Depuis deux ans le monde des humains avait sombré dans une odieuse guerre. Les vivants aimaient la guerre, surnaturel ou humain, ils faisaient tous la guerre, juste pas forcément en même temps. Ce n’était pas la première guerre qu’elle vivait et ce ne serait probablement pas la dernière. Charlotte étant une femme elle n’était pas parti à la guerre, son mari Priam ça ne l’intéressait pas et puis il avait le Lux, ils avaient besoin de lui. Ses petits-fils eux étaient trop jeune lors de la première guerre mondiale, elle avait mis les pieds en Europe à l’époque, mais seulement comme bienfaitrice, elle avait bien failli y laisser la peau en attrapant la grippe espagnole. Cependant à la seconde son arrière-petit-fils Hector avait décidé de partir au front. Hector était un peu le rebelle de la famille, mais il n’avait pas de chance parce que face à lui il avait une adolescente éternelle. Peu importe qu’il soit infâme, peu importe qu’il les accuse d’être des précieux ou des ignorants du monde moderne, Ama ne l’aurait jamais renié à moins d’un crime vraiment grave. La matriarche avait donc laissé le jeune homme partir au front malgré les supplications de sa petite fille Henriette. De toute façon elle ne pouvait pas vraiment l’en empêcher moins de l’enfermer ou de l’ensorceler et ce n’était pas son genre.
Ce dernier avait été plus malin qu’elle ne l’aurait cru. En 1939 les américains n’étaient pas encore engagés dans le conflit, mais il avait tout de même trouvé le moyen de rejoindre les anglais, elle avait secrètement espéré qu’il perde patience ou espoir. Même si elle avait joué la femme solide, elle ne voulait pas le voir blessé dans ce stupide conflit. Quand elle avait reçu le télégramme annonçant sa blessure, elle était déjà prêtre à la rejoindre, elle avait déjà envisagé le voyage pour le récupérer. Elle avait un bateau, des vivres, des médicaments, des jeux de cartes et même des armes à feux pour soudoyer qui s’opposerait à sa traversée. Bien sûre elle n’était pas venue seule elle avait payé des mercenaires pour la protéger durant le voyage, Sigvard était là aussi, même Nora la sœur de Ciàran, elle ne la connaissait pas beaucoup, mais elle vendait ses services de mercenaires et c’était une dragonne.  La traversée avait duré 10 jours, suivi d’un long trajet en voiture accompagné de militaire anglais, eux au moins étaient ravie de la voir elle apportait des choses pourtant de première nécessité dont ils manquaient cruellement. Ils avaient été étonnés de la voir armée, elle tirait depuis plus longtemps que tous, mais elle avait fait mine de ne pas parfaitement maîtriser pour qu’ils se sentent utile. La majorité de son équipage était resté sur le bateau, ils étaient très intrigués par Nora aussi qui avait décidé de les accompagner jusqu’à Londres au moins finalement.
Quand elle entra dans l’hôpital de guerre à Londres, des militaires portaient les caisses du matériel qu’elle avait acheté derrière elle, Sigvard lui était resté à l’extérieur avec son arme et Nora les avait déjà quitté pour voguer vers d’autres horizons. On peut dire qu’elle fit une entrée remarquée, les seules femmes présentes portaient l’uniforme d’infermière tandis qu’elle-même si elle avait choisi des couleurs relativement discrètes était encore tout immaculée. Elle tritura son collier de perle nerveusement à la recherche de son Hector. Elle le remarqua enfin et fonça vers sa direction.

- Mon chéri ! Une fois à ses côtés, elle retira son manteau de fourrure, le posa au sol et s’assit dessus. Elle examina du regard ses blessures, tandis que ce dernier peinait à ouvrir les yeux. Elle poussa un petit cri quand elle remarqua qu’il lui manquait une main, elle mit sa main devant sa bouche et sentit les larmes envahirent ses yeux bleus. Le télégramme ne l’avait précisé. Oh mon Dieu…
- Mamie, dit Hector en français un peu hagard.
- Mon cœur…. C’est moi. Ta cousine est là, le reprit-t-elle avant de prendre la seule main qu’il lui restait entre les siennes. Une infirmière rousse de petite taille approcha. Amarante la détailla du regard. Dois-je me décaler ? demanda-t-elle, il était trop tard pour qu’elle sauve sa main, elle devait s’en remettre à la médecine traditionnelle pour le moment, elle n'avait que le sang de Sig sur elle.

Hector est pâle… Son pauvre petit, sa mère va la tuer. Comment va-t-elle expliquer cela à sa Henriette ?  Elle regrette tellement de ne pas avoir insisté plus ou au moins lui avoir fourni certaines choses avant le départ. Des larmes coulent sur sa joue alors qu’une infirmière débarque. Ama demande si elle doit s’écarter et le fait quand l’infirmière répond au oui. Elle se relève et prend son manteau poussiéreux et s’écarte un peu sans s’éloigner, au moins Hector a un vrai lit, ce n’est pas le cas de tous le monde. L’endroit est bondé, malgré les larmes elle observe et sens les odeurs, c’est un nid à microbe. Elle voudrait kidnapper son descendant et l’amener autre part dans un endroit où il serait seul dans un bon lit, elle a un appartement à Londres. Ama a presque un logement dans chaque capitale européenne. Un soldat s’approche d’elle, elle hausse les sourcils, ce n’est pas un des gardes l’ayant escorté jusqu’à cet hôpital de guerre.  C’est un homme d’une trentaine d’année, un gradé, elle remarque des médailles.

- Je suis désolée Madame, votre cousin était sous mes ordres, c’est ma faute s’il a perdu sa main.
- En effet, rétorque Amarante avec une froideur polaire avant de lui tourner le dos ne voulant pas s’emporter plus et ne comprenant pas la maladroite tentative de séduction, elle porte sa bague de femme marié en plus.  Elle s’adresse à l’infermière. Je suis Sibylle Boet, merci de prendre soin de mon cousin. Que puis-je faire pour vous aider, je ferais n’importe quoi ?
- Tenez un mouchoir Madame, pour vos larmes, je suis sûre que votre présence aidera déjà beaucoup Hector.

Amarante se tourne vers le gradé et se saisit du mouchoir pour éponger ses larmes, elle ne le remercie pas. Il croit quoi lui qu’un mouchoir va compenser une main perdue ? Quel idiot ! Il est collant en plus. Il craint peut-être qu'elle ne se plaigne et finisse par avoir justice, il tente probablement de la mettre dans sa poche. Il finit par s’éloigner, enfin, elle lui hurlera dessus plus tard, mais pour le moment être avec Hector est sa priorité.

- Comment vous appelez-vous ? demande-t-elle à Mina avec un sourire chaleureux, la femme est jolie, vraiment sa peau a un éclat irréel pour l’époque, mais pour le moment elle est trop sous le choix pour se poser plus de question. Les larmes ne veulent pas s’arrêter, mais elle tente de contrôler le trémolo dans sa voix. Pensez-vous qu’il sera vite déplaçable ?  J’ai un hôtel particulier en ville.

Amarante est en train de renifler dans son mouchoir, lorsque l’infirmière se met à rabrouer le soldat insistant. Elle ne fait pas attention à lui, pas du tout, ses yeux saphir sont dardés sur son Hector inconscient. Elle est morte d’inquiétude, mais dans le pire des cas il y’a Sigvard, il le transformera si les choses tournent mal. Un phénix pourrait aider, mais elle n’en connait pas ici, elle soupire.

- Madame Boet, je suis mariée, répond-t-elle mécaniquement avant de tourner son regard sur la faé blanche rendue confuse par la suite de ses propos, ses sourcils se haussent sous la surprise. Les femmes militaires sont rares… Il est impossible qu’elle se batte au front, même si elle avait envie, son mari humain s’opposerait à cela. Je vous admire de défendre vos idéaux Miss.

La française fixe l’infermière, elle est en train de retirer le bandage, Ama lui demande si elle peut aider. L’esprit a un haut le cœur en voyant la blessure, habituellement cela ne l’aurait pas choqué, mais sur Hector c’est différent, les gueules cassés pourtant elle connait, elle a aidé au financement d’une association pour leur permettre d’être opéré par les meilleurs chirurgiens du pays gratuitement. Mais ces gens étaient des étrangers et pas ses proches. Elle remonte le mouchoir offert sur son nez. La faé se présente finalement à son tour et répond à sa question.

- Enchantée, répond Ama avant d’exécuter ses ordres, elle n’est pas docteur, mais elle n’est pas stupide. Elle met son mouchoir dans la poche, elle prend la gaze et le désinfectant, elle le tend à Siobhán. La rousse répond à sa question sur un potentiel déplacement, elle grimace, mais comprend. Très bien, je comprends très bien. Merci de prendre soin de lui, ma famille, c’est tout pour moi. Sa mère ne voulait pas qu’il vienne, mais je ne voyais pas comment l’arrêter à part l’enfermer dans un cachot et ce n’est pas mon genre. Vous êtes sur Londres depuis longtemps ? J’aime beaucoup l’Irlande, surtout ses campagnes…

Amarante parle car elle est nerveuse.

Le sang des nôtres
Mina et Amarante  
Je suis loin d'être portée sur les affrontements, je suis une faée blanche et donc bonne par nature. J'ai toujours été curieuse et c'est ce qui m'a amenée à quitter les miens pour parcourir le monde, découvrir le monde humain. Et pourtant me voilà des siècles plus tard dans le QUARANC à soigner des blessés. Militaire oui de par mon statut mais aucunement un soldat et puis le fer est si présent à cette époque qu'il m'est impossible de faire quoi que ce soit sans devoir être vigilante.

La femme qui se trouve à mes côtés est la cousine du soldat dont je m'occupe à présent depuis deux semaines et après que le soldat soit parti, elle me corrige d'abord sur le mot que j'ai utilisé pour la qualifier : elle est mariée et j'aurais dû dire Mrs. Je sais que les femmes sont généralement toutes mariées à son âge mais rien ne pouvait garantir qu'elle l'était vraiment. Ces humains, toujours à vouloir prêter attention aux détails parfois les plus insignifiants. La suite des propos de Sibylle Boet me font pousser un léger soupire.

- Je ne suis qu'infirmière, madame. Si parfois remettre à leur place les soldats trop entreprenants était tout à fait plaisant grâce à mon grade dans cette branche l'armée, je ne défend aucune idéal. Je fais simplement mon possible pour empêcher ces hommes de souffrir et de mourir.

A présent que le bandage souillé est retiré, je demande à la femme de me donner les gazes et le désinfectant. J'applique ensuite délicatement le produit sur le moignon puis j'appose les gazes dessus avant de prendre un bandage propre et de commencer à l'enrouler pour faire tenir ce pansement.
- Je concède qu'il est difficile de forcer un jeune homme comme lui à ne pas partir à la guerre mais c'est ainsi. Dans son malheur, il a été chanceux d'avoir la vie sauve, répondis-je tout d'abord alors que je finalisais ce nouveau bandage. Une fois que cela est fait j'appose ma main sur son front pour vérifier où en est sa fièvre puis je regarde la fine montre à mon poignet. Je vais devoir encore attendre un peu avant de lui donner de quoi soulager sa douleur.

- Je suis à Londres depuis quelques années à présent. Vous vous êtes donc déjà rendue en Éire ? Vous êtes pourtant française non ? Cela fait un sacré voyage.

Je me lèvre pour prendre le plateau où se trouve à présent le bandage usagé puis d'un mouvement de tête je l'invite à me suivre si elle souhaite continuer notre conversation.

:copyright:️ DABEILLE[

Amarante est habituellement entourée d’une armée de domestique ou de proche, on ne se montre pas tant que ça entreprenant avec elle en conséquence, certains clients ont parfois dépassé les limites, mais Sigvard décourage la plupart, même s’ils ne sont plus mariés il ne laissera personne lui faire de mal. Ama est certaine qu’il surveille la conversation et qu’il doit grimacer et se retenir d’agir de peur de déraper.

- Tout va bien, murmure-t-elle tout bas, ça peut être autant pour Hector, Siobhan, elle ou Sigvard. Vous faites le bien, j’imagine que j’essaye aussi de ma façon. Hector m’a traité de lâche avant de quitter la maison.

Il y’a de la peine dans son regard, pas de colère, elle aurait juste voulu mieux se faire comprendre de son descendant. Oui elle gagne de l’argent, mais s’il n’était pas entre ses mains, il serait entre d’autre peut-être moins généreux qu’elle. L’argent est son seul superpouvoir, la magie ne coule pas dans ses veines, contrairement à Hector. Elle ne sait pas soigner comme l’irlandaise, elle sait se battre, mais on ne lui permet pas. Pendant que l’infirmière soigne son descendant, Amarante réfléchit, quand elle lui dit qu’il a de la chance elle grimace.

- Au moins ce n’est pas son visage.

Elle n’est pas d’accord, pas parfaitement, oui mourir aurait été pire, mais c’est tout de même cruel, il a perdu une main, cela le marquera à vie et il sera privé de plein de chose qu’elle aurait voulu pour lui. Elle ne voit pas la chance dans tout ça. Si une solution existe Amarante remuera ciel et terre pour la trouver. Du bout des doigts elle caresse la chevelure blonde d’Hector.

- Je suis franco-américaine, mais je voyage énormément, je travaille dans les affaires, la restauration, le voyage aussi, pas mal de chose…

Dont un peu d’armement, elle l’avait senti venir cette guerre, les guerres vont et viennent, elles ne cessent jamais, elle ne peut pas les empêcher. C’est toujours mieux que se soit elle qui vende les armes, elle changerait d’avis des années plus tard, mais pour le moment elle le pensait.

- J’ai un cottage à Adare, c’est vraiment charmant, on me l’a offert.

C’était un cadeau d’un de ses admirateurs, elle ne l’avait pas refusé par peur de l’offusquer. Un faé noir cela peut-être parfois capricieux. Heureusement son intérêt avait vite changé et il l’avait oublié, elle avait gardé le cottage et parfois quand elle avait besoin de solitude, elle s’y rendait, c’était un endroit intime, pas fait pour une grande famille, mais pour un couple d’amant.

- Comment puis-je vous aider ? A plus long terme… J’ai ramené quelques vivres, armes et médicaments pour payer mon passage je viens de Los Angeles, mais si je le peux je ferais plus. Je ne veux pas d’autres blessés…

Ou plutôt soyons honnête elle voulait qu’Hector lui rouvre son cœur.

- Les guerres vont et viennent, je le sais, mais ma mère me disait qu’il n’y avait aucun problème que l’argent ne réglerait pas au final, je sais que cela peut paraître prétentieux, mais c’est ainsi que j’ai pu passer, ça et de la famille anglaise. Les Boet descendent d’un couple franco-britanique, l’Europe c’est chez nous. Chez moi…

Amarante a un soupire, parfois l’Europe lui manque, mais elle a construit l’essentiel de sa vie à Los Angeles et c’est ainsi. L’infirmière s’absente un moment pour se laver les mains, mais aussi se débarrasser de tout son matériel usagé. Amarante fixe Hector il n’a jamais été un garçon calme, il a toujours été turbulant et il a toujours aimé rire les aventures, elle a peur pour son avenir, ce sera difficile pour lui elle ne le connait que trop bien, elle a de nombreuse fois soulagée sa mère pour lui donner le biberon. Siobhan revient et la questionne sur Sigvard, Amarante a un sourire à la fois tendre et amusée.

- C’est mon meilleur ami Sigvard, il aurait refusé que je vienne seule, c’est un de mes collègue aussi, un de mes plus vieil amis, nous étions à deux doigts de nous marier, elle se mordilla la lèvre inférieure, mais nous sommes deux feux incontrôlables nous ne nous complétions pas.

Ils avaient essayé, mais vu la jeunesse de son corps, se faire passer pour divorcé était un peu spéciale, surtout que ce n’était pas vraiment dans les mœurs de l’époque.

- Il n’aime pas le sang, c’est pour ça qu’il reste à l’extérieur. Je vous propose de servir ensemble de la nourriture que nous avons ramené ça donnera de la force à tous et pourquoi pas ensuite toute l’équipe manger ensemble, avec un docteur et un infirmier de garde. Nous ne serions pas loin de plus, à l’extérieur juste devant. Vous semblez épuisée, vous devez être affamée.