Il s'était enfui, avait mis les voiles, s'était envolé sans un mot, sans une trace, laissant une mère en crise et en larmes qui tapotait avec vitalité à la porte du Régent de son Coven. Karl Fitzgerald, qui avait passé la nuit à son bureau, en charmante compagnie, se réveilla non sans difficultés. D'un regard, il incita la jeune femme à se rhabiller à l'abri des regards tandis qu'il rangeait ses vêtements et enfiler un peignoir et un pantalon « - Deux minutes, j'arrive ! » Il noua la ceinture pour mieux retenir l'habit, s'assura que la jeune femme avec qui il avait passé la nuit, ne soit plus à portée de vue et s'enquit d'ouvrir pour faire face à la mère désespérée qui peinait à reprendre sa respiration tant les pleurs redoublés en intensité. « - Voulez-vous asseoir ? » Elle acquiesça. « - Voulez-vous boire quelque chose ? » Elle acquiesça à nouveau. Karl lui tendit alors une boîte de mouchoirs et fit bouillir de l'eau pour préparer du thé, préférable à une tasse de café en de telles conditions. Puis il prit place à son bureau, s'excusant en amont pour la tenue. La mère ne s'en était même pas soucié, une chance. Son fils, que Fitz avait récupéré aux confins de Black Stone Street, avait à nouveau fugué. Karl se senti alors coupable de n'être parvenu à le raisonner, lui qui avait pourtant passé plus de 48 h en sa compagnie.
« Je ne veux pas qu'il se tourne vers la magie noire ! Je ne veux pas le perdre » n'avait-elle de cesse de faire entendre au Régent de Red House qui prenait sur lui pour garder son calme. « - Madame, il faut vous reprendre ! Ce n'est pas une cause perdue. Ecoutez, j'ai des contacts à la BACS. Je vais les contacter au plus vite. Nous allons trouver votre fils et vous le ramener, je vous le promets ! » Et Karl Fitzgerald était un sorcier de parole et près à se salir lui-même les mains pour récupérer une brebis égarée. C'est donc sur ses mots, que la mère, moins désemparée, mais toujours soucieuse d'être constamment tenue au courant, quitta le bureau et le coven de Red House.
Comme convenu, le régent fit jouer ses contacts pour les prévenir de la fugue d'un jeune sorcier. La probabilité qu'il soit à Black Stone Street était grande, trop pour être ignoré. Et puis sur place, Karl avec ses indics, ses contacts, des personnes en qui il pouvait avoir confiance malgré l'inhospitalité des lieux. Après avoir gentiment congédié son plan d'un soir, il s'habilla, arborant une tenue moins ostentatoire qu'à l'accoutumée, histoire de ne pas être reconnu trop rapidement lorsqu'il serait amené à arpenter les rues sombres, mais il se refusait encore à faire l'impasse sur sa Chevrelot Corvett noire de 1958, qui l'accompagnait dans la plupart de ses déplacements. Il regagna donc Black Stone que les mortels ne pouvaient voir, à cause du sortilège qui sévissait encore en ces lieux de débauche pour les plus prudes. Le régent se fondit aussitôt dans la masse et regagna l'un des pubs fréquemment occupé par la racaille. « - Un verre d'hydromel s'il vous plaît ! » Il sortit de quoi s'acquitter de sa note et fixa les environs à la recherche d'un visage familier. Il ignorait où se trouvait le gamin, mais avait bon espoir de le trouver ici. Il récupéra donc sa boisson et alla se poser dans un coin, un peu en retrait.
La vie commence là où commence le regard.Zéphyr & KarlSi on a tous un super-pouvoir, il est certain que le tien, Zéphyr, ce serait de te foutre dans la merde dans un temps record... « C’est d’un glauque… »
Et c’est le cas. La rue dans laquelle tu as tourné était sombre, écoeurante et angoissante. Tu y es déjà venu pourtant quelques fois. La première, c’était par curiosité, pour faire le fort devant tes potes de l’école. La seconde, lorsque tu avais appris la mort de Lys, t’avait fait miroiter quelques instants que la nécromancie pourrait régler tes problèmes, mais tu avais pris peur en voyant un mage faire. Et tu en es donc à la 3ème fois…
La tête rentrée sous les épaules, la capuche de ton sweatshirt noir rabattue sur ta tête, tu avances rapidement en cherchant du coin de l’oeil un indice. Tu ne sais pas vraiment ce que tu cherches, dans le fond. Tu n’es qu’un gamin de 23ans qui s’est persuadé que la vie après la mort pouvait exister, et que si c’était le cas, alors la solution se trouve ici. Black Stone Street.
