La faim toujours bien présente péniblement dans mon esprit, s'amusait à mes dépens à capter la moindre fragrance qui m'entourait. Instinctivement ma poigne se serra contre le sac de papier qui se chiffonna sous mes doigts. Néanmoins, je tenais bon et je tâchai de rabattre l'entièreté de mon attention sur la charmante femme qui vint délicatement prendre mon bras. Heureusement, Ariane avait toujours eu ce don d'apaiser certains désirs... aux prix d'un autre tout aussi délectable. Je lui laissai un petit sourire en coin à ce si simple mot qu'elle sortit, mais qui en émanait une curiosité distincte. " Ah... je ne crains qu'elle ne soit guère préparée à ce qui l'attend! " pensai-je avant de prendre la parole pour lui apporter une réponse qui ouais, ne faisait qu'approfondir le mystère entourant mon lieu de repos.
- Oui... euh, c'est un endroit que je ne pus qualifier de maison, enfin c'est un tantinet hors norme, dois-je t'avouer. lâchai-je avec un petit rire avant de reprendre le pas pour nous diriger vers notre destination.
Puis, une nouvelle question me fut posée. J'analysai qu'un très court laps de temps pour trouver ma réponse. Donc, en lui lança un petit regard qui démontrait sans mal mon sentiment envers cet air un peu plus porté sur la technologie qui ne semblait jamais cesser de progresser. Mouais... j'étais complètement dépassé!
- Et bien... par où commencer? Euh... d'abord, c'est assez stupéfiant leur facilité de tout résoudre par la science ou la technologie! Comme également l'implication de cette dernière dans leur vie et ce même dans les gestes les plus anodins de leur quotidien! Cependant, ce n'est sans doute pas une mauvaise chose en soit, mais pour le vieux Cow-boy que je suis cela me reste étrange... tout comme l'expansion des hommes sur les terres afin d'y créer les villes modernes. Ah... la vie nomade me manque parfois, alors j'apprécie encore rester un peu à l'écart de la société. Mais qu'en est-il pour toi? Cela est-il aussi pour toi surprenant ces générations qui ne peuvent plus vivre sans leur machine?
Le reste du trajet se fit dans la tranquillité où le désir sous-jacent restait palpable. Je ne pouvais m'empêcher de savourer le moment en me disant que cela se reproduirait. Nous atteignîmes enfin le cimetière abandonné auquel ma crypte était rattachée. Immédiatement, ma compagne resserra son emprise sur mon bras qui ne c'était pas défait de toute notre avancée. Je ne pus contenir un petit rire devant ces réactions cette fois audibles.
- Oui, c'est bien ici! Certes, ce n'est pas des plus accueillant, mais elle est très pratique dans ma situation.dis-je en poussant la vieille grille nous faisant face. Je me plaçai devant mon invitée et lui ouvris le passage permettant d'atteindre le chemin entre les pierres tombales ébréchées par le temps qui mène à ma crypte. À toi l'honneur! Puis, je refermai derrière nous.
Nous nous engageâmes dans le cimetière et prîmes la direction de mon antre. Outre les pierres qui étaient plus parfaitement alignées, quelques arbres morts tenaient encore debout. Nous rejoignîmes ma "demeure" après nous être engouffrés dans le petit sentier.
- C'est ici.
J'ouvris la porte qui menait à une grande pièce à ère ouverte qui détenait l'essentiel pour mes besoins; soit un lit vieilli, une table avec une chaise de seconde main et une armoire.
- C'est sommaire, mais cela me convient pour ce que j'en fais! Dis-je en haussant les épaules. Fais comme chez toi!
Je retirai mon chapeau et mon manteau que je glissai sur la porte de mon armoire avant de prendre le contenu de ma commande pour la boire. Ne pouvant plus me retenir, je pris une longue gorgée à même le contenant de plastique dans un petit grognement d'appréciation. Le brasier dans mon œsophage qui s'était rallumé s'adoucit. Clairement, LÀ, j'avais atteint ma limite et je ne pouvais plus retenir mes attraits vampiriques ni ma soif. Heureusement avec cette hémoglobine animale, celle-ci se calma légèrement. Je revins lentement au moment présent en abaissant mon bras tenant toujours le casseau de sang. Je venais de prendre une bonne quantité de son contenu vermeille.
- Navré de cet égarement, mais... tu peux prendre place sur la chaise ou sur le lit, à ta convenance! dis-je en prenant une nouvelle gorgée cette fois, en tâchant de me contrôler un peu plus. Puis, je rejoignis le lit pour m'y asseoir.
