Il n’avait pas prévu ça. Pas du tout, du tout. Même pas un peu. Pourtant, il devait bien se douter que quelque chose clochait et qu’une chose pareille arriverait un jour. Lou ne pouvait pas avoir vécu jusqu’ici sans qu’il y ait… anguille sous roche, disons. Un secret bien gardé par un inconnu qui, apparemment, n’avait que ça à faire de cacher son corps dans un coin. D’ailleurs, il n’avait pas la moindre idée de la manière dont son corps pouvait être conservé par un psychopathe pareil. Parce qu’il fallait être un psychopathe pour prendre soin d’une dépouille.
Bon, Luka ne pouvait pas entièrement lui en vouloir, puisque sans lui, il serait mort depuis longtemps, mais ça restait bizarre. Hyper bizarre. Et le message qu’il avait reçu n’arrangeait rien à cette impression. Il était, plus ou moins, convoqué dans un lieu bizarre, et le ton était, plus ou moins, menaçant… Oui, bon, c’était totalement l’inverse. Son interlocuteur le menaçait franchement de mettre le feu à sa dépouille s’il ne se ramenait pas fissa dans un trou perdu au milieu de la forêt, pas loin d’une ville du coin.
Claude leva les yeux du message et regarda autour de lui. Devait-il répondre au message ? Faire ce qu’on lui demandait ? En parler à Clionestra ? Mais la louve n’était pas là. Lou avait eu le droit à un congé, aujourd’hui, mais la blonde travaillait dans sa maternelle et il ne pouvait pas attendre qu’elle revienne. Le message décrivait méticuleusement le parcours qu’il devait faire pour arriver à destination et le premier bus indiqué partait dans vingt minutes.
Il imaginait déjà la dispute, à son retour (s’il revenait…), s’il ne laissait pas, au moins, un mot à la louve. Mais que pouvait-il lui écrire ? Qu’il allait à une morte certaine parce qu’un cinglé lui parlait de son corps et de la possibilité de le réduire en cendres ? Luka ne voulait pas mourir. Il tenait à sa vie. Maintenant qu’il s’était enfin posé, il ne pouvait pas se permettre de la perdre. Et ce « la » ne désignait pas nécessairement sa propre vie…
Soûlé comme rarement (faîtes semblant d’y croire), Claude soupira un grand coup et se décida à laisser une petite note, sur la table, pour indiquer qu’il sortait pour la nuit, voire un ou deux jours, mais qu’il reviendrait bientôt et qu’il y avait de la nourriture dans le frigo. À relire son mot, il eut l’impression d’être une bonne femme au foyer qui s’occupait de son adolescent rebelle et ça le fit grimacer. Mais bon, ce n’était pas tellement loin de la vérité, non ?
Dans le bus, l’asiatique se posa près de la fenêtre et regarda la route défiler, sur le côté. Ils quittèrent bien vite Los Angeles, pour s’éloigner vers une ville plus petite, dans laquelle il n’avait jamais mis les pieds. Il sortit au premier arrêt de bus de ce patelin, puis longea la route jusqu’à sortir et rejoindre la forêt qui la jouxtait. Le sentier était presque disparu, entre les arbres, et Luka vérifia plusieurs fois l’itinéraire, sur son écran de téléphone, inquiété à l’idée de s’être perdu. Il n’avait pas franchement le meilleur sens d’orientation du monde.
Apparemment, tout était bon et Claude s’enfonça entre les arbres alors que le soleil se couchait, à l’horizon. Il lui fallut revenir plusieurs fois sur ses pas, pour s’assurer qu’il prenait le bon chemin et qu’il n’avait pas bifurqué à la mauvaise indication, mais il finit par arriver par une sorte de… de quoi ? Lou zieuta l’entrée de la… grotte ? d’un œil de chien battu. Il n’avait pas franchement envie d’entrer là-dedans et se demandait pourquoi on lui donnait rendez-vous ici. Sur le côté, il put deviner d’anciennes stèles, complètement recouvertes de végétation. Devant lui, l’entrée de ce qu’il pensa, finalement, être une crypte, était elle aussi recouverte de mousse et de grosses feuilles.
Claude soupira un grand coup et rangea son téléphone dans sa poche. Allait-il mourir ici, parce qu’il répondait à la menace d’un inconnu ? Un inconnu qu’il soupçonnait, en vérité, d’être le loup-garou qui l’avait tué… Super. Il voulait peut-être finir le travail une bonne fois pour toutes. Il n’aurait même pas eu le temps de faire comprendre à sa colocataire qu’il lui avait plus ou moins menti et que ses sentiments n’étaient pas morts avec lui…
Tant pis, il n’avait plus le choix. Stressé, tendu comme pas permis, Claude leva un pied et s’apprêtait à dégager une sorte de liane du passage, pour entrer dans la crypte, quand un bruit retentit derrière lui. Dans une forêt comme celle-ci, ça aurait pu être n’importe quoi, mais paniqué comme il l’était, Luka pensa immédiatement à une bête maléfique ou une embuscade. Et il eut bien du mal à se retenir de hurler. À la place, il sentit son pouvoir se réveiller et de petites pierres se dresser autour de lui, prêtes à fuser sur l’intrus.
Et bien... je tombe, semble-t-il, toujours au bon moment pour toi!
Je fus convoqué par l'ordre, car il avait une mission primordiale m'attendant à nouveau. Sous l'accord passé avec ces êtres il avait fort longtemps, j'accourus afin de découvrir ma tâche à accomplir. Et puis, je ne pouvais pas décliner l'éventualité de jouir d'un peu d'action. Je devais admettre que le plaisir de sentir le dernier souffle de vie d'un être commençait à me travailler!
La tâche se trouvait être l'élimination d'un loup solitaire qui faisait bien des problèmes à la population voisine de sa tanière. Je ne pouvais m'empêcher de lâcher un soupir en découvrant la teneur de cette demande. " Je dois m'occuper encore d'un loup. Magnifique... purement magnifique! " Sa localisation n'était pas dans Los Angeles, mais dans sur ville voisine. Une petite pensée s'envola pour Clionestra. " Faites... que ma proie ne soit pas l'elfe! " Une information troublante tomba, la pleine lune était pour bientôt, dans trois jours. Ce qui signifiait qu'il allait encore frapper! Je devais agir vite.
Dir: Trouve cette bête et élimine-la! Puis, reviens nous faire ton rapport quand la mission sera remplie. Maintenant... Part Rufus!
- Bien... Non, décidément, j'avais toujours autant de mal, à entendre cette chose ignoble qu'était mon prénom!
Je quittai la salle d'entretien, ramassai de nouvelles munitions d'argent et fuis le Q.G. pour revenir vers mon antre. Je devais me préparer à ce voyage qui s'annonçait long et fort pénible. Le point positif était que je n'avais qu'une seule cible... enfin jusqu'à présent!
Arme et munitions en main prêtes à l'emploi sans oublier une dernière acquisition qui me permettrait d'assurer la capture de cette créature sans la tuer: un piège à un ours, j'étais fin près à partir. J'attrapai quelques flasques de faux sang, mon cuir et mon couvre-chef avant de déserter ma crypte pour deux ou trois jours.
Rapidement, je me rendis dans cette fameuse ville où l'homme derrière le monstre se ravitaillait. Je perçus une odeur âcre de canidé, c'était sans doute le loup que je cherchais à moins qu'il est plus d'un garou dans ce petit patelin! Après une nuit d'observation de la civilisation en restant discret autant que je le pouvais, je repérai un homme qui détenait le profil de ma proie. Je ne peux contenir un soulagement... ce n'était pas Clionestra! Alors, je le pris en filature en prenant garde de l'orientation du vent afin qu'il ne repère pas ma présence. Suivant inlassablement ses pas, je le vis prendre la lisière de la forêt pour gagner son lieu de repos... une crypte? Je ne peux contenir un sourire à cette découverte en me rappelant une certaine personne.
J'allais pouvoir installer le piège dans cette voie qu'il empruntait souvent et ainsi, j'aurais un petit à utiliser en cas de problème. Je dus me trouver un lieu à l'abri du soleil non loin de sa crypte, car la première nuit toucha à sa fin. La deuxième nuit s'activa au même moment que moi. C'était le moment pour frapper! J'attendis patiemment que loup quitte son antre pour préparer le terrain de repli en plaçant le piège stratégiquement.
