C’était un nouvel artiste affro-américain, c’était sa première exposition, pourtant Amarante était là, la mondaine se mêlait à une foule underground de jeune gens à l’allure sombre, à l’allure rebelle, pour la peine, elle c’était rangé dans le moule en enfilant un tailleur short croc top noir, des cuissardes en fausse peau de serpent et en portant rouge à lèvres violine. Ses cheveux étaient coupés court au carré, elle était en expérimentation, elle l’avait toujours été, la mode était un jeu pour elle, elle était un caméléon. L’exposition était située dans une cave en périphérie de la ville, un quartier ou elle ne se rendait pas souvent pour être honnête, mais elle ne craignait pas cet endroit, son elfe garde du corps à la peau sombre la suivait de près, ses attributs elfiques cachés grâce à un talisman il passait pour un ami peut-être même un petit ami. Sous sa veste elle avait un holster d’épaule avec un revolver, mais elle avait son permis, alors même si quelqu’un le remarquait elle n’aurait pas le moindre souci. Elle aimait ce qu’elle voyait ce soir, elle allait probablement lui acheter plusieurs toiles, il allait monter, elle le sentait surtout en ces temps sombres pour la communauté noire-américaine. Amarante comprenait leur histoire, elle n’avait jamais eu d’esclave, elle n’avait jamais apprécié cette notion, personne n’avait le droit de priver un être humain de liberté sans raison, cela l’avait toujours révolté. Dans les années 50-60 elle s’était engagée de leur côté. Elle avait rencontré Martin Luther King, elle avait fourni quelques fonds.
Amarante ne pensait pas avoir d’ennui, pas du public présent en tout cas, l’elfe était là pour les surnaturels, Sigvard et Damaris n’auraient pas accepté de la laisser aller toute seule avec le coven ombra. Ils avaient raison, elle n’était pas impuissante, mais elle restait parmi les surnaturels les plus faibles malgré son entrainement physique intense. On pouvait voir des abdos saillir, son dragon était intransigeant, il avait transformé ce corps mou en quelques mois, un véritable miracle. Elle s’éloigna un instant de l’elfe pour se présenter à l’artiste, elle se présenta comme Eve Cartier car il était humain. Elle le vit froncer des sourcils, elle se retourna et vue un trio de jeunes américains blancs approcher, ce n’étaient pas des skinheads, ils portaient des costards et arborait un air arrogant. Ils n’allaient pas causer de soucis trop explicites, ils allaient provoquer en espérant qu’un coup partent et qu’ils aient une raison de se défouler. L’un deux s’arrêta pile face à elle, le leadeur apparemment.

- Surpris de voir une bridée aussi jolie, tu es seule ? Ou t’es la petite copine de l’artiste. T’as pas pu avoir une blanche alors tu t’es rabattu sur une asiatique à la peau pâle ?

Amarante gardait un air neutre, elle pensait qu’ils s’arrêteraient à la provocation orale et pourtant il lui attrapa du bout des doigts le menton pour l’examiner. Puis une claque sur son postérieur d’un autre gars, elle sursauta vraiment surprise, ils n’eurent pas le temps de faire plus cependant. Son garde du corps rappliqua et cassa le bras du premier gars l’air vraiment énervé. Un hurlement de douleur retentit et les gens qui n’avaient pas encore remarqué les perturbateurs se tournèrent vers eux surpris.

- Je vais appeler la police salope.
- Très bien faite, rétorqua Amarante en croisant les bras avec un air méprisant.

S’il pensait faire le poids face à son armée d’avocat, de véritable requin il allait déchanter. Le connard n’eut pas besoin d’appeler la police, l’artiste l’avait déjà fait. Mais quand elle arriva tout ne se passa pas exactement comme elle l’avait prévu. La police commença à se ranger du côté du bras cassé. Ce dernier expliqua que son garde du corps avait cru qu’il draguait sa copine et qu’il lui avait cassé son bras sans raison.

- Espèce de menteur ! ragea Amarante qui voulut prendre son portable pour appeler ses avocats, sauf qu’en faisant cela elle dévoila un court instant son revolver, un policer sauta sur elle pour tenter de la menotter, par réflexe, elle lui fit une prise pour se défendre, un policier dégaina son arme et Amarante leva les mains. J’ai une autorisation, vérifiez au nom d’Eve Cartier. L’esprit lança un regard à l’elfe pour lui faire comprendre de ne pas agir.
- C’est ça, dit un policier dans le dos qui la menotta.

