J’étais tellement heureuse en cet instant. Épuisée, mais heureuse. Notre petite Eleonore avait vu le jour et elle venait d’entrer dans nos vies. Je n’avais aucun doute qu’elle serait une sorcière de sang comme son père. L’instinct maternel sans doute ou quelque chose comme ça. J’avais donc sombré dans le sommeil dans une confiance plus que complète. Arthur s’occupait de notre fille et je n’avais aucun doute sur ses capacités de père. Les réflexes allaient revenir rapidement même si notre fille était une petite que son frère à la naissance. Je me laissais bercer par le calme dans la maison. Un sommeil réparateur pour la nouvelle mère que j’étais et qui venait de donner la vie. Je me réveillais finalement en sentant une forte succion à ma poitrine et je regardais ma fille. Je levais le regard vers l’homme de ma vie avec un petit sourire en coin.

- Ça tombe bien, c’est une belle heure pour le petit déjeuner.

Je questionnais Arthur sur son sommeil. Il était important pour l’un comme pour l’autre de dormir en même temps que la petite surtout dans les premières semaines. Connaissant mon mari, il allait certainement vouloir être partout à la fois. C’était dans sa nature de ne pas vouloir rien mettre de côté, mais il serait bien forcé de constater que j’allais avoir besoin de lui à la maison durant quelque temps. Chaque mur à franchir à la fois cependant.

- C’est une bonne nouvelle si tu as réussi à dormir. Oh oui! Un petit déjeuner ! Tu veux bien me cuisiner un oeuf avec un scone? Avec de la confiture bien entendue et un bon café avec trois sucres et un peu de lait. Ajoute des fruits aussi si nous en avons. J’ai un trou de mémoire sur ce que contient notre réfrigérateur.

Je lui faisais un petit clin d’oeil avec le sourire alors que je caressais les fins cheveux de notre fille. Je laissais mon homme quitter la chambre pour préparer le repas et je sentais des crampes très embarrassantes dans le bas de mon ventre. Des tranchées utérines qui me donnaient envie de cesser l’allaitement pratiquement. Je tenais bon en laissant Eleonore boire à sa faim et elle avait de l’appétit. Je lui donnais le second sein lorsque mon mari revenait avec un beau plateau avec des pétales de fleurs ainsi que tout ce que j’avais demandé. Il n’y avait que lui pour montrer mon amour des plantes de cette façon.

- Merci Arthur. La poitrine, ça va je te dirais. Elle n’a pas l’air de me faire des blessures. Le bas du ventre c’est une autre histoire. J’ai des crampes assez douloureuses. Il faudrait aussi que je tente de me lever une première fois après le petit déjeuner. Je ne pourrai pas le faire sans toi par contre.

J’ignorais complètement si mon organisme allait suivre ou pas. Ça faisait un moment que j’étais allongée ou assise dans le lit. La fatigue, l’accouchement, mon hémorragie massive et l’allaitement avaient de quoi me faire perdre la carte et me donner une petite chute de pression. Si je réussissais ce premier levé alors je verrais pour demander à notre fils de venir rencontrer sa soeur dans la journée s’il en avait envie. Il pourrait venir avec Lyanna également. Je mangeais en allaitant notre princesse. Elle s’endormait finalement avec le mamelon dans la bouche. Je la retirais avec douceur et elle lâcha un cri de protestation avant de se blottir contre moi avec la bouche ouverte pour continuer de dormir.

- Très difficile ta vie Eleonore.

Je rigolais un peu avant de regarder Arthur. Ma main libre se glissait sur son avant-bras pour le caresser avec douceur. J’avais hâte de prendre une bonne douche et de profiter un peu de mes mouvements. Je lui murmurais un «je t’aime» avant de l’embrasser avec douceur.

- J’ai vraiment apprécié accoucher ici. Je sais que les membres du coven vont vouloir venir faire des incantations pour la petite pour la protéger et tout le reste. J’espère que tu en garderas tout de même un bon souvenir malgré la fin plus … rocambolesque.

