Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaSi tu avais su que tu serais sans le sous, tu l'aurais fait quand même. Pas parce que tu es bête, mais parce que tu es un idiot généreux. Tu as mal. Putain tu as un mal de chien même. Ta tête vibre, tes yeux collent et tu as envie de vomir… sauf qu’y’a plus rien dans ton ventre. T’as pas mangé depuis avant-hier, quand t’as dépensé ton dernier dollar pour un sdf dans la rue qui faisait la manche avec son chien. T’y peux rien, tu ne résistes pas aux chiens. Donc voilà, après tu as tourné dans la rue sans le sous, et toi, quand tu as fait la manche, y’a pas eu un idiot heureux pour te filer un billet de 10$.
Après tu ne sais plus vraiment. T’as dérivé dans la rue. Tu as fini par te retrouver en prise de bec avec des connards lambdas. Comme d’habitude, tu as fait le con, tu les as provoqués et ça s’est fini avec ta tête dans la boue de la ruelle et des coups. Et t’as mal. Tu as juste envie de rentrer te pieuter, mais l’appartement est trop loin. Alors tu tournes dans une autre rue.
C’est vers le White Chapel que tu te tires en triste état. T’as pas besoin de voir la lie sur toi pour la sentir à plein nez. T’en as peut-être même dans les narines tiens. Tu sens la douleur d’un bleu sur ta pommette et la brûlure d’un coup mal placé dans tes côtes. Pourtant tu gardes le cap et tu finis par pousser les portes de la chapelle.
Sans la moindre once de respect, tu te laisses tomber sur un banc libre et un couinement furieux t’apprend que tu as à failli écraser la martre magique qui dormait au chaud dans la capuche de ton sweatshirt sale. Parce que ouais, Zeke, c’est le nom avec lequel il est apparu dans tes pensées, s’est sauvé de tes habits pendant la bagarre, mais et vite reprendre son sommeil après.
*Stupide bestiole… -Je t’entends !*
« Ah, mais lâche-moi ! C’est mes pensées et… »
T’as répondu à voix haute en entendant les pensées raisonnées dans ta tête fatiguée sauf que tu te fais interrompre par le bruit de pas au loin. Tu soupires lourdement en reconnaissant le pas caractéristique de celle qui tient l’endroit. Lyanna, qui t’a pris sous son aile tu ne sais pas vraiment pourquoi et que tu es, encore, venu instinctivement trouvé.
C’est dingue quand même. Tu l’as fui pendant des jours, parfois des semaines, et quand tout va de travers dans ta vie, quand tu te poses des questions ou que tu as besoin d’une présence, c’est elle que tu viens trouver. Gamin, tu te réfugiais dans les bras de ta mère et maintenant c’est Lyanna, c’est tout.
« J’ai rien fait, je le jure devant Dieu ! »
Tu annonces ça en levant la main comme si tu jurais sur la Bible. Tu es le pire des blasphémateurs...
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaJ'aurais dû le virer depuis longtemps, voire même ne l'avoir jamais accepté, mais c'est plus fort que moi, je dois le protéger. Lyanna était affairée à méditer, entourée de runes de magie blanche, dans une pièce annexe de la grande salle principale de la chapelle, cette salle qui était devenue son bureau. Une pièce toute de bois faite, décorée avec goût et sobriété, quelques plantes médicinales disposées par-ci par là. Ruffus, son familier, un gros chat noir aux yeux bleus, dormait paisiblement sur le rebord de la cheminée éteinte. Soudain, le bruit de la porte de l’Église que l’on ouvrait se fit entendre et la régente ouvrit les yeux en même temps que Ruffus.
- Quelqu’un entre…
Tu sais qui c’est, répondit le familier.
Sans se donner la peine de répondre, Lily se leva pour se sortir de son bureau situé derrière le choeur et le traversa pour rejoindre la nef. Tout au fond, dans un banc non loin de l’entrée, s’était écroulé un individu, et comme l’avait souligné Ruffus, elle savait très bien de qui il s’agissait. Un sorcier de son coven et pas n’importe lequel. Zéphyr. Loin encore de se douter de ce qu’il avait, la régente roula des yeux et avança d’un pas déterminé vers son protégé. Sa voix s’était élevée, à qui parlait-il ? Sans doute son familier avec qui les relations étaient… étranges. Même cela… songea-t-elle en un soupir intérieur.
Puis, arrivant à sa hauteur, elle constata à quel point il était mal en point et sentit son coeur se serrer comme si c’eut été elle qui avait été brutalisée. Elle se précipita à son chevet, s’asseyant à la hâte auprès de lui pour lui saisir avec délicatesse le visage.
- Zéphyr ! Que s’est-il passé ? Où as-tu encore traîné ?
Son regard trahissait son inquiétude, il avait l’air de souffrir, son visage était tuméfié, il avait sûrement pris des coups un peu partout. Sans attendre et faisant fi de ses paroles blasphématoires, Lyanna leva ses paumes de mains devant le visage de Zéphyr.
- Instant sanitatem.