Ces derniers jours, les journées avaient été longues, enquêtant sur une série de meurtre, il n’avait pas eu de repos. Tout le monde au commissariat travaillaient d’arrache pieds, surtout que pour l’instant, ils n’avaient aucune piste valable. A chaque fois, il n’y avait eut aucun témoin, les résultats ADN qu’il avait trouvé sur les scènes de crimes n’avaient rien donné, prouvant que cette personne n’est pas dans leur fichier. Et pour l’instant, les meurtres continuaient et cela le rendait malade. C’est tout lui, il faut toujours qu’il s’investisse beaucoup trop, aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Il faut dire qu’en tant qu’ange déjà, il est sensible au sort de ce monde et voir des innocents mourir sans rien pouvoir y faire est horrible. Le Capitaine lui demanda de prendre une journée de repos pour s’aérer l’esprit. Il fut donc contraint d’accepter, à son retour, il promis à son chef qu’il allait essayer de se ménager.

Il était en train de ré-inspecter les dossiers de l’enquête lorsque le Capitaine fit irruption dans son bureau, lui disant de se rendre à une exposition dans une cave en périphérie de la ville, lui disant qu’il y avait du grabuge là-bas. Il s’y rendit donc aussi vite qu’il put. Effectivement, la situation semblait être tendue, il remarqua un attroupement et du demander aux gens de laisser le passage pour qu’il puisse passer.

«Messieurs, Mesdames, rangez-vous sur le côté, laissez passer la police». Ordonna-t-il, criant assez fort pour qu’on puisse l’entendre, mais malgré tout, il dû tout de même répéter la même chose plusieurs fois et pousser les plus récalcitrant pour passer. Il remarqua que des officiers semblaient déjà là sur place. Le ton entre eux étaient plutôt menaçant, venant d’arriver il ne comprenait pas ce qui s’était passé, mais lorsqu’il vit l’un des officiers menotter la jeune femme il décida d’intervenir, sauf qu’il n’eut pas besoin, la jeune femme réussit à lui faire une prise et mis l’homme à terre. Il perçut sûrement en même tant que l’officier l’arme de la jeune femme, l’officier brandit alors son arme à lui sur la jeune femme.

«Ola, tous le monde se calme ici. Officier, ici l’inspecteur Thomas, baissez votre arme».

Il jeta des regards à tour de rôle entre la jeune femme qu’il sentait être un esprit, son garde du corps, un elfe et les officiers, des humains.  

«Nous allons tous rester raisonnable et régler ça pacifiquement».  

L’officier lui répondit d’aller voir ailleurs, dans des termes bien plus familier, ajoutant que ce n’est pas ses affaires.

«C’est un ordre officier !».

L’homme grogna et finit par obtempérer.

«Et vous enlevez-lui ses menottes». L’officier fit ce qu’il lui avait demandé aussi.

Il lut leur noms sur leurs badges et se garda en tête d’en toucher un mot au Capitaine, mais avant il allait falloir démêler cette histoire. Il se tourna ensuite vers la jeune femme, tout en restant encore à distance respectable.

«Madame, je suis désolé pour le comportement de ces officiers. Voulez-vous bien coopérer en laissant votre arme au sol s’il vous plaît, juste le temps que je vérifie que vos papiers sont en règles. Ensuite, j’aimerais avoir votre version sur ce qui s’est passé».

Amarante ne s’était pas souvent retrouvée en position de se faire menotter, c’était assez inédit pour elle, cela lui était déjà arrivé il faut l’avouer, mais c’était tout de même assez rare. Et puis jamais on ne l’avait traité de façon aussi médiocre, elle avait toujours choisi des corps d’origine européenne et lors de ses rares arrestations on l’avait toujours traité comme une dame à cause de ses habits chic et hors de prix.  Cette fois-ci l’officier était particulièrement rude avec elle, un gémissement de douleur lui échappa des lèvres. Puis soudain un homme tenta d’intervenir pour calmer toute cette situation. Ama leva les yeux sur cet homme blond et le fixa un peu étrangement. Il dégageait une aura particulière, une aura qu’elle n’avait jamais vu, il n’y avait qu’une race qu’elle n’avait pas fréquenté officiellement parlant, Ama était persuadée de l’existence de certaine race plus rare, mais cela était son opinion. Son regard acéré détailla l’individu, un bel homme, blond l’air angélique dans les faits, s’il n’avait pas dégagé cette aura particulière elle aurait certainement usé de son charme. Mais là si c’était bien ce qu’elle croyait elle ne voulait pas s’abaisser à ça, elle avait attendu cette rencontre presque toute sa vie. La suspicion dans son regard se transforma en fascination. Ama était catholique de naissance, elle avait donc toujours cru en l’existence de ces êtres céleste. On lui retira ses menottes. Elle frotta ses poignets endoloris toujours silencieuse, elle ne savait que dire devant cette apparition, elle était à court de mot. Il s’adressa à elle gardant une distance de sécurité. Et bien pour une première rencontre elle ne faisait pas vraiment la meilleure impression, elle rougit de honte.