Une fois ma tâche accomplie, je remontai sa piste olfactive écoeurante. Rapidement, un visage familier apparut dans la forêt devant le prédateur en chasse. Là... j'avais un terrible pressentiment face à la situation qui se plaçait! " Claude... mais que diantre fais-tu ici! " Pensai-je en fermant les yeux dans un bref soupir.
L'esprit s'engouffra dans le coeur de la forêt avec à ses trousses un loup affamé et je suivis le duo dans un soupir. L'Asiatique s'arrêta devant la crypte et le métamorphe émergea entre les arbres avec ces crocs sortis en grognant. Là, je devais intervenir! Le canidé démesuré s'élança vers le fantôme et je sortis à mon tour pour le frapper au flan contre un arbre qui craqua sous le poids de l'impact. L'animal couina de douleur en se relevant pendant que moi je me mis entre les deux êtres.
- Claude, fichtre... que fais-tu ici bon sang? lâchai-je sous l'impulsion avant mes attraits bestiaux au rendez-vous.
Nlope. Nope, nope, nope et nope. C’était le seul mot qui venait poper dans son esprit, alors que ses yeux noirs se posaient sur la crypte. C’était mort (et c’était le cas de le dire), Lou n’entrerait pas là-dedans de son plein gré pour, en plus, discuter avec un cinglé de ce qu’ils pourraient faire de son corps. Lou ne sut même pas pourquoi il était encore là, à se poser des questions sur le bien-fondé de cette convocation en plein milieu de la forêt, au beau milieu de la nuit, avec personne pour le sauver de ce mauvais pas.
Une pensée qui, étonnamment, le rassura d’un seul coup.
D’habitude, quand Luka était en danger de mort, il avait toujours un bel ange gardien pour venir le sauver de son faux pas. La première avait été Clionestra, alors que Luka avait failli être bouffé par des loups. La deuxième avait été Felicia, alors qu’un loup-garou voulait tuer le sorcier. Le troisième, c’était sûrement Clayton, dans un entrepôt désaffecté, alors que Claude se faisait rouer de coups pour… aucune raison, en fait. Mais là, il était seul. Seul de chez seul. Donc il n’allait pas mourir, voilà. Logique de merde, mais, au moins, ça l’empêchait de trop paniquer.
Jusqu’à ce qu’il entende un bruit, derrière lui, alors que l’asiatique tendait la main pour pousser une liane et posait le pied sur la première dalle de la crypte. Un bruit qui le fit sursauter et arrêta son cœur, dans sa poitrine, avant qu’il ne se mette à tambouriner très fort, dans ses oreilles. Une bête ultra maléfique (il ne savait pas trop quoi, sûrement un croquemitaine très vilain) allait sortir des fourrés, lui bondir à la gorge et le manger ! Il aurait dû prendre possession d’un corps hyper moche, qui puait et n’intéresserait personne, au moins, il n’aurait pas pris le risque d’amener l’eau à la bouche d’une créature surnaturelle très mauvaise…
Ces pensées partaient totalement en freestyle mais, stressé, Luka ne savait plus que penser et surfait sur des choses tout à fait idiotes. Au moins, ça le déstressait. Ou pas du tout, en fait. Mais pourquoi s’était-il lancé dans cette histoire ? C’était n’importe quoi ! Il aurait mieux fait d’attendre Clionestra et de pleurer comme le gros bébé qu’il était pour qu’elle prenne soin de lui et lui explique la vie. Ou la mort, du coup, parce que son détracteur avait juré de foutre le feu à son corps, s’il ne venait pas… Mais au moins, il serait mort dans les bras de l’elfe et ça, c’était assez tentant, en vérité.
Rah ! Rien à faire, Luka n’arrivait pas du tout à se concentrer ! Une tempête affreuse fusait dans son esprit et créait des pensées absolument… euh… il ne savait pas, mais c’était un vrai bordel et il n’arrivait pas à se sortir de là. Ou, du moins, il n’y arrivait pas jusqu’à ce qu’une forme sombre le rejoigne, devant la crypte. Une grosse silhouette qui fusa dans sa direction et fut, soudain, chassée sur le côté. Le loup-garou s’écrasa contre un arbre qui craqua sous son poids et Luka, lui… était mort à l’intérieur. Oui, c’est un esprit, donc c’est logique, mais là, il était totalement tétanisé et incapable de bouger.
