Revoir mon amie Amarante était bien évidement sur la liste des choses innombrables que je me devais de faire depuis mon retour du Mexique, mais ne n’en avais pas encore eut l’opportunité. J’avais bien des choses à accomplir et le rapport que j’ai eu des miens concernant l’arrestation et le procès d’O Hare m’est cruellement resté en travers de la gorge. Même si je souhaitais la mort de ce connard, qu’on se l’entende bien, je ne suis pas un barbare. Tuer peut prendre bien des formes, biens des douleurs. Ce qu’Elliot a subi alors qu’il avait clairement sombré dans la folie est injuste. Bien que je ne pouvais faire payer Sigrid pour son abomination, j’avais fait comprendre à cette dernière qu’une autre manœuvre de la sorte impliquerait de sérieux problèmes avec moi. Chose que ni l’un, ni l’autre ne souhaitons. Nous avons passé un accord, même si je reste méfiant à son égard, je dois m’efforcer de passer outre ce qui a été fait, le pardon ne viendra pour sa part, probablement jamais. Si de tels actes ne m’étonnent guère de la main de la vermine de vampires, cela m’a scotché d’apprendre qu’Amarante ait pris part à cette affaire.

Même si l’esprit est loin d’petre la jeune femme chétive qu’elle semble être physiquement, je sais qu’elle est ancienne, assez pour avoir appris à se battre et peut-être à torturer. Mais je ne pensais pas qu’elle figurerait parmi les noms de ceux qui ont fait couler d’une manière ou d’une autre, du sang de loup. Ma déception avait été telle que je n’avais pas rendu visite à l’asiatique, que ce soit en ville ou dans son prestigieux hôtel où grouille toutes sortes de créatures à l’exception des croques mitaines.

Après avoir repoussé une première invitation, je consentit répondre à l’affirmatif à la seconde. Je ne suis pas aigri et borné à ce point, enfin, ça dépend pour qui. J’ai envie de croire qu’elle avait une bonne raison d’être présente.

En arrivant devant le Lux je peux percevoir les odeurs des vampires qui dorment ici et de leur calices en sang, la bête en moi mettrait volontiers cet endroit en flammes si elle ne savait pas que cet hôtel sert aussi de bels causes. Les odeurs sont si diverses que je suis obligé de bloquer mon intérêt pour ces dernières pour survivre à cet endroit où les garou sont finalement assez rare. A l’accueil un jeune sorcier qui porte sur lui l’odeur d’Arthur Fitzgerald me salue, il faudrait que je songe à revoir ce vieux débris un de ces quatre.

Je fus conduis à l’étage jusqu’au bureau d’Amarante, dans celui-ci les odeurs semblent s’arrêter au cloison de la pièce joliment décorée, comme toujours, bien que différemment à chaque fois.  Je lui adresse un sourire amical :

- Bonsoir Amarante.

J’ôte moi-même mon manteau avant de lui tendre :

- Certes j’occupe une autre fonction depuis la dernière fois que nous nous sommes vu, mais je n’ai pas changé ma chère Amie.

Lui disais-je avec un fin sourire, et oui, toutes ces courbettes et autres coutumes de bourgeoisies n’ont jamais été mon truc et ne le seront jamais.

Je prend place dans le canapé désigné par la brune avant de répondre :

- Je prendrais la même chose que vous, quant à mon nouveau “poste” je n’ai pas le mérite de l’avoir obtenu en défiant l’ancien Alpha, à mon grand regret.

Il aurait au moins eu une mort plus digne, j’ai clairement perçu le mépris qu’elle éprouve pour mon prédécesseur, je n’ai aucun ami vampire, je ne peux partager sa peine pour des souffrances infligées à des cadavres ambulants qui ne devraient pas vivre.

- J’ai ouï-dire que vous y étiez.

Amarante est une femme de la société, une femme qui a l’habitude de recevoir, de faire des simagrées auxquelles je n’adhère pas. Je respecte tant bien que mal, parce que je respecte mon hôte. Je lui adresse un sourire avant de lui répondre :

- Oui, en tout temps ma chère Amarante.

Mais tout le monde peut se montrer moins charmant et bienveillant, vaciller de l’autre côté, celui des ténèbres, est à la portée de tous. Je ne suis pas un homme particulièrement charmant, je suis assez rustre et beaucoup trop franc pour prendre les gens avec des pincettes. La dame Byron a cependant raison de se comporter de la sorte, manier à la perfection sont attitude est une arme dans une certaine mesure.

- Je suis persuadé que vous en avez le talent, mais faire de vos mains ne vous corresponds pas ou plus. Je suis certain qu’il sera excellent.

