On pouvait dire ce que l'on voulait. Mais profiter d'une soirée de repos était ce que tu préférais Waël, non pas que tu sois faignant, mais il fallait bien se reposer de temps à autre. Ton travail te plaisait, l'endroit également, mais afin de séparer travail et temps libre, tu avais décidé de jamais passer tes soirées au Moonlight, et c'est le Wolf's Howl qui avait le privilège de côtoyer ta jeune personne... Enfin, privilège était un grand mot, tu venais seulement boire et chercher une personne avec qui repartir. Ce n'est pas comme si on t'attendait dans ton petit studio au Centre Ville...

Et l'ambiance te plaît ici, c'est assez chaleureux pour te laisser aller à draguer qui tu voulais, mais également à faire de bien belles rencontres. Tu t'étais juste assis près d'elle au bar, vous aviez discuté et vous étiez revus plusieurs fois, mais c'était une amitié agréable, au point que désormais, vous pariez sur qui ramènera qui...

Tu ne peux t'empêcher de sourire en prenant place au bar et offrant un clin d'œil à la personne qui te sert ce Rhum ambré que tu fais un peu tourner dans ton verre. Tu tournes vaguement la tête autour de toi, cherchant une potentielle recrue pour combler tes draps de chaleur, le temps d'une nuit. Mais tu attends aussi ton amie, tu as bien des choses à lui raconter.

Ta main se perd sur la tresse qui t'enserre le poignet, ou la rune de ton élément pendouille, pour toi, ces deux objets sont les plus précieux du monde. Et aux humains qui te demandent ce que représente la rune, tu ne mens pas vraiment, tu dis simplement qu'il s'agit d'une rune qu'on peut trouver dans n'importe quelle boutique ésotérique. On te prend pour un fou d'ésotérisme et ça te fait sourire.

Tu espères qu'Eva arrivera bien vite, car tu as déjà jeté ton dévolu sur un homme un peu plus loin que tu regardes, cherchant les signes d'une possible ouverture. Tu aimerais autant éviter de terminer avec un poing dans la tronche, car tu aurais fait des avances à un hétéro...

Tu sirotes doucement ton verre, passant une main dans tes cheveux bruns un peu long, la chaleur de l'alcool commence déjà à réchauffer ta gorge alors que tu grignotes quelques cacahuètes qui traînent dans le bol du comptoir, évitant les petits bretzels et autres petits gâteaux apéritifs que tu n'aimes pas du tout.

Quand tu vois ton amie au loin, tu la regardes avec un petit sourire mutin avant de lever ton verre à moitié vide en sa direction, tu as déjà commencé, et tu as hâte qu'elle te rejoigne.

Le mois de février était bien entamé, mais pour une raison étrange, Eva le trouvait incroyablement rempli de rebondissements, chose étrange pour le mois le plus court de l’année. C’était comme s’il avait duré deux fois plus longtemps alors qu’il n’était même pas achevé. Enfin un jour de congé s profilait le lendemain et comme à l’accoutumée, la chirurgienne prévoyait de passer la soirée de la veille à s’amuser avec son ami de beuveries depuis quelques temps déjà : Waël. Son petit français, comme elle se plaisait à l’appeler. Elle en aurait des choses à lui raconter, cela lui semblait une éternité qu’ils ne s’étaient revus. Un petit jeu s’était mis en place entre eux, lequel parviendrait le plus vite à faire fléchir la cible de leur convoitise au cours de la soirée.

La belle brune aimait s’amuser et depuis longtemps déjà, les relations amoureuses sérieuses ne l’intéressaient plus, plus depuis cette séparation avec Ambrosia qui lui avait brisé le coeur. Elle s’était enfermée dans son travail qui, de toute façon, était très prenant, et comme le Dr Cortez était une personne ambitieuse, elle avait décidé qu’elle n’avait pas le temps pour des amourette et que s’amuser était amplement suffisant. Elle avait rencontré en la personne de Waël quelqu’un qui pensait un peu comme elle, aussi était-ce d’autant plus amusant de partager ce petit jeu avec lui.

Eva avait pris le temps de rentrer chez elle prendre une bonne douche et se préparer pour la soirée. Malgré un emploi du temps surchargé, elle était coquette et aimait être à son avantage. Après s’être maquillée, elle avait choisi ce soir un robe aux reflets dorés et aux échancrures laissent voir sa peau mate et lisse à divers endroits. Sexy mais pas vulgaire, ça jamais. Elle avait remonté ses cheveux en chignon sur le côté, mais elle savait que si elle dansait, elle ferait voler les épingles pour libérer sa crinière. Escarpins beiges, pas trop haut car elle s’était tout juste remise d’une entorse, et la voilà parée pour la soirée.