Il ne sut pas trop lui-même comment il fit pour tourner le regard vers l’intrus qui venait de balancer un loup contre un arbre, comme si c’était un fétu de paille. Et il vit Clayton qui, une fois encore, venait le sauver de la mort. La mort, la vraie. Celle qui pendait encore une fois au nez de l’ancien sorcier. Franchement, à ce point, Lou ne fut pas certain de la manière dont il réussit à s’empêcher de crier, de pleurer ou de se faire dessus. Mais il tint bon. Il s’accrocha, serra les fesses, les dents, les poings et cligna des yeux alors qu’on lui posait une question.
☼ Mais c’est pas le moment ! cria-t-il, d’une voix qui partit soudain dans les aigus.
Et les petites pierres qui s’étaient levées, à ses côtés, frémir soudain, à deux doigts de se jeter à l’assaut des adversaires. Des, oui. Parce que Claude ne savait plus, d’un coup, contre qui il devait se battre. Qu’est-ce que le vampire faisait ici ? Comment se faisait-il qu’il le croisait chaque fois qu’il avait un problème ? C’était beaucoup de coïncidences, pour un flippé comme lui, et il se demanda soudain s’il ne s’était pas fait avoir comme un débutant. Peut-être bien que le vampire, depuis le début, faisait ami-ami avec lui pour mieux le tromper ensuite. C’était trop cruel, ça.
☼ C’est… C’est… C’est de sa faute à lui ! cracha-t-il, en pointant un doigt vers le gros loup. C’est lui qui m’a dit de venir, moi je voulais pas, hein !
La bête, à l’autre bout de son doigt, montra les crocs et grogna, ce qui arracha un couinement apeuré à l’ancien sorcier. Par réflexe, ses petites pierres fusèrent vers le loup-garou et si les trois quarts d’entre elles se perdirent dans la nature, il vit, sous ses yeux effarés, qu’une petite pierre vint cogner le loup au front. Inévitablement, Claude échappa un nouveau petit cri et faillit bien s’excuser, mais le mal était fait et la bête enragée.
☼ J’ai rien fait ! C’est pas moi ! À l’aide !
Paniqué, Claude fit un pas en arrière, sans faire attention, et se prit les pieds dans les ronces qui jonchaient le sol, près de l’entrée de la crypte. Il tomba sur les fesses et releva les yeux juste à temps pour voir le loup-garou bondir. Ce qui finit de l’achever. Trop apeuré, l’asiatique recula encore, jusqu’à ce que ses mains, sous lui, ne sentent plus la pierre froide de la crypte, mais le vide des marches.
Et bien... je tombe, semble-t-il, toujours au bon moment pour toi!
La surprise de le voir ici avait évidemment brisé ma concentration. Fichtre, il... il n'était pas censé se trouver ici! Cela risquerait de déclencher le piège s'il fuyait... magnifique, je devrais impérativement intervenir pour le bien de la réalisation de mon plan initial! Une voix aiguë très désagréable pour mon ouïe qui provenait de sa gorge brisa le silence. Certes, sa réaction était plus que légitime dans notre périlleuse situation actuelle, mais... j'avais bien la situation en main. Bon, si j'arrivais à attirer ma proie sur le terrain désiré bien entendu!
Un mouvement venant de l'arbre où était encore couché le quadrupède attira mon attention. Ah... voilà, il se réveillait enfin notre petit louveteau! Donc, le loup se releva en grognant de mécontentement et de douleur. Il se secouait légèrement les crocs sortis en grommelant. L'animal s'approchait lentement de nous lorsque Claude donna enfin l'explication que j'attendais. Alors, cette bête fut à l'origine de ce coup monté qu'avait été victime mon interlocuteur apeuré!
L'esprit ajouta une petite couche de colère au canidé en le lapidant très mollement. L'animal ne me prêtait plus aucune attention en se concentrant sur le mortel possédé. Grave erreur de sa part! L'affamé se rua avec sa mâchoire grande ouverte sur l'homme qui s'affala lourdement au sol en me sommant de lui prêter main-forte. Je lâchai un faible soupir avant de finalement intervenir pour lui sauver la mise. Je devais agir vite! Je lui assénais un nouveau coup violent sur le museau et la force de mon coup fut si déstabilisante qu'il couina de douleur en s'écrasant contre le sol. J'attrapai Claude en usant de ma rapidité anormale et nous nous éloignâmes de notre attaquant en un instant.
Je calai l'humain contre moi en attendant que ma proie s'élance à notre poursuite. Celui-ci se releva en se donnant un coup de patte sur son nez endolori et il grogna avant de partir à nos trousses. Je ne pus contenir un petit sourire victorieux en courant dans la direction du piège à ours préalablement positionné. " Bien... suis-moi, mon petit chien-chien! " pensai-je en jetant un coup d'oeil à notre petit toutou. Il claquait des mâchoires en tentant de me mordre. " Oh... c'est que tu es rapide! " Pensai-je en pressant le pas avant de lâcher à haute voix.
- Tiens-toi bien Claude... je vais accélérer! dis-je en serrant ma poigne autour de ses hanches pendant ma course.
Arrivé au piège, je sautai par-dessus en continuant toujours de courir. Un bruit mécanique se déclencha bien reconnaissable avec un énième couinement animal de douleur. Je venais de capturer mon gibier. Un nouveau sourire étira mes lèvres en arrêtant ma course aussitôt. Je déposai l'esprit au sol avant de lui rétorquer en regardant vers l'arrière.
- Je crois que nous avons une prise! soufflai-je rebroussant chemin dans un sourire vainqueur. Maintenant, nous devons attendre que la partie plus... conviviale de notre malheureux resurgisse! J'ai quelques questions avant de m'occuper de son cas.
La situation était, totalement… Disons-le clairement : c’était un bordel incroyable et Luka gérait que dalle ! Il ne comprenait pas lui-même pourquoi il s’était dit que ce serait une idée de génie, vraiment, de répondre à l’invitation anonyme à propos de son corps. Il n’avait même pas pensé trois secondes que ça ne pouvait être qu’un piège d’un de ses ennemis, et qu’il ne verrait même pas son corps, au bout du compte. Pourquoi avait-il été si naïf ? Un besoin, au fond, de croire que son corps était là, quelque part, à portée de main, et qu’il pourrait le mettre en sécurité, s’assurer que personne n’essaie de le détruire, pour que Lou n’ait pas à mourir comme un débile. Parce qu’il ne voulait pas mourir.
C’était cette peur de la mort qui le forçait à la lâcheté qui était la sienne. Lou ne voulait pas croire que ce soir serait son dernier jour, qu’il ne pourrait même pas dire au revoir à sa colocataire, la serrer une dernière fois contre lui, voire se permettre quelques petites choses qu’elle ne comprendrait pas, mais qui lui feraient beaucoup de bien, à lui. Quitte à prendre sans lui demander son avis. Sans méchanceté, évidemment. Il n’était question que de voler un petit baiser d’adieu, rien de bien méchant. Même si c’était déjà énorme, pour lui ; même si elle le regarderait sans rien comprendre du tout à son problème. Comme d’hab’, quoi.
Penser à la louve ne l’aidait pas franchement à se calmer. Au contraire, ça le paniqua encore plus, parce que la mort lui pendait au nez et qu’un autre loup-garou était prêt à lui bondir à la gorge pour le manger. D’ailleurs, à bien y réfléchir, quitte à être mangé, il préférait que ce soit par… Mais merde ! Il était débile, à la fin, ou quoi ? Paniqué, les pensées de Luka partaient dans tous les sens et il n’arrivait pas à se concentrer sur le combat. Comme s’il lui suffisait de se perdre totalement dans son esprit et son imagination un peu trop débordante, pour que toute cette histoire ne soit qu’un rêve qui n’existe pas.
Sauf que rêver, ça ne le sauverait pas.
Alors qu’il était à deux doigts de basculer dans le vide, une main tombant dans les escaliers, le reste du corps penchant dangereusement vers la crypte, Clayton, ce super-héros, revint à son secours. Il asséna un coup puissant sur le museau du loup, pour gagner du temps, et bondit au secours de Claude, qu’il attrapa et porta comme… euh… Luka ne préférait pas mettre de mots sur cette position. Il se contenta de se serrer très fort contre le vampire si froid, les yeux grands ouverts sur ce qu’il se passait, derrière Clayton.
