Le grand jour était enfin arrivé. Arrivée une journée avant la date fixée par Ambrosia Kane, Sigrid avait choisit d'explorer Portland afin d'en découvrir tous ses détails. Après tout quel leader ferait-elle si elle n'analysait pas le terrain sur lequel on lui demandait de se rendre pour rencontrer les représentants des autres espèces surnaturelles de Los Angeles ? Réponse, une bien piètre leader. Si le but d'une telle demande n'était en soi rien de suspect et amplement logique, il n'en était pas moins qu'une certaine prudence lui était criée par son instinct tant les informations qui avaient pu être obtenues sur la nouvelle reine des croquemitaines ne pouvaient refléter sa personnalité et la manière dont elle pourrait réagir.

Se rendant sur les lieux indiqués, quelques minutes en avance, Sigrid conduisait la voiture de location en compagnie de Santiago qu'elle avait choisit pour l'accompagner. après avoir reçu des mains de ce dernier la lettre l'invitant à se rendre à Portland, elle ne s'y était évidemment pas rendue sans être accompagnée. Deux autres vampires avaient donc été choisis pour venir avec et elle avait décidé d'emmener sa chère Théodora, son calice, pour quelques précautions nutritionnelles. Ainsi correctement nourrie durant le voyage et peu avant de quitter l'hôtel, même si la Kane aurait assurément pris les dispositions nécessaire, Sigrid pourrait être des plus concentrées une fois l'entrevue de groupe débutée.

Une fois le moteur coupé, il ne fallut pas bien longtemps aux deux vampires pour se retrouver dehors et d'instinct observer de plus près les lieux. Il ne lui suffit que d'une infime inspiration pour sentir l'odeur caractéristique des croquemitaines avec ces effluves de puissance et ce soupçon d'horreur à donner la chair de poule. Les yeux aciers de Sigrid balayèrent les environs avant qu'ils ne se posent sur deux hommes qui gardaient l'entrée, les précautions semblaient avoir été prises pour ce dîner informel organisé. La suédoise ne quitta pas des yeux les deux êtres et elle murmura quelques mots pour son second du soir.

- N'oublie pas que l'obscurité peut nous jouer des tours. Rien de fâcheux ne devrait se produire mais ce soir fais confiance à tes autres sens.

Elle se retourna vers lui pour ajuster sa cravate puis ensemble ils allèrent se présenter et ils furent ensuite conduits à l'intérieur du bâtiment. Moins d'une centaine de pas furent nécessaire pour qu'ils rejoignent une salle au sein de laquelle se trouvait une femme. Vêtue d'un ensemble rose clair, voilà donc une couleur qu'elle n'aurait cru une croquemitaine être à même de porter, cheveux attachés et d'un blanc à faire pâlir un elfe, et elle portait magnifiquement bien un chapeau de la même teinte que ses habits. Cela lui allait bien et Sigrid était ravie de voir que ne dénoterai pas avec sa robe à fleurs. Tête haute et arborant un sourire de circonstance, la brune s'avança vers la femme attablée, suivie par son vampire.

- Ambrosia Kane, je suis ravie de faire enfin votre connaissance. Permettez-moi de vous présenter mon bras droit, Santiago, dit-elle en tendant tout d'abord la main à la leadeur avant de laisser s'avancer le latino pour le présenter. Je dois dire que Portland est une belle ville et représente un parfait terrain neutre !

- Manuel, est-ce que je dois vraiment… Vraiment porter cela ?

- Quoi, Finn ? Quelque chose ne va pas dans cette lettre ?

Bon, on ne peux pas dire que j’ai mis le cœur à l’ouvrage dans la rédaction de cette lettre à l’intention de Miss Kane, mais le message est là, c’est l’essentiel.

- Relecture, Finn.

Peut-être qu’à l’oreille je percevrais ce qui ne va pas…
Au cas où.

- Miss Kane, bien que vous m’honorâtes de cette invitation courtoise à ce diner, je suis au regret de devoir refuser.