Arrivée au bar choisi par son ami, elle entra, le cherchant du regard avant d’apercevoir au bar un jeune homme levant son verre vers elle. Tout sourire, elle s’avança vers lui d’un pas décidé avant de, une fois à sa hauteur, le serrer dans ses bras et déposer une bise sur sa joue.

- Mon petit Français préféré ! C’est comme ça qu’on se salue dans ton pays, non ?

Le barman s’approcha et elle commanda un verre de martini blanc.

- Alors, comment tu vas ? A voir ton regard, le jeu a déjà commencé… Tu sais que c’est de la triche ? demanda-t-elle avec un sourire mutin.

Son verre arriva, elle le prit et trinqua avec son ami.

- ça me fait tellement plaisir de te voir. Quoi de neuf ?

Tu ne pus empêcher un large sourire de se porter sur ton visage, ton amie était sublime comme à son habitude, en la voyant faire, tu ris un peu en posant une main sur ta taille. Ah, tu aimais bien quand les gens te rappelaient que tu étais français en te montrant qu'ils avaient appris vos petites habitudes. Tu en jouais beaucoup.

"Oh, mais voyons ma biche, on croirait une Française immigrée ! Bientôt je n'aurais plus rien à t'apprendre, je suis si ému !"

Tu ris légèrement en te rasseyant, les discussions avec la chirurgienne étaient si bénéfiques, tu pouvais parler de tout avec elle, elle était ouverte d'esprit et toujours prête à te suivre dans tes jeux.

"Ta robe est vraiment splendide ! Qu'est-ce que tu penses de ma tenue ?"

Tu te relèves et fais un tour sur toi-même, tu as un pantalon de costume féminin aux jambes amples et une chemise un peu transparente à volant, le tout avec de petites chaussures de ville. Tu es amusé et tes yeux brillent déjà autant par l'alcool que par l'excitation de retrouver ton amie.

"Oh non... Je ne vois pas de quoi tu parles... Je n'aurais pas commencé sans toi voyons... Mais si tu regardes par là-bas, tu verras un homme tout à fait mon genre... Plus vieux que moi, avec un air Bad boy et qui semble adorer prendre du bon temps... Je suis juste en train d'analyser pour savoir s'il est... Disons, à voile et à vapeur comme dirait ma mère. Et toi quelqu'un t'a tapé dans l'œil où tu veux le loisir de t'attarder encore un peu au supermarché de la beauté ? Ce qu'il y a de neuf... Et bien, j'ai fini la sage de livre que j'ai acheté la semaine dernière, et je pense que je vais chercher un appartement plus grand. Parce que les friperies en Amérique, c'est insane comparer en France. Enfin... Et toi quoi de neuf ? Une personne talentueuse dans son métier comme toi doit être demandé de tous les côtés, tu tiens le rythme?..."

Tu la regardes, penchant la tête un peu inquiète, l'épuisement au travail n'étant pas quelque chose de si rare, tu préfères t'en inquiéter. Tu fais un clin d'œil à la serveuse qui te regarde d'un air blasé, posant le martini d'Eva, elle en à sûrement marre de se faire aborder sur son lieu de travail. Tu la comprenais, tu vivais la même chose au Moonlight. Tu la regarde repartir un peu amusé en secouant la tête. Puis reportes entièrement ton attention sur Eva.

Quelle joie de revoir Waël ! Pour Eva, ce jeune homme était une bouffée d’air frais, il symbolisait l’insouciance de la jeunesse, l’amusement, la joie de vivre, toutes ces choses qu’elle avait dû abandonner bien trop tôt pour se plonger dans des études difficiles et chronophages. Dès lors, la chirurgienne était bien décidée à rattraper le temps perdu, sans pour autant en oublier ses ambitions.
Elle rit de bon coeur à la réflexion de son ami. Il était si drôle, toujours de si bonne humeur et toujours le mot pour rire.

- Apprends-moi le français, j’aurai l’air plus crédible comme ça ! répondit-elle avant de tenter un "Bonchouwr, comment talley-vous ?" dans la langue de Molière avant d'éclater de rire à nouveau.

Elle sourit à son compliment à propos de sa tenue, tournant à son tour sur elle-même, après avoir observé les vêtements du jeune Français, qui avait encore une fois fait des folies vestimentaires.

- J’en pense que je suis jalouse, qu’il faudra qu’on fasse du shopping ensemble, et que je ne sais pas comment tu arrives à caser tes attributs dans ce fut’, mais en tout cas t’es super canon et il te fait un cul d’enfer.

La chirurgienne avait cependant remarqué que ce cher Waël avait commencé à jouer bien avant son arrivée. Déjà, il avait probablement un ou deux verres d’avance, et son regard pétillant et expert avait sans aucun doute déjà repéré une ou deux proie minimum. Aussitôt, la belle brune se tourna, verre en main et paille entre les dents, en direction de l’homme désigné par le chasseur de beauté.

