Vivre dans cette demeure était tout nouveau pour moi. Tout comme vivre en communauté avec mon frère et son amoureux. La maison de mon frère était typiquement grecque, peut-être pour se sentir comme chez lui. Pour ma part ce n’était pas dans ce genre de bâtisse que je me sentais chez moi mais je pouvais aisément me sentir chez moi auprès de mon frère, Ambrosos. Enfin Alessandro. Je devais avouer que j’avais énormément de mal à l’appeler par son pseudonyme, Pour ma part il resterait éternellement mon frère, Ambrosos. Pourtant il avait changé et désormais il était plus mature, plus indépendant et plus libéré. Il avait même un homme dans sa vie. Une vampire que j'appréciais beaucoup. Esteban était gentil et il avait beaucoup souffert. Il méritait d’avoir une vie meilleure et je savais qu’avec Ambrosos il était heureux. Pour moi c’était le plus important, qu’ils soient heureux tous les deux.

Pour l’heure, je profitais d’un moment d’accalmie pour prendre un bon bain. Mon frère était dans son atelier alors qu’Esteban était au travail. J’avais donc pris un peu de temps pour moi et je bullais durant près de deux heures dans un bain moussant. Évidemment j’avais lu un livre en entier à cette occasion. C’était un des nouveaux livres qui allait sortir dans les prochaines semaines dans la librairie. Comme d’autres, je me devais de les connaître. Finalement après mon bain, je m’étais vêtue que d’une serviette sur mon corps cachant mes formes et une serviette sur la tête.

Alors que je me dirigeais vers ma chambre. Enfin la chambre d’amis que mon frère m’avait gentiment cédé pour une durée indéterminée. Je devais avouer que je me sentais ici plus à l’aise qu’à l’hôtel. Même si j’étais bien installée au Lux, être avec Ambrosos était tout de même largement plus plaisant. Qu’est-ce que j’étais heureuse de l’avoir retrouvé après plus de 2000 ans. Je me sentais à nouveau revivre à ses côtés.

Je sursautais alors qu’une personne entra sans prévenir. Je me stoppai net alors que la femme, que je sentis aussitôt comme étant une vampire, appela mon frère. L’appelant par son pseudonyme, elle avait besoin de lui poser une question. D’un coup, elle se tourna vers moi et je la reconnus aussitôt. Il s’agissait d’une vampire que je n’avais pas vu depuis bien des années 1500. Maddalena Salviati, une vampire italienne à l’époque que j’avais croisé à la veillée funéraire de Leonard de Vinci. Je restais estomaquée devant elle tout en retenant ma serviette :

“Maddalena?”

Elle m’avait appelé Helène. En effet, c’était l’identité que je m’étais donnée à cette époque en l’honneur de ma maman. D’ailleurs maintenant que j’avais retrouvé ma famille, je trouvais cela étrange d’être appelé ainsi. Je repris rapidement contenance en réalisant alors que j’étais nue sous ma serviette et je répondis alors à sa requête en entrant :

“Si vous cherchez Ambros… euh Alessandro il est à l’étage dans son atelier mais il est très pris. Je peux peut-être vous aider.”

Puis finalement je retrouvais mon sourire envers cette femme, cette vampire que je n’avais pas vu depuis des années. Cela faisait toujours bizarre de recroiser quelqu’un après tant de temps mais en même temps c’était le lot de tous les vampires. J’avais énormément apprécié cette rencontre d’une soirée. Si cela n’avait pas été en de si tristes circonstances, nous aurions pu l’une comme l’autre plus en profiter. Peut-être même devenir amies. Les amies vampires n’étaient pas courantes, voir même rares ou inexistantes.  Autant j’étais amie avec Henriette/Amarante mais c’était un esprit, autant les autres vampires je m’en méfiais toujours un peu. Finalement j’étais souvent seule.

Je réalisais alors qu’un léger silence s'était abattu sur le manoir, moi toujours nue sous ma serviette. Je brisais alors le silence pour m’expliquer :

“Je vais me changer rapidement et je suis toute à vous si vous voulez.”

