Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? Le ciel est couvert. Comme ton humeur, tiens. Et si le ciel ne pleure pas, tu as passé la nuit à ne pouvoir retenir les larmes en toi. Tu as pleuré longtemps, seul dans le petit lit de ton appartement miteux. Tu as chialé tout ce que tu as pu, pour ta famille, pour Hell qui est revenue dans ta vie alors que tu te sais mauvais pour elle, et pour Lys. Putain, Zéphyr, tu as pleuré pour ta soeur perdue, parce que tu aurais voulu la revoir elle aussi. Peut-être plus que Hell. Et oser penser ça, ça t'a rendu fou. De chagrin et de colère. D’amertume. Quel connard tu fais !
Alors quand le soleil s’est levé, tu avais descendu ce qu’il te restait d’alcool pour oublier. Y’a pas de meilleure solution que l’alcool dans ce genre de cas. Sauf traîner dans les bars jusqu’à te faire jeter de là. Mais ça, ce n’était pas seul. Boire accoudé à un bar, tout seul, c’est trop triste pour toi. C’est pour ça que tu es sorti, à la base. Trouver un pote pour boire.
Un, deux, trois. Personne n’était libre et tu t’es éloigné de plus en plus des quartiers agités de sons et d’odeurs écoeurantes pour chercher un compagnon de beuverie. Et c’est comme ça que tu as pensé aux Quill. A Keon surtout d’ailleurs. Et t’as rallié la maison à pied, d’un pas incertain et avec ton air pas frais qui a même fait déguerpir quelques prostitués des rues les moins bien famées.
Et te voilà, à sonner à la porte comme un malpropre. Tu es un malpropre. Ton éducation est à zéro et tu as même le culot de frapper de ton poing contre la porte, alors que Zeke, la martre qui se cache dans ta capuche (ouais t’as une martre dans ta capuche et t’emmerdes le monde !) relève la tête pour humer l’air frais du matin.
« Keon ! KEOOOOON ! KEKEEEEE J’AI SOIF ! »
Et tu continues ton bordel devant la porte jusqu’à voir une lumière s’allumer derrière un rideau. T’es à peine calmé, parce que si tu arrêtes de frapper en criant contre le battant, tu appuies encore une fois sur la sonnette et tu recules d’un pas, au cas où l’homme de la maisonnée décidé de t’en coller une pour le réveiller si tôt.
Dans ta tête, tu te repasses les mots pour le convaincre. Tu vas bientôt repartir boire avec un pote et toutes ces pensées seront oubliées. Ouaaais, ça va marcher !
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? Ils s’étaient croisés dans le lit. Violet était allée se coucher, se blottissant dans les bras de l’homme de sa vie et seulement quelques heures plus tard, il était parti au boulot. Il avait fait bien attention de ne faire aucun bruit en partant. Keon était d’une douceur sans pareil avec elle, toujours en train de surveiller le moindre de ses gestes pour ne pas la déranger. Il préparait son uniforme d’avance le soir pour ne pas avoir à chercher dans les tiroirs au matin, sachant très bien qu’elle ne rentrerait qu’aux petites heures après son quart de travail. En arrivant, Violet avait fait pareil pour lui. Elle s’était rendue dans la salle de bain et s’était nettoyée avec un linge humide pour ne pas le réveiller avec le son de la douche. Elle avait mis ses vêtements dans la manne à linge en marchant sur la pointe des pieds. Malgré sa pudeur, il y avait longtemps qu’elle dormait nue avec son mari. C’était le seul avec qui elle était réellement à l’aise. C’était aussi le seul à l’avoir vu complètement nue. Il n’y avait absolument aucune sensation plus agréable que de sentir sa peau fusionner avec la sienne et de s’endormir dans la chaleur de ses bras.
Normalement, elle se serait réveillée vers midi et aurait préparé son petit-déjeuner et son café tranquille, probablement en regardant pour la millième fois Top Hat, son film préféré mettant en vedette la merveilleuse Ginger Rogers pour qui Violet avait toujours eu le béguin. Elle se serait ensuite préparée à aller travailler, encore. L’offre que la Lyanna lui avait fait au bar la dernière fois lui semblait de plus en plus alléchante, à chaque heure supplémentaire qu’elle se tapait, son désir de changer de vie grandissait de manière exponentielle. Pourtant, il y avait trop de risque. Utiliser ses pouvoirs pour un coven les mettrait à découvert et c’est probablement tout ce qui la gardait dans ce job de serveuse. Ça et le désir d’offrir un minimum de stabilité à son amoureux qui faisait de moins en moins de rechutes. La dernière en avait d’ailleurs été une bonne où il s’était apparemment fait un ami de beuverie couvert de tattoos dont Violet craignait franchement l’influence.