- Bien sûre, répondit-elle sobrement tout en sortant son revolver et une dague en argent qu’elle déposa devant elle sous le regard suspicieux des officiers de police. Son elfe garde du corps n’avait rien sur lui vu qu’il se servait de l’invocation d’arme pour pouvoir se battre. Je m’appelle Eve Cartier et si des papiers en règle ne vous suffise pas vous pouvez demander à Richard Brightburn.

Même si dernièrement elle s’était éloignée de lui, ils étaient toujours amis et elle savait qu’il se porterait garant pour elle quelques soit la situation. Eve Cartier était le nom de son corps, il n’y aurait pas de soucis de suspicion de faux papier. Sans être une star, ni même une personnalité, elle était la veuve d’un entrepreneur de la Sillicon Valley, elle avait un compte instagram ouvert du vivant d’Eve ou elle se contorsionnait dans des pauses de yoga improbable qu’elle n’avait pas imaginé réussir avant ce corps là. Elle continuait de nourrir son fil pour garder un semblant de normalité, bien sûre le contenu avait un peu changé, mais quoi de plus normal après le décès de son « mari », de plus les humains n’imaginerait qu’Eve Cartier n’était pas Eve Cartier. Bref ses papiers même si elle les avait achetés avec un pot de vin étaient parfaitement en règle, ils ne pouvaient rien lui reprocher légalement parlant.

- Très bien, débuta-t-elle. J’étais venue voir cette exposition car je voulais voir l’avancement des projets de Livio, c’était l’artiste, j’aime ce qu’il fait, je le suis depuis longtemps sur les réseaux sociaux, je voulais acheter certaine de ces toiles pour ma collection. J’étais en train de le saluer et de le féliciter quand ses trois sires se sont approchés de nous, l’un s’est étonné de voir une « bridée aussi jolie » je reprends ces mots exacts, il m’a demandé si j’étais la copine de Livio et il a rajouté je cite encore une fois ses mots « T’as pas pu avoir une blanche alors tu t’es rabattu sur une asiatique à la peau pâle ? ». Je n’ai rien dit, Livio également, nous savions tous les deux que ce n’était que de la provocation pour nous faire sortir de nos gonds. Sauf que celui-là, elle pointa du doigts un des hommes, m’a attrapé le menton pour m’examiner comme si j’étais une marchandise exotique, cracha-t-elle avec de colère dans le regard, celui-là elle pointa un autre homme, s’est placé derrière moi et, bon sang c’était un peu honteux à avouer à haute voix devant tout ce public, il m’a donné une tape sur le postérieur ce vicelard. Mon garde du corps est intervenu, un peu violemment je le conçois, il lui a cassé le bras. Livio a appelé la police pensant qu’ils arrêterait les trois hommes, mais il ne l’ont pas écouté et on tout de suite pris le parti des trois blancs de cette salle. Ils devraient être plus prudents surtout actuellement. Voilà ma version des faits et je suis certaine qu’en dehors de Livio et moi il y’a certaine personne qui peuvent collaborer ma version.
- Ouai, cria une femme dans la foule. Putain de raciste.
- C’est clair, cette fille n’a rien fait ! ajouta un autre homme.

Bon sang Amarante sentait la colère enfler dans la foule, elle pria intérieurement pour que cela ne dérape pas plus que cela.

Toujours à distance, il attendait maintenant que la jeune femme dépose son arme à terre, en espérant qu’elle accepte de coopérer. Les deux officiers sont déjà assez nerveux, il ne faudrait pas en rajouter. Il jeta un coup d’oeil furtif vers les trois hommes, ils n’ont pas décoléré et a l’impression qu’il en faudrait peut pour que cela dégénère de nouveau. La jeune femme heureusement obtempéra tout de suite et déposa un revolver et une dague par terre. Pendant ce temps-là il demanda dans son talkie-walkie des renforts, craignant que la situation dégénère.

«Richard Brightburn, le capitaine de la police. Vous le connaissez ?» Demanda-t-il innocemment, mais il s’excusa vite. «Excusez-moi, cela ne me regarde pas».

Il s’approcha prudemment et prit les papiers qu’elle lui tendit. Il jeta un coup d’oeil dessus, regarda la jeune femme puis lui rendit.

«C’est bon, merci».

Puis il lui demanda de dire sa version des faits. Elle fut très précise, il écouta avec attention son récit, observant son visage, mais aussi ses yeux pour savoir si elle mentait ou non. Elle semblait sincère. Après le sujet semblait délicat, il ne voulait pas entrer dans les détails, ne peur que cela se finisse en débat et surtout en émeute. Il se tourna d’ailleurs vers les gens.

