillent à l’idée de fouiller dans des cartons si tu savais. On doit regarder s’il y a des traces étranges ou suspectes. Autant dire que les patrons ne savent pas ce que l’on doit chercher. Donc si on trouve une figure de danseuse hawaïenne bleu pastel je te jure, je la fiche que le bureau de Bush avec un emballage cadeau.
J’écrasais ma clope et je regardais ma moto.
- Si tu me dis que tu es venu en autobus ou à pied … Je démissionne. Dis-moi que tu as une paire de couilles et un moteur pour te déplacer?
Si le fait d’apprendre qu’il allait devoir désormais faire équipe avec un autre agent ne le réjouissait guère, savoir que Shawn Draven était le fameux partenaire, sembla rassurer le quadragénaire. Il le connaissait, certes ils ne s’étaient pas revus depuis des années, mais le simple fait de se dire qu’il n’allait pas devoir repartir de zéro avec son équipier, l’ôta d’un poids, sur l’instant. Shawn avait beau être une vieille connaissance, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis et le moins que l’on puisse dire, c’est que physiquement, c’était déjà un autre homme. « - De toi à moi, tu seras la première femme à barbe que j’ai l’honneur de croiser dans ce cas. » Il le charriait déjà, ce qui était plutôt bon signe. Et plus encore, il faisait face à un type pourvu d’un humour qui lui était propre, tout comme celui de Karl, souvent inaccessible pour les néophytes.
Il évoqua ensuite son parcours, espérant que Draven en fasse de même par la suite. Loin de vouloir se montrer présomptueux, il voulait mettre à l’aise son nouvel équipier et lui faire savoir qu’il avait l’expérience nécessaire pour ne pas être un boulet qu’il serait contrait de se trimbaler avec lui sur le terrain. Et c’est ensuite, sur ces quelques mots, que les deux nouveaux équipiers se quittèrent l’espace d’un instant avant de se retrouver à l’extérieur avec, entre les mains de Karl, leur tout premier ordre de mission. Un petit évènement qu’il faudrait fêter plus tard. Mais pour l’heure, ils devaient à tout prix s’enquérir du travail qui allait leur être confié. Draven, la clope au bec et les lunettes de soleil sur le bout du nez, ne se fit pas prier pour chiper l’enveloppe que tenait encore Karl.
« - Et ouais que veux-tu, je serais le gentil flic de notre binôme. Par contre, je croyais que monsieur ne savait ni lire ni écrire. Tu veux que je fasse office de traducteur peut-être ? » commenta Karl sur le ton de la plaisanterie alors que déjà Shawn décacheté l’enveloppe pour s’enquérir de son contenu qu’il transmit rapidement au fils d’Arthur et Peny Fitzgerald, qui à son tour pris connaissance de l’écrit.
« - Quoi ? Attends, on nous envoie fouiller un entrepôt ? C’est tout ? À l’époque où j’ai fait mes premières armes, c’était bien plus excitant. Bon et bah, j’imagine qu’on va s’en satisfaire pour le moment. » Il plia l’enveloppe en quatre et la glissa dans la poche arrière de son jean tandis que Draven tirait une dernière fois sur son mégot avant de l’écraser se souciant désormais du moyen de transport de son nouvel équipier, lui qui avait fasse à lui une magnifique bécane. « - Pour ta gouverne, j’ai le permis de voiture et de moto. » Il désigna du regard sa propre moto garée à quelques encablures de là. « - Donc ouais, j’ai un moteur et la paire de couilles qui va avec pour me déplacer. On y va ? » Et c'est sur ces mots, que chacun s’en alla retrouver son destrier et que les deux agents de terrain prirent la route, direction le fameux entrepôt à fouiller.
J’avais pris l’enveloppe des mains de mon binôme sans la moindre gêne. Il me faisait bien rire avec sa petite remarque sur le fait que je ne savais n’y lire et n’y écrire quelques minutes auparavant. On allait clairement bien s’entendre lui et moi. Je continuais de fumer en lisant sommairement notre planning de merde.
- Je suis déjà follement amoureux de ta belle personne. Ouais, mais en fait ça m’est revenu en fumant pour lire et écrire . Ça doit être un effet secondaire du manque de nicotine. C’est gentil de m’offrir tes services de traducteur, mais Google est mon meilleur pote en cas de besoin. Remarque je sais dire : Va te faire foutre en anglais, français, portugais et espagnol. J’ai tenté le russe, mais l’impression de vomir quelque chose quand je le dis.
Karlou-minou semblait triste du contenu de notre mission. S’il savait toute la merde que l’on pouvait trouver dans les entrepôts de Mexico, il serait même content. Je me fichais des mandats et du reste. Moi, j’agissais tout simplement. Il manquait clairement d’adrénaline ce pauvre Karl. Sa femme le castrait ou quoi? Je ne lui souhaitais pas en tout cas, car se serait vachement triste. Il me fournissait ensuite une information concernant ses permis de conduire et je hochais la tête. Excellent, il avait une monture métallique. On ferait un beau duo stylé. J’avais horreur de me promener en bagnole sauf pour les arrestations. C’était plus pratique.
- Tu me rends fier là. J’ai presque la larme à l’oeil.
Je mettais mon casque et je me mettais en route avec Karl pour le fameux entrepôt. L’endroit semblait comme tous les autres que j’avais pu voir. Je retirais mes lunettes de soleil alors qu’un type s’avançait vers nous. Le genre pas commode et qui n’avait pas envie sur nous soyons là. Je regardais mon partenaire.
- On a déjà de la compagnie.
«Hey! C’est privé! Vous avez rien à foutre ici.»
Je descendais de ma moto et je m’allumais une clope directement en m’appuyant contre mon bébé de métal. Je le regardais dans les yeux et il s’approchait de moi en tentant de m’intimider.
«Hey! Le mexicain. Tu dégages! T’es pas chez toi ici»
- Bon, on va rétablir les faits mon gros mollusque flasque mangeur de beigne. Je suis américain et c’était très raciste ce que tu viens de dire. Mon ami là, risque de mal le prendre. Il est pas commode avant le repas du midi. On a un beau papier pour toi et ta grasse personne hein Karl?
Je jetais un œil à mon partenaire alors que l’obèse commençait à respirer plus rapidement. Oh, j’avais touché un point sensible on dirait. Je me contentais de continuer de fumer le plus calmement possible. Finalement, visiter cet entrepôt allait être plutôt intéressant.
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