« Alors mon garçon, tu veux te venger d’un ennemi ? Forcer le coeur d’une fille ? -Je… Non ! »
Tu prends peur quand les doigts de la femme, magnifique au point d’en être mortelle, se referment sur ton poignet. Tu recules, et d’un mouvement brusque, tu récupères ta liberté pour partir en courant. Tu as peur et tu es paumé. Dans le fond, Zéphyr, tu ne pensais pas que ce serait si dur de trouver tes réponses… peut-être que tu aurais dû commencer par la magie de sang ?
C’est dans un bar que tu entres comme une tornade poursuivie par la Horde Sauvage. Tu refermes la porte dans ton dos en faisant un bruit énorme et un instant, la salle se tait pour t’observer. T’as l’air d’un fuyard ou d’un drogué. L’un et l’autre ne sont pas complètement faux, dans le fond. En tremblant, tu t’installes dans un coin de la pièce, en espérant te faire oublier.
« Naaan pas encore… »
Ça t’échappe des lèvres quand tu vois deux silhouettes se découper près de toi, étirant une ombre inquiétante sur la table. Tu papillonnes quelques instants, en espérant les ignorer et que ça suffira… mais non, ça ne marche pas comme ça ici. Une main puissante se pose sur ton épaule et tu relèves les yeux vers eux en couinant.
« Qu’est-c’que j’peux pour vous, les gars ? »
Et voilà, 3ème visite et en 10 minutes tu t’es mis dans de beaux draps. T’es un champion, parfois. :copyright: 2981 12289 0
Il avait choisi une table à l'écart, le bon angle en somme pour observer sans être vu. Faisant rouler avec habileté une pièce sur ses phalanges, Karl tendait l'oreille pour capter les conversations en cours. Peut-être parviendrait-il à entendre des choses intéressantes en plus de quelques hypothétiques indices sur un groupe dont il ignorait jusqu'au nom et qui n'était certainement pas étranger à la disparition du jeune sorcier qu'il était venu récupérer en ces lieux obscurs. Puis il laissa traîner ses yeux perçants, de-ci de-là, histoire de graver quelques visages dans sa mémoire. Dehors, Maze son familier, tapis dans l'ombre, observait lui aussi les environs et communiquait instantanément avec son maître, toujours assit à sa table. Il avait à peine trempé ses lèvres dans le verre qu'il tenait en main. L'hydromel infâme, lui faisait regretter de ne pas avoir opté pour un traditionnel verre de Whisky, bien tassé de préférence ou du thé, mais il était difficile de concevoir en trouver ici. De nouveaux arrivants firent leur entrée, des habitués à en juger par la façon dont ils s'adressaient à la personne au comptoir. « J'aurai peut-être dû commencer par-là » songeait-il en retentant l'amère expérience de la dégustation en espérant que la deuxième gorgée soit la bonne. Il eut à peine le temps de délester la chope d'une gorgée, que la porte s'ouvrit à la volée avant de se refermer tout aussi rapidement sur un jeune homme « légèrement » ébranlé. Les regards s'étaient tout naturellement focalisés sur lui et les conversations stoppées.
Karl fronça les sourcils en posant son regard sur le jeune intrépide. Son look, son attitude, tout chez lui laissait à penser qu'il était un aimant à problème et peut-être (avec un peu de chance) un jeune susceptible de mener Karl au sorcier qu'il était venu récupérer de gré ou de force. Mais de toute évidence, le gars semblait accaparé de toutes parts et pas ravi de susciter autant d'attention. Le régent se leva alors, récupéra son verre et avança vers la table du nouvel arrivant. « - Ah vous voilà enfin. Vous en avez mis du temps, je vous attends depuis facilement vingt minutes » Il espérait ainsi faire fuir les indésirables et pouvoir converser avec le jeune homme qui avait peut-être des informations à lui transmettre. Puis sans rien ajouter et avec l'audace qui le caractérisait, le régent de Red House prit place « - Pourriez-vous s'il vous plaît avoir l'obligeance de nous laisser maintenant ? » lança-t-il aux indésirables.