«Mesdames, Messieurs, laissez faire la police je vous prie, merci de ne pas rester autour. Je vous assure que je prends ces accusations très au sérieux, mais je dois vous demander de quitter cet endroit».

Il jeta un coup d’oeil aux alentours et aperçut une caméra. Un repéra rapidement le responsable technique.

«J’aurais besoin de visionner les images de cette caméra de pendant l’incident».

L’homme s’exécuta, se ramenant avec une tablette où il put voit effectivement la jeune femme disait la vérité. Au même moment les renfort arrivèrent. Il voulait à tout prix éviter la confrontation, ainsi il demande à ce qu'on emmène les trois hommes au poste.

«Emmenez ceux-là en détention. L’un d’eux doit passer par l’infirmerie d’abord, il s’est sûrement casser le bras. J'aurais besoin d'aide aussi pour disperser ces gens».

Les renforts emmenèrent les trois hommes en se faisant huer par les gens présents. Les autres officiers s'occupèrent de disperser la foule, leur demandant de quitter les lieux. Il se tourna de nouveau vers la jeune femme.

«Mme Cartier, vous allez bien ? J'irais procéder à l'interrogatoire de ses hommes-là tout de suite après/ Grâce aux images de surveillance nous seront en mesure de les inculper. Souhaitez-vous porter plainte ? Vous n'êtes pas obligé de le faire maintenant si vous ne vous en sentez pas, vous n'aurez qu'à passer au poste après».

Il sortit une de ses cartes et la lui tendit.

«Voici ma carte. Si besoin, appelez-moi"».

- Nous sommes amis.

Amarante n’allait pas lui expliquer que le phénix était son ancien fiancé devant tous ces flics qui savaient probablement s’ils le connaissaient qu’il était depuis plus de 20 ans avec Rose. Non ça n’allait pas vraiment pouvoir se faire ici. C’était donc un pieux mensonge qu’elle servait à l’ange, elle ne se sentit qu’une petite seconde coupable, il allait comprendre ? Ama ne pouvait s’empêcher de le regarder avec toute la discrétion dont elle pouvait faire preuve, pourvu qu’il ne pense pas qu’il lui plaisait. Bien sûre il était attirant, mais elle ne méritait certainement pas un ange, c’était le genre de créature trop bien pour l’âme un peu grise qu’elle était, elle ne se faisait pas la moindre idée. Il fixa ses papiers qui étaient évidement en règle, il n’y avait pas plus vrai. Il semblait la croire c’était au moins ça, il demanda à vérifier les vidéos ce qui était un bon réflexe, elle se sentit soulagée. Elle n’avait pas envie d’avoir d’ennui avec la justice humaine, surtout de ce genre-là qui intéresserait forcément quelques journaux. Eve Cartier était une sorte d’influenceuse pas méga populaire, mais veuve d’un riche entrepreneur de la Silicon Valley, une bien jolie veuve, de la violence et de l’argent, un cocktail explosif. Surtout qu’il découvrirait vite qu’elle « travaillait pour les Boet » qui eux étaient nettement plus célèbres, sa maison était l’une des plus grande et vieille de la ville. Damaris avait une compagnie aérienne, ses autres descendants n’était pas forcément en reste. Bref si elle avait dû passer devant un tribunal, les paparazzis aurait tourné autour de sa maison et donc autour du Lux, cette situation était totalement à éviter. L’ange lui tendit sa carte et lui expliqua qu’elle pourrait porter plainte, elle ne le ferait pas, mais elle prit la carte elle devait le revoir.

- Je dois y réfléchir avec mon avocat, mentit-elle. Je vous rappelle plus tard, fit-elle en se frottant ses poignets encore un peu douloureux. Williwaw, nous rentrons. Aurevoir Monsieur Thomas. Livio je dois me remettre de mes émotions, l’endroit va fermer pour aujourd’hui, mais vous pouvez passer à la demeure Boet, j’aimerai beaucoup acheter certaine de vos œuvres.

Elle quitta bientôt le lieu et ne rappela pas aussi vite qu’elle le pensait. Le temps allait passer à une vitesse, elle appela deux mois après le mariage, libérée de certaine de ses émotions et encore plus convaincu du fait qu’elle devait connaitre Eden, Azazel ne pouvait plus agir impunément.

