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 I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane

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Message# Sujet: I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane   I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane EmptyMar 20 Avr 2021 - 7:07

TW: mentions de violences sexuelles, blessures et sang


Le sac à dos sur l’épaule, Diane déambulait dans les rues de Los Angeles. Elle avait pris un bus depuis l’aéroport vers le centre ville, allant le plus loin possible avec le billet le moins cher afin d’économiser les quelques dollars qui lui restaient pour manger et peut-être dormir dans une auberge de jeunesse. Pourtant, lorsque les portières s’ouvrirent pour cracher le flux de voyageurs sur la pavé californien, la jeune fille n’était plus en mesure de réfléchir. Elle commençait à regretter amèrement sa fuite, perdue entre les touristes au teint brûlé et les professionnels engoncés dans des tenues trop chics. Avec son pull de laine qui lui tombait au-dessus des genoux et son jean recousu à maints endroits, elle détonnait sans pour autant attirer l’attention dans la foule. Elle avait chaud, mais sur ses bras et son cou était peint l’amour de son père et sur ses jambes était écrit son affection en longues lacérations qu’elle avait bandé à qui mieux mieux dans les toilettes de l’aéroport de la Nouvelle-Orléans.

Elle marchait donc, écrasée par le soleil mais la tête haute pour ne pas attirer sur elle les regards de ceux cherchant une cible facile. Elle se donnait des airs d’appartenir aux lieux alors qu’elle découvrait pour la première fois l’immensité de cette jungle urbaine. C’était plus propre que sa ville d’origine, aussi, et l’odeur appétissante des food truck lui fit remarquer à quel point le Vieux-Carré puait la bière régurgitée et l’urine. Elle renifla son pull, soudain inquiète de détonner par son fumet, mais son nez devait être trop habitué à ses relents car elle ne détectait rien de bien suspect, si ce n’était la transpiration qui commençait à imbibé la laine.

Elle avait marché les yeux sur le sol, se fiant aux chaussures pour ne pas se cogner dans qui que ce soit et ratant par la même occasion les enseignes qui auraient pu lui indiquer une quelconque direction. Finalement, la chaleur eut raison d’elle et elle leva le nez à la recherche d’une place climatisée. À sa droite, des vitrines dénuées de prix lui montraient des bijoux trop précieux pour elle. À sa gauche, une maison de Dieu tout aussi riche l’écrasait de sa hauteur. Elle choisit la dernière. Par une certaine conviction, sans doute, mais surtout parce que les croyants étaient censés être ouverts. Elle poussa donc la lourde porte en bois.

Elle fut assaillie par les ténèbres que le soleil de début d’après-midi peinait à percer à travers les vitraux. La cire et l’encens se mêlaient entre eux pour donner au lieu silencieux un parfum de sainteté. Diane ne se souvenait plus de la dernière fois qu’elle avait mis les pieds dans une église. Pas depuis la mort de sa mère, en tout cas, trop accaparée qu’elle était à maintenir un semblant de stabilité. Avec toute la discrétion dont elle était capable, elle s'assit sur le dernier banc. Le calme de l’endroit invitait à la réflexion et malgré toute son envie de ne pas songer, Diane se laissa aller. Elle pensa à la bourse qu’elle venait d’abandonner. À ses professeurs qui l’avaient soutenue. À sa vie en général qu’elle avait délaissé sans même un regard en arrière. Elle renifla et se rendit compte que ses joues se trempaient de larmes. Elle se souvenait, cependant, de la dernière fois qu’elle avait pleuré. Ce n’était pas plus tard qu’au matin, alors que son père gisait sur le sol, la tempe ensanglantée et la main encore sur sa cheville dénudée. La peine qu’elle ressentait se transformait peu à peu en une colère sourde, lui asséchant la bouche et lui coupant le souffle.

Du coin de l’œil, elle aperçut le confessionnal. Peut-être pourrait-elle trouver dans l’absolution un remède à sa situation… l’idée de se rapprocher du Très Haut lui semblait risible dans l’instant, considérant qu’elle était maintenant plus bas qu’Homme, mais le Seigneur n’était-il pas connu pour sa miséricorde? Et puis, au moins, elle n’offrirait le spectacle de ses larmes qu’à un seul homme au lieu du premier fervent qui passait la porte. Elle essuya son visage de sa manche et se dirigea vers la boîte de bois, refermant la porte du petit espace. Elle attendit que la plaque qui fermait la grille entre l’homme de foi et elle s'ouvrit pour commencer.

« Pardonnez-moi, mon père, car j’ai péché. »
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Message# Sujet: Re: I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane   I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane EmptyMer 5 Mai 2021 - 19:28

I'll tell you my sins
and you can sharpen your knife

Come on in child, take my hand. ••• Depuis l'aube, sa crainte de s'évanouir pour un sommeil sans retour ne l'avait pas quitté. Trois jours qu'il ne dormait plus. Trois jours que ses souvenirs lui échappaient. Lorsqu'il n'oubliait pas qui il était, il oubliait ce qu'il faisait ; où il allait. Cette réalité lui semblait factice, et, Stolas s'était demandé à maintes reprises si la chaleur du soleil californien ne l'avait pas frappé un peu trop fort à la tête. Vide, douloureuse ... Elle n'abritait plus grand chose. La solitude au sein de la cathédrale en ce jour fut une aubaine, en ce sens ; elle lui avait offert la quiétude nécessaire à apaiser son âme maudite. Les murmures avaient cessé. Et depuis ces dernières vingt-quatre heures, il n'avait pas subi de nouveaux mouvements contraints par cette force invisible ...
Près d'un cierge, le prêtre s'était penché pour allumer l'extrémité d'une cigarette, épiant les ténèbres acculées dans chaque coin, d'un regard suspicieux. Stolas n'avait jamais eu peur du noir, mais, cette fois, c'était différent ... Il se savait suivi. Il était même bien pire, sans en avoir conscience.

Stagnant dans les remous de sa propre fumée, quelques effluves intempestives se mêlèrent à celles du tabac ; une odeur fauve, assez forte pour qu'il la remarque, mais pas encore assez pour être incommodante au point de lui inspirer un dégoût patent.
L'œil gris et fatigué du Sorcier se posa sur la silhouette fluette d'une petite brune salie, guidée sur ses bancs par des pas indécis. Machinalement, il écrasa la pointe ardente de sa sèche sur le pied en métal du cierge ; puis, il l'observa. Elle avait l'air aussi perdue que lui. Même plus, encore. Au travers du clair-obscur des lieux, il lui sembla discerner des marques émergeant du col de la jeune femme ... Stolas envisagea un instant que son esprit usé put lui jouer un tour en altérant les ombres ; jusqu'à ce qu'il se perde dans de nouvelles perspectives imprévues, pour elle. Il n'y avait qu'eux deux, ici ... Une âme neuve vaudrait, peut-être, le pardon de l'entité qu'il avait dérangé. Une vie pour une autre ... Et pour lui, les rognures d'un peu d'une supposée Miséricorde. S'il avait eu la certitude que cela le sauverait de son serment, il l'aurait traînée jusqu'à l'autel qui siégeait là afin de l'y saigner, au risque d'exposer ce sanglant spectacle à n'importe quel importun qui pourrait débarquer ... Cependant, il fut pris d'un sursaut : les quelques hoquets étouffés qui résonnèrent dans l'immensité du monument le ramenèrent au présent ; ils firent tinter à son oreille la chaîne invisible qu'il avait encore à la cheville.

Lorsqu'il vit l'inconnue se lever pour prendre la direction du confessionnal où elle s'enferma, le prêtre occulte ne tarda pas à l'y rejoindre à son tour, là où elle l'attendait en tant qu'interlocuteur. Et quand la cloison derrière le croisillon verni sauta, il dévisagea curieusement la brebis égarée aux grands yeux doux ; ils luisaient d'une misère familière qui harponna l'attention de Stolas un long moment ... Il reconnaissait cet épuisement. Cet air d'animal traqué, au repos dans ce qu'elle pensa être un abri sûr. Malheureusement, ce breuil était gardé par un loup ... En ce jour, peut-être apprendrait-elle ce qu'il advient des prières qui échouent à la mauvaise porte. Peut-être.

Il se signa expéditivement, puis décida d'infliger son incommodante curiosité aux mains jointes sur ses genoux, pour ne pas déranger l'humaine lors de la confession, à cause de quelques remontées mémorielles.

« Je vous écoute, parlez sans crainte. Quels sont vos péchés ? Et, depuis combien de temps ne vous êtes vous pas confessée ..? »

Des mots, des fautes ... Désormais maîtres du destin de celle qui les prononcerait.

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Message# Sujet: Re: I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane   I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane EmptySam 22 Mai 2021 - 23:18


Elle releva les yeux vers le prêtre, bien qu’elle ne pouvait distinguer ses traits à travers les mailles serrées de la grille. C’était probablement mieux ainsi, elle ne pourrait pas voir la déception qui allait probablement se glisser sur les traits de l’homme de foi.

« Je... » commenca-t-elle, la voix enrouée. Elle se racla la gorge et se plongea dans la contemplation du bois de son siège. « Ça doit faire au moins cinq ans que je ne me suis pas confessée. »

Elle serra ses bras contre son corps, ajustant sans y penser la manche de son pull pour dissimuler son poignet. Il n’était pas marqué, mais l’habitude était difficile à perdre.

« J’ai désobéis à mon père. »

Elle ne l’avait jamais fait. Il s’était assuré de son obéissance en corrigeant la moindre faute, et elle avait rapidement appris à lui donner ce qu’il demandait aussi précisément que possible. Souvent ça ne suffisait pas. Aujourd’hui, cependant, sa requête était bien trop importante pour que Diane acquiesce.

« Je l’ai blessé. »



Risquait-elle des représailles de la justice? Si elle racontait son histoire au prêtre, allait-il l’emmener au premier poste de police pour qu’elle y soit jugée? Elle déglutit, incertaine de vouloir continuer. Elle avait pourtant cette irrépressible envie de parler. Un besoin de partager son quotidien des 17 dernières années dans l’espoir de s’en séparer, maintenant qu’elle était loin.

« Je sais qu’un enfant doit obéissance à ses parents, mon Père. Mais quand est-ce que c’est trop? Est-ce que j’avais le droit de refuser? Et quand il a insisté, est-ce que j’aurais dû accepter?  »

Elle essuya de sa manche la larme qui coulait sur sa joue, renifla de plus belle. Ses paroles n’avaient probablement que peu de sens hors-contexte, mais elle n’avait pas encore eu l’occasion de mettre de l’ordre dans ses pensées et encore moins le temps de décider à quel point elle allait partager son histoire. En confession, elle était tout de même plus en confiance que n’importe où ailleurs.

« Est-ce que les confessions sont gardées secrètes? » demanda-t-elle tout de même, inquiète pour sa liberté autant que celle de son géniteur.
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Message# Sujet: Re: I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane   I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane EmptyDim 13 Juin 2021 - 11:22

I'll tell you my sins
and you can sharpen your knife

Come on in child, take my hand. ••• Après ces longues secondes de placidité, celles où elle chercha à anticiper un regard au travers de la cloison, la jeune femme balbutia enfin, étranglée par une culpabilité singulière. Impossible qu'elle soit uniquement gênée d'avoir manqué à ce devoir que s'infligeaient les dévots du monde ... Seuls les plus zélés, les fous de Dieu, se rendaient malade de n'avoir confessé quelques vieilles exactions. Il se dégageait quelque chose de différent de cette honte, par rapport à celle à laquelle il était fréquemment confronté ; quelque chose qui laissa le faux-berger d'autant plus dubitatif, à chaque indice qu'elle semait par le verbe. Une obédience paternelle rompue, et, assez violemment, visiblement ... Un vécu qui ne lui fut pas étranger. Pas tout à fait.

« ... Blessé ... ? Que voulez vous dire ? »

Peut-être fut-elle effrayée d'en avancer plus sur ce qu'elle avait fait : en tout cas, l'œil inquisiteur de Stolas obliqua de nouveau vers elle, se faufilant aux travers des motifs qui ornaient le bois, entre eux. La gamine n'avait pas l'étoffe d'une tueuse ; pas par vengeance ... Ni même par volonté de survie. Tout au plus, elle ressemblait à une traîne-misère, parmi les mieux lotis dégorgés par la cité des Anges. Bien sûr, tous les tueurs n'arboraient par leurs meurtres au visage, ni le sang à leurs mains de manière constante; il en fut la preuve. Pourtant, elle avait simplement l'air égarée.

Le branle-bas de sentiments débuta à ces questions qui affluèrent. Permission, obligation, rôle, et fonction ...
Le prêtre eut une absence, noyé dans les ténèbres qui les étouffaient. Il repensa à sa propre enfance ; ce pourquoi il avait été conçu. Sa chair, quotidiennement attendrie par chaque coup passionné que son géniteur occulte lui asséna, dans l'espoir vain de le dresser. Ce nom, qui ne lui appartenait pas, et qui lui fut attribué par adoration pour une entité éthérée d'un autre monde, auquel il aurait dû être donné ; parce qu'il ne méritait pas cette possession là, comme les autres membres de sa fratrie ... Tout comme le pain et le vin de l'Oblation ne portent que des noms banaux : simplement pour pouvoir être désignés.

« C'est trop lorsque l'instinct s'éveille. »

Les poings serrés autant que les dents, son exténuation de ces derniers jours fit ressortir une bile vieille de plusieurs années ; la même qui lui avait permis de le pister, prendre cette pelle, et, de rendre au paternel en une seule rossée chacun de ses horions. Avec du recul, la mort du vieillard n'avait été qu'un piètre soulagement qui n'ôta pas, ou peu, de poids à l'existence insensée du rejeton. Ces cicatrices ne disparaissaient jamais vraiment ; pourquoi aurait-il écorché d'autres âmes, irresponsables de son calvaire, autrement ?

« La religion invite à tendre l'autre joue ...  Je ne partage pas cet avis. Vos parents vous ont donné la vie ; cela ne fait pas de vous leur instrument. Ce corps, et cet esprit sont à vous ... Personne n'a le droit de s'approprier votre liberté. »

Reprit-il un peu plus tranquillement, mais, si l'amertume était atténuée, elle était toujours là. Il dut quasiment se mordre la langue, pour ne pas inviter la brune à des représailles ... En exposant ces maux familiaux, elle ranima quelques vieilles blessures, qu'il n'accepterait probablement jamais ; alors même qu'il ne s'agissait peut-être que d'une crise passagère de la part de la pénitente ... Bien qu'un caprice ne nécessitait pas d'être enterré par l'ignorance feinte, ou banni par la permanence du silence.

« Soyez tranquille, vous pouvez parler librement. Quoi qu'il se soit passé, rien ne sortira d'ici. Il m'est absolument défendu de trahir le secret des pénitents. »

Un mensonge partiel : si, officiellement, certaines informations pouvaient être remises à la Justice, Stolas, lui, préférait encourager l'anonymat total. Une notion qui poussait les humains, pour certains, à se sentir plus libre tout en leur faisant développer davantage ces propensions à se détruire mutuellement, ou s'auto-détruire ... C'était ainsi que prospérait l'humanité ; sans bienveillance.

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Message# Sujet: Re: I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane   I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane EmptyDim 19 Sep 2021 - 11:46

« C’est trop lorsque l’instinct s’éveille. »

Diane n’avait pas, ou alors très peu, d’instinct. Elle avait toujours tendu l’autre joue, comme le disait si bien l’ecclésiastique. Des coups qu’elle avait reçus, elle ne gardait aucune amertume, aucun désir de revanche, aucune animosité. Juste une peur viscérale et insidieuse qui se glissait sous sa peau et régissait ses gestes, ses paroles, jusqu'à ses pensées. Elle regardait le monde avec un voile de terreur, imaginait à tous une part de folie, ou de lucidité, qui ferait qu’ils se rendraient compte qu’elle ne méritait pas sa place, qu’elle n’avait pas le droit à une peau dénuée d’ecchymoses, à un visage sans coupures. Combien de temps le prêtre allait-il mettre à le comprendre?

Les lèvres disparaissant dans un pincement, Diane regarda les mailles une nouvelle fois pour tenter de deviner les intentions de son confesseur. L’idée qu’il en fasse de même lui fit resserrer les genoux et dévier son regard vers la croix en bas-relief dans le bois du confessionnal. Sans pouvoir observer les mains ou le regard de celui qui lui faisait face, elle se sentait mise à nu, incapable de savoir comment réagir pour ne pas déclencher une quelconque colère. Elle avait senti le froid dans les paroles du prêtre, le sifflement léger mais distinctif de l’aversion. Il lui était familier, elle l’avait entendu de nombreuses fois de la bouche de sa mère, lorsque son père était absent ou trop ivre pour l’entendre. Il l’avait aussi visité dans son sommeil, lui intimant de s’enfuir au plus loin. Dans ses moments les plus sombres, lorsque les larmes l’étouffaient moins que le pourpre sur sa gorge, le sifflement devenait oppressant, mais jamais plus que l’ombre de son père dans l'embrasure de la porte.

Jusqu’à aujourd’hui. Diane était partie, mais elle doutait de sa sécurité.

« J’ai peur… » admit-elle à voix haute, première surprise de cet aveu de faiblesse. « S’il me retrouve… »

Peut-être aurait-elle dû s’inquiéter pour son avenir. Pas encore tout à fait femme, à la rue et sans aucun moyen de subsister, les prochaines étapes n’allaient pas être roses, mais elles pâlissaient en comparaison de la possibilité qu’il la traque et qu’il la ramène en Nouvelle-Orléans. Par chance, elle doutait qu’il vienne la chercher dans une église. Elle était même persuadée qu’il brûlerait sur le pas de la porte, tel l’infant des enfers qu’il était. Si le Seigneur était trop occupé pour regarder chez elle, il devait bien surveiller chez lui.

Elle renifla encore, trop à l’étroit dans cette boîte en bois. La poussière ambiante collait à sa peau moite et ajoutait du gris à ses mains pâles et elle se frotta les doigts.

« Mon père… il respirait encore quand je suis partie… et ce n’était pas profond… j’ai même mis un bandage… » ses mains se mirent à trembler sous ses attentions et elle serra le bas de son pull pour les calmer. « J’avais dit non mais il est venu quand même… c’était un accident. Mais je n’ai appelé personne. J’aurais pu. J’aurais dû… »

Le remords la rongeait comme elle rongeait ses ongles à l’instant, habitude qu’elle ne possédait généralement pas. Si son géniteur était mort par sa faute… non, ce n’était pas possible. L’alcool qu’il ingurgitait ne lui avait jamais donné de cirrhose. L’homme était invincible.

*Personne n’a le droit de s’approprier votre liberté.* Ce fut avec un long retard que les paroles du prêtre résonnèrent dans son esprit avec un temps de retard. Liberté… une bien étrange notion pour Diane qui retournait le mot sans en trouver un véritable sens.

« Personne ne peut s’approprier ce qui n’existe pas… »

Elle n’avait jamais été libre, ne le serait probablement jamais vraiment. Il ne lui restait plus qu’à espérer que la distance lui permette de relâcher un peu sa laisse. Pourtant, les mots énoncés lui donnaient un espoir, à peine une étincelle dans une galaxie de noir, mais suffisant pour lui faire se demander « et si… »

Pour le moment, elle était fatiguée de devoir courir, de cacher tout ce qu’elle était à tous. Sa tête vint s’appuyer contre la paroi tandis qu’elle se perdit dans la contemplation des mailles de son pull. Ce fut ce moment que choisit son ventre pour émettre un bruyant grognement. Une pointe de rouge vint se poser sur ses joues.

« Je suis désolée… »
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Message# Sujet: Re: I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane   I’ll tell you my sins and you can sharpen your knife - Stolas et Diane EmptyJeu 21 Oct 2021 - 20:56

I'll tell you my sins
and you can sharpen your knife

Come on in child, take my hand. ••• Le prêtre cessa de surveiller la nubile larmoyante, forcé de s'axer sur les ombres prolifiques qui avaient déjà avalé plus de la moitié de son corps ... Comme si l'entité qui le suivait, profitait des confidences de la dévoyée afin de raccommoder les ficelles de son fantoche acculé, et rendu inattentif. Un frisson désagréable eut parcouru l'autre; peut-être que c'était elle, qui tourmentait son existence, depuis sa trahison ...
Il secoua légèrement la tête, revenant à lui, sitôt que la jeune à la rue interrompit ce dangereux silence qui avait laissé croître les pensées délirantes du Sorcier maudit. Stolas se redressa, ayant ainsi dans l'idée de tenir un peu plus à l'écart ces ténèbres aux voix réprobatrices : il colla davantage son dos contre la planche de fond de son assise, si cela lui fut encore possible ... Une fuite dérisoire, n'ôtant guère cette vue glaçante devant lui ; un précipice d'obscurité dans lequel il croyait observer se dessiner quelques figures ... Des spectres enfiellés, de sa connaissance. Alors, il s'était permis de clore les paupières, sans craindre de s'endormir en compagnie de la petite brune, dans le cercueil qu'ils partageaient. Là où l'angoisse et la peur se rencontraient.

Comme la marée ramènerait à la berge les morts putréfiés d'un naufrage, le récit de la jeune femme le projeta quelques décennies en arrière ; notamment à l'aveu de sa fugue. Brièvement, il se demanda si, comme elle, la peur avait été le réel moteur de son propre départ, ou si la haine de vivre avait alors poursuivi son œuvre, à ce tournant de sa vie. Peut-être ne s'était-il agi que de mauvaises rencontres ; de malheureux choix... Le résultat de ses propres décisions.
Pendant un moment, il écarta ses lémures, et tenta de saisir le regard perdu de ce semblant de reflet d'antan, au travers de la paroi quasiment opaque. Son éreintement sembla avoir rendu le faux berger un peu plus sujet à la pitié ; peut-être parce qu'il se savait à genou. Et parce qu'il savait qu'une fois tombé, il ne se relèverait plus.

« Cessez de vous ronger les sangs pour celui qui a tenté de vous abuser, il n'en vaut pas la peine. Vous n'avez fait que vous défendre ... Et, même s'il vous en voulait, je doute qu'il soit capable de vous retrouver à en juger la valeur que vous aviez pour lui. »

Sauf si vous vous êtes dénoncée, de la même manière que vous l'avez aidé après sa correction, songea t-il. De cette altercation, le géniteur n'en retirera aucune leçon. Il aura simplement l'assurance que sa brebis, docile, fut incapable de lui faire le moindre mal. Avec un peu de chance, si les autorités n'étaient pas encore secouées par les alertes de la disparition de la fille, elle pourrait se fondre dans la foule de Los Angeles pour s'offrir un nouveau départ. Et, si elle était encore plus chanceuse, le bandage de fortune n'aurait pas suffi à sauver l'autre.

L'égarée se prononça à nouveau avec un désespoir presque contagieux, qui toucha subtilement le prêtre ; pendant longtemps, il avait pensé comme elle. Il avait agi comme si son existence n'avait jamais eu ni valeur ou importance ; même pour lui. Cela, dans le déni le plus total de son éphémérité, et de la malédiction planant sur sa tête. Mais, il n'échappait plus à ces murmures ... Dément ... Honte du sang ...
Peut-être possédait-elle un lignage moins chaotique ; un lignage qui ne l'avait pas déjà condamnée. L'humaine, si c'était bien ce qu'elle était, avait eu la volonté d'agir plus sagement que lui, même si l'aide qu'elle avait été trouver ne saurait la protéger de qui que ce soit par simple complaisance. Sa veine fut bien de croiser le prêtre noir maintenant qu'il était quasiment défait, loin de respecter ce pourquoi l'Enfer l'avait ordonné ... Malgré tout, cela n'avait pas été sans lui traverser l'esprit en apercevant l'agnelle, tout à l'heure.

« Les prisonniers le savent bien ... Avoir le ciel au dessus de sa tête n'a jamais signifié la liberté. C'est juste un autre décor pour la même tragédie. »

Si elle n'avait pas été si ordinaire, il aurait peut-être pu la mettre en garde. Chasser ses doutes, et l'orienter vers une voie un peu plus sécuritaire ... Il pourrait toujours la bercer d'illusions, puisqu'elle n'avait pas conscience des deux "mondes" se disputant les âmes de leur plan d'existence.

« ... Pourtant, croyez-le ou non, penser de la sorte est dangereux. Vous n'en saisirez la portée que lorsque vous l'aurez réellement perdue. »

Les ronces à ces paroles les rendaient d'autant plus difficiles à prononcer, qu'il avait l'impression de s'écorcher la gorge en admettant à demi-mot son échec. Un premier pas vers une dangereuse acceptation ...

« Ne vous embarrassez plus du passé, vous ne pouvez pas le changer de toute façon. Offrez-vous le renouveau que vous méritez ; Los Angeles reste une ville riche de possibilités pour vous, et suffisamment grande pour vous faire oublier. Je reste persuadé que- ... »

Le grondement qui émana de l'estomac de la brune l'interrompit net, pour rétablir un vide qu'elle s'empressa de combler avec des excuses. Dans le même temps, il se fit la réflexion qu'un tel discours ne lui appartenait pas ... Puis réalisa enfin qu'elle n'était peut-être pas juste une juvénile du coin ; la fatigue était propice à l'égarement. Mais, ce n'était pas toujours une mauvaise chose ...

« ... J'en déduis que vous n'avez probablement pas mangé depuis un petit moment. »

Elle n'avait pas fière allure, et si pour l'instant, la confession demeurait, il se demandait s'il ne lui offrirait pas l'une de ses dernières bonnes actions, aujourd'hui.

« ... Avez-vous quelqu'un chez qui aller .. ? »


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