Dix minutes, il aura fallu que dix minutes pour transformer sa vie autrefois paisible en véritable enfer. S’il n’avait pas dû veiller sur ses soeurs à ce moment-là il aurait tué ces humains, il les auraient carbonisés jusqu’au dernier. Mais ses parents juste avant l’attaque l’ordonnèrent de fuir, de sauver sa peau, ils se sont sacrifiés pour leur permettre de fuir. Avant ce jour, cette famille de dragons vivait leur petite vie, cachés au sommet du montagne jugé infranchissable. Ses parents l’avait d’ailleurs choisi pour cela, se disant qu’ainsi ils ne seraient pas dérangés par les humains. Bien sûr il gardait leur territoire alors dès que des humains s’approchaient d’un peu trop près, il crachait du feu pour les faire partir. Mais ce n’était que de l’intimidation, jamais ils n’attaquèrent d’humains. Pourtant, au fond de lui y présentait que ce jour viendrait, il avait toujours considéré les humains avec beaucoup de méfiance. Maintenant il était juste en colère, furieux. Il s’était réfugié avec ses soeurs dans une grotte, semant les humains. Il était blessé, rien de grave, il avait beaucoup plus mal au profond de lui.
Il souffrait intérieurement, restant cloitré dans cette grotte sans jamais en sortant que la nuit pour se dégourdir les ailes, ce sont ses soeurs au début qui lui rapportèrent de quoi manger. Un jour elles revinrent avec une fae, celle-ci lui fit part que dans le monde beaucoup trop de dragons mouraient, si personne ne faisait rien, la race s’éteindrait. Présenté comme cela ils n’eurent pas d’autre choix que d’accepter, à contre coeur pour lui. Mais ce changement lui permit tout de même de reprendre en main. Dans ce corps d’humains ils leur fallut apprendre un tout nouveau style de vie, vivre comme des humains, ce qui fut très déroutant au début. Il ne fut pas son difficile, acceptant de se mettre au service de n’importe quel noble, tout pour pouvoir offrir un toit, de quoi manger. Il fallut ravaler cette fierté et allait voir le premier noble pour proposer ses services. Obliger donc de travailler comme domestiques, il fallut accepter d’être traité comme des esclaves, obliger de travailler dur avec très peu à manger. Mais le pire dans ton cela fut de supporter leurs remarques humiliantes, d’être échangés comme de simples marchandises.
Un jour, s’en fut trop, l’un d’eux se permit d’avoir des gestes déplacés envers ses soeurs, il vit rouge, si bien qu’il du se contrôler pour ne pas lui en foutre une. Mais il s’interposa tout de même entre elles et le noble, faisant barrière. Mais celui-ci ordonna à ses gardes de le maitriser. Ils l’emmenèrent dans un coin pour le rouer de coups, heureusement pour lui il a gardé une peau solide, petit reste de son lui dragon. Il prit sur lui pour ne pas aggraver la chose et parce malgré sa colère il n’était pas prêt à devenir un meutrier, pourtant cela le démangeait et ce un peu plus chaque jour. La soirée arriva il attendit que ses soeurs se soient endormies pour filer dehors, n’arrivant pas à dormir. Il s’approcha de la forêt sans non plus s’y enfoncer, il ne voulait pas trop s’éloigner. Il entendit soudain du bruit, cela d’une branche qui craque. Il se retourna vivement, rien. Il avait peu être rêvé. Il soupira longuement, levant la tête vers le ciel étoilé.
- Into the woods, It's time to go, I hate to leave, I have to, though. Into the woods, It's time, and so I must begin my journey.
Clionestra était en train de chanter une chanson que quelqu’un avait écrit … qui ? Pourquoi ? Où ? Et comment ? Étaient des questions qu’elle ne se posait que peu. La chanson lui trottait dans la tête depuis ce matin et elle n’arrivait à s’en défaire. Un humain lui avait dit que la meilleure manière de se défaire d’une chanson dans la tête était de la chanter en entier pour la mettre dans la tête de quelqu’un d’autres. Imaginer les chansons comme des âmes propres pouvant rentrer dans les esprits étaient quelque peu original, mais elle appréciait cela. Imaginant la chanson, et essayant de la chanter … malheureusement, elle ne connaissait que les deux premières phrases d’un couplet.