*******************************************************

Quand elle s’était retrouvée dans un de ses deux duplex lui servant de dressing (en plus de celui qu’elle avait bien sûre dans la demeure Boet), elle s’était qu’avec les années mis à part la foi, elle ne se comportait absolument plus comme une chrétienne, elle me mettait les pieds à l’église que pour les mariages, les batêmes et les enterrements, elle avait longtemps continué d’y aller pour Noel et Pâques, mais à présent dans sa famille il n’y avait guère de pratiquant et elle préférait rester avec eux pour les fêtes. Si elle continuait grandement à pratiquer la charité, c'était parce qu'elle avait tant d'argent que garder tou pour elle eut été riddcule. Amarante avait fixé tout ses vêtements en se demandant si elle devait en quelque sorte se déguiser où rester ce qu’elle était, elle avait finalement opté pour la seconde solution. Voilà une demi-heure qu’elle s’était installée dans ce salon de thé cossue. Elle était juste extrêmement en avance, nerveuse à l’idée d’être en retard elle était partie avec une heure d’avance. Par mail elle avait invité Eden Thomas pour discuter de l’affaire, enfin en théorie, c’était en réalité plus un guet-apens mondain. Ama avait besoin de le revoir. Quand il arriva, elle se leva précipitamment pour lisser sa robe bleue à fleur, elle tendit sa main de pianiste pour serrer la main de l’ange.

- Monsieur Thomas, je vous remercie d’avoir accepté mon invitation. Comment allez-vous ? J’ai attendu pour commander. Ils ont une large variété de thé, leur café n’est pas du tout mauvais, leurs cheesecakes ont un goût de para… sont excellents, se rattrapa-t-elle ne voulant pas faire de blasphème.  Elle se rassit et attendit que l’ange s’installe avec sincérité elle posa une question. Les hommes qui m’ont agressé ? Était-ce leur première fois ?

Ama ne voulait pas porter plainte, mais elle redoutait qu’ils recommencent avec d’autres et c’était peut-être la seule chose qui pourrait la faire réfléchir, s’ils étaient des récidivistes, elle ne pourrait pas fermer les yeux aussi facilement sur cette affaire.

Il était rassuré de voir que finalement la situation semblait son contrôle, malgré les protestations, tout le monde coopérait et rien n’avait dégénéré. Il comprenait le mécontentement de ces gens, mais en tant que policier, il ne peut par se permettre de prendre parti, mais sinon il serait bien sûr du côté de la jeune femme, c’est vraiment horrible ce qu’il lui est arrivé. Comment ce genre de haine peut-il exister sur Terre ? Voilà bien l’une des nombreuses choses qui l’étonne que certains humains, une chose qu’il voudrait bien corriger. Mais comme beaucoup d’autres choses cela va s’avérer être une tache difficile. Pendant que ces collègues mennotaient les hommes, il s’était approché de la jeune femme pour vérifier qu’elle avait bien son permis de port d’arme et aussi son identité. Après quoi, il lui dit que si elle voulait porter plainte, elle n’avait qu’à venir passer le voir ou le contacter quand elle le voudrait. Sûrement voudrait-elle se remettre de ses émotions après tout... Elle lui dit vouloir réfléchir d’abord de la chose avec son avocat. Il lui offrit un sourire compatissant.

«Bien sûr, je comprends».

Puis il la vit dire au revoir à tout le monde, y comprit lui-même, disant qu’elle devait se remettre de ses émotions et présentant ses excuses à l’artiste de l’exposition. Il lui fit un signe de tête et la regarda un moment partir avec son majordome. Puis il vaqua de nouveau à ses occupations. Il avait tout ce qu’il fallait sur les vidéos, mais il voulait tout de même recueillir le témoignage des autres hommes et aussi de quelques témoins de la scène, pour le dossier et pour la forme aussi. Cela fait, il rentra faire son rapport au commissariat. Une semaine passa, il était déjà passé à autre chose, le travail étant abondant ici comme toujours. Il reçut un appel de Mme Carrier, bien qu’il sache que ce n’est pas son vrai nom, que c’est un esprit. Un esprit qui a judicieusement bien choisi son corps, au vue de la richesse et de la renommé d’Eve Cartier. Etant en plein service, c’est habillé d’un de ses costards qu’il se présenta à la jeune femme. Il se présenta à l’adresse indiquée, un salon de thé dans un des quartiers les plus chics de la ville.

Il entra à l’intérieur et repéra rapidement la jeune femme. Il avança vers elle et lui serra la main lorsqu’elle la lui tendit, affichant un sourire polit. Il fronça un peu les sourcils lorsqu’elle laisse presque échapper un blasphème, mais il ne lui en veut pas, il n’est pas si attaché que ça à ce genre de détail. Oui, pour certains il pourrait paraître comme réfractaire. Après tout, il n’a rien contre les néphilims et les autres créatures (sauf les démons bien entendu). Il préfère voir et juger par lui-même avant de donner une sentence qui paraîtrait injuste à ses yeux. Mais il reste un ange dévoué, avec des valeurs et ayant une véritable bonté d’âme. Ce qui importe c’est de débarrasser le monde des démons, voilà le véritable problème, la véritable urgence.

«Je vais bien, je vous en remercie. Je prendrais un cheesecake donc, puisque cela a l’air si délicieux avec un thé matcha».

Il s’installa et Eve lui demanda ensuite c’est la première fois que ce genre de chose se produit.

«Malheureusement non, c’est quelque chose que nous essayons d’éviter en tentant d’intercepter ce genre d’individu avant qu’il commet leurs atrocités. Mais malheureusement, nous ne pouvons pas être partout et changer la façon de penser de certains n’est pas chose aisée».

Deux mois c’était passé, elle aurait pu le recontacter beaucoup plus tôt, mais elle avait longuement hésité, elle avait eu foi enfant aux anges et aux démons avant toutes autres créatures terrestres, les anges pour elle était des êtres parfaits et se sentir imparfait à côté d’eux l’effrayait quelques part. Elle aurait voulu être digne de regarder Eden elle ne s’en sentait pas digne, pourtant elle l’aimait dans le sens chrétien du terme, elle avait foi en lui et c’était pour cela qu’elle comptait lui dévoilait des informations sensibles peu importe le prix qui lui coûterait car si elle pouvait fuir la justice terrienne, elle ne pourrait rien faire face à celle céleste, lui mentir ne servirait donc à rien. Elle n’aurait rien aimé avoir un verre de champagne pour se donner du courage, elle souffrait d’une forme minime d'alcoolisme mondain elle le savait bien, elle laissa l’ange commander et rajouta sa propre commande.

- Du cheesecake aussi celui au chocolat blanc, monsieur prendra le classique c’est votre plus célèbre, je prendrais un thé chai avec de la crème irlandaise, ce n’était que quelque grammes d’alcool cela serait sûrement plus psychologique que vraiment efficace sur son corps, elle était tendue la peur la tendait et si elle se faisait foudroyer ? Elle écouta ses propos et soupira. Ce n’était donc pas leur première fois et se ne sera pas la dernière… La situation a cependant changé depuis la dernière fois votre collègue Brightburn m’a envoyé quelques agents pour assurer ma sécurité, vous vous souvenez de Williwaw, il est dehors aujourd'hui, car vous êtes aptes à me protéger de mes nombreux ennemis s’ils devaient surgir, il ne reste pas trop loin cependant.  J’imagine que vous devez être à l’aise avec le latin, c’est la langue des offices au Vatican alors passons à cette langue je vous prie.

Leur commande arriva rapidement et Amarante offrit un sourire gracieux au serveur, elle paya l’addition, lui glissa un généreux pourboire et lui demanda de ne pas les déranger et de vider peu à peu la boutique quand les clients partiraient, personne de nouveau ne devait entrer à part Williwaw qu’elle lui désigna du doigts, elle paierait le triple d’un bénéfice quotidien élevé au nom des Boet. Ce nom tiqua dans l’oreille du jeune homme et il alla en parler immédiatement à sa patronne. Elle prit la main de l’ange avec celle ou était glissé sa bague enchantée empêchant la conversation d’être surprise par autrui.

- Je vais porter plainte contre ses humains, je ne suis plus à un paparazzi près, je vais devoir inventer l’histoire d’un fan fou de Damaris Boet pour justifier la future présence policière autour de ma demeure car Richard autant qu’il m’aime doit bien remplir les papiers. Ne voyez-pas ma main ça comme un signe de familiarité, cette bague empêche que nos conversations soient perçues par autrui, elle tremblait de cette audace, mais il faut que je vous parle de démons, de démons qui me menace, moi, les miens, cette ville et qui ont déjà fait des victimes. J’aimerai que vous vous contentiez de leurs noms sans me demander comment j’ai su. J’ai voulu en parler à la BAC, mais j’ai des sources qui me font croire qu’il y a une taupe, je m’en remets donc en partie à vous. Si vous voulez toute l’histoire je vous la dirais, car de toute façon personne n’échappe au jugement divin, alors tôt ou tard vous saurez mes péchés.

Il n’était pas encore habitué aux us et coutumes de ce monde, il sait beaucoup choses théoriquement parlantes, mais cela reste de la théorie. S’il sait ce qu’est un cheesecake, il ne sait pas quel goût cela peut avoir, pour n’en avoir jamais mangé. Ce sera une découverte et puis il faisait confiance à Eve Cartier sur le coup, selon elle c’est un vrai délice. Il l’observa donc passer commande, puis elle lui demanda si c’est la première fois que ce genre d’incidents se produit. Il lui répondit en toute franchise, il n’est pas un menteur après tout et à quoi bon cacher la vérité ? Il ne faut pas se voiler la face, la situation est grave et elle s’aggrave de jour en jour.

Il était inquiet de l’entendre parler de nombreux ennemis, il a pris un peu le temps de recherche à son sujet, il sait qu’elle est très riche et influente. Il peut comprendre que dans ce milieu on ne fait pas que des ennemis, mais tout de même, pour en arriver à tuer... Il espère juste qu’elle ne prend pas de risques inconsidérés, même si elle est animée de bonnes intentions, c’est sa mission, il ne peut pas laisser d’autres personnes risquer leur vie comme ça. Il était curieux d’en savoir plus, s’il peut aider bien sûr, il le fera. Elle lui intima qu’il serait mieux de parler en latin, il aquiesça. Elle semblait faire preuve de beaucoup de précaution, donnant notamment de l’argent à un jeune homme pour vider un peu le magasin. Ce qu’elle voulait lui dire devait être important. Il était tellement intrigué qu’il ne pouvait pas s’empêcher de la fixer d’un air sérieux, attendant qu’elle parle.

Elle pris sa main dans la sienne, il fut tout d’abord un peu surprit, puis il remarqua qu’elle avait la bague a son doigt qui émanait une forme d’énergie, encore une protection somme toute pour encore plus de discrétion. Il en eut la confirmation lorsqu’elle lui dit que cette bague est faite pour que les autres n’entendent pas leur conversation.

Il releva les yeux vers elle. Elle était donc la cible de démons, comme beaucoup d’autres dans cette ville. Elle lui demanda de ne pas lui demander comment elle sait ces choses sur les démons, de toute manière il ne comptait pas lui demander, ce n’est pas ce qui l’intéresse. La BACS oui, il en avait entendu parler, le Capitaine l’avait briefé un peu dessus. Elle pense donc qu’un démon a rejoint leur rang ? Pourquoi pas... Les démons doivent être partout en ville, certains occupant des postes clés, important dans cette ville. Il ne s’agit plus d’une simple guerre, c’est une véritable partie d’échecs ici qui se joue.

«Détendez-vous, peu importe vos péchés, ce n’est pas à moi de vous juger. Vous ferez face au jugement dernier comme tout mortels au moment venue. De plus, ce n’est pas ça que je suis là. Dites-moi, tout ce que vous savez sur cette histoire de taupe et sur les démons qu’il y a dans cette ville».

Amarante était fascinée, mais aussi nerveuse, elle voulait absolument bien paraitre. C’était un ange devant elle, sa nanny lui disait toujours qu’ils veillaient sur elle quand elle était petite. Du coup elle se sentait un peu comme une fan devant son idole, bon bien sûre ses sentiments étaient tout de même un peu plus spirituelle. Elle avait été fan des Beatles et ce n’était définitivement pas la même chose. Elle se mordilla la lèvre inférieure pris un peu de cheesecake et écouta Eden, elle se demanda qu’elle était son vrai nom, mais elle n’allait pas oser demander. Il lui expliqua ensuite que ce n’était pas en effet à lui de le juger et cela la détendit un peu en effet.

- Pour la taupe ce n’est pas grand-chose juste une suspicion, voyez-vous je ne sais pas si vous étiez déjà sur terre, mais il y’a eu une épidémie frappant les vampires. Je sais que pour vous les anges se sont des créatures déjà damnées, mais mon ex-mari est un vampire, il est toujours mon meilleur ami et j’étais donc très soucieuse que la BAC enquête sur le ou les responsables. Hors des mois ont passé sans que rien ne soit fait, pire j’ai vu une de leur agent sortir avec le principal suspect de cette affaire, toutes les rumeurs parlait en effet du leadeur garou, avec la reine vampire de LA nous avons discuté, elle a finalement enquêté et grâce aux érudits elle a trouvé la preuve qu’Elliot O’Hare, une goutte de sang sur un tableau dans son bar, une goutte de sang qui aurait été vu à la lumière bleu ou par un simple sorcier de sang si la bac avait fait son travail. Je ne pense pas qu’Elliot ait crée le virus seul, je ne veux pas paraitre arrogante, mais il n’était pas assez intelligent pour ça, il a dû recevoir de l’aide et a qui profite des vampires assoiffés, peut-être des démons, mais là encore ce n’est qu’une supposition. Je ne peux rien prouver de ce côté-là cependant pour la suite je suis plus que certaine de mes propos, elle mangea un bout de son cheesecake et but une nouvelle gorgée de son thé. Warren Lopez le gérant du Boucan est un démon et Prosper Dupré un vendeur de montre, le nom de sa boutique est imprononçable désolée, en est un également. Le premier des sorciers qui avaient pactisés avec lui me l’ont dit cherchant ma protection, le second mon garde du corps un elfe noir l’a vu, c’est son boulot de me protéger. Warren se nomme Azazel et Prosper se nomme Asmodée, une personne qui les côtoie m’a renseigné, mais faite comme si vous ne saviez qu’ils sont que des démons sinon cette personne serait en grave danger, je ne suis pas sensée savoir cela… N’avez-vous pas des alliés ? Il y’a une ange Piper qui travaille à la BAC ça je le sais je l’ai croisé à un mariage, il y’a aussi une femme blonde, la compagne du bras droit de la régente de magie blanche, je ne sais pas son nom, saviez-vous que ces deux anges sont là. J’imagine que oui. Désolée je suis bavarde j’ai juste peur que toute cette histoire retombe sur les gens que j’aime, sur moi ce n’est pas grave, mais sur ma famille et mes amis je ne me le pardonnerais jamais.

