Travailler à l'hôtel et un exutoire pour moi,  cela vous permet de passer moins de temps à la maison,  maison un bien étrange mot pour parler de là où je vis avec mon père.  Père est un bien étrange mot également pour parler de Karl. On ne peut pas dire que je suis grandement apprécié par mes collègues,  tous plus âgés que moi,  ils se croient permis de me faire la morale  parce qu'ils sont mes ainées. Mais  je ne manque jamais de les remettre à leur place,  celle de mes égaux en tant qu'employé.  Le travail de réceptionniste demande beaucoup de rigueur et malgré mon jeune âge je ne fais pas d'erreur  contrairement à certains.  Je n'ai jamais eu de talent pour me faire des amis.

Malheureusement étant mineur,  je n'ai que des contrats à courte durée.  Aujourd'hui je ne suis pas à jour dans mes contrats,  cela n'est pas dans mes habitudes mais avec les derniers événements,  ceux du mariage notamment,  j'ai un peu eu les idées ailleurs.

Le document attestant l'autorisation de travail par mon géniteur Karl enfin entre les mains,  je me rendis au bureau de la direction pour signer mon nouveau contrat.

Bien que je n'avais pas de rendez-vous,  un avenant ne prenant pas 10 ans,  je me pointais à l'improviste.  Loin de m'imaginer tomber nez à nez avec un ancien employé :  Keon Quill.  La petite fouine que je suis,  n'a pas manqué au départ bruyant de ce médium,  mais le motif de son départ m'échappe encore.  Ou plutôt m'échappais…

Car lorsque Keon  sortie du bureau de Damaris Boet,  je pu voir celle-ci embrasser cet homme. Je peine à en croire mes yeux,  il me semblait bien les avoir vu ensemble au mariage,  notamment quand ce type contre toute attente s’avéra capable d'invoquer une épée magique.  Mais j'étais loin de penser qu'ils étaient en couple. Damaris  et une femme resplendissante,  intelligente,  riche et de toute évidence puissante. Keon… N mais rien de tout ça,  peut-être puissant finalement,  mais je crois que parmi tous mes collègues de travail je n'ai jamais vu un type aussi maladroit,  peu confiant en lui  et parfois je me questionnais au sujet d'une quelconque tare intellectuel  qui expliquerait son air halluciné devant des choses banales  et le nombre de fois où je l'ai vu lire des ouvrages destinés aux enfants,  dans ce qu'il croyait être une démarche discrète.

Que diable lui trouve-t-elle ?

- Salut Tyler !

-  Salut…

Est-ce que je vais lui dire qu'il a du rouge à lèvres sur la joue ?
Non.

- Damaris, bonjour.

Tentais-je de l’interpeller alors qu’elle regarde Quill s’éloigner comme les adolescentes de ma classe, c’est assez déroutant, j’étais pour ainsi dire très loin d’imaginer la sorcière ainsi. Comme quoi, y’a pas que Karl qui régresse pour “l’amour”...

- Est-ce que Keon est votre… Il va revenir parmi nous ?

À vrai dire, je n’ai jamais eu de plainte des client concernant Keon en dehors de ses bizarreries, son travail a toujours été bien fait, enfin en même temps, il ne faut pas être un génie pour faire le ménage. Bien qu’apparemment on arrive quand même à embaucher des incompétent à l’occasion… Mais il est un peu bizarre, j’ai beau savoir qu’il est médium, le voir causer tout seul c’est malaisant à la longue… Il fiche froid dans le dos avec ses macchabées partout !

Il semble évident qu’il est parti à cause de sa relation avec la patronne, Amarante l’aurait renvoyé ? Un peu tyrannique et archaïque, mais en même temps, je la comprends… Keon quoi…

Faut croire que le monde entier part en vrille !

Cela faisait quelques minutes que Keon s'était présenté un l'impeoviste pour lui offrir un nouveau bouquet de fleurs, encore plus beau que le précédent. Qu'est-ce qu'elle aimait ses petites attentions qui ne cessaient de la faire fondre. Mais malheureusement pour elle, il ne pouvait pas rester plus longtemps, elle l'accompagna jusqu'à la porte qu'il ouvrit puis elle ne pu s'empêcher de suivre son instinct. Elle alla prendre son visage entre ses mains puis elle l'embrassa langoureusement.

- A ce soir, dit-elle avec un sourire avant de le regarder s'éloigner, sourire aux lèvres et le dévorant du regard, se mordillant légèrement la lèvre.

Ce ne fut que lorsqu'il arriva a l'ascenseur qu'elle remarque la présence d'un invité surprise. Son regard bleu, surpris, se posa sur le jeune homme et elle se remit droite alors que ce dernier lui posait une question. Tyler Fitzgerald. Sorcier, en plein dans ses études a l'Académie Ravenwood, et fils du régent de Red House. Récemment arrivé mais pas d'hier, au point qu'il avait pu travailler lorsque Keon était encore au Lux. Elle haussa un sourcil. Avait-elle bien entendu ? Avait-il eu l'intention de lui demander si Keon était son petit-ami ? Heureusement qu'il s'était rattrapé en lui demandant finalement si le médium allait revenir travailler au Lux.

- Bonjour à vous aussi ! Non il ne reviendra pas parmi nous. Mais vous n'êtes pas venu pour ça, n'est-ce pas ? dit-elle en désignant du menton le papier qu'il tenait dans sa main.

Non bien sûr que non il n'était pas devant elle pour s'enquérir de la situation dans sa vie sentimentale, heureusement car il aurait reçu bien mauvais acceuil. Il n'était pas majeur et n'avait pas à lui faire le moindre commentaire sur Keon, s'il tentait...

Elle s'écarta de l'embrasure de la porte et invita le jeune homme a entrer. Elle referma la porte derrière et l'invita à s'asseoir sur la chaise en face de son bureau puis elle alla leur servir deux verres d'eau.

- Je vous écoute Tyler, dit-elle avant de se retourner pour revenir vers son bureau. Elle donna un verre à Tyler puis elle s'assit sur son fauteuil, elle bu une gorgée d'eau avant de poser son verre devant elle.

- Du tout,

Répondit-il lorsque Damaris lui demande s’il est là pour parler de Keon. Il se fiche pas mal de ce grand nigaud, il est seulement très surpris de les savoir ensemble. Pour tout dire, il ne l’aurait jamais soupçonné, ils sont bien trop différents. Mais les gens font ce qu’ils veulent après tout, bien que franchement, c’est assez risible tout ça.

Il entre dans le bureau de la sorcière rousse et s’installe sur la chaise qui lui est proposée. IL n’est pas fatigué, mais Tyler s’efforce à être poli. Ses yeux se posent sur le verre d’eau, il ne doute pas qu’elle ai besoin de s’hydrater, ça use al salive de galocher…

- Je n’userai pas beaucoup de votre temps, je vous apporte le document attestant de mon autorisation de travail en tant que mineur.

Sur ces paroles, Tyler lui tendit le document en forçant un sourire. Il n’a jamais vraiment discuté avec Damaris, ils n’ont pas réellement sympathisé et ça ne le dérange pas.

- Pensez-vous que l’on puisse en profiter pour discuter de certain détails de mon contrat ? J’aurais… Besoin de faire plus d’heures.

Oui parce qu’en fait, moins il passe de temps chez lui, mieux il se porte. Surtout depuis que tout le monde semble enclin à lui faire la morale. L’amour ça rend les gens débiles, Karl en est victime, et Lyanna a tombé dans le piège. Les deux ensemble, la blague… Mais peut-il critiquer l’amour devant la sorcière puisqu’elle semble victime du même mal ?

- Je sais que ce n’est pas écris sur le papier signé par mon père, mais ce n’est qu’un bout de papier, cela fait quelque temps après tout que… Que je suis là, sans contrat actualisé…

Bon est-ce qu’il est en train de leur dire qu’ils ne sont pas dans les clous niveau RH ? Mauvais argument probablement, mais il faut croire que l’image d’une Damaris avec ce regard sur Keon, comme une gamine, c’est loin de l’image qu’il se fait du monde des affaires. Il tends à la sorcière une proposition de planning avec un temps supplémentaire pour lui, Tyler lui a mâché le travail histoire d’avoir l’air crédible

- Ça fait un moment qu’Eve veut réduire ses heures pour s’occuper de ses enfants… À moins que son prénom soit Charlotte… Vous savez, brune avec des lunettes rouges.

Connaitre le nom de ses collègues de fonction devrait être la base et pourtant… Décidément, ça ne le rend pas du tout plus sociable d’avoir un emploi.

- Bien, répondit-elle simplement avant de le laisser entrer dans son bureau.

Elle ignorait la raison exacte de sa venue mais elle ne doutait pas qu'il répondrait à sa question avec détails. L'important résidait à répondre à ses questions tant que cela n'abordait pas ce dont il venait d'être témoin. Non pas qu'elle avait honte de Keon, loin de là, mais cela n'était pas un sujet de discussion entre un employeur et son salarié, mineur qui plus est. Elle l'invita ensuite à s'asseoir avant de leur servir un verre d'eau et de s'asseoir sur son fauteuil.

- Parfait merci, dit-elle en prenant l'autorisation du père de Tyler dont elle vérifia que tout était bien en ordre puis elle la mis de côté alors que le jeune sorcier reprenait la parole. Plus d'heure ? Une demande tout à fait surprenant mais il fallait écouter avant de prendre une quelconque décision.

- Je vois que vous venez préparé, c'est bien, constata-t-elle en prenant le planning qu'il lui tendait puis elle commença à l'examiner. Cela avait été réalisé avec minutie à laquelle la sorcière ne s'attendait pas vraiment mais Tyler semblait être de ces jeunes matures, en certaines conditions, et ce n'était pas pour lui déplaire : il l'avait avancée de manière significative dans ce projet de travailler plus et en plus cela était plus que convenable. La somme totale des nouvelles heures indiquée sur le planning atteignait la durée maximale légale pour les mineurs qui pouvaient travailler, c'était bien réparti alors elle ne voyait aucune raison pour refuser la requête.

- Perdu, brune et paire de lunettes rouges c'est Eve mais vu le nombre de salariés je peux comprendre que vous puissiez vous perdre dans les prénoms, répondit-elle avec un léger sourire avant de détourner le regard vers son ordinateur pour ouvrir le dossier commun des contrats puis elle ouvrit celui de Tyler et commença à enregistrer les modifications. Je suppose que si vous demandez à travailler plus, c'est que vous êtes satisfait de votre emploi ? Eprouvez-vous des difficultés sur certains points ? demanda-t-elle en s'arrêtant un instant pour jeter un oeil au jeune homme puis elle bu une autre gorgée d'eau avant d'écouter la réponse de Tyler.

Je regarde Madame Boet examiner les papiers, c’est une femme minutieuse, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’elle s’assure d’autant plus que tout est en ordre par rapport à mon père. Une fois cette formalité faite, je lui demande une augmentation de mon temps de travail, j’estime être capable de faire plus. Et surtout, plus j’aurais d’argent de côté mieux je pourrais m’installer seul une fois l’âge requis pour. Autant le dire : j’ai hâte.

Elle observe le planning qui n’est probablement pas parfait car j’ignore les closes des contrats des autres employés, certains exigent certains jours de la semaine et moi par exemple, ne peut être présent que lorsque l’école me le permet de l’être.

- Eve.

Répétais-je par politesse bien que je me moque pas mal du nom de mes collègues, ils me prennent pour un gamin, à part me demander comment se passer l’école, ils ne trouvent rien à me dire. Je préfère être seul dans mon coin, un peu comme le faisais ce cher Keon quand on y pense. J’aurais peut-être dû partager le déjeuner avec lui quelques fois…

- Tout se passe bien Madame Boet, on ne peut pas dire que la réception est une passion je ne vais pas vous mentir, mais je tiens à être autonome le plus rapidement possible. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est loin d’être un cadeau d’être le fil du régent d’un Coven. Par ailleurs je salue votre choix de n’en rejoindre aucun et j’espère avoir la liberté d’en faire de même au moment venu.

Dieu sait que ce choix va déplaire et décevoir les Fitzgerald, mais la politique, je m’en tamponne les aisselles ! Je me demande si elle est embêtée de ne faire parti d’aucun coven, ils sont toujours là à vouloir recruter tous les sorciers qui leur tombent sous la main. Je ne sais pas quelle magie elle pratique, mais je ne l’imagine pas du côté de la magie noire.

- J’aimerai devenir tatoueur magique, vous qui avez fait grande carrière, pensez-vous que ce soit une activité viable ou dois-je m’abstenir de me plaindre pour conserver ma place ici ?

Faire deux métiers, beaucoup le font, alors pourquoi pas. On ne peut pas dire que j’ai souvent l’occasion de parler de mon avenir, pas avec des gens neutres me concernant, cependant je n’ai pas l’intention de l’importuné si elle ne veut pas en discuter, elle a très probablement autre chose à faire.

Damaris ne connaissait que vaguement la personne qu'était Tyler Fitzgerald et le seul point qui leur était commun se révélait être Arthur et Karl Fitzgerald. Le premier était un sorcier que la jeune femme appréciait beaucoup tandis que le second lui restait tout de même quelque peu mystérieux. Elle n'avait pour le moment rien entendu de négatif sur le jeune sorcier assis en face et cela était bien sûr un sacré avantage pour lui comme pour elle qui était un de ses employeurs. Il se révélait être minutieux avec cette proposition de planning qu'il venait de lui donner et ce genre d'initiative se faisait rare. Tout était en ordre  et en prenant en compte les besoins de chacun ce planning ne serait modifié que de peu.

Alors qu'elle finissait d'apporter les modifications nécessaires au contrat de Tyler, Damaris lui demanda s'il se plaisait au Lux et s'il y avait des points dont il voudrait lui parler. Elle l'écouta attentivement. De l'autonomie c'était donc ce que recherchait le jeune homme et cela pouvait ce comprendre, à cet âge les adolescents et jeunes adultes voulaient prendre leurs distances par rapport à leurs parents. Elle se pinça inconsciemment les lèvres alors qu'il lui confiait la difficulté d'être le fils d'un régent, qu'il saluait sa décision de ne pas avoir rejoint de coven.

- Je comprends parfaitement votre désir d'indépendance et je me doute qu'effectivement ça ne doit pas être facile d'être le fils du régent de Red House, reprit-elle tout en lançant l'impression du document. Elle se leva pour aller récupérer les documents, vérifiant que tout était en ordre puis elle revint s'asseoir pour parafer et signer les deux exemplaires du contrat. Pour ce qui est de rejoindre ou non un coven, je ne peux ni vous encourager à rester solitaire ni à en rejoindre un, tout dépend de vos envies. Pour ma part j'aurais pu rejoindre le coven rouge de New-York, j'ai préféré rester à Los Angeles, expliqua-t-elle avant de tendre les documents accompagnés d'un stylo à plume.

Elle bu un peu d'eau tout en écoutant le jeune sorcier qui reprenait la parole. Elle leva un sourcil surprise. Tatoueur magique ? Voilà bien une voie qui était que trop rarement exprimée, prise ou entendue. Elle bu à nouveau une gorgée d'eau tout en réfléchissant à la question qu'il venait de lui poser. Elle finit par s'éclaircir la gorge.

- Je pense que tatoueur magique est effectivement une activité viable, nombre d'entre nous utilise des runes et un professionnel à Los Angeles pourrait vraiment avoir du succès. Je dois bien avouer que c'est une idée qui me plaît beaucoup, si vous êtes doué, aussi minutieux que vous me semblez l'être, je pourrais sûrement faire appel à vous, répondit-elle enfin en croisant les mains et fixant son regard azur sur le jeune homme.

Elle ne semble pas s’opposer au changement de planning, j’imagine qu’elle doit valider avec Amarante et Sigvard avant de m’annoncer quoique ce soit, mais je pars déjà gagnant. Je ne m’attendait pas à ce qu’elle compatisse à la difficulté d’être le fils de Karl. J’ignore si elle le connait, s’ils sont amis ou pas… Mais de prime abord, j’ai idée qu’elle ne le porte pas spécialement en son cœur, mais qu’elle ne le déteste pas non plus. En même temps, si elle sort avec un type comme Keon, je peux croire qu’un homme comme mon père ne l’intéresse pas. Keon, c’est plutôt le chaos, la maladresse, mais aussi une éponge sentimentale et la gentillesse même. Alors que mon père… Bah c’est mon père quoi.

- J’ignorais que vous êtes New-Yorkaise, vous n’avez aucun accent… Los Angeles n’est pas une mauvaise ville, mais je dois admettre que peu de choses m’y retiennent…

Oui j’ai envisagé partir, d’où le besoin d’un bagage financier.

J’attrape les documents et pris une seconde pour examiner le magnifique stylo à plume qu’elle me tend, elle ne manque pas de gout en la matière. Avec ça, on ne peut qu’avoir une belle écriture. Je signais en toute confiance après avoir plus brièvement les lignes principales, pourquoi est-ce qu’elle se risquerait à me faire signer n’importe quoi ?

Je lui rendit document et stylo après avoir entendu sa réponse.

- Vous pouvez me croire que l’approximatif ne fait pas parti de mon art, mais si vous souhaitez en avoir un aperçu je pourrais vous apporter divers croquis à l’occasion.

Ce qui était bon à savoir dans ce qu’elle avait dit, c’est qu’il n’y a apparemment aucun professionnel du tatouage magique à Los Angeles, ce qui veut dire qu’il y a moyen de faire quelque chose de bien, d’être rapidement sollicité et indépendant. Mais pas question de me lancer dans cette activité avec l’appuis familial. Je veux baser ma carrière à partir de moi-même. Un léger sourire persiste sur mes lèvres, finalement Damaris est une sorcière intéressante, parfois si je m’intéressais aux gens, je m’en rendrais probablement compte plus souvent. Mais j’ai bien trop souvent l’impression d’être entouré que de crétins…

- N’avoir aucun Coven est un avantage pour un tatoueur magique. J’imagine que la Red House me rejettera si je refuse de les rejoindre, mais je n’ai pas besoin de mon nom pour savoir qui je suis et ce que je vaux. Votre famille prospère à New-York ?

Est-ce qu’elle aussi à eu besoin de prendre le large ? Est-ce la meilleure chose à faire que de partir ? Tourner définitivement la page, ne pas se retourner.

- Malgré les apparences je suis bien californienne, j'ai en revanche suffisamment voyagé au point de ne pas garder l'accent, répondit-elle, amusée.

Non Los Angeles était loin d'être une mauvaise ville et si la sorcière aimait se rendre à New-York elle préférait la vie en Californie ou l'ambiance en Louisiane que l'empressement new-yorkais. Elle ignorait totalement quelle était la vie privée de Tyler et cela ne la regardais pas le moins du monde, s'il voulait en parler elle l'écouterait mais ils s'en porteraient mieux tous les deux s'ils ne se mettaient pas à se confier.

Elle préféra ne pas rebondir sur le sujet de l'attache, cela relevait d'un sujet de conversation particulièrement périlleux et la sorcière ne voulait pas s'y risquer. Son entreprise et sa vision d'expansion, Amarante, sa famille étaient son attache à Los Angeles... Keon aussi bien sûr, "surtout" serait le mot juste. Partirait-elle dès demain ? Non. Le ferait-elle si elle n'avait pas toutes ces dernières attaches ? Peut-être. Mais l'heure n'était pas à se poser de telles questions existentielles, elle devait parler travail et avenir avec Tyler Fitzgerald.

- Je suis vraiment curieuse de découvrir vos talents de dessinateur et quel genre de tatouages vous pourriez me proposer, Tyler, dit-elle. Aucune moquerie dans son ton, juste de la sincérité. Il semblait ambitieux, déterminé et son idée plaisait à la jeune femme.

Cette dernière écouta attentivement la remarque de Tyler. La première partie était très intelligente, être un sorcier solitaire pour un tatoueur magique était d'un avantage indéniable. Le seconde partie fut plus triste, peut-être pas pour lui mais pour la rousse ça l'était : renier son enfant de la sorte pour ses choix ? La dernière partie trouva un écho en Damaris, elle avait beau perpétrer le nom Boet sur le devant de la salle, elle était aussi reconnue pour qu'elle faisait et non pas qui elle était.

- Il n'est pas aisé d'être sans coven mais cela pourrait vous garantir une neutralité que les coven ne pourraient vous contester. New-York est ville tout à fait intéressante, où l'on peut rapidement faire du chiffre... mais honnêtement je ne pense pas que cette ville vous rendrait ce que vous lui donneriez, je pense qu'elle ne vous correspond pas.

Cette femme a fait son bout de chemin malgré son nom élogieux, elle a fondé sa propre identité, mais est-ce que les gens ne continuent pas à la voir uniquement comme la fille Boet ? Je ne suis pas vraiment renseigné sur la famille, je sais que son frère possède une clinique ce qui est assez impressionnant. Plus qu’une compagnie aérienne ? Certainement pas. Pourtant les gens jugeront une clinique plus importante que des avions. On sait d’elle qu’elle est parenté avec Madame Byron, alors est-ce que c’est tout ce que l’on retient de son parcours à elle ? Est-ce que je ne serais jamais que le fils Fitzgerald ? Le gamin sans intérêt que personne n’a jamais considéré… Pourquoi voudrais-je d’une place dans cette famille qui a mis quinze ans avant de réaliser que j’existe ? Tout allait bien avant que ma mère ne meure, je m’étais fais à l’idée, j’acceptais parce qu’elle était là…

J’ai hoché la tête prenant note mentale d’emporter un de ses jours mon book pour qu’elle puisse apprécier la finesse de mon art. Toutes les critiques seront bonnes à prendre, même de la part d’une femme qui n’y connait peut-être rien au final… Il faut que je me mette en tête que 95% de mes futurs clients n’y connaitront rien en art.

- Une neutralité ? Je ne pense pas. La Red House me repoussera sans doute quant à la White Chapel, on ne peut pas dire qu’ils apprécient vraiment les Fitzgerald. Mais heureusement pour moi, il n’y a pas que les sorciers qui ont une peau à tatouer.

Les médiums, les esprits, les chasseurs, les humains initié à la magie (les calices j’imagine surtout) et peut-être bien trouver un moyen de tatouer vampires et garou. Qui sait ?

- Vous semblez amère au sujet de New-York.

La vie là-bas est différente, mais dans le fond elle a raison, je ne m’y plairait probablement pas, je n’ai pas envie d’effacer mon nom en fuyant, mais en faisant quelque chose qui fera que l’on cesse de me voir comme le fils de.

- Qui sait, quand j’en aurais assez d’être affilié à cette famille tordue, j’irai au Canada. Au pays où les gens sont plus sympas qu’ici...

Keon est Canadien, pas officiellement, mais j’en suis persuadé. Je ne veux pas la mettre mal à l’aise, bien au contraire, je ne sais seulement pas comment exprimer ce genre de choses qui touchent à l’émotionnel. J’y connais pas grand-chose à l’amour, de ce que j’ai vu jusque-là : le chaos. Que de beaux exemples… Mais même si Keon n’est clairement pas de son niveau, c’est tout de même un type bien, un Canadien quoi…

Il était réellement intéressant de discuter avec Tyler même la jeune femme n'aurait jamais pensé avoir une telle discussion avec jeune homme de son âge. Sa remarque concernant New-York la fit sourire.

- Et bien disons que New-York est trop dans l'urgence des choses. San Francisco, La Nouvelle-Orléans, Denver, San Antonio sont plus agréables pour vivre et travailler. Mais si vous le souhaiter j'ai des contacts à New-York qui se feraient un plaisir de vous prendre quelques jours sous leur aile afin que vous puissiez vous faire une idée, répondit-elle avant de lui faire cette proposition.

Elle aurait beau lui proposer son aide, c'était surtout au jeune sorcier de se forger son propre avis. Et puis concernant le fait de partir vivre au Canada en dernier recours parce que le pays était réputé pour la gentillesse de son peuple... elle était loin d'être bien informée pour lui confirmer ou infirmer la chose. Ce qu'elle savait en revanche c'était que pour de nombreux pays des clichés leur collait à la peau, plus ou moins avantageux, et ce qui était certains c'était que ce qui était vanté était loin d'être la norme. Bien trop européenne dans son éducation, elle n'aimait pas ces trop grandes preuves d'amitié montrées par les américains alors qu'en aparté ils étaient capables de proférer bien des horreurs.

- Est-ce la gentillesse qui vous pousserait à partir ou vraiment l'envie de découvrir autre chose que ce que vous connaissez, Tyler ? Parce qu'au Canada ils ne sont pas tous sympas : les anglophones rabaissent les francophones qui eux-même détestent les canadiens anglais... demanda-t-elle.

Peut-être qu'un peu de gentillesse était ce que recherchait Tyler mais la sorcière penchait plutôt pour le respect, après tout il était mature et son entourage semblait manquer de confiance à lui accorder. Mais s'il recherchait de la gentillesse au Canada, il en trouverait mais dans sur l'entièreté de cet immense territoire.

- Est-ce qu'à Ravenwood on vous a déjà donné de quoi vous renseigner pour votre métier ? Ou est-ce que vous faites ça par vous-même ?