Une lumière blanche émana de ses mains et vint soigner les blessures à portée. La régente abaissa ses mains pour survoler tout le corps du jeune sorcier afin de guérir un maximum de ses blessures. Cela lui demanda pas mal d’énergie, visiblement il était beaucoup touché. Une fois fini, elle planta son regard dans le sien. Elle aurait eu si envie de le serrer dans ses bras, elle avait eu peur en le voyant ainsi, mais il méritait davantage d’être sermonné plutôt que d’être câliné.
- Laisse Dieu où il est… Accessoirement il n’est pas ici.
En effet, l’Église auparavant catholique avait été défaite de ses attributs religieux pour plutôt être ornée de ceux inhérents à la magie élémentaire, la magie blanche.
- Qu’est-ce que tu as encore fait, Zephyr ? Je veux que tu arrêtes de te mettre en danger, tu m’entends ? Il le faut. Un sorcier de White Chapel en danger signifie tout le coven en danger.
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaSi tu avais su que tu serais sans le sous, tu l'aurais fait quand même. Pas parce que tu es bête, mais parce que tu es un idiot généreux. Tu l’as obtenue. C’est ce que tu attendais en venant ici, et il n’a pas fallu plus de quelques minutes pour l’avoir. Sa présence. Lyanna Johnston, régente dans ce Coven, Lily pour les intimes, celle qui t’avait récupéré il y a 3 ans. Une inspiration, quelques mots, des yeux brouillés par la douleur et elle était apparue devant toi, tel un ange sauveur.
« T’es pas une sorcière, t’es un ange, mais tu veux pas le reconnaître… »
C’est tout ce que tu as trouvé bon à souffler alors qu’elle ramène ses mains éclairées de magie blanche devant ton visage. C’est comme un cocon de lumière, quelque chose de protecteur et rassurant. Au fond de toi, Zéphyr, tu sais que ça te rappelle ta famille, et tout ce que tu as perdu en devenant un sorcier. C’est aussi une pique douloureuse dans ton esprit de te savoir quasiment incapable de lancer ce même sort.
« Ahh… ça fait du bien. »
Tu soupires d’aise quand l’air revient plus facilement dans tes poumons. Ton corps se détend et comme pour marquer son mécontentement devant ce traitement qu’il trouve trop doux (tu le sais, il vient de le souffler dans ton esprit), Zeke saute sur tes genoux et se place entre ta sauveuse et toi.
Tu en profites, tu laisses tes yeux se fermer et l’espace de quelques instants, tu imagines que tu n’es pas ici, et que ta mère est à la place de Lyanna. Tu rappelles à toi toute la chaleur de son amour, toute la protection de la maison de ton enfance. Et ça te fait du bien, dans le fond, même si ton visage se contracte et que des larmes viennent brûler tes iris sombres.
« Dieu n’est nulle part. Tu grinces, en rouvrant les yeux sans pouvoir cacher les traces de chagrin contenu. S’il existait, il n’aurait pas permis que je devienne un sorcier. Il m’aurait laissé où j’étais et je ne mettrais pas en danger le coven, comme tu me le rappelles si bien. »
Tu as une grimace, ce genre de moue énervée et malheureuse que tu laisses apparaître sur ton visage quand tu es seul, ou auprès de cette femme. Sur une longue inspiration, tu te redresses, en manquant de faire tomber la martre de mauvaise humeur et tu finis par répondre à la question... enfin.
« Plus d’argent, j’ai donné ce qu’il me restait à un homme qui en avait plus besoin que moi. J’avais faim et j’étais crevé et ces types me sont tombés dessus. J’pouvais pas les laisser m’insulter alors j’ai répondu et pis… me voilà. Tu tends la main pour toucher sa peau du bout de tes doigts salis. Je pus, Lily. Dis-moi qu’il y a un sort pour se laver en un claquement de doigts ! »
Tu retrouves un regain d’énergie à cette idée. Il y a bien le recurvite dans Harry Potter alors t’espères bien que dans la vraie vie, les sorciers ont trouvé quelque chose d’aussi utile. :copyright: 2981 12289 0
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaJ'aurais dû le virer depuis longtemps, voire même ne l'avoir jamais accepté, mais c'est plus fort que moi, je dois le protéger. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que Lyanna fasse la connaissance de Zéphyr et qu’elle le prenne dans son coven ? C’était comme si, pour une fois, la raison avait quitté la régente au profit d’une obscure décision que personne ne pouvait comprendre. Il était clair que pour un coven comme White Chapel qui prônait la pureté et l’excellence, Zéphyr Fawkes était un marginal. Et pourtant, la régente l’avait pris sous son aile, voulant faire de lui un meilleur sorcier. A la vérité, cela ne pouvait pas être pire. Elle-même ne savait pas pourquoi elle s’était fait un devoir de le protéger et de l’aider. C’était son rôle de régente, mais elle se serait épargné bien du tracas et du travail supplémentaire en ne l’acceptant tout simplement pas à White Chapel, ou en l’éconduisant à la première boulette. Mais non, voilà trois ans que Zeph’ était là et que Lily faisait de son mieux pour lui éviter d’être la risée de tous, et aussi de mettre en danger les autres sorciers de par son imprudence. A croire que ça lui plaisait, à ce jeune, de morfler, au vu de toutes les situations similaires qui se présentaient encore et encore. Et chaque fois que ça tournait mal pour lui, il revenait vers elle, alors qu’elle était souvent sans nouvelles depuis plusieurs jours, en proie à une inquiétude qui n’aurait pas dû avoir lieu d’être. Et pourtant, elle était bien présente, cette inquiétude qui lui enserrait le coeur, la gorge et les tripes chaque fois qu’elle le voyait revenir mal en point. Alors qu’elle commençait à le soigner à l’aide de la magie, il lâcha un compliment dont lui seul avait le secret. Cette naïve gentillesse… Pourquoi un garçon aussi gentil se mettait-il toujours dans des situations pareilles ? Lily esquissa un sourire une fois le sort terminé. Elle ferma les yeux quelques secondes comme pour recharger ses énergies, tandis qu’il semblait aller mieux.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, la régente constata la présente de la marte sur les genoux de Zephyr. Un familier n’était-il pas sensé protéger son sorcier ? Elle regarda l’animal d’un air légèrement réprobateur, et comme s’il l’avait entendue, Ruffus arriva à se moment précis, bondissant sur le banc pour se frotter au dos de sa sorcière avant de fixer de son regard bleuté Zeke.