Je passai devant Maddalena pour me diriger rapidement vers la chambre afin de passer des vêtements plus convenables puis je me retournais une dernière fois en disant le sourire aux lèvres :

“Au fait, je m’appelle Ariane, je suis la sœur d’Alessandro.”

Avant d’aller passer des vêtements, Maddalena me demanda si j’étais la vampire récemment arrivée en ville. Le fait est que oui, j’étais arrivée récemment mais peut-être pas la dernière en date si ? J'acquiesçai d’un signe de tête approbateur de ses mots avant d’aller me changer. 

Finalement à mon retour dans la pièce principal, j’expliquais en quelques mots ma véritable identité à la vampire que j’avais en face moi. C’était normal que je le sois avec elle. D’une part, je l’avais déjà croisée et j’avais grandement apprécié cette conversation que nous avions échangée malgré les circonstances tragiques. Et d’autres part, ce vampire semblait connaître mon frère. Pour moi c’était suffisant pour que je devienne, disons plus familière avec elle.

Sa réponse ne se fit pas attendre avec les explications qui allaient avec. En réalité, elle s’appelait Sigrid. Avant même qu’elle ne le confirme, j’avais fait le rapprochement avec la leader des vampires. C’était donc elle. Logique en même temps. Je me souvenais qu’elle disait être en contact avec les Anciens alors devenir la leader vampire d’une ville était une suite logique. Dans le même temps, elle s’excusa pour mon frère. Il était vrai que nous avions parlés de nos regrets et j’avais alors évoqué Ambrosos.

Mais du coup, je réalisais alors qu’elle le connaissait déjà à cette époque. J’ai vraiment manqué mon frère de peu durant toutes ces années. Un regret de plus à avoir ? Non il ne fallait pas que je pense ainsi. Je l’avais à présent retrouvé et c’était ce qu’il fallait retenir de tout cela.

“Ne vous en faites pas. Vous ne pouviez pas savoir. Le principal est que je l’ai retrouvé maintenant… Mais oui c’était tout à fait par hasard, je suis venue sur L.A. à la base pour le travail et finalement j’ai reconnu mon frère à la télévision alors je me suis rendue sur place le jour de l’évènement.”

Sentant que je devais plus d’explication à la leader des vampires bien que je ne me sens appartenir à aucun clan, je poursuivis :

“En effet, je suis venue dans cette ville mais j’ignore encore comment je vais m’organiser car je possède une entreprise sur Paris… Je ne vous causerais pas de soucis ne vous en faites pas Sigrid.”

J’avais tenu à mettre les choses au clair avec Sigrid. Autant le faire maintenant dès la première rencontre car je savais que nous avions un paternel assez épique et je ne voulais pas que la leader me mette dans le même panier que celui-ci. J’étais plus calme et plus rangée que lui. Après je pouvais comprendre que nous étions désormais au moins trois vampires de plus de 2000 ans dans la même ville. De quoi attirer les Anciens et le clan des vampires de la ville. Je souris cependant à Sigrid quand elle me certifia que je ne serais pas surveillée. C’était une bonne chose à savoir que j’avais la leader de mon côté.

“Non en effet, je tiens trop à mon frère pour lui causer des ennuis mais je ne cause que rarement des ennuis. Je n’ai pas tué d’humains depuis des années. Il est tellement facile maintenant d’avoir du sang par bien des manières qu’un massacre est désormais inutile.”

Je n’avais d’ailleurs que très rarement causé des massacres. Je regardai rapidement autour de moi en réfléchissant rapidement avant de me tourner à nouveau vers Sigrid :

“A défaut de vous proposer du sang, je peux vous servir un délicieux vin blanc Français.”

Je me dirigeais rapidement à la cuisine et pris deux verres à pied aussi qu’une bouteille qui était dans la cave à vin de mon frère. J’avais rapporté du vin de France depuis mon retour et j’adorais en boire en écoutant de la bonne musique ou alors quand j’étais en bonne compagnie. Dans mes souvenirs, j’avais déjà savouré un bon vin en discutant avec Sigrid à l’époque. La douce vampire me demanda alors comment je me portais depuis notre dernière rencontre. Il y avait tellement à raconter que je choisis d’aller à l’essentiel en lui tendant son verre :

“Et bien ma fois, je vais plutôt bien. Surtout depuis que j’ai retrouvé ma famille. Oui si j’ai retrouvé Alessandro j’ai également retrouvé mon père. Vous devez le connaître je pense. De ce que je sais, il doit être bien moins calme que nous.”

