En colère, Stefano était vraiment furax. Il venait de se prendre un « F » à son devoir, enfin, au devoir de Clovis mais cela revenait du pareil au même. Il venait de se prendre un « F » sur la société de la Grèce Antique. C’était qui ce petit péteux pour se connaître mieux que lui en matière d’histoire de la Grèce ? Bon maintenant, la Grèce n’avait plus rien de sa grandeur d’antan. Juste des vestiges, des morceaux, des traces de leurs grandeurs et leurs richesses qui continuent encore et toujours de bercer l’humanité. Elle était celle qui avait fondé la société actuelle. La démocratie, le tribunal et surtout l’huile d’olive. Ils étaient les fondations de l’humanité et ce mec, ce Mr Adams, réfutait tout en bloc. Stefano avait été sur l’agora, avait voté des lois athéniennes pour que son fils ait un avenir. La vie en société dans la Grèce Antique, il la connaissait par cœur. Même dans les autres périodes de l’histoire, il était incollable. Au fait, il devrait prendre la place de ce petit parvenu au moins, les cours d’histoires seraient riches en anecdotes. Il avait tout vu. Il avait même poussé des gens au suicide, ou à se prendre pour des loups. Il avait été un gangster durant les années 20 à la Nouvelle-Orléans, puis à Chicago. Il avait été un tas de personnes, changeant au fil des siècles. Au départ, il était un noble, un riche seigneur puis ensuite, il ne faisait que de changer. La réalité se changeant d’une manière perpétuelle au fil des époques. Il n’évoluait point mais il changeait de métier, de passe-temps. Il changeait ses manières. Tel un caméléon tapis dans l’ombre dans l’Histoire. Plus Stefano relisait la copie de son fils, plus sa colère s’intensifiait au fur et à mesure. Il détestait ce genre de gens.
-On va aller à ton lycée et je vais lui parler à ton professeur, dit-il d’une voix froide et sombre.
Une voix qu’il n’arborait pas souvent mais qui ne présageait rien de bon. C’était une voix de tueur, de prédateur. Une voix qui était de bon ton à ne pas désobéir. D’ailleurs, Clovis ne le fit point. Ils partirent dans son Audi R8. Ils arrivèrent bien vite car le lycée ne se trouvait pas loin de leur maison. Une maison où il est rarement là mais qui convenait à leurs besoins. Ni en plein centre-ville, ni à l’écart de tous. Une maison luxueuse et moderne. Stefano savait que Clovis avait des problèmes avec la modernisation du monde mais Stefano non. D’ailleurs, il ne savait pas comment aider Clovis avec ça. Il l’avait mis au lycée pour l’aider à se familiariser avec celui-ci mais rien n’y fait. Arrivé à l’école, il rentra par l’entrée principale et vint vers la classe de ce cher professeur nommé Adams. Vêtu d’un costard bleu nuit, d’une chemise blanche et d’une cravate noire. Stefano avait tout d’un avocat haut placé. Il rentra sans toquer dans la classe avant de s’arrêter totalement sur le pas de la porte.
-Ding Dong, le sorcier est mort ! Chanta-t-il en lançant un regard ironique à Clovis.
C’était une vieille comptine amusante qu’il avait replacé dans le contexte. L’humain ne devait pas comprendre pourquoi il disait cela mais ça amusait Stefano de chantonner cela afin de peur aux humains.
-Je suis Maître Kray, avocat à la cour et le père de ce petit gars, je peux rentrer ? Demanda-t-il tout en se présentant avec un sourire enjoué aux lèvres.
Il n’attendit pas la réponse et rentra sans l’accord du professeur. De toute façon, Stefano s’invitait, ce n’était pas les autres qui l’invitaient. Stefano était en colère mais cela ne se voyait pas, vraiment pas. Sous ce masque, ce sourire, personne ne voyait l’aura prédatrice qui s’en dégageait de lui. Une aura qui voulait du mal.
Lorsque la note était tombée, Clovis avait déjà envie de tout abandonner. Mais lorsqu'il montra la note à son père, il comprit qu'il n'était pas le seul à être en colère. Stefano l'était également peut être plus encore. Ils avaient fait ce devoir ensemble, parce que Clovis n'était pas assez vieux pour pouvoir parler correctement de la Grèce Antique. A son époque, il apprenait plutôt le latin, la lecture et l'écriture. Rien de plus. Il s'attendait à avoir une meilleure note que ça. Stefano, aussi apparemment. Il lança furieux:
"C'est quoi ce monde où d'autres te mettent des notes pour t'évaluer? J'aime pas ce monde!"
