Le soleil était levé depuis plusieurs heures lorsque Stefano vint à ouvrir ses yeux. L’astre brillait de mille feux dans sa chambre, éclairant sa chambre aux murs épurés. Les rayons du soleil vinrent à le faire tressaillir. Ses pupilles n’étaient pas vraiment habitué à cette luminosité et encore moins au réveil. Après tout, Stefano s’était habitué à la lueur du jour mais il était une créature de la nuit, ses yeux préféraient l’obscurité à la journée. Son corps tout entier était fait pour chasser la nuit ou au crépuscule mais lorsque le soleil se levait, ses yeux avaient besoin d’un temps pour s’habituer à cette luminosité. Ses sens aiguisés mirent quelque minute à le faire. La brûlure vint à disparaître, Stefano en profitait pour se relever quelque peu, examinant ses messages sur son smartphone posé sur sa table de chevet. Il fronçait les sourcils en voyant que sa journée était vide de toute réunion qu’il aurait dû le faire se lever. Il se mit à penser que c’était un raclement étrange suivi d’un bruit sourd qu’il l’avait réveillé en sursaut. Un soupir vint à passer ses lèvres tandis qu’il vint à attraper une cigarette, la coinçant dans ses lèvres avant de se lever, étourdi par son sommeil écourté. Les créatures de la nuit détestaient le jour, généralement. Quant à Stefano, il ne détestait pas la journée. Il s’était même habitué à plusieurs siècles de vivre à la lumière car les hommes avaient bien compris que la nuit représentait une menace sérieuse. Cependant, son corps et lui-même préféraient la fraîcheur et l’aura mystérieuse de la nuit. De plus, ses sens aiguisés étaient meilleurs, une fois que la nuit vint à pointer son nez.
Seulement, en jogging, Stefano vint à descendre les escaliers suivant l’odeur alléchante qui émanait de la cuisine et les battements d’un cœur frêle. C’était celui de Diane, sa colocataire qui faisait la cuisine. Il savait que ce n’était pas sage de prendre une simple humaine comme colocataire. Elle vivait avec lui et verrait les étrangetés de sa vie. Non seulement, ses trucs excentriques qui allaient la faire virer barge à vie mais la partie la plus sombre. Il n’avait pas l’air d’être un vampire, surtout au niveau de son loft luxueux dans un beau quartier de LA. Beaucoup de baie vitrée, un style épuré digne des séries B. Le soleil entrait quasiment partout dans sa maison, la luminosité naturelle rendait l’appartement encore plus luxueux. Sa chèvre étant dans un petit jardin annexant la résidence. Descendant les escaliers d’un blanc éclatant à la rambarde noire, Stefano vint à allumer sa clope tout en s’approchant du plan de travail de sa cuisine ouverte. Diane était là, le regardant avec un petit sourire. Il savait que ce n’était pas sage de la ramener chez lui, avec son secret qui pourrait se dévoiler en un temps record si elle regardait plus attentivement les objets posés sur les étagères. D’ailleurs, c’était le seul indice qui pourrait lui indiquer quelque chose. Aussi, son mode de vie et ses excentricités. Cependant, lorsqu’il avait vu les yeux frêles, les yeux brisés mais magnifiques de la jeune fille, il s’était senti lié à elle d’une manière inexpliquée. Lui rappelait-elle son enfance ? Sa vie humaine ? Il ne le savait pas vraiment mais en tout cas, il voulait l’aider du mieux qu’il pouvait en lui offrant un toit, de l’argent pour les courses et une compagnie même si celle-ci était assez étrange.
Passant une main dans ses cheveux noirs bouclés en désordre, Stefano vint à s’asseoir tout en fumant sa clope, regardant son appartement avec un petit air frustré. Il était frustré de ne pas avoir dormi ce qui était sa nuit mais il n’en voulait pas à sa colocataire qui n’était pas au courant de ce qu’il était vraiment. Il regardait son appartement, mémorisant chaque objet qu’il avait amassé par-delà les siècles, certains datant même de sa vie humaine. Si seulement, elle avait un sens de l’observation, elle pouvait se dire que c’était bizarre. Bon, il fallait qu’elle sache lire le grec ancien pour y voir son véritable nom qu’est Stefano Kraisatheos. Stefano Kray était son nom anglicisé. Levant la tête, plissant les yeux pour éviter d’être ébloui par les rayons du soleil. Il avait d’ailleurs l’impression que ce soleil le narguait.
-Bonjour, Diane ! Peux-tu baisser les stores ? J’ai mal aux yeux ! Demanda-t-il d’une voix enrouée.
Ainsi, Stefano pouvait donner une impression d’avoir la tête dans le cul mais en réalité, le soleil bien qu’éclairant de ses rayons l’appartement lui brûlait la rétine. Il n’était vraiment plus habitué à vivre le jour. La luminosité ne faisait pas vraiment mal à ce moment, cela éclairait assez juste pour des yeux humains, assez de lumières mais pas trop. Au moins, avec Sean, celui-ci pouvait comprendre ce petit problème quand il se levait à une telle heure. Terminant, sa cigarette, il l’écrasa dans le cendrier. Il savait que la petite humaine ne fumait pas vraiment et que cela pouvait endommager ses petits poumons mais c’était une de ses addictions. Il devrait faire mieux la prochaine fois. Doucement, il vint à se lever, les yeux toujours plissés pour supporter l’éclairage naturel. Il vint à allumer la machine à café pour s’en faire un.
-T’en veux un ? Demanda-t-il en se retournant, les yeux encore plissés.
Les bras croisés, Diane regardait la grande poêle qui trônait au-dessus du fourneau, bien trop haut pour qu’elle puisse y accéder. Elle fit la moue avant de soupirer bruyamment. Si le soleil était déjà bien haut dans le ciel, Stefano dormait encore. Elle se pencha vers le couloir qui emmenait à la chambre se son colocataire. La porte était toujours fermée, comme depuis qu’elle s’était réveillée, un peu après le lever du soleil.
L’appartement était grand, suffisamment pour qu’elle puisse vivre sans déranger son hôte. Diane était reconnaissante d’avoir un toit au-dessus de sa tête, et elle n’était pas trop regardante sur les différents bibelots qui occupaient les étagères. À cheval donné, on ne regardait pas les dents. Particulièrement lorsque celles-ci étaient en or. La chèvre, par contre, était une nouveauté et elle se plaisait à passer du temps en compagnie de l’animal. Trop incertaine de quoi faire pour véritablement s’en occuper, elle se contentait de la couvrir d’affection, un sourire un peu niais au visage. S’installant à l’extérieur, proche de la biquette qu’elle venait de caresser, elle avait mis des écouteurs et lu le dernier livre qu’elle avait emprunté à la bibliothèque. Après quelques heures, la faim était trop forte pour qu’elle reste silencieuse.
Sauf que, voilà, elle n’était pas très grande et l’ustensile la toisait de son piédestal. Elle allait avoir besoin d’une chaise.
Avec toute la délicatesse dont elle était capable, elle tira sur l’un de tabouret. La force qu’elle y mit n’était pas suffisante et l’un des pieds glissa sur le carrelage, émettant un léger grincement qui fit grimacer la demoiselle. Elle retint sa respiration, arrêtant tout mouvement en épiant le couloir. Aucun signe de Stefano. Elle soupira et recommença la manœuvre, plus discrètement cette fois-ci. Une fois son escabeau de fortune bien placé, elle l’escalada. Elle n’était pas très habile en hauteur et essaya de faire au plus vite. Malheureusement, sa vitesse lui fit perdre l’équilibre. Elle eut juste le temps de saisir la poignée de la poêle avant de perdre toute notion du haut et du bas. Dans sa chute, elle eut la présence d’esprit de lever les bras. Ainsi, seul son postérieur se retrouva sur le comptoir et l’ustensil était sauf. Elle se releva avec plus de peur que de mal, passant tout de même sa main libre sur sa fesse endolorie. Le bruit sourd qu’elle avait fait en tombant n’était pas suffisant pour réveiller qui que ce soit, mais elle jeta tout de même un nouveau coup d'œil vers la chambre de Stefano. Toujours rien. Elle replaça donc le tabouret et entreprit de cuisiner l’omelette dont la simple pensée la faisait saliver.
Elle avait fini de couper les poivrons et de mélanger les œufs et le lait lorsque Stefano apparut. Elle sursauta lorsque son regard croisa la silhouette imposante. Cet homme était bien trop silencieux pour son petit cœur. Elle se figea telle une biche devant des phares. Stefano avait un air fâché et son sang ne fit qu’un tour. Elle se raidit, se préparant pour un coup alors qu’elle savait qu’il ne viendrait pas.
“Bonjour. Désolée de t’avoir réveillé,” marmonna-t-elle, se retenant de mordiller sa lèvre alors que ses yeux ne quittaient pas le sol.
Elle obéit lorsqu’il lui demanda de fermer les stores. Du coin de l'œil, elle observait sa figure. Il ne semblait pas avoir bu, ce qui la rassura un peu. Lorsque son père était sobre, elle réussissait souvent à négocier avec lui. Cela faisait suffisamment longtemps qu’elle vivait chez Stefano pour avoir compris un peu ses habitudes et sa personnalité. Il ne la frapperait pas, elle en était persuadée, mais on ne chassait pas 17 ans de frayeur d’un coup de baguette magique. Ainsi, elle gardait une distance raisonnable avec lui, se faisait aussi discrète qu’une souris. Pourtant, ses efforts ne semblaient pas suffir, car il était debout à une heure bien matinale, pour lui. En silence, elle se remit à sa cuisine. Elle accepta avec un sourire le café qu’il lui proposait, le remerciant du bout des lèvres.
“Est-ce que tu veux des oeufs? Sinon, je peux en mettre une partie au frigo pour plus tard.”
Ils n’avaient jamais mangé ensemble, leurs horaires étant en général trop différents, mais les plats qu’elle identifiait à son nom dans le frigo avaient disparu à son réveil. À voir sa tête, il était probable qu’un bon repas le réveille suffisamment. Mais comme ce n’était pas dans ses heures habituelles, il ne serait pas surprenant que son estomac ne se soit pas encore réveillé. Elle leva ses yeux bleus vers son bienfaiteur, jouant avec le bout de son chemiser, la tête subtilement rentrée dans ses épaules. Elle hésita à parler.
Stefano se maudissait intérieurement d’avoir emménagé dans une ville aussi ensoleillée. Il aurait pu aller dans le nord des Etats-Unis comme Chicago, une ville qu’il adorait à cause de son charme jazzy. Il aurait pu aller à New-York, s’enfoncer dans le Maine ou aller à Vancouver même s’il détestait le froid hivernal qui sévissait au Canada. Il adorait Los Angeles, sa saveur excessivement sucré. Le vent chaud qui caressait son visage, son air brûlant. Son odeur de fleur d’oranger qui flottait dans l’air. L’excentricité de cette ville géante lui plaisait. Los Angeles présentait bon nombre de charmes. S’il devait représenter Los Angeles. Elle ressemblait à un bonbon à l’orange frais et acidulé, calme et excentrique. Elle avait cette ambiguïté qu’il voit rarement dans une ville. Les seules qu’il adorait, étaient la Nouvelle-Orléans ou encore Chicago. Cependant, la Nouvelle-Orléans avait un charme différent de LA. Elle ressemblait à quelque de piquant mais tout aussi sucré. Quoiqu’il en soit, ce genre de grandes villes avaient une histoire, un passif, un présent qui restaient dans l’air. Elles étaient des drogues pour les êtres vivants. Quiconque posait un pied sur ce sol, ne voulait plus partir. Ces villes étaient des prisons aux barreaux dorés et claquants qui attiraient l’œil. Il ne se plaignait pas, il adorait ces villes où le monde bougeait incessamment. La ville était tellement grande, mouvante de nuit ou de jour. Elle était un parfait terrain de chasse pour une créature telle que lui. Des touristes affluaient, des habitants qui s’égaraient lors d’une nuit d’ivresse. C’était un terrain de chasse enivrant où les vampires savaient qu’ils auraient quelque chose pour combler leur faim.
Le seul mauvais point qu’il mettait à Los Angeles était sa météo quasiment toujours ensoleillé. A part quelques orages ou des averses de temps à autre, il restait la plupart du temps, régnant dans le ciel, ce soleil. Son ennemi qui peut être mortel si par malheur, sa bague se faisait enlever. Diane l’avait réveillé en sursaut mais Stefano ne lui en voulait pas. Après tout, cette petite humaine frêle et fragile ne pouvait pas savoir que sa véritable nature détestait la journée. Bien sûr, il lui arrivait de sortir le matin, mais c’était très rare lorsqu’il s’agissait de l’après-midi. A vrai dire, Stefano en avait perdu l’habitude car les humains avaient des horaires beaucoup moins limité qu’avant. De plus, lors d’une période historique, les humains préféraient vivre le jour pour éviter de mourir sous les coups d’une bête, d’un vampire ou d’une créature horrible provenant de l’enfer. Ils n’avaient pas totalement tort, plus sages que la plupart des humains d’aujourd’hui.
Il la regardait, cette petite humaine qu’il pouvait tuer en même pas une seconde, être embarrassée par son réveil matinal. Son petit cœur battait comme un petit colibri et elle fit quelque chose qui ressemblait presque à une invitation pour un vampire à ouvrir le cou tendre de sa victime. Se mordre la lèvre. Il se ressaisit instantanément à cette pensée. Il l’aimait bien, elle ressemblait à une poupée en porcelaine brisée par son passé trop douloureux. Une petite poupée qu’on voulait réparer. Elle avait besoin d’être rassurée, de lui être utile pour le remercier. Peut-être qu’un jour, il devrait lui dire sa véritable nature mais pas pour le moment avec le bordel surnaturel dans la ville. De plus, elle serait apeurée. Peut-être qu’il devrait mettre un peu de verveine dans son café. Veiller à sa sécurité comme personne. Elle allait le savoir tôt ou tard mais si elle le savait en sachant que Stefano veillait sur elle comme un gardien plutôt qu’un prédateur en quête d’une proie. Enfin, aucun vampire aussi débile qu’il soit, ne garderait une humaine dans sa maison pour la manger par la suite. Trop d’imprévu et trop de contrôle mis à l’épreuve. Stefano arrivait à cela en plusieurs millénaires mais un vampire jeune n’arriverait pas, surtout en écoutant son cœur battre et son sang couler dans ses veines comme une chanson hypnotique.
-Ce n’est pas grave, Diane, déclara-t-il avec un petit sourire en servant les deux tasses de café sur l’îlot central.
Elle vint à lui parler d’œuf et il retint à grand peine un cri du cœur et une grimace violente sur le visage. Un autre passage très mauvais de vivre avec une humaine, la nourriture. De cacher son sang et de devoir faire semblant de manger la nourriture dans le frigo.
-Non merci, je n’ai pas faim. Même s’ils m’ont l’air délicieux, je prendrais un hamburger sur la route pour le travail, répondit-il dans un mensonge pur et simple tout en buvant un café.
Stefano espérait qu’en buvant un café, cela pourrait l’aider à la tromper complètement. Après tout, il buvait autre chose que du sang.
-Oui, je travaille le soir et je dors la journée. Un peu comme un vampire, tu vois, répondit-il avec un sourire enjoué.
Il venait de lui avouer son secret d’une manière taquine. De toute façon, elle ne le prendrait jamais au sérieux. C’était si drôle de jouer avec son secret avec elle.
De son père, Diane avait appris à deviner les mouvements à venir. C’était par habitude qu’elle observait les mains de Stefano, ses yeux aussi, lorsqu’il ne la regardait pas, pour anticiper chacun de ses gestes, se reculer au besoin, mais plus probablement pour se préparer à l’impact. Pas une fois, elle n’avait eu à se crisper dans l’attente d’un coup, mais parfois, un frisson lui glaçait l’échine. Lorsque leurs regards se croisaient et qu’une ombre se dessinait sur les iris bruns de l’homme, disparue aussi vite qu’elle n’était apparue. Diane pensait souvent l’avoir imaginé, détournait le regard, et mettait sa peur sur le compte des fantômes qui lui marquaient encore le corps. Stefano n’était pas son père. Stefano ne l’avait jamais touchée, n’avait jamais montré de telles intentions. S’il avait des gestes à son égard, ils avaient toujours été tendres, dénués de volonté autre que de la soutenir. Et pourtant, malgré tous ces arguments, toute sa volonté, parfois, il la terrorisait.
Diane avait continué à mélanger les oeufs en écoutant sa réponse. Ses sourcils se froncèrent légèrement à l’idée du burger. Il leur manquait quelques victuailles et elle nota mentalement d’ajouter plus de légumes sur sa liste pour équilibrer la diète de son colocataire. Elle se garda bien de faire la remarque à voix haute, cependant, et se contenta de lui demander son plan pour la journée.
