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Tournant le regard parfois vers l’océan qui n’était qu’à quelques mètres de nous, je me disais que notre relation père-fils lui ressemblait. La houle, suivie par les vagues plus ou moins fortes. Nous étions aujourd’hui dans le creux d’une vague d’une mer peu agitée. J’espérais que cet état allait perdurer le plus longtemps possible car je savourais enfin ces moments que je passais avec mon unique fils. Les moments de solitude avaient été longs. La perte de mon épouse à l’époque, la disparition de mon ami Matthew, et une relation conflictuelle avec Karl avaient fait que je me retrouve très seul. Heureusement, cette période était enfin loin derrière moi. A nouveau entouré des miens, pour le meilleur et pour le pire, je retrouvais un équilibre qui m’avait rendu force et goût à la vie.

« - Je pense que tu as hérité beaucoup de ta mère dans beaucoup de domaines. Tu as toujours été un garçon très tenace. Regarde quand tu étais jeune par exemple, lorsque tu me ramenais tes bulletins de l’académie pour me voir fier de toi. Ou plus récemment avec ta relation avec Lyanna. Sans ténacité tu ne serais pas devenu ce que tu es aujourd’hui.  Cette persévérance vient définitivement plus de maman que de moi. C’est une des nombreuses qualités que te vient d’elle. C’est mieux cela qu’avoir mon côté rustre. » riais-je

L’idée d’un voyage en Irlande père-fils emballait Karl tout autant que moi. Je ne revenais pas souvent sur ma terre natale. Une contrée qui me manquait pour ses paysages, ses folklores, ses multiples richesses, sa nature… J’avais délaissé le côté familial irlandais depuis longtemps, tout comme l’avait d’ailleurs fait Penelope pour sa propre famille. Des déchirements compliqués et douloureux pour tous les deux. Pour Karl, le malheur de ne pas avoir connu des grands-parents. Heureusement, Penelope avait largement comblé d’amour son fils d’un potentiel vide de ses grands-parents qu’il aurait dû avoir. Il se pouvait que ce sujet revienne sur la table si ce voyage en Irlande se faisait réellement. Connaître ses origines, ses racines, tout cela pouvait lui tenir à cœur, j’y consentais.

« - Je pense que ça ne dérangera pas Mary de prendre le relais quelques jours à ma place. Il faut que je puisse convaincre ta mère maintenant. Mais si c’est pour passer du temps avec toi, elle ne m’en voudra pas. Dans tous les cas je suis d’accord Karl. Pour la date, je te laisse voir avec ta fiancée! »

Je souriais en nous imaginant tous les deux dévaler les routes irlandaises à flanc de rochers, de forêts et tout autres paysages magiques et mystiques. A boire dans des pubs typiques des alcools iconiques du pays. Le projet paraissait idyllique, et je comptais bien prendre quelques jours avec mon fils pour le réaliser.
J’écoutais ensuite les mots rassurants de Karl. Je baissais le regard sur ma tasse et souriais car j’étais encore une fois ravi de nous savoir sur la même longueur d’onde.

« - Tu m’enlèves les mots de la bouche. Je suis sûr que tu as raison, tout ira bien entre nous deux. » posant une main sur l’épaule approuvant la suite de ses paroles. « - Si je n’avais pas rencontré ta mère, je n’en serais pas là. Tout comme toi avec Lyanna je suppose comme tu le dis. Que ferions-nous sans elles ? » riais-je à nouveau.

Je profitais des flatteries de mon fils envers moi et Penelope, ce qu’il jugeait être un modèle et une source d’inspiration. Car ensuite venaient le sermon de Karl, à juste cause puisque je m’étais laissé entraîné par la folie du travail au mauvais moment. Mais je me voulais rassurant avec Karl. Ce n’était pas dans mon intérêt de l’inquiéter plus que quiconque.