Il répétait en boucle la même chose. Il n'aimait pas ce monde moderne, il regrettait son temps à lui, Versailles et ses plaisirs cachés. Son père déclara alors qu'il voulait aller au lycée. C'était peut être une mauvaise idée mais Clovis se garda bien d'en faire la réflexion. Il sentait la colère de son père. Tous deux partirent en direction du lycée et Clovis se risqua à dire:
"Tu vas le tuer? Parce qu'il n'y a pas qu'en histoire que j'ai cette lettre... Je comprend rien à ce qu'ils doivent apprendre. "
Clovis reconnaissait néanmoins qu'il ne faisait aucun effort pour comprendre. Il était bien trop buté pour ça. Il avait décidé qu'il n'aimait pas cette époque alors il ne ferait rien pour tenter de la comprendre. Alors qu'ils arrivaient au lycée et vers la classe d'histoire, Stefano fit une remarque. Clovis haussa les épaules et il entra avec son père. Silencieusement. Il avait intérêt à ne rien dire. Il allait laisser Stefano parler. Bien sûr qu'il était en colère de sa note, ses camarades aussi l'étaient parfois. Il jeta un regard inquiet à Stefano puis à son prof. Il avait peur que ça tourne mal.
La sonnerie annonçant la fin du dernier cours avait déjà retentit depuis un petit moment, mais j'avais décidé de rester en classe afin de corriger quelques copies. A la maison il y avait bien trop de distractions pour tout ça. Comme exemple il y avait Sparks, mon petit beagle qui avait en ce moment des périodes où il aimait bien manger les papiers et tissus que je ramenais à la maison, que cela soit des feuilles d'interrogations ou bien un nouveau jean que je viens d'acheter. Il est encore tout joueur, ça devrait passer. Je corrigeais des devoirs donnés aux plus jeunes lycéens, quelques questions sur l'histoire de la conquête de l'Amérique par les colonialistes européens. Lorsque tout à coup j'entendais deux personnes arriver dans la salle de classe. C'était un de mes élèves accompagné d'un adulte. Je me demandais alors ce qu'il faisait là sachant que les cours étaient finis depuis un petit moment déjà. Je me levais lorsque le type parlait au garçon, puis se retournait pour se présenter. Pourquoi notifiait-il de suite qu'il était avocat. D'ordinaire avec ce que je savais ou ce que m'avait dit mes collègues de fac, généralement les parents ou adultes ne parlaient de leur métier que lorsqu'ils s'excusaient de ne pas pouvoir venir à une réunion parents-professeurs. Je me levais et aller vers eux, ils n'avaient même pas attendu que je les invite à entrer ou même à s'asseoir. Quelque chose me disait que ce n'était pas pour des compliments qu'ils étaient là.
- Bonjour... Je suis M. Adams, vous avez besoin d'un renseignement ou de quelque chose?
J'avais hâte qu'ils retournent chez eux car j'avais encore des copies à corriger.
Stefano devait être encore plus en colère que son propre enfant à ce propos. La Grèce Antique était son royaume, son pays natal. C’était sa fierté, sa joie de savoir qu’il faisait parti d’une société qui avait contribué à l’évolution humaine. C’était le berceau de la démocratie et même s’il y avait encore quelque petites failles, c’était révolutionnaire. Les autres époques n’étaient qu’un enchaînement de stupidité à fond de guerre stupide. Ils portaient des toges, et même à ce jour, c’était un signe de sagesse, hors, les élèves se moquaient des culottes et des collants, du maquillage et des perruques que les hommes portaient en ce temps. La Grèce Antique était le berceau de l’humanité, elle avait créé la justice et les tribunaux, des lois, la démocratie. Grâce à leurs dieux, ils étaient déjà bien plus avancés qu’à ceux du Moyen-Age. Ils inspiraient encore et toujours du respect, malgré les millénaires. C’était pour cela que Stefano en était fier de son peuple, disparu, broyé sous des idiots qui n’avaient gardé que leur alphabet et leurs ruines.
Alors quand cet idiot d’humain vint mettre un « F » sur la copie de son fils, alors que celui-ci l’avait aidé dans ce devoir, il était tombé des nus et même Clovis était en colère puisqu’il répétait la même chose. Stefano avait décidé d’en découdre avec ce professeur qui ne savait rien du véritable grec ancien. Dans la voiture, Clovis tenta une phrase mais Stefano était bien trop en colère contre ce professeur pour comprendre ce qu’il disait.
-Non mais je vais lui apprendre, ce qu’est la véritable tragédie grecque. Mon fils, ce n’est pas ta mauvaise note qui m’énerve, c’est que cet homme ne sert rien et se permet de mettre un « F », répondit-il.
Arrivé devant, il rentra dans la classe sans attendre la permission. De toute façon, il s’en fichait de l’avoir ou non, se présentant, il s’asseyait sur une chaise en face du professeur tout en sortant la copie du devoir.
-Mon fils a eu un « F », absolument pas justifié. Changez cette note en « A », parce que je pense que vous n’y connaissez rien en histoire, à vrai dire, je pense que je serais meilleure que vous en tant que professeur d’histoire, dit-il en lançant un regard mauvais vers son interlocuteur.
Le silence était son meilleur allié à ce moment précis. Il se contenta d'observer son père mais aussi son professeur. C'était peut être la seule chose distrayante qu'il pouvait retirer de cet endroit. De voir une telle lettre sur ce papier l'avait rendu non seulement en colère mais aussi furieux contre lui même. Il faisait des efforts pour ce monde moderne mais ça semblait être en vain. Il marchait nerveusement dans cette salle, il se retenait d'aller faire un massacre à côté ou pire encore. Dans sa tête diverses idées de vengeance s'installaient. Ce n'était pas au prof qu'il en voulait, c'était au monde entier. Et le monde entier devait payer. Parce qu'il ne voulait pas de Clovis.
Mais il devait également prouver à Stefano qu'il savait se maîtriser pour ne pas avoir encore à fuir. Ou pire que Clovis ait des ennuis avec la milice moderne. Il finit par s'asseoir sur une chaise, lui qui s'était promis de ne plus revenir ici, il avait continué à y aller. Pourquoi, il n'en savait rien. Peut être à cause de ce prof là, mais il l'avait trahi avec sa note. Il fixa de nouveau son prof avec son regard meurtrier qui en disait long sur son état d'esprit. Il avait envie de meurtre, encore une fois.
Étrangement depuis l'entrée de ces deux personnes dans ma salle de classe je sentais que quelque chose de pas forcément agréable allait arriver. Je passais alors mon regard du père au fils avec une certaine rapidité en essayant de bien discerner ce qu'ils me voulaient. Lorsque ce M. Kray parlait de la note de Clovis sa voix, enfin surtout son ton, me fit ressentir de désagréables frissons dans le dos. Comme si un espèce d'instinct me hurlait que je n'étais pas dans la plus saine et rassurante des situations. J'avalais difficilement ma salive en gardant le contact avec l'avocat. J’essayais de ne pas me montrer impressionné de quelque manières que se soit, un peu lorsque je faisais face à des élèves voulant se montrer plus fort, ou autre, que moi.
- Je suppose que vous dites ça car c'est vous qui l'avez aidé. C'est honorable de votre part, pourtant ce n'est pas moi qui décide mais le livre où se trouve les réponses.
Je dis cela en lui posant alors ledit livre devant lui, l'ouvrant également à la page voulue pour lui montrer qu'en effet son fils n'avait pas noté les réponses attendus.
- Et puis je pense que vous êtes bien trop occuper avec votre métier pour pouvoir postuler à celui de prof. Mais si ce n'est pas le cas, ne vous gênez pas et prenez ma place si vous vous en sentez capables.
Il ne se prenait, mais alors pas du tout, pour un simple avocat. Et cela avait pour tendance à m'énerver, mais, comme à mon habitude, je ne laissais rien paraître sur mon visage. Mon regard quittait alors M. Kray pour s'attarder sur Clovis. Moi qui pensait que j'avais réussi à établir une relation de confiance, il fallait dire que je m'étais trompé. Et au lieux de venir mon père i lavait accouru vers son paternel pour qu'il me fasse peur. Je ne pouvais pas caché, à un moment, que j'étais déçu.
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