C’était pour cela qu’elle était venu, habillé comme une humaine et une coiffe sur la tête, parmi les humains. À cette époque, elle n’était pas une dangereuse louve, et elle n’était pas non plus encore prétendante au trône … mais sa sagesse et sa tranquillité étaient appréciés d’assez de monde pour qu’elle puisse se déplacer plus librement que la plupart des elfes de son village.
Aujourd’hui, elle était donc dans un village, ou une ville, ou un hameau, qu’importe comment les gens appellent ce genre de lien si peu propice à une quelconque évolution. Elle s’était approché d’une résidence, ou une demeure, ou une maison, encore une fois qu’importe. Cela sentait l’amour fraternel, et Clionestra pouvait le voir en observant l’homme. De bon matin, elle sourit de voir ce que le monde faisait de plus beau.
Elle suivit la journée de l’homme et de son lien avec ses soeurs en se cachant dans la lumière. Les elfes blancs avaient cette capacité si étrange. Elle était au vue de tous, mais personne ne la remarque. Ce fut le jour où elle rencontra cet homme et qu’elle s’amusa à l’observer, qu’elle le rencontra.
Elle vit le goujat de propriétaire vouloir toucher les jeunes femmes et son frère prendre les coups pour les aider … Son coeur se déchira. Elle aurait voulu l’aider, mais elle savait déjà qu’une femme dans cette époque, et parmi les humains, n’aurait rien le droit de dire. A la place de quoi, elle resta attentive à ce que le propriétaire ne touche pas les soeurs. Observant l’homme si fort en face de ses yeux. Clionestra prenait souvent la décision sur la vie ou la mort des gens, même si elle prenait peu la vie de ses mains… Mais cet homme le méritait amplement de son point de vue.
Attendant que la soirée se passe, elle resta sur le toit pour observer le labeur du frère et des soeurs. La vie était dure pour les personnes comme eux. Le soir même elle observa l’homme encore et se décida à l’accoster … peut être pourrait elle lui proposer son aide ? Malheureusement elle savait qu’elle ne pourrait s’acheter son esclavagismes … pas qu’elle n’en aie pas l’argent, mais l’homme se retrouverait avec plus rien pour protéger ses soeurs et son peuple refuserait des non elfes parmi eux… elle sauta du haut de son perchoir et fit craquer une branche. Fichu atterrissage raté, elle devait encore s’entrainé. L’homme n’avait pas semblé la remarquer …
Mais pour lui parler, il fallait bien qu’elle se présente et lui parle non ? Retirant le chapeau qu’elle avait mis et le posant sur une branche, en sachant pertinemment qu’elle reviendrait le chercher et ne polluerait pas la forêt, elle s’approche de lui en faisant craquer une autre branche. Mais qu’importe pour celle-ci, puisqu’elle enchaina.
- Vous êtes vraiment fort vous savez ?
Elle était tout d’une elfe blanche, et si on ne connaissait pas sa race, on pourrait la croire malade, ou venant d’une famille d’humain riche qui pense que la couleur de peau valait une personne. Elle était clair de beau, et la lune ne lui donnait qu’un reflet plus lumineux, ses cheveux étaient blonds presque blancs … la seule chose que la jeune femme avait comme couleur était cette robe verte qu’elle avait pris pour se fondre dans le paysage des humains … même si elle utilisait ses pouvoirs, on ne pouvait savoir.
- Je m’appelle Clionestra, puis-je savoir votre nom ?
Un nouveau craquement, il tourna vivement de nouveau la tête, cette fois il y avait vraiment quelqu’un. Il resta un instant stupéfait par cette vision. Une femme se tenait devant lui, la peau très claire, les cheveux blancs comme neige. Ce fut comme si la lune l’illuminait, il n’avait jamais de femme comme elle et honnêtement il la trouvait vraiment très belle. Elle lui semblait si irréelle, comme un mirage pourtant il ne rêvait pas, même si il sentait tellement fatigué en ce moment que cela serait un rêve qu’il n’en serait pas étonné. La jeune femme l’a regard avec bienveillance. Il se rappela soudainement les légendes que ses parents leur avaient racontées, au sujet des elfes blancs notamment. Il n’en avait jamais vu, mais il avait la quasi-certitude qu’elle en est une.
