Non, définitivement, ma douce interlocutrice était aux prises d'émotion fortement déstabilisante et je pouvais le ressentir dans ses gestes. De ses doigts délicats qui pianotaient sur mon torse jusqu'à son regard légèrement fuyant... mouais rien ne pouvait contredire le fond de ma pensée qui se termina par mon questionnement du moment. Alors, en usant de patience qui m'était, certes, pas évidente, j'attendis que mon amante parvienne à verbaliser ce qui la tracassait. La dame tâcha de retrouver ses esprits dans un raclement de gorge avant d'oser enfin établir le contact visuel entre nous. Silencieux, je lui laissai la parole sans la couper. Je me doutais bien qu'elle avait dû faire preuve d'énormément de courage pour parvenir à parler.
Les premières explications tombèrent, la peur de la solitude et de mon abandon était la cause de son tracas. Je ne pus contenir un petit sourire dans un soupir en comprenant enfin ses tourments. Bien évidemment, je pouvais, à présent, comprendre ce besoin presque vital de garder près de soi les êtres qui vous sont chers. Cette peur insidieuse de voir disparaître les êtres aimés, hélas, je l'éprouvais bien malgré moi, maintenant, en réalisant que ceux-ci étaient mortels. Je me permis enfin de prendre la parole à mon tour en glissant un bras sous ma tête pour conserver le contact visuel.
- Oui, tout comme moi, j'apprécie fortement la tienne et je suis un peu plus d'accords à remettre ses rencontres sur une base régulière... enfin si tu le souhaites bien entendu. Je ne veux guère t'obliger à quoi que ce soit. Alors, je te rassure tout de suite, je ne vois aucune raison valable de me volatiliser de mon plein gré sans ne serait-ce de t'aviser au préalable! Sache également que je resterai là tant que tu ne démonteras pas de lassitude face à mon tempérament, disons... particulier et que ma présence à tes côtés te sera agréable.
Puis, la douce Ariane se perdit à nouveau dans ses pensées en retombant dans un léger mutisme. Cette fois, elle rompit le silence au bout de quelques secondes seulement en revenant sur un sujet bien agréable; ce délicieux interlude que nous nous étions offert par le passé. Un sourire coquin étira mes lèvres aux souvenirs qui émergèrent de ma mémoire. Ouais, cette rencontre m'avait laissé un goût si exquis en bouche qu'il me fut difficile, presque impossible à déguster une nouvelle fois par la suite. Avant même que je ne puisse y répondre, elle enchaîna sur une nouvelle inquiétude qui la rongea? Là, l'expression mignonne de son visage agrémenté de ces propos qu'elle tint m'en fut trop. L'idiot que je fus éclata d'un rire spontanément sans la moindre malice.
- Wow... Là, ma tendre Ariane, tu m'as pris par surprise... navrée de l'hilarité... soufflai-je en redevenant calme sans qu'en pâlisse mon sourire toujours présent. Puis, je poursuis. Si je puis me permettre, tu étais adorable sous cette expression d'inquiétude, mais je t'en conjure, cesse de te torturer ainsi, je n'ai personne, et ce depuis... euh... mouais depuis notre séparation en fait! Donc, bien sûr, ce moment partagé en ta compagnie fut aucunement un erreur et j'oses espérer qu'il en est de même pour toi. Je fis un soupir en repensant à ces deux zigotos sorciers que j'aimais tant et je lui partageai mes pensées. Ce n'est guère pour rien que mes camarades sorciers me surnomment, affectueusement, le "puceau" du nouveau millénaire... si nous omettons ces deux sorciers chers à mon coeur par leur amitié, je suis toujours aussi solitaire qu'avant ta rencontre!
Je fis un petit rire à nouveau avant de poursuivre. "Tant qu'à effleurer le sujet, autant l'aborder entièrement cette fois."
- Pour cette question, qui fut resté en suspend, si elle titille encore ta curiosité, autant la combler cette nuit! Je couchai ma tête contre mon avant-bras en remémorant la conversation. Alors... si ma mémoire est bonne c'était; avais-je déjà "connu" des êtres par le passé. Certes, j'ai connu quelques femmes et hommes également, mais c'était des aventures sans lendemain. Ces rencontres représentaient que des passages agréables dans ma vie de mortel. Pour ce qui est de ma vie d'immortel, je... ouais et bien, je n'avais guère l'esprit à me préoccuper de ce genre de question en savourant plutôt les désirs apportés par ma... bon, je crois que tu as saisi! Je m'arrêtai un bref instant et un petit rire m'échappa. La suite de mes mots franchit la barrière de mes lèvres sans vraiment prendre la peine d'y réfléchir un instant. Ce que nous avons partagé toi et moi, pendant ces quelques mois en commun, est sans l'ombre d'un doute, ce qui se rapprochait le plus à une relation sérieuse. Je le réalisai que maintenant la teneur de mes dires... Je passai une main sur mon visage. Et fichtre que viens-je de déblatérer comme ineptie encore une fois, moi? Bon, bah... tu peux remercier une énième fois ma retenue, disons inexistante! dis-je sous le ton de l'humour dans un rire étonnamment aucunement malaisé. Cela apaise-t-il un tant soit peu tes possibles tracas? lui lâchai-je en la poussant tout doucement à me regarder dans les yeux pour lui offrir un regard joueur et tendre à la fois.