Je prenais soin d’appeler Ambrosos par le nom qu’il donnait partout ici. Son nom grec, il l’avait oublié depuis longtemps. Pour ma part, je l’appelais toujours ainsi et il ne m’en tenait pas rigueur. Je le remerciais intérieurement chaque fois pour cela car j’aime tellement son prénom grec. Je bois une gorgée de vin avant d’ajouter :

“Je ne sais pas ce qu’Aless a pu vous dire à propose de notre père, mais Stefano et moi ne sommes pas vraiment en bons termes. Sans entrer dans les détails, je peux vous assurer que je n’ai rien à voir avec lui.”

Alors que je m’installais dans le canapé, j’invitais Sigrid à faire de même tout en lui demandant :

“Et vous très cher, comment allez-vous ? Si vous êtes désormais leader des vampires, c’est que visiblement vous êtes toujours en bons termes avec les Anciens.”

Avoir une conversation à la fois simple et tout autant intéressante était vivifiant pour moi, je savais, je ressentais qu'en Sigrid je pourrais trouver une belle amitié avec une de mes semblables. Cette femme était à la fois douce dans ses propos et dure dans sa position de leader. Tout comme je pouvais être attendrie avec mes proches et extrêmement froide avec des hommes qui faisait du mal aux autres. L'injustice m'insupporte au plus haut point et au fil des années je crois que je suis devenue très intransigeante. 

Selon ses dires, je la prends par les sentiments en lui proposant un verre de vin. Je lui souris poliment avant de lui répondre. 

"Je l'ai goûté. Il est vrai qu'il est un bon substitut mais cela ne remplace pas le véritable sang chaud. Mais ce vin ne vous laissera pas de goût amer en bouche. Il est délicieusement fruité."

Une fois le vin servi et nous confortablement installés, la conversation dévia bien vite sur mon père et sa turbulence. Je me doutais que si Sigrid était leader de la ville, elle devait avoir bon nombre de problème à cause de lui. J’en était d’autant plus désolée de l’apprendre que je ne pouvais rien faire pour arranger les choses. Mon père était ce qu’il était et malheureusement je n’avais pas grand pouvoir sur lui… Même si j’étais peut-être celle qui en avait le plus. D’une certaine manière, Sigrid me rassura en disant que qu’elle ne nous tiendra pas rigueur pour moi et Ambros’ si les actions de Stefano venaient à dégénérer comme souvent visiblement. 

“Je vous dirais même que s’il vous pose trop de problème, vous pouvez me le dire, je me ferais un plaisir de le remettre en place.”


Naturellement je m’installai sur le canapé, une jambe sous la cuisse pour être plus à l’aise pour discuter. Telle une véritable conversation entre filles, je demandai à la vampire comment elle allait. Sigrid évoqua les évènements de cette année. Je dois avouer que je n’avais pas forcément suivit toute l’actualité. J’osai alors me montrer curieuse au risque de remuer le couteau dans la plaie pour la pauvre Sig. 

“Les évènements de cette année ? Que s’est-il passé ?”

Apparemment l’issue de tout cela n’avait pas entaché la réputation de Sigrid auprès des Anciens sinon elle ne serait plus Leader à l’heure où nous parlions, pourtant je sentais une douce tristesse comme si ces actualités l’avait atteinte et profondément touchés. Je voulais lui montrer mon soutien infaillible pour la soutenir mais finalement elle me retourna la question en me demandant mes passions du moment. Un sourire doux s’afficha sur mes lèvres à l’idée d’évoquer encore et toujours les livres. Même si nous sommes à l’heure de la technologie, l’odeur des pages et le touché d’un bon livre entre mes doigts était toujours une belle drogue dont je ne pourrais jamais me passer.