On ne peut pas dire qu’elle sert de la vinasse en temps normal, quand on a les moyens de se payer du bon, même du très bon, pourquoi s’en priver ? Je ne la blâmerai certainement pas de ne pas réaliser son vin elle-même, si je sais créer des parfum, m’occuper de la distillerie, je suis loin d’être un grand entrepreneur. Chacun son domaine. D’ailleurs, c’est bien pour cela que j’avais fait appel à la brune à l’époque pour m’aider à poser les bases administratives de mon projet. Je lui en serais toujours reconnaissant.

Malheureusement, j’ai une épine dans le pied et je ne tarde pas à l’arracher : O’Hare.

J’écoute respectueusement sa version des faits, bien que nous fumes interrompu par le service fortement rapide et efficace pour le coup. Lorsqu’elle revint, je pris un verre également sans quitter l’asiatique des yeux. Je me demande si elle cherche à gagner du temps pour réfléchir à ce qu’elle va ajouter après sa tirade qui m’a moyennement convaincue. Une promesse, et la tentative de me faire remarquer qu’il y a eut d’autres barbares. J’ai envie de la croire, parce que je la connais depuis longtemps, mais les choses ne sont jamais si simple. Je me suis absenté tellement de temps, moins suffit pour que les gens changent, connait-on vraiment les autres aprés tout ?

- J’ai rencontré Sigrid, la vampire.

Parce qu’elle se prend pour une reine nonos, mais ce n’est qu’un morceau de viande defraichi à mes yeux. Il n’était pas question de baisser mon froc devant cette dernière, bien au contraire, elle a bien assez dérobé la dignité des loups pour en faire de mpeme avec le nouvel alpha, et puis, ça serait beaucoup trop me sous estimer.

- Ce genre d’humiliation ne saura être tolérée si cela devait se reproduire. Mon absence au moment des faits ne me donne pas le droit de demander réparation, j’ai conscience de l’horreur qu’était Elliot, mais nul ne mérite une telle mort. Seuls des monstres psychopathes peuvent cautionner un tel chatiment de nos jours.

On n’est plus à l’antiquité à laquelle à vécu nonos ou même dans la sombre jeunesse de l’esprit qui me fait face. J’ai beau être un “rustre” je vis tant bien que mal avec mon temps. Je ne quitte pas Amarante du regard, pour qu’elle comprenne qu’il n’y a aucune animosité de ma part, même si je garde Askadill à l’oeil.

- Mais je vais vous croire et tâcher d’oublier ce que l’on a pu me dire à votre sujet.

Je n’ai aucune preuve, je ne peux que choisir qui croire.

Le don de la musique est un cadeau merveilleux, elle a bien raison de s’en réjouir. J’ai déjà eu le privilège de l’entendre jouer, la musique peu vite irriter l’oreille d’un loup-garou, mais il n’y a jamais eu la moindre fausse note de la part du prodige qu’est Miss Byron.

J’écoute attentivement les paroles de mon amie, bien qu’elle ne fasse pas partie de la meute, je lui accorde beaucoup de crédit. Mais il m’est aisé de sentir le mensonge, même pour des acteurs hors pairs. Elle sait qu’elle n’a aucun intérêt à me mentir, si je peux passer l’éponge pour l’affreuse reine vampire, je pourrais probablement pardonner une amie qui s’est laissée emportée par la colère. Une émotion que je n’ignore pas.

- Je n’ignore pas vos efforts pour la paix de cette ville, ce pourquoi votre présence au cours de cette arrestation ne m’étonne pas complètement, bien que je vous imaginez mal jusqu’à ce jour être capable de traquer un homme pour permettre et laisser faire une mise à mort aussi cruelle.

Je l’imaginais se tenir à l’écart, cette femme est une diplomate pas une guerrière, du moins, c’était l’image que j’en avais eu jusque-là. Les gens changent. Évoluent ou régressent. Nous les loups, avons réputation d’avoir régressé à l’état sauvage, je veux prouver le contraire.

- Je doute que vous me mentiez ma vieille amie, mais même si cette barbarie laisse une blessure sur mon cœur, ce dernier vous accorde son pardon quel que soit votre degrés d’implication dans cette affaire. Je souhaite que la page se tourne.

Même si cela induit de faire taire ma peine à ce sujet.
Cependant taire la peine des miens sera probablement plus long et laborieux.

-  J’ignore vos rapports avec la vampire, mais méfiez-vous… Je doute qu’elle se serait montrée aussi clémente si les rôles avaient été inversé. J’aurai pu exiger d’elle réparation par un duel dont je n'ai aucun doute de l’issue.

Cela pourrait être prétentieux, mais un Alpha est forcément confiant en sa force, je ne crains pas Sigrid, un loup garou peut faire énormément de ravages sur un vampire, même si je ne survivais pas, mes morsures pourraient avoir sa vieille peau si je la déchiquete suffisamment pour qu'elle ne puisse jamais s'en remettre. Ils ont beaucoup plus de faiblesses qu'un loup et je suis un chasseur.