Eh bien ce n’est pas si terrible que ça, de quoi s’inquiète Finn ?

- J’ai bien d’autres responsabilités ici pour avoir le temps de venir à Portland grailler avec les têtes de Los Angeles, ce qui présage une belle équipe de bras cassés autour de la tablée, ça ne me vend pas du rêve. Dois-je continuer de lire ?

- Oui… Oui, tout à fait… Je comprend parfaitement votre réticence à présent. Bon rendez la moi, je vais retravailler ceci.

Dirige la meute, se faire respecter, imposer un nouvel ordre avec les miens, c’est facile. Ils me connaissent depuis si longtemps, ils savent que je suis sage sans être pour autant capable de faire dans la dentelle. Mais les autres leaders seraient offensés par ce franc parlé. Nous venons à peine de sceller des accord de paix avec Nonos, enfin Sigrid Askadill, je vais éviter de me mettre à dos une autre clique de LA. Mais bon sang, qu’est-ce qu’ils m’emmerdent avec leur souper mondain... Est-ce que moi, je les invite à boustifailler ? Non. Et celui qui osera me dira que je suis censé en faire de même, se prendra un sacré coup de pied dans le derrière. Je suis un chef de meute, pas un guignol qui me pavane devant les autres clans pour faire de la dégustations de pinard. La politique fait parti de mes nouvelles fonctions, mais je n’irais pas faire campagne jusqu’à l’Oregon. J’ai bien assez à gérer avec les autres alphas des meutes voisines et devoir faire le ménage après le scandale O’Hare.

Les croques mitaines ne sont pas les seuls à devoir redorer leur réputation, mais je n’emploierai pas la même technique pour y parvenir. Aller à ce diner, serait me mettre en difficulté, ma franchise apprécié par les miens me ferait défaut. Outre la présence désagréable de Sigrid, mes relations ne sont pas non plus cent pour cent amicales avec le nouveau-ancien régent de la Red House.

Je soupire puis appelle mon joker asiatique pour me sortir des ronces.

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Finn arrive à Portland, le loup a le cœur qui bat à la chamade d’avoir été missionné de la sorte par le nouvel Alpha. Il aurait pu choisir n’importe qui, mais c’est à lui qu’il fait confiance ! Manuel sait y faire pour souder l’amour des siens en leur confiant aléatoirement des missions nouvelles de confiance. Il est accompagné d’une louve en guise d’escorte, bien que confiant en ses loups, il n’est pas certain de pouvoir avoir un tel sentiment à l’égard des croque mitaines, une espèce que Manuel abjecte peut-être même plus que les vampires. Il ne leur fera jamais de mal s’ils restent loin de la meute.

Le porte-parole arrive à la réception et se présente respectueusement sans prendre place à la table évidement, n’étant pas habilité à le faire. Peu savent vraiment à quoi ressemble Manuel en raison de sa longue absence de plusieurs années au Mexique avant de revenir prendre la place d’Alpha peu après l’exécution d’Eliott.

- Bonsoir Messieurs Dames, je me nomme Finn Wheeler de la meute de Los-Angeles. Mon Alpha, le juste Emmanuel Druid m’a envoyé afin de vous témoigner de son regret de ne pouvoir se joindre à vous ce soir. Voici ses quelques mots :

Il ouvre la lettre et poursuit bien qu’il connaisse par cœur chacune des lignes.

-  Miss Kane, bien que vous m’honorâtes de cette invitation courtoise, je suis au regret de ne pouvoir y répondre favorablement. De nombreuses obligations me retiennent à Los-Angeles dont le calendrier lunaire qui requiert ma présence auprès des miens pour cette ultime pleine lune de l’année qui brillera dans quelques jours. Je salue respectueusement Mesdames Lyanna Johnston régente de la White Chapel et Sigrid Askadill…

Finn ne pu s’empêcher de relever son regard vers la vampire, contenant sa bête en évoquant ce simple nom.