Cette journée-ci ne serait pas comme les autres. Parce qu’aujourd’hui, Violet avait été réveillée prématurément par des beuglements à sa porte. La blonde enfila un t-shirt qui appartenait à son mari et les premiers sous-vêtements qu’elle trouva malgré ses yeux qui semblaient absolument refuser de s’ouvrir correctement. Elle aurait probablement fait un autre choix si elle avait vu que c’était des petites culottes de superman qu’elle venait d’enfiler avec un t-shirt très geek de Fortnite qu’elle avait acheté comme petite surprise pour son chéri. Elle se dirigea en titubant vers la porte qu’elle ouvrit avec un peu plus de force qu’elle ne l’avait réellement souhaité.
« Keon n’est pas là! »
Ses yeux s’écarquillèrent. Les cheveux, les tattoos, l’odeur d’alcool. Ça ne pouvait être que lui, le fameux compagnon de beuverie que son mari c’était trouvé. Le bleu de ses pupilles ressortait d’autant plus à cause des veines engorgées de sang qui sillonnaient les globes oculaires épuisés par le manque de sommeil. Elle s’avança vers la cause de son réveil prématuré et empoigna le collet de son t-shirt même si le mec devait probablement faire une tête de plus qu’elle.
« C’est toi! C’est avec toi qu’il a fait sa dernière rechute! Et t’ose venir frapper à ma porte pour lui demander de boire encore?! »
Elle le traine jusque dans la maison, ne voulant pas créer une scène dans le jardin, à la vue des voisins qui ne cherchaient probablement qu’une raison pour jacasser à leur sujet après leurs dernières péripéties de naturalisme accidentel qui avait justement été en parti causé par la dernière rechute de l’homme de la maison. Elle claqua la porte derrière elle puis, se retenant de toute ses forces pour ne pas foutre un taquet à l’étranger, lâcha enfin prise sur le t-shirt de celui-ci pour se diriger vers la cafetière et commencer à préparer ce précieux liquide dont tous les deux avaient visiblement besoin dans l’immédiat.
« On va se parler, toi et moi. On a des choses à se dire je crois bien, mais avant, café. »
Dit-elle en posant ses deux mains sur le comptoir, regardant le liquide foncé couler dans la carafe et en humant les effluves amer de celui-ci, tentant tant bien que mal de garder un minimum son sang-froid.
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? Ah et ben ouais, ça a marché ! Tu entends des pas dans le hall et tu manques de peu d’essayer de coller ton oeil dans le judas de la porte, pour essayer de voir si c’est Keon qui vient. Déjà, parce que t’es jamais venu et que tu ne sais pas si tu t’es pas trompé de lieu. Ensuite, parce que tu crois avoir souvenir qu’il ne vit pas seul. Puis aussi pour voir s’il a l’air furax que tu hurles comme ça à sa porte de si bon matin.
Mais voilà, le temps que t’y penses, t’as pas le temps de le faire. La porte s’ouvre d’un coup et tu restes éberlué. Parce que la nana qui te fait face, elle, elle a l’air vraiment pas de bon poil. Et qu’elle est beaucoup trop sexy habillée comme ça. Et en y repensant, tu finis par te souvenir que le pote Keke, il est marié. Et que tu t’étais demandé si sa nana l’avait mis en cage ou s’il avait trouvé une belle perle. T’as la réponse.
« Vous allez attraper froid comme ça. »
Oui, tu viens bien de lâcher ça comme bonjour, à une femme beaucoup trop belle, qui en plus appartient à un pote. Si ça, c’est pas te mettre un peu dans la merde, alors tu ne sais pas ce que tu dois faire. Et justement, comme pour te répondre, la nana t’empoigne par le col et tu te retrouves à la regarder avec de grands yeux de faons effrayés.
« Nan mais… C’est pas moi, m’dame ! Keke c’est un ami, je lui aurais pas fait de maaaaaal… »
Elle t’a tiré à l’intérieur alors que tu essayais de te défendre, un peu nul sur l’argumentation. Pourtant, tu ne comprends pas grand-chose à ce qu’il se passe. Pourquoi Keon aurait rechuté ? Il était tombé avant d’arriver ? Oh putain, il s’est cassé quelque chose en repartant, ce soir-là ?
Et franchement, la panique s’inscrit sur ton visage en un masque vraiment enfantin. Il faut dire qu’avec la dose d’alcool que tu t’es envoyé dans le sang, t’as pas vraiment le choix dans les expressions. Tu es et restes un gamin et dans ces moments-là, ça se voit bien.
« Il va bien ? Que tu lui demandes alors qu’elle fait un café. Il s’est cassé quelque chose en tombant ? P’tain, je savais bien que j’aurais du le raccompagner sur le trottoir ! J’voulais juste fêter ma richesse du moment et il était grave sympa et c’était super cool de trouver quelqu’un comme lui et j’ai pas réfléchi et… oh putain, j’ai tellement merdé ! »
La sueur arrive sur ton visage et t’es obligé de faire quelques pas branlant jusqu’à une chaise pour t’y laisser tomber avant de tomber dans les pommes. Tu te sens tellement mal et l’odeur amère du café n’aide clairement pas. En passant ta main sur ton visage, tu finis par relever les yeux vers elle.
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? Violet soupir, les deux mains toujours sur le comptoir, elle tente de garder son calme. Elle avait déjà été un peu trop violente avec le pauvre gars qui semblait n’avoir aucune idée de ce qu’il se passait. Elle se verse un café, ses yeux toujours rougis de fatigue se tournent vers l’inconnu. La blonde se frotte les sourcils d’une main, tenant sa trop grande tasse de café noir dans l’autre. Elle ouvre une armoire et trouve un paquet de oréos qu’elle lance en direction de Zéphyr avant de prendre place à la table.
« Mange un peu, j’vais pas te faire mal. »
Dit-elle en grognant. Elle ramène sa jambe droite contre sa poitrine, ne prenant aucunement soin de ce qu’elle a l’air en ce moment avec ses cheveux en bataille et son attirail de geek, cadeau de son précieux chéri. Le t-shirt porte encore son odeur ce qui l’aide définitivement à se calmer alors qu’elle engloutit de longues gorgées de son café encore brûlant. Elle avait définitivement besoin d’un peu de caféine pour réussir à passer au travers de cette discussion. Elle soupire de nouveau.
« Il va bien, t’inquiètes. Il ne s’est pas fait mal, pas physiquement en tout cas. »
Physiquement, il allait presque mieux qu’elle en fait. Après sa rechute ils avaient vécu une sacrée aventure qui avait laissé Violet en très mauvais état. Elle avait dû utiliser trois sorts le tout en moins de vingt minutes et son corps l’avait très mal toléré. La pauvre avait valsé entre la conscience et l’inconscience pendant près de quarante-huit heures et tout ça n’aurait probablement pas pris cette ampleur si Keon n’avait pas passé la nuit à boire avec cet inconnu. Ce ne serait probablement pas arrivé si Violet n’avait pas dû abandonner son nom de famille et fuir son pays non plus.
Elle renifla en frottant une de ses tempes dans l’espoir de faire partir cette tension qui habitait présentement sa tête à cause de la fatigue. Keon avait l’art de trouver de drôles de oiseaux. La majorité des gens qu’elle avait rencontré jusqu’à maintenant, c’était à cause de lui qui finissait par lui ramener des inconnus sans réellement savoir comment il avait pu faire leur rencontre. Si se mettre dans des situations farfelues et dangereuses était un métier, il serait probablement riche. En même temps, s’il n’était pas comme ça, elle ne l’aurait jamais connu.
« Il est alcoolique. En rémission. Je mets ça sur ton dos mais c’est pas entièrement ta faute. Juste. Ça n’a pas été facile après la dernière fois. »
Une autre longue gorgée de café brûlant. Elle en est presque à la fin à son grand regret. Elle était loin d’être prête à se lever pour se resservir. Violet regarde le fond de sa tasse avec mécontentement. Ce n’était jamais facile après ses rechutes. Autant pour elle qui devait aller le chercher aux petites heures du matin alors qu’il paniquait dans un endroit de la ville qu’elle ne connaissait jamais vraiment et qui n’était certainement jamais très sécuritaire mais aussi toute la culpabilité qu’il ressentait. Elle détestait le voir se torturer le lendemain. Elle réalisa son manque de savoir-vivre qui lui avait principalement été inculqué par son mari. Elle avait balancé une boîte d’oréo sur la table sans même s’être présenté. La caféine lui faisait reprendre raison tranquillement.
« Je… pardon, il est tôt. Je m’appelle Violet, toi c’est? »
Dit-elle alors qu’elle essayait de se rendre sympathique en forçant un sourire sur ses lèvres. Probablement pas le sourire le plus sincère qu’elle avait pu faire dans sa vie mais c’était franchement le mieux qu’elle pouvait faire en s’étant fait réveillée seulement trois heures après avoir posé la tête sur son oreiller. D’un sens, heureusement que Keon n’était pas là. Il aurait probablement été tenté et ça lui permettait de mettre un stop à une possible mauvaise influence.
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? C’est dur pour toi, en vrai. Parce que tu fais face à la femme d’un de tes potes et que, du coup, tu ne dois pas trop laisser tes yeux traîner sur elle. Encore plus que ses jambes sont à l’air. Et qu’elle s’assied en les relevant. Et que… PUTAIN ! Tu as vu sa culotte ! Tu fermes les yeux aussi sec, et tu te figes en tentant vaguement de réciter un Notre Père, pour te faire pardonner cet affront. T’es dans la merde, mon gars !
Et tu ne bouges pas. Même quand t’entends le nom de tes gâteaux préférés et que tu sens l’odeur un peu écoeurante du café. La vérité, Zéphyr, c’est que tu n’oses pas bouger. T’as vraiment peur qu’un éclair vienne te foudroyer si tu oses, ne serait-ce que bouger le petit doigt. Alors t’es là, à la regarder avec tes yeux fatigués par l’alcool.
« Pas mal physiquement ? Tu répètes comme un idiot. Et quand tu entends la suite de son explication, tu deviens livide. Tu es obligé de bouger pour t’appuyer au meuble le plus proche avant de reprendre. Merde. Je… Il était déjà… Enfin je… P’tain je savais pas. Je pensais pas que je faisais mal de lui servir un verre. Tes yeux s’embuent de larmes, parce que tu restes un enfant qui comprend toujours trop tard ses faux-pas. Promis, la prochaine fois que j’le sors, je lui ferai boire que des jus de fruits ! »
Ah parce que oui hein. Tu as fait une bêtise, c’est une chose, mais tu sais quand même que Keon restera ton ami et que tu comptes bien le revoir et ressortir avec lui. Même si tu dois jurer à son épouse de ne pas le laisser boire. Ou que tu l'amènes elle aussi dans la soirée ? Elle est mignonne en plus, ça ne serait qu’un plus ! Et ça serait amusant de les voir ensemble…
Et te revoilà parti à des kilomètres. Vraiment, boire de bon matin, c’est pas une bonne idée. T’es décalqué et à côté de la plaque. Tu ne sais plus où tu veux en venir et si à un moment, tu as su où tu allais.
« Hein ? Ah heu. Zéphyr. Tu passes une main dans tes cheveux colorés, mal à l’aise. J’peux… J’peux m'asseoir s’il vous plaît ? »
Tu es comme un gamin, tu te tortilles même les mains. T’hésites et tu finis par tirer ta carcasse maigre dans la cuisine pour t’asseoir sur une chaise en silence, la mine inquiète. Tu regardes la femme qui se réveille (puis comme ça, tu ne vois plus ses jambes nues !) et tu finis par comprendre que tes erreurs ne s’arrêtent pas à Keon.
« Il est si tôt que ça ? Tu t’inquiètes d’un coup, en fronçant les sourcils. Oh putain, je vous ai réveillée, c’est ça ? Tu secoues la tête, en te sentant vraiment mal. V’là l’impression que je donne. Je peux boire un café ? Ça m’fera dégriser, je crois. »
T’es honnête avec elle. Pas pour l'apprivoiser ou te faire passer pour quelqu’un de plus fréquentable, mais juste parce que tu ne sais pas mentir. Et encore moins dans ton état...
