J’avais clairement l’impression de vivre un cauchemar en étant réveillée. Je n’entendais plus rien ni personne. J’avais l’impression d’avoir la tête sous l’eau. Les voix que j’entendais étaient incompréhensive. Je ne sais pas qui ni comment, mais on avait réussi à me faire lâcher le corps de mon mari malgré moi. On m’avait fait montée dans une voiture et je n’étais pas capable de dire avec qui je me trouvais. Je fonctionnais vraiment au ralenti. J’espérais tellement que toute cette histoire ne soit qu’un cauchemar. Mais je ne me réveillais pas. Les larmes coulaient sur mes joues sans s’arrêter.
Je baissais la tête sur mes mains qui étaient posées sur mes genoux. Elles étaient pleine de sang et ma robe aussi. Le sang d‘Albert. Je n’avais jamais ressenti une douleur aussi vive. Moi qui espérait que nous serions ensemble pour toujours. J’avais été mariée et veuve la même journée et je ne comprenais pas ce qui avait bien pu se passer. Tout s’était passé tellement vite. J’avais quitté des yeux mon mari à peine quelques minutes pour parler avec mes parents et voilà où j’en étais à présent. On venait de m’enfoncer un couteau dans le coeur et je savais que je ne pourrai pas me relever de cette blessure.
Ceci dit, Albert m’avait dit que si jamais il en arrivait à mourir, il reviendrait, mais je ne savais pas quand et ça, c’était vraiment le plus dur. Car ça pouvait prendre des jours, des semaines, des mois, des années… Et si je mourrais avant ? Je ne supporterai pas de vivre sans lui, même si je me savais bien entourée. Je savais que je pouvais compter sur Lyanna, Brad, Snow et les autres familiers. J’allai devoir me ressaisir et vite. Je ne savais pas combien de temps ça allait me prendre par contre.
Je voyais la portière de la voiture s’ouvrir et Lyanna qui me tendait la main. Je la suivais sans vraiment l’entendre. De ce que je voyais, nous étions chez elle et j’étais toujours en robe de mariée. Les prochains jours allaient être éprouvant.
Le mariage avait vrillé au cauchemar, le mari d’Elisabeth était mort, les entrailles arrachées par un chien venu des Enfers, tout ça pour me sauver la vie. Pourquoi avais-je été visée par ce monstre ? Etait-ce prémédité ou simplement un accident ? Je n’avais pas les idées claires et mon amie la mariée veuve était dans un piètre état. Le contraire aurait été surprenant. J’étais à l’arrière de la voiture avec Elisabeth, j’avais laissé Clayton nous ramener avec la voiture des Muranov.
La « bonne » nouvelle, si ce mot était possiblement employable, c’était qu’Albert étant un esprit, il pourrait tôt ou tard revenir. Je me sentais coupable, il m’avait sauvé la vie, il était donc évident que je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pou aider l’esprit à prendre possession d’un autre corps. Pour lui, et surtout pour mon amie que je ne pouvais laisser dans une telle détresse.
Nous arrivâmes finalement chez moi. Aussitôt le frein à main serré par mon meilleur ami vampire, je posai une main sur son épaule en murmurant un « merci » avant de sortir pour faire le tour et aller ouvrir la portière à Elisabeth. Je lui pris les mains pour l’aider à sortir de la voiture et allai ouvrir la maison. Aussitôt, Ruffus et Joanna se précipitèrent vers nous.
Alooors comment ça s’est… pass… Lily ?
Je jetai un regard plein de tristesse à mon familier qui avait évidemment remarqué la robe et les mains pleines de sang de la mariée. Ruffus et Joanna s’écartèrent pour nous laisser accéder à l’intérieur de la maison. J’emmenai Elisabeth à l’étage dans la chambre d’amis qu’elle avait déjà occupé la veille. Nous nous rendîmes dans la salle de bain. Je mis l’eau de la baignoire à couler en versant du bain moussant en lançant un sort pour que l’eau soit directement à la bonne température, puis je passai derrière mon amie pour commencer à défaire sa robe.
- Je m’occupe de toi, Elis’, ça va aller.
Snow nous avait rejointes à la fenêtres, et une fois le laçage du bustier défait, j’allai ouvrir au familier de mon ami. Puis, je retournai vers Elisabeth pour l’aider à se défaire de sa robe.
- Un bon bain te fera du bien… Tu veux… de la musique, ou … autre chose ?
Je ne savais pas quoi dire, je faisais de mon mieux mais j’étais à mille lieues d’imaginer un tel dénouement pour ce mariage qui aurait dû être le plus beau de tout Los Angeles.
Je marchais complètement au ralenti. Je laissais Lyanna me guider sans savoir où elle m’emmenait. J’avais vu rapidement Ruffus et ma meilleure amie m’avait emmené dans la salle de bain de la chambre que j’occupais la veille de mon mariage. J’étais debout au milieu de la salle de bain et j’avais le regard sur mes mains qui étaient pleine de sang. Lyanna était en train de remplir la baignoire. Je sentais qu’elle était en train de défaire ma robe et des larmes se mettaient à couler sur mes joues sans que je puisse les contrôler. Ca ne devait pas se passer comme ça.
Lyanna alla ouvrir à Snow qui avait été mise au courant de ce qui s’était passé par Ruffus et Joanna. Elle mit fit un câlin donc seule elle avait le secret. Lyanna retira ma robe et j’entrais dans la baignoire. Elle avait raison, ça me ferait sans doute du bien. Puis, elle me demandait si je voulais autre chose. J’aurai bien répondu mon mari, mais je savais que c’était inutile. Je me contentais juste de secouer négativement la tête. Mon Dieu, mon mariage allait faire la une des journaux et pas du tout de la façon dont je l’avais imaginé.
Je savais que je devais me reprendre, mais pour le moment, c’était bien trop dur. J’avais vu mon mari mourir sous mes yeux et rendre son dernier souffle dans mes bras. Je n’arrivais pas à me retirer cette image de la tête. Lyanna était vraiment une amie fantastique, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour que j’aille bien et je ne lui en voulais pas du tout. « Est-ce que tu peux me laisser une minute s’il te plaît ? » J’avais clairement besoin d’être seule juste un peu avec Snow si cette dernière en avait envie elle aussi. Je ne comprenais pas pourquoi la vie s’acharnait contre moi de cette façon. Je n’avais rien fait pourtant.
Je crois qu’il m’était encore plus insupportable de voir souffrir une personne que j’aime, que de souffrir moi-même. Ma pauvre Elisabeth ne méritait pas ce qui venait de se passer. Et clairement, il s’était passé des choses commanditées par des personnes malveillantes à ce mariage.
Une fois la mariée veuve arrivée chez moi, je m’étais empressée de la conduire dans la salle de bain de sa chambre pour la défaire de sa robe pleine de sang. Il lui fallait un bon bain, déjà pour redevenir propre mais aussi pour tenter de se relaxer un minimum. Je m’étais donc activée dans ce sens avant d’ouvrir à son familier venu se percher devant la fenêtre. Je savais que Snow et Elis avaient une relation aussi forte que celle que j’avais avec Ruffus. La plupart des sorciers avaient des relations très fusionnelles avec leur familier d’ailleurs. Ils étaient nos plus proches aidants, ils nous connaissaient mieux que personne. J’aidais ensuite Elisabeth à entrer dans la baignoire tandis que Snow restait auprès d’elle. Je la voyais lui faire un câlin, elle devait certainement lui parler. Mon amie me demanda de rester seule. Je savais qu’elle était entre de bonnes mains (ailes ? Plumes?) avec Snow et je hochai la tête.
- Tu n’as qu’à m’appeler si tu as besoin de quoi que ce soit.
Je quittai alors la pièce pour à mon tour aller me changer. J’avais aussi du sang d’Albert plein les mains et aussi sur ma robe. J’allais dans ma salle de bain prendre une douche rapidement et me changer pour une tenue plus décontractée. De toute façon, la nuit était déjà bien entamée. Heureusement qu’on était samedi, je ne travaillais pas le lendemain. J’enverrai sûrement Brad bosser seul lundi à White Chapel pour rester avec Elisabeth.
Une fois propre et vêtue d’une tenue d’intérieur, je descendis préparer une infusion pour mon amie. Elle m’avait donné voilà quelques temps des plantes à faire infuser pour mieux dormir. Il est vrai qu’avec l’émergence d’Ombra et les meurtres des jeunes sorciers, j’avais eu beaucoup de souci et du mal à trouver le sommeil. Sans doute que ces herbes lui seraient profitables. Je mis donc cela à infuser tandis que je me servais un verre de whisky. Ruffus sauta sur le comptoir pour venir se frotter contre mon bras. Je le serrai alors contre moi tandis qu’une larme roulait sur ma joue.
C’était terrible, Ruffus. On dirait que partout où je vais, un malheur se produit. Un chien des Enfers a voulu m’attaquer et Albert est mort en s’interposant. J’ai l’impression qu’Elisabeth est veuve à cause de moi.
« Oui, merci Lyanna. » Malgré la situation, j’essayais de lui faire un petit sourire et elle sortit de la pièce, me laissant seule avec Snow. Je finissais par éclater en sanglot, je n’avais pas encore eu le temps d’évacuer toute la tristesse et la colère que je ressentais fasse à cette situation. Albert était mort et j’avais vraiment l’impression de me trouver dans un cauchemar. J’avais tellement envie de me réveiller, je ferai tout ce qu’il faudrait pour ça. Mais les choses n’étaient pas aussi simple hélas. Snow venait me faire un câlin dont seule elle avait le secret.
Un fois calmée, je terminais de me laver et je sortais de la baignoire pour me mettre en tenue de nuit. Je mettais une robe de chambre et je me regardais dans le miroir. Seigneur, je faisais vraiment peur. Je regardais ma bague de fiançailles et mon alliance. Je constatais que je n’avais pas pu voir Albert une dernière fois ni récupérer son alliance… Je me séchais les cheveux. Il fallait que j’en parle avec Lyanna. Cette dernière était dans la cuisine, elle était en train de faire un câlin à son familier. Cette situation était vraiment dur pour tout le monde.
Je me mordais la lèvre, je n’aimais pas non plus la voir comme ça, j’attendais qu’elle termine son étreinte avec Ruffus et je m’avançais doucement vers elle. « Lyanna… Je suis désolée de te poser cette question mais… Est-ce que tu sais où Albert a été emmené ? J’aimerai bien récupérer son alliance... » C’était tout ce qui me restait de lui et de notre amour. Tout le reset était purement matériel. D’ailleurs, je ne savais pas ce que je devais faire comme démarche par rapport à son travail. Je n’avais jamais vécu ce genre de situation auparavant.
La bouilloire siffla et j’allais me servir une tasse de thé. J’en versais aussi une pour Lyanna. J’avais vu que cette dernière avait prit un verre d’alcool, mais je ne lui disais rien car pour tout dire, j’en aurai bien besoin moi aussi.
Je n’avais pas entendu Elisabeth nous rejoindre dans la cuisine, j’étais concentrée sur Ruffus, le serrant doucement dans mes bras, savourant la douceur de son pelage contre la peau de mon visage. Je lui avais expliqué brièvement ce qui s’était passé, et mon familier s’affairait à me rassurer, certainement comme le faisait Snow en ce moment avec mon amie.
Tu n’y es pour rien, Lily, tu es une bonne personne et rien des horreurs qui sont arrivées n’est de ta faute. Tu fais de ton mieux pour aider ton amie. Albert est un esprit, il pourra revenir. Si c’était toi qui avais péri, on ne pourrait pas en dire autant.
Surtout que Ruffus aussi serait mort. Je ne voulais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit, je l’aimais beaucoup trop. Heureusement que j’avais eu le temps de sécher ma larme avant d’avoir pu constater la présence de la mariée dans la cuisine.
- Oh, tu es là.
Je la laissai se servir, elle avait sans doute reconnu ses plantes dans la boule à thé. Sa question me glaça, bien qu’elle soit légitime. j’avais du mal à croire que cet homme que j’avais connu voilà deux ou trois ans et qui était devenu le mari de mon amie la plus ancienne, était désormais mort, du moins son enveloppe charnelle.
- Je ne sais pas mais… je me renseignerai demain matin à la première heure, je te le promets, tu n’auras rien à faire.
Je n’avais pas eu le temps d’avoir cette information, mais il était clair que mon amie avait déjà suffisamment de souci et de tristesse pour encore devoir s’infliger ce genre de démarches. Je me chargerais de trouver à quelle morgue il avait été emmené, et si elle voulait y aller, je l’accompagnerais, ou alors j’irai moi-même récupérer l’alliance d’Albert pour la lui rendre. Nous voilà chacune pourvue d’une tasse de tisane aux herbes relaxantes. Je versai le reste de mon verre de whisky dans la mienne, ce devrait sûrement être un combo gagnant pour espérer dormir, non ?
- Est-ce que je peux faire autre chose pour toi, Elis’ ? demandai-je finalement en osant enfin affronter son regard.
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