 

Le matin arrivant, je savais que cette nuit magique resterait gravée dans ma mémoire. Je n’oublierai jamais ce premier et précieux moment où j’ai vu notre petite fille pour la première fois, son visage, ses mains si petites. Personne ne pouvait m’ôter ce bonheur. J’appréciais l’avoir dans mes bras, même après un dur réveil d’un petit somme de quelques heures. Je prenais mes marques tout en douceur, Eleonore était si petite, j’étais très précautionneux mais j’avais des réminiscences de Karl. Je savais que j’allais avoir plus d’assurance dans les jours à venir. Par ailleurs, je devais assurer également comme mari. Je prépara avec amour le plateau de petit déjeuner pour Penelope et moi. Elle n’avait rien mangé depuis des heures et étaient certainement affamée. Je devais assurer, elle comptait sur moi pour quelques temps où elle serait en convalescence. Et je ne pouvais m’empêcher que tout soit parfait. Le plateau garni de viennoiseries, boissons et pétales de fleurs, fut servis au lit de ma chère et tendre.

« - Voilà le petit déjeuner mon amour. Le retour du café sucré, la confiture, œuf et scone du lait, sans oublier quelques fruits. Bon appétit Peny chérie. » je l’embrassa et attrapa ma tasse de thé. « - Pour ce qui est du réfrigérateur ou tout autre élément de la maison qui nécessite ménage ou attention particulière, je me charge de tout pendant le temps qu’il te faudra pour récupérer. Pour aujourd’hui et demain nous n’avons pas besoin de courses, mais dans deux jours j’irais personnellement ! »

Il n’était pas réellement dans mes habitudes de faire les courses pour la maison. Penelope était plus efficace et trouvait tout mieux que moi généralement. Lorsque j’étais seul, durant les années où j’étais veuf, je du apprendre à trouver ce que je voulais dans les supermarchés et boutiques, et je devenais vraiment efficace. Mais le naturel était revenu au galop depuis le retour de Penelope. Cependant, je comptais faire cette tâche, tout comme les autres, mais avec moins de rapidité et d’efficacité que la maîtresse de maison.
Je petit-déjeunais en admirant mon épouse si belle et si maternante. Elle était faite pour ça, elle était magnifique.

« - Dès que tu as finis et que tu te sens prête on peut essayer. Compte sur moi ma chérie. »

Je massais son dos avec tendresse, finissant mon thé et posant la tasse sur le plateau. Je souriais encore, béat, à notre petite merveille qui s’était endormi. Peny plus libre de son corps profita pour me caresser à son tour. Je ne manqua pas d’embrasser sa main au passage en réponse à son « je t’aime ».

« - Si cela t’a plu, j’en suis content Peny. Ça a été une fabuleuse expérience qui sera gravée dans notre mémoire, même avec la fin compliquée que tu as vécue... Quant à la cérémonie, puisque je l’honore également, je vais commencer la préparation avant que les membres du coven viennent, cela sera un gain de temps et un gain d’énergie pour nous deux. La prochaine Lune de sang est en fin Mai, nous avons un peu de temps devant nous. »

Je continuais de la caresser le dos, puis l’épaule, en tenant toujours en otage sa main à qui je ne manquais pas d’embrasser régulièrement.

« - Au fait, maintenant qu’Eleonore est née, tu as tout à fait le droit d’utiliser la magie si besoin. Si tu as mal mon amour, j’ai des potions prêtes pour te soulager dans mon armoire à potions. Et puis je peux user de la magie de sang pour accélérer la guérison. Ça serait avec plaisir de pouvoir t’aider mon amour.
Maintenant, si tu es prête à te lever, je suis prêt. »  Je me leva et me mis de l’autre côté du lit, devant elle, lui tendant mes mains. « - Je ne te lâcherai pas Peny, ne t’en fais pas. » lançais-je avec un sourire bienveillant.    