J’étais de retour dans cette ville aux mille tourments, j’étais de retour dans la cité des anges, j’étais de retour dans sa vie. Rufus Clayton, il était celui qui m’avait donné tant de sentiments contradictoires, il était celui qui avait fait de moi une femme heureuse tout en me faisant souffrir au plus haut point. J’ignorais à quel point il avait conscience de cela mais le fait est qu’une fois de plus, nos routes se sont croisées et j’avais cru comprendre que désormais nous nous étions établis dans la même ville, ce qui laissait présager un nouveau départ pour l’un comme pour l’autre.
Je l’avais suivi aveuglément, non sans montrer un certain doute quant à sa situation mais en partant la dernière fois que nous nous étions retrouvés dans cette grotte, je m’étais promis de ne faire aucun jugement sur sa personne et sa façon de vivre. Il avait tant souffert par le passé que désormais je l’estimais libre de vivre sa vie comme il l’entendait. Je m’étais alors fait cette promesse silencieuse de ne pas essayer de le changer et d’altérer sa nature comme j’avais tenté de le faire par le passé. J’avais donc simplement répondu par un délicat sourire à sa description succincte de son “antre” qu’il qualifiait lui-même d’hors norme. Intriguée et désireuse de connaître son univers, j’étais restée sage et silencieuse.
Durant le chemin, la conversation avait alors dévié sur l’évolution. Si j’avais cru comprendre - de par sa tenue vestimentaire - que Rufus était encore ancré dans son époque, je compris bien rapidement qu’il n’y était pas encore totalement intégré. Le décalage de l’immortel. J’avais connu cela aussi par le passé et j’avais appris avec le temps que pour mieux se fondre dans la masse, il fallait s’adapter et devenir une enfant du prochain millénaire à défaut d’être une simple enfant du millénaire comme je l’étais.
“Je te comprends. Tout cela évolue bien rapidement. Avec le temps et la pratique, j’arrive à m’adapter mais les technologies sont de plus en plus présentes. Mais contrairement à toi et ton époque de naissance, j’ai grandi à une époque où ma vie était celle de la communauté alors vivre avec mon frère dans un quartier résidentiel ne me change pas beaucoup et puis j’ai tant à rattraper à ses côtés. Deux mille années que nous nous étions perdus. Je n’aurais jamais cru cela possible.”
L’air pensive à la mémoire de mon frère en tenue grecque et en tenue moderne de nos jours. Il avait énormément évolué lui aussi et j’étais très fière de lui. Ma main toujours dans celle de Rufus s’était alors un peu plus resserrer alors que nous avons continué notre route dans le silence, se jetant de temps à autres quelques œillades et quelques sourires discrets. Simplement pour partager la joie commune de s’être retrouver.
L’entrée d’un cimetière se dessinant devant mes yeux, j’avais émis une interrogation avant de suivre ses instructions pour être bientôt entourée de sépultures et de pierres tombales à l’abandon. Intriguée et curieuse, je restais silencieuse, ma robe bleu ciel dénotant un peu dans ce décor grisé. Descendant les quelques marches pour rejoindre une crypte, mes doigts lâchèrent la main de Clayton pour se poser sur la pierre froide, effleurant doucement le granit au toucher glacial. Le vampire décrivit l’endroit comme étant sommaire et je ne su pas quoi ajouter. En effet, il n’y avait pas le summum du confort et de la convivialité mais c’était à l’image de Rufus : à l’écart de toute civilisation et non superficiel. Me rappelant cette promesse silencieuse de ne pas le juger et de ne pas le changer de son environnement, je me juste l’unique réflexion que je ne pourrais pas, moi, vivre ici. Voyant la vie du bon côté je répliquais tout en marchant lentement pour en observer chaque recoin et en faire le tour :
“Cet endroit te ressemble je trouve.”
Mon regard fureta alors partout sauf dans sa direction, voulant lui laisser un part d’intimité le temps qu’il se nourrisse. Lentement je terminais mon application de la découverte de son antre pour finalement :
“Je l’aime bien ton endroit à toi.”
Ce n’était clairement pas mon style, ni mon mode de vie mais cela faisait partie de lui et je l'acceptais tout entier avec ses qualités et ses défauts. M’asseyant sur le bord du lit après avoir reçu sa permission, je constatais alors que la poussière y était tout de même bien installée, signe de l’endroit avait été déserté durant quelques temps :
“Tu avais quitté la ville ?”
Reposant lentement mes yeux sur son visage à présent satisfait de s'être nourrit, je restais un instant pantoise à ses yeux rouges sang qui me donnait l'unique envie d'être dévorée par lui...
fiche codée par Kairos
Dernière édition par Ariane Wright le Mer 12 Jan 2022 - 10:39, édité 1 fois
Je conservai toujours mon attention sur la femme à mes côtés. Je tâchai ainsi de réduire la possibilité de succomber à mes bas instincts. Hélas, cela devenait de plus en plus difficile. Ils ne cessaient de me harceler depuis quelques mois. Même à cet instant, ma gorge brûlait. Mes sens s'amusèrent à déceler la moindre fragrance dans l'espoir que je me jette sans retenue sur une quelconque proie afin d'oublier cette carafe de plastique couverte par ce sac de carton que ma main froissait cruellement.
La voix de la jolie brunette révéla un fait qui d'ordinaire m'aurait fait sourire doucement, elle avait retrouvé la trace de son frère et ils vivaient dorénavant ensemble. Elle me permit ainsi de détourner mon attention de ma soif en l'écoutant en silence. Je ne pus contenir un léger rire à son dernier commentaire.
- Alors, profite de ces instants en compagnie l'un de l'autre, mais... Je fis un sourire plus doux sous une pensée qui j'aille de mes lèvres. ... les aléas de la vie sont parfois bien stupéfiantes et même inespéré quelquefois, comme ces retrouvailles que je n'avais oser espérer uniquement dans mes rêves les plus fous.
" Ah fichtre... je viens de prononcer cela à haute voix, moi, n'est-ce pas? Bravo Clay... " Cette pensée me vint au moment où je terminai ma phrase. Je venais une fois de plus d'agir sans une once de réflexion!" Ah, qu'importe, elle devait s'y être faite à présent! " me dis-je en dédramatisant la situation, enfin je n'étais pas en mesure de m'étendre sur le sujet, car nous arrivâmes à destination.
Nous gagnâmes l'intérieur assez rapidement et là, ne me contrôlant plus suite les bienséances de l'hospitalité, je m'attaquai à ma commande dès que je la sortis du paquet. Je perdis momentanément l'instant présent. Ma conscience avait plié sous le déversement de ce liquide tant attendu ruisselant dans ma gorge en flamme. Je n'avais pas porté attention à Ariane qui évoluait discrètement dans ce lieu qui était mien en me laissant le temps et l'espace dont mon être assoiffé avait besoin pour revenir à lui. Le ton doux de sa voix et cette expression qui fila sur son visage avaient une fois de plus réconforter.
- Et bien, si tu le souhaites... évidemment, tu seras toujours la bienvenue très chère Ariane! soufflai-je avec un petit sourire.
Puis, elle opta pour prendre place à mes côtés. Sa question me prit de court. Je baissai mon regard en poussant un petit soupir. Avant de lui répondre, je relevai la tête pour la regarder dans les yeux.
- Ouais, hélas... je dus m'exiler afin de reprendre le contrôle qui s'amenuisait un peu trop pour mon bien. Ma faim... pour je ne sais quelle raison, a refait des siennes dans les deux derniers mois écoulés. Je dus prendre sur moi en m'éloignant de mon entourage le temps que le contrôle me revint. J'optai pour le désert... avant que tu émettes de l'inquiétude sache que je fus très prudent en oeuvrant que de nuit pour me mouvoir et je restai à l'abri de l'astre solaire le jour! Puis, lors de mes derniers repas, j'étais parvenu à me retenir et j'en conclus qu'il fut temps de reprendre la route vers la maison. Je me grattai la nuque avant de poursuivre. Enfin, même si l'incident de nos retrouvailles me laisse à présager que j'ai peut-être un tantinet précipité les choses!
Maintenant que mon être insatiable fut un tant soit peu satisfait par cette denrée alimentaire qui dictait ma vie, mon regard se posa sur son corps en l'admirant à sa juste valeur lorsqu'elle s'avança vers moi. Ouais, je n'avais pu le faire au début de cette soirée. " Dire que je n'ai toujours pas relevé ce fait, mais cette robe aux teintes pâles lui va à merveille! Honte à moi..." pensai-je en souriant faiblement avant de lui énoncer le font de ma pensée survenue.
- Avec l'état déplorable qui m'assaillait lors de notre rencontre, je ne pus te complimenter sur cette tenue qui te sied à ravir, très chère. Tu es magnifique ainsi vêtue! lui laissai-je avec un petit sourire en coin où l'un de mes crocs toujours présents perça entre mes lèvres une fois de plus en replaçant délicatement une mèche de ses cheveux qui s'était glisser sur sa joue.
Entendre Rufus en train de me confier qu’il rêvait intérieurement de nos retrouvailles me fit ressentir un genre de frisson dans le ventre. Une sensation que je n’avais pas ressenti depuis tellement d’années que j’en avais presque oublier les effets sur mon corps et mon esprit. En y repensant bien, peu d’hommes m'avaient fait cet effet là… Et Rufus avait été l’un d’eux à une époque. Cela me rappelait que l’homme au visuel bourru et quelque peu revêche pouvait être particulièrement tendre et attentionné. Cette pensée, ce songe de lui accentua le frisson qui me parcourait la peau.
Quelques minutes plus tard, je me trouvais assise sur son lit dans sa crypte. Il était assis à mes côtés et je ne pus m’empêcher de penser à ce que cette soirée de retrouvailles soit encore plus belle que je ne l’aurais pu l’imaginer.
“Je viendrais te rendre visite alors si tel est ton désir cher Rufus.”
Le sourire aux lèvres, je savais qu’il n’aimait ce prénom mais il avait osé me dire que ma façon de le prononcer aussi personnelle soit-elle était légèrement plus douce à ses oreilles. J’aimais d’autant plus l’idée qu’il ne supporterait cette “appellation” venant de moi et de moi seule. Cependant ma curiosité eut bien vite de nous faire changer de sujet pour un thème plus sérieux : son départ de Los Angeles. Clayton me confirma bien rapidement mes soupçons et surtout il me confia qu’il avait agit ainsi dans le but de protéger ses proches. Il semblait douter de son retour trop précipité mais je vins le réconforter. Posant ma main sur son avant-bras, je lui rappelais d’une voix douce:
“Hey, penses à tout ce que tu as traversé par le passé et tu n’as rien fait à cette femme, elle va s’en sortir. Il y avait énormément de sang, n’importe quel vampire aurait pu succomber et tu ne l’as pas fait. Personnellement, je suis particulièrement fière de toi, d’autant plus que je connais ton passé.”
Mon regard sur lui était doux. Je ne voulais pas qu’il culpabilise ou qu’il se sente mal parce que justement, ce soir, il avait bien agi. Il n’avait tué personne et il n’avait fait de mal à personne. L’issue de cette soirée aurait pu être bien plus tragique. Il relève les yeux vers moi et semble vraiment me regarder maintenant qu’il est rassasié. Mon sourire naturel refait surface. J’ai la sensation à ses côtés de ne plus avoir besoin de mes mots pour m’exprimer. J’ai la sensation que nous arrivons à nous comprendre ainsi. Il semble néanmoins que Clayton, lui, ressent le besoin de me complimenter sur ma tenue. Par réflexe, je regardais ma robe délicatement posée sur mon corps. Mes jambes se froissèrent l’une l’autre afin de sentir le toucher délicat du tissu sur ma peau. En relevant la tête pour répondre à Clayton, ce dernier replaça délicatement une mèche de mes cheveux. Je fermais les yeux pour profiter de son toucher toujours aussi tendre. Ce geste - qui se voulait pourtant simple - n’était pas tant dénué de sens que cela. Je penchais alors mon visage pour piéger sa main entre ma joue et mon cou et ainsi prolonger ce contact qui d’une certaine manière m’avait manqué.
Une de mes mains se hasarda comme la sienne, le long de son avant bras, caressant du bout des doigts sa peau froide qui était en parfaite contradiction avec son regard qui semblait loin d’être glacial. Me mordillant la lèvre inférieure, je me retenais de toutes mes forces de lui sauter dessus, littéralement, ici et tout de suite. Il avait ce pouvoir de réveiller en moi des désirs profonds et de faire ressortir mon côté sauvage en plus de lui être totalement dévouée - chose que je ne faisais pas souvent en tant que femme et vampire indépendante.
“Rufus Clayton… que fais-tu de moi?”
Ce murmure, cette complainte suppliante de lui faire faire le premier pas alors que moi-même je n’étais pas certaine que cela soit une très bonne idée. Nous étions en pleine ville et nous ne devions pas attirer les regards ou les bruits sur nous et pourtant je n’avais envie que d’une chose : Qu’il me déleste de cette robe qu’il trouvait magnifique sur moi.
L'invitation lancée ne manqua évidemment guère à ma charmante congénère qui me répondit à l'affirmatif pour mon plus grand bonheur. Néanmoins, un détail me fit tilter... dans une mesure qui ne m'était curieusement pas aussi désagréable qu'à l'accoutumer. Ce nom ignoble dont mes parents m'avaient sottement affublé m'était toujours difficile à entendre, et ce, même si l'être qui le prononce était un ami. Pourtant, sorti de ces délicieuses lèvres venant de cette créature enchanteresse, ce son me fut plus mélodieux, voir presque... ah mouais peut-être pas à ce point! Je ne pus contenir un petit sourire, surprit, face à cette réaction bizarre de mes sensations. " Étrange ce fait... je n'en détenais pas le souvenir! " pensai-je en terminant le casseau de sang que je déposai au sol près de moi.
Lentement, la conversation prit une tournure un peu plus sérieuse en se focalisant sur la raison initiale de mon isolement. Je lui révélai la teneur de cette réponse sans rien cacher... après tout c'était inutile et j'avais horreur de mentir! À nouveau, la femme apposa un geste d'une douceur qui vint immédiatement soulager l'insécurité amenée par mon hésitation du moment. Puis, la voix d'Ariane mit en lumière le progrès parcouru durant mon périple d'existence. Certes, je m'étais énormément amélioré et je n'étais plus aussi incontrôlable que l'homme qu'elle avait connu. Cependant, je me débattais contre mes pulsions sanguinaires qui tâchaient de me pousser dans mes pires retranchements et c'était continuellement ainsi.
- Oui, et je tâche de rester sur cette voie... même si cela n'est guère évident!
À présent que j'étais beaucoup plus serein et que mon être me permettait d'admirer mon interlocutrice plus profondément, une petite envie de la complimenter me prit et j'y obéis. Ses yeux quittèrent les miens l'espace d'un instant afin de se souvenir de ce qu'elle revêtait. Ce si simple geste m'apporta un nouveau sourire, la femme était si belle! D'un délicat geste, je dégageai une mèche de ses cheveux qui frôla sa joue. Les yeux clos, celle-ci éternisa notre contact en capturant ma main contre son épaule dénudée. Mon regard se délecta du moindre de ses attentions et ses douces expressions qui se formèrent sur son visage. Mes doigts effleurèrent tendrement sa joue dans une légère caresse.
Un frisson d'appréciation parcourant mon échine vint accompagner ces mains timides qui redécouvraient lentement mes bras, alors que mon attention se portait à présent sur ce cou offert en y déposant ma main. Ces petits mordillements qui s'abattirent sur ces lèvres que j'avais envie encore de goûter attisèrent un tout autre feu.
- Ah... C'est réciproque ma chère Ariane!
Je ne pus contenir plus longtemps ce désir qui ne faisait que croître durement en moi. Je relevai à nouveau sa tête dans un geste néanmoins qui se voulait doux malgré le brûlant désir et j'unis mes lèvres aux siennes. Ce baiser qui cette fois, muta vers une touche un peu plus avide en démontrant mon désir de passer à la suite. Doucement, sans omettre nos embrassades, je la couchai sur le lit. Mes caresses s'approfondirent et mes baisers s'attaquèrent cette fois à sa gorge. Je découvris tendrement de mes mains à nouveau son dos, ses côtes, sa taille et puis ses fesses, mais tout en restant toujours sur le tissu de sa robe. Jouai-je avec sa retenue... ou la mienne? Ah... un peu des deux!
Le sourire qui était sur mes lèvres ne me quittait plus dès lors que Clay s’assit à mes côtés. Je lui confirmais mon désir de le revoir autant de fois que possible et sa réaction me conforta dans l’idée que désormais la rupture ou la séparation n’étaient plus des options à notre relation. Pour mon plus grand bonheur et le sien.
Lorsque le sujet s’orienta vers ce que Clayton était devenu, je mis alors en lumière tout ce qu’il avait traversé et tout ce qu’il avait fait pour en arriver là où il en était aujourd’hui; c’est-à-dire avoir une situation à peu près stable avec des amis, des proches, un endroit où vivre, des habitudes… Une -presque- parfaite vie de sédentaire. Et puis il me complimenta sur ma tenue. J’aurais été humaine, je suis certaine que j’aurais pu rougir à ses propos tant ils me touchaient.
Il remit en place une mèche de mes cheveux et je gardais sa main en otage contre ma joue, prolongeant ce contact qui m’avait tant manqué ces dernières décennies. Les caresses devenaient naturelles, tendres, désirées. Mes doigts qui glissaient le long de son bras remontaient lentement jusqu’à son torse alors que je lui demandais de façon détournée de se laisser guider à ses désirs les plus langoureux.