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? Violet hausse les épaules et pince les lèvres. Elle n’était pas contente de l’intrusion, certes, mais elle n’était pas méchante non plus. Elle se lève et se retourne vers le comptoir, normalement beaucoup plus pudique mais pas quand on la réveillait après si peu de sommeil. Elle sort une autre tasse de café à l’effigie de Starlord, un des personnages de bd préféré de son mari qui ne pouvait s’empêcher d’acheter tout ce qu’il voyait à connotation geek. Ça ajoutait de la couleur et de l’humour à la maison, ça y’avait pas à dire. Puis, Violet, elle avait vécu dans une maison trop épurée, presque vide, pendant si longtemps, ça faisait du bien que l’espace soit occupé par des bidules colorés un peu. Elle versa un café, toujours silencieuse, pas encore prête à répondre à Zéphyr. La blonde contourne la table pour la poser devant lui puis sort du réfrigérateur du lait. Elle buvait le sien noir mais ne voulait pas imposer son goût pour le café amer à son invité forcé.
« Ça va, il est pas si tôt, c’est moi qui ai fini de travailler aux petites heures du matin. »
Dit-elle pour l’excuser. Si elle devait gérer la culpabilité de l’intrus en plus, elle craquerait probablement. Il lui faisait trop penser à Keon pour réellement lui en vouloir. Naïf, doux, extravagant. Des qualités qu’elle adorait chez son mari, qui rendait son quotidien un peu plus vivant. Elle retourne s’assoir à l’opposé de Zéphyr, replis sa jambe comme elle l’avait fait juste avant et recommence à siroter son café, cherchant à éveiller un peu plus son cerveau qui n’en pouvait plus du tout. Elle était épuisée, physiquement et mentalement. Los Angeles, c’était beaucoup de stimulation pour son mari avec tous les esprits qui y trainaient. Ils n’avaient pourtant pas eu le choix de déménager ici. C’était tout ce qu’il leur restait et tant qu’elle n’économiserait pas plus d’argent, ils ne pourraient pas aller ailleurs. Elle avait peut-être un peu trop espéré de cette ville, croyant qu’ils auraient enfin la paix.
« C’est la faute de personne et bon, t’as pas à t’inquiéter. Il fait ce qu’il veut, je le tiens pas en laisse. Ça serait probablement contre-productif pour lui. Je l’aime comme il est. »
Même si elle ne buvait pas. Même si elle n’aimait pas du tout sortir. Parce que les gens dans les bars, ils n’étaient souvent pas très agréables, surtout quand on est une femme. La seule fois qu’elle était allée boire des verres avec son mari, c’était avant qu’ils ne soient ensemble. Il l’avait remarqué parce qu’elle avait brisé le nez à un mec qui lui avait mit une main au cul. Elle avait passé le reste de la soirée scotchée à Keon à essayer d’éviter les mecs qui agissaient comme des prédateurs. Au lieu d’être affamés, ils étaient assoiffés de sexe, de conquêtes. Ce n’était pas son genre mais alors pas du tout. Elle qui n’avait eu qu’une personne dans sa vie avec qui elle avait partagé son intimité. Elle l’aimait comme ça. Avec ses défauts. Elle était juste… tellement fatiguée en ce moment.
« Tant qu’il revient à la maison, tant qu’il m’appelle quand ça ne va plus pour que j’aille le chercher, je sais que je n’ai pas vraiment à m’inquiéter. Juste… vois-tu Zéphyr, j’aimerais que la maison ici elle reste sans alcool. C’est tout ce que je te demande en fait. J’ai pas à gérer les fréquentations de Keon mais ici, c’est ma maison et c’est ma seule règle. »
Elle essuie ses yeux d’une main, des croutes s’y formaient encore mais elle n’arriverait probablement pas à dormir d’ici le retour de Keon alors, aussi bien avoir un peu de compagnie.
« Parce que, si j’ai plus le contrôle là-dessus, sur ce qu’il se passe dans ma maison, je sais pas si je vais arriver à gérer encore bien longtemps. »
Son expression sévère change et les larmes lui montent aux yeux. Le jeune homme aux cheveux colorés avait réussi à la mettre dans un de ces états de vulnérabilité. Violet renifle. Elle pleurait tout le temps ces jours-ci. Chaque fois qu’on parlait de son mari, elle pleurait. Elle était juste si épuisée qu’elle n’arrivait plus à contrôler ses émotions qu’elle avait l’habitude de bien cacher. Elle essuya de nouveau ses grands yeux bleus humides.