Elle avait tellement parlé, mais elle était tellement nerveuse, elle tremblait et ne le remarquait même pas, elle prit une autre bouchée de son dessert et se mordilla la lèvre inférieure fixant sa tasse. Si il arrivait quoique se soit au personne qu’elle aimait, elle détruirait ses démons peu importe le moyen et elle demanderait à un médium de l’exorciser.

- Il y'a un troisième démon aussi, mais je n'ai que son sang, je ne l'ai pas encore localisé. Une femme brune aux yeux bleus, j'ai deux soupçons aussi concernant une asiatique et une blonde aux yeux bleus, mais ça vous fait peur de matière j'en ai conscience.

Il avait bien senti que depuis qu’il était ici, elle semblait nerveuse, mais il peut comprendre pourquoi. Il est un ange après tout, peut-être a-t-elle commis quelques péchés, transgressions, comme sûrement la plupart des humains... Il soupira intérieurement, de toute manière ce n’est pas le moment pour les leçons de morale. Qui plus est, il a plus important à faire, il est très intéressé par ce qu’elle a lui dire. Elle semble très bien connaître cette ville, comment cela fonctionne, elle lui sera sûrement d’une aide précieuse. Il a besoin de gagner un maximum d’informations possibles pour voir comment attaquer. Tous, ils doivent avoir une faille, un point faible. Il lui parla d’une taupe au sein de la BAC, cela l’alerta tout de suite. Il écouta la suite, elle lui dit que ce n’était qu’une suspicion. C’est pour être vrai, mais pour lui chaque piste est bonne à creuser, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi important. Elle lui demanda s’il s’était déjà rendu sur Terre auparavant.

«De nombreuses fois, oui».

Il était au courant pour l’épidémie de vampires, mais comme elle l’avait dit, ce sont des créatures damnées normalement pour eux. Lui n’est pas comme cela, il veut faire preuve d’ouverture d’esprit et de tolérance, il avait été sensible ainsi face à ce désastre, mais il avait ordre de ne pas intervenir. Cela revenait donc à les laisser mourir... Un sort bien cruel.

«S’il y a vraiment une taupe à la BAC, vaut mieux agir prudemment, ne pas attirer l’attention tant qu’on n’a pas de preuves tangibles. Il ne faut pas alerter la taupe, si elle existe, mais ce que vous me dites me paraît fort suspicieux en effet».

Il gouta un bout de son cheesecake, il était délicieux, il but aussi une gorgée tout en l’écoutant, n’en perdant pas un seul mot. Il nota dans sa tête les noms des démons, tout comme tout les autres noms qu’elle lui révéla. Lorsqu’il entendit le nom d’Azazel et Asmodée, son visage se ferma, son expression devenant plus dur.

«Ils sont donc ici... Je serais discret, ne vous inquiétez pas».

Elle lui demanda s’il avait des alliés ici. Ils n’avaient pas encore contacté les siens, pour l’instant il n’avait pas vraiment de plan concret à proposer, mais peut-être avaient-ils eux des idées à proposer. Il sait qu’Ariel est sur Terre, cela doit être elle l’agent de la BACS dont parle la jeune femme.

«Oui, mais je n’ai pas encore repris contact. Le Capitaine m’a parlé aussi d’une néphilim qui tiendrait une librairie... Il faudra aussi que je lui rende visite».

Il semblait tellement nerveuse, elle tremblait. Il posa sa main sur la sienne pour la rassurer. Il avait déjà vu faire cela maintes fois, sans en comprendre toutes les implications. Il ne voulait pas paraître incorrect, mais juste réconfortant.

«Si jamais l’un d’eux ose vous attaquer ou un de vos proches, je vous promets de faire tout pour vous protéger». Dit-il, tout en la regardant dans les yeux, l’air très sérieux.

Il enleva sa main et but de nouveau une gorgée de thé.

«Je vais vous dire ce que j’ai dit à mon Capitaine... S’attaquer à eux trop frontalement ou paralyser leur activité serait trop dangereux, il faudrait les arrêter de manière légale, Une fois sous les barreaux, il suffirait de faire en sorte qu’ils n’y ressortent pas et faire passer leur mort comme un accident».