« - J’ai compris chef ! Ah, mon grand, tu vas devenir plus responsable que moi bientôt, responsable de ton vieux père entêté. Ne t’inquiète pas, j’ai fait une erreur mais c’est terminé. C’était idiot de ma part. Aller ne parlons plus de ça. En revanche, pour le babysitting, je vais en toucher deux mots à ta mère. Et puis, te savoir avec ta sœur nous ravi. Vous allez avoir une sacrée différence d’âge, mais nous savons que ça va bien se passer entre vous deux. Et quant à la future peut-être petite sœur, au moins Eleonore et elle seront toutes les deux très proches, peut-être même dans les mêmes classes à l’académie. Mais bon, nous n’y sommes pas encore. On ne va rien précipiter. »

A défaut de ressasser le passé, voilà que je commençais à divaguer sur un lointain avenir des Fitzgerald. Mais il me fallait déjà penser au présent et à tout ce que vivait mon fils et Lyanna. Leur situation complexe ne ressemblait en rien à un conte de fées classique, il était bien plus fort. Karl m’en apportait la preuve, il avait vécu des hauts et des bas en l’espace de peu de temps. Comment arrivait-il à supporter tout cela sans craquer ? C’était heureusement un homme fort et courageux, j’en étais tellement fier. En l’écoutant parler de Lyanna, je sentais ses émotions surgir au fur et à mesure de ses paroles. Le désespoir entre autres, qui a finalement disparu et a laissé place à quelque chose de beaucoup plus beau. Je n’avais rien à ajouter, rien à critiquer, ni à juger, c’était eux, c’était leur histoire, leur déboire et leur bonheur.

« - Mon fils, dans tous tes moments importants de ta vie je serais présent. Si tu as besoin de moi quand ça ne va pas je serai là. Tu nous as d’ailleurs mis dans la confidence ta mère et moi lorsque tu étais en Irlande, et nous avons été touché de ta confiance. Aujourd’hui, tu as besoin de moi pour ce jour si important de ta vie, et je serai honoré de célébrer votre mariage à toi et Lyanna. »

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Karl regardait son père avec une extrême bienveillance. L’admiration perdurait avec cependant moins d’intensité que lors de ses jeunes années. Avec le temps et les épreuves, Karl était parvenu à accepter le fait que son père ne soit point un surhomme et qu’à ce titre il avait des failles comme tout à chacun. Ainsi, cesser de l’idéaliser fut comme une délivrance pour le quadragénaire qui n’avait dès lors plus besoin de courir inconsciemment après l’approbation et la fierté paternelle. Arthur lui-même semblait bien plus apaisé depuis le retour de Peny dans sa vie, ainsi que sa (re) prise de pouvoir au sein du coven. Ce rôle lui allait si bien que Karl s’en serait voulu de continuer à l’en priver, lui qui dans le fond n’avait jamais voulu devenir régent. Et les voilà à nouveau réunis, face à la mer, savourant ce moment qui n’appartenait qu’à eux.

À son tour, Fitz junior observa la mer qui n’avait de cesse de l’apaiser à chaque visite. C’était à se demander si dans une vie antérieure, l’eau n’eût pas été son élément. Arthur fit entendre ce qui résonna aux oreilles de son fils comme l’un des plus beaux compliments qu’il lui était donné d’entendre de la bouche de son père. Et pour cause, le patriarche se réjouissait de voir à quel point son fils avait pris le meilleur de sa mère. [b  — Tu n’imagines pas à quel point ça me touche de savoir que c’est ce que tu vois en moi. J’ai toujours loué la bonté d’âme de maman, sa gentillesse, mais aussi sa ténacité. Mais rassure-toi, je peux parfois être rustre si je n’ai pas un bon café à portée de main. [/b] Il se sentait obligé de faire preuve d’un peu d’humour pour ne pas laisser à l’émotion trop de place lors de l’échange. Preuve qu’il était encore un peu pudique, probablement comme son père.

