Je l’avais retrouvé. J’avais trouvé sa trace. Ma connerie lors de l’anniversaire de la mort de Franky m’avait ouvert les yeux. J’avais besoin d’elle. J’avais besoin de cette femme qui hantait mon esprit comme jamais. Je fermais les yeux en prenant une grande inspiration. Je savais où elle vivait. Je me demandais si elle aurait envie de me revoir après toutes ces années de silence. J’avais vieilli, mais je savais qu’elle serait encore aussi parfaite que lorsque je l’avais croisée. Je pensais à Sarah depuis tellement d’années. Je camouflais mes sentiments, car j’avais de la difficulté à les vivre tout simplement. Je prenais une grande inspiration et je descendais de ma moto pour aller cogner à la porte de sa magnifique maison. Il était près de minuit. Je restais de marbre et j’attendais qu’elle ouvre. Elle n’était peut-être pas présente ? Des milliers de choses me traversaient l’esprit. J’avais le coeur qui voulait me sortir de la poitrine. Avait-elle ressenti la même chose que moi durant toutes ces années ? Impossible de le savoir. J’avais choisi de rester au Mexique et elle était partie ailleurs dans son monde de riche et de paillettes. Moi, j’étais resté du côté sombre et dans l’ombre. La violence étant la seule solution que j’avais en fait pour me sentir encore vivant.

J’entendais des pas et je sentais une présence. La sienne, je mettrais ma main au feu. Je fermais les yeux alors qu’elle ouvrait la porte. J’étais de dos. Je regardais la rue. Je me retournais lentement pour plonger mon regard dans le sien. Sarah … Ma Sarah. Magnifique, sombre, ensorcelante et parfaite. Je sentais mon coeur manquer un battement dans ma poitrine. Je la fixais sans oser ne rien dire. Je ne bougeais pas. Le silence absolu. L’envie de l’embrasser à pleine bouche en la serrant dans mes bras. Trop tôt pour ce genre de frivolité. Je n’avais rien dit à personne. Je savais qu’Arthur l’avait vu dans ma vision et que mon frère avait également senti sa présence dans mon esprit lorsque je lui avais montré la mort de Franky. Des brides de bonheur qui effleurait mon âme écorchée et manquante. Finalement, la langue me déliait malgré le choc le plus complet.

- Sarah …

Elle ne devait pas s’attendre à me voir. J’avais vieilli. J’avais changé. J’avais plus de cicatrices et j’étais plus fort. Pilier pour elle-même si cette dernière n’avait pas besoin de ma force. Moi, j’avais besoin d’elle tout simplement.  

Tu jures de rester sage

Tu jures de rester fort
De rester avec l'image
De Dieu qui a tort
Ce soir, le ventre vide
Tu cacheras tes larmes

La vision de cette femme qui m’ouvrait la porte et mon regard qui se plantait dans le sien. Je restais relativement silencieux incapable de dire autre chose que son prénom que je venais de souffler. Marqué par la vie et mes manquements, je me tenais tout de même devant elle. J’espérais quoi au juste ? Un contact avec elle ? Une peur profonde qu’elle me dise de partir alors que je voulais simplement la revoir. Je voulais simplement comprendre à quel point je pouvais être dingue de cette brune après toutes ces années sans la voir. Une sorte d’ange qui était passé dans ma vie sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Une douceur qui me faisait un bien de dingue. Le son de sa voix et la sensation de ses baisers sur ma peau. L’abandon total dont j’avais fait preuve sans vraiment le faire complètement. Une vie trop dangereuse pour elle et pourtant, je me tenais devant sa porte après avoir retrouvé sa trace.

- Merci.

J’entrais lentement et je me passais une main dans les cheveux pour les remettre vers l’arrière. Je la regardais du coin de l’oeil en sentant que mon coeur allait sortir de ma poitrine tellement il commençait à battre plus rapidement. La vampire me demandait ce que je voulais boire et je lui répondais avec un grand calme.

- Si tu as du whisky ou de la tequila, je ne serais pas contre un verre.

J’évoluais dans la maison en la suivant sans vraiment porter attention à la décoration et ce qui m’entourait. Je la regardais elle. Je brisais finalement le silence avant de la regarder dans les yeux.

- Tu n’as pas été facile à retrouver. C’est bien … Ça veut dire que tu n’es pas une cible facile.

Mains dans les poches de mon jeans, je poussais un soupir profond et je regardais par la fenêtre. La nuit qui était nôtre. Cette nuit qui me rappelait chaque jour à quel point ma vie était dangereuse et noire. Pourtant, j’étais chez elle et j’avais une envie de dingue de la prendre dans mes bras.

Pourquoi est-ce qu'elle était restée dans ma tête après nos moments ensemble ? Pourquoi est-ce que son visage me hantait comme jamais alors que je n'avais rien demandé ? La vie était brutale avec moi. J'avais souffert et j'avais subi les traumatismes de mes parents. Des sorciers rongés par la magie noire avant d'être envoyés dans un orphelinat. Séparé de mon grand frère qui était mon monde. Je n'avais pas supporté la vie adulte ici et j'étais partie pour le Mexique. J'avais construit l'homme que j'étais aujourd'hui avec mon âme en morceau à cause de la mort de mon familier. J'avais pourtant eu de nombreuses femmes dans mon lit, mais elle ... Elle, elle était différente. Elle hantait mon esprit depuis. Je la voyais dans mes rêves sombres comme une source de lumière. Je riais un peu jaune alors qu'elle me répondait concernant sa subtilité.

