Combien de personnalités Phineas a-t-il côtoyées au cours de sa longue vie, parsemée d’embûches et de merveilles dont seul l’esprit d’un fou pourrait en imaginer les formes. Beaucoup de créatures peuvent se vanter d’être vieille de plusieurs siècles mais peu d’entre elles ont réellement goûté la vie à pleines dents. Toujours constant, sans jamais rester bien longtemps au même endroit, les voyages faisaient littéralement partie de son quotidien. Ce n’était pas seulement question de découvrir des paysages exotiques ou simplement rêvasser au bord d'une plage, non ça ce sont des choses ennuyantes que font les gens normaux et ennuyants. Non. Il était question de rencontrer des gens de toutes catégories sociales, de connaître et de s’intéresser à leurs cultures pour non seulement en apprendre plus sur leur monde suscitant l’étrange et la fascination, mais surtout pour trouver un sens à cette vie, à ce corps qui lui avait été offert et qui lui permettait de marcher, boire et danser parmi les hommes.
Mais malgré ces visages aux nombres incalculables imprimés dans l'esprit du phœnix, dont l'existence est aussi longue que mouvementée, certains l’ont plus marqué que d’autres. Pas énormément, mais quelques-uns et dans ce sac réside une personne qui a été durant un certain temps, une amie avec qui Phineas aimait discuter et partager mais qui fut malheureusement partie trop tôt. Il n’a jamais su ce qui lui était arrivé mais quelques détails l’avaient chiffonnés avant son départ en France, suivie immédiatement de son silence radio le plus total. Aucune nouvelle ni aucun appel, son visage perdant ses traits dans l'esprit de l'homme qui oubliait avec le temps ce doux visage harmonieux, ne laissant qu'un seul souvenir d’elle dans son sillage... Un tableau représentant Céleste, qu’il avait peint à sa demande lors d’un coucher de soleil aux abords du parc, les rayons du soleil traversant légèrement les couches de feuillages pour laisser un jeu de lumière tout bonnement incroyable. Se proposer pour peindre son portrait avait été une façon pour Phineas de remercier la jeune femme pour s’être intéressé à un vieux fossile comme lui, un peu trop souriant et parfois un tout petit peu étrange. Puis les siècles se sont défilés les uns aux autres, laissant cette histoire inachevée en suspens.
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Sourcils froncés, son regard parcourt l’entièreté de la pièce alors que sa mâchoire serrée trahissait son attitude flegmatique. S’il se trouvait debout, au beau milieu de la galerie Solaris, c’était uniquement pour la collection Boet censée être exposée en ce jour.. et dans cette exposition, avait était annoncé un tableau que le phœnix connaissait comme personne d'autre. Portrait de Céleste, amie de Phineas qu'il avait lui-même peint dans le temps. Pour lui, une façon de déterrer son passé.. Eh bien Céleste, on dirait que nous y sommes bel et bien finalement. Qui aurait cru qu’après plus d’un siècle passé sans nouvelles de vous, je me retrouve aujourd’hui devant votre portrait. S’approchant de la toile, l’homme observe les traits du visage de son amie en arborant un léger sourire en coin. Ses doigts viennent effleurer son nœud papillon en haussant ses sourcils. J’étais plutôt doué à l’époque, la toile est vachement classe. Puis cette pose et ces couleurs. Un portrait, c’est quand même super-cool.. cool- cool~ cool- cool~.. Il me faut un portrait de moi avant de mourir. Pourquoi je n’y pense que maintenant. Stupide-moi, toujours un temps de retard. Ses yeux se relèvent doucement en direction du tableau, fixant froidement les prunelles de Céleste avec un arrière goût de regret. Toujours un temps de retard..
(C) MR. CHAOTIK
Dernière édition par Phineas Lovecraft le Mer 15 Avr 2020 - 19:00, édité 1 fois
Amarante avait aidé une vieille connaissance, une faé blanche rencontrée pendant la seconde guerre mondiale pour financer le rachat de la galerie Solaris. Retrouver Mina avait été une agréable surprise et c’était avec plaisir qu’elle avait accepté de l’aider. Pour l’aider encore plus dans son lancement, elle lui avait proposé de prêter une partie de la collection Byron-Boet, une miette pour dire vrai, elle aimait l’art depuis presque toujours, depuis qu’elle était morte et que libérée de son corps malade elle avait découvert la vue. Pendant 14 ans, les seules 14 petites années qu’elle avait vécu, elle s’était passée de la vue, mais depuis qu’elle avait vu sa première image, elle ne pouvait s’en passer, elle éprouvait une fascination sans borne pour la beauté. Elle savait pourtant que ce n’était pas qu’une source de bienfait, cela aussi elle l’avait appris à la dure. Aujourd’hui elle avait décidé de faire une visite car elle ne savait pas qu’elle pièce avait été choisi, exceptionnellement elle avait laissé la main à un de ses descendants, ces derniers temps elle n’était pas heureuse. Un moment elle s’était laissée aller, montrant son malaise à presque tous, on avait essayé de la consoler, on l’aimait elle le savait, mais cela n’avait pas vraiment marché. Si sur le coup elle éprouvait une petite consolation, mais peu après de nouveau elle sombrait dans un spleen, elle était comme un oiseau dans du mazout, elle n’arrivait pas à avancer, c’était insupportable. Elle tentait de donner le change, faisait style de sourire, de s’investir, mais elle était de plus en plus lasse et alors qu’organiser une exposition aurait dû la rendre joie, cela ne l’avait pas intéressé. A défaut de mettre de l’énergie dans des choses importantes, elle en mettait volontiers dans son apparence, chose beaucoup plus facile à contrôler. C’était avec soin qu’elle avait choisi sa seconde tenue de la journée, parce que oui elle était le genre à changer de tenue plusieurs fois par jour, elle avait toujours eu ce goût pour l’extravagance et ce que les gens pensaient à ce sujet elle s’en fichait. La française avait enfilé une chemise au manche bouffante blanc en coton avec des broderies florales et un col lavandière, en bas elle portait une jupe mi-longue serré, mais bouffante sur le bas en tartan gris et enfin ses pieds étaient habillé d’escarpins chrome ajoutant une touche moderne à sa tenue. A ses oreilles des fleurs aux pétales en perle décoraient son délicat visage, ses longs cheveux noir jais étaient détachés, deux mèches étaient tirées en arrière pour dégager son ovale et son maquillage était léger, frais et estival.
Satisfaite de son reflet, elle fit appeler un taxi pour se rendre à l’exposition. Secrètement elle espérait ne voir personne, elle n’avait pas envie de parler. Amarante avait juste envie de voir le choix de son descendant, Dorian et elle aimait l’art plus que tout, elle avait confiance, ce n’était que de la curiosité. Amarante sortait assez rarement seule, c’était le genre de femme mondaine, toujours entourée, sociable, solaire, si elle avait voulu être accompagnée elle n’aurait eu que l’embarras du choix. Mais là elle n’était pas d’humeur de continuer de jouer la comédie du je vais mieux et des sourires. Avant de rentrer dans la galerie, elle sortit de son sac à main une flasque et but une gorgée de son bourbon, elle rangea ensuite l’objet et rentra. Le regard éteint, la bouche boudeuse, elle débuta l’exposition distraite, Dorian avait fait une très bonne sélection, elle était assez fière de lui. Doucement elle s’approcha de la pièce maîtresse, un portrait de la fondatrice de cette famille : Céleste Byron. Céleste Byron était le pseudonyme qu’elle avait donné à son premier corps, le seul qu’elle avait partagé. Constance avait été sa sœur, sa meilleure amie, d’origine noble elle lui avait appris les codes du monde, quand Amarante avait mis son génie des affaires à son service. De loin elle aperçut le tableau. Elle reconnut la chevelure blonde de Constance, ses yeux vert pomme de chat, sa bouche pulpeuse, son petit nez retroussé et son air doux. Constance était la moins belle de ses hôtes, mais elle avait tout de même beaucoup de charme. Elle avait 32 ans lorsque le portrait avait été peint par un artiste rencontré par hasard dans un parc. Ce dernier un peu particulier n’avait pas reconnu Céleste Byron, elle avait été étonnée alors qu’à 22 ans l’affaire de son viol avait secoué tout NYC. Personne n’avait jamais oublié alors quand elle s’était rendu compte qu’il ignorait vraiment qui elle était, elle avait décidé de lui parler plus ou moins quotidiennement, essentiellement d’art il faut l’avouer. Pendant plus de 20 ans ils avaient donc parlé d’art, de la météo parfois et parfois des bonnes choses à manger, parce qu’elle avait toujours été gourmande, les sujets sérieux il les avait tous évité. Quand le duo avait appris pour la maladie de Constance, Constance l’avait supplié de ne rien dire à leur ami Maximilien. Amarante avait été surprise, puis elle avait compris que Constance c’était sans doute plus attachée à l’artiste qu’elle. Constance avait un cœur elle aussi, mais Amarante avait respecté le choix de sa compagne de vie. Le duo avait menti à l’artiste, prétextant un retour en France, puis Constance était morte. Amarante avait alors quitté NYC pour rejoindre Los Angeles. Doucement elle s’approcha de la peinture, un homme se trouvait déjà devant elle, elle fut bientôt à ses côtés, mais sur le coup elle ne porta pas vraiment attention à son voisin, un moment cependant son regard se porta naturellement vers lui. Son corps se figea quand elle reconnut le visage. Ce visage était plus jeune, mais c’était le même, elle était très physionomiste, si c’était un descendant lui ressemblant beaucoup c’était vraiment incroyable. Ce n’était pas un vampire, il pouvait être autre chose, mais la seule race qui rajeunissait c’étaient les phénix. Elle se mordilla la lèvre inférieure, puis osa enfin parler.
Nostalgie dans son regard aux couleurs terne, l’immortel observait douloureusement le portrait de son amie disparue. Une attention essentiellement centrée sur la peinture, son esprit était perdu dans des vagues de souvenirs datant d’un ancien temps bien trop lointain. Armé d’un fin sourire aux airs tragiques, Phineas ne releva pas la présence d’une connaissance particulière à ses côtés, toute sa concentration étant portée sur cette toile aux souvenirs bien trop abondants. Céleste Byron, un nom bien trop lourd à supporter pour le phœnix. C’était l’une de ses seules vraies amies qu’il s’était fait, au cours de son existence et c’était aussi par la même occasion, l’un des seuls mystères qu’il n’avait jamais pu résoudre. Une disparition inexpliquée, qui donna sur un silence radio absolument insupportable et au combien affligeant. Nombreuses étaient les tentatives de Phineas pour reprendre contact avec Céleste. Mais le résultat était au final, toujours le même. Une question sans réponse. Une amie à jamais disparue, sans aucune explication et ce n’était pas juste. Mais le plus dur avait sans doute été la découverte de son viol à la suite de maintes et maintes recherches. À ce moment-là, ce n’était plus seulement cette absence inexpliquée qui le dévorait à petit feu. Ce qui devenait intenable était d’imaginer que son amie, avec laquelle il avait discuté et rit durant vingt longues années, avait dissimulé une blessure qui ne devrait jamais, ô grand jamais être commise. C’est à ce moment-là que sa propre chute s’est entamée, dévorant son âme en détruisant son propre monde, pierre par pierre.
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Maximilien. Un nom qu’il avait depuis longtemps enterré. Sa vision se troubla, tandis que ses bras jusqu’ici croisés, tombèrent le long de son corps. Du coin de l’œil, il recherchait une raison rationnelle à cette étrange interrogation, ne comprenant pas comment une ancienne identité puisse faire si soudainement surface alors même que ses efforts pour s’en donner une nouvelle lui avaient permis jusqu’ici de ne jamais être reconnu au fil des nombreux siècles qui s’étaient écoulés depuis. Maximilien... Moi. C’est... impossible. Comment ? Tournant son corps sur le côté, Phineas fait à présent face à la jeune femme, sondant son regard en fronçant les sourcils. Qui est donc cette … étrange petite femme. Non. Non, mauvaise question. La bonne question, est comment cette dernière peut être au courant de l’une de mes anciennes identités pourtant classifiée. Ça n’a pas de sens. À moins que… déposant le bout de son index sur le front d’Amarante, le phœnix explore intensément chaque parcelle de sa mémoire pour se rappeler un visage qu’il aurait rencontré par le passé mais malgré tous ses efforts, aucun nom ne lui vint à l’esprit. Aucun visage, ni aucun souvenir. Trois solutions. Soit j’ai un sosie dont le nom est Maximilien et c’est sans doute l’idée la plus cool de toute, un sosie. Soit une descendante d’une ancienne connaissance, mais là encore.. comment pourrait-elle me reconnaître, surtout après tout ce temps. Non, ça n’aurait aucun sens. Soit.. C’est petite femme n’est pas … une petite femme. Retirant doucement son index, Phineas se recule de quelques pas en arrière pour prendre un peu de distance face à cet étrange inconnu qui actuellement, polariser complètement le phœnix.
