J’avais l’impression de vivre un immense calme après une longue tempête. Je me laissais bercer par ce moment en compagnie d’Arthur et de notre fille. Je somnolais en me sentant pleinement en sécurité. Qui aurait pu croire que j’aurais la chance de donner à nouveau la vie ? Je ne l’aurais jamais cru si une personne ne me l’avait pas dit de toute façon. Je prenais une profonde inspiration, mon corps était dans une détente complète. La confiance et l’amour nous embaumaient comme un ruban délicat autour du plus précieux des cadeaux. Nous étions unis et en vie, c’était là une chance immense. Arthur me divulguait qu’il allait bouger et j’ouvrais lentement les yeux avant d’avancer le dos très légèrement. Un hochement de tête et ma main qui glissait sur son avant-bras avec une immense douceur.
Eleonore ne bougeait pas d’un poil en ce moment. Sommeil paisible après la tétée et le ventre bien plein. Je la regardais avec tendresse en caressant ses frontanelles du bout des doigts. Si précieuse et faite avec amour. Je laissais Arthur la prendre délicatement et je me reculais dans la baignoire. Le temps n’avait plus la moindre importance. Je ne savais même plus l’heure qu’il pouvait être. Je fermais les yeux avant de répondre à mon Arthur qui venait s’assurer que je n’avais pas besoin de rien dans l’immédiat.
- Non je n’ai besoin de rien. Je reste ici pour l’instant. Je sortirai quand tu reviendras.
Un petit sourire sur mon visage alors que je restais sagement dans la baignoire en ajoutant de l’eau chaude. Je ressentais des tranchées utérines. Une chose normale après un accouchement. Ces contractions qui diminuaient les saignements et qui allaient ramener mon utérus à sa forme initiale. Je crois que j’ai somnolé car j’entendais un léger bruit dans la chambre. J’ouvrais les yeux avant de me lever lentement de la baignoire. Un peu de lochis coulant à cause de la position. Je prenais une serviette avant de me mettre à l’aise. Ne pas saigner durant neuf mois pour ensuite saigner durant une trentaine de jours. Heureusement que je savais à quoi m’attendre. J’enfilais un peignoire lentement avant de sortir de la salle de bain. Arthur allait sans doute me gronder pour m’être levée seule après ma chute de pression. Foutue hémorragie que j’avais faite. Je m’approchais lentement du couffin de notre princesse et je la regardais dormir. Mes cheveux trempés encore que j’avais tressé sur le côté. J’étais hypnotisée par cette chose merveilleuse que nous avions faite. Notre Eleonore … Je prenais légèrement un appuie pour me tenir en fermant les yeux. Foutues tranchées.
- Arthur ?
La chambre était en ordre. Il ne devait pas être loin.
Tandis que je m’affairais à remettre un peu d’ordre dans la maison (aérer, éteindre les bougies allumées pendant l’accouchement, lancer des machines pour les linges qui avaient servis cette nuit..), j’entendis un murmure venant de notre chambre. Était-ce ma petite fille qui venait de se réveiller ? Ni une, ni deux, je fermais la porte du lave-linge et le lança puis remonta immédiatement. Dans la chambre parentale, je vis avec surprise que ce n’était pas ma fille mais mon épouse qui m’appelait doucement pour ne pas réveiller Eléonore.
« - Oui Peny ? Ma chérie vient t’assoir au moins, je ne veux pas que tu te fatigues. »
J’avais parlé le plus bas possible malgré mon inquiétude de voir Penelope debout. Je m’approcha près d’elle et lui tendis la main au cas où elle aurait besoin de mon aide. Je sentais sa douce épaule nue encore tiède du bain sous ma main. Penelope sentait divinement bon, une odeur sucrée qui m’enivra.