Elle le complimenta, lui disant qu’il était fort. Fort...non pas vraiment, pour lui il essayait juste de faire ce qu’il faut, mais il ne fait rien d’exceptionnel. Il aimerait tellement pouvoir avoir un train de vie descent. Combien de temps allait-il continuer comme cela ? Il fallait qu’il trouve une autre solution, que cela change, mais comment ? Il avait beau tourner le problème dans tous les sens il n’y trouvait aucune issue et à chaque fois qu’il regarde ces nobles il a de plus en plus envie de les réduire en cendres. Il doit contrôler ses pulsions, il ne veut pas devenir un meurtrier, ses parents n’aurait jamais voulu ça. Elle se présente ensuite à lui sous le nom de Clionestra, puis lui demanda son nom.
«...Ciàran. Etes-vous une elfe blanche ?»
Bien qu’elle lui semblait bienveillante, il ne pouvait s’empêcher de ressentir de la méfiance. Il est comme cela depuis toujours, mais la mort de ses parents l’a rendu encore plus frileux, ainsi il a beaucoup de mal à se laisser approcher. Il soupira, il n’avait aucune envie de parler de sa vie à une inconnue, pourtant inconsciemment il en ressentait le besoin. Il soupira, levant la tête vers le ciel.
«Si seulement j’avais la force de pouvoir changer les choses».
Il serra le poing, il sentait la rage commençait à monter en lui, sentant la chaleur s’intensifier, bouillonner à l’intérieur de lui, des étincelles sortant même de ses paumes.
«Je hais ces humains. Ils croient que tout leurs impartient, ils détruisent tout ce qu’ils touchent, quand je pense que ce sont nous ce qu’ils appellent "monstres"....»
La curiosité était un vilain défaut … et c’était bien cela qui l’avait amené à venir voir l’homme, à lui parler, à discuter avec lui … C’était de la curiosité, ainsi qu’une compassion que peu de personnes pouvaient posséder en eux … Clionestra voulait aider l’homme, de tout son coeur d’elfe blanche … et elle ne savait comment faire. Qu’importe les idées qu’elle avait, elle aurait besoin d’un concours de son peuple, et elle savait que son peuple refuserait un dragon parmi eux … Elle voulait l’aider … C’était aussi bête que ça … alors se montrer était déjà un avancement qui permettait une suite … espérant ne pas braquer l’homme par son apparition fantomatique dans cette forêt.
Clionestra nota le nom de l’homme dans un sourire alors qu’il continua sur une question… C’était normale après tout, elle avait commencé à poser une question, c’était à son tour…et elle n’avait aucun doute que l’homme lui avait donné son vrai prénom. Un prénom qui plaisait à notre elfe pour ses consonances.
- Enchanté Ciàran. Je suis en effet une elfe blanche.
Quoi qu’elle désirait qu’un jour, on n’utilise plus que le terme elfe pour les blancs comme les noirs, elle savait qu’à l’image des humains ce n’était pas demain la veille que le racisme disparaîtra … Elle le laissa ensuite parler en penchant la tête délicatement sur le côté pour l’écouter. Elle s’approcha d’un pas, et de ses mains naquirent des douces boules de lumière, elles virevoltèrent dans la nuit comme des phares.
- Les humains sont des êtres petits vous savez. Ils naissent, s’accouplent, se reproduisent et meurent dans un temps que nous ne pouvons comprendre. L’évolution de leur race se fait à court terme. Pouvez-vous imaginer devoir évoluer sans le temps pour le faire ?
Elle laissa ses mains virevoltantes dans le ciel, laissant les boules faire la forme des papillons. Certains papillons ne vivaient qu’une seule et unique journée. Ils naissent, après leur existence de chenille, s’accouplent et meurent en laissant la chance à une nouvelle génération.. mais une journée ne permet pas l’apprentissage de beaucoup de chose … tout comme les humains pour Clionestra qui auront besoin de plus d’un coup de pied aux fesses. Elle sourit alors à l’homme en laissant les papillons de lumière se posaient sur ses doigts dans une douceur infini.