La vie commence là où commence le regard.Zéphyr & KarlSi on a tous un super-pouvoir, il est certain que le tien, Zéphyr, ce serait de te foutre dans la merde dans un temps record... T’es en panique, tu dois bien le reconnaître. Ces types te font vraiment peur et en plus, t’es dans un coin que, finalement, t’as plus vraiment envie de fréquenter. Tu es venu ici en te disant que ça ne pouvait pas être “si” horrible. Tu repartiras avec la peur latente d’y remettre les pieds. À moins que tu n’en repartes pas ? Oh merde…
Tu es en train de lever les yeux sur le gros type qui te souffle une odeur dégueulasse dans la tête quand une voix, ma foi forte polie, coupe le mec dans son élan pour te parler. Vous tournez tous les deux vers l’origine et tu y découvres un homme. Mais alors, pas un poivrot comme 90% des gens ici. Celui-là à l’air à peu près potable et surtout en bonne possession de ses moyens. Et… wow, il t’aide !
« Oh ouais heu… Désolé monsieur, je me suis perdu. »
Monsieur… Tu l’as appelé monsieur comme si c’était un étranger. Enfin si, c’en est un, mais là il faisait comme si c’en était pas un. T’es vraiment pas aidé par la vie, parfois, mon gars. Tu rentres un peu plus la tête dans les épaules et tu te prépares à ce que les types grillent le faux-pas, mais l’homme (le même, ton sauveur) leur demande de partir.
Les gars se figent et tu retiens ton souffle. Faites qu’ils vous frappent pas. Dieu, si y’en a un qui existe, faites que.. Oh ! Ils partent. Genre comme ça, sans râler plus ou même lâcher une insulte. Ils… DIEU EXISTE !
« Merci… Tu souffles en te relâchant sur le siège, et c’est limite si tu glisses pas sous la table en soupirant. J’savais pas comment me dépêtrer de types comme ça et… vous m’avez bien sauvé les miches. »
Tu lui fais signe, en même temps, de s’installer là s’il le veut. Tes yeux papillonnent sur la salle, plusieurs fois, pour t’assurer que les gens ont enfin cessé de te regarder et tu reviens à l’homme. Il ressemble à un chic type, t’en as du bol dans ton malheur.
« J’m’appelle Zéphyr. Vous trainez souvent dans le coin ? Je cherche des renseignements sur la sorcellerie. »
Ça ne t’effleure pas que tous les types ici cherchent des infos sur la sorcellerie, en faite. C’est ça toute l’ingénuité qui te caractérise, hein. :copyright: 2981 12289 0
« Les gens ont une mauvaise image des sorciers, c'est ainsi mon chéri et c'est à toi d'y remédier. Montre-leur le meilleur de ce que tu es. L'altruisme est une qualité importante ne l'oublie jamais. Même si le monde te paraît dur, horrible et parfois austère, n'oublie jamais qu'il faut toujours aider son prochain. » « - C'est comme jouer les héros ? » « Exactement, sois un sorcier super héros mon chaton »
Il n'avait que huit ans à peine lors de cette conversation avec sa mère et s'en souvenait comme s'il l'avait vécu la veille. Penelope Fitzgerald ne quittait jamais son fils et hantait ses rêves, plus encore ces derniers temps. D'elle, Karl avait hérité la générosité, la tolérance et cet altruisme qu'elle revendiquait sans cesse. Une qualité qui lui avait joué quelques tours, surtout lorsqu'il s'introduisait « mode bourrin grand seigneur » au cours d'une conversation où il n'avait point était convié en amont. Ne se démontant pas, le régent de Red House fixait avec intensité les indésirables à tel point que si ses yeux eurent été des armes, les zigotos auraient été fusillés sur place sans sommation. « - Je ne vais pas le répéter, messieurs » L'hostilité était à son paroxysme, mais la voix de Karl demeurait calme et posée, comme si de toute façon, il avait le contrôle de la situation. Les énergumènes, bien que supérieures en nombre, ne purent se résoudre à lutter et mirent les voiles aussi vite qu'elles étaient apparues.
« - Pas la peine de me remercier, c'est normal. On repère vite les étrangers par ici et ils font une proie facile. En tout cas, je suis ravi de vous avoir sauvé les miches. » Le jeune garçon toujours un peu sonné certainement, consentit toutefois à laisser son sauveur d'un jour prendre place, ce que fit Karl sans se faire prier bien sûr. « - Moi, c'est Karl » Il se contenta de son prénom, c'était bien assez et puis n'étant pas certain d'être à l'abri de quelques oreilles indiscrètes, il préférait encore jouer la sécurité.
« - Si je traite souvent dans le coin ? Non ce n'est pas le genre d'endroit où j'aime être. Et je ne traite avec personne, je ne suis pas ce genre de sorcier. Toutefois, je serais peut-être à même de vous fournir des informations » et d'en récupérer à son tour, car même si le dénommée Zéphyr semblait sympathique, il n'en demeurait pas moins louche aux yeux du régent, qui pensait alors être sur une bonne piste dans son investigation. « - Alors, dites-moi tout ! En quoi puis-je vous aidez ? Vous n'êtes pas du coin n'est-ce pas ? »
La vie commence là où commence le regard.Zéphyr & KarlSi on a tous un super-pouvoir, il est certain que le tien, Zéphyr, ce serait de te foutre dans la merde dans un temps record... L’homme s’installe et tu ne peux pas le quitter du regard. Il y a une force en lui qui te maintient dans un respect impressionnant. Toi qui tutoies presque toujours tout le monde, tu l’as vouvoyé, ça en dit long, de toute façon. Donc voilà, ouais, tu es installé sagement (ou presque) de ton côté de la table et tu dardes un regard plein de respect pour ton sauveur. Si tu pouvais encore le dire, tu dirais qu’un jour, quand tu serais grand, tu voudrais être comme ce monsieur. Fort et qui impose le respect. Sûr de lui aussi.
« Une proie facile ? Pour quoi ? Tu es vraiment naïf quand tu le veux, et tes yeux quittent enfin le visage de ton sauveur, Karl comme il vient de te le dire, pour chercher ceux qui sont venus te terroriser. Ils me voulaient quoi, à votre avis ? »
Un frisson de terreur remonte enfin le long de ton dos, alors que tu envisages le fait que, oui, peut-être, ils voulaient vraiment quelque chose de dangereux pour toi. Peut-être qu’ils souhaitaient te voler ta magie ? Ou te sacrifier sur un autel ? Ou… Oh non, tu ne préfères même pas y songer plus, ça te rend malade.
Tu t’enfonces dans ton siège, alors que Karl t’explique qu’il ne fait que peu d’affaires dans le coin, mais qu’il peut, peut-être, te renseigner quand même. Et tu t’es tellement fait peur à imaginer les raisons pour lesquelles ces types te cherchaient des noises que tu te montres tout à coup méfiant. Tu serres tes mains l’une dans l’autre pour te contenir, et tu finis par murmurer :
« Je me suis perdu ? Je ne sais pas trop, je suis curieux et j’ai déjà entendu parler de cet endroit, et je voulais voir à quoi il ressemblait. Tu mens mal, tu le sais, c’est pour ça que tu déformes juste un peu la réalité sans complètement mentir. Je voulais en savoir plus sur tous les types de magie, pour ne pas finir bête. »
Tu as lâché ça sans te dire que si Lily t’entendait, elle hurlerait probablement de rage. Tu adresses un demi-sourire gêné et perdu à l’homme avant de venir reposer ton regard sur tes mains pour cacher ton trouble. Tu as toujours peur des réactions des autres sur ce genre de sujet.
« Vous êtes un sorcier vous aussi ? »
La question est stupide et ça te ressemble bien. Tu te mords la lèvre inférieure comme pour te punir de ta propre question et tu finis par soupirer longuement en relevant les yeux vers lui, l’air plus déterminé.
« Je veux savoir ce que permettent les magies de sang et noire. Pas que je veuille les utiliser, mais j’ai besoin de comprendre par moi-même pourquoi on m’a mis en garde contre elles. » :copyright: 2981 12289 0
Finalement, peut-être que les apparences étaient trompeuses et que ce genre de garçon sûrement plus excentrique qu'autre chose, ne constituait aucune menace. Et puis à bien y regarder, Karl se demandait s'il n'avait pas déjà rencontré ce jeune homme quelque part. L'impression de déjà-vu était telle, qu'il fouilla dans un recoin de sa tête pour essayer de reconstituer un puzzle qui n'en était pas un, mais qui demeurait un mystère, mais un mystère fort sympathique malgré tout, assez pour que Karl se montre prévenant à son encontre. « - Vous n'êtes pas vraiment d'ici n'est-ce pas ? » C'était évident, sinon quoi il ne serait pas ici à se demander à quelle sauce il aurait pu être mangé. « - Ne vous en faites pas, ce ne sont que de vulgaires petites frappes à deux balles. Ca grogne en meute, mais ça ne mord pas. » Il observait lui aussi les indésirables qui avaient mis de la distance presque aussitôt. Karl trouvait ça trop facile à tel point qu'il se demandait s'il n'avait pas été reconnu, après tout ce n'était pas la première fois que le régent de Red-House traînait par ici.
Délestant ces gangsters en carton du regard, Karl reporta toute son attention sur son interlocuteur, qui enfonçait dans son siège, ne semblait pas plus à l'aise pour autant. Karl tenta alors de se montrer rassurant, à sa façon, en proposant ce qui ressemblait à un échange de bons procédés, histoire que personne ne se sente flouée dans l'histoire. Mais avant tout, il lui fallait s'enquérir de la situation du jeune garçon et connaître, ne serait-ce qu'un bout de son histoire, s'il consentait à le lui donner pour au moins enrichir la conversation. « - Ah, on peut vite se perdre à Black Stone Street, mais si vous voulez mon avis, ce n'est pas ici que l'on apprend quoique ce soit, à part avoir des ennuis. L'Académie de Ravenwood pourrait vous renseigner ou il n'est pas à exclure que je puisse vous aider » Il était toujours légèrement mal à l'aise. Mauvaise pioche ! Toutefois, la question qu'il laissa entendre, posée avec candeur, fit sourire aussitôt le régent de Red-House. « - Il est fort probable que oui » La question devait certainement lui paraître stupide et sûrement s'en était-il rendu compte en la posant, mais pour Karl cette réaction faisait montre d'une naïveté non-hostile, du moins c'était le cas avant que le jeune Zeph ne pose sa dernière question, arborant cette fois, plus de détermination dans l'attitude. Karl fixa à nouveau les clients de l'échoppe, comme s'il craignait d'être entendu puis se rapprocha en prenant soin de baisser la voix « - Laisse-moi te dire mon grand, que tu vas aux devants de graves ennuis si tu cherches à t'intéresser de trop prêt à la magie noire. Mais dis-moi, cette personne qui t'as mis en garde contre la magie de sang et noire, je suppose qu'elle pratique la magie blanche n'est-ce pas ? » Il avait bien une petite idée sur la personne, mais préférait l'entendre de la bouche de ce jeune garçon dont il ignorait tout.
La vie commence là où commence le regard.Zéphyr & KarlSi on a tous un super-pouvoir, il est certain que le tien, Zéphyr, ce serait de te foutre dans la merde dans un temps record... « Je suis… D’ici et là, mais je viens de L.A. Tes yeux se détournent des sales types pour revenir à ce qui semble être pour toi un “bon” type. Que des petites brutes ? Je dois moins les convaincre que vous qu’il ne faut pas m’emmerder, alors. »
Tu doutes un peu que tout le monde puisse arrêter ce genre de sale types juste d’une parole comme Karl l’a fait. Tu as bien l’impression qu’il y a quelque chose de plus que sa prestance qui a fait peser la balance de son côté. Et quand tu fouilles dans ses yeux, Zéphyr, tu entrevois un début de réponse. Il y a quelque chose de plus que sa carrure et son assurance. Il y a cette force de savoir que les autres se tiendront en respect. Mais qui est-il ?
« L’académie ? Tu t’étonnes qu’il me mentionne, et une grimace particulièrement laide s’inscrit sur ta face. S’il vous plait, on n’y apprend rien, comme dans toutes les écoles ! Moi je veux savoir les vraies choses. »
Tu as dit ça sans réfléchir, sans te retenir. Et tu sais que ça en dit long sur toi. Tu as toujours détesté l’école, et ça n’a pas changé la donne quand c’est une école de magie que tu as fréquentée. Tu étais nul au lycée, tu as été tout aussi pathétique dans cette académie. Mais ce n’est pas le sujet. Et tu le chasses justement d’un mouvement de main écoeuré.
Tu en reviens à ce fameux sorcier, et tu continues de l’observer, même si tu ne peux retenir tes iris de tourner, par moment, vers le reste de l’endroit, histoire d’être certain que personne ne va se jeter à votre gorge (la tienne surtout) sans que tu ne le voies venir. Et c’est comme ça que tu vois le changement d’attitude de l’homme. Un de tes sourcils se lève, et tu finis par te pencher aussi, vers lui, pour recevoir ce que tu espères être ce savoir interdit.
« Pourquoi ? Tu articules, lentement alors qu’il te parle des dangers de la magie noire, encore celle-là. Pourquoi la magie noire se devrait d’être si dangereuse ? »
Tu es énervé, comme un gamin qu’on prive de son jouet. Tu te laisses retomber au fond de ton siège, bras croisé sur le torse, moue mécontente sur les lèvres. Il te faut quelques instants pour te reprendre et tu finis par marmonner, de mauvais gré.
« Oui. Vous la connaissez sûrement, elle gère le White Chapel ? »
Qui ne connaît pas Lyanna ? À tes yeux, en tout cas, tout le monde doit connaître cette femme qui t’a sauvé dans la rue, qui s’acharne maintenant à faire de toi un sorcier acceptable. Elle est belle et forte, et tu espères bien que les gens se retournent sur son passage, parce que toi, tu ne peux pas détourner tes yeux d’elle.
« Mais vous n’êtes pas du Coven, non ? Avec qui êtes-vous ? Tu te tais, d’un coup, puis tu reprends avec un demi-sourire heureux. Me dîtes pas que vous connaissez la magie noire et celle de sang ? Vous… Vous pourriez répondre à mes questions ! » :copyright: 2981 12289 0
Ces idiots se tenaient tranquilles, mais Karl, le savait, la probabilité qu'il demeure incognito, était faible à présent. Un régent se repère vite ici, qui plus est lorsqu'il dirige le coven de Red-House et qu'il passe de temps en temps jouer les flics dans les rues malfamées de Black Stone Street. Mais ils ne bougeaient pas, les deux bougres demeuraient assis au bar à observer l'échange entre le jeune paumé et son nouveau défenseur. « - Avec ce genre de types, il ne faut jamais baisser le regard » Et, il en savait quelque chose sur les brutes de cet acabit pour avoir subi par le passé, leur violence et leur manque de tolérance. Avant de rencontrer Lyanna, il était même devenu la cible favorite de ses sorciers en mal de reconnaissance et près à tout pour satisfaire la meute. « - Ces types adorent se mettre sur la tronche et ont une préférence pour les êtres qu'ils pourront facilement rétamer. Il faut avant tout leur faire comprendre, en ne baissant pas le regard, qu'ils n'ont aucun pouvoir. Ils se servent de leur peur pour dominer et en les affrontant de la sorte, vous faites montre d'une confiance qui ne va peut-être pas les inciter à vous casser les noix et la gueule accessoirement. » Karl n'était pas un bagarreur, en général, il préférait d'abord se montrer diplomate pour résoudre un conflit et si vraiment aucune autre alternative ne se présentait à lui, il cédait à son instinct primaire et faisait ainsi parler ses poings. Il doutait toutefois que le jeune homme qui lui faisait face, puisse ainsi se défendre derrière le physique maigrelet d'une petite crevette.
