Sing me a song of a lass that is gone
Say, could that lass be I?
Merry of soul she sailed on a dais
Over the sea to Skye*

Billow and breeze, islands and seas
Mountains of rain and sun
All that was good, all that was fair
All that was me is gone

Sa voix résonnait dans la salle, doux chant envoûtant qui rebondissait sur les murs. Sa voix si suave, si douce faisait résonner la nostalgie de ce chant qui captivait les spectateurs. Leurs yeux ne la quittaient pas mais Moïra restait là, chantant cette chanson aux doux refrains. Sa voix était magnifique et hypnotisait les gens. A coup sûr, ils étaient sous son emprise, sous l'emprise de ce chant, de sa voix qui les transportait. Moïra adorait ce genre de chansons, parlant des îles, de la mer, de gens forts prenant la mer, subissant le vent et la marée. Moïra n'avait jamais pu subir la marée. L'océan était sa vie. Elle adorait les coraux luminescents, les poissons. Les tempêtes, elle ne les connaissait pas, ou presque. Sa vie sur Terre lui avait tant appris.  Elle avait connu les cieux, le vent froid qui rentrait sous son manteau. Chantant la chanson sur cette scène qui la mettait en valeurs, elle se sentait ailleurs. Moïra imaginait ses soeurs, leur exploration continuelle dans l'océan. Pourtant, elle était là, dans cette robe argentée, ses cheveux d'un brun magnifique mis dans un chignon où des coquillages tenaient des mèches rebelles. Son visage d'une beauté révoltante n'avait que peu de maquillage, cela la rendait fragile, innocente et nostalgique. Oh ça oui, qu'elle l'était. La musique prit fin et elle s'arrêta tout en fredonnant l'air de la musique. Les spectateurs s'étaient levés pour l'applaudir et elle les salua avant de quitter la scène.

Se baladant dans les couloirs, elle rentra dans celui qui était réservé aux employés, fredonnant toujours le même air, tout en chantonnant les paroles. Elle finit par apercevoir un homme qui semblait perdu, vraiment perdu. Il n'était pas un employé.

-Monsieur, que faîtes-vous là ? Demanda-t-elle d'une douce voix aux accents chantants.

Fredonnant cette chanson qu’elle avait chanté tantôt, Moïra laissait libre court à son imagination. Elle n’avait qu’une hâte, revenir dans l’océan, sentir les doux embruns salés de la mer, l’eau caresser sa peau. Moïra n’était plus aussi curieuse du monde qui vivait sur la Terre. Elle avait vite compris à quel point, ils étaient mauvais et remplis de vice. Certes, les sirènes et les tritons mangeaient les marins qui venaient s’égarer sur des berges isolés ou quand ils étaient sur des navires à la dérive mais eux, c’étaient plus par instinct que par méchanceté. Ils faisaient cela pour satisfaire leur besoin de nourriture, pour survivre à la cruauté mystérieuse et fascinante de l’océan.  L’océan était cruel mais tellement magnifique à regarder.  La belle jeune sirène n’avait qu’une hâte, c’était d’entendre les vagues s’écraser contre une plage déserte, la lune haute dans le ciel qui se refléterait sur sa peau de porcelaine.  Elle voudrait sentir le vent caresser sa peau avant qu’elle se transforme d’une manière douloureuse à l’écart de toute civilisation pour rejoindre sa déesse mère, son véritable paradis. L’océan.  Se promenant dans les couloirs somptueux du casino qui avait des épais rideaux rouges en velours. Elle entendait encore un vacarme incessant dont elle était peu habituée. Etant une sirène,  elle était peu habituée à des bruits forts comme ceux qu’elle entendait. Bien sûr, au fil du temps, elle s’était accommodée à la bruyante espèce humaine mais il lui arrivait encore de grimacer à certains bruits ou sursauter pour la plupart.

En marchant dans les dédales de couloirs, les coulisses des casinos, elle vit un monsieur. Tout en s’approchant, elle se fit bousculer par celui-ci.  Trop rien, par rapport à elle, donc ce n’était rien. De ses yeux océans, elle fixait l’homme qui s’excusait. Moïra lui offrit un doux sourire rassurante tout en entortillant ses magnifiques cheveux bruns.

-Ce n’est pas grave, mon cœur, il y a une sortie des employés un peu plus loin. Je vais t’accompagner comme ça tu pourras fumer, s’enquit-elle avec un doux sourire. Je suis Moïra au fait et toi ? Demanda la jolie sirène tout en lui faisant un geste pour l’inviter à la suivre.