- Oh je vois… commenta-t-elle en hochant la tête. Tu veux que je tente une approche pour trancher sur la question ? Et comme ça, je te l’envoie directement ?

Attendant la réponse, Eva préleva une gorgée de Martini avant de répondre à la question de Waël.

- Oh tu déménages ? C’est fou, mon voisin d’en face se tire, tu veux que je parle de toi au proprio ? Ce serait de la bombe si on était voisins ! Bon, je te propose pas une colocation parce que tu me tuerais si je te réveillais en rentrant à cinq ou six heures du matins, s’amusa-t-elle. Oh tu sais, être chirurgien c’est pas de tout repos, mais je le savais, on m’avait pas menti là-dessus. Mais regarde, je sais encore prendre du bon temps. Et puis en plus d’aider son prochain, on fait de super rencontres !

Là, elle se dit qu’elle en avait peut-être trop dévoilé. Aussitôt, elle reprit sa paille entre ses dents pour reprendre une gorgée de sa boisson, faisant mine de regarder la foule qui dansait. Mais ce soir, elle ne se sentait pas d’humeur à aller draguer, du moins pas pour elle. Le patient mystérieux hantait ses pensées, et elle se surprit à souhaiter qu’il entre dans ce bar, même si elle doutait fortement de cette éventualité.

Ton amie était toujours aussi énergique, des fois, tu te demandais comment elle arrivait à tenir autant d'énergie avec son travail... Toi, tu sais déjà que tu serais incapable de faire tout ça et tu la respectais énormément à ce point. Elle avait un courage monstre à tes yeux.
Tu ne peux empêcher un ricanement de sortir d'entre tes lèvres à sa réponse tout en buvant une gorgée de ton verre.

"Alors déjà, si tu veux apprendre le français, sache qu'on ne dit que très rarement cet ensemble de mots. Ou en tout cas, par chez moi, c'était plus : "Hey! Comment va le petit pitchoune ? Ça pègue fort sur ton petit crâne peuchère !" Ou en tout cas, c'était ce que tous les petits vieux de mon village me disaient... En vrai, je pourrais t'apprendre, mais crois moi, c'est compliquer... Et j'ai sûrement oublié beaucoup de choses... J'ai vécu plus de temps en Amérique qu'en France..."

Tu souris en regardant la robe d'Eva briller un peu sous les lumières du bar, elle avait cette classe américaine que tu adorais, tu approuvas grandement quand elle te parla du fait qu'il faudrait aller faire les boutiques ensembles, pour une personne Métrosexuelle comme toi, refaire ta garde-robe était toujours un plaisir immense.

"Oh et bien... Mes attributs malgré qu'ils servent énormément ne sont pas non plus les plus imposants ! Mais merci, j'adore qu'on me dise que j'ai un cul d'enfer, et puis regarde le tien, pas de soucis, on va de paire."

Tu souris en lui tirant la langue. Elle examina ta proie de la soirée, tu avais aussi remarqué quelques faciès qui seraient parfaitement aux goûts de ton amie, mais tu voulais lui laisser le plaisir de chasser seule. Le plus amusant dans vos jeux, c'était de traquer. En pensant à ses mots, tu tournas la tête pour que la brune ne voie pas ta grimace, encore maintenant alors que tu étais libéré de l'emprise de Riwal, tu avais encore des réflexes des Pendragon, Dieu merci, tu n'en avais plus le nom... Mais comme avait, dis ton père un jour, un Chasseur reste un chasseur. Ta chasse était plus charnelle, mais elle restait une chasse. Et on protégeait son point faible dans les chasses, si bien que grâce aux enseignements de ton père, tu avais construit autour de ton cœur une forteresse, qui avait commencé à perdre des fondations depuis quelque temps, bien que tu ne veuilles l'avouer, te contentant de continuer tes coups d'un soir. Ce genre de relation faisait bien moins mal et les paroles de ton paternel te hantaient : "L'Amour est une faiblesse, ta mère était faible et regarde où ça l'a mener."

Tu retournes la tête vers Eva en espérant qu'elle n'a pas fait attention à ta soudaine absence de réponse. Et tu lui offres un sourire en coin.

"Hm. Et bien, je pense que je vais plutôt te laisser chercher une proie pour la soirée, je vais chercher encore des signes et je finirais par attaquer à un moment ou un autre..."

Tu finis ton verre, écoutant la brune et tu ricanes en secouant la tête.

"Alors, de toute façon, je ne peux pas vraiment faire de colocation parce que ... J'en ai déjà une en cours. Oui, dans mon petit studio... Parce que mon frère, à débarquer, sans aucun toit à part un motel pouilleux et que je l'héberge chez moi... Sauf que dormir à deux dans le même lit, c'est cool quand ont à 8 ou 10 ans et qu'on a assez de place... Et que la personne ne nous fout pas de coup de pied dans son sommeil... Et habiter en face de chez-toi... Je ne préférerais pas, Efflam est pire que moi au sujet des coups d'un soir et question charme, il en a plus que moi, il te ferait tomber dans ses filets et croit moi, je n'ai pas forcément envie de voir une amie coucher avec mon frère..."