 

Oui, j’étais le genre de femme qui voulait toujours aller au-devant des besoins de ceux qui composaient mon existence. J’aurais aimé être en mesure de laisser Arthur vaquer à ses occupations, mais je devais m’avouer vaincue pour plusieurs jours. Mon accouchement n’avait pas été de tout repos et l’hémorragie qui avait suivi m’avait vidé de l’énergie qu’il me restait. Le sommeil m’avait fait du bien et rien ne pouvait venir diminuer le bonheur que je ressentais en cet instant. J’étais sur un petit nuage avec ma fille et mon mari. Je me sentais bien et en sécurité avec ce dernier près de moi. Je n’aurais sans doute pas pu rêver d’un meilleur soutien et d’un plus grand amour dans ma vie. Arthur était mon monde et il le resterait jusqu’à la fin de mes jours. Je le savais.

- Toi ? Faire les courses ? Il est clair que je veux venir simplement pour te voir à l’oeuvre lorsque tu choisiras quel fromage acheter.

Je taquinais mon mari un peu. Après toutes ces années, nous avions développé une complicité hors-norme. Le repas me faisait du bien tout comme le fait de parler avec lui de mon accouchement. Je n’avais aucun regret et j’espérais qu’il n’en avait pas. Nous avions été dans notre petite bulle d’amour et c’était exactement ce qu’il me fallait à ce moment précis de ma vie. C’était un événement marquant une naissance après tout.

- Ne t’épuise pas à la tâche sinon je vais te gronder.

Me mettre en colère n’était jamais une bonne idée. Il fallait en faire beaucoup pour que cela arrive cependant. Lorsque cela m’arrivait, je me mettais souvent à pleurer comme jamais en hurlant comme une déchaînée. Je n’étais pas parfaite et j’avais horreur de me mettre dans cet état. L’adrénaline n’était réellement pas une chose faite pour moi.

- Je veux bien prendre une potion contre la douleur après mon premier levé si tu veux bien.

Je lui faisais un petit sourire. Eleonore dormait à côté de moi. Elle ne pouvait pas aller bien loin de toute façon et elle ne risquait pas de rouler en dehors du lit. Je souriais en regardant Arthur me tendre les mains pour que je puisse me lever. Je les prenais avec douceur avant de m’asseoir au bord du lit. Pour l’instant, je me sentais assez bien. Je m’étais assise dans le lit sans le moindre souci.

- Je sais que tu ne me lâcheras pas. J’ai totalement confiance en toi.

Je savais que peu importe comment mon levé se passerait, Arthur serait présent pour me soutenir. Je me levais donc en fermant un peu les yeux. J’avais mal partout au final. Mon corps avant tellement travaillé fort. Je poussais un soupir en restant debout pour commencer. J’ouvrais lentement les yeux et je tâchais de me concentrer sur Arthur.

- Ok … je crois que ça va.

Je le laissais se replacer pour marche un peu. J’avais à peine fait deux pas que je sentais mes oreilles bourdonner et une immense chaleur m’envahir. Je savais ce qui allait arriver alors que je pâlissais comme jamais. Je sentais mes jambes incapables de supporter mon poids. Les bras d’Arthur qui s’assurait que je ne tombais pas. Je me cramponnais à son bras avant de ramollir complètement. Le tout dura quelques secondes. Secondes qui avaient sans doute paru très longues pour l’homme de ma vie sans doute.

- Arthur ? …

Je portais une main pour toucher son avant-bras. Il me tenait encore, mais j’étais assise sur le sol avec lui. Finalement, j’allais peut-être attendre encore un peu avant d’aller faire les courses moi.    

 

Elle y avait mis toutes ses forces, tout son amour, toute sa magnificence à donner la vie à notre petite merveille. Penelope m’avait encore une fois ébloui par son courage, sa détermination et son héroïsme. Donner la vie n’était pas donné à tout le monde, ce n’était certainement pas dans les capacités masculines de supporter autant durant neuf mois puis de subir les douleurs d’un accouchement. Je considérais les femmes bien plus vaillantes, mais mon épouse était à mes yeux la plus brave et la plus belle de toutes. Et après cette nuit éprouvante, Peny était encore plus magnifique qu’elle ne l’était déjà. Elle était mon épouse, elle était celle qui avait fait de nous une famille.

Notre petite princesse dormait paisiblement, le moment idéal pour Penelope pour tenter de se lever après s’être un peu reposée. Cela faisait des heures qu’elle demeurait allongée. Les douleurs de bas ventre, le corps lourds, les jambes faibles, je me doutais que cela n’allait pas être un exercice des plus simples. J’allais me tenir tel un pilier pour la soutenir sans la lâcher, quoiqu’il puisse arriver.

« - Je ne te lâcherai pas même si tu me demandais de t’emmener au bout du monde, je te l'ai promis en t'épousant, jamais je ne te lâcherai. Aller, je suis prêt. Prends ton temps surtout et repose-toi sur moi. »

Face à moi, Penelope se leva seule, tout en lenteur. Je vis sa peine à son soupir, je me positionnai tout de suite à son côté tout en positionnant une main derrière son dos au cas où.

« - Très bien ! C’est un super bon début mon amour. Je suis près de toi si besoin, mais je vois que tu te débrouilles comme une cheffe. Surtout prends ton temps. »

La suite fut malheureusement moins aisée pour ma Peny. Elle réussit avec brio à faire deux pas mais son état ne lui permettra pas d’en faire. Heureusement, elle s’accrocha à moi, et quand bien même elle n’avait réussi à le faire, je m’assurais qu’elle ne s’écroule pas. Je la soutenais avec vigueur, il était hors de question qu’elle tombe.

« - Peny !! »

Je la descendais au sol de manière à ce qu’elle soit assise, son haut de son corps contre moi. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre conscience, du moins assez pour parler.

« - Comment te sens-tu ? On va prendre notre temps, dès que tu te sens prête à te relever je te remets sur le lit. »

Trop inquiet pour sa santé, je ne voulais pas qu’elle s’échine à tenter une nouvelle fois au risque de rechuter.

« - Ce qu’on peut faire, moi je te prépare un bain bien chaud, puis je t’y porte lorsque c’est prêt ? Qu’en penses-tu ? Je ne voudrais pas que tu t’épuises, nous n’allons pas avoir beaucoup de répit les premiers temps avec Eleonore, autant t’économiser tant que je peux t’aider. Ça te va mon amour ? »

Je lui déposai un baiser sur ses lèvres encore violacées. Malgré mes recommandations, je savais Penelope très tenace, je me doutais qu’elle voudrait ressayer de se relever et partir dans la salle de bain. J’allais la soutenir qu’importe sa décision.
 

Premier levé pour ma part depuis mon accouchement. J’avais perdu beaucoup de sang et je savais que je devais me ménager un minimum. Je ne pouvais cependant pas rester au lit éternellement. Je devais bouger pour reprendre le dessus. Arthur ne serait pas toujours à côté de moi. Le premier levé était donc important pour évaluer mon état. Je faisais à peine deux pas que les jambes fléchissaient sous mon poids. J’étais en diaphorèse comme jamais et je perdais la carte durant de longues secondes. Une chute de pression importante. Je n’entendais plus du tout la voix de mon amour. J’étais dans ma bulle et je gardais les yeux fermés. J’avais la nausée un peu. Je gémissais en reprenant connaissance. Je ne me souvenais même plus de l’endroit où j’étais. La confusion complète alors que j’entendais la voix douce de mon homme dans le creux de mon oreille. Prendre mon temps.

- Oui … Prendre mon temps …

Je posais ma tête sur son épaule avec douceur pour reprendre le dessus. Il me proposait de prendre un bain pour me détendre. Me laver me ferait le plus grand bien. J’étais encore pleine de sang bien que la sage-femme avait fait le maximum pour me nettoyer histoire que je me sente parfaitement bien. Je sentais un baiser sur mes lèvres et je fermais les yeux durant quelques secondes. J’allais avoir besoin de ses toniques si je voulais reprendre le dessus sinon j’allais avoir des petits soucis durant quelques semaines.

- Je veux bien prendre un bain si tu restes près de moi. Eleonore pourrait rester dans le moïse dans la salle de bain ? Je serais rassurée de la savoir près de moi. S’il te plaît. Si elle a soif, je lui donnerai le sein dans le bain.

Je le laissais donc faire. Il me transportait comme si je ne pesais rien. Il avait toujours été fort mon Arthur. Je restais assise sur la toilette le temps que la baignoire se remplisse et qu’il amène notre princesse près de nous. Je fermais les yeux en sentant la brûlure à mon entre-jambes. On n’explique pas ce genre de choses, peu importe le livre. Je me passais une main dans les cheveux avant de tendre la main pour les attacher dans un chignon sur le dessus de la tête. Heureusement que Karl n’était pas venu nous voir encore. Je désirais avoir quelques couleurs quand il viendrait. Je me risquais à entrer dans la baignoire chaude. Je laissais Arthur m’aider à m’installer et je grimaçais au contact de l’eau durant quelques secondes avant de me détendre.

- Finalement … Une potion ou un tonique ça serait bien, je crois … Je nous fais une belle anémie, je crois. Je ne veux pas que tu régénères mon sang. Tu as besoin de ton énergie pour mademoiselle.    

 

Ma pauvre Peny était complétement épuisée. Sans assez de force pour marcher seule, je me tenais près d’elle tant qu’elle en aurait besoin. Elle savait qu’elle pouvait s’appuyer sur mes épaules fortes, laisser tout son poids sur moi, je la supporterai quoiqu’il puisse arriver. Elle était si fragile et si forte à la fois en cet instant. Mais je savais qu’elle allait reprendre le dessus tant bien que mal, elle pouvait compter sur moi tout le temps qu’il lui fallait pour cela.

« - Je reste avec toi, évidemment. Et ce n’est pas négociable d’ailleurs. Je vais prendre soin de toi, tu l’as plus que mérité. Tu as mis au monde notre petite merveille, je dois à mon tour faire ma part du travail. Et dorloter ma Peny chérie est ma priorité. Et compte sur moi pour un tonique, je sais que les miens ne sont pas aussi bons que les tiens, mais j’y mettrais tout mon cœur pour toi.»

Je déposais à nouveau un tendre baiser sur ses lèvres redevenues un peu plus roses que violettes. Je la soulevais avec le plus délicatesse dont je pouvais faire preuve, sachant que le moindre faux mouvement ou mouvement trop brusque serait douloureux pour elle. Je l’asseyais sur les toilettes et préparais le bain, faisant attention à le mettre à bonne température.

« - On pourrait peut-être mettre quelques-unes de tes plantes dans le bain pour aider à la cicatrisation, tu ne crois pas ? Je vais les chercher dès que je t’aurai installé dedans. »

L’eau du bain montait tranquillement, elle était à bonne température. J’aida alors Penelope à s’installer lentement dans la baignoire. Elle semblait peiner un peu au début puis se détendait finalement. J’eu l’idée d’allumer quelques bougies pour une ambiance un peu plus tamisée, de plus cela aidait à garder Eleonore endormit encore quelques minutes. J’allais ensuite récupérer quelques plantes séchées que j’enferma dans un sachet en tissus pour qu’elles ne se déploient pas totalement dans l’eau afin que Peny ne se retrouva pas couverte de feuilles sur le corps en sortant de l’eau. Connaissant les plantes de Penelope, avec un bon mélange, elles ne pouvaient qu’être bénéfiques et puissantes.

« - Voilà mon amour. » doucement, pour ne pas réveiller Eleonore. « - Je n’en ai pas pris énormément pour que le bain reste tout de même un bain pour te laver ! »

Je la regardais se détendre, se laver, fermer les yeux. Elle était belle même avec le ventre vide qui avait si bien travailler.

« - Comment-te sens tu ? Fais-moi signe si tu veux que je rajoute de l’eau chaude surtout. »

Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, malgré le silence qui régnait dans la salle de bain et la faible lueur des bougies, Eleonore se réveilla. Ses gémissements ne voulaient dire qu’une chose : elle avait faim. Je la pris doucement dans mes bras et commença à ouvrir le pyjama.

« - Peny, tu te sens prête pour la téter ? Je vais la déshabiller, ça sera plus facile pour toi. »
 

Les bras réconfortants de mon Arthur. Le calme que je pouvais ressentir avec ce dernier me rendait tellement calme et en confiance. Une confiance qui ne partirait jamais. Nous étions si profondément liés ensemble. Je passais un bras autour du cou de mon homme alors qu’il me prenait pour m’amener dans la salle de bain. Je restais sagement assise sur la cuvette des toilettes alors qu’il me préparait un bain. Je savais qu’il mettrait tout son coeur dans le tonique qu’il allait me préparer et pour ça, je lui en étais reconnaissante. Je n’avais pas envie que Karl me voie dans un piteux état. Je me passais une main pour retirer mes cheveux de mon visage et je décidais de me refaire une tresse pour me donner forme humaine un peu.

- Ton tonique sera plus que parfait mon amour. Les plantes aideront à la cicatrisation et je crois que je vais bien en avoir besoin. Elle m’a un peu amoché au passage notre petite princesse.

Je prenais finalement la main d’Arthur et je montais dans la baignoire avec douceur. Je m’installais en grimaçant au contact de l’eau. Brûlure intense de quelques secondes qui m’arrachait une grimace. Je me détendais finalement. Oui, les plantes seraient plus qu’indiquer dans ce cas de figure. Je poussais un soupir de soulagement une fois installé. Les bougies et la lumière tamisée me faisaient un grand bien. Je me sentais sereine dans l’immédiat et c’était le plus important. Les plantes arrivaient dans le bain dans une petite pochette. Une belle et délicate attention. Rapidement, l’eau prenait une couleur différente comme une sorte de thé géant. Je glissais ma main dans cette de mon mari avec douceur.

- C’est parfait. Tu as bien dosé. Trop de plantes pourraient m’engourdir plus qu’autre chose.

Je retirais ma main avant de me laver avec un savon à la lavande et à la rose que j’aimais tout particulièrement. Ça me faisait un bien fou et je me détendais ensuite en fermant les yeux. Inspiration profonde et détente complète. Je hochais simplement la tête alors qu’il me disait qu’il pourrait ajouter de l’eau.

- Tout est parfait mon amour … Simplement parfait.

Il ne fallait pas beaucoup de temps pour que notre petite sorcière se réveille. Je tournais la tête naturellement pour voir Arthur commencer à lui ouvrir son pyjama. Je voyais ses petits bras et ses jambes s’agiter. Je souriais naturellement. Arthur avait déjà repris le coup de main.

- Retire sa couche aussi. Je vais la nourrir dans le bain. Tu ajouteras de l’eau chaude tout simplement.

J’attendais qu’elle soit prête et je la prenais avec délicatesse dans mes bras. J’appuyais ma tête sur le rebord de la baignoire et je la plaçais sans vraiment réfléchir. Elle commençait à boire et se calmait tout de suite. Je caressais doucement sa tête en fermant les yeux.

- Il manque juste papa derrière moi pour profiter de ce moment tous les trois ensemble.

J’ouvrais un oeil et je regardais mon mari. J’aimerais bien qu’il me rejoigne, mais il n’était pas obligé.
 

Je préparais Eleonore pour son premier bain en la déshabillant toute entière, chose qu’elle appréciait moyennement. Une première immersion dans l’eau chaude avec maman tout en douceur ou elle serait choyée au creux de ses bras. Je confiai ma petite princesse dans les mains douces et maternantes de Peny, qui naturellement trouva une position pour l’accueillir. Je la regardai avec plein d’amour, Penelope était magnifique, ce rôle lui allait tout naturellement. Je fus ensuite surpris par la suggestion de ma belle épouse.

« - Vous rejoindre dans le bain ? Je ne vais pas être de trop dans ce moment maman-bébé ? »

D’abord hésitant, je ne voulais pas remuer tout le monde. Elles étaient dans une bulle de douceur, et moi avec ma carrure plus imposante, je ne voulais pas briser ce beau moment. D’un autre côté, maintenant que Penelope m’avait convié, je mourrais d’envie de les rejoindre. La baignoire était assez grande pour nous accueillir tous.

« - Bon, c’est d’accord, mon amour. J’ai un peu peur de perturber Eleonore qui a l’air d’être aux anges sur toi. Je vais essayer de ne pas trop vous bousculer. »

Je déposai un baiser sur l’épaule nue de Penelope et commença à me déshabiller. La prochaine étape allait être plus délicate, je devais me positionner derrière Penelope qui réussit à se décaler suffisamment pour que je puisse entrer et m’installer sans être trop brusque. Allongé, je pu accueillir les deux femmes de ma vie sur moi.

« - C’est bon Peny, tu peux t’allonger sur moi comme tu le veux. »

J’étais à mon tour aux anges de pouvoir être ainsi, juste installer le plus naturellement possible dans la baignoire, Penelope et Eleonore sur moi. J’étais moi aussi entré dans cette bulle de douceur.

« - Je pourrais presque m’endormir, je me sens si bien. »

Je pris le gant du bain puis le plongea dans l’eau chaude. Je passai ensuite le gant sur les épaules de Penelope, puis lentement sur le dos d’Eleonore.

« - Tu crois qu’il faut la nettoyer avec du savon ou l’eau suffira pour aujourd’hui. »

Je n’avais pas à porter de main de savon pour bébé, le genre de cosmétique qui devait être doux et ne pas piquer. En fait, je ne savais même pas si nous en avions à la maison. Il y avait rarement des produits industriels, préférant des préparations maison, ou à défaut artisanales depuis que Penelope était dans ma vie.

« - S'il besoin de quoique ce soit ma cherie, n'hesite pas...»
 

Notre petite Eleonore était une immense surprise dans nos vies. Je la tenais dans mes bras avec douceur alors qu'Arthur venait de me la donner. Je la regardais avec tendresse et amour alors qu'elle trouvait mon sein. Je caressais sa joue avec douceur du bout du doigt ainsi que le dessus de sa tête. Je regardais Arthur avec un petit sourire en coin.

-Tu ne seras jamais de trop mon amour. Jamais. Tu as ta place auprès de nous à chaque seconde qui passe. Ne doute jamais de ça.

Je me raclais ensuite la gorge en lui lançant mon petit regard qui voulait tout dire. Eleonore était complètement concentrée sur mon sein alors aucun souci à ce faire au niveau de la présence de son père. Arthur posait un baiser sur mon épaule et je le grondais gentiment. Je n'avais jamais été une femme qui grondait fortement, mais là, je voulais mon mari avec moi dans cette baignoire. Je voulais sa présence en pleine fusion avec la mienne. J'avais ce besoin vital de me retrouver en sécurité dans ses bras.

- Arthur Fitzgerald, n'attends pas que je me fâche et amène ta personne dans cette baignoire.

Je rigolais un peu en le regardant se déshabiller. Je me décalais doucement en fronçant un peu les sourcils à cause de ma douleur suite à l'accouchement. Je venais m'appuyer lorsqu'il me disait que c'était bon. Je respirais lentement. Tranchées utérines inconfortables à cause de l'allaitement. Je sentais mon utérus se contracter. Je souriais en coin alors qu'il me disait qu'il était bien contre nous. Je glissais ma main libre dans le cou de mon mari et je massais sa nuque avec douceur en regardant notre princesse qui continuait de boire comme si de rien n'était. Elle ne se rendait compte de rien totalement en confiance contre moi et avec la présence de son père. Il n'y avait pas de plus beaux moments à mes yeux.

- Je suis bien aussi. Ta présence m'apaise.

Je le laissais mettre de l'eau chaude sur nos corps. Eleonore poussait un profond soupir en agrippant la peau de mon sein avec sa petite main. J'étais incapable de cesser de sourire et je venais caresser son front du bout du doigt encore.

- Tu peux prendre un de nos pains de savon. J'ai plus confiance en mes savons que les choses industrielles avec trop de parfum.

Je préparais de nombreuses choses moi-même. J'avais horreur de consommer pour rien. Sans doute mon côté écologique qui venait avec l'élément de mon vivant. J'avais toujours gardé cette habileté à faire toute sorte de produits maison. Ça me détendait et j'aimais les odeurs naturelles. Je posais ma tête dans le cou d'Arthur pour profiter de ce moment. Notre bulle familiale que rien ne pouvait venir ébranler en cet instant. Je fermais les yeux après de longues minutes et ma respiration devenait plus lentement. Je m'endormais et notre fille aussi. Un apaisement complet pour nous deux en cet instant dans les bras de l'homme que je n'échangerais pour rien au monde. Un amour complet et tellement ressenti. Il n'y avait rien de plus beau que de sentir cette sensation. Je commençais à avoir hâte que Karl rencontre sa soeur, mais j'avais encore besoin de prendre un peu de temps pour me détendre.

Le temps était comme suspendu. Je tenais dans mes bras mon épouse et ma fille. C’était encore presque irréel de se dire qu’elle était parmi nous que depuis quelques heures. Née un peu en avance, elle était si petite, cela la rendait encore plus mignonne dans un sens et me donnait encore plus envie de la protéger et de la cajoler. Je n’avais aucun doute qu’elle serait entourée d’amour de part son frère, de Peny et moi et toute notre famille.

J’avais savonnée en douceur mon épouse et passé de l’eau sur le corps d’Eleonore pour ne pas trop agresser sa peau délicate. Elle était incroyablement calme. Peut-être était ce le bon moment pour laisser un peu de repos et d’intimité à Penelope… Bien sûr, je ne voulais pas rompre leur lien si fort d’un nouveau-né et sa mère, mais Penelope avait sûrement besoin de se retrouver, autant physiquement que moralement.

« - Je vais me lever en douceur ma chérie. J’aimerai te laisser profiter d’un moment toute seule avant la prochaine tété de notre princesse. Je resterai près de la chambre si tu as besoin pour t’aider à te mouvoir ou quoique ce soit d’autre. »

Je me leva finalement, le plus lentement dont j’étais capable pour ne pas perturber le sommeil d’Eléonore, le but étant de la recoucher sans la réveiller du passage au bain jusqu’au couffin. Je me sécha, enfila un tee shirt et un pantalon et pris une serviette chaude sur le sèche serviette pour envelopper Eléonore comme dans un cocon. Je l’emmena directement dans le couffin et la posa doucement. Je n’osa plus la toucher, même pour lui mettre une couche. Au pire, la serviette absorberait le peu qu’un nourrisson de son âge pourrait faire. J’ajouta une couverture et la laissa continuer de dormir.
Je reparti dans la salle de bain, j’ignorais quelle heure il était mais en sentant la faim arriver je me doutais qu’il devait être non loin de midi.

« - Tout va bien ma chérie ? » murmurais-je et m’approchant d’elle pour l’embrasser. « - Je vais nous préparer un repas et ranger un peu le bazar dans notre chambre. Tu as une envie ou besoin de quelque chose avant que je descende en cuisine ? »

J’allais prendre en main tout le ménage et la cuisine pour reposer Penelope. Il était hors de question pour moi qu’il en soit autrement les quelques jours où je serai à la maison avant de reprendre le chemin du bureau de la Red House. Peny avait tant souffert et son corps aussi, il lui fallait du temps pour se remettre de son accouchement.