J’ouvris à nouveau les yeux pour plonger dans les siens ambrés de fougue et de tentation alors qu’il me répondait d’une voix rauque qu’il était sur la même longueur d’ondes que moi. Nous nous rapprochèrent alors d’un coup et mes lèvres se fondaient dans les siennes la seconde suivante. Le désir, l’envie, le besoin de se toucher, de sentir l’autre près de soi… Tant de sensations et de convoitises qui ne purent nous retenir plus longtemps. Ses mains étaient dans mon cou alors qu’il me couvrait de baisers. Mes mains caressant son buste et glissant vers son dos tout en restant au-dessus de ses vêtements. Lentement je me sentis orientée vers la position allongée sur le lit. Il se retrouvait au-dessus de moi. Le spectacle de son visage brûlant de lubricité à mon égard me fit sourire de ce plaisir réciproque. Ses mains, se voulant plus baladeuses, commençaient à parcourir mon corps faisant naître des frissons sur chaque parcelle de mon épiderme alors que j’avais toujours cette robe fluide et fine sur moi. Mes mains se crispèrent légèrement dans son dos alors que mon corps ondulait, se soulevant pour chercher un contact plus dur et plus prolongé. Je descendis mes griffes lentement, arrivant jusque dans le bas de son dos, retirant la chemise coincée par la lanière de cuir. Enfin je pourrais sentir sa peau sous mes doigts, remontant ainsi sous sa chemise. Même si une de mes mains fit le chemin inverse pour descendre sur ses fesses avant de les contourner dans l’unique but de le délester de son pantalon devenant trop serré. Mes jambes remontaient alors le long des siennes, laissant ma robe agir par la gravitée et remontant jusqu’à mes hanches.
Nos baisers ne s’arrêtaient plus, ayant ce besoin frénétique de sentir les lèvres de l’autre sur nos corps. Se mouvant pour prolonger chacun de nos contacts. Seuls nos gémissements respectifs pouvaient être entendus et pourtant nous portions encore nos vêtements. La retenue aurait pu être de mise et pourtant nous n’en n’avions aucune. Je ne voulais plus attendre. Je l’avais attendu déjà durant tant d’années… Alors dans un sombre murmure, une dernière complainte traversa mes lèvres avant de l’embrasser à nouveau :
Sa présence, son corps contre le mien, son souffle exquis s'échappant entre nos embrassades... Oh fichtre que c'était érotique! Oui, ce fut si puissant pour moi à cet instant que tout mon être s'en délectait sans la moindre gêne. Je commençai à sentir mon corps s'éveiller à un désir trop longtemps étouffé souhaitant maintenant être entièrement relâché. Mon être en réclama davantage!
Je ne fus clairement pas le seul dans ce cas de figure, car ma douce partenaire frémit délicieusement sous mes doigts, et ce, malgré la présence de la barrière du tissu entre nous. Son corps commença même à suivre le déplacement de mes paumes afin d'approfondir le contact. Plus notre échange de baisers et de caresses dura sans que cette intensité n'en pâlisse, plus ma retenue s'envola. Mon corps s'embrassa sous le feu d'un désir qui fut très longtemps refoulé. Je devais admettre que les agréables passages de mains exploratrices d'Ariane se baladant sur mon corps, et bien, cela me fut de plus délectable. Je ne pus tout simplement pas de faire autrement que de m'abandonner aux désirs. Alors, je ne pus me calmer en tempérant ma fougue du moment, car je m'amusai cette fois à éveiller le plaisir chez ma charmante congénère... mouais certes, j'apprécie la tenue qu'elle portait lors de nos retrouvailles, mais cette robe me paraissait de trop maintenant! J'avais le besoin de sentir la moindre secousse de plaisir et le moindre frisson qui la parcourait grâce à mes actes.
Avant que je ne m'attaque à cette couche de tissu, je sentis ses caresses avides chercher le contact de ma peau également. Ses gestes tentèrent de libérer ma chemise pour y créer suffisamment d'espace pour y glisser l'une de ses mains. Je lui laissai le champ libre en me décollant légèrement afin de lui facilité la tâche. La deuxième main, quant à elle, s'attaqua à mon pantalon dont la pression devenait de plus en plus désagréable. Doucement, l'invitation que j'attendais arriva et là, ce fut trop... mes instincts bestiaux revinrent rapidement dans un souffle profond et je retirai cette robe du jeu ainsi que ces sous-vêtements. Je me redressai afin d'admirer cette femme qui m'attirait toujours autant qu'à l'époque puis je retirai mes vêtements. Je revins vers elle doucement pour lui offrir un baiser sensuel avec une touche d'avidité sauvage. Au même moment, ma main porta son attention sur son intimité afin de redécouvrir ses préférences. Ces caresses ajoutèrent un nouveau désir de presser le pas, mais je tins bon... je voulais vraiment prendre mon temps et faire grimper son désir autant que le mien.
Les petits soupirs soutirés des va-et-vient ainsi que nos embrassades langoureux indiquèrent que le moment était venu et son regard me suffit pour me le confirmer. Je me positionnai avant de la pénétrer dans un geste un peu vif sans pour autant être brute. Lentement, suivant toujours le désir de mon aînée, je commençai à me mouvoir.
Entre caresses délicates et pressions plus intenses et tendancieuses, nos retrouvailles délicates et retenues s’étaient transformées en une reconquête de nos envies passées et trop longtemps oubliées. Comme si nous attendions cela depuis presque un siècle. Pouvoir à nouveau se toucher, se sentir, apprécier la présence de l’autre à nos côtés. J’aime la présence de Clayton à mes côtés, il m’apporte le bonheur que je désire depuis tant d’années, il m’apporte cette sécurité qui me manquait tant, il m’apporte cette sauvagerie que parfois j’oublie. Il est fort comme un roc et doux comme une brise. Il est celui qui me fait me sentir vivante. Il est celui qui a réussi à me voir moi telle que je suis malgré mon visage figé dans le temps.
Je me laisse aller à nos caresses qui deviennent plus pressantes. Les vêtements ne tardent pas alors à quitter nos corps pour se retrouver par terre et alors que Clay entreprend de me donner du plaisir, je ferme les yeux profitant de la caresse de ses lèvres sur mon intimité. Ces sensations de jouissance sont tels des souvenirs oubliés que je n’avais véritablement ressenti qu’avec lui. Je gémit de plus belle alors qu’il s’amuse avec mon plaisir, jouant à nous faire languir l’un comme l’autre. Mes mains parcourent son corps le couvrant de caresses, parfois de légères griffures alors que mes lèvres sont en manque de lui.
Lentement j’entreprends de le faire remonter pour revoir son visage embué de luxure et de satisfaction. Il ne lui faut qu’un geste pour venir s’immiscer en moi et mon regard ne quitte plus le sien dès lors que notre plaisir s’accorde dans une danse pour faire grandir notre union charnel. Je gémis à chaque mouvement de ses hanches. Mes jambes remontent, l’un se glisse dans le bas de son dos, l’autre remonte légèrement plus, lui offrant une aisance toute particulière pour donner encore plus de mouvements à nos aller-retour. Certains de mes doigts ne peuvent retenir des griffures dans l’épiderme de son dos alors que d’autres effleurent la peau de son visage. Je gémis plus fort… Retenant ma jouissance pour qu’elle explose en même temps que la sienne. Elle est là pourtant, cette volonté de se laisser totalement submerger par le plaisir. Chacun de mes sens est aiguisé au moindre toucher, au moindre souffle, au moindre son de mon partenaire. Il me fait du bien, il me donne du plaisir, il me rend femme.
Et puis, l’extase, la jouissance, l’explosion de nos sens, tout arrive d’un coup. Je gémis plus fort, je crie mon plaisir en même temps que je crie son nom. La tension de tous nos muscles est présente et pourtant la tension de mon esprit atteint une béatitude sans précédent. Mes mains retrouvent rapidement son visage pour le rapprocher du mien. J’ai besoin de lui contre moi. J’ai besoin de sentir son corps sur le mien. J’ai besoin de tendresse. A l’oreille, je voudrais lui dire tant de choses mais aucun son ne sors. Aucune paroles, juste une respiration inutile alors que je soupire de bonheur dans son cou. Je l’enlace en fermant les yeux pour profiter de lui un peu plus.
Et puis la tension redescend. La peur s’immisce à nouveau dans chaque pores de ma peau. Un frisson me parcourt alors que je suis toujours près de lui :
« Je… Clay… »
Mes mots ne viennent pas pourtant j’ai peur de le perdre, peur qu’il disparaisse de ma vie à nouveau, peur d’être une fois de plus seule…
Malgré ce corps languissant qui était mien, je m'amusai à redécouvrir celui de ma douce partenaire frémissante de désir grâce à des embrassades ou des lèchements. Malgré la fulgurante envie de mordre l'une de ses cuisses, je me contentai de les mordiller légèrement. Mon ouïe fin capta le moindre changement dans l'intonation de sa voix sous les multiples caresses apposées pour lui soutirer le plus de plaisir possible. Lentement, de nouvelles sensations glissèrent sur l'épiderme de mon dos... des griffures. Je ne pus retenir mes propres soupirs devant cette délicieuse brûlure.
Les mains d'Ariane attrapèrent mon visage afin d'échanger un regard empreint d'une luxure que nous partagions sans le moindre doute. Ceci me poussa à me redresser en quémandant ces lèvres douces afin de lui offrir un baiser passionné et sensuel. Je me glissais sans difficulté dans son intimité et ma compagne facilita même l'accès en enroulant ses jambes autour de moi. Les agréables sensations qui s'infiltrèrent dans mon être à chaque passage me firent soupirer de bienêtre, tout comme mon aînée qui ne retenait aucunement sa jolie voix. J'admirai sans son visage qui se déformait agréablement sous le plaisir. À cet instant, je ne pus contenir le besoin de lui voler à nouveau ses lèvres dans un baiser langoureux et un tantinet avide. Fichtre qu'elle était belle!
Sous le plaisir mutuel grandissant lentement dans ce balai charnel, je me serrai contre elle en me collant sans cesser le mouvement de mes hanches. Le septième ciel est à nos portes... je pouvais sentir l'instant de la jouissance qui menaçait de poindre à tout moment! Les griffures qui s'intensifièrent contre mon dos démontraient bien que je n'étais pas le seul!
- Ariane... je vais... parvins-je à souffler entre mes soupirs.
Je m'agrippai à elle en accélérant une dernière fois les va-et-vient. Sous un souffle plus profond, j'atteignis l'orgasme au même moment de ma partenaire qui cria mon nom. Reprenant un souffle plus calme, même si cela n'était guère nécessaire, je m'allongeai à ses côtés en fermant les yeux. Doucement, je sentis qu'elle vint vers moi en me déplaçant pour me rapprocher d'elle. Je lui offris un baiser cette fois plus doux avant qu'elle vint se lover contre moi. Je l'accueillis avec joie en caressant tendrement son dos. Un léger sourire étira mes lèvres sous ce sentiment de plénitude me rappelant l'épisode de la grotte tout comme sa question qui était restée sans réponse.
Je sentis qu'Ariane fut visitée par un frisson et une curieuse tension monta avant qu'elle ne tente de briser le silence. Patient, je l'observai en attendant une explication de ce changement, mais rien. Elle sembla hésitante à expliquer le fond de sa pensée. Mouais, quelque chose devait la troubler... mais quoi?
- Qu'y a-t-il très chère Ariane? Que te tracasse-t-il ainsi? Tu sais que tu peux te confier à moi, je ne te jugerai point!
Puis, le souvenir de la question me revint à nouveau. Vivait-elle encore une interrogation démarquée sur mon passé ou mon présent émotionnel?
- Si une question trouble ton esprit, je tâcherai d'y répondre pour faire chasser tes angoisses! soufflai-je avec un petit sourire sur les lèvres avant de lui caresser sa joue doucement du revers de ma main.
Lorsque l’extase laissa sa place à la détente, je sentis sur mon corps tout enveloppé de coton, un frisson étrange. Cette sensation de fraîcheur qui n’en n’était pas vraiment une m’avait légèrement prise au dépourvu. J’étais si bien dans les bras de mon vampire qu’il n’y avait aucune raison de douter ni même d’être tourmentée. Et pourtant, j’étais en proie au questionnement et à la peur. L’effrayant souvenir de nos séparations passées me faisait alors douter quant à nos prochaines rencontres.
J'essayais alors de le verbaliser mais les mots ne franchissaient pas la barrière de mes lèvres. Peut-être la retenue, peut-être l’appréhension de dévoiler une faiblesse… J’ignore pourquoi. Je reste là dans les bras de Clayton, ma main glissant sur son corps comme pour profiter encore et encore de ce que j’ai peur de perdre. Les mots de mon amant eurent le mérite de me sortir de mes rêveries et je raclais alors la gorge tout en me redressant sur mon coude pour plonger mon regard dans le sien :
« Je … J’appréhende juste … Tu vas trouver ça surement un peu superficiel…. Mais je… J’ai retrouvé ma famille et maintenant je t’ai retrouvé toi… Je prends juste conscience que j’apprécie ce que j’ai actuellement et je n’ai pas envie de vous perdre, ni mon frère ni toi »
Mes yeux rompent le contact que la suite est plus délicate à avouer :
« J’ai toujours apprécié ta compagnie et j’aimerais bien garder le contact avec toi cette fois-ci… Pas comme la dernière fois »
Repensant à notre petit interlude dans la grotte alors que nous étions en 1920, je songe également la conversation que nous avions eue sur les relations intimes qu’avait pu avoir Clay. Un fin sourire traverse mes lèvres…
« Je repense à la discussion que nous avions eu dans la grotte, nous n’avions jamais pu la terminer. Je voulais apprendre à te connaitre davantage et au final je t’ai perdu pendant presque cent ans… Je n’ai pas envie de revivre ça. »
Une manière détournée de demander d’une part à Rufus s’il voulait poursuivre cette conversation passée, tout en lui demandant s’il était envisageable de concevoir une relation future… Mais peut-être avait-il déjà quelqu’un dans sa vie ? Peut-être étais-je une intruse en cet instant, alors que je me trouvais encore nue, allongée près de lui :
« Tu as quelqu’un dans ta vie actuellement ? Dis-moi que ce que l’on vient de faire n’est pas une bêtise… »
Pourquoi la panique était-elle en train de me gagner ? Je n’agissais jamais de la sorte. Ce n’était pas dans mes habitudes ou alors est-ce que c’était la peur de tout perdre qui me faisait agir et penser ainsi.
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