“Je suis et je crois que je resterais éternellement passionnée par les livres. J’ai d’ailleurs ma propre librairie sur Paris. Mais je songe à la vendre pour venir vivre avec mon frère à plein temps. Je suis tellement heureuse de l’avoir retrouvé que je ne veux plus que l’on soit séparés.”

L’air songeuse, je repris une gorgée de vin tout en réfléchissant à voix haute. 

“Je ne sais pas ce que je ferais ici mais vu le nombre de retrouvailles de ces derniers temps, je pense que je n’aurais pas de mal à m’intégrer… Peut-être ouvrir une autre librairie, ou alors me remettre a écrire… Une vraie tragédie grecque, cela pourrait être intéressant.”

Visiblement Sigrid était enchantée de trouver en moi une nouvelle alliée pour contrer les différents méfaits de mon paternel. En même temps, je la comprenais aisément. Finalement avec mon arrivée, elle se retrouvait avec trois vampires bimillénaires sur les bras. C’était beaucoup, peut-être même trop pour le point de vue des Anciens. Si pour ma part, je suivrais Ambrosos au bout du monde, je ne ferais pas la même chose pour mon père. Alors si notre présence posait problème, je proposerais peut-être à mon frère de refaire notre vie ailleurs, avec Esteban bien sûr. Mais le fait qu’Ambros et moi soyons de son côté changerait peut-être la donne. Enfin j’osais espérer.

Finalement Sigrid s’excusa à nouveau de ne pas avoir su pour mon lien avec mon frère. Je lui souris à nouveau en levant la main en signe de tolérance

« Ce n’est pas grave Sigrid, je ne vous en veux pas. Vous ne pouviez pas savoir. Nous n’avons que très peu parler de nous. Et puis les circonstances n’étaient pas des plus propices pour faire plus amplement connaissances. »

Puis la leader des vampires assise en face commença alors un long résumé des fameux évènements de l’année passée. J’apprends alors qu’un virus a circulé en ville, qu’il a touché un bon nombre de vampires, dont mon frère. Mes yeux s’écarquillent de surprise en apprenant cela. Pourtant je restai muette jusqu’à la fin du récit de Sigrid. Mais mon esprit n’arrêtait pas de me remémorer sa révélation en me demandant pourquoi il ne m’en avait pas parler. Je supposais alors qu’il avait sans doute voulu me protéger et de toute évidence il allait parfaitement bien à présent. Je fronçai alors les sourcils en entendant le nom d’un coven de magie noire. La vampire était très prévenante de me prévenir et de me mettre en garde. C’était tout à son honneur de prendre d’ores et déjà soin de m’informer des dangers de la ville.

« Eh bien, en effet une année passée bien remplie. Je ferais attention aux membres de ce coven alors. Merci de votre attention à mon égard. Je crois même pouvoir dire que désormais nous nous connaissons suffisamment pour se tutoyer si toutefois cela te convient Sigrid. »

Je bus une nouvelle gorgée de vin et perdant légèrement le regard dans le vide. Je faisais alors un rapide état des lieux de mes rencontres depuis que j’étais sur LA. Me rendant compte que j’avais fait la connaissance de plusieurs personnes. J’espérais alors ne pas d’ores et déjà être tombé sur un des sorciers de ce coven. Puis naturellement mes pensées dévièrent vers une rencontre que j’avais fait en revenant la seconde fois, il y a quelques jours. Ma rencontre avec un ange… Revoyant son visage à nouveau dans mon esprit, je souris naïvement sans me rendre compte que j’étais désormais silencieuse depuis plusieurs minutes. Ce n’est que lorsque la leader m’interpelle que je cligne enfin des yeux et que mon esprit revient à ses côtés.

« Pardonnes-moi, j’étais en train de réfléchir aux personnes que j’ai rencontré dernièrement… Et plus particulièrement une rencontre qui m’a intrigué. »

Cette rencontre n’était en aucun cas une mauvaise chose mais cela restait tout de même intriguant et finalement Sigrid serait peut-être la première personne à qui je pourrais oser en parler.