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? T’en reviens pas, parce qu’elle te sert le café que tu lui a demandé sans même marquer une vraie politesse dans la demande. Et vraiment, quand tu la vois se lever pour sortir une tasse colorée, tu ne peux pas détourner les yeux. Dans le fond, tu t’attends peut-être à ce qu’elle y glisse du poison… ou au moins du laxatif (c’est moins dangereux que le poison, mais l’emmerdement est bien supérieur !), mais elle n’en fait rien. Ok, alors elle va te lancer la tasse en pleine tête, c’est ça ? Non plus. Et la voilà qui vient poser du lait entre vous, pour ton café, et tu ne peux pas t’empêcher de demander d’une toute petite voix.
« Il est plus bon le lait, c’est ça ? »
Il faut bien qu’il y ait quelque part, dans ses gestes, une décision pour te faire regretter ce que tu as fait à son mari, non ? Peut-être pas, mais tu es encore trop saoul pour t’en rendre compte. C’est pour ça que tu chipes 3 sucres dans le sucrier pas loin, comme une souris vole son bout de fromage, et que tu te forces à boire le café sans lait, sans whisky aussi.
« Je sais, mais… Tu es un pauvre gamin, mine de rien, et tu t’en rends compte après avoir absorbé une grande gorgée de café trop sucré. Je voulais pas faire du mal. Et au final j’en ai fait. À lui, et à vous m’dame. Tes yeux s’accrochent à son visage, et tu rajoutes ce que tu penses être une affirmation sincère, mais qui peut sonner à ses oreilles comme une drague lourde. Vous méritez pas que j’vous fasse du mal, ça s’voit dans vos yeux. »
Et tu replonges aussi sec le nez dans ta tasse. Tu commences doucement à entrevoir des instants de lucidité dans ce flou artistique qu’est devenue ta journée quand tu t’es mis à boire aussi tôt. Et justement, sa demande vient percuter en plein ce que tu es. Un sale con qui vient gueuler et parler d’alcool dans la maison de ce couple. Ça te scotche d’un coup. Et tu reposes ta tasse d’un coup, presque brutalement.
« C’est compris ! Je… Je le ferai plus, j’vous le jure. Et tu te lèves, aussi sec. Je devrais pas être là. »
C’est ça, mon petit. Prends la poudre d’escampette. Va te planquer quelque part. Refuses d’assumer tes actes. Et tu fais un pas, mais pas plus, parce que la jolie blonde se met à parler de nouveau. Et ses mots t’éclatent le coeur. Tu te figes. Et quand tu te retournes, elle pleure. Et tu es le seul à pouvoir lui venir en aide.
Tu reviens vers elle, en tremblant de tous tes membres. Tu poses une main sur son épaule, maladroitement. Tu la regardes, tu tangues, tu ne sais pas. Puis tu te décides. Tu te penches d’un seul coup sur elle et tu viens la serrer dans tes bras. C’est… bizarre, dur, peut-être trop fort, mais tu essaies de lui faire sentir qu’elle n’est pas seule.
« Je sais pas ce qu’il vous arrive, mais je sais que vous avez besoin d’aide. Tu tapotes son dos, maladroitement, alors que ta joue reste collée à ses cheveux emmêlés. Je sais pas si j’peux vraiment faire quelque chose, mais je ne peux pas tourner les yeux. Et c’est pas parce que vous êtes la super femme que Keon m’a vanté l’autre fois. C’est… Tu te recules un peu, pour que tes yeux soient au niveau des siens. J’peux pas vous laisser comme ça. Je connais quelqu’un de confiance qui peut vous aider. Elle m’a aidée aussi pour… des raisons différentes, mais elle pourra peut-être faire quelque chose ? »
Lyanna, bien sûr. T’en sais rien, mais tu te dis qu’il existe des sorts de dynamisme et d’énergie, des pansements magiques pour le coeur et l’âme, ou que son instinct maternel pourra guider cette pauvre âme ? :copyright: 2981 12289 0
Toucher le fond est moins effrayant que rester à la surface de l'abject. Zéphyr & VioletEst-ce que t'es plus abject de penser qu'une de tes sœurs mériteraient de vivre, ou de ne pas te réjouir suffisamment que l'autre est toujours là ? Zéphyr plonge vers elle, il lui coupe presque le souffle tellement sa caresse est violente. Malgré ça, Violet n’a pas reçu de réconfort depuis un moment, elle ne s’est pas non plus permise de pleurer depuis beaucoup trop longtemps. Le contact avec le jeune homme vient recoller son cœur si fort, trop fort, et qu’un flot de larme vient envahir ses yeux. Elle était tellement fatiguée, elle avait toujours la nausée, son corps refusait de fonctionner comme d’habitude. Hormis ce qui s’était passé lorsque Keon était revenu de sa soirée avec le tatoué, elle n’avait rien changé à son régime de vie habituel et n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle se sentait si… différente? La blonde se lève et enlace Zephyr à son tour, plonge sa tête dans le creux de son cou et se laisser aller. Elle lui pleure dessus comme si elle l’avait toujours connu. Dans un certain sens, il lui faisait tellement penser à son mari. Elle comprenait pourquoi ils s’étaient si bien entendu.