- Je vous prête ma force, dites moi ce que vous voulez que je fasse pour vous aider, et je m’y attellerais si j’en ai la capacité. Mais de grâce ne sous-estimez pas votre force quand je sais que même des hommes immortels n’ont souvent aucune idée de la valeur de la vie ou de la famille comme vous l’avez.
Cette elfe blanche était d’une telle beauté, il ne pouvait s’empêcher de la regarder. Il n’avait jamais vu quelqu’un comme elle, avec des yeux, des cheveux si clairs, une peau si pale aussi, comme la lune. Ne vous y trompez pas, il n’est pas en train de tomber sous son charme, il est juste fasciné par sa présence, par cette énergie douce et rassurante qu’elle dégage. Il peut le sentir en lui alors qu’elle est à ses côtés, il se sent un peu plus apaisé. Du moins l’espace d’un moment, la réalité finit par venir le rattraper et bien vite la colère reprend de nouveau le dessus. Il se sent si impuissant en ce moment même, il faudrait pouvoir changer les choses, mais il ne peut pas et chaque jour il lutte pour garder le contrôle de lui-même, pour de pas carboniser ses humains. Dans ses pensées, il ne la vit même se rapprocher davantage de lui, ce n’est que lorsqu’il vit ces petites choses blanches dans l’air, comme des petites lucioles, qu’il leva la tête, reprenant conscience.
Il était bien d’accord que les humains n’ont pas la même sagesse qu’eux ont, leur espérance de vie étant bien plus courte, ainsi leur évolution n’en est que plus lente. Il regarde les papillons de lumières s’envoler, pensif. Il ne peut qu’être d’accord là-dessus, mais au fond cela n’excuse pas tout. Pourquoi il y-a-t-il tellement d’injustice entre eux ? Il ne comprendra jamais cela, cette hiérarchie. Chez les dragons ce n’est pas du tout pareil. Il fut un temps, alors qu’il était jeune, où ils vivaient en communauté, avant qu’ils ne se dispersent pour échapper aux humains. De ce temps-là tout le monde vivait de manière égale autour d’un chef. Il ne comprendra jamais ces humains et leur façon de faire, leur façon de penser et de vivre.
«Notre mère ne cessait de nous répéter à moi et à mes soeurs, qu’ils ne faut pas trop en vouloir aux humains. Tous ce ne sont pas comme cela. Tout comme il existe des dragons très violents, il existe aussi des humains purs, qui ont du coeur. J’aimerais croire en ça, j’aimerais vraiment, mais je perds espoir».
Elle lui sourit, lui disant qu’elle ferait n’importe pour l’aider, il n’avait qu’à lui dire quoi. Elle lui complimenta en lui disant qu’il avait un sens de la famille rare et précieux, qu’il ne devait en aucun cas sous-estimer sa force. Il la regarda un instant, détourna vite le regard sentant quelque chose se briser en lui. Mais non, il n’allait pas pleurer, encore moins face à une inconnue. Il n’y a qu’à la nuit tombée, seul dans son lit qu’il s’accordait à verser quelques larmes. Son esprit se met à réfléchir très vite. Il apprécie que quelqu’un s’intéresse à lui, à eux même, il sait qu’il n’aura peut-être pas d’être chance comme celle-là. Mais que peut faire une elfe blanche pour elle dans ce cas-là. Non, les elfes sont des êtres à protéger, il ne veut pas qu’elle s’attire des ennuis par sa faute. C’est sa vie, ses problèmes, il les réglera seul. Cela lui brise le coeur de faire cela, mais il va devoir se montrer méchant et cruel pour la faire partir.
«M’aider, vous voulez m’aider ? Et vous croyez quoi ? Qu’il suffit d’agiter vos mains pour que tout s’arrange. Vous ne connaissez rien de moi, de ma famille, comment nous avons souffert, tout ce que nous avons perdu. Je n’ai pas besoin de l’aide d’une inconnue !» Dit-il, ses yeux prenant une teinte rouge orangé.