Ils évoquèrent ensuite l’Irlande et ce possible voyage qui emballaient autant le père que le fils. L’occasion pour Karl d’en apprendre un peu plus sur le passé de son père malgré les zones d’ombres ; mais plus encore, la possibilité de découvrir une partie de ses origines dans cet ailleurs chargé en mythes et folklores. Il est vrai que ce décor fabuleux n’avait pas laissé notre sorcier indifférent ; ça et le climat aussi indomptable que les quelques vagues que s’était pris le surfeur en herbe en sortant les soirs de tempête. Karl se souvenait encore de la pluie froide qui ruisselait sur son visage, du ciel pourvu de plusieurs nuances de gris et du vent qui rendait l’avancée incertaine. Puis comme par magie, en l’espace d’une seconde, les éléments cessaient de se déchainer et dans le ciel, les rayons du soleil transperçaient l’horizon. Le soleil faisait alors son apparition en digne vainqueur, chassant de Sa Majesté l’obscurité et les nuages pour offrir au ciel le plus impérial des bleus. La parfaite métaphore d’une vie riche en évènements aussi lumineux qu’obscurs.

— Monsieur le régent a besoin d’un peu de repos. J’espère bien que cela ne dérangera pas ton bras droit. Quant à maman, je peux te faire un mot si tu veux , tenta-t-il non sans humour. Peny ne serait pas difficile à convaincre, au contraire voir les deux hommes de sa vie passer du temps ensemble ne pourrait que l’emplir de joie. S’en suivit de la part de Karl, un monologue empli de joie, d’espoir et de bonnes résolutions évidemment. — bien sûr que tout ira bien, plus encore lorsque tu me feras gouter les meilleures pintes de bière du coin. De l’humour encore et toujours avant d’évoquer les femmes de leur vie avec légèreté. — Nous serions bien peu de choses sans elles, mon cher père. Passé la légèreté, le quadragénaire se faisait un peu plus rude dans l’adresse pour bien faire comprendre à Arthur à quel point il était important qu’il s’accorde un peu de temps et ne se laisse pas engloutir par les responsabilités.

— Disons que j’ai eu un aperçu du travail et que je sais à quel point il est facile de se laisser accaparer par le poids de la régence. Je peux donc prétendre savoir de quoi je parle maintenant. Et pour en revenir au babysitting, à n’en pas douter Lily sera folle de joie et pourra mieux se préparer à l’arrivée du petit ou de la petite. Mais comme tu dis, ne nous précipitons pas. Il songeait également à toutes les épreuves par lesquelles il était passé, la mort de son ex-femme, sa relation difficile avec Tyler, la mort de Zéphyr, la tentative de suicide de Lyanna… Mais il s’en était relevé à sa grande surprise, il avait même pardonné et acceptait de tout porter sur ses épaules pour jouer son rôle de père, mais plus encore son rôle de futur mari.

— C’était dur, mais je me sens plus fort maintenant et c’est en partie grâce à toi et maman. Vous avez fait du bon travail tous les deux. Quant au mariage, bien sûr que je compte sur toi pour célébrer notre union. Mais de toi à moi, je n’ai pas encore vraiment réfléchi à tout ça. Peut-être que l’on fera une cérémonie mixte ; je ne sais pas trop. Toujours est-il que Lily ne veut pas attendre la fin de sa grossesse donc il est fort à parier que d’ici peu l’on commence à s’activer pour réfléchir à tout ça. Je sais juste que j’ai envie d’une cérémonie simple, face à la mer, peut-être à la villa. Vous aviez fait quoi toi et maman ? demandait-il presque naïvement.

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La lueur du soleil réchauffait nos corps et nos cœurs. Ce moment avec mon fils se passait sans accro, comme je l’avais imaginé. Je savais désormais qu’il en serait ainsi, à mon plus grand bonheur. Je savais également Penelope heureuse de notre nouveau lien père-fils, nous étions bien plus soudés qu’avant. Et, maintenant qu’Eléonore nous avait rejoint, Penelope aurait moins eu le temps de se mettre entre nous, comme dans le temps, pour calmer les quelques tempêtes et fâcheries que pouvions avoir.

Karl avait indéniablement beaucoup de qualités venant de sa mère. C’était mieux pour lui, sans en douter. Mais quand bien même, je me retrouvais parfois dans ses attitudes. A cet instant par exemple, je voyais bien qu’une certaine pudeur le contenait d’exprimer totalement ses émotions. Je souriais sans dire mot à cette réaction. Je connaissais cette sensation délicate par cœur, ne voulant pas se dévoiler « trop heureux » pour ne pas paraître sensible ou à fleur de peau.

Je riais ensuite une nouvelle fois à la drôle d’idée de mon fils, faire un mot d’excuse pour partir tous les deux à l’aventure, se retrouver et se rapprocher de nos racines.

« - Qui est le fils ici ? » riais-je. « - Je ne crois jamais avoir eu besoin de personne pour faire ce que je veux. Du moins, ce ne sont pas mes parents qui m’ont aidé dans ce sens, ou à l’inverse gêné. Mais bon, ta mère a beaucoup besoin de soutien tu sais, je pense qu’une petite discussion s’impose pour bien caler ce voyage sans que cela ne l’embête. Mais la connaissant, elle ne sera pas contre. Et pour les bières, nous serons gâtés, tout comme le whisky évidemment ! »

Rien que d’imaginer les arômes en bouche de ces alcools me faisait déjà voyager à travers les contrées irlandaises verdoyantes à la fois sauvages et magnifiques.
Je remerciais une nouvelle fois Karl pour sa gentillesse, ainsi celle de Lyanna, de bien vouloir prendre un peu Eléonore. Je savais que cela ferait un bien fou à Penelope et je la saurai sereine de confier notre fille à son fils et sa belle-fille qui s’apprêtaient bientôt à accueillir un nouveau membre. D’ailleurs, la grossesse n’était pas le seul grand événement dont se préoccupait Karl et Lyanna. Fiancés, l’organisation du mariage allait s’amorcer, et parmi les grands préparatifs, certains choix de mon fils décisifs, les mêmes qu’avaient dû prendre sa mère.

« - J’en suis honorer Karl de pouvoir vous célébrer tous les deux. Quant a votre idée du lieu, elle me semble bien, avec la mer en fond ça sera parfait. Avec ta mère nous avions fait très simple, pas de famille, que de rares amis pour témoigner notre union, tout cela dans un esprit champêtre à l’image de ta mère. Juste l’essentiel, cela nous suffisait amplement. » prenant une légère pause. « - Par ailleurs Karl, j’imagine que tu songes à changer de type de magie. Désolé, si c’est encore délicat, mais je me pose la question. Connaissant Lyanna elle ne changera pour rien au monde de la magie élémentaire. Donc, à fortiori ce serait à toi de changer de Coven si je ne me trompe pas… ? »

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J’ai tant de fois rêvé de ce genre de moment avec mon père. Quand j’étais adolescent, c’était comme une sorte de consécration. En grandissant, il a perdu de sa superbe certes, mais je ne désespérais point de nous voir un jour ensemble à prendre un verre pour parler du bon vieux temps, sans éclipser les épreuves, mais pourvu de cette pudeur qui nous caractérise tant… Le sorcier laissait valdinguer ses pensées que seul Maze son familier était à même de saisir.

Bien des évènements étaient arrivés depuis le retour d’Arthur dans la vie de Karl et jamais ô grand jamais il ne se serait imaginé vivre un tel prologue. Peny était en vie, plus jeune assez pour retomber enceinte, Arthur était à nouveau régent de Red House. Et enfin, Karl avait retrouvé le grand amour de sa vie. Mais avant d’en arriver là, bien des malheurs avaient ébranlé la vie de chacun. Une triste réalité qu’il ne fallait pas négliger et qui rappelait à Karl à quel point le bonheur était précieux et tout aussi fragile. C’est pour cela qu’il mettait un point d’honneur à profiter de tout ce que la vie lui offrait de positif, de peur qu’on le lui reprenne du jour au lendemain.

« N’en fais pas trop. » Concéda Maze à son sorcier lorsque celui-ci proposa de faire un mot à son père pour justifier leur absence auprès de Peny. C’est du second degré. Je te l’enseignerai à l’occasion. Une petite pique qui fit plaisir au familier, lui qui n’avait plus l’habitude de titiller Fitz junior de la sorte.  — Mille excuses cher père, je ne voulais point bafouer votre autorité. Et voilà qu’il s’amusait à charrier son père qui il est vrai, n’avait besoin de personne pour faire ce dont il avait envie. — Mais tu sais mieux que moi à quel point maman peut vite s’inquiéter. Tu sais quoi ? On pourrait prendre le prétexte d’un dîner pour évoquer le sujet. Et puis ça fait un petit moment qu’on n’a pas dîné tous les quatre. Et pour cause, il s’était écoulé plus de deux décennies et à l’époque parler d’alcool avec Lily n’était pas un problème comme aujourd’hui. — Par contre, il faudra qu’on évite de parler de bière et plus encore de Whisky pour notre survie à tous. Il essayait encore de dédramatiser pour ne laisser que peu de place au drame. Toujours est-il que l’alcool demeurait un sujet à proscrire pour miss Johnston.

Et voilà qu’un autre sujet sembla rythmer la conversation père/fils et pas des moindres. Le mariage, une institution à laquelle Karl ne croyait plus et pourtant le retour de Lyanna dans sa vie et la levée du sortilège, avait comme qui dirait changé les priorités du quadragénaire. — Ah mais tu n’as pas à te sentir honoré papa. Pour moi, ça relève de l’évidence que tu fasses partie de la célébration. Et pour ce qui est du lieu, j’avoue que je voulais faire simple, juste l’essentiel comme tu le dis si bien. Karl ne pouvait toutefois pas ignorer l’interrogation que venait de formuler son père qui en digne régent de coven, était en droit de se demander si son fils allait en changer.

 — Non ce n’est pas délicat, c’est même logique que tu te poses la question. De toi à moi pour ce qui est du type de magie, je ne me suis même pas posé la question. Je pratique la magie rouge depuis si longtemps qu’honnêtement je me vois mal y renoncer comme ça du jour au lendemain. Par contre, pour ce qui est du coven c’est plus délicat. Lyanna étant la régente de White Chapel et moi appartenant à Red House, il est évident qu’un choix va devoir se faire. Tu sais pour moi ça n’est pas aussi important que ça. Cependant, je pense que je préfère ne pas quitter un coven pour en rejoindre un autre. J’y songe depuis peu et je me dis que c’est ce qui me parait le plus adéquat et puis pour le boulot j’aspirerai à plus de neutralité en n’appartenant à aucun coven. Qu’est-ce que tu en penses ? Je veux avoir ton avis là-dessus c’est important. 

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Le temps restait clair et l’air agréable malgré une petite brise légère qui faisait fuir les plus frileux clients à l’intérieur du restaurant. La vue imprenable sur l’océan et le chant que nous offrait les vagues glissant sur le sable participaient à notre moment de répit avec mon fils.
Notre échange d’aujourd’hui avait été important pour tous les deux. Nous avions besoin de nous retrouver, nous confier, nous ressourcer dans cette relation qui s’était transformée au fil des années en un lien fort. Cette derniere n’était pas sans faille, j’aurai toujours des regrets de mon comportement du passé, quelques cicatrices du temps qui feraient que ce lien serait à la fois fort et fragile. Au moins, j’espérais que mes erreurs me seraient utiles pour ne pas recommencer avec Eleonore.

J’esquissa un grand sourire d’approbation à Karl. L’idée d’un diner avec toute la famille réunie était sans conteste un délicieuse idée.

« - Je vais en parler à ta mère, je suis certain qu’elle sera ravie de te voir. Voir ses deux enfants réunis va lui faire extrêmement plaisir, j’aurai intérêt à ne pas oublier l’appareil photo d’ailleurs, ou je me ferai taper sur les doigts. Et puis ça me fait extrêmement plaisir de présenter Eléonore a Lyanna. Il est important qu’on développe un autre lien que celui de régents. »

J’écoutais d’une oreille attentive le conseil de Karl, éviter les discussions autour de l’alcool. Si cela n’était pas une blague, je l’aurais pris avec le sourire, mais je comprenais que c’était un sujet particulièrement délicat en présence de Lyanna.

« - Pour ça, ne t’en fais pas, avec notre petite princesse, les bouteilles vont être davantage cachées et scellées. Il va falloir réaménager la maison et ranger tous objets et produits dangereux pour un bambin rampant… tu vas devoir y passer dans une bonne année toi aussi lorsque le tien saura crapahuter ! Mais j’ai compris, nous éviterons ce genre de sujet ou d’en sortir devant vous. Ça ne me pose aucun problème Karl. »

Pour ce qui était des préparatifs du mariage de Karl et Lyanna, c’était à mon tour d’être touché, mais d’une bonne manière. Célébrer l’union de mon fils était un honneur immense. Je connaissais peu de père qui avait la chance d’en avoir autant.

« - Pour ce qui est des préparatifs tel le lieu ou la décoration, sans doute que ta fiancée a peut-être des souhaits ? Dans tous les cas je te remercie, je vous remercie tous les deux d’avoir pensé a moi. Je ne peux m’empêcher que c’est un cadeau immense Karl. »

L’émotion pouvait se lire dans mon regard brillant. Cela me touchait profondément, et pour sûr, Karl l’avait compris.
Concernant la suite des choix de Karl sur son appartenance a un coven, tout était encore un peu confus pour moi. J’étais un sorcier ouvert sur le sujet et j’entendais sa réflexion qui était très juste et déjà bien réfléchie.

« - Tu ne seras pas le premier Fitzgerald à nager entre deux eaux concernant la voie à suivre… magie blanche, magie rouge, et même magie noire pour moi. Je ne te jetterai pas la pierre, et je n’en aurai aucune raison. Nous évoluons tous dans notre vie de sorcier, avons chacun des occasions de changer de voie, pour le meilleur ou le pire parfois. Je sais que tu as déjà commencé à réfléchir, et ce n’est un choix facile à faire. Tu as toujours été comme ta mère, attiré par la magie élémentaire, et d’un autre côté tu as pratique excellemment bien la magie rouge. Alors je comprends ton choix. Tu es bien entouré entre Lyanna et moi en tant que régents, et je ne te laisserai pas tomber quoique tu fasses. Je crois que c’est important que tu le saches mon grand. »

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Le vent soufflait sans que cela dérange Karl et Arthur ; après tout, ce n’était qu’une petite brise venant à peine caresser leur visage. En somme, rien de désagréable sauf pour les plus frileux. À cela s’ajoutait l’air iodé qui venait caresser les narines pendant qu’au loin les goélands tournoyaient autour de la mer à la recherche d’un hypothétique petit déjeuner aquatique. C’était agréable, assez pour s’imaginer sans mal réitérer l’expérience avec Arthur d’une part et peut-être avec Tyler lorsque ce dernier foulera à nouveau le sol californien. Car oui, Fitz était bien décidé à ramener son fils pour que la distance ne soit plus un frein d’une part et pour que leur relation reparte sur de bonnes bases ; une initiative qu’il devait avant tout à Lyanna et à leur enfant à naître. Ce petit bout avait besoin d’amour ; chose dont il ne manquerait pas avec ses parents et probablement ses grands-parents. L’ancien régent de Red House avait donc fait promettre à sa fiancée de fournir davantage d’effort avec Tyler et cela commençait par un retour à Los Angeles.

— Nul doute que cette perspective de diner familial va la ravir.  Il marqua un léger silence pour mieux raviver la nostalgie qui l’assaillit. — D’aussi loin que je m’en souvienne, les réceptions organisées par maman étaient très appréciées.  Des souvenirs que Karl conservait précieusement dans un coin de sa tête et qui le ramenaient à l’une des périodes les plus heureuses de sa vie, malgré l’absence du père que les responsabilités accaparaient sans cesse. — Au pire si tu oublies l’appareil photo, tu as ton portable. Tu sais, ces petites choses sont très performantes , lança-t-il sur le ton de la plaisanterie pour se moquer gentiment de son père. Il se saisit ensuite de son verre qu’il délesta d’une gorgée avant de reprendre la conversation là où elle venait de s’arrêter.

— Effectivement, d’autant plus que votre lien va bientôt changer, plus encore lorsque j’aurais passé la bague au doigt de ta consœur.  De ce fait, Lyanna deviendrait la belle-fille d’Arthur, un statut qui incita peut-être Fitz à se montrer un peu plus bavard sur certains points concernant Lily ; en l’occurrence son alcoolisme qui n’était plus un secret pour son entourage.

— Je ne m’en fais pas, mais je jugeais important de te le faire savoir. Elle fournit beaucoup d’efforts, mais parfois j’ai peur qu’un rien suffise. Quoique, j’ai l’impression que sa grossesse, malgré les hormones, l’aide à tenir. Je vais vraiment finir par croire que c’est un bébé miracle.  Voilà qu’à présent la légèreté était à nouveau de mise dans l’échange en dépit des sujets précédemment évoqués.  — Et pour rester dans la thématique du réaménagement, Lily veut qu’on fasse deux chambres au bébé, une dans notre résidence principale et l’autre à la villa. J’ai donc accepté avec une excitation certaine de prendre une journée entière pour faire du shopping. Connaissant Lily, je suis sûr que je vais le regretter. À n’en pas douter, je risque d’avoir besoin d’un petit tonic.  Il se tue un instant, se rendant compte qu’il avait omis l’une des informations les plus importantes de la conversation.  — Ah, j’ai failli oublier, nous avons peut-être trouvé un prénom. Comme on ne connait pas encore le sexe, on s’est dit que cela serait plus pertinent d’opter pour un prénom mixe. Et, roulement de tambours…  Il marqua un nouveau silence avant de se rétracter pour ne pas abuser de la patience d’Arthur. — On va l’appeler Charlie. Qu’est-ce que tu en dis ?  L’avis d’Arthur comptait beaucoup pour Karl ; malgré le passé que le quadragénaire avait décidé de laisser derrière lui pour repartir d’un bon pied. Quoi qu’on en dise, jamais les deux Fitzgerald n’avaient été aussi proches et ça laissait de l’espoir à Fitz junior quant à sa propre relation avec son fils.

Il était à présent question du mariage et des préparatifs qui allaient avec. Arthur cachait difficilement sa joie et l’honneur qui lui était fait de participer activement à la cérémonie. Voir son père réagir de la sorte toucha Karl qui ne cessait d’être surpris d’assister à l’évolution de ce dernier depuis le retour de Peny d’entre les morts. Preuve que l’amour peut réparer bien des blessures et vous transformer un homme à bien des égards.

— Pour la cérémonie, outre la simplicité, on apprécierait quelque chose d’intime. Et pour ce faire, notre plage nous semble la meilleure des alternatives. Pour ce qui est inhérent à la décoration, je préfère laisser ça à un esprit féminin, qui saura plus à même de réaliser quelque chose d’agréable à regarder. Cependant, je t’exhorte, très cher père à ne pas me remercier d’avoir pensé à toi ; c’était de l’ordre de l’évidence. C’est toi et personne d’autre. La sincérité étant au centre de l’échange, Karl fut amené à éclaircir son positionnement sur son appartenance (ou non) à un coven à la suite de son mariage ; une réflexion déjà entamée en amont, sans pour autant être à même de faire preuve de certitude sur l’instant.

— Je veux juste essayer de faire mon travail le plus partiellement possible. Mais sois rassuré, je n’ai pas l’intention de toucher à la magie noire. Je ne connais que trop bien les ravages d’une telle pratique et Lyanna ne me le pardonnerait pas. Là-dessus, elle est intransigeante. Mais j’aime l’idée de pouvoir pratiquer les deux magies et d’avoir deux régents de votre acabit. Sache que je ne renierai jamais mon héritage, c’est important que tu le saches. Red House pourra toujours compter sur moi c’est évident. Et qui sait, peut-être, que Charlie choisira de revenir vers le coven au moment voulu. Mais connaissant Lyanna, elle ne manquera pas d’arguments de son côté.