Diane se sentait observée. Pas toujours, mais suffisamment pour qu’elle se retourne quelques fois sans jamais trouver la source de son malaise. Elle n’en avait parlé ni à Stefano, ni à Sean, sachant très bien que les deux hommes auraient insisté pour qu’elle soit accompagnée dans chacun de ses déplacements. Elle n’avait aucune envie de les embêter avec ses peurs infondées. Personne ne la suivait, se répétait-elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de chercher le visage de son père dans les foules.

Par chance, la bibliothèque était pour elle un refuge jusque là inviolé. Elle glissait parmi les livres, silencieuse et invisible. L’odeur poussiéreuse des vieux ouvrages la rassurait et elle prit une longue inspiration en caressant la côte des encyclopédies imprimées. Les atlas et les livres d’histoire lui avait sauvé un nombre incalculable de devoirs. Si elle n’avait pas connu de monde sans internet, elle n’avait pas non plus grandi avec les technologies. Parmi les bouquins, un titre attira son œil. La couverture était d’un rouge proche du vin et le titre, « Traité des créatures, » embossé sur la côte, lui disait qu’il n’avait rien à faire dans la section présente. Elle s’en saisit et prit quelques instants pour admirer la couverture. En haut à droite, un dragon crachait du feu sur les lettres. En bas à gauche, une sirène se faisait dorer sur un rocher. Elle retourna le livre, mais aucun résumé noircissait la couverture. Avec un haussement d’épaule, elle se dirigea vers son siège habituel, un des fauteuils, un peu éloigné du cœur de la bibliothèque.

Mais aujourd’hui, sa place était prise. Trop occupée à feuilleter ce drôle de livre, Diane ne remarqua la présence du brun que lorsqu’elle faillit se prendre les pieds dans ceux de l’intru. Un tout petit peu plus et elle serait tombée à plat ventre sur ses genoux! Remerciant son étoile de l’avoir sauvé d’un tel embarrassement, elle leva enfin la tête vers lui.

« Je ne vous avez pas vu, désolée. »