C’est alors que la voix de Zephyr brisa à nouveau le silence, rebondissant sur la petite réprimande de Lyanna concernant Dieu qui n’avait plus lieu d’être concerné par cette église. Les mots prononcés par le jeune homme eurent l’effet d’une gifle. N’importe qui d’autre ayant prononcé ces mots se serait vu affublé d’une sacrée claque verbale, mais dans la bouche de Zeph, cet apitoiement chagrinait la belle brune. Dans un élan d’affection que peu de personnes lui connaissaient, Lyanna serra dans ses bras son protégé, positionnant son visage sur son épaule pour que sa bouche soit proche de son oreille quand elle lui parlerait. Elle prit bien sûr soit de ne pas écraser Zeke au passage. Évidemment, l’odeur qu’il dégageait lui vrilla les narines. Même son animal sentait meilleur.
- Je veux que tu arrêtes de t’apitoyer sur ton sort. Tu es un sorcier, c’est ainsi. Tu n’es peut-être pas le meilleur, mais tu as des qualités, il faut apprendre à t’en servir, tu n’es plus un enfant.
Elle se détacha de lui pour plonger son regard dans le sien, tâchant de ne pas se laisser alourdir par la compassion. Il avait besoin qu’on le secoue, pas qu’on s’apitoie avec lui. Alors, il consentir à expliquer ce qui lui était arrivé. C’était pitoyable, vraiment. N’importe qui d’autre se serait vu gratifié d’un « bien fait pour ta gueule », dit avec plus de classe évidemment, mais Zephyr suscitait plutôt la pitié que la colère auprès de Lyanna qui secoua la tête d’un air désolé.
- C’est vrai que tu pues, et la magie ne peut pas toujours tout résoudre. Viens.
Elle se leva, tendant la main vers lui pour l’inciter à la suivre.
-Il y a une salle de bain attenante à mon bureau. Tu vas prendre une douche et je vais nous faire livrer un repas.
Lyanna emmena son protégé derrière le choeur où se situait son bureau. Elle avait fait aménager les pièces attenantes pour y former un petit lieu de vie en cas de besoin. Il y avait son bureau qui pouvait faire office de salle de réunion, et à part, une petite chambre et une salle de bain. Elle laissa entrer dans cette dernière Zephyr et lui déposa une serviette douce et propre sur le rebord du lavabo. Elle fit ensuite apparaître des vêtements propres vêtements qu’elle avait déjà vus sur lui et donc qu’elle savait être en sa possession.
- Retrouve-moi dans mon bureau quand tu auras fini. Et... frotte bien surtout, ajouta-t-elle avec un sourire.
Elle le laissa vaquer à ses soins corporels tandis qu’elle se chargea de faire livrer à manger, prenant soin de commander le plat préféré de Zephyr. Avant qu’il ne revienne, elle se servit un verre de bourbon qu’elle ne tarda pas à vider, il lui faudrait au moins cela. Elle s’assit à la table de réunion tandis que Ruffus la rejoignit.
C’est pas gagné, pas vrai ? Il faut lui laisser une chance, Ruffus. Il peut faire mieux, je le sais.
Elle le regarda avec tendresse et lui gratta la tête entre les deux oreilles. Le soutien moral de cette bête lui était précieux.
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaSi tu avais su que tu serais sans le sous, tu l'aurais fait quand même. Pas parce que tu es bête, mais parce que tu es un idiot généreux. Tu ne t’y attendais pas. Franchement, entre l’odeur que tu dégages ou la sale bête qui a planté ses griffes dans ta jambe (et les enfonce un peu plus à cette pensée), c’est sûr que tu ne t’y attendais pas. Mais voilà, tu es forcé d’accepter qu’elle vient de te serrer dans ses bras. Comme ça. Juste en se penchant et en t’attirant contre elle. Sa tête près de la tienne. Et un instant… un tout petit et minuscule instant, tu réponds à son étreinte comme un gamin paumé. Parce que c’est ça, la vérité. Tu es un enfant perdu et Lily pourrait être ta mère.
« J’suis pas un enfant, mais j’suis bon à rien. Ne me mens pas, Lily, tu sais aussi bien que moi que y’a quelque chose de loupé dans ma magie. J’arrive à rien, je suis juste… nul. »
Tu lui réponds ça en la relâchant, alors qu’elle est toujours contre toi. Tu inspires et ta voix froide, distante, résonne pour lui rappeler la vérité. Tu n’es pas fait pour être sorcier, et c’est pas bon qu’elle se persuade du contraire. Jamais tu ne seras un petit prodige ou un bon membre du Coven. Elle le savait le jour où elle t’a récupéré, mais tu ne seras que toi. Juste toi. (Comme Harry Potter, putain !)
Elle te relâche puis se relève et toi, tu la suis d’un mouvement maladroit. Si elle a soigné les plaies en surface, tu as encore sacrément mal dans les muscles, dans tes côtes aussi. La martre se laisse tomber au sol en silence, et détale vers le choeur de l’église sans vous attendre. Elle ne te sert à rien de toute façon.
*Je t’entends, Zeph !*
Tu secoues la tête avant de suivre la femme en silence. Maintenant que tu as raconté ce qui t’était arrivé et que tu lui as rappelé quel nul tu étais, tu ne vois pas pourquoi continuer à parler. Tu avances donc dans son sillage en regardant autour de toi. Cet endroit t’étonnera toujours.
C’est arrivé dans la salle de bain, quand tu vois toutes les attentions qu’elle a pour toi que tu te sens un peu mieux. Comme si on te réchauffait en dedans. Tu la laisses faire en commençant à te déshabiller sans grande pudeur quand elle te rappelle de bien frotter avec ce sourire qu’elle seule a. Sans réfléchir tu railles.
« Ouais m’man ! »
Et tu la laisses partir. Tu finis de te dénuder et tu fonces dans la douche. Tu frottes, fort, longtemps, en t’arrachant des grondements de douleurs quand les mouvements te sont difficiles.
Quand tu reviens dans le bureau, tu es propre comme un sou neuf. Tu vas faire tomber ta carcasse longiligne dans un fauteuil et sans demander, tu attrapes la carafe d’alcool pas loin de Lyanna pour te servir un verre à ton tour. Sans-gêne ? Juste un peu.
« Où qu’il est passé Zeke ? »
T’as beau chercher des yeux, tu vois pas la belette douce et colorée dans la pièce et même si tu t’entends mal avec, tu n’es pas serein de pas la voir rappliquer dans le coin. :copyright: 2981 12289 0
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaJ'aurais dû le virer depuis longtemps, voire même ne l'avoir jamais accepté, mais c'est plus fort que moi, je dois le protéger. L’entendre ainsi se plaindre, s’apitoyer et énoncer de tristes vérités fendaient le coeur de Lyanna. A la vérité, Zéphyr lui faisait de la peine, suscitait en elle une pitié qu’elle n’avait jamais ressentie pour qui que ce soit, hormis peut-être les pauvres petits animaux sacrificiels du coven Red House qui pour elle, n’était que des barbares. Se séparant du jeune homme, elle le regarda avec une douce sévérité.
- Tu sais qu’il ne tient qu’à toi de t’améliorer. La persévérance est la clé, Zéphyr.
Il faudrait trouver une solution, mais pour l’heure, il devenait urgent de le faire se laver, revêtir des vêtements propres et manger. Se levant et l’entraînant à sa suite, Lyanna indiqua à son protégé la salle de bain avant de le laisser procéder à une toilette salutaire pendant qu’elle s’occupait de faire venir de la nourriture. Des burgers plus précisément. Elle savait que c’était son plat préféré, si l’on pouvait qualifier cela de plat. La régente voulait qu’il reparte sur de bonnes bases, aussi voulait-elle lui faire plaisir pour lui montrer que la vie valait la peine de faire quelques efforts. La commande était arrivée, elle l’avait passée auprès d’un sorcier qui travaillait dans fast-food non loin et à l’entrée de la chapelle, elle avait procédé par un petit tour de magie à l’échange argent contre commande. Le petit festin de Zephyr trônait à présent sur la table.
Lily s’était servi et avait ingurgité son verre de bourbon tandis que la martre reparaissait, suivie de Ruffus qui semblait enclin à quelques blagues. La régente lui envoya un regard faussement réprobateur. En réalité, ça l’amusait assez de voir ces deux bestioles se chamailler. Mais son attention se reporta bien vite sur Zeph qui revenait, enfin propre et présentable. Un sourire naquit sur les lèvres de la régente qui le regarda s’asseoir, ou plutôt s’affaler dans un moëlleux fauteuil de cuir. Elle le vit alors se saisir de la carafe de bourbon, sauf que l’alcool ne semblait pas être une bonne idée.
- Aqua in sempiternum, murmura-t-elle.
Si bien que tout l’alcool qu’il voudrait ingurgiter ne serait que de l’eau.
- Tu devrais manger avant que ça ne refroidisse… Et que l’odeur n’imprègne trop la pièce.
Il demanda alors des nouvelles de son familier et Lily haussa les épaules d’un air innocent.
- Je crois qu’il s’amuse avec Ruffus.
C’est là que le gros chat noir bondit sur le dossier du fauteuil de Lyanna, la queue de Zeke dépassant de sa gueule.
Ruffus ! Qu’est-ce que je t’ai dit !
Aussitôt, le chat libéra Zeke. Lily soupira en secouant la tête tandis que Ruffus venait se frotter à elle, comme pour l’attendrir. Le pire, c’est que ça fonctionnait.
- Zéphyr, il faut qu’on parle. Est-ce que je peux avoir ton attention ? demanda-t-elle avec douceur.
De toute façon, elle ne lui laissait pas le choix.
- Tu es conscient que tes actes peuvent être nuisibles non seulement pour toi, mais aussi pour le coven. Pour moi. Pourtant, je suis convaincue que tu ne cherches pas à mal. Tu ne voudrais pas me faire de peine, n’est-ce pas ?
Et elle, elle ne voulait pas qu’il se fasse malmener, blesser ou même prendre le risque d’être tué. - Je ne veux plus que tu sois ainsi sale, affamé et sans le sou. Pourquoi ne travaillerais-tu pas pour moi ?
Une façon de l’avoir à l’oeil et de savoir qu’il aurait un salaire aussi. Et des fringues décentes aussi.
- Par ailleurs, je voudrais bien qu’on voit ensemble ce qui cloche avec ta magie. Je suis certaine qu’on peut améliorer les choses. Qu’en dis-tu ?
C’était absolument nécessaire, vraiment. Tous les sorciers étaient capables de faire des sorts de guérison, et il n’avait pas été capable de le faire sur lui-même, quelque chose n’allait pas. Était-ce un maque de concentration, de volonté ? Il avait le potentiel en lui, c’était certain. Lyanna n’était pas du genre à abandonner aussi facilement face à un problème donné.
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaSi tu avais su que tu serais sans le sous, tu l'aurais fait quand même. Pas parce que tu es bête, mais parce que tu es un idiot généreux. « La persévérance. Tu reprends, en la sentant te lâcher et avec l’envie de rester plus longtemps dans ses bras. Je voudrais y croire, mais j’y arrive pas… Tu laisses couler quelques secondes de réflexion avant de rajouter. Mais j'essaierai encore plus fort. »
C’est une sacrée parole que tu lui donnes là et tu prolonges cette pensée jusque sous l’eau. Jusqu’à devenir rouge à force de frotter et que tes muscles se délient sous l’eau chaude. Et quand tu reviens dans la pièce, tu serais presque prêt à lui dire que tu vas te repentir et que tu souhaites un enseignement digne de ce nom. Presque. N’abusons pas, tu restes toi-même.
« Qu’est-ce que… Tu goûtes l’alcool sur lequel elle a lancé un sort. De l’eau ? Tes yeux s’agrandissent de surprise, peut-être un peu de colère. J’suis plus un môme, j’ai le droit de boire de l’alcool comme toi ou qui que ce soit d’autre ! »
Et voilà, ta résolution est soufflée et tu retombes tout au fond de ton siège avec une moue boudeuse de gamin. Et un gamin, c’est bien ce que tu es quand elle te dit que le repas est arrivé et qu’il faut le manger rapidement. Sans te départir de ton visage grognon, surement bien idiot, tu tends la main vers le sachet, récupères ton burger et ouvres l’emballage sans un mot. Ensuite, alors qu’elle se remet à parler, tu enfournes une énorme bouchée, comme pour lui hurler silencieusement que tu ne comptes plus lui répondre.
Pourtant, quand le chat grimpe sur le dossier de sa maîtresse et que tu comprends que la martre est dans une mauvaise position, tu t’étrangles à moitié avec ta bouchée. Tu tousses et t’es même obligé de t’enfiler une énorme gorgée d’eau pour survivre. Tes yeux sont un peu affolés, jusqu’à ce que Zeke revienne de là vivant. Imperceptiblement tu soupires.
*Tu vois, tu m’aimes bien dans le fond ! Souffle la voix dans ta tête, alors qu’il revient se lover dans ton cou*
« Je t’écoute. »
Tu as marmonné ça avec un air bizarre sur le visage. Une curiosité totale, et la crainte de te faire réprimander. Y’a pas à dire, face à Lyanna, tu te sens comme un enfant et t’as pas envie de la décevoir plus que ce n’est déjà le cas.
« Je… Je fais pas exprès. Ce type en avait plus besoin que moi, tu sais. Et j’y peux rien si des types finissent toujours par me rouler dans le caniveau. Tu pinces les lèvres avec dédain. C’est ma face qui leur revient pas, y paraît. »
Tu continues de t’enfiler ton repas comme un affamé (tu l’es de toute façon) en écoutant ce qu’elle t’explique. Tu voudrais prendre la fuite et lui claquer la porte au nez, mais tu ne peux pas. Tu aimes trop cette femme qui a toujours été bonne avec toi. Tu ne peux juste pas tout briser.
« Lily… Ta voix devient un cri douloureux. Je suis nul. Je suis juste nul. Tu reposes le sandwich en détournant les yeux pour cacher tes larmes. Même à l’école les profs ont cessé d’y croire au bout de quelques années. Ils m’ont dit qu’il y avait des sorciers qui n’étaient pas faits pour le devenir, à qui il manquait quelque chose. Tu renifles trop fort pour ne pas annoncer les larmes qui se sont mises à couler sur ton visage. Je suis un raté. Vraiment, tu devrais juste me jeter d’ici, je le comprendrais… »
Tu essuies ton visage de tes mains devenues maladroites et tu finis par ne plus tenir. Tu enfournes ton visage dans tes paumes pour pleurer tout ton saoul. C’est brusque et silencieux. Court aussi. Et quand tu relèves la tête, tu t’es repris si on omet les traces humides sur tes joues et les yeux rougis.
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaJ'aurais dû le virer depuis longtemps, voire même ne l'avoir jamais accepté, mais c'est plus fort que moi, je dois le protéger. Zéphyr avait ce don de la désespérer, l’attrister et la mettre en colère tout à la fois. Pourtant, Lyanna, avec les années, avait réussi à dompter son caractère de feu et faire montre d’une grande tempérance en public malgré les situations de crise. Elle avait été nommée au poste de régente en pleine guerre du surnaturel et avait dû tenir le coven et ses sorciers en sécurité encore des années durant jusqu’à ce que les choses s’apaisent. Oui, elle était capable de montrer une figure calme et diplomatique, mais Zéphyr était l’une des rares personnes à être capable de lui faire ôter son masque et sortir de ses gonds. Alors qu’elle essayait de lui insuffler un peu d’espoir avec de une bonne dose de résolutions à adopter, comme la persévérance, le jeune sorcier s’entêtait à voir les choses du mauvais côté. La régente espérait que son protégé changerait de discours après sa douche et le ventre plein.
Une fois tous deux installés, Lyanna ne résista pas en le voyant se servir un verre de bourbon. Non, il ne deviendrait pas comme elle. Même si jamais elle ne l’avouerait devant qui que ce soit, Lily savait qu’elle avait un peu trop de mal à se passer d’alcool pour que cela soit normal. Une sale habitude qu’elle avait prise il y a bien longtemps, sans doute en même temps que son nouveau poste de régente. Et voilà Zéphyr en train de pester et de bouder.
- J’aimerais que tu aies les idées claires quand je te parle, se contenta-t-elle de répondre en guise de justification.
Alors qu’elle allait commencer à exposer son idée, ou plutôt ses souhaits, Ruffus fit son apparition avec Zeke dans la gueule. La régente fit libérer la martre avec un ordre silencieux à son familier tandis que le pauvre Zéphyr s’étouffait sans doute de crainte Lily savait qu’il entretenait une relation complexe avec son familier. Est-ce que quelque chose avait déjà était simple avec Zéphyr ? Sans doute que non. Puis, la régente put enfin avoir une discussion sérieuse avec son protégé. Elle ne voulait plus le voir en mauvaise posture, et même si elle ne lui dirait pas franchement, savoir qu’on lui faisait du mal lui était insupportable. Il lui venait d’ailleurs une furieuse envie d’aller punir ces sales petites raclures qui avaient osé toucher à son… protégé.
- Ce n’est pas ta face, Zeph. C’est ton comportement. Que tu veuilles aider les plus démunis, très bien, c’est tout à ton honneur, je t’y encourage. Mais que tu t’attires des ennuis et sois au coeur de bagarres de mâles stupides, ça non.
Elle se pencha pour attraper une frite qui dépassait du sachet et croqua dedans en le regardant tandis qu’il lui répondait. Elle eut à peine le temps de la grignoter que Zéphyr était parvenu à lui briser le coeur. L’entendre se qualifier de nul et dire qu’elle devrait le jeter lui aurait tiré des larmes si elle n’avait pas fait un effort surhumain pour se contenir. Néanmoins, le voir sangloter n’aidait pas et elle dût détourner le regard pour ne pas céder à son tour à l’appel des larmes. Non, il fallait qu’elle soit forte pour lui si lui n’y parvenait pas. Il fallait qu’elle arrête de trop le materner, cela ne fonctionnait pas.
- Je ne suis pas quelqu’un qui abandonne. Et toi non plus à partir d’aujourd’hui, répondit-elle d’une voix forte, presqu’aussi charismatique que lorsqu’elle faisait des discours aux sorciers de son coven.
Puis, son regard croisa le sien, il avait cessé de pleurer et sembla soudain empli de bonnes intentions et résolutions. Lyanna sourit en l’entendant dire qu’il voulait apprendre. Une sorte de soulagement l’étreignit et elle hocha la tête.