- C'est bien.

La seule chose que j'étais capable de dire en prenant une gorgée d'alcool. Je sentais la brûlure couler dans ma gorge et je me passais une main dans les cheveux en poussant un soupir avant de la sentir venir se blottir contre moi. Je posais mon verre sur un meuble avant de dégager sa tête de mon épaule avec douceur dans un mouvement souffle de mon articulation. Je venais prendre son visage en coupe dans mes mains et je fondais mon regard dans le sien. Je venais ensuite capturer ses lèvres dans un baiser long et appuyé.

- Maintenant oui ...

Je rompais le baiser et je posais mon front contre le sien en fermant les yeux. Sa bouche et son corps m'avaient tellement manqué. J'avais l'impression de respirer à nouveau, un peu comme lorsque je passais du temps avec mon frère ou Karl. Je retrouvais alors une partie de mon humanité.

- C'est plus fort que moi ... Je devais te retrouver je ...

Incapable de verbaliser ce que je ressentais. Trop difficile pour un homme comme moi en fait.

Les quelques journées que nous avions passé ensemble avaient été tellement intense. Nos corps qui ne faisaient plus qu’un. Le plaisir que j’avais de l’avoir dans mes bras et de fusionner avec elle. J’avais ressenti quelque chose qui dépassait l’attirance purement physique. Je le savais car elle était bien la seule dont j’étais capable de me souvenir. Son sourire et son rire. Son parfum et ses cheveux sans compter ses courbes magnifiques. J’étais incapable de faire autrement et le baiser que je lui donnais était pleinement ressenti sans la moindre honte. Je l’aimais. Oui, j’étais amoureux de Sarah Miller et je sais ce qui m’avait poussé à garder de la distance. La peur de lui faire du mal et de la perdre.

Je perdrais les mots que je voulais lui dire. Difficile pour moi de parler d’attirance et de sentiment. Premièrement, je n’avais pas l’habitude et ensuite, je n’avais pas l’habitude de ressentir ce genre d’émotions. J’étais dans un genre de gouffre et Sarah se montrait ouverte en posant une main sur ma joue et en m’assurant que je pouvais lui parler. J’ouvrais les yeux pour soutenir son regard et je reculais un peu ma tête.

- Je crois que je suis complètement amoureux de toi. J’arrive à peine à me l’avouer moi-même Sarah. Tu hantes toutes mes nuits depuis plus de cinq ans. Tu es la seule à m’avoir fait ça. Tu n’as pas à accepter ce que je te dis et encore moins me le rendre …

J’étais mort de peur à l’idée qu’elle me rejete et qu’elle ait une personne dans sa vie. Elle avait l’éternité devant elle et moi, j’étais un sorcier tout simplement. Un sorcier de sang puissant qui avait brûlé la chandelle par les deux bouts. Elle devait le sentir que mon âme n’était pas comme celle des autres ou alors non … J’étais complètement perdu.

- Tu me fais me sentir pleinement vivant pour la première fois depuis sa mort … C'est toi que je veux, même si je sais que je ne suis qu'un simple sorcier et non un vampire avec l'éternité devant lui.

J’avais tellement de difficulté à le nommer. Franky, mon familier qui était sur un médaillon que je gardais toujours sur moi.

Ce n’était pas le manque d’amour ou d’attention qui avaient mis de la distance entre nous. C’était une certaine décision commune entre mon incapacité à franchir cette barrière, son statut social et la vie que je menais. Qui étais-je pour lui voler son coeur alors qu’elle avait l’éternité devant elle ? Je prenais une profonde inspiration en la regardant dans les yeux. Le coeur voulait me sortir de la poitrine. J’avais tellement hésité avant de venir ici. J’avais réfléchi avant de me dire que je n’avais rien à perdre. Mon coeur était déjà en morceau tout comme mon âme alors qu’est-ce que cela changerait au final ? La réponse de la brune me laissait sous le choc. Un sourire qui se dessinait immédiatement sur mes lèvres alors j’étais incapable de détacher mon regard du sien. Je venais la prendre contre mon corps et mon front se posait contre le sien avec tendresse et douceur.

- Je ne voudrais pas t’attirer des problèmes. Je ferai des sorts de protection supplémentaires autour de ta demeure. Je ne veux pas qu’il t’arrive le moindre souci.

Mes lèvres qui rejoignaient encore les siennes. Je me refusais à l’idée de partir avant elle. Envisager l’éternité était une chose potentiellement dangereuse. Je me contentais de l’entrainer sur le canapé qu’il y avait tout près. Je la poussais avec douceur en m’installant au-dessus d’elle. Baisers de plus en plus enflammés alors que nous avions tellement d’années à reprendre ensemble. Mon Dieu … Quand je raconterai cette histoire à mon frère il allait me dire que c’était une bonne chose. Je retirais ma chemise et je prenais ses mains froides pour les poser sur mon torse. Mon médaillon pendant entre nous deux. Je ne le retirais jamais. Impossible.

- eres magnifica *


Je caressais sa joue froide et livide. Elle ressemblait à une reine à mes yeux. Délicate et forte à la fois. J'aimais tout de son corps et de sa personne. Je venais poser des baisers sur sa mâchoire jusqu'à son cou. Elle me faisait vibrer. Luxure qui n'appartenait qu'à nous. Que Dieu me vienne en aide, elle était ma lumière et mes ténèbres à la fois.

* traduction: