Deux jours qu’il se trimballe avec la moitié de son salaire dans les poches, il n’arrive pas à confier son argent à Violet comme il l’a toujours fait. C’est elle qui gère les finances pour qu’ils ne se retrouvent pas complètement  à la rue. Elle ne compte pas particulièrement sur ce qu’il gagne, mais c’est toujours un plus quand il lui donne de quoi remplir le frigo ou simplement  payer quelques factures en retard. Il aime la rendre fier lorsqu’il rapporte de l’argent, pour toutes les fois où il a dilapidé leurs économies. Son salaire, il aimerait le donner à la dame de son cœur, mais son cerveau refuse. Il lui fait sentir qu’il aura besoin de cet argent tôt ou tard. Il n’aime pas cacher des choses à son épouse, mais il ne peut pas contrôler ce qu’il fait. C’est une dualité permanente entre ce que son esprit souhaite et ce que son corps lui réclame. Pourquoi devrait-il s’inquiéter, se flageller ?
Qu’il se retrouve ce soir dans ce bar, n’est finalement pas un scoop.
Pour lui, avec l’alcool, c’est toujours un éternel recommencement.

Keon sait que la guerre est perdue depuis bien longtemps. Il ignore par quel miracle il se tient malgré tout à distance des vampires depuis près d’un an. La peur, la longue cicatrice blanche qui décore sa gorge de son travers lui rappelle la douleur, le gout de son sang, la suffocation dans sa propre substance. Egorgé comme un bétail devenu fou, trop gênant. Il en fait encore des cauchemars, suffisant pour l’empêcher de retomber dans cette addiction si puissante, si violente, l’ayant réduit à l’état d’esclave pendant plus d’une décennie.

Quand ses doigts fins ont touches les bords glacé de son verre de tequila, ses poils se dressent le long de son corps. Frisson de bien être, de soulagement. Il troque cette substance mortelle pour lui contre un billet de sa paye, le premier dépensé, lui, qui les liquidera jusqu’au dernier. C’est comme s’il se souvient de toutes les fois où il avait été privé d’alcool, la douleur du manque devint alors bien plus forte. Son premier verre à l’âge de quatre ans, premier sevrage à l’âge de dix ans quand il fut arraché à sa mère par les services sociaux. Il se demande si elle est encore en vie, il aimerait pouvoir l’invoquer, lui demander seulement... Comment est-ce que tout ça va finir.

A la première gorgée, c’est le stress qui s’évapore. Son déménagement n’avait laissé peu de place à d’autre émotion. Ils sont encore partis de chez eux, de cette caravane miteuse. Non pas qu’il l’aimait particulièrement, mais il a besoin de repères simples pour se donner l’illusion d’une certaine stabilité. La seconde fait s’envoler les tensions, les responsabilités qui semblent peser sur ses épaules, son nouveau travail qui demande beaucoup de rigueur, la maison qu’il faut rénover, le poids de l’influence magique qui réside dans cette ville si dangereuse pour une créature aussi instable que lui. Il faut plusieurs autres verres et billets dépensées pour voir enfin se désagréger l’ennui...
Ah l’ennui, son pire ennemi. C’est le manque de certaines hormones qui le tire particulièrement ers ses rechutes. Le travail, les absences de sa femme, la solitude, aucun ami... Son cerveau le fait tant souffrir lorsqu’il s’ennui, il lui impose des pensées morbides, lui fait voir la vie en noir et lui faire croire en des douleurs physiques insoutenables. Il sait qu’il est malade, mais que peut-il faire ? Il n’a pas les moyens de se faire soigner et les dommages sont probablement trop importants pour que cela fonctionne un jour. Son cerveau sait ce qu’il veut, il se moque de ses motivations, de ses envies de s’en sortir, d’avoir une vie normale, il veut sa dose... Il veut de l’alcool, de la drogue, des vampires, du sexe, il veut le danger, il veut que son cœur palpite.

C’est en revenant des toilettes que le canadien trouve ce mec assis à sa place. Habituellement, il se serait contenté de simplement changer de tabouret. Il y en avait d’autre. Keon n’est pas un bagarreur, il a la carrure d’un adolescent. Tellement Skinny, pas très grand, il n’est pas un homme impressionnant. Sa femme est bien plus menue et petite que lui, ils s’assortissent bien. Mais non, il s’approche de ce type parce qu’il a une allure différente des autres, ses cheveux, ses tatouages. Il est intrigué, il  y a de quoi. Il y a beaucoup trop d’information sur ce gars là.

Il lui arrive directement dessus, beaucoup trop proche, il n’a plus de notions de zone de confort. Ses lèvres s’étirent en un sourire. Visage lumineux, le regard empli de malice, les joues un peu roses en raison de la chaleur que lui prodigue l’alcool. Son hyperactivité activé, il remue au rythme de la musique de manière bien assumé en dépit de la ringardise du morceau qui se diffuse dans le bar. « C’est des vrais de vrais sur ta tronche ? » Qu’il demande sans prendre la peine de se présenter, il ne s’encombre pas de telles banalités, il sait que personne ne veut discuter avec lui à part les morts. « Regarde moi aussi j’en ai ! » Qu’il lui dit tout fier en soulevant son t-shirt sans pudeur pour lui montrer ses tatouages sur ses pectoraux puis il montre de son doigts les quelques poils de torses qu’il possède, comme si cela avait un moindre lien avec les tatouages, il dit en gloussant « Pis ça aussi c’est des vrais ! Touche comme c’est soyeux... » Si c’étaient de faux, ce serait assez triste de se coller un si fin duvet. Et il attend, sous le regard dubitatif du barman qui s’est arrêté net dans son geste en regardant l’autre asticot. Alors il le regarde et lui dit avec toute la bonne humeur que son cerveau lui prodigue « Oh oui, oui, oui ! Encore un verre steuplé ! »

Une main étrangère sur sa peau, ravive tant de souvenirs dangereux, terribles, sanguins... Il en frissonne alors que la main qui ne tient pas son t-shirt se pose sur la joue de l’homme, il caresse doucement cette peau encrée, sent parfaitement le grain laissé par les aiguilles. « C’est beau... » Qu’il souffle subjugué, le simple fait de toucher un être vivant dans son monde de morts lui fait tourner la tête, mais le contact d’une peau si spéciale le fait sentir vivant.  Rien à voir avec les tatouages mystérieux de Keon composé uniquement de symboles géométriques dont il se garde la signification. L’inconnu était un livre ouvert tandis que lui, un journal solidement cadenassé. Eh bien ça l’attire la différence, quant bien même ils se ressemblent, lui s’attarde sur les détails qui font qu’il est à part. Un autre. Une créature fascinante qui n’est pas lui.
Lui c’est l’ennui.
C’est sa prison de chair qui le freine dans sa quête du bonheur.
Lui, ça laisse s’éteindre l’étincelle quand le sang se purifie.

Il est arraché de ses songes tortueux quand le jeune le dépeint comme un idéal, il réprime un pouffement de rire. Parce qu’il n’est pas un modèle à suivre, même ivre, il le sait. S’il était lui aussi blond, il n’aurait probablement pas de duvet visible. Il relâche son t-shirt, son corps ne cesse d’onduler plus en moins en rythme avec la musique. « D’accord si j’peux voir sous ton t-shirt, mais pas plus, j’suis marié tout de même ! » Il aurait dit la même chose pour n’importe quelle autre demande : ok, mais pas plus, parce qu’il est marié. Il se souvient de ce détail de taille, parce qu’il l’aime follement sa femme. Rien que penser à elle le rend plus heureux, il s’illumine d’avantage, ivre d’un amour, de passion. Il voudrait l’embrasser maintenant, lui arracher ses vêtements, honorer son corps sublime qu’il affectionne tant, mais elle n’est pas là... Tout simplement parce qu’il ne devrait pas être ici.

Ses doigts sont perdus dans les cheveux étranges du garçon, trop de stimulation visuelle sur un seul individu, il pourrait passer la nuit à se délecter de son étrangeté. Pourtant, il en a déjà vu des cheveux colorés, mais il y a tellement de couleur sur sa tête... Une vraie salade de nuance.

Son verre arrive enfin, encore une téquila,
La boisson de son enfance !
Son regard intrigué fixe le geste de l’arc en ciel, l’argent qui passe d’une main à l’autre. « Merci.... J’m’appelle Keon. Toi ? » Il n’est pas encore assez ivre pour avoir oublié sa fausse identité, tout cela prend une allure de jeu mystère où il masque son véritable nom. Un léger rire malicieux roucoule hors de sa gorge alors que sa main auparavant dans les cheveux multicolores attrape son petit shoot de vodka qu’il porte à ses lèvres rieuses qui accueillent avec délice le liquide ardant réchauffant sa gorge. Il a fermé les paupières, savourant sans pudeur la jouissance que lui apporte ce verre. Il ouvre des yeux humides de joie, de soulagement et quand bien même boire accroit sa soif, sur le moment il se sent comblé. « A nous ! » Il vient tamponner son verre vide contre celui du jeune homme, puis il glousse bêtement « Oh bah non, j’ai tout fais à l’envers ! » Il n’a plus rien à boire, son verre est bien triste...

Nous, nous... Nous... Ce mot tourne dans sa tête. Qu’est-ce que ça veut dire ? Il n’en sait rien, il ne connait rien de tout ces nous, il n’a jamais eu de véritables amis. Alors qu’il se creuse le citron, ile canadien réalise une grave disparition ! « Hey ! Elle est où ma tranche de citron ?! »

Il sourit alors qu’il parle de Violet comme étant une perle rare, oh que oui. Elle est la femme parfaite pour lui, celle qui peut le comprendre, qui accepte ses défauts. Elle est si douce sa petite femme, son rayon de soleil pour réchauffer son cœur lorsque la tristesse le glace. C’est la tristesse justement qui marque son regard lorsqu’il entend les mots de Zephyr, faisant disparaitre la douceur de son baiser au coin de ses lèvres. Il respecte la femme du médium, est-ce qu’il a manqué de respect à Violet en acceptant d’être embrassé ? Il n’y a pas songé, c’est bien ça son problème, la convention, les règles de couple. Il a mis du temps à comprendre. Leur relation s’est installée doucement, alors qu’il apprenait seulement à la connaitre, il fricotait avec d’autres personnes. Polyamoureux, il ne se limitait pas spécialement, mais elle le savait, elle l’avait compris. Pourtant lorsqu’il a fallut fuir, il l’a choisi elle sans hésiter une seule seconde. Depuis, il n’avait plus eu de relation polyamoureuse certes, mais avait eut quelques soucis parfois avec ce qui relève ou non du couple. Il a apprit avec le temps, à ne pas se laisser tripoter, à ne pas caresser, à ne pas embrasser... Il faut dire qu’il ne savait pas non plus réellement coucher autrement qu’à la manière d’un acteur de pornographie ou du prostitué qu’il fut autrefois. Il est difficile de se défaire de toute cela, en particulier lorsque l’on est ivre et que oui, le contact physique fait terriblement de bien. Un baiser, ce n’est rien...
Mais il n’est pas encore assez ivre pour oublier que ce n’est pas tout à fait vrai, que le tatoué a raison. Un baiser c’est quelque chose, c’est de l’amour, de la compassion ou quelque chose... Un baiser, ça montre quelque chose, une affection. Peut-on exprimer tout forme d’affection au travers d’un baiser ou n’est-ce réservé qu’à l’amour pur et simple ?

L’apparition de son verre de téquila lui fait oublier ses pensées trop philosophiques pour ce soir, il s’envoie le contenu de celui-ci au fond de son gossier avant de trinquer. Il pouffe de rire, puis vint coller son nez presque sur le torse du jeune homme pour regarder de plus près les détails d’un tatouages qui semble avoir particulièrement attiré son regard. Il rit joyeusement en se redressant « S’tu veux ! Moi j’vais t’appeler Zeze, même si en fait, Zephyr c’est quand même plus joli ! Et  c’est toi qu’est sympas. Moi, j’connais pas encore Los Angeles. Tu ne veux pas m’faire visiter ? Dois y’avoir des magasins d’alcool dans les environs, t’crois pas ? Et t’habite dans l’coin toi ?  » Ouais, clairement, quant aux origines de Keon, il ne tient pas vraiment à en parler, alors il ignore la sujet, c’est plus simple ! Car d’où ça vient ? Il n’en sait rien, mais ça lui a bien plut alors il a décidé de se prénommer ainsi quand il a fallut changer de nom ! Quant à Quill, Peter Quill, son héros des gardiens de la galaxie ! Faut dire que ce Peter, il a une sacré playlist sur son baladeur et ça, le médium il adore ! Y’a qu’à voir comme il ne peut pas s’empêcher de danser sur ces musiques pas forcement à la mode ; la musique ça change tellement...

« Oh oui du citron et pis j’peux avoir un verre plus grand ? » Oui parce que ceux là, il n’en fait qu’une gorgée, c’est clairement pas assez ! Il se sent bien ce soir, ses pensées sont agréables, a douleur dans son cerveau est enfin partie. Il est heureux, même si Violet lui manque. Un vide qu’il comble comme il peut, avec Zephyr et beaucoup d’alcool ! « Oh c’que t’es drôle, personne ne s’bat pour moi. » Glousse-t-il en passant sa main dans ses cheveux, il commence à avoir rudement chaud, mais voila son verre pour le rafraichir ! Sa femme s’est battu pour lui et voila le résultat, une vie de fugitifs et de pauvreté. « Yes ! Mon citron est là ! Mais en fait, j’aime pas ça ! » Qu’il déclare en riant de manière peu intelligente, attrapant le citron pour le jeter sur des filles en train de danser « Salut !!! » leur-dit-il en agitant frénétiquement sa main « On peut danser avec vous ?! » Pourquoi est-ce qu’elles l’insultent d’abord il a rien fait, il affiche une petite moue adorable, abaissant ses sourcils comme un petit chiot qui en ferait de même avec ses oreilles.

Keon pouffe de rire quand l’homme lui fit remarquer que Zeze sonne comme leur appareil génital, il n’y avait pas pensé, alors sans le lui dire parce qu’il ne pense pas toujours à verbaliser ses pensées, il décida d’oublier ce sobriquet absurde, bien que... Non, vraiment, pas cette fois. Le médium dégouline de tendresse quand il lui dit savoir qu’il ne l’es pas, il ne sait pas de quoi parle le tatoué, mais en tout cas, ça à l’air gentil et il aime ça.

Le jeune homme regarde le dessin sur la feuille de papier, c’est qu’il aurait bien aimé aller faire un tour dehors et que le bar, ça commence à lui couter cher ! Il retourne le plan et le met à la lumière peu nette du néon du bar « Regarde, comme ça, on dirait la tronche du mec là bas. » Ce qui était loin d’être un compliment bien qu’aucune méchanceté n’émane des paroles de Keon. Tout heureux de ce beau tableau, il range la serviette dans sa poche. Il sourit au barman qui semble adorer son nouvel ami, faut dire, il est rudement chouette ce Zéphyr !

Vulgaire les filles ? Il n’avait pas remarqué, faut dire qu’il en voit quasiment six plutôt que trois. C’est là que l’homme à la chevelure ultra coloré lui parle de prince et princesse. Il ne sait pas quoi penser, lui a trouvé sa princesse, mais il n’a pas pu lui offrir de beau mariage comme dans les films. Non, ils ont filé direct au tacobell avec leurs alliances bon marché. Il se laisse conduire sur la poste de danse, ça va un peu trop vite pour ses pieds, mais il réussit à ne pas se casser la figure. Ses yeux se remplissent de l’image de Zéphyr en train de danser d’une manière vraiment étrange, le plus triste étant qu’il trouve cela absolument fabuleux. Keon l’accompagne et malgré son ivresse, son petit déhanché est toujours aussi adroit, le problème ? Le manque total d’harmonie avec la musique diffusée à cet instant. Il n’écoute pas de toute manière, il y a le rire de son camarade de beuverie qui prend le dessus. C’est que c’est beau, quelqu’un d’heureux.
Parce qu’ils sont heureux, pas vrai ? Il n’a pas envie que ça soit encore du fake.

Keon se rapproche de son ami pour venir danser beaucoup plus près, beaucoup trop peut-être, mais il a bien prouvé jusque là qu’il n’a aucune idée des limites acceptables entre deux individus. « Et moi, est-ce que j’suis vulgaire ? » Comme si enfin, cette pensée venait de jaillir à travers de son pauvre cerveau imbibé d’alcool et il continue, sans en perdre son sourire lumineux. « Après tout, je ne suis qu’une... Non... Je n’étais qu’une pute ! » C’est que d’habitude, il ne parle pas du passé, parce que personne ne lui adresse la parole quand il est dans cet état, il fait bien trop peur et la plupart des autres alcooliques sont grincheux et ne supportent pas bien longtemps la compagnie excentrique du fugitif. « Tu danses bien... » Qu’il lui dit, comme si ça avait un moindre rapport avec ce qu’il venait de lâcher un peu plus tôt. Sans nul doute que trois ans plus tôt en voyant l’argent dont disposait Zéphyr, il lui aurait proposé de faire un tour dans les toilettes en échange de quelques uns de ces billets là. Mais il semblait qu’il pouvait en avoir sans devoir baisser son froc, vraiment... Quelle nuit charmante.

C’est vrai qu’ils avaient toute la piste de danse rien que pour eux, ou presque. Keon sourit largement, plutôt content d’avoir de la place pour faire le guignol avec son nouvel ami. Il ne fait pas attention aux autres pour tout dire, il n’a d’yeux que pour cet homme. Parce que pour une fois, quelqu’un le regarde vraiment, non pas comme tous ces autres...
Qui regardent à travers, comme s’il était aussi fantôme.

Ses yeux brillent d’un certain éclat, sa main passe dans ses cheveux bruns complètement fous alors que Zephyr lui assure qu’il n’est pas vulgaire. La chaleur de l’emprunte de ses mots ravive sa joie excentrique. Il ne sait pas pourquoi il est heureux, mais ça a toujours été ainsi, même du temps où il se nommait Yorick. Il s’est toujours amusé dans sa propre destruction.

Puis son ami cesse de danser, mais pas lui, pas le gamin hyperactif. Il continue, il réalise que ses hanches sont entre ses mains, que ce sont les paumes moites de Zéphyr qui sont si chaudes et transpercent ses couches de vêtements. Il ralenti cependant sa danse alors qu’il lui confesse être un pyromane, il ne sait pas pourquoi ça parle de steaks, mais en tout cas, ils sont copains et ça lui fait du bien parce qu’il ne connait encore personne dans cette ville, à part et heureusement : sa douce femme. Mais ce n’est pas pareil, elle déteste quand il est comme ça, il se déteste aussi au fond.
Il passe sa main sur la joue tatouée de cet homme incroyable et lui sourit « Ils se trompent tous, t’l’sais toi, pas vrai ? Tu n’es pas juste un pyromane qui fait peur et moi, je n’suis pas juste un schizophrène qui t’aurait sucé pour trente dollars... On est pas des monstres. »
C’est la vie qui est monstrueuse, parfois...

Il aurait bien voulu un câlin, en partie parce qu’il sent l’énergie qui émane du garçon et qu’il aime bien ça. Mais Zéphyr se mit à se tortiller d’une manière qui fit un peu rire Keon qui ne se moque évidement pas, seulement, il est si heureux d’avoir cette improbable compagnie pour surfer avec lui sur ses émotions si variables et étranges. Puis il l’a, son câlin. Il tournoie, manque de tomber, mais se rattrape aux bras qu’il imagine fort de son partenaire de danse ! Il balance sa tête en arrière pour regarder la pièce tourner dans tous les sens alors qu'il rit joyeusement, le coeur si léger. Puis redresse sa tête droite, il ne sait pas par quel miracle il ne vomi pas, mais alors que son torse entre en collision avec celui de Zéphyr, il se laisse basculer en toute confiance. Ses yeux regardent les lumières au plafond, il ne se rend pas compte une seconde qu’il est sur le point de tomber. Puis c’est un choc contre son corps, percuté par son ami avant de se retrouver blotti dans ses bras, mais il sait que quelque chose cloche, mais il n’arrive pas à savoir quoi...

La chute est assez amusante comme sensation.
Oui, ça fait des chatouilles dans le ventre !
« Ouuiii ! C’est trop bien ! Encore ! Encore !!! »
Réclame le médium en levant un bras en l’air, évidement oui, ce n’est pas lui qui s’est cogné, même si avec son niveau d’alcoolémie il n’aurait probablement pas senti grand-chose.

« AIIIIE ! » Oui, ils ne sont plus à la verticale, mais bien allongé au sol. Keon rampe entre les jambes du sorcier pour venir aplatir ses joues entre ses mains, pour ce qui était sensé être des caresses « Oh non, t’es blessé mon copain ?!! » Il ne veut pas voir son nouvel ami passer de l’autre côté du voile, mais il est vite relevé par des gars visiblement agacés « Hey oh ! Touchez pas à Zéphyr d’abord ! » Qu’il râle en donnant des coups d’épaules ridicules pour tenter de se défaire des mains étrangères qui le tienne. Il attrape d’une de ses mains la ceinture de Zephyr pour le tirer vers lui avec un air étrangement protecteur. « Mais arrêtez de nous pousser ! » braye sa voix rauque par tant de Tequila, c'est qu’il ne comprend rien de ce qu’il se passe, il sait seulement qu’il ne veut pas lâcher le tatoué. « Pourquoi les gens sont toujours si méchants ? » Il ne retient pas ses larmes d'une pureté déconcertante, son cerveau lui fait traverser tant d’état émotionnels ce soir, il comprend, il sait... Il a besoin de boire un peu plus pour que ça s’arrête. Sa main lire tente de voler le verre d’une fille qui l’insulte copieusement au passage lors qu’il l’eut maladroitement plus giflée qu’autre chose.