- J’aime entendre ça. Parfait. On commence demain matin. J’aurais bien dit tout de suite, mais je crois que tu as besoin de te reposer, je me trompe ?
Elle se leva et vint s’asseoir près de lui pour lui caresser la joue et retirer l’humidité due à ses larmes et fixer son regard rougi tout en tenant son menton pour l’obliger à ne pas fuir la connexion visuelle.
- Tu vas réussir. Tu feras mentir ces professeurs qui n’ont pas cru en toi. Moi j’y crois. Est-ce que tu y crois aussi ?
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaSi tu avais su que tu serais sans le sous, tu l'aurais fait quand même. Pas parce que tu es bête, mais parce que tu es un idiot généreux. C’est toujours difficile de faire face à Lyanna, pour toi. Parce que tu sais, au fond de toi, que tu l’adores et tu pourrais simplement user d’elle. Te cacher au coven, la laisser s’occuper de toi et te protéger. Mais quand tu la vois aussi douée, qu’elle change l’alcool en eau (ne serait-elle pas l’inverse de ce Jesus des chrétiens ?) d’un mot, quand tu vois comme elle est complice avec son familier, quand tu l’entends parler autant de force, tu sais que tu ne peux pas. Tu ne peux pas te cacher derrière une femme si forte. Ce ne serait pas honnête.
Alors oui, grand garçon, tu pleures quand tu lui annonces que tu es nul et que tu ne vois pas d’autres solutions. Quand tu lui rappelles qu’elle devrait t’avoir mis à la porte depuis longtemps aussi. Tu pleures parce que tout ça te fait peur, et que tu ne veux pas être abandonné. Tu pleures parce que tu sais que tout ça est trop vrai. Tu pleures parce que ça te fait mal. Tu pleures, de ne pas pouvoir être à la hauteur, parce qu’au fond, s’il y a une personne pour qui tu veux faire des efforts en magie, c’est cette femme.
Et tu te reprends. Tu vois a son visage crispé, tendu même, que ça lui fait du bien que tu te reprennes. Tu sens presque sa douleur diminue et quand elle te regarde dans les yeux, tu comprends que tu essayeras vraiment. Pour elle et le feu de ses yeux. Tu feras en sorte d’être moins un raté pour la rendre fière, même si ça n’a aucun putain de sens !
« Je n’abandonnerai pas. Tu murmures, devant son ton qui pourrait te faire reconnaître que tu es capable de soulever une montagne. Je te rendrai fière ! »
Et ça te transcende. Tu te redresses dans ton assise, tu la regardes dans les yeux avec une force nouvelle en toi. C’est comme si tu savais que tu allais réussir. Et sur l’instant, ça te fait du bien. De te dire que tu peux, en oubliant que tu n’as jamais réussi le faire.
« Demain matin ?! De la frayeur éclate dans tes yeux, alors que tu comprends que tu es acculé et que dans ton enthousiasme, tu te retrouves aussi sec le dos au mur. Je veux bien dormir, oui. Je peux dormir ici ? Je n’ai pas très envie de rentrer chez moi. Tu as l’air d’un petit gamin qu’on va gronder, maintenant, et tu tritures tes mains avant d’ajouter lentement. Si je rentre chez moi, je ne sais pas si je n’aurai pas abandonné l’idée d’ici demain. »
Sauf que tu n’as pas vraiment le temps de t’enfoncer plus dans ta honte qu’une main vient happer ton menton et que tu découvres que Lily est debout et insiste. Et tu la regardes dans les yeux, muet. Tu n’y arrives pas. Tu ne peux pas… Tu ne dois pas… Et tu fermes tes yeux, pour te cacher.
« Oui… »
Un souffle, un murmure. Tu restes figé quelques minutes, avant de finalement rajouter, en ouvrant les yeux.
« Ne m’abandonne pas. »
Parce que tu as peur qu’elle soit si déçue qu’elle te renie… et sans savoir pourquoi, tu sais que ça te détruirait. :copyright: 2981 12289 0
Parler est un acte aussi créateur que destructeur. Zéphyr & LyannaJ'aurais dû le virer depuis longtemps, voire même ne l'avoir jamais accepté, mais c'est plus fort que moi, je dois le protéger. Il fallait le reprendre en main. Qu’IL se reprenne en main. Lyanna voulait de toutes ses forces aider Zéphyr dans ce sens, mais il fallait que le jeune sorcier y mette du sien. La régente ne savait pas d’où lui venait cette volonté de protéger Zéphyr, c’était plus fort qu’elle. Elle avait toujours accordé son aide aux sorciers de son coven, cela lui paraissait normal, mais jamais personne n’avait été autant en détresse que lui, jamais personne n’avait été aussi… boulet que lui. Nul doute qu’un autre sorcier ce serait vu prendre la porte avec probablement un coup de pied au derrière. Mais pas Zéphyr. Elle essayait de cacher bien entendu ce genre de faveur qu’elle lui faisait, cette indulgence qu’elle n’avait pour personne d’autre, car il ne fallait pas non plus que ça se retourne contre elle. Néanmoins, il n’en restait pas moins qu’elle avait l’impression de faire son devoir. Alors que pourtant, elle ne devait rien à personne. Elle prétextait officiellement, et même devant Zéphyr, que c’était pour le bien du coven tout entier. Après tout, n’avaient-ils pas connu une guerre du surnaturel voilà quelques années ? Lyanna avait été promue régente du coven en plein dedans, elle avait dû assurer des fonctions toutes nouvelles et plus encore pour une jeune femme de vingt-cinq ans à l’époque. Il fallait que les sorciers soient forts et prêts au cas où une catastrophe similaire repointe le bout de son nez.
Après quelques paroles plus ou moins fermes de la part de Lily, celle-ci entendit, non sans joie, son cher Zéphyr se reprendre et affirmer qu’il n’abandonnerai pas, qu’il la rendrait fière. Des mots qu’il lui faisait plaisir d’entendre, mais pour l’instant ce n’était que des mots. Il fallait concrétiser tout cela. Aussi se contenta-t-elle de hocher la tête avec un léger sourire, ne pouvant malgré tout ôter la pointe de fierté qu’elle avait pour lui lorsqu’il agissait en adulte. La main de la sorcière caressa la joue du jeune homme avant de rompre ce contact. Elle annonça que la leçon commencerait dès le lendemain, ce qui fit réagir vivement Zéphyr. Elle s’en était douté, d’où le sourire amusé qui naquit sur ses lèvres. Il avait besoin de se reposer, de passer une bonne nuit de sommeil en sécurité pour récupérer, aussi accepta-t-elle lorsqu’il demanda à passer la nuit au coven.
- Je t’interdis d’abandonner une idée quelle qu’elle soit. Quand on s’engage verbalement, c’est un contrat moral, déclara-t-elle avec autorité. Oui, tu peux dormir ici, reprit-elle avec un peu plus de douceur.
Elle pourrait ainsi le surveiller, s’assurer qu’il n’essaie pas encore de s’attirer des ennuis, d’aller boire ou autre. Dormir, c’était tout ce qu’il lui fallait. Récupérer, avoir un corps et une tête reposés, prêts à acquérir du savoir et de la pratique. Malgré tout, Lily voulait ancrer dans la tête du jeune sorcier qu’il était capable de réussir, car elle le connaissait depuis trois ans, et savait qu’il était enclin au doute. Elle l’entendit acquiescer, ce qui lui fit hocher la tête avant de lui lâcher le menton. Sa peur de l’abandon soudain trahie par sa demande l’émut. Comment pourrait-elle l’abandonner ? Jamais. Et pourtant… sans le savoir, ou plutôt sans en avoir le souvenir puisqu’il avait été effacé, c’est bien ce qu’elle avait fait vingt-trois ans auparavant. Elle se contenta de se pencher vers lui pour le serrer dans ses bras en caressant son dos.
- Non, je ne t’abandonne pas, murmura-t-elle.
Il avait entendu assez de sermons pour ce soir. Après qu’il ait fini de manger, Lyanna avait préparé à Zéphyr une tisane avec des plantes spéciales pour l’aider à dormir et ne pas être tourmentés par de mauvais rêves ou souvenirs de ce qui lui était arrivé. Il fallait qu’il se repose. Elle lui laissa donc la chambre qu’elle s’était aménagée pour les fois où elle devait rester tard à White Chapel, ou tout simplement quand elle ressentait le besoin d’y être. Elle attendit que Zéphyr trouve le sommeil avec sa martre et le laissa, retrouvant son bureau avec Ruffus.
Tu en fais trop, Lily. Il doit apprendre à se débrouiller. Je dois l’aider à retrouver les bonnes bases. Pourquoi cherches-tu toujours à lui trouver des défauts ? Il a besoin d’aide.
Le gros chat noir venait de sauter sur ses genoux tandis qu’elle était installée dans le confortable canapé de son bureau, un verre de Scotch à la main.
Et tu bois trop.
Elle sourit en le caressant derrière l’oreille, observant ses deux gros yeux bleus se fermer de plaisir à cette gratouille. Elle alla faire un tour du côté de la chapelle ouverte pour aller se recueillir auprès du grand hêtre blanc qui siégeait fièrement derrière le vieil autel. Contempler cet arbre lui faisait du bien. Puis, après quelques instant, elle retourna à l’intérieur. A son tour, la sorcière alla prendre une douche et se changea pour la nuit avant de s’endormir sur le canapé qu’elle avait retrouvé, Ruffus auprès d’elle.
Le lendemain matin, elle se réveilla avant Zéphyr. Elle fit livrer un petit déjeuner complet, elle voulait qu’il ne manque de rien. Jus d’orange, café, pancakes, pain, confiture et sirop d’érable. Habillée, elle avait récupéré quelques objets qui pourraient servir à son élève du jour : des runes, quelques plantes qu’elle avait à disposition. Quand elle jugea qu’il avait assez dormi, elle alla le réveiller avec douceur pour qu’il vienne prendre son petit déjeuner. Ils avaient du travail. :copyright: 2981 12289 0
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