« Intéressant. Maximilien, c’est une première. Avant de répondre à quelconques de vos questions, j’exige de connaître votre identité. Nom, prénom, intention et surtout, comment diable connaissez-vous ce nom. »
Durant son monologue, Phineas s’était mis à marcher autour de la jeune femme en gesticulant continuellement des mains, comme-si ce dernier essayait vainement de comprendre cette situation qui lui échappait tant. Se remettant finalement juste en face d’Amarante à la fin de son discours pour braquer directement son regard abyssal dans le sien, ce dernier s’oblige à détailler chacune de ses anciennes vies pour mettre un nom sur ce visage si énigmatique. Phineas déteste ne pas savoir. Il n’a jamais aimé être dans le brouillard et c’est notamment pour cette raison qu’il a tant voyagé dans ses nombreuses vies mais au bout du compte, le savoir est sans aucun doute son tout dernier bagage de la vie, ce qui explique en partie pourquoi ce dernier s’efforce de tenir une boutique d’antiquités alors qu’il pourrait simplement s’exiler complètement dans son coin. Son établissement lui permet de ne pas oublier ce passé qu’il a tant parcouru... parce que oublier ces objets récoltés d’un tout autre temps, à travers des expéditions presque abracadabrantes, reviendraient à oublier celui qu’il était dans le temps. Cette boutique est une nouvelle destination pour le phœnix. Ses journées sont les mêmes que celles des humains de ce monde. Ça lui aura pris beaucoup de temps et de vies pour comprendre où est-ce qu’il allait. Où il avait toujours était destiné à aller. Dans sa nouvelle demeure et sans doute, sa dernière demeure. Pandora’s Box.
Maximilien se tourna vers elle, visiblement très étonné et il y avait de quoi, il ne pouvait pas la reconnaitre, pas avec un premier coup d’œil du moins. Amarante sentit un léger sourire amusé se dessiner sur ses lèvres roses. Son ancien ami posa ensuite un doigt sur son front, elle fronça les sourcils assez étonnée par ce contact si intime pour quelqu’un comme elle qui pour maintenir son aura exigeait de ses employés d’être appelé Madame Byron. Ses yeux vrillèrent par automatisme vers le contact, un court instant elle bigla certainement, puis elle se reprit, un sourire énigmatique laissant place à sa moue surprise, elle laissa l’homme faire le tour de sa personne et la questionner comme une mitraillette. Elle soupira.
- C’est compliqué. L’était-ce vraiment ? Pour des êtres traversant les siècles comme eux ? Non pas vraiment en réalité, elle avait répondu par automatisme, mais en réalité pour des gens de leur genre c’était le quotidien. Elle se tourna de nouveau vers le tableau, probablement son portrait préféré de son amie. Mon nom est Amarante Byron. Le portrait en face de nous est Constance Guerrain. Ensemble nous étions Céleste Byron. Je suis un esprit. Nous étions amis Maximilien, même si pour dire vrai, Constance était probablement la plus intéressante. J’étais celle qui disait des sottises monstrueuses et qui parlait macaron, plaisanta-t-elle les yeux pétillant de malice. Constance était celle qui connaissait tout de l’art. Elle est morte peu après que nous ayons prétendu rentrer en France, d’un cancer probablement, à l’époque ce n’était pas évident même très riche. Elle me manque tous les jours. Puis-je vous inviter à boire un thé ? Je suis toujours aussi gourmande, vous ne serez pas déçu.
Amarante espérait qu’il dise oui, elle avait envie de parler de Constance avec quelqu’un, les gens l’ayant rencontré, il n’y en avait presque plus, il y avait Ariane et maintenant lui. Amarante détailla avec pudeur l’homme. Elle avait tant de chose à lui dire, même si elle ne savait pas comment les introduire. Parce qu’elle laissait volontiers parfois le contrôle entier à la germanique, elle n’avait jamais deviné avant la maladie de Constance la profondeur des sentiments de cette dernière à son égard, quand elle avait compris elle s’était sentie criminelle. Criminelle de lui avoir refusé de nouer un lien avec un homme, parce qu’elle ne s’était pas remise de leurs viols, elle avait refusé d’être touché par un homme presque un demi-siècle. Si elle avait accordé son amitié à Maximilien, elle avait toujours refusé les contacts superflus, ce qui était bien plus facile à cette époque de toute façon. Constance n’avait donc jamais connu l’amour, son premier mari étant un monstre. C’était compliqué. C’était toujours compliqué quand deux âmes partageaient une même enveloppe et c’était pour cela qu’elle y avait renoncé. La mort de Constance avait été la chose la plus atroce à vivre de toute sa vie avec la mort de leur fille Charlotte, même son propre assassinat ne lui avait pas causé tant de peine.
Phineas n’oublie jamais un visage, surtout si l’un d’eux appartient à un proche aujourd'hui disparu. Certains sont brouillés dans le temps, presque indiscernable, un peu à la manière d’une vibration qui serait la cause d’un ricochet dans une étendue d'eau stagnante. Quelques détails restent visibles mais la forme en elle-même se retrouve profondément altérée. “Quelque chose cloche mais je n’arrive pas à mettre la main dessus. Pourquoi. J’ai l’impression d’avoir la réponse sous les yeux mais je n’arrive pas à trouver quoi.” Compliqué est un bien grand mot pour signifier de bien grande chose. “Compliqué.. trois syllabes et neuf lettres qui résume bien l’histoire de toutes mes vies.” Ne sachant plus quoi penser, son regard se jeta en direction du fameux tableau qui avait été l’élément central de son arrivée ici. Ces sourcils légèrement froncés exprimaient une expression mélancolique dans ses yeux alors que la triste vérité concernant l’une de ses amies auxquelles il s’était le plus attaché était finalement révélé après tous ces siècles de souffrance.
Durant plusieurs longues secondes, Phineas resta bloqué sur la toile. Tournant dos a celle qui l’avait abordé, les émotions s’enchaîner dans la tête du vieux phœnix qui éprouvait une certaine difficulté à digérer la chose. Aucune pensée ne traversait son esprit. Aucun mot ni aucune syllabe ne sortait de ses lèvres closes si ce n’est ce sentiment d’injustice dans son regard aux traits fatigué. “Dix siècles d’existence et même pas capable de te comprendre réellement, Constance...” Pour une aussi vieille créature, il devient de plus en plus difficile d’encaisser les disparitions, encore plus quand des contre-vérités aussi ancienne soit-elle, se retrouve brisé et bafoué par de nouvelles vérités. Sur le moment, on sent son propre monde se secouait. Il devient difficile alors de croire à cette nouvelle vérité parce que cette dernière change un conte de fées en tragédie. Ce qui était au départ un happy end pour Constance, c’est enfaîte révélé n’être qu’une triste fin. Et le pire dans tout ça, était l’absence de Phineas au côté de sa vieille amie.
« Ne trouvez-vous pas ça étrange. Cette impression inexplicable qui nous amène à penser que ces événements pourtant si lointains, semble comme s’être déroulé... la veille. C’est le problème quand on en vient à vivre aussi longtemps que nous, nos souvenirs s’entremêle les uns entre les autres et... au final, on en perd toute notion du temps. »
Tournant finalement son corps en direction d’Amarante, ce regard mélancolique présent quelques instants plus tôt sur son visage s’était évaporé pour simplement laisser un sourire prendre place sur ces traits presque enfantins. Frappant de ses paumes de mains en s’approchant légèrement de la jeune femme, Phineas se retourne une dernière fois en direction de la toile pour jeter un dernier regard, une dernière pensée. “Ça aura été une belle histoire, n’est-ce pas ... ?” Les fins sont toujours tristes, et même si Phineas s’était rendu compte des horreurs que son amie avait vécu peu de temps avant sa rencontre, il espérait au fond de lui-même que ses nombreuses années passées ensemble, à parler de tout et de rien à la fois, à rire et verser des larmes de joie, avait été bénéfique pour Constance.. lui avait rendu la vie un peu plus belle.. plus agréable.
« Macaron ! » S’écria-t-il joyeusement en plongeant ses iris dans ceux de la jeune femme, comprenant maintenant les quelques incohérences qu’il n’avait pas pu expliquer par le passé. « Un esprit, ça explique beaucoup de choses. À présent, je comprends d’où venaient toutes ces diableries qui trahissaient sa personnalité. Intéressant, très intéressant. » Un sourire presque reposant sur les lèvres alors que son regard s'émerveille de retrouver une ancienne connaissance, qui plus est la colocataire de Constance. « J’accepte votre proposition mais avec quelques conditions. Je veux des macarons. » Tendant une main devant lui, Phineas hausse légèrement ses sourcils pour inviter Amarante à entamer la marche. « En bref, surprenez-moi. » Il ne savait pas en quoi elle pourrait le surprendre mais sur le moment, l’expression semblait formidable dans sa tête.
HRP : Je suis désolée de mon temps de réponse, j’ai eu un mois difficile pour le moral:/.
Tant de révélation, elle lui en disait tant et si peu à la fois, même si elle faisait face au tableau elle ne le quittait pas vraiment des yeux, l’observant en coin attentive à toute forme de réaction même la plus minime. C’était naturel de sa part, pendant 14 ans de sa vie elle n’avait jamais utilisé ses yeux, mais maintenant il était son principal outil d’observation. La réponse de Phineas ne se fit pas trop attendre. Elle comprenait ce qu’il voulait dire, elle avait même une théorie à ce sujet, mais elle ne se sentait pas d’émettre son hypothèse, ce n’était que son avis personnel, personne ne l’avait validé et elle pouvait très bien se tromper.
- Je ressens cela aussi parfois, se contenta-t-elle alors de répondre gardant pour elle ses idées concernant le sujet. Son drôle d’interlocuteur se tourna vers elle et prononça le nom de sa pâtisseries favorite avec de l’espièglerie dans la voix, cela la fit sourire, elle avait presque oublié celle qu’elle était lui, un jeune esprit adolescent dans un corps de jeune femme. Elle eut même un petit rire quand il poursuivit. Oui en effet j’étais cette diablerie-là.
Chez Céleste elle était toute la fantaisie, sauf quand il s’agissait de gagner de l’argent ou elle redevenait sérieuse, les gens disaient qu’elle était versatile, ce n’était pas complètement faux, mais elle ne l’était plus quand elle aimait la personne. L’argent n’avait jamais fait partit des sujets de conversation des deux amis, uniquement quand il y avait été question de peindre le tableau, les deux amies avaient été d’accord à ce sujet ce travail méritait contribution.
- Je vais tenter de vous surprendre, mais je ne sais pas combien de siècle d’avance vous avez sur moi, répliqua-t-elle avec un sourire en coin. Je pense avoir mes chances, vous êtes dans ma ville après tout.
Elle plaisantait à moitié, elle était là depuis 128 ans, peu de surnaturelle avait vécu autant à Los Angeles. Elle prit le bras du phénix et l’entraîna à sa suite. Elle retournerait voir plus tard l’exposition ce n’était pas bien grave.
- Je vous aurai bien amené en France chez un ami, mais cela ferait un fort long trajet. Du coup dans les parages, elle se stoppa un instant pour y réfléchir, elle se tourna ensuite vers Phineas, il va falloir prendre un taxi, je n’ai plus de chauffeur, à moins que vous n’ayez une voiture ?
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