« - Je suis content que tu aies réussi à sortir du bain, mais je m’inquiète pour toi, je ne veux pas que tu hésites à m’appeler. Maintenant, veux- tu t’installer sur le canapé dans le salon ? Ou es-tu mieux sur le lit ? »
Je ne me rendais nullement compte de mon attitude oppressante pour Penelope. En cet instant, elle était une personne fragile à mes yeux que je devais choyer et protéger. Mon regard anxieux me trahissait, oui j’étais inquiet pour la femme que j’aimais et que j’avais failli perdre quelques heures plus tôt. J’avais beaux être un grand sorcier, il y avait toujours un risque. J’avais peur, peur de ne pas faire assez, peur de ne pas la voir défaillir à un moment où je n’étais pas avec elle. Ce n’était pas un manque de confiance en ses capacités, juste de la crainte. Ces prochains jours, j’allais être concentré uniquement sur le bien-être de Penelope et Eleonore, les femmes de ma vie. J’oublierais le travail pendant quelques temps, même si ça planait non loin au-dessus de ma tête. Heureusement, Mary serait là pour assurer, mais je savais que la discussion allait devoir se faire avec Penelope sur la reprise. Prendre quelques jours de ce qu’il pouvait s’apparenter à un congé paternité était un luxe de nos jours pour un régent, rien d’officiel ne me le permettais dans les écrits, je prenais uniquement sur moi et j’en était heureux. Les régents d’autrefois ne se permettaient pas ce genre de répit, d’une part parce que rien n’était prévu pour et d’autre part pour à cause du côté trop révolutionnaire de la chose. Un homme qui plus est un régent qui s’occupait de son enfant plutôt que de rester à la régence était mal vu. Une vision trop machiste et patriarcale que j’espérais faire évoluer. J’avais les clés en mains, et c’était l’occasion de faire bouger les choses une nouvelle fois à Red House.
Sans aucune doute que je n’aurais pas dû sortir du bain seule. Arthur allait me tirer les oreilles pour avoir fait une chose pareille après un tel saignement. Surtout, que mon premier levé avait été une catastrophe dans un certain sens. Je prenais donc une longue inspiration en regardant notre fille avant de sentir des tranchées utérines me prendre. Cette sensation semblable à des contractions qui arrivaient souvent après un accouchement surtout lors de l’allaitement à cause des hormones. J’en étais la proie en ce moment à cause du mouvement. Mon corps reprenait ses esprits lentement. Je sentais l’inquiétude dans la voix de mon Arthur alors qu’il arrivait. Doux dans ses paroles avec moi comme la plupart du temps. Je prenais sa main délicatement avant de me blottir contre lui avec douceur. Son odeur qui m’enveloppait et qui me rassurait comme toujours. Notre amour avait quelque chose de totalement magique. Il dépassait tout ce que la plupart des gens pouvait vivre une fois dans leur vie. Nous avions de la chance dans toute la noirceur que nous avions traversée. Moi, enfermée dans cette bague que j’avais tellement aimé durant de nombreuses années avant que le fameux sort ne soit rompu. Trouver ce corps et le retrouver. Ne plus jamais le quitter. Oh ça non jamais.
Mon mari me questionnait sur mon choix d’endroit pour me reposer. Un regard sur notre petite merveille toute rose qui dormait en pleine confiance. J’avais toujours aimé regarder les bébés dormir, cela me ramenait à l’époque où Karl était minuscule. Ma tête qui se posait avec douceur. Cet accouchement avait été si différent de celui de Karl. Il avait été plus intime et mieux ressenti. Je ne regrettais pas mon choix d’avoir donné la vie dans notre maison plutôt qu’ailleurs. J’avais trouvé tellement difficile d’accoucher à Red House pour la première fois. Heureusement, les choses changeaient pour le meilleur. Le progrès était une chose importante. Il fallait suivre son instinct après tout.
- Pourquoi pas un petit moment avec toi dans le canapé du salon ? Eleonore dort profondément autant en profiter un petit peu. Est-ce que je t’ai déjà dit que je t’aimais ?
Un sourire sur mes lèvres et un baiser que je lui volais avec amour et tendresse. Je l’aimais encore davantage avec ses cheveux blancs et je reste. Je marchais avec son aide avant de m’installer dans le canapé confortable. Je tirais même la couverture chaude et douillette sur mes jambes.
- Je crois que je ne serais pas contre une potion régénératrice de sang de ton cru si tu en as sous la main. Ça me permettra de mieux reprendre le dessus pour les jours à venir. Je t’assure que je me sens mieux.
Normal qu’il s’inquiète mon bel homme. Je lui faisais un doux sourire en regardant notre maison. Dire que Matthew avait failli forcer notre demeure. Heureusement que les sortilèges étaient encore plus puissants. La maison était devenue une véritable forteresse et je crois qu’Arthur n’allait pas lésiner sur les moyens pour nous protéger toutes les deux.
- Tu restes à la maison demain également ?
Souvenir de le voir partir à peine Karl né … Je ne lui avais pas voulu à l’époque, mais j’avais trouvé les relevailles difficiles en solo.
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