Ce qu’il vit, évidemment, ne lui fit aucun bien et ne le rassura pas du tout. Même si le vampire gambadait plus vite qu’une gazelle, le loup-garou n’hésita pas à se lancer à leur poursuite et Claude remua, un peu, contre Clayton, en couinant. Parce que c’est bien connu que couiner et remuer, ça fait disparaître les monstres et ça règle tous les problèmes. D’ailleurs, voir le loup tendre le museau et claquer des mâchoires, ça faillit bien achever Luka, qui ne sut pas lui-même ce qui le retint de tomber dans les pommes. La seule pensée presque cohérente qui traversa son esprit, fut de se féliciter d’avoir pensé à pisser, avant de partir, sinon Clayton aurait été dans de sales draps.
☼ Qu-quoi ?! Mais…
Lou cessa soudain de se débattre, alors que le bras du vampire se serrait un peu plus fort sur ses hanches. Euh… OK… C’était franchement pas le moment de se demander pourquoi Clayton le tripotait, mais s’accrocher à des pensées qui n’avaient rieeeen à voir avec le loup-garou à leurs trousses, ça le calmait un peu. Un tout petit peu, certes, mais c’était déjà mieux que rien, non ? Au moins, ça le tint immobile, pour ne pas trop remuer contre le vampire. Juste au cas où. Au cas où, quoi. Que ça ne le détourne pas trop de son objectif qui était de lui sauver la vie.
Bouche bée, les yeux écarquillés, Luka remua la mâchoire sans arriver à fermer la bouche ni à parler. Aucun son ne sortit de sa gorge, alors qu’il regardait le piège se refermer sur le loup, le hurlement de la bête, le sang qui coulait. Un peu plus, et il aurait tourné de l’œil, l’asiatique, incapable d’en supporter davantage. Heureusement, Claude fut déposé à terre et il resta là, sur le cul, à regarder dans le vide et cligner des yeux, totalement choqué par tout ce qu’il venait de se passer. Lui, il n’était qu’un abruti qui avait, autrefois, agité les mains en faisant semblant de savoir lancer des sorts, pas un chasseur surentraîné qui pouvait regarder la bête souffrir sans détourner le regard.
☼ Hmm… Hein ?… De… de quoi ?
Encore sous le choc, Claude eut bien du mal à se raccrocher aux mots de Clayton et comprendre ce qu’il essayait de dire. Il était question d’une prise, il entendait bien, mais là, sur le coup, les mots n’avaient aucun sens dans son esprit. Il serait bien incapable d’y répondre. Il lui fallait, d’abord, prendre le temps de revenir à lui. Ce qui passa par le souvenir du bras du vampire, serré autour de ses hanches, comme un étau étrange. Un souvenir qui le fit frissonner, par terre, et Claude fut victime d’un tremblement si puissant qu’il faillit bien tomber sur le côté et s’étaler de tout son long. Mais il tint bon et retrouva, enfin, un certain lien avec le sol, alors que ses doigts glissaient sur les feuilles, à terre.
Revenu à lui, ou presque, l’asiatique déglutit et releva les yeux vers le vampire qui venait de lui sauver la vie, pour la deuxième fois. À croire que Clayton était devenu, un peu malgré eux, son garde du corps personnel.
☼ Tu veux qu’on attende qu’il redevienne humain ? Mais t’es dingue ! Et s’il se libère, on fait quoi ? (Le loup grogna, en claquant les dents dans sa direction.) Aaaaah ! Tu vois ! Un fou !
Par précaution, alors même que Claude était loin du loup-garou, il recula encore, dans le tapis feuillu de la forêt et se cala contre le tronc d’un arbre, pour pousser un gros soupir qui amena, avec lui, une fatigue insoupçonnée. Luka sentait un mal de crâne incroyable poindre le bout de son nez, dans son crâne, et si son cœur se calmait enfin un peu, ce n’était que parce qu’il ne pouvait plus faire autrement. S’il continuait à ce rythme, l’esprit ferait une crise cardiaque, sans aucun doute.