Exprimer mon ressenti mais surtout exposer mes peurs n’était pas un exercice des plus facile et pourtant à ces côtés, malgré une première hésitation, j’avais finalement réussi à me livrer à lui sans peine.
Pour une enfant éternelle de la nuit, je me trouve encore bien humaine dans mes émotions puisque la solitude et la peur de l’abandon sont encore bien réelles et finalement sont des peurs liées à ma vie d’humaine d’autrefois.
Je le regardais me sourire et je percevais dans son regard cette même appréhension. S’il disait avoir des amis désormais, il devait comprendre ma position. Mais ce ne fut que lorsqu’il reprit la parole que je ne fus qu’entièrement soulagée.
Nous avions la même envie de nous revoir, le même souhait de rester en contact et de rester proches. Un délicat sourire étirait mes lèvres alors que ma main glissait nonchalamment sur son torse. Mieux encore il me donnait les cartes en main lorsqu’il s’exprimait sur le fait que je serais la décisionnaire de la suite de notre relation. Le pouvoir d’être l’aînée sans doute. Mais même si cette déclaration avait le pouvoir de me satisfaire, je n’en fis rien, privilégiant le partage et la communication :
« Je te retourne la volonté Clay. Si un jour, tu estimes que ma présence à tes côtés ne te satisfait plus, fais-le moi savoir. Nous sommes deux à décider. »
Un nouveau silence de quelques secondes s’installa entre nous alors que finalement je repensais à notre conversation du siècle dernier.
Bien malgré moi, les paroles et les questions s'enchaînaient alors au rythme de mes pensées. En m’écoutant, je voyais son regard luxurieux revenir au triple galop. Il se souvenait lui aussi de ce moment dans la grotte et en avait encore visiblement un très bon souvenir. Pourtant lorsque j’eus terminé mon petit monologue de questions, il éclata de rire. Un son légèrement moqueur mais qui laissait penser qu’il était plus surpris qu’autre chose. Il s’en excusa alors aussitôt. Avant de m’expliquer le pourquoi de son rire. Attendrie par le fait qu’il apprécie les expression de mon visage, je lui souris timidement en comprenant qu’en réalité, il n’avait connu personne depuis près de cent années. De mon côté, j’avais eu quelques aventures mais rien de vraiment constructif et d’aussi passionné qu’avec Rufus. Ce n’était pas une erreur pour lui et je répondis simplement d’un signe de tête négatif pour lui signifier qu’il ne s’agissait pas non plus d’une erreur pour moi. Bien au contraire.
La suite fut légèrement plus comique, en me confiant le surnom que lui donnait ses amis sorciers, je ne pus réprimer un léger rire. Le sérieux de la conversation revint bien rapidement puisque Rufus se confiait alors sur une question restée longtemps sans véritable réponse. Il reprenait un peu plus généralement son passif affectif à la fois durant sa vie de mortel et d’immortel et je l’écoutais avec attention. Mon regard sur lui ne changeait pas. S’il se disait ne pas être très expérimenté, je trouvais au contraire qu’il savait très bien y faire pour ce qui est de donner du plaisir. Je me mordillais alors faiblement la lèvre, rien qu’en repensant à ce que nous venions de faire et qui me donnait encore l’eau à la bouche à l’idée que l’on puisse recommencer encore et encore.
Je remarquais alors un très léger changement d'attitude alors que Clayton se montra plus pensif. Comme s’il avait parlé sans retenue l’espace d’un instant et pour m’annoncer quelque chose de particulièrement touchant. Je posais sur lui un regard tendre et songeais à l’idée. Que cela soit pareil pour moi. Rufus et moi avons eu ce qui s’apparente le plus à une relation sérieuse et exclusive. Cette relation n’avait pas duré longtemps et c’était achevée dans un drame mais elle avait eut le mérite d’exister.
Je n’eus pas le temps de répondre quoi que ce soit puisqu’il se reprit quasiment dans la foulée pour finalement s’excuser avant de me demander si mes peurs étaient apaisées. A nouveau, la douceur d’un sourire s’afficha sur mon visage avant de me pencher pour l’embrasser. Ce baiser était tout autant passionné mais il se voulait plus doux, plus tendre. Un baiser qui voulait dire merci d’une certaine manière. En me redressant pour plonger à nouveau mon regard dans le sien, je laisser ma main glisser le long de sa peau, sur son torse :
« Merci Rufus, tu as ce don de calmer mes peurs et … »
Ma main descend lentement pour arriver à son nombril :
« Et de réveiller en moi des désirs profonds… »
Elle glisse sous le drap pour passer le long de son membre :
« J’ai encore envie de satisfaire mes désirs, et toi? »
Ma main glisse alors dans un mouvement de vas et vient pour réveiller à nouveau la bête afin qu’elle me donne ce plaisir dont je crois que jamais je ne serais rassasiée. Serait-il une drogue pour moi ? Possible… Ai-je des sentiments? Probablement… La seule finalement dont je sois certaine c’est qu’il me faisait du bien dans tous les sens du terme et que je comptais en profiter.