Elle ne put s’empêcher de sourire à la plaisanterie. Un vampire! Voilà ce qui manquait pour compléter son entourage. Si elle se demandait parfois pour quelles raisons Stefano et Sean étaient en bons termes, ce genre de blagues expliquait l’amitié entre les deux hommes.
« Je dois comprendre qu’il faut que j’arrête d’acheter de l’ail, c’est ça? » demanda-t-elle, la mine faussement sérieuse et le regard amusé.
Diane mit la poêle sur le feu et attendit que l’huile soit chaude pour y verser le contenu du bol. Elle aimait cuisiner, partir d’ingrédients banals pour arriver à un plat sophistiqué. Il fut un temps où elle n’avait que des nouilles instantanées et une casserole au manche fondu pour explorer sa créativité culinaire, mais ici, elle avait accès au top du top des ustensiles. La plupart semblaient même neufs, et elle se demanda en y pensant pourquoi la cuisine était si bien équipée si Stefano préférait manger dehors. En attendant que l’omelette cuise, elle se retourna vers son colocataire, sa tasse de café dans une main, son bras libre enserrant sa propre taille.
« Est-ce que tu cuisinais, avant que j’arrive? »
Si oui, elle n’en avait trouvé aucun indice. Elle se demandait, d’ailleurs, quel genre de plats il préférait. Il ne s’était jamais plaint de ses créations, mais n’avait pas non plus évoqué de préférence, contrairement à Eva ou à Sean. Diable, elle ne savait même pas s’il avait des allergies! Par chance, elle n’avait pas encore cuisiné avec des arachides.
« Est-ce qu’il y a quelque chose que tu ne peux pas manger? Que je sache quoi ne pas prendre. » Ce serait dommage de l’empoisonner sans savoir, tout de même.
Heureusement que Stefano avait une bonne retenue concernant les envoûtants humains qui ignorent à quel point, ils étaient tentants. Diane ne savait pas à quel point, elle était le type de proie que les vampires aimaient tant. Innocente avec des yeux de biches, ignorante du monde surnaturel, un sang hypnotisant, un petit corps frêle et sans défense et en plus de cela, elle était une personne solitaire et isolée qui pouvait disparaître sans que personne ne s'en soucie. Son père, sa seule famille encore en vie d'après elle, se fichait d'elle et sa classe sociale ne permettait pas une recherche acharnée. Heureusement pour elle que Stefano l'avait pris sous son aile et avait bien déclaré à tout le monde de ne pas toucher cette faible créature qui remuait en lui, un sentiment paternel. Il voulait l'aider à s'en sortir dans la vie, lui donner une certaine classe sociale en cas de disparition inquiétante . Stefano n'était pas dupe, la jeune femme avait beau être sa protégée proclamée, était un peu plus protégée par lui et son entourage mais Diane n'était pas hors danger pour autant.
Diane était magnifique, elle ressemblait aux grandes dames du Moyen-Age qu'il avait courtisé pour mieux assouvir ses besoins naturels de se nourrir ou d'une manière sexuelle. Il eut un petit sourire au siens face à sa plaisanterie concernant l'ail. Si seulement, c'était de l'ail qu'il ne pouvait pas ingérer, c'était visible, cela sentait fort, tout le contraire de la veine de venus.
-En remarque, ça schlingue comme pas possible, vaut mieux de l'oignon, déclara-t-il sans pour autant comprendre ce qu'il venait de dire.
Stefano ne se souvenait pas vraiment du goût de ces aliments comme l'oignon ou l'ail. Il n'avait même plus le souvenir du goût de l'olive dans sa bouche, qui était son aliment préféré ainsi que le raisin. Il pouvait boire des choses qui étaient proches mais ce n'était pas pareil. Cela ne serait jamais plus pareil. La question de Diane le désarçonna complètement. Si seulement, elle savait qu'il n'avait rien à cuisiner car son repas était souvent prêt et chaud à tout moment. Un jour, peut-être, il lui dirait complètement la vérité.
-Non, pas vraiment, répondit-il d'un ton ennuyé. Tu sais, avant d'être propriétaire d'une boîte de nuit huppé , j'étais avocat pour des gens riches, j'étais plus à l'extérieur ou trop fatigué pour cuisiner, sans doute, que mon corps a pris l'habitude comme ça[/b], ajouta-t-il en mentant presque totalement sur sa réponse.
Elle devait se douter de rien, de sa véritable nature, de la partie sombre et obscure de la ville qui vivait lorsque la lune avait son plus bel éclat dans le ciel étoilé. Une autre question vint et celle-ci pouvait être plus utile afin d'éviter un empoisonnement accidentel.
-La verveine, à boire, à manger, à toucher, je suis vraiment allergique à la verveine, vaut mieux éviter d'en avoir dans la cuisine, limite, l'odeur me dégoûte,déclara-t-il en disant la totale vérité sauf pour l'allergie et l'odeur.
Le but était qu'elle évite la verveine, elle aussi, afin qu'il puisse l'hypnotiser en cas d'éventuel accident, mais , faudrait qu'elle évite le pouvoir de l'hypnose, peut-être devrait-il faire quelque chose à cela. Quoiqu'il en soit, il devrait faire quelque chose.
-Et toi, histoire de ne pas me tromper, t'es allergique à quelque chose ? Demanda-t-il curieux.
Diane avait du mal à imaginer une vie passée à manger au restaurant. Pour elle qui comptait chaque centime dépensé, et qui adorait la cuisine, une telle activité lui semblait aussi superflue que frivole. Pourtant, sous ces pensées rationnelles, une toute petite voix chuchotait sa jalousie. Elle chassa l’émotion d’un coup de spatule un peu trop enthousiaste entre l’omelette et la poêle et elle se mordit la lèvre lorsqu’un morceau d'œuf atterrit sur le comptoir. Du coin de l’œil, elle observa la réaction de Stefano tout en ramassant sa bêtise.
Le fait qu’il se satisfasse de sa cuisine avait un côté flatteur. Il avait clairement les moyens de se payer les meilleurs chefs, alors qu’il avale ce qu’elle faisait sans se plaindre devait signifier quelque chose. Diane ne put retenir un sourire satisfait en séparant le plat maintenant cuit entre une assiette et une boîte. Cela ferait un repas s’il changeait d’avis. Au pire, elle le mangerait le lendemain.
« J’aime bien l’ail, » répondit-elle simplement à la diatribe contre l’ingrédient. « Mais je note. »
Lorsqu’il mentionna son allergie à la verveine, elle fronça les sourcils. Elle n’avait jamais entendu parler d’une telle chose, mais là encore son manque de connaissance en la matière et de personne avec qui discuter expliquait la situation. Peu déterminée à empoisonner son bienfaiteur, elle acquiesça.
« Pas de verveine, donc. Je note aussi. »
Sa question sur ses allergies à elle la prit de court, si bien qu’elle abandonna sa tâche de prendre des ustensiles, tiroir ouvert, pour y réfléchir. Elle n’avait jamais eu de réaction à quoi que ce soit, mais ses expériences alimentaires étaient limitées.
« Peut-être les fruits de mer? Je n’en ai jamais mangé. »
Les McCullough n’en avaient jamais eu les moyens, même lorsqu’ils étaient en solde. Même lors des repas de Noël, lorsque sa mère était encore en vie et qu’ils se permettaient un petit festin, elle n’avait jamais vu de produit de la mer sur sa table. L’idée que sa mère ait ignoré ces plats à cause d’une allergie restait probable.
Perdue dans ses souvenirs, Diane ne regarda pas le tiroir des ustensiles lorsqu’elle voulut s’en prendre. Ses doigts fouillèrent parmi les fourchettes, les cuillères et…
« Aille! » Dans un sursaut, elle retira sa main et la regarda. Une goutte carmin décorait le bout de son index et elle porta la blessure à ses lèvres. Un bref regard lui indiqua le coupable: un couteau à steak, dont la pointe gardait une tâche d’un rouge sombre.
C’était étrange de voir une humaine, ici, papillonner dans sa cuisine comme si rien n’était. Pourtant, elle devrait voir, elle devrait regarder Stefano comme il était, noter chaque chose étrange. Elle était si jeune, si adorable, ne voyant que les bons côtés des personnes, tout en se méfiant d'eux. C'était étrange. Pour autant, elle ne se méfiait pas de lui et c’était une source de problème plausible. Il était le prédateur dans la pièce et il était plutôt avare sur la viande mais pas sur le sang frais qui coulait dans ses veines. Il le voyait faire battre ses veines dans ses veines, presque, il pouvait sentir sa chaleur sur sa langue. Cependant, il se contrôlait, se contentait de l'observer tout en se léchant pensivement les lèvres comme pour laver l’idée du goût et sa saveur. Il en avait déjà une idée assez précise à chacun de ses mouvements. C'était presque un défi pour lui, de se retenir et de se contrôler. Pour un vampire jeune, cela aurait été impossible mais pour un vampire millénaire, qui avait un peu plus de 2000 ans, c'était presque facile. Il essayait de se concentrer sur autre chose que ses battements de cœur, comme les passants dans les rues, les conversations étranges des voisins d’en face. La télévision, si elle était allumée. Il ne la touchait quasiment jamais même si de ce côté, il pouvait parfaitement se retenir. Après tout, combien de fois avait-il couché avec des humaines sans les mordre ? Aucune mais il savait qu’il pouvait arriver. C’était juste un gros gourmand. Cependant, avec son âge, il savait que tout pouvait arriver d'une seconde à l'autre et qu’il ne fallait mieux pas tenter le diable.
Il la vit mettre un repas tout en lui indiquant qu’elle prenait note de ses remarques. Un froncement de sourcils apparu. Il allait devoir passer chez quelqu’un pour déposer celle-ci afin qu’il puisse profiter de ce repas. Il eut un soupire car il ne pouvait pas ingérer cela. Ses canines aiguisés et ses dents détestaient les aliments solides et la saveur n’était pas appétissante du tout. La réponse à son allergie le surprit tout autant.
-Comment tu peux savoir que t’es allergique si tu n’en as jamais mangé ? Demanda-t-il ébahi avant de saisir. Attend, tu n’as jamais mangé de fruits de mer ?! Faut réparer ça, je vais te donner de l’argent si tu veux aller en manger avec une amie, je paye, déclara-t-il avant de se saisir d’un pot à cookie, rempli de gâteaux.
-Euh pourquoi il y a des gâteaux, là où je cache mon herbe et mon argent ? Demanda-t-il d'une manière rhétorique à voix haute avant de sortir une liasse de billet, équivalent à 400$. Tiens, ça devrait faire l’affaire, au pire tu t’achèteras des choses, c’est le moins que je puisse faire pour te remercier de faire la cuisine, ajouta-t-il en posant les billets sur la table.
Ce qui arriva ensuite, il n’a jamais pu le prévoir. Des aléas de la vie qui pouvaient tourner au drame si seulement son corps n’avait pas eu le réflexe de se contrôler. Il sentit la chair se déchirer, l’hémoglobine se précipiter vers la blessure. Ses canines lancinaient et il s’empêcha de complètement respirer afin d'éviter que l’odeur du sang chaud qui coulait de sa plaie. Il eut une grimace tandis que son envie était tournée vers la plaie. Ses yeux ne pouvaient pas quitter la plaie comme un plaisir masochiste. Ses pupilles dilatés car son instinct de chasse, son instinct de se nourrir. Ses canines étaient sorties et il les plantait délibérément dans sa langue, pour tenter de les contrôler. Doucement, il prit une petite inspiration, l'odeur lui parvint et petit à petit, ses canines se rétracta. Néanmoins, il attendit que sa langue ait guéri avant de s’avancer. Respirant très peu afin d’éviter que l’odeur réveille ses pires instincts et que la jolie Diane finisse comme petit déjeuner. Elle avait eu de la chance, qu’il s’était nourri, il y a très peu de temps et qu’il soit aussi vieux pour se contrôler à maximum.
-Ca va ? Demanda-t-il un peu inquiet.
Il était à la fois étonné et impression que cette humaine ait survécu aussi longtemps à LA sans lui. Elle était innocente, fragile et avait une odeur des plus alléchantes. Elle aurait dû se faire croquer, presque tout de suite.
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Les bras croisés, Diane regardait la grande poêle qui trônait au-dessus du fourneau, bien trop haut pour qu’elle puisse y accéder. Elle fit la moue avant de soupirer bruyamment. Si le soleil était déjà bien haut dans le ciel, Stefano dormait encore. Elle se pencha vers le couloir qui emmenait à la chambre se son colocataire. La porte était toujours fermée, comme depuis qu’elle s’était réveillée, un peu après le lever du soleil.