La conversation se faisait, l'un marchait sur des œufs tandis que l'autre faisait montre d'une certaine curiosité qui amena le régent de Red House à évoquer l'Académie, qui selon lui, serait plus à même de répondre aux questions du jeune homme. « - Oui l'académie ! » Mais de toute évidence, Zéphyr, qui venait d'émettre une grimace trompeuse, ne tenait pas l'établissement en haute estime. « - Je vais sûrement passer pour un vieux con, mais j'y ai appris pas mal de choses quand j'y étais scolarisé. Mais peut-être que vous n'êtes pas du genre scolaire. Je me trompe ? » Car oui, tout le monde n'avait pas pour objectif de devenir le meilleur élève de sa promotion juste pour attirer l'attention de son père. Certains vivaient même l'école comme une expérience négative durant laquelle la quête du savoir n'était en rien une priorité. Karl se demandait si Zéphyr en faisait partie, s'il était de ceux qui abandonnent et préfèrent ainsi se marginaliser par la suite. « Qui es-tu pour porter un jugement ? Il a sûrement besoin d'aide... » Une pensée qui en chassa une autre, lorsque le gamin se mit à parler magie noire. Karl se braqua et se montra cette fois un peu plus hostile avec son jeune interlocuteur.
« - Pourquoi ? Et bien parce que la Magie noire est inhérente à l'invocation du démon. On l'emploie pour provoquer des actions nuisibles. Ses forces sont incommensurables et destructrices. C'est une magie égoïste qui vise à servir les intérêts du sorcier qui la pratique. La vengeance, la séparation des êtres aimés, le malheur, le contrôle des personnes... la liste est encore longue. Mais quoiqu'il arrive, il y a toujours un prix à payer quand tu pactises avec le démon. » Il songea soudainement à son propre père, qui avait jadis fais partie d'un groupuscule pratiquant cette magie qu'il exécrait tant. Un père qui avait disparu depuis plusieurs années. L'attitude de Zeph laissait à présager un mécontentement à peine voilé. Tant pis ! Après tout, il n'était certainement pas là pour faire la propagande la magie noire. « - De nombreux jeunes sont embrigadées, ils sont perdus, n'ont pas d'attaches. On leur vend la magie noire comme une solution à leur problème, mais ce n'est que de la poudre aux yeux. Je ne compte plus les gamins que je sors de ce piège. Récemment, j'en ai récupéré un qui ne devait pas être plus âgé que toi. On lui avait bourré le crâne assez pour qu'il finisse par se retrouver sur une table rituelle avec un pentacle tracé sur son torse avec son propre sang. Il y a des forces avec lesquelles il ne faut pas jouer. » Il acheva sa tirade avant de se radoucir un peu. Il ne voulait pas s'emporter contre le jeune homme, une force invisible le poussait même à se montrer prévenant, protecteur, comme si c'était logique, mais plus encore naturel. Toutefois, l'accalmie prit fin lorsque le dénommer Zéphyr attesta le fait qu'il soit en contact avec Lyanna, la régente de White Chapel. Karl avait vu juste, malheureusement.
« - Oui, nous nous sommes connus il y a très longtemps. À une époque où elle n'était pas encore, régente. » Il marqua une absence qui lui sembla légère, mais qui laissa paraître une certaine nostalgie dans son regard avant que Zeph ne le ramène dans leur réalité conjointe « - Hum... Oui, effectivement, nous n'appartenons pas au même coven, moi j'appartiens à celui de Red-House, j'en suis son régent accessoirement. Et chez nous, il est plutôt question de magie du sang. La magie noire comme à White Chapel, j'imagine, est banni dans mon coven. Les ténèbres ne doivent pas être une option. » Il remarqua l'un des deux types, qui venait de régler sa note. « - Je crois que nous ne devrions pas nous attarder. » À son tour il sortit de quoi régler « - Ne pose pas de question et accepte de me suivre. » Karl réajusta sa veste et fut le premier à se lever, il espérant que son jeune compagnon consente à en faire de même avant que les deux brutes aient le temps de rameuter du monde. Maze, le familier, qui se tenait à l'écart, était tendu, Karl pouvait le sentir et c'est ce qui l'incita à bouger Zeph « - Aller mon grand ! Je t'assure qu'il vaut mieux mettre les voiles. »
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