Le sorcier doit faire une bonne tête de plus qu’elle. Elle a l’air si petite à côté de lui. Violet est fine. Keon était déjà très mince, elle flottait quand même dans ses t-shirts. Ses petits doigts fins vinrent s’accrocher aux vêtements de l’inconnu. Elle n’avait rien d’autre auquel s’accrocher. Elle n’osait pas parler de ce qu’il se passait à son époux, il s’en voulait déjà tellement des derniers évènements, elle n’oserait pas en ajouter sur sa culpabilité. Violet, elle, continuait de croire que c’était sa faute à elle. Enfin, l’important de l’histoire, n’était pas à qui revenait les tords mais bien ce qu’ils allaient faire pour survivre à ce contre-temps. La cage thoracique de Zeph vibre lorsqu’il parle. Elle l’écoute en pleurant silencieusement puis s’éloigne lorsqu’il commence à lui parler d’un endroit et d’une femme qui pourraient lui venir en aide.
« Tu parles du coven et de Lyanna c’est ça? »
Ses grands yeux bleus son encore humide alors qu’elle se retire des bras du sorcier. Ils étaient partout. Jusqu’à maintenant, c’était le troisième qui venait lui parler d’un coven. Violet ne pleurait plus. Elle essuya ses joues rougies de la paume de ses mains. Elle renifle doucement, la lèvre inférieure tremblante, pas certaine si celle-ci est causé par sa crise de larme ou par la colère. Est-ce qu’ils allaient finir par les laisser tranquilles? Est-ce qu’on allait finir par les voir comme des humains et non comme des accessoires, des atouts pour assouvir les besoins de supériorité des dirigeant de coven. Violet en avait plus qu’assez d’être utilisée.
« Je lui ai promis que j’irais visiter White Chapel, mais elle ne peut rien pour moi. Est-ce que c’est elle qui t’envoie ici? Est-ce qu’elle t’a envoyé pour soudoyer Keon encore? »
Sa lèvre tremble de plus belle. Elle a encore envie de pleurer. Elle a envie de crier. Elle a envie de lancer sa tasse sur le mur, de tout briser dans la maison. Elle se sent coincée, impuissante. Violet déteste ne pas avoir le contrôle sur sa situation. Elle avait déjà passé la plus grande partie de sa vie à ne pas pouvoir prendre de décision. Même quand Keon avait choisi de la suivre, elle n’avait pas su s’opposer. Elle n’avait pris le contrôle de sa vie que récemment, et c’était grâce à son époux qui lui avait montré comment ne plus être spectatrice de sa propre existence. Violet serre les poings, elle sent ses ongles percer la peau de ses paumes.
« J’ai vraiment cru que pour une fois, on me montrait de l'empathie sans avoir un plan derrière la tête… »
Qu’elle siffle, l’air sévère malgré son accoutrement ridicule composé de trop peu de vêtements et de ses cheveux en bataille. Les cernes sous ses yeux venaient trahir sa capacité à se montrer agressive. Les cernes et les larmes qui continuaient de couler malgré ses efforts. Elle ne pouvait plus les retenir. Il avait ouvert la valve et maintenant, il lui retirait le droit d’être réconforté en lui avouant faire parti du coven qui était venu la chercher jusqu’à son boulot pour la recruter. Elle en avait plus que marre de cette ville, de cette maison et de fuir.
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