Tu soupires un peu en caressant les bords de ton verre vide, et tu remarques que la brune ne semble pas franchement encline à chercher une personne pour finir la soirée et tu penches un peu la tête en demandant un autre verre, elle avait quelque chose qui hantait son esprit et un sourire mutin naquit sur tes lèvres.

"Et si on parlait plutôt de ce que tu appelles... De belles rencontres hein?..."

Eva était déjà joyeuse avant même d’avoir pris ne serait-ce qu’une gorgée d’alcool, et cet état était dû au simple fait de revoir son copain de soirée drague-beuverie. Waël était un type génial, qui ne se prenait pas la tête et qui avait envie de profiter de la vie, et pour la chirurgienne, avoir un tel ami était une véritable bouffée d’oxygène.
Il lui donna quelques conseils pour apprendre le français, elle écouta alors les mots qu’il disait et qui, pour elle, n’avaient ni queue ni tête. Il semblait dire des tas de choses avec un accent français différent du peu qu’elle en avait déjà entendu, et Eva fronça légèrement les sourcils en hochant la tête, faussement concentrée.

- Hey comment va lé péti…

Puis elle éclata de rire face à son incapacité à répéter, et même retenir tous ces mots.
Enfin, ils se montrèrent leurs tenues respectives, la petite tradition avant de commencer la chasse. Eva était toujours admirative des choix très originaux de Waël, se demandant où il puisait toute son inspiration. Elle prit une nouvelle gorgée du verre qu’on lui avait servi et hocha la tête.

- Parfait, si on est à égalité, tu n’auras pas d’excuse quand j’aurai gagné ! lança-t-elle avec un clin d’oeil.

Pourtant, le Dr Cortez savait que ce soir, cette phrase qu’elle balançait quasiment toutes les semaines à Waël n’avait aucun sens ce soir-là. Elle devait savoir inconsciemment qu’elle n’avait aucune envie de draguer, sauf si une personne en particulier se pointait dans ce bar. Quelle étrange sensation, elle qui aimait tant être libre comme l’air, ne pas s’attacher à une personne pour mieux profiter, et surtout ne plus souffrir comme ce fut le cas avec Ambrosia…
La belle brune chassa ces pensées en observant Waël qui semblait revenir lui aussi d’une petite absence, mais elle préféra ne pas commenter, se contentant de sourire et reprendre une gorgée tandis qu’il parler de la laisser se chercher une proie. S’il savait…

- Oui, je vais faire un petit tour d’horizon, lâcha-t-elle sans grande conviction.

Puis, Eva apprit que son ami allait déménager. Enthousiaste, elle lui proposa naturellement son immeuble, et même son appart. C’est là que la chirurgienne apprit d’autres détails…

- T’as un frère ? demanda-t-elle les yeux écarquillés.

Elle ne put s’empêcher de rire face aux arguments de son ami.

- OK alors de un, j’ai un code d’honneur : ne pas coucher avec les frères ou sœurs des amis. De deux, personne ne peut avoir plus de charme que toi. Et de trois, les murs sont bien insonorisés. Je dis ça je dis rien, mais ça aurait été cool d’habiter juste en face. Pourquoi j’ai toujours cru que tu étais fils unique ? C’est marrant ça. Il va rester longtemps à L.A ?

Voyant que le verre de Waël était vide, Eva fit signe au serveur pour qu’il le re remplisse, et à son tour termina le sien pour l’accompagner sur le suivant.
Le sourire de la brune se figea un peu lorsqu’il voulut avoir plus de précisions sur ce qu’elle appelait « belles rencontres ».

- Aïe… t’es encore trop perspicace avec un seul verre, dit-elle avec un petit rire gêné. Bon… tu risques de me prendre pour je sais pas quoi, mais… il se pourrait que j’aie un peu flashé sur un patient… Enfin… un patient de quelques heures, il est parti presque de suite après être arrivé…

Comme si c’était une excuse… Eva t'es qu'une cruche !

- J’étais partie avec des ambulanciers et… je sais pas, quand je l’ai vu, c’était spécial. Il était complètement désorienté quand on l’a ramené à l’hôpital. Ça m’a jamais fait ça, je veux dire… d’habitude, les patients restent des patients, mais lui, c’était particulier… Je me sens horrible de penser à lui comme ça, c’est pas du tout professionnel de ma part.

Heureusement, le serveur arriva avec les nouvelles consommations identiques aux premières avant de récupérer les verres vides.