- Cependant j’ai préféré offrir à nos peuples une lueur de répit et de paix, nous avons assez souffert. Aussi fou fut o’Hare, certains vampires l’égalent sans problème en cruauté et vilénie, leur grand âge leur permet de bien mieux porter le masque.

Ils ont toujours fait parti des hautes sociétés, ils ont toujours su se dissimuler. Plus facile de se fondre dans la masse humaine quand on peut manipuler leur esprit et quand on ne se transforme pas en loup de plus de cents kilos.

Cette femme manie à la perfection les jeux de façade, pour quelqu’un qui désirait la paix, elle n’a pas été en manque de provocation entre le lieu de rendez-vous et la fourrure lupine qu’elle portait sur le dos ce jour-là. Je ne lui chercherais pas querelle, mais qu’elle soit certaine que je ne serais jamais son ami, car je ne suis pas un homme de telles bassesses. Je méprise celle qui se dit reine, mais je place la paix avant tout. La sécurité de ma meute affaibli par la bêtise d’un Alpha devenu fou.

- Quelques rides pour ma part, vous concernant, il semblerait que vous aillez rapetissé vieille femme.

Lui répondais-je avec le premier sincère sourire en coin de notre rencontre.
De mémoire, ce nouveau corps est plus petit que le précédent.

- Je me porte bien, mais et vous ? Les événements récents dans cette ville ne présagent rien de bon, c'est pour ça que les peuples doivent songer à se fédérer pour lutter contre des forces occultes qui menacent. Je sais que vous êtes prête pour la fédération depuis bien longtemps, votre neutralité finement travaillé au fil des années, mais de ce que je sais, les covens et clans se replient sur eux même, une aubaine pour l’ennemi.

Amarante sans être ma conseillère me permet d’avoir une vision plus globale de la situation de Los Angeles, ma longue absence me cause des lacunes mais aussi l’avantage de ne pas me terrer dans la peur comme bien des autres.

Mon silense répondit aux mots d’Amarante, sa relation avec Sigrid ne me regarde pas, elle semble compliquée (et potentiellement à caractère vomitif me concernant si je venais à imager), je n’ai pas souhaité en connaitre les détails de leur relation, seulement voulu la mettre en garde. Par amitié, car malgré tout, les amis en dehors de la meute son rare. Les véritables amis, pas ceux qui sont vos “amis” par interet. Ceux là n’obtiennent pas un centième de l’estime que je porte à cette femme. J’estime le sujet clos, soulagé bien que je ne le montre pas.

- Vous savez je ne suis pas un grand homme.

Je suis même assez petit comparé aux autres hommes de la meute.

- Par contre je suis étrangement sous ma forme lupine c'est une autre histoire.

Amarante ne m’a jamais vu sous ma forme animale bien que je puisse me contrôler, j’éviter de céder à la transformation devant les extérieurs à la meute. Je ne le fais que par nécessité, que ce soit pour me défendre, attaquer un ennemi, rétablir l’harmonie avec le loup ou bien les soirs de lune. Aucun contrôle, aussi parfait soit-il, peut empêcher la malédiction.

- Il est normal d’avoir des hauts et des bas, même pour des personnes comme vous et moi. Je suis ravi d’apprendre que vous vous autorisiez à nouveau une histoire romantique.

Ce qui ne sera jamais mon cas, de ce que je prévois de mon avenir. Même si la meute réclame une Lupa, je m’y refuse et je défie quiconque de m’imposer cette relation… Si Avalon était là, elle me regarderait sans doute de travers, elle me dirait que je suis la pire tête de mule qu’elle n’a jamais connu. Je me suis pas arrangé sur cet aspect avec l’âge.

- Vous me demandez de vous donner des informations pour alimenter votre journal ?

Les noms d’Arthur et Sigrid ne sont pas les plus doux à mon oreille, mais qu’importe le choix de ces leaders, je ne suis que ma propre volonté, celle de la meute.

- Comment comptez vous protéger votre journal de l’oeil des humains ? Comptez vous révéler votre identité pour sa diffusion ? Ne craignez vous pas de vous attirer des ennuis avec les forces obscures de cette ville ? Vous n’êtes qu’humaine.

Mes mots sont durs, mais ils sont là par amitié. Seuls les véritables amis peuvent se dire franchement les choses, il y a de l’inquiétude derrière tout ça, je ne voudrais pas qu’elle meure bêtement. L’aspect technique doit être particulièrement travaillé…

- Je ne suis pas opposé à ce journal et vous aiderais si son fonctionnement me semble sécuritaire, je vous assignerais peut-être un loup de confiance.

Contrairement à ce que l’on peut imaginer, j’ai beau être un leader, la meute est dans le partage des fonctions pour gérer son peuple. Je domine, mais j’unifie les miens en leur offrant une utilité individuelle à qui le demande et le mérite.