- ...Reine des vampires de Los Angeles, Monsieur Fitzgerald régent de la Red House, ainsi que leurs accompagnants. Je reste à la disposition de chacun d’entre vous pour tout entretien politique, Emmanuel Druid.

Bien que cela le démange d’ajouter à sa signature son titre d’alpha, Finn respecte le choix de ce dernier de rester humble. Le loup se contente de conclure ainsi après avoir replié la lettre et la tendre à Ambrosia.

- Je prendrais note de vos messages pour notre Alpha avant de me retirer de votre réception.

Les croquemitaines était une espèce surnaturelle parfaitement étrange de part sa fonction comme de son régime alimentaire. Plus étranges que les vampires étant donné que ces derniers n’étaient pas dans l’obligation de tuer leur proie pour se nourrir. Devoir se nourrir d’enfants pour survivre était une pensée qui révulsait n’importe quel être censé doté d’une once de compassion mais du point de vue de ces créatures c’était immuable, ils ne pouvaient réellement s’en passer.

En arrivant une journée plus tôt que le rendez-vous fixé, Sigrid voulait avoir suffisamment de temps pour repérer les lieux et prendre le pouls de la ville. Reconnaître le terrain était peut-être un vieux réflexe dépassé mais peu plus importait d’être critiquée pour cela, il s’agissait simplement d’une question de bon sens. Tout comme le fait de venir avec son calice. Ce n’était pas un manque de respect envers leur hôtesse qui aurait probablement pris ses dispositions pour satisfaire les goûts de tous ses invités mais la reine possédait tellement peu d’informations au sujet de la nouvelle régente, que venir avec Théodora était du bon sens : elle lui faisait confiance et elle était certaine de la qualité de son hémoglobine. Ainsi parfaitement nourrie elle pourrait être des plus concentrées et vives.

Peu après son arrivée en ville, elle avait reçu un message de Lyanna qui lui demandait si elle serait présente à ce dîner et elle lui répondit par l’affirmative sans toutefois la prévenir qu’elle était déjà sur place alors que son amie venait à peine de décoller. Le jour J arriva rapidement et lorsqu’elle arriva sur place, Sigrid fut surprise par la tenue qu’arborait Ambrosia Kane, elle n’aurait pas cru que le rose faisait partie du spectre de couleur porté par les croquemitaines. Cette dernière s’exprimait bien et rien de suspect ne se dégageait d’elle, la suédoise pouvait bien lui sourire sans afficher une quelconque méfiance, en revanche concernant les autres invités il s’agissait d’une autre histoire. Sigrid prit une profonde inspiration pour capter les odeurs dégagées par les nouveaux arrivants.

Il y avait tout d’abord Lyanna. Vêtue d’un tailleur gris perle avec un chemisier en soie blanche et coiffée d’un chignon, elle dégageait toujours autant de prestance. Sigrid la gratifia d’un léger sourire alors que le régente de White Chapel s’avançait vers elles et Santiago, flanquée de son gros bras Bradley Spencer et d’Arthur Fitzgerald le régent de Red House. Lyanna salua en premier Ambrosia non sans que ses yeux noisette ne viennent accrocher le regard acier de la suédoise. Il y avait un petit quelque chose dans ce sourire qui intriguait et qui contrastait avec la pensée en surface de la sorcière. Un compliment sur la tenue qu’elle portait. Elle hocha la tête en guise de remerciement alors que Lyanna présentait Bradley à Ambrosia. La sorcière vint ensuite vers la vampire, lui faisant part d’une nouvelle pensée tandis qu’elle la saluait. Elle n’était pas à l’aise sur ce qu’elle devait penser de ce dîner. Cela était tout à fait compréhensible. Sigrid elle-même se préparait à la moindre éventualité mais pour autant une part d’elle souhaitait laisser la possibilité à la croquemitaine de s’expliquer, elle ne pouvait qu’approuver le souhait d’une paix alors même qu’elle avait conclu un accord avec Emmanuel Druid pour faire cesser les tensions. En guise de réponse, la brune murmura un non avant que Lyanna ne se recule.


Tandis que la sorcière blanche se défaisait de son manteau, Sigrid se concentra ensuite sur le sorcier rouge. Expérimenté, sachant relativement bien se contrôler, ses sentiments se dégageaient à peine de son corps ou bien le parfum entêtant du sang magique parvenait à la tromper. Quoi qu’il en soit, le sourire du sorcier était franc alors qu’il saluait tout d’abord Ambrosia avant qu’il ne salue Sigrid. Elle lui serra la main.
- Arthur, vile flatteur ! répondit-elle. Elle salua la croquemitaine qui venait d'arriver, avant que ses yeux ne se posent sur l’être dont l’odeur la perturbait le plus.

Le stress était probablement une odeur aussi forte que la peur. Une odeur entêtante bien qu’âpre et moins épicée que l’effroi, l’odeur des proies prises au piège par le prédateur. Si Lyanna avait déclaré que Bradley était son bras droit, un fin observateur pouvait voir qu’il était plus que cela avec ses yeux clairs inquisiteurs, ce cou tendu qui trahissait sous les vêtements des muscles bandés, prêts à agir en cas d’attaque. Il salua Sigrid d’un mouvement de tête poli, qui lui répondit de l’exacte réplique de geste, avant d’indiquer à Lyanna et Arthur qu’ils devaient s’installer. Ambrosia invita officiellement les invités à prendre place. Alors que les deux régents s’installaient, Bradley quant à lui resta debout derrière eux et Sigrid pu ainsi capter le regard qu’il lançait au bras droit vampire. Sigrid regarda ce dernier.

- Tiago détends-toi, lui ordonna-t-elle suffisamment bas alors qu’elle l’entraînait vers leur place. Il le fallait car si les sorciers comptaient sur leurs réactions pour agir, il fallait détendre suffisamment l’atmosphère. Ils s’assirent presque d’un même mouvement.
- Vous ne vous asseyez pas, Bradley ? Ça ne vous coûtera pas plus cher ! demanda-t-elle avec un sourire avant que l’odeur de loup ne vienne envahir la pièce avant même que son propriétaire ne rentre, figeant le sourire de la vampire en un rictus. Les yeux de Sigrid se posèrent sur un jeune homme dont le cœur battait la chamade, un doux chant alléchant, et ce dernier s’attela à ouvrir une lettre qu’il se mit à lire. Quel dommage que l’objet d’une « paix » entre vampires et loups-garous ne vienne mais en un sens ce n’était pas étonnant il avait bien trop à faire avec sa meute, ne semblait pas être le genre d’homme à aimer les évènements à minima mondains et la pleine lune approchait. Lorsque l’envoyé de Druid mentionna son nom, Sigrid ne manqua pas de plisser les yeux tant il semblait prendre sur lui pour contrôler la Bête qui la haïssait. Elle leva les yeux au ciel et s’installa un peu plus confortablement sur sa chaise, décidant de réfléchir à l’invitation du loup de faire parvenir un message à son alpha.

- Je lui souhaite une belle chasse sous la prochaine pleine lune, dit-elle. Elle ne doutait pas que jouer à la balle serait un moment tout à fait délicieux pour lui et ses chiots, teinté de dégustation de proies fraîches. Une fois que chacun eut répondu, ou non, à l'invitation de l'envoyé de Druid, la leader des croquemitaines pris la parole et Sigrid l'écouta avec une grande attention. Le souhait d'une entente était louable et elle se devait d'être écoutée, la brune hocha la tête.

- Votre initiative, a-t-elle pour but de se cantonner à Los Angeles et sa périphérie ou songez-vous à exercer une certaine influence sur les autres cours ? demanda Sigrid après avoir commandé auprès du serveur la meilleure bouteille de vin en stock.

Résumé: