Lair of the beast Old does not mean dead, new does not mean best.••• La "fête" battait son plein, ce soir, au bar ... Fidèle à sa réputation, il s'échappait du Wolf's Howl un boucan que même les hurlements d'une meute n'auraient su couvrir. L'ivresse dominait, pour la majeure partie des clients ... Le chahut était mêlé de rires, d'injures, et d'une touche musicale qui apportait cette atmosphère si particulière, affectionnée de beaucoup de résidents de Los Angeles. Dans la mer de soiffards, surnageaient des âmes plus calmes ; observatrices et silencieuses, pour des raisons diverses. Certaines se contentaient de vivre par procuration, là où d'autres, solitaires, regardaient la joie d'autrui avec un dédain empreint de jalousie ... Puis, il y avait Stolas. Initialement, il ne recherchait ni compagnie, ni comédie en venant ici ; et à dire vrai, ses songes plus actuels étaient parasités par quelques réminiscences mélancoliques de la vie du mortel qu'il possédait. Il se rappelait cette énième biture que Stolas avait pris ici pour noyer sa peine, il y a de cela plus d'une année au moins ... Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu se brûler les veines à l'alcool comme le Sorcier l'avait fait par le passé ; et même si le Sorcier le souhaita ardemment, il ne serait, ni ne pourrait être exaucé. Ce qui n'avait pas échappé au Déchu lors de sa prospection, fut le nombre surprenant de Loups-Garous ici, aussi bien en tant qu'employés du bar, que parmi les clients aux faux-airs d'Humains qui y étaient reçus ... Une tanière à la subtilité douteuse et dénonçant ses occupants par son nom. Original. Et pourquoi pas, après tout : le mortel qu'il occupait était venu ici à plusieurs reprises sans soupçonner, qu'il s'agisse d'un bouge lupin.
Assis au comptoir, l'une de ses mains tenait un verre qu'il n'avait même pas entamé. Au pire, il l'ignorait ; au mieux, il lui arrivait de noyer son regard dans le liquide ambré qu'il faisait balancer, par moment ... Somme toute, c'était une soirée plutôt ennuyeuse. Aucune proie intéressante ... Et, il devrait provoquer lui-même sa propre distraction. Regrettable, mais, échauffer quelques esprits n'était pas inatteignable ... Aussi, lorsqu'il scruta de nouveau la salle, son dévolu se porta sur deux individus stagnant à des tables relativement proche. Les sourcils du Sorcier se froncèrent légèrement, de concentration, puis il laissa la magie opérer, tout en sirotant sa boisson sans attrait. Dans la minute, un ivrogne esseulé s'en prit à un autre, sous le joug de l'illusion du démoniaque ; et la chicane dégénéra. Ils en vinrent aux mains en un crescendo de violence, difficilement stoppé par des employés du lieu. Au final, le Garou agressé avait retourné à l'autre une rouste méritée ... Il aurait peut-être fait pire, sans ses congénères pour l'arrêter. Une vie mortelle demeurait fragile ... Face à l'instinct d'un Loup, l'autre n'aurait été qu'un piètre os à moelle, dans son état.
Enfin. Stolas suivit visuellement l'exclusion forcée de sa victime, un autre Sorcier ; jusqu'au moment où, sur le trajet, une femme capta son attention : une brune, dont il lui semblait avoir reconnu les traits ... Avant qu'elle ne lui tourne rapidement le dos. Perplexe, le Démon avait abandonné son verre, sans laisser le temps à l'inconnue de disparaître dans la marée d'alcooliques. En la rattrapant au vol, il posa une main sur l'épaule de cette dernière pour la stopper net, puis enfin détailler de plus près le visage de la Louve, malgré l'ombre environnante.
« Bonsoir ... On se connaît, non ? »
Définitivement, oui. Des souvenirs d'il y a quelques années revinrent à Stolas : c'était elle. Elle, l'odieuse Louve trop sûre d'elle, trop fière, pour accepter l'aide d'un Sorcier qu'elle avait jugé à tort d'inférieur ... Cela avait été une rencontre profitable pour eux deux malgré tout, et ce, même s'il fut difficile d'admettre qu'ensemble, ils avaient été plus efficaces que divisés. Pour autant, sa visite d'antan n'était que temporaire... Unique, s'il se fiait à ce qu'il en savait. Si c'était réellement la russe, que faisait-elle ici ..? Pourquoi être revenue sur ses pas ..? Qu'y'avait-il ici de si important pour capter des surnaturels issus d'autres territoires ?
« The slightest thing that forms in the world is always the product of a tremendous coincidence.»
Minuit venait pointer le bout de son nez. La grande ville était à présent endormie dans la pénombre, éclairée par de grandes lampes longeant les ruelles et les habitations. La lune demeurait invisible, masquée par d’épaisses couches de nuages grisâtres, mais les étoiles scintillantes nimbaient les immeubles et les toitures de leur froide lueur. Malgré l’heure tardive, il y avait quelques personnes ici et là sur les trottoirs, avec parfois une allure plus qu’affligeante qui devait sûrement revenir d’une soirée bien arrosée ou encore du « Wolf’s Howl » même. Et sur ces quelques personnes encore dehors en cette douce nuit, une jeune femme à la démarche calme et silencieuse s’y tenait. Cette étrange silhouette n’était autre que la charmante et dangereuse Angelika que l’on pouvait reconnaître facilement par un look fort atypique. Mais que faisait-elle dans les rues de la Nouvelle-Orléans en pleine nuit ? En vérité, on ne sait jamais vraiment ce qu’elle prévoit, car chaque soirée est on ne peut plus différente à chaque fois.
Cette nuit, la louve-garou était habillée de façon assez sobre. Elle portait un jean fait de cuire ainsi que d’un haut noir accompagné par-dessus d’un long manteau lui-même aussi noir que le corbeau et des bottines de la même matière. Elle ne portait rien qui puisse attirer l’œil histoire de ne pas se faire remarquer facilement et elle se devait de rester assez discrète, seulement un sac assez volumineux qu’elle portait sur l’un de ses solides épaules. Tout en continuant à marcher, elle s’approchait d’une petite ruelle sombre peu fréquentée, ses talons claquant sur les pavés fraîchement humides, le visage dénué d’expression. Plus elle avançait et plus l’atmosphère devenait froide, voire malfaisante, cependant cela ne semblait guère déstabiliser notre tueuse dans l’âme. C’est alors que les premières silhouettes apparurent dans l’ombre.
Des personnes aux intentions pas très catholiques se regrouper ici la plupart du temps, dans tous les cas, c’étaient des gens, peut-être même des créatures où la sympathie n’était pas de mise. Néanmoins l’ancienne militaire ne venait que très rarement pour l’instant, sa venue ici était encore assez récente et elle ne voudrait guère s’attirer les foudres trop rapidement. En prenant une ruelle encore plus étroite, un groupe d’hommes s’y tenait au bout de celle-ci et ils avaient l’air d’attendre quelque chose ou plutôt quelqu’un. La grande brune s’approchait de ses hommes avant de s’arrêter devant eux, afin de scruter chaque individu de ses yeux bleus océan marqué davantage par ses traits, dont un en particulier. L’heure au trafic avait sonné, c’était exactement ce qu’il était en train de se dérouler, dans un endroit loin des regards et des activités nocturnes. Angelika était venue avec plusieurs armes à feu faites de ses mains, elle voulait s’assurer que ses futurs acheteurs allaient respecter la part du marché et lui donner l’argent qui lui était dû. Fort heureusement, ils avaient été coopératifs et Angelika étaient repartis avec une jolie somme d’argent, voilà bien une situation qui pouvait ne l’a rendre que de bonne humeur avec une bonne affaire. Si ce soir, l’échange s’était bien déroulé, ce début de nuit était encore loin d’être achevée.
En se rendant vers son fameux bar fraîchement propriétaire de celle-ci, des cris et des brises de verres se faisaient entendre alors qu’elle n’était pas encore arrivée devant le bâtiment. Il fallait dire que même avec ses facultés de louve, un humain pouvait tout aussi entendre le chahut pas possible jusqu’à elle. La différence en revanche et qu’elle discernait bien plus précisément les sons en question. Si cela était plutôt habituel et que la patronne laissait les gens se quereller comme bon lui semble, lorsque son mobilier en question était touché, la grande brune ne laissait guère passer ce genre d’action. Son bar, c’était son travail à côté de ses trafics d’armes, alors elle tenait à garder cet endroit convenable malgré les ivrognes qui emmenaient leurs âmes dans les tréfonds, une façon d’oublier la vie merdique qu’ils devaient vivre. La russe avait alors accéléré le pas et s’insérer dans le début de foule alors que deux des colosses de la meute tenaient de les arrêter.
« Ça suffit de jouer à qui a la plus grosse ?! Allez dégager moi ça ! » Son ton était fort et ferme, non-colérique, mais qui démontrer bien qui était la patronne ici. Elle était comme ça et comptait se faire respecter de quelque manière qu’il soit. Les mains sur sa taille de guêpe, le visage dur, elle attendait sagement les auteurs de ses bruits sortir de ses lieux et ramener « un peu » de calme. Et alors qu’Angelika comptait se rendre à l’arrière du bar, une main sur son épaule vint lui stopper sa route avant qu’un grand homme ne barre littéralement devant son chemin. La louve soulevait aussitôt son visage de porcelaine face à la silhouette qui n’était finalement pas si inconnue que cela. De par sa question, la russe avait tout de même réfléchit le temps d’un instant, profitant pour le scruter de bas en haut sans aucune retenue.
« Il y a de grandes chances que l’on se connaît, Stolas » Son regard pétillant, intensifié par son maquillage charbonneux, ne manquait aucun détail de ses expressions, et savait toujours reconnaître un visage. C’est que ça fait un bail et une sacrée coïncidence. Un léger sourire apparaissait face à ses pensées du passé qui lui revenaient peu à peu.
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