Malgré le changement notable de l'ambiance apporté par la peur et l'impréhension de ma charmante interlocutrice, je m'efforçai d'apaiser les inquiétudes laissées en suspens qui en découlaient. Mon arme ultime dans ce genre d'occasion et que je ne me priais guère d'utiliser l'humour et encore une fois, j'en fis usage en apportant une touche sincère. L'inquiète but mes paroles et progressivement, mes efforts semblèrent porter fruit vu l'esquisse légère d'un sourire qui se dessina sur ses lèvres. Ce joli tableau de son doux visage qui se reposait sur mon torse illuminé par ce timide sourire alors que ses doigts s'amusaient à tracer de fins cercles... Oui, cette image restera gravée dans ma mémoire encore très longtemps... cela ne fait aucun doute! Mon regard se posa sur ces lèvres lorsqu'elle prit la parole dans une affirmation qui me fit retourner son sourire.
- D'accords et... merci! Je lâchai un petit soupir dans un sourire avant de poursuivre. Il m'est fort appréciable de découvrir que tu n'as guère changé à ce sujet avec les années et cela t'honore d'autant plus!
Le flot d'inquiétude qui l'accapara quelques secondes apporta de nouvelles questions. Ariane laissa libre cours à ses questions en m'en faisant part et bien sûr, c'en fut trop et j'éclatai de rire. Je rectifiai le tir en m'excusant et en faisant lumière sur ma situation amoureuse qui... mouais était clairement inexistante depuis notre séparation. Sous la même impréhension, je lui retournai la question et elle me répondit par la négation d'un simple signe de tête. Je ne pus contenir ce petit relent de soulagement s'immiscer en moi à cette découverte, mais je continuai malgré tout mes explications sans le souligner.
Une nouvelle fois, je précisai le détail de ce surnom quelque peu grotesque donné par mon entourage sorcier. Cela eut le mérite de réellement faire rire ma magnifique congénère bien que celui-ci fut toujours discret. Puis, le sérieux me revint en replaçant mes idées pour lui donner une réponse claire et le plus précis possible. Encore, une fois, elle ne m'interrompit aucunement en préférant l'écoute et ne réagit qu'à la fin de mon monologue lorsque je la questionnai. Un tout nouveau sourire adoucit joliment ses traits avant de se pencher pour venir poser ses lèvres contre les miennes. Toute cette douceur où je pouvais ressentir même la passion que son être possédait me fit flancher en lui répondant avec une joie non retenue en caressant tendrement ses bras.
Ensuite, mon amante se releva en plongeant son regard dans le mien. Bien que mon ouïe capta sans mal ses remerciements que ces délicieuses lèvres prononcèrent, le mouvement de sa main attira mon attention. Oh diantre, cette caresse me fut très agréable et je sentais mon corps réagir à chacun de ses passages. Celle-ci descendit toujours plus bas dans un lent frôlement près de mon nombril et un frisson plus notable accompagna la coquine aventurière. " Euh... elle va vraiment..." Cette pensée fut coupée par sa voix empreinte d'une luxure bien soutenue. Ces mots ajoutés sous ce ton excitant par cette bouche que je désirai goûter encore et encore accentuèrent le désir qui recommençait à pulser dans mes veines. Le coup de grâce fut le nouveau touché se faisant ressentir sur mon membre en démontrant la véracité de mes dernières pensées. Celui-ci démontra sans gêne mon appréciation de toutes ces plaisantes attentions qui se concentrèrent sur cette partie si sensible de l'anatomie masculine. Un petit souffle jaillit de ma gorge lorsque ses doigts se refermèrent sur ma verge bien dressée encline aux plaisirs qui suivront! Mes attraits bestiaux revinrent au galop et je la regardai avec intensité avec un petit sourire où perçait un croc.
- Et bien... je ne suis guère contre cette idée douce Ariane, mais... que souhaites-tu à cet instant? Dis-moi ce qui te ferait plaisir et je me ferai une joie de le réaliser! Lui soufflai-je d'un ton suave dans un baiser langoureux et passionné.
Peut-être était-ce curieux comme question, mais je désirai qu'une seule chose, combler tous ses désirs et à nouveau goûter à l'exquise passion qu'elle gardait cacher. Ce fougueux désir que je décelai chez elle avait toujours fait parfaitement écho à la mienne par le passé.
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