Au fond de lui, il voulait désespérément de l’aide, peut-importe d’où cela vient, peut importe les risques. Elle l’une des rares amies, la seule à vrai dire, mis à part sa fae qu’il s’est fait depuis qu’il est humain, il ne veut pas la rejeter. Alors pourquoi fait-il tout cela ? Par fierté probablement. C’est déjà assez dur de perdre ses ailes et tout ce qu’il faisait avant sa puissance, son égo en a déjà pris un bon coup, alors là c’est le coup de massue. Il lui tourna le dos pour ne pas qu’elle ne puisse pas lire le trouble sur son visage, il se sentait sur le point de craquer. Il n’en pouvait plus de résister, de rester fort, de tout prendre sur lui.
Cliionestra bien que loin d’être naïve ne voyait pas la beauté comme tout le monde. Peut être était ce juste son histoire elfique qui la rendait ainsi ? Ou quelque chose d’un peu plus profond ? Personne ne pouvait le dire. Cependant, elle n’ignorait pas la réaction de l’homme, et elle le prit avec un sourire respectueux. Elle était heureuse d’être jolie dans les yeux d’une personne… qu’importe qu’elle ne connaisse pas la personne.
Laissant les rétrospectives de l’homme silencieuses, elle jouait avec ses boules de lumière tranquillement. Elle les faisait virevolter et se trouver, se séparer, s’ignorer dans un ballet digne de la plus magnifique des étoiles dansant sur cette Terre. Le jeu était fait de lumière, avec l’obscurité qui donnait plus de clarté à chaque entité lumineuse. Elle sourit à l’homme alors qu’il répondit.
- Votre mère était sage.
Elle ne doutait pas que l’emploi du passé était une résonance d’un passé encore plus noir que la nuit. Ne voulant laisser le coeur de l’homme lourd à la pensé de sa génitrice, elle préféra rester sur le sujet, bien plus … étrange … des humains et de leurs étranges manières de vivre.
- N’avez-vous jamais rencontrer d’être humain au coeur pur ?
Clionestra en connaissait plusieurs. Tout comme elle connaissait des elfes blancs au coeur ravagé par la haine. Le monde n’était pas tout blanc ou tout noir, la myriade de couleurs lui donnait son importance et sa valeur. Cependant, l’homme semblait voir le noir du monde bien plus que l’arc-en-ciel qui se détache dans le ciel. Alors qu’elle allait reprendre … il fit exactement ce que les hommes avaient l’habitude de faire … se forger une carapace pour ne pas demander de l’aide, ne pas vouloir être responsable de quelqu’un ou être artisant de sa souffrance … CLionestra pouvait le dire, cet homme n’avait de vil que sa manière de se protéger d’elle. Alors, elle eu un petit rire.
- D’accord. Vous avez raison. Vous n’avez pas besoin de l’aide d’une inconnue…
Elle se permit de faire le tour de l’homme et pencha sa tête d’un air tout à fait angélique. Le sourire étirant ses yeux et leur donnant des reflets miroitant.
- Salutation, je suis Clionestra, je suis maintenant votre amie et vous allez me dire ce que vous voulez de vous jusqu’à ce que cela soit suffisant pour que vous acceptiez mon aide ! Commençons par moi, pour vous prouver que je suis honnête… mhhh …
Elle regarda à droite et à gauche pour réfléchir à ce qu’elle pourrait dire …
- Alors je suis une elfe blanche, je suis née en 1057, j’adore le Jasmin, le thé au jasmin, les plantations de jasmin, en bref tout ce qui ressemble de près ou de loin à du jasmin. A votre tour dites moi quelque chose sur vous ? D’ailleurs maintenant que nous sommes amis puis je vous tutoyer ?
Venait elle de retourner la situation comme une crêpe avec sa tête d’ange et son principe bizarre pour se faire des amis ? Oui … c’était aussi pour ça que Clionestra était considéré comme sage, parce qu’elle pouvait voir les gens et simplement les comprendre. On avait l’impression d’être avec elle comme avec une amie … et le futur lui prouvera que ça lui a toujours réussi !
Il l’entendit dire que sa mère était sage. Sage oui, elle était, douce et clémente aussi. C’était une femme forte, mais aussi une mère aimante. Si cela elle pouvait être à ses côtés, elle lui manque tellement. Il soupira intérieurement lorsqu’elle lui demanda s’il avait rencontré des êtres humains aux coeur purs. Il a encore tellement de ressentiment en lui qu’il a encore du mal à faire la part des choses. Mais il lui fallait tout de même relativiser, tous les humains ne sont pas des tueurs sanguinaires, certains sont innocents. Ils ont une famille, vivent une petite vie tranquilles ou alors certains même une vie de durs larbeurs comme eux. Il se mordit l’intérieur de la joue, il ne fallait pas qu’il soit de mauvaise foi, même s’ils gardait encore une haine féroce envers ceux-ci. Disons qu’il préférait le plus possible éviter le contact avec eux.
«Je suppose que tous les humains ne sont pas des meurtriers, quant au fait qu’ils ont un coeur pur, je ne sais pas, je ne pense pas en avoir rencontré un comme cela encore...»
Il s’emporta ensuite lorsqu’elle lui proposa son aide, il ne voulait pas l’impliquer dans ses problèmes, c’est sa vie après tout. Il a aussi assez de personnes à gérer, il ne veut pas avoir à s’inquiéter pour une personne de plus. Une part de lui le faisait aussi par fierté, il garde son caractère farouche de dragon. Il lui avait tourné les dos, serrant les poings pour ne pas craquer devant elle. Il n’attendant qu’une chose, qu’elle s’en aille, même si au fond de lui il ne voulait pas, il avait besoin de quelqu’un le soutienne, besoin d’une amie aussi à qui se confier. Il la vit s’approcher de lui, il tourna vivement la tête de l’aute côté, mimant d’être agacé. Pourtant lorsqu’il l’entendit lui parler, il tourna de nouveau la tête, bouche bée. Elle avait eu la gentillesse de lui proposer son aide, alors qu’elle ne le connaît même pas et il l’avait rejeté comme une malpropre. La plupart se seraient vexés et auraient tourné les talons, mais non pas elle, elle était là encore à persister. Quelle tête de mule... Est-ce que tous les elfes blancs sont comme cela ?
Il la regarda avec un drôle d’air, ne sachant pas vraiment quoi en penser sur le moment, ni sachant pas non plus quoi faire. Il resta un instant sans voix, ne sachant quoi répondre. Après un silence, il arriva à articuler quelques mots.
«Je...». Il essayait de trouver les mots pour lui répondre, pour riposter, mais elle lui avait cloué le bec. Il soupira d’exaspération. «Ok, ok tu as gagné»
Il s’assit sur une grosse pierre, puis leva la tête vers les étoiles.
«J’aime regarder le ciel étoilé, c’est l’une des rares choses qui arrivent à m’apaiser. Tu me fais penser à elles un peu, d’une certaine façon je me sens un peu mieux déjà en ta présence».
Il baissa la tête vers elle, la regardant dans les yeux. «Désolé pour ce que je t’ai dit, ce n’était pas correct. Cela fait si longtemps que je vis dans la solitude, j'ai mes soeurs certes, mais je n'ai personne à qui me confier. Si je peux avoir une amie déjà, c’est déjà bien, je ne m'attends pas à des miracles».
Il sait que la magie blanche ne peut pas tout faire, elle ne peut pas leur permettre d’avoir une vie meilleure, mais si au moins il peut compter sur son soutien pendant ces années, alors il sait qu’il tiendra le coup et que tout irait bien pour eux, il s’en assurerait. Il était heureux donc que Clionestra l’accepte comme amie.
La sagesse était quelque chose de relatif, Clionestra le savait … mais elle savait aussi que le monde était sage, quand il voulait bien ouvrir les yeux. Cet homme en face d’elle voyait le mal, ce qui était tout à fait normal au vue de sa vie actuelle, et de celle peu plaisante qu’il avait du avoir avant … cependant, elle ne pouvait pas le laisser ainsi. Elle ne pouvait pas simplement détourner les yeux et repartir, alors elle attendait… L’homme avait avoué que tous les hommes n’étaient pas mauvais…. Décidément, elle tombait que sur des personnes bien depuis quelques temps. L’homme avoua, et un sourire avant étirer ses lèvres. Sourire qui ne décoller pas même quand l’homme essaya de la repousser … Pardi, le monde était si étrange quand on connaissait sa globalité.
Têtue, et décidé, Clionestra refusait de laisser l’homme dans ses pensées si solitaire. Les dragons étaient des êtres majestueux, mais eux aussi était un peu borné … ravi de voir qu’elle avait fait mouche, et qu’elle avait gagné une petite bataille contre un monstre à écaille, elle finit par se redresser pour pointer le nez sur le ciel étoilé … et oui, elle avait gagné. Et, alors que son égo avait augmenté d’un coup, elle savait pertinemment que cette victoire ne resterait qu’entre eux. C’était leur discussion, intime et privé, et personne ne saura jamais qu’un grand dragon c’était laissé avoir par une petite elfe. Elle sourit à son compliment. Avant qu’il ne se rétracte. Elle sourit en se mettant à côté de lui.
- Ne t’excuse jamais de penser. Si je suis ton amie, tu peux me dire tout ce que tu désires. Et je suis ravi de t’apporter de l’apaisement, mais je dois te prévenir tu dis ça parce qu’on vient de se rencontrer… je suis bien plus fatigante que ce que l’on crois.
Elle lui fit un clin d’oeil avant de se retourner vers les étoiles. Elle ne le savait pas encore, mais son habitude de sortir sans prévenir la transformera en louve … abomination et horreur de son village, caché et oublié. Elle l’ignorait encore, mais elle finira par ressentir cette apaisement à l’observation des étoiles pendant les 20 ans qu’elle passera sans jamais voir personne. Les étoiles comme guide. Pour le moment, elle n’était qu’une elfe, et son regard se posa sur le dragon à nouveau.
- Pourquoi n’essaie tu pas de te faire des amis parmi les humains ? Tu es un beau jeune homme, tu es gentil et tu as une philosophie et des principes, tout le monde gagnerait à être ami avec toi. Est ce que tu as déjà essayé ?
La question était simple, quoi que plus subtile que de raison. Elle demandait simplement si sa haine des humains l’avait empêcher de se faire des amis, ou s’il avait eu un alignement des astres qui l’avait fait croiser le chemin que de vils personnages… Dans la tête de Clionestra elle se demande si elle ne pourrait pas faire quelque chose, leur trouver une nouvelle ville, avec peut être des personnes plus bienveillantes, et aptes à faire naître un sourire sur le visage de son ami !
Même si sur le moment il avait voulu la faire fuir, il lui était reconnaissant d’être resté, après tout il n’avait pas été tendre avec elle. Il le trouvait étrange, mais d’une bonne façon, elle est tellement différente des personnes qu’il a rencontrées jusqu’ici. Est-ce que toutes les elfes blanches sont comme elle ? Elle est si rayonnante, pleine de vie et d’espoir, elle voit toujours le côté positif des choses. Tout le contraire de lui qui depuis la mort de ses parents voit tout en noir, comme s’il avance dans un couloir sombre sans jamais trouver la sortie. Peut-être que Clionestra est sa lueur d’espoir, sa porte de sortie, peut-être peut-elle vraiment les aider ? Ironiquement ce n’est pas ce qu’il souhaite de prime abord, parce qu’il ne veut impliquer personne dans ses problèmes. Mais il a le sentiment qu’elle ne va pas le lâcher si facilement, qu’elle est déterminé à l’aider, ce qui lui fait chaud au coeur. Pourtant, il veille à ne pas trop s’enthousiasmer, trop d’espoir peut être dangereux. Pour l’instant, sa seule présence comme amie, comme soutien le convient très bien. Cette dernière le prévint qu’elle est en fait bien plus fatigante qu’elle en à l’air, un sourire s’afficha sur son visage.
«Je ne suis pas facile à vivre non plus, tu t’en es rendu compte je pense un peu, je suis un caractériel, à ce qu’il paraît...»
Ils restèrent tout les deux un moment à regarder la lune, profitant de cette parenthèse apaisante. Clionestra lui demanda ensuite pourquoi il ne se faisait pas de nouveaux amis. Il baissa la tête de nouveau elle, un peu gêné face à tous ses compliments, c’est qu’il n’a pas l’habitude d’en recevoir. Des amis ? Il n’a jamais vraiment cherché à aller vers les autres, peut être un peu par crainte au début, parce qu’il ne connaîssait rien d’eux, que la seule image qu’il est d’eux d’ailleurs n’est pas très bonne, mais aussi parce qu’il ne veut pas prendre le risque, même encore aujourd’hui que leur nature de dragon soit découverte. Même encore aujourd’hui, cette pensée le hante, il est responsable de la protection de ses soeurs, il la promit à ses parents. Mais il est prêt à faire quelques efforts, croire qu’il peut aussi faire de belles rencontres parmi les humains.
«Après ce qui est arrivé à mes parents, je ne voulais pas m’en approcher. Mais il fallait bien trouvait de quoi nous nourrir, alors j’y fus bien obligé, mais je leur parlais uniquement par nécessité, restant bref. Une part de moi aussi a peur que notre secret soit découvert. En même temps... si n’essaie pas, si je ne fais pas le premier pas, comment saurais-je si éxiste ou non des humains bons dans ce monde ?»
Il se crispa légèrement, serrant les poings, cette pensée lui faisait peur, mais il ne pouvait pas vivre en hermite ainsi infiniment.
«Mais bon, notre situation actuelle ne laisse guère le temps pour les rencontres...»
Il se posa un instant.
[b]«Tu sais, j’ai toujours voulu tenir une taverne avec mes soeurs, on serait bien plus libre et on pourrait rencontrer des gens, mais je n'ai pas les moyens pour cela».
Clionestra restait auprès de l’homme en regardant les étoiles, puis le déplacement des feuilles dans les arbres, puis le vol des particules de poussières, ainsi qu’un peu l’homme à ses côtés… elle était ne très bonne observatrice, peut être un peu trop bonne … Et elle savait qu’être fixé ne plaisait pas toujours, alors elle évitait … mais elle voulait pouvoir voir ses réactions … elle pouvait comprendre son ami beaucoup mieux en mettant un visage à un ton donné.
- Avoir du caractère n’a jamais fait de mal à personne, et je suis ravie que tu en es. C’est plus drôle.
Elle sourit et tourna sa tête correctement vers lui pour lui tirer la langue. Si on parlait de caractère, lui ne la connaissait pas encore complètement … elle était au bord de la folie quand elle décide de tout simplement être heureuse. Elle écouta son histoire sans en perdre une miette. C’était triste … elle ne pouvait le nier. Perdre ses parents à cause des humains, et ensuite s’en faire des amis … Elle comprenait cela … mais elle ne voulait pas que cela affecte la vie de l’homme au point qu’il se ferme comme il avait essayé de le faire avec elle.
- Et si tu essayais de commencer par sourire. Pas la peine de leur dire ton secret, bien que je suis sur que beaucoup sont au courant Et en effet, si tu n’essaie pas tu ne sauras jamais… mais il faut commencer doucement. Quand tu te sens à l’aise avec quelqu’un… il faut que tu essaies doucement.
Elle se mit à réfléchir … il était vrai qu’avec ses employeurs, il ne pouvait pas discuter, la preuve en était … et qu’en plus c’était des méchants … cependant il ne pouvait pas se permettre de perdre son travail… Elle réfléchissait à toute allure alors qu’elle regardait les étoiles pour en faire des formes qui ne représentaient des choses que pour elle. Elle se crispa à son tour à sa phrase.
Mais elle ne se crispa pas pour la même raison … Elle avait envie de lui donner de l’argent pour qu’il ouvre sa taverne et face ce qu’il désire … mais même si elle désirait ardemment lui offrir, elle sentait qu’il ne pourrait pas accepter, et surtout qu’il se sentirait toujours redevable de ce qu’elle aurait donné … alors qu’elle était une elfe… l’entassement de richesse et l’abondance de cette dernière était un fait normal parmi son peuple …
- et si nous allions trouver un taverner qui te prendrait comme apprenti ? Cela doit bien exister ?
Il y avait trop de "Et si" dans ses phrases, ça l'agaçait, elle voulait faire quelque chose et tout de suite... La patience était une vertu qu'elle n'avait que quand elle le voulait...
HRP - Je te propose que Clionestra paie les employeurs pour des jours de congés, et qu’ils partent à deux (pour ne pas jouer tes soeurs) chercher une taverne ? Ça te tente ?
Accueil 