☼ Puis quelle question tu veux bien demander à celui-là, hein ? D’ailleurs, j’aimerais bien savoir comment ça se fait que tu le connaisses, lui. (Il pointa la bête du doigt et grimaça, alors que le loup montrait les dents.) Tu m’as sauvé la vie, encore, merci. Mais je comprends pas comment c’est possible.
Et il fallait bien avouer que le loup n’avait pas l’air plus au courant que lui de cette histoire. Alors Luka ne comprenait pas quelle coïncidence avait pu lancer Clayton sur la route du loup-garou, pile le jour où celui-ci avait décidé de faire de Claude son quatre heures.
☼ Tu me suivrais pas, quand même ? demanda-t-il, plus bas, un peu effrayé par la réponse. J’t’aime bien, hein, mais il faut pas pousser trop loin non plus, quoi. C’est pas contre toi, tout ça, mais stalker les gens, ça se fait pas, tu sais.
Est-ce que Luka était assez con pour se demander, pour la… troisième fois ? quatrième fois ? plus ? si Clayton n’avait pas, pour l’asiatique, un intérêt un poil plus intéressé qu’une amitié étrange entre un débile et un vampire ? Il ne valait mieux pas poser la question.
Et bien... je tombe, semble-t-il, toujours au bon moment pour toi!
Mes yeux ne quittèrent aucunement ma proie qui se tordit de douleur dans mon piège. L'animal se débattit comme un diable contre les mâchoires de fer qui s'enfoncèrent plus profondément dans la chair de sa patte captive. Ah... l'odeur de son sang était bien abjecte! Je lâchai un petit soupir de dégout en revenant lentement. Je n'avais d'autres choix que de le supporter. Je devais savoir impérativement s'il opérait seul ou s'il était secondé d'une quelconque manière. Une nouvelle meute renégate tentait-elle de se former?
Mon rescapé... bien récidiviste, malgré moi, commençait lui aussi à revenir de cette course effrénée. Mon regard se posa enfin sur lui lorsqu'il s'opposa ouvertement à ce qui allait suivre. Notre cher ami canin se mit également de la partie en grognant à nouveau en regardant l'Asiatique.
- Oh il semble avoir une... ouais ou plusieurs, dois-je précisé, dents contre vous? soufflai-je en arquant un sourcil dans un léger sourire avant de poursuivre. Pourquoi cela? Je fis un petit rire en m'accoudant contre un autre arbre à sa droite en croisant les bras. Oh que si je vais attendre qu'il devienne un peu plus... loquace!
Je lançai un nouveau regard sur loupiot qui semblait toujours se montrer hostile avec mon interlocuteur dans un énième claquement de mâchoire à son égard. Se connaissait-il? Une information me revint à l'esprit révélé par le spectre.
- Pour quelle raison vous a-t-il tendu ce piège en premier lieu, le connaissez-vous? lâchai-je sous l'impulsion de mes pensées.
Puis, il me retourna presque au même moment ma question avant de s'embourber dans ses inquiétudes très inattendues me concernant. Je ne pus contenir une petite quinte de rires explosifs en admirant son visage déformé sous une... wow une peur le possédant! Je repris lentement de mon petit fou rire en papillonnant des paupières.
- Non, rassurez-vous... je n'ai guère entrepris de tel acte à votre égard! Toutes nos croisades, aussi invraisemblable soit-il, ne sont que le fruit de coïncidence ayant un fichtre de sens de l'humour! Je poursuivis avec un regard plus sérieux sur la bête qui s'attaquait maintenant à sa patte prise. Ma présence est uniquement due à un simple ordre de mission d'enquêter sur lui.
Je retirai mon cuir que je déposai sur une branche et retirai mon colt de son étui. Je vérifiai la présence des balles en ouvrant le barillet avant de le refermer. Je m'approchai du loup et tirai un coup dans sa patte intacte froidement. L'argent d'une balle n'était pas suffisant pour le tuer, mais cela accéléra le processus de changement en être humain. " Maintenant, nous n'avions plus qu'à patienter sagement! " Le lycan couina de douleur en s'écroulant au sol sous les multiples souffrances qui devaient l'envahir, mais cela ne me faisait rien... absolument rien